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 WA - ex n°19 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 28 juin 2007 à 17:33:04
Vous voilà donc avec vos quatre personnages, et probablement une certaine couleur, une certaine ambiance. Il ne vous reste plus qu’à écrire l’histoire, le but du jeu étant de faire découvrir au lecteur le lien qui existe entre ces personnages, qu’eux-mêmes ignoraient jusque là, et qui bien sûr va conditionner la suite des évènements. C’est un procédé classique en littérature, à l’appui de la théorie de l’absence de hasard (ou de l’existence d’un Destin, ce qui revient au même). Qui dit destin ne veut pas dire forcément mort, j’ai eu mon comptant de choses tristes dans le n°17 !
Vous avez trois semaines, jusqu’au jeudi 19 juillet. Construisez, échafaudez, intriguez, tout le plaisir est là !
Narwa Roquen,qui a déjà trouvé le prochain thème, hé hé...


  
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Réponses à ce message :
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-06-30 21:05:32 

 WA - Participation exercice n°19 - partie 1Détails
Voici un petit hors d'oeuvre, une rapide mise en bouche. Il paraît que cela met en appétit.

En tous cas, vous connaîtrez la fin de l'histoire avant le 13 juillet prochain car à cette date je voguerai vers la Corse. Quelle belle date, ce 13 juillet! C'est d'abord un vendredi 13, et c'est celui du 7ème mois de la 7ème année de ce nouveau millénaire...l'indice de chance est astronomique!

Mais faisons les choses lentement, on dit que c'est meilleur!

_______________


Je suis enfin au paradis!

Un paradis de sable blanc et de soleil éclatant. Devant moi, la mer des Antilles ondule en bleu et blanc dans le cadre paradisiaque de la baie des Flamands. A portée de main, un Peach on the Beach dont le coeur rouge, sombre et embué, s’embrase sous le baiser de l'astre couchant.

Je mérite ça. Je mérite ça depuis longtemps.

C’est un délice de se sentir vivre après tout ce qui s’est passé. C’est enivrant de goûter tous ces petits plaisirs oubliés. Je suis différent aujourd’hui, une renaissance en quelque sorte. J’ai traversé nombre d’épreuves et la dernière ne fut pas la moindre. J’ai dû me reconstruire, réapprendre à vivre avec ça. Cela m’a changé. Je ne serai jamais plus ce que je fus.

Où est-elle ? Comment exprimer ce que je ressens si elle est absente. Lolita. Là voilà, elle joue avec la vague qui lui mord sa peau si douce. Je suis presque jaloux de cette mer qui caresse ce que j’ai de plus cher au monde, la plus belle chose qui me soit arrivé. Elle m’aime savez-vous ! Je l’ai lu dans ses yeux. J’ai reconquis son coeur, jour après jour et elle a attendu patiemment. Elle m’aime d’un amour nouveau. La vie est merveilleuse, je marche dans la lumière et je n’ai presque plus peur des miroirs.

Je vais vous raconter la fin de l’histoire. Celle du chat et des trois souris.

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-07-01 20:37:07 

 WA - Participation exercice n°19 - partie 2Détails
« Pourquoi suis-je tout seul dans le miroir ? »

Alors que je bande le moindre de mes muscles pour résister à l’étreinte inexorable de Lioncourt, son absence dans le reflet renvoyé par le miroir me plonge dans une dangereuse stupeur. Oui, oui... bien sûr...j’ai vu comme vous la scène burlesque dans le film inoubliable de Roman Polanski. J’ai ri comme vous devant la stupéfaction d’Alfred. Ce genre de cliché est gravé dans l’inconscient collectif. Donc j’ai affaire à un vampire. Et pas l’ombre d’un livre à fourrer dans cette gueule qui se rapproche inéluctablement de ma gorge. J’ai un sérieux problème sur les bras! Sa force est prodigieuse, la mienne est décuplée par une frénésie proche de l’amok. Certains diraient l’énergie du désespoir. Mais tous mes efforts seront au bout du compte risiblement vains. Un vampire est doté d’une force surhumaine, si j’en crois mes vieux souvenirs de lecture fantastique.

C’est alors qu’une lumière naît au coeur du miroir. Un vortex d’une blancheur insoutenable émerge du néant, parcouru d’éclairs irisés, inondant la petite pièce d’un halo spectral surnaturel. Cette lumière est animée d’une lente pulsation organique. Lioncourt parait tout aussi étonné que moi. Nos mouvements sont étrangement décomposés et saccadés sous cet éclairage stroboscopique. Il ne relâche pas son étreinte mais ne l’amplifie plus. Nous sommes deux lutteurs immobiles. Toutefois cette apparente immobilité n’est que le résultat de deux forces contraires de même intensité. Equilibre précaire. J’en profite pour mieux observer ce qui se produit. Le miroir n’est pas la source du phénomène. J’ai été trompé par une illusion d’optique. Le vortex a jailli du Hope qui vibre curieusement, une fine brume s’échappant de sa base. Il y a une tension qui se tord dans l’air surchargé d’une odeur lourde et agaçante. Aucun bruit, juste nos respirations haletantes. Si nulle parole n’est prononcée, nous savons tous deux que nous avons franchi une frontière interdite : il n’y aura pas de retour. De façon saugrenue, cela me rappelle le temps où je regardais ces vieux épisodes de la quatrième dimension sur l’écran noir et blanc de la TV familiale.

La tension dans le miroir prend forme humaine. Féminine. C’est une femme assise. Ses traits ont la délicatesse de l’orient mais dans ses yeux brille une froide colère. Ses cheveux sont longs et tressés sur ses épaules. Elle étend de part et d’autre ses bras couverts de bijoux célestes. Dans la main droite, elle tient un lotus blanc. Elle nous fixe intensément en souriant mais son sourire est glacial. Devant sa poitrine, elle dessine avec ses mains une figure complexe. Cet avertissement nous est destiné. Je ne sais ni pourquoi ni comment mais je comprends qu’elle vient de mettre en en mouvement la roue de la Loi. Et cela n’annonce rien de bon.

Alors, un vent glacé se déchaîne soudain, un tourbillon irrésistible nous enveloppe, essayant de s’emparer de nous. Je me cramponne tant bien que mal mais le vent se transforme en tornade ; Nous sommes happés par son cône qui disparaît dans le miroir. Pris dans la rotation infernale, j’ai la sensation d’être englouti hors du monde. J’aperçois fugitivement Lioncourt lui aussi emporté comme un fétu de paille dans le vortex. Les lois de notre physique sont abolies. Nous sommes aspirés vers le haut, au coeur des ténèbres, ascension vertigineuse. J’espère qu’un arc-en-ciel m’attend à l’autre bout. Mais je crains qu’il n’y ait aucun magicien pour m’aider, ni lion peureux, ni aucun autre compagnon. Je prie pour que l’apparition dans le miroir ne soit pas la sorcière de l’Ouest ! Je ne pense pas que je trouverai là-bas un endroit où je pourrai vivre sans problème. Les rugissements du vent ajoutent à la désorientation de mes sens. Lioncourt, de l’autre côté, reste placide, ses longs cheveux blonds fouettant son visage impassible. Il me contemple, un demi-sourire aux lèvres. Dans de telles circonstances, il conserve une grâce et une contenance exceptionnelles. Je peux lire dans ses yeux comme dans un livre :

« Tu es à moi....quoiqu’il arrive ! »

Brutalement, le silence succède au chaos. Le mouvement ascensionnel ralentit progressivement comme si nous avions atteint l’orbite de libération. J’éprouve une curieuse sensation de légèreté, similaire à un état d’apesanteur. Cela ne dure qu’un bref instant. La gravité reprend ses droits et j’amorce une glissade désordonnée vers le bas. J’ai toujours exécré les grands huit. Mais là, pas moyen d’y échapper : je tombe dans un puits sans fond !

Où vais-je atterrir ? Et dans quel état ?

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-07-06 19:10:08 

 WA - Participation exercice n°19 - partie 3Détails
Hum...On dit souvent qu'un chat retombe toujours sur ses pattes. Il faut que j'y crois résolument...c'est une question de foi!

________

Je ne parviens plus à garder le vampire dans mon champ visuel, trop occupé à maintenir un semblant d’assiette dans cette inconfortable chute. Une douleur aiguë aux tempes me fait voir trente-six chandelles. Je suis de retour...

....au centre d’une pièce vaguement familière. En une fraction de seconde, j’emmagasine sans le moindre effort une multitude de détails de la scène qui m’entoure. Une assurance cognitive extraordinaire. J’éprouve cependant une curieuse impression de détachement, comme si je n’étais pas vraiment là, accompagnée d’une sensation persistante et troublante de déjà-vu. Face à moi, un miroir, au style rococo et surchargé qu’adorent certains banlieusards aisés, couvre un grand pan de mur. Il surmonte un bahut long et bas, en merisier clair, aux pieds gainés, lisses, sans cannelures. Je dirais que c’est un bahut d’inspiration Directoire. Celui-ci me semble trop neuf pour être d’époque.

Avec stupeur, je n’apparais pas dans le miroir. En revanche, je distingue deux hommes. Tous deux font face à lui, même si l’un se tient à quelques pas de l’autre, dans son dos. Celui au premier plan est un colosse, une vraie force de la nature, à la taille impressionnante. Sans mentir, il doit frôler le double mètre ! Des paluches grandes comme des battoirs, des épaules de déménageurs qui tendent dangereusement le tissu du polo et un cou de taureau. Sous une tignasse jaune paille mal coiffée, son visage contraste cependant énormément. On s’attendrait à un mufle de pirate ou de catcheur sanguinaire mais en fait ses traits poupins trahissent une expression attardée. Sur la gauche, dans le miroir, il y a un superbe canapé, d’un beau cuir rouge sombre. Tiens, je n’avais pas remarqué cette ravissante blonde assoupie, une main abandonnée sur la moquette. A mieux observer, sa pose est tout sauf naturelle. Un jeu de lumière compliqué dessine dans ses cheveux éparpillés, une fleur fantomatique. Une fleur de lotus pâle.

Je glisse mes regards sur l’homme au second plan. Il me dévisage. C’est un homme entre deux âges. Je n’ai pas de mal à imaginer qu’il doit avoir un certain succès auprès des représentantes du sexe dit faible. Un look de mâle américain, vous savez, cet air mi-ange, mi-démon. Ce type de visage aux traits réguliers, à la mâchoire carrée, au nez planté droit au-dessus d’une fine moustache et au regard à la Clarke Gable qui doit les faire toutes chavirer. Bref, le beau gosse. Auprès de ce genre de tombeur, on apprend vite à se contenter des miettes. Moi, j’ai eu de la chance avec ma Lolita !

Toutefois, ce n’est pas aux vieux singes qu’on apprend à faire la grimace. Je vous fiche mon billet que ces deux-là ont été nourris, logés et blanchis aux frais de la princesse, tout comme moi! Vous savez, tous ceux qui sont passés derrière les barreaux en gardent une trace, invisible pour les non initiés, une sorte de flétrissure indélébile. Cette marque, est un signe de reconnaissance chez les mauvais garçons. On ne se trompe jamais. Je peux vous assurer que ce sont des ex-taulards, mieux des ex-taulards récemment libérés. Ils ont conservé cette façon d’être indéfinissable mais ô combien caractéristique. Il leur faudra un petit moment pour s’en débarrasser. Je peux également sentir leur nervosité, ils sont tendus à l’extrême. OK, j’ai compris. Ils sont en cavale. Où diable me suis-je encore fourré ? La scène semble figée, statique, en état de suspension! Voilà c’est çà, le temps lui-même semble suspendu....cela explique l’immobilité anormale qui règne dans cette piaule.

Pourquoi suis-je invisible? L’autre dégénéré ne m’a pas mordu. Donc, je n’ai pas pu me transformer en vampire! Donc, je devrais me voir. Il faut que je réfléchisse et vite! Soudain, mes oreilles bourdonnent et s’emplissent de coton. Un peu comme dans un avion quand il décolle ou atterrit. Il paraît que c’est une histoire de pression ou quelque chose dans le genre. Bref, je me pince le nez et souffle fort pour me déboucher les tympans. Surprise, en face, Monsieur Muscle fait exactement la même chose en me fixant droit dans les yeux ! J’abaisse lentement la main ...Monsieur Muscle fait de même. J’hésite encore à comprendre quand une voix s’élève dans mon dos :

- Non, Denis. Jamais. Tiens, va prendre nos affaires, on se barre ! »

J’ai déjà entendu cette voix. J’ai déjà entendu cette voix prononcer ces mots. Cette nuit...il y a peu de temps en fait. Oui, quand je me trouvais dans la cuisine des bourgeois. Des Lecourt. La vérité s’impose à moi, aussi irréelle qu’inconcevable. Je ne comprends pas. Dans le miroir, c’est l’autre homme qui a parlé, le tombeur de ces dames.

Sauf que quelque chose en lui a subtilement changé. Une sorte de prestance nouvelle, une allure aristocratique indéniable, un regard gris et pénétrant. Comme si une autre personnalité était venue hanter le taulard en cavale. Une personnalité se superposant à la première, sans toutefois la faire complètement disparaître. Une personnalité que je sais connaître, il suffit de me concentrer. En souriant, il dévoile des dents d’une blancheur éclatante....Lioncourt. Par quelque sortilège infernal, nous avons pris possession de ces corps étrangers, vivant une scène que j’ai déjà vécue. Mais pas Lioncourt! Il n’était pas là. L’esprit en déroute, je pressens que je cours un danger mortel. Je sais ce qui va arriver, il ne faut pas que je lui tourne le dos. Mais avant que je réussisse à plonger pour me dérober, un claquement sec a retenti. Un coup de poing géant me frappe sous l'omoplate gauche, précédant une insupportable douleur. De l’autre côté du miroir, Lioncourt tient dans sa main un revolver encore fumant. Il tourne les talons et disparaît de ma vue. J’entends une porte se refermer bruyamment puis le silence. En même temps, la moquette monte vers moi à vitesse grand V. C’est curieux, je suis mourant et je ne ressens pas cette sensation de mort imminente. Comme si tout ça n’était qu’une vaste supercherie. Mes yeux restent grand ouverts quand je m’affale sans bruit sur la moquette bouclée et moelleuse. La douleur a disparu. Totalement. Un battement de coeur après, à l’extrême périphérie de mon champ de vision, une porte s’ouvre doucement.

C’est alors qu’une brume, scintillante et bouillonnante, déborde du miroir devant moi en longues volutes moutonneuses. Elle donne naissance à un vortex similaire à celui qui m’a emporté tout à l’heure. Je suis littéralement aspiré hors de ce corps qui n’était pas le mien. C’était celui de la brute, le compagnon du tombeur de ces dames. Il est étendu là, à terre, une flaque de sang se formant sous son omoplate. Je remarque une silhouette immobile sur le seuil de la pièce. Ce n’est pas le vampire. Ce n’est pas le beau gosse. Mais c’est.... moi! Ce n’est pas possible!

Le vortex réclame son dû : je suis avalé par le cône de vents tourbillonnants, repassant au travers du miroir, seul désormais. La chevauchée fantastique dans les ténèbres continue...

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-07-08 20:16:46 

 WA - Participation exercice n°19 - partie 4 et finDétails
Bon, que dire pour ma défense. Juste quelques mots, tout ceci n'est qu'une histoire de miroirs. Je ne sais pas si je trouverai un jour le moyen de ne plus me perdre dans leurs reflets. Pour ceux que cela aurait pu intéresser, je préciserai les éléments mythologiques utilisés. En tous cas, bonne lecture (et bon courage).

-----

Il faut que j’arrive avant lui.

Je n’espérais plus rien de ma non-existence. Inexorablement, je m’effaçais silencieusement de la surface de ce monde, même si mon sang, ce maudit sang, se rebellait encore, quémandant frénétiquement à assouvir son éternel besoin. J’ai contemplé des milliers de visages. Certains m’ont aimé, beaucoup d’autres m’ont pourchassé. J’en ai aimé quelques uns. La boucle est bouclée. Je suis de retour chez moi, sur cette terre qui m’a vu naître, vivre et souffrir. Tout est changé. Mais lorsque s’élèvent les premières mesures de l’adagio du premier concerto pour violon de Bruch, je pense encore à toi, Nicolas, et je pleure. Oui, même si grâce à Louis, j’ai appris à évoluer parmi les hommes de ce monde étrange.

Alors j’ai cherché un moyen de tout recommencer, engloutissant mes richesses accumulées. Au cours de mes pérégrinations, alors que je désespérais, perdu entre impasses et fausses pistes, un fil d’indices ténus m’a enfin conduit jusqu’à lui. Le Hope. Fiévreusement, j’ai étudié son histoire et son implacable malédiction, dissimulées derrière les lignes du livre interdit, sensé ne pas exister, du Râmâyana. J’avais du temps, beaucoup de temps pour déchiffrer les arcanes retranscrites d’un sanskrit védique des plus hermétiques. La malédiction de la déesse y repose en sombres incantations. Non loin, rôdent les trois démons qui pourchassent les possesseurs illégitimes du plus beau cadeau offert par Rama, le charmant, à Sita, sa divine épouse. A mon tour, j’ai dérobé ce diamant céleste, ombre parmi les ombres, me jouant des sécurités du musée américain. Une créature de la nuit se déplace sans entrave hors les grains et les noeuds. Mais qui aujourd’hui connaît notre goût irrépressible pour les grains et les noeuds ? Etant ni mort ni vivant, je suis hors de portée de la malédiction. Pour obtenir ce que je désire, j’ai récité les sorts et pratiqué les anciens rites, ceux prescrits par les mantras secrets. Le diamant a alors commencé à chanter et son appel est irrésistible. J’ai patiemment attendu celui qui mettrait fin à cet envoûtement, l’homme aux neuf vies, l’homme dont le destin est intimement lié à celui de la pierre précieuse. Grâce à lui, le pont deviendra accessible, libérant la puissance de l'Atharvaveda, le quatrième Veda, celui des incantations et des charmes magiques. Quand je marcherai sur ce pont, je serai enfin libre.

Le sortilège dicte mes pas. Je me glisse sans bruit entre les rêves des dormeurs qui s’agitent à mon passage. La partie est serrée. Le sombre pouvoir qui se manifeste cette nuit ne souffre pas la plus infime atteinte à l’ordre des mantras. C’est le chaos qui embrasse le présent Son baiser est pire que la mort, il promet le néant. Je vois distinctement le but de ma course, une grande haie, une maison basse, une pelouse bien entretenue, un portail en ferronnerie et une seringue posée sur le côté d’un bureau. Il y aura aussi un chemin que je devrais parcourir, un chemin entre les Cornes du Monstre que je devrai affronter. Car là demeure Minotaure et il m’attend. Rien n’est laissé au hasard. Il est écrit qu’en ce lieu particulier, un pont s’ouvre entre deux univers. Les mantras m’ont averti. Le prix du passage est élevé. Mais je paierai, oui, je paierai jusqu’à mon âme pour franchir l’abîme frontalier. Je traverserai le labyrinthe pour me présenter devant Minotaure.

Pour l’instant, le voleur est prisonnier du cône des probabilités. J’ai une très mince avance sur lui. Rien ne m’est acquis. De ma rapidité dépend mon destin. C’est ici. Je reconnais la haute haie qui cache les lignes épurées d’une construction basse et élégante. Le jour s’approche, je sens cela dans mes veines. Et avec lui, l’horreur du matin. Il me faut faire vite. Je pénètre sous la véranda ouverte. Nul n’a besoin de m’inviter à entrer, c’est le cycle du rituel qui se poursuit. Je suis toujours en avance sur lui, l’homme aux neuf vies. Trois portes s’offrent à moi. Me voici donc dans le Labyrinthe.

S’il y a une chose qu’il m’a été donnée d’apprendre tout au long de ces siècles stériles, c’est que nous vivons tous, hommes ou chimères, au milieu d’un labyrinthe, celui de notre propre existence. Nous y sommes perdus, ne sachant pas d’où nous venons, ignorant là où nous allons. Toute notre vie, nous cherchons les réponses à ces questions, afin de nous en échapper. Lorsque Dédale et Icare se sont envolés de l’antre de Minotaure, ils se sont affranchis de l’absurdité de la condition humaine. Cependant Icare, s’étant trop rapproché de l’ultime connaissance, la vraie lumière du savoir, a été cruellement puni, précipité du haut des cieux. Les Dieux sont jaloux de l’Homme et refusent de lui laisser apercevoir ce qui existe de l’autre côté du Pont, le maintenant dans une ignorance protectrice.

Il ne peut en rester qu’un cette nuit. Il y a longtemps en Egypte, mes parents, Enkil et Akasha, trahis, furent possédés par le démon qui, s’engouffrant par leurs plaies béantes, donna naissance à notre lignée. Pour eux, je veux réussir, prouver qu’un salut existe pour ceux qui ont été chassés de l’amour divin. Je progresse lentement mais sûrement. Aucune difficulté dans ce labyrinthe parfait. Me voici devant la dernière porte. De l’autre côté m’attend Minotaure, mon destin. Je pousse très délicatement le vantail, millimètre après millimètre. Assis à un bureau fonctionnel, un homme travaille, un épais dossier ouvert devant lui. Un moniteur informatique est allumé sur le côté. L’homme étire ses bras, réprimant un bâillement de fatigue. Il consulte sa montre et secoue la tête. Il fait coulisser la tablette qui supporte un clavier. Il me tourne le dos pour l’utiliser. C’est le moment. Comme une ombre, je m’approche de lui en longeant le mur où je me confonds dans les motifs du papier peint. Il ne me voit pas, il ne me sent pas. Je n’ai nulle intention de lui nuire. Cela n’est pas écrit dans les mantras. Pourtant c’est lui, Minotaure, mais il ne le sait pas lui-même. C’est le rôle qui lui est imparti dans le rituel.

Parvenu à bonne distance, je tire précautionneusement de ma poche une seringue. Il continue à écrire sur son clavier. Je procède à l’échange des seringues. Elles sont identiques sauf que celle que j’emporte n’est pas remplie d’eau teintée mélangée à une puissante drogue, contrairement à celle que je laisse. Je retourne me blottir dans un angle obscur, sous le plafond pour m’assurer de la suite. La récompense est proche. Je n’appartiendrai plus à ce démon qui vit dans mon sang. Non, plus jamais. L’homme se redresse et remonte la manche de sa chemise. Il saisit ensuite la seringue, l’observe une seconde puis se pique au niveau de la saignée du coude en grimaçant. Il regarde à nouveau sa montre en se renfonçant dans le fauteuil. Il soupire. Soudain, la lumière vacille comme la flamme d'une chandelle dans un courant d’air. Cela commence. L'homme ne semble pas s'en apercevoir, plongé dans ses pensées. Il parcourt ses notes et tapote encore sur son clavier. Des mots se forment sur le moniteur. Il me faut attendre. Cela ne doit être ni trop tôt, ni trop tard. Le rituel ne pardonne rien. D’où je me trouve, son visage est parfaitement visible, les traits nobles, empreints d’une vive intelligence. La lumière vacille une nouvelle fois. C’est maintenant. Juste avant de l’immobiliser contre son fauteuil, j’ai vu une ombre passer sur son visage, une ombre que j’ai reconnue. Celle de l’homme aux neuf vies qui vient d’émerger du cône des probabilités, prisonnier de ce nouveau corps. Son tombeau.

Il résiste, essayant de se libérer de mon étreinte, luttant pour sa vie. Il ne peut me voir car je me tiens derrière lui. Une partie de mon âme, les vestiges de mon ancienne humanité, pleure sur son terrible sort. Je ne dois pas me laisser attendrir. Tout se passe sans le moindre bruit. Comme si les mots étaient inutiles. Peu à peu, la drogue injectée s’empare de lui, ses mouvements deviennent plus lents, plus faibles. Bientôt, il ne bouge plus. Je maintiens malgré tout la prise, redoutant une ultime feinte. Il ne faut pas qu’il puisse me voir. Regarder Minotaure droit dans les yeux est mortel. Je fais quelques pas vers l’arrière. Ma surprise est immense lorsqu’il étend une main vers le clavier. Mais cette main tremble tant qu’elle ne constitue aucune menace. Quelques mots s’affichent à l’écran, à la suite des autres, ceux écrits précédemment : « Dites-lui bien que je l’ai toujours aim.... »

Je peux entendre sa voix spectrale les murmurant tout bas : « Dites-lui bien que je l’ai toujours aimée...ma Lolita ! ».

Un masque d’hébétude se peint définitivement sur son visage. J’entends une présence toute proche. Il est temps de tirer ma révérence. Je lui glisse à l’oreille :
« Merci ! Merci mon frère. Le Minotaure est condamné à vivre éternellement dans son labyrinthe. Il en est le gardien et le prisonnier. Mais c’est lui le passage, le pont vers l’autre univers. Il retient en lui le mal pour que le bien puisse s’envoler vers la lumière. Je dirai à Lolita, je dirai combien tu l’aimes et combien tu l’aimeras encore. »

A cet instant, la tornade familière s’empare à nouveau de moi, m’attirant au coeur du vortex né du moniteur informatique. Le voyage est instantané et je me retrouve chez moi, dans la pièce secrète. Le diamant est toujours là, inerte à présent. La malédiction est levée, le sacrifice exigé étant consommé. Je m’approche du miroir où je n'apparais toujours pas. Il est là, en revanche, lui, l’homme aux neuf vies. La panique monte en moi. Je n’ai pas réussi... Mais non, son visage...son visage révèle les émotions que je ressens! C’est lui, c’est moi J’ai réussi. Nulle trace de mon ancien corps dans cet univers. Je suis libre enfin. Aucun démon ne dort dans le sang qui parcourt mes veines. En riant, je saisis le diamant et je quitte ces lieux définitivement. Lolita m’attend. Lolita, que je dois reconquérir. Je n’ai qu’une vie humaine pour accomplir ce miracle et cette vie, c’est une éternité pour les mortels non ?

Finalement, la souris a mangé le chat.

M

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z653z  Ecrire à z653z

2007-07-16 14:15:58 

 Très bien écritDétails
Je me suis juste un peu perdu au début de cette 4e partie mais tout rentre dans l'ordre ensuite.

Bravo !

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-07-25 18:13:00 

 WA - ex n°19, participationDétails
Laura



Les deux jours qui suivirent, je les vécus dans une fièvre obsessionnelle qui me rendait indifférent au reste du monde. La nuit, je lisais, je relisais, j’apprenais par coeur. Le jour, le livre ne quittait pas ma poche et dès que j’étais seul, je m’y replongeais. J’étais en retard à mes rendez-vous, je manquais de concentration, j’avais l’oeil hagard et le verbe laconique, et je m’en moquais éperdument. J’étais sous l’emprise d’une drogue dure qui m’avait totalement asservi : Laura.
Ainsi s’intitulait le livre de Villemagne. C’était un recueil de poèmes, drôles, tristes, passionnés tour à tour, qui commentaient l’histoire d’un amour brisé. Face à la page du titre il avait mis sa photo, celle d’une jeune femme dont les souples boucles blondes entouraient un visage d’une beauté à couper le souffle. Son sourire était sincère et mystérieux, ses yeux bleus tendres et envoûtants. Le nez mutin, le menton fier, le front large... Je ne m’en lassais pas. Elle rayonnait comme un soleil et j’étais en extase, autant devant ce portrait que devant les poèmes qui lui étaient dédiés.

« Laura ! Quand tu dansais, le ciel était en fête...
Insolente et divine, envoûtante clarté
Tu piétinais mon coeur de ton rire effronté
Et moi j’étais béat, éperdu, muet, bête... »

« Elle était ma super-chérie
Mais c’était une supercherie... »

« Sur la toile blanche
Laura met son coeur
Comme une avalanche
De bouquets de fleurs. »

« Attends-moi ! Mais déjà son ombre qui s’éloigne
Me laisse un goût de cendre et le coeur à genoux.
L’éternité-vautour fond sur moi et m’empoigne,
Il ne me reste plus que je – plus jamais nous ! »

Je voguais, bateau ivre, dans un délire de phrases qui n’étaient pas les miennes et que je m’appropriais comme le plus précieux des trésors. Samedi matin, éreinté, je pataugeais dans le brouillard qui s’élevait de ma tasse de café, quand mon regard se posa une fois de plus sur le livre ouvert. Et tout à coup cette image que j’avais regardée mille fois sans la voir, ce champ de blé aux coquelicots dansant dans le vent, si frêles et si joyeux... J’écarquillai les yeux, regardai en bas de la page. « Les coquelicots, toile de L. Belgrand, collection de l’auteur ». Je l’avais vue, je l’avais vue, elle était chez lui, dans son salon... Je me jetai sur le téléphone, que je posai aussitôt. Il était sept heures du matin ; mon enthousiasme puéril risquait de ne pas être apprécié par le Maître. J’irais le voir ce matin, il le fallait absolument. Je rongeai mon frein sous une douche froide qui eut le mérite de me distraire un instant de ma folie littéraire.


Samedi matin, je roulais rue de la République, certes au bord de l’épuisement mais d’autant plus attentif à la circulation et à la vitesse autorisée. J’eus à peine le temps d’apercevoir à trois mètres devant moi, hors d’un passage protégé, une valise rouge et un grand chapeau bleu. Je bloquai mes roues, mais l’impact eut lieu quand même... Le corps de la femme roula sur la chaussée. Je me précipitai en criant. Son chapeau était tombé, découvrant des cheveux blonds mi-longs mêlés de fils d’argent. La valise avait explosé sous le choc, et je fus pris de panique en constatant qu’elle avait projeté sur la poitrine de la blessée le même livre rouge qui m’obsédait depuis trois jours ! Je me mis à trembler comme une feuille en m’agenouillant près du corps immobile. Il n’y avait pas de doute possible.
Des passants s’approchèrent ; un homme appela les secours, un autre s’occupa du flot des voitures, un troisième me prit le bras.
« Tout va bien, monsieur, ce n’est pas votre faute, ne restez pas là.
- Mais elle...
- J’ai tout vu, vous n’y êtes pour rien. »
Tout s’enchaîna dans une brume épaisse. La sirène des pompiers, celle de la police. Essayer de parler, alors qu’à travers ma gorge nouée je peinais à respirer. Se souvenir, rester calme, ne pas pleurer, comment va-t-elle ? Coma. Laura Belgrand. Villemagne. Coma !
Je suivis l’ambulance à l’hôpital. J’appelai Villemagne ; je laissai sur le répondeur un message confus d’émotion, d’excuses et de plaidoirie, en priant qu’il en comprenne le sens.
Une infirmière compatissante me permit d’attendre le résultat des examens. Elle me conduisit au fond d’un long couloir désert ; là, une large baie vitrée donnait sur une chambre qui s’ouvrait à la fois sur le couloir et , de l’autre côté, sur le service de Réanimation. Je m’assis sur le banc, la tête dans les mains. Enfin ils l’installèrent dans le lit. Elle respirait seule mais n’avait pas repris connaissance. Sa valise rouge lui avait sauvé la vie, mais elle était dans le coma, et à son âge... Soixante ? Soixante-cinq ? Je ne m’étais pas posé la question. Comment une icône peut-elle vieillir ? C’était Laura, sa Laura, et je...


A ma grande surprise en début d’après-midi, je vis arriver, guidé par un brancardier de la même origine ethnique, Patrick N’Guyen avec une de ses filles.
« Papa, j’ai mal à l’oreille », insistait la gamine.
« Je sais, Laura, un peu de patience. Je dis bonjour à la dame et on y va. Monsieur Longfellow ? Vous la connaissez ? »
Je me forçai à lui raconter calmement l’accident, et je lui fis part du dernier bulletin de santé.
« C’est terrible », murmura-t-il sans la moindre animosité envers moi. « C’est une femme merveilleuse ! Elle a été ma prof de français au lycée. Je lui dois tout. C’est elle qui m’a donné envie de lire, elle qui m’a appris à m’exprimer clairement, à écrire sans faute, à avoir confiance en moi, elle qui m’a permis d’avoir mon bac, elle qui a changé le cours de ma vie !
- Et votre fille...
- Ma fille aînée porte son nom. C’était la moindre des choses. »
Je l’implorai du regard.
« Vous restez encore un peu ? J’ai appelé un de ses amis proches, je voudrais aller voir dans le hall s’il est arrivé.
- Allez-y, je vous attends. »
Le hall était bondé. Une équipe d’Empire Télévision criait au scandale, parce que le Ministre de l’Information les avait autorisés à voir Laura Belgrand, le célèbre peintre, et que l’hôtesse les avait fait immobiliser par la Sécurité en attendant l’avis du Chef de service de Traumatologie.
A l’entrée, un homme en robe de chambre rouge, poussé dans une chaise roulante par un infirmier du SAMU, hurlait comme un dément « Mais je vous dit que j’ai une côte fêlée, pas un infarctus ! Je sais ce que je dis ! Je veux aller à la clinique des Peupliers, je n’ai rien à faire ici ! Tout ça c’est la faute de l’autre conne, avec sa piscine de merde, et vous me faites tous .... »
L’infirmier déposa le dossier à l’accueil et poussa le fauteuil contre un mur, sans faire cas des vociférations de l’impatient.
Je cherchai Villemagne des yeux. Il n’était pas encore arrivé. Je repris l’ascenseur, terrifié à l’idée qu’il ait pu se passer quelque chose pendant ma brève absence. N’Guyen se tenait raide devant la fenêtre, la petite jouait à une invisible marelle, Laura n’avait pas bougé. La porte battante qui portait l’inscription « Soins Intensifs – Défense d’entrer » s’ouvrit à la volée sous la brusque poussée de l’homme à la robe de chambre rouge, en qui je reconnus, livide et éperdu, Edouard de Lignon, chez qui l’angoisse avait remplacé la colère, mais qui ne s’était pas calmé pour autant. A grands pas, sans nous jeter un regard, il vint coller son nez à la vitre. L’émotion le fit chanceler ; il ne chercha même pas à entrer dans la chambre. Il accrocha ses doigts au rebord de la fenêtre, crispant ses phalanges, murmurant pour lui seul « Laura... Laura... »
Je toussotai. Il me toisa, haussa un sourcil en reconnaissant mon visage.
« Qu’est-ce que vous foutez là, vous ?
- Je... c’est à dire que je... »
Je redoutais son courroux mais confesser ma faute me soulageait de mes remords.
« C’était un accident. Ma voiture l’a renversée. Elle s’est jetée sous...
- Vous l’avez renversée ? Elle ? »
Il marcha sur moi, les yeux exorbités de fureur, je reculai, les mains devant moi, en bafouillant que non, que je, que si... Son poing droit se leva, je fermai les yeux, acceptant la sentence et le châtiment. Mais le coup ne vint pas. N’Guyen avait bloqué son bras derrière son dos, et immobilisé par une clef douloureuse, de Lignon protestait sans trop oser se débattre.
« Soyez raisonnable, monsieur, puisqu’il vous dit qu’il n’y est pour rien !
- Et j’espère que c’est vrai, car sinon... »
Villemagne était là, fier, drapé dans sa douleur, digne malgré ses yeux rougis. Il passa devant nous comme devant un mobilier quelconque, ouvrit la porte de la chambre sans une hésitation, et s’agenouilla au chevet de Laura. Nous échangeâmes un regard où se mêlaient surprise, timidité et admiration, puis, l’un après l’autre nous entrâmes à sa suite. Il se pencha vers le front pâle, qu’il caressa du bout des doigts.
« Laura... Mon amour... Comment est-ce ... »
De Lignon, debout derrière lui, avait pris la main de Laura. N’Guyen et sa fille étaient passés de l’autre côté, et se tenaient à distance respectueuse. Quant à moi, à la fois fasciné et mort de peur, je me tenais au pied du lit.
Villemagne se redressa.
« Vous êtes... ?
Son regard n’aurait pas toléré une absence de réponse.
« De Lignon, un... ami.
- Patrick N’Guyen, j’étais son élève à Charlemagne. »
De Lignon avait retrouvé sa morgue.
« Vous, je suppose que vous êtes le poète ! C’est à cause de vous si elle est partie, à cause de vous si... »
La colère montait dans sa voix comme un torrent en crue.
« Chut ! Taisez-vous ! Elle ne veut pas de disputes ! »
Nos quatre paires d’yeux se braquèrent sur l’enfant, qui avait pris la main de la femme dans les siennes.
« Elle me parle. Elle est contente que vous soyez là. Si vous vous taisez... elle a des choses à vous dire. »
Les yeux de la petite fille étaient étrangement fixes, son visage empreint d’une majesté impressionnante, et sa voix tellement sûre d’elle que nous restâmes éberlués à l’écouter.
« Vous d’abord », dit-elle en s’adressant à moi. « Elle s’excuse de ne pas avoir fait attention en traversant. Elle espère que vous n’aurez pas d’ennuis. Papa... elle te dit qu’elle est contente de t’entendre, qu’elle non plus ne t’a pas oublié. Elle espère que tu ne courbes pas l’échine et que tu apprends ça à tes enfants.
Kevin... Qui c’est, Kevin ? »
De Lignon leva une main hésitante comme un petit garçon à l’école primaire.
« Elle est heureuse de savoir que vous allez bien. Elle s’excuse de ne pas avoir donné de nouvelles, mais elle pensait que c’était mieux comme ça. Vous étiez tellement jeune, elle pensait que vous vous consoleriez rapidement...
- J’aurais tout donné pour elle, tout quitté », murmura amèrement de Lignon.
« Séraphin... Ah mon cher Séraphin... »
La voix de l’enfant avait changé, comme si la femme parlait maintenant à travers elle.
« Je suis partie parce que je me mourais à t’attendre ; tu étais au sommet de ta gloire et tu avais déjà eu trois enfants...Je suis partie aux Amériques, j’ai eu du succès, j’ai épousé un homme riche avec qui je me suis ennuyée, mais qui a eu la délicatesse de me laisser vivre à ma guise... Il est mort l’an passé. J’ai rêvé de toi si souvent, pendant toutes ces années... Et puis la semaine dernière, dans une librairie francophone, j’ai trouvé ton recueil de poèmes, tu sais, le livre rouge... J’ai été bouleversée ! J’ai réglé toutes mes affaires, j’ai pris l’avion, et je venais te voir quand... Tu vois, c’était écrit, encore une fois je vais partir sans toi...
- Non, Laura, non, je ne te laisserai pas partir... »
Villemagne ne retenait plus ses larmes. De Lignon l’écarta brutalement.
« Tu ne partiras pas, Laura. Pas aujourd’hui, je te le promets. Ne proteste pas ! Je n’ai plus vingt ans, et je sais exactement ce que j’ai à faire. »
Il se concentra en fermant les yeux, et mit les paumes de ses mains face à face. Des filaments de lumière bleue se tendirent entre ses mains, vibrant d’une énergie intense. Villemagne et moi reculâmes d’un pas, tandis que N’Guyen souriait.
« Vous êtes énergarche ! »
De Lignon ouvrit les yeux.
« Evidemment ! Comment croyez-vous que j’aurais pu faire fortune si vite ? A quatorze ans j’ai quitté des parents ouvriers et alcooliques. Je m’appelais Lirignon, à l’époque, Kevin Lirignon, vous vous rendez compte ? Je n’avais pour moi que ma rage et ma soif de revanche, tout ce qu’il fallait pour devenir délinquant. Par chance, j’ai découvert ce don, et je l’ai développé. Après toute sorte de petits boulots, à dix-huit ans j’étais vendeur ; à vingt-deux ans, chef des ventes; à vingt-quatre, directeur commercial ; deux ans plus tard je montais ma première entreprise... C’était facile ! Je travaillais vingt heures par jour, sans fatigue ; je prenais l’énergie où je voulais, de préférence chez mes rivaux... Il faut bien que ce don serve enfin à quelque chose d’utile ! Vous lui direz, n’est-ce pas, qu’elle est ma légataire universelle. Longfellow, je compte sur vous pour prendre soin du patrimoine afin qu’elle ne manque de rien, parce que je la connais, elle va vouloir défendre de nobles causes... Monsieur... N’Guyen, c’est ça ? Je suppose que vous allez lui en trouver, vous, des causes perdues... Je m’en fiche. Mais jurez-moi de la protéger, physiquement, qu’il ne lui arrive rien, nous vivons dans un monde de loups...
- Mais », l’interrompit Villemagne, «vous n’allez tout de même pas...
- Donner ma vie pour elle ? Mais bien sûr que si ! Vous ne le feriez pas, si vous pouviez le faire ? Non, n’essayez même pas, elle vous aime encore, elle vous a toujours aimé... Maintenant j’ai une chance qu’elle pense à moi de temps en temps... Mais je vous conseille de la rendre heureuse, très heureuse, sinon je vous jure que je trouverai un moyen de vous le faire payer au centuple ! »
Nous le regardions, complètement hypnotisés. Il ferma à nouveau les yeux, posa ses mains de chaque côté de la tête de Laura, et resta immobile. C’était terrible et magnifique à la fois. Petit à petit il se voûtait, crispant son visage sous l’effort, tandis que la respiration de Laura devenait plus légère, que ses paupières frémissaient, que sa main droite sursautait. Il se laissa lentement glisser à terre, la tête près d’elle, sur le lit, et ne bougea plus. Dans un dernier tressaillement, il grommela :
« Dites-leur que je suis mort d’un infarctus. Ca leur fera plaisir... à ces cons... »
Avec le sourire d’une petite fille qui s’éveille après une bonne nuit de sommeil, Laura ouvrit les yeux.
« Oh... »murmura-t-elle, comme si c’était le matin de Noël.
Et nous, nous étions là autour d’elle, béats, éperdus, muets, bêtes...


Narwa Roquen

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-07-25 23:03:26 

 How I Wanna Be Like You...Détails
Ce texte me fait penser à un ciel de demi-saison. Les nuages s'amoncellent jusqu'à ce que la lumière s'abaisse en pluie dense et sombre. Mais là, au coeur des nuées, il y a une trouée céleste qui déverse une lumière miraculeuse. C'est une chevelure blonde et divine qui cascade, profonde et vibrante, annonçant un magnifique coucher de soleil.

Cette lumière est d'autant plus belle qu'elle resplendit dans le violent contraste de l'obscurité environnante. Et par-dessus tout, il y a comme une magie particulière qui semble rendre tout possible durant cet instant qui ne dure que le temps d'une respiration. Laura.

Les règles sont respectées mais là n'est pas l'important. Il y a dans ces lignes à la fois le regret de ce qui aurait pu être et l'illusion de croire que cela pourrait être à nouveau. Avec en point d'orgue, le détail qui qualifie cette histoire pour nos errements surréalistes.

Excellent

PS : l'inspecteur des impots a-t-il établi un redressement d'impôt sur la "revenue" (je n'ai pu m'empêcher) ?


M

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z653z  Ecrire à z653z

2007-07-26 17:27:40 

 superbe égalementDétails
...
ça se boit d'un trait (comme une bonne bière).
et la chute est très bien amenée.
Que dire de plus.... merci :)

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-07-27 18:43:56 

 Commentaire Madhros, ex n°19Détails
Je me doutais que ça allait être coton... Je ne suis pas déçue ! Pauvre consigne ! Tu l’as torturée avec l’acharnement d’un Mangemort, jusqu’ à ce qu’elle crie grâce et accepte de se plier à peu près à tes désirs... Je n’arriverai jamais à écrire une histoire comme ça ! « Vous en rêviez, Maedhros l’a fait ! », ou quelque chose comme ça... On est totalement embarqué, mais gare au distrait... Même avec une boussole, il ne trouvera jamais l’issue du labyrinthe ! J’ai failli me perdre moi-même dans la 4° partie, jusqu’à ce que je réalise que le « je » n’était pas le même que dans la 3°... La piste est mince, sauf si on connaît Nicolas et Louis, ce qui n’est pas donné à tout le monde... ( des amis à toi, je suppose ?)
Bref, vu le pétrin dans lequel tu t’es mis tout seul en voulant écrire une histoire avant la 2° consigne ( tout ce qu’on demandait dans le 18, c’était de présenter les personnages...), je trouve que tu es bien retombé sur tes pattes, et je te décore de l’Ordre du Chat.
Narwa Roquen,qui console sa consigne en la berçant...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-07-27 20:03:31 

 La loi du je...Détails
J'ai effectivement croisé naguère Nicolas et Louis non loin de Notre-Dame où, cachés et ignorés, reposent les vestiges du théâtre des vampires.

Nicolas : c'est Nicolas de Lenfent, grand ami de Lestat, violoniste virtuose. Ils ont vécu à Paris comme des artistes : Lestat comme comédien, Nicolas comme violoniste. Mais Nicolas ne supporta pas d'être transformé en vampire et se jeta dans un brasier pour se tuer (Anne Rice : Lestat le vampire).

Louis : c'est Louis de Pointe du Lac, propriétaire d'une grande plantation à La Nouvelle Orléans. En perdant son épouse, il se perd lui-même. Un soir de beuverie, il croise Lestat qui lui offre le choix : devenir ou non immortel. Louis choisira la vie éternelle mais restera humain dans son comportement quoi qu’il se passe. C'est lui qui offrira plus tard, à notre époque, un journaliste à Lestat, comme un nouveau départ (Anne Rice : Entretien avec un vampire)

Je reconnais volontiers qu'il fut "ardu" de séduire ta consigne mais je te jure ne l'avoir jamais violentée.

In fine, le "je" de la 4ème partie est le même "je" de la 1ère partie où c'est bien Lestat qui parle, sur une plage des tropiques, ayant recouvré son humanité.

M

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-08-02 17:03:55 

 Exercice 19 : Narwa Roquen => CommentaireDétails
«Je pataugeais dans le brouillard qui s’élevait de ma tasse de café» Rhôôô c’est joli !
Le style est nickel, beau et vivant à la fois, compliments !
J’aime bien l’intervention de l’autre parvenu en fauteuil roulant ; son dialogue est rafraîchissant. Les réactions des différents personnages sont bien contrastées et te permettent de jouer sur les divers registres émotionnels. Au départ, j’ai trouvé curieux qu’ils se retrouvent tous là, autour de la même personne connue mais cela s’explique après de manière cohérente. Le fantastique fait une incursion assez soudaine avec l’enfant. Je ne m’y attendais pas. De Lignon a des dialogues truculents jusqu’au bout avec « Dites-leur que je suis mort d’un infarctus. Ca leur fera plaisir... à ces cons... ». « Energarche » ? Bon, d’accord.
Ha, elle est belle la reprise du ver du poème pour conclure !
C’est une histoire drôlement jolie !

Est', fidèle au poste.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-08-02 17:09:02 

 Exercice 19 : Maedhros => CommentaireDétails
Waouh ! Il faut suivre ce scénario tortueux, voire même carrément capillo-tracté. L’histoire est sympathique même si on frôle la confusion par endroits. J’ai relevé quelques lourdeurs de style, comme le lui/sa ici : « la vague qui lui mord sa peau si douce » ou le alors/soudain ici : « Alors, un vent glacé se déchaîne soudain ».
Il y a toujours autant de citations : Le bal des vampires, Le magicien d’Oz... pour celles que je vois. D’ailleurs, je me suis toujours demandé : dans Le bal des vampires, le fils du comte, ce ne serait pas lui qui aurait inspiré Lestat ? Tu ne trouves pas qu’il lui ressemble drôlement ?
« Il ne peut en rester qu’un cette nuit » We’re the princes of the universe ! Huhuhu !
Je me pose quand même quelques questions existentielles : pourquoi le voleur est-il l’homme aux neuf vies ? Comment le voleur sait-il qu’il doit arriver avant Lestat ? Ton postulat n’entre-t-il pas en contradiction avec les pensées et les sentiments de Lestat dans Le voleur de corps ? Il m'avait tout de même paru sincèrement horrifié par les contingences matérielles de la condition mortelle et sincèrement soulagé de retrouver son corps immortel... A moins que ta nouvelle ne se passe après la réapparition du voile de Véronique et de la vague de mysticisme qui en découle. Et là, faut voir...

Est', libera me...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-08-03 14:20:09 

 RéponsesDétails
En fait je n'ai lu, encore que très rapidement et il y a quelque temps déjà, que deux épisodes des chroniques : Lestat le Vampire et Entretien avec un vampire.

Donc, je n'ai pas lu 4ème épisode, le voleur de corps ni les suivants d'ailleurs. D'où l'absence totale de cohérence entre l'aspiration de Lioncourt dans mon texte et le développement psychologique proposé par A. RICE.

Même si celle-ci excelle dans la description de ce monde parallèle au nôtre, et surtout dans la psychologie de ses créatures, ce courant littéraire est assez éloigné de mes domaines de prédilection habituels (science fiction sous toutes ses formes). Tiens, je suis en train de dévorer la Horde du contrevent (A. Damasio) sur le conseil de Fladnag, et c'est carrément jouissif. Il y a une inventivité, une poésie et un sens épique incroyables dans ce roman qu'il est urgent de découvrir. Pour établir un parallèle, il me rappelle quelque part le roman de Christopher Priest "Le Monde inverti " qui avait remporté en 1974 le Prix British Science-Fiction du meilleur roman.


Dans ce roman, "Helward Mann qui vient d’atteindre l' âge de 1.000 kms vit sur une planète inconnue dans une cité appelée Terre. Cette cité présente l’étrange particularité de se déplacer lentement sur des voies de chemin de fer. Au fur et à mesure de son déplacement, les techniciens de la Guilde des voies retirent les rails situées à l’arrière de la cité pour les placer à l’avant afin de lui permettre de continuer à avancer. Le chemin à suivre est fixé par la Guilde des topographes du futur et le but à atteindre est l’Optimum. De la fuite en avant vers cet Optimum dépend la survie de la cité car celui-ci se déplace continuellement et, plus elle s'en éloigne, plus elle subit d'étranges phénomènes affectant l'espace et le temps." (wikipédia pour le bref résumé).

Pour revenir à mes lectures, accessoirement, je bouquine un peu d'heroic-fantasy mais je trouve que ce genre devient le parfait exemple du bouquin de gare. C'est quasiment une production industrielle, surtout intiée par les anglo-saxons qui exploitent à mort le filon... Donc il y a vraiment quelques bons romans d'H.F mais parmi un océan de médiocrité affligeante, surtout au niveau du style et de l'imagination. En plus, avec des sagas qui durent, qui durent...et qui délayent l'argument jusqu'à la corde.

Par contre, le Bal des Vampires (1967) est LE film culte. Je ne sais pas si tu as vu le DVD ressorti récemment et qui comprend la bande-annonce d'anthologie? C'est à se tordre de rire. C'est vrai que le fils du comte a un côté très "aristocrate dandy" qui le rend proche de Lestat sur le plan physique. La scène de poursuite avec Alfred est aussi un grand moment.

M

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-06-03 16:07:25 

 WA-Commentaire 19 - Narwa RoquenDétails
Une fois n'est pas coutume, j'ai lu le texte avant de poster ma participation. La faute au texte précédent, je voulais avoir la suite tout de suite ! (na).
Mais forcément, les grandes attentes génèrent parfois de petites déceptions. Le narrateur avait été construit en partie sur une opposition poésie/pragmatisme, et la seconde partie est ici complètement occultée. La fin suggérait un "combat fiscal", et cet univers qui était pourtant le moteur de l'exercice précédent n'est qu'à peine évoqué.
Tu avais déjà quatre personnages dont un qui connaissait les autres, mais tu en indroduit un supplémentaire pour créer un nouveau coeur. Facilité ?
L'enfant qui fait "interphone", je ne pense pas qu'il était nécessaire, encore une fois, j'ai l'impression que ca ressemble plus à une pirouette.

Enfin, ne t'y trompe pas, le texte est très bien, c'est juste que, dans la ligne du premier, j'aurai peut-être aimé qu'il soit un peu plus fouillé quoi ;-)

Et puis maintenant que j'ai dit tout ca, je n'ai plus qu'à prendre mon bon vieux clavier et tenter de faire comme je peux pour pas avoir l'air trop bête ^^ Je savais bien qu'il ne faut jamais lire une participation avant d'avoir soi-même posté !

--
Onirian, qui ne sait même pas encore quelle histoire il va construire autour de ses propres personnages.

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-08-12 23:24:20 

 WA-Exercice 19 - Rencontres des quatre.Détails
Désolé pour ce long retard, mais ca y est, la fin de la wa18 est enfin arrivée (Et dire que Narwa voulait que j'aille vite... je suis désolé !).
Bref. Je crois qu'il n'est pas inutile de relire les trois premiers textes, à savoir, celui-là, celui-ci, et ce dernier.

Et donc, suite et fin de "Intimité".

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Intimité.


Demain...
Je regardais le soleil se lever. Les quelques nuages à l'horizon n'étaient présents que pour mieux souligner la beauté de l'aurore. La nuit avait été longue, difficile. J'étais ébranlé. J'avais parfaitement conscience que le choix des hôtes que l'on m'avait assigné ne devait rien au hasard. Ce que j'aurai pu être, ce que j'ai été – et dans une certaine mesure, suis encore – et ce que j'ai causé.
Je goûtais la sensation de chaleur sur ma peau, donnée par les premiers rayons du soleil levant, peut-être comme une façon naïve de combattre le froid qui m'habitait. Le crépuscule et l'aurore. J'ai toujours aimé ces moments, le passage de la nuit au jour et réciproquement, entre la vie et la mort, ponts d'un monde à l'autre... comme moi, finalement...
Tous les marqueurs avaient des dettes personnelles vis-à-vis de leur existence d'avant. Une forme de purgatoire ? Sans doute. Je me retournai, contemplant un magnifique et admirablement décalé centre commercial. Rien ne subsistait du parc où tout avait commencé, il y a une bonne quarantaine d'années maintenant. Avec un temps de retardement, je vis, assis sur un banc, un vieil homme qui me regardait. Je me figeai, c'était mon premier hôte. Je tentai de me raisonner, il ne peut pas me reconnaitre, il ne m'a pas vu, ce n'est pas possible. Un instant, je fus tenté d'user de mes pouvoirs pour sonder son esprit, et le cas échéant, y ôter mon image, mais l’oeuvre était déjà accomplie, je n'en avais plus le droit. Quelle serait la sanction ? Je l'ignorai. Beaucoup de points me restaient obscurs, mais ce dont j'étais certain, c'est que mes employeurs, à défaut d'un mot plus approprié, étaient du genre à faire confiance d'abord, et à ne plus jamais pardonner ensuite.
L'homme s'était levé de son banc, et venait à pas mesurés dans ma direction, ses yeux rivés sur les miens. Bien qu'en conscience, je fusse persuadé qu'il ne pouvait pas m'avoir reconnu, une peur irrationnelle m'avait saisi. Il était marqué. J'avais toujours plus ou moins inconsciemment considéré que cela signifiait la mort pour chaque hôte, mais au fond, l'on m'avait simplement parlé de destinée, de chemin d'Ame, et d'accomplissement...
Il s'arrêta à quelques pas de moi, continuant de me fixer, comme s'il cherchait un souvenir très profondément enfoui. Face à lui, je restai aussi stoïque que possible, sachant que ma gêne m'avait probablement déjà trahi de toute manière.
Quelques longues minutes s'écoulèrent. Pourquoi restais-je ainsi, sans mot dire ? Après coup, j’en suis venu à penser que c'est parce que la Marque fonctionne autant pour le marqué que pour le marqueur. Un contrat de fait, je l'avais lié au destin, et m'étais lié à lui. Au cours de son examen, de nombreuses expressions passèrent sur son visage. Perplexité, haine, peine, colère, résignation, fureur... Le tout fini par s'entremêler et acquérir une certaine stabilité. Pas encore de la sérénité, mais quelque chose d'approchant. Alors seulement il ouvrit la bouche :
- C'est toi, j'en suis sûr.
- Moi ?
De quoi pouvait-il bien parler ? De cette nuit ? Non... plus profond, plus ancien. L'avais-je connu dans ma vie précédente ? Son visage ne m'évoquait rien... encore que, en supprimant les rides et la barbe, en remplaçant le gris des cheveux par un châtain foncé... se pourrait-il ?
- C'est moi qui ai construit ce supermarché, le savais-tu ? Je ne supportai plus la vision de ce parc, et de ses abjects occupants.
La haine transparaissait en filigrane dans sa voix. Il fit visiblement un effort pour se reprendre. Si la paix de l'âme était une montagne, alors cet homme était un alpiniste chevronné et opiniâtre. Il reprit d'une voix plus posée.
- Elle s'appelait Estelle.
Estelle... Je revis son visage aussi nettement que si ces évènements ne dataient pas d'une quarantaine d'années, mais de la veille. Ses lèvres étaient d'un rose envoutant ; son teint blanc, ses vêtements noirs, ses bracelets argentés, tout me revenait. Le goût de sa peau aussi, et la chaleur de son corps, déjà entrain de se dissiper. Et l'horreur du réveil une fois ma tension déchargée. Les marques sur son cou, les bleus sur ses bras, les vêtements arrachés, les coupures de journaux, la fermeture du parc, la peur d'être découvert, l'enterrement – j'étais venu en tant que camarade de classe – la culpabilité, puis l'égoïsme, la vie qui reprend le dessus, les mensonges envers moi-même, le mépris que je jetais à la face du monde, mes visites au cimetière, mes cauchemars, la réouverture du parc quelques mois plus tard. Mes échecs amoureux, à cause d'elle, ma vie pitoyable, à cause d'elle, mon suicide, à cause d'elle, mon incapacité même à atteindre l'enfer, toujours à cause d'elle...
- Pourquoi as-tu les traits d'un jeune homme ? Cela s'est passé il y a quarante ans. Regarde-moi, je suis vieux. Même cela est injuste, reprit-il, tristement résigné.
Et ce n'est que l'année dernière que j'ai finalement réussi à faire en sorte que mon coeur putréfié cesse de battre, mais la vie ne m'a pas quitté. Je suis redevenu jeune, comme à l'époque, parce que dans ma tête, ce jour fatal ne s'est jamais terminé. Le battement régulier dans ma poitrine à disparu, mais la vie refuse encore et toujours de me quitter.
- A ma mort, je suis revenu, pour payer mes dettes. Et la sublime ironie du monde m'a donné le corps que j'avais, ce jour là.
Il sourit brièvement.
- Sais-tu pourquoi tu n'es pas mort ? Te l'a-t-on expliqué, là-haut, comment étaient choisis les marqueurs ?
- Se sont les âmes coupables.
- Il y a de cela oui. Mais la sentence, c'est moi qui l'ai choisie. Il y a des passerelles entre le monde de l'occulte et celui-ci. Des instants, comme maintenant, où il est possible de communiquer. Tu as tué ma fille et la police ne t'a jamais soupçonné. Personne. Et comment auraient-ils pu ? Toi qui semblait si désemparé à son enterrement... Oui, c'est comme ca que je t'ai reconnu et jusqu'à maintenant, je ne savais toujours pas qui était le fils de chien... – il se reprit – qui était l'homme ayant pu commettre un tel acte. Si je te vois aujourd'hui, c'est probablement que tu m'as marqué, n'est-ce pas ? Tu as donc vu ma bibliothèque, tu dois en connaître beaucoup sur mes recherches.
Je restai coi, en prise à un vertige contre lequel je ne pouvais rien. Mon premier marqué, un sympathique vieil homme, comment avais-je pu passer à coté ? Les livres... qu'avais-je loupé ? Oui, il s'intéressait à l'ésotérisme, mais de là à en connaître plus que moi sur ma propre nature...
- Je voulais t'envoyer en enfer... Ma femme ne croyait pas cela possible. Cesse tes balivernes, me répétait-elle, ne me laisse pas seule... Mais toujours je repartais dans mes études, l’abandonnant... Jusqu'à ce qu'elle finisse par se tuer. Elle a survécu à la mort de notre fille pendant trente années de misère, et c'est mon entêtement qui lui a donné le coup de grâce. Paradoxalement, c'est sa mort qui m'a permis de retrouver la paix, comme le noyé au fond d’une mare qui redonne un coup de talon. Je n'ai pas abandonné mes recherches, mais je les ai réorientées, pour tenir compte de ce que ma femme n’avait cessé de me dire. Ne pas te tuer, ne pas te faire souffrir, mais te faire comprendre ma vie, t'offrir le fardeau des faucheurs, ou marqueurs, t'apprendre à aimer tes victimes, à vivre leurs peines, à les soulager.
Je ne pouvais toujours pas parler. Etrangement cela m'évoqua mon enfance, quand j'avais eu peur de redoubler ma sixième. Redoubler est une chance, pas une sanction ; je n'avais jamais adhéré, c'était une punition pour incompétence, rien de plus. Je comprenais enfin, une chance... Cet homme là ne m'avait pas pardonné, et il ne me pardonnerait sans doute jamais, mais il s’efforçait voir plus loin. En écho à mes pensées, il ajouta :
- Je sais que ma décision a été la bonne, mais je dois me battre tous les jours pour l'admettre.
Tout aurait pu s'arrêter là, sur cette espèce de paix bancale, mais il n'était pas le seul marqué de la nuit, et le destin, s'il prend parfois le temps de s'occuper de quelqu'un en particulier, n'oublie jamais personne.
A ma droite, j'entendis la marche rapide d'une paire de botte. En tournant la tête, je la vis, elle. Elle était vêtue un haut noir transparent, plaqué sur son corps par le corset que j'avais remarqué cette nuit, lui découpant une silhouette haute et fière. Elle portait également une longue jupe noire et quelques bijoux. Son maquillage lui donnait un regard profond, avec un coté presque prédatrice. Soudain, choqué, je me retrouvais à terre, une douleur incongrue me vrillant la mâchoire. Le vieil homme m'avait frappé. Indistinctement, je compris que mon regard sur elle avait du lui évoquer celui que, quarante années plus tôt, j'avais dû avoir sur sa propre fille.
Avant d'avoir pu me relever, la fille arriva à notre hauteur. Sans égard pour ma situation peu flatteuse, elle planta ses yeux emplis de haine dans les miens, puis secoua la tête un instant. Je n'étais pas sa proie. D'un ton sec, elle s'adressa au vieux :
- Où est-il ?
- Le violeur !
Ainsi c'est ce que l'on ressentait lorsqu'on était pris dans la vague du destin ? Les yeux de l'homme se posèrent sur moi. Je crus qu'il allait encore me frapper, mais il n'en eut pas l’occasion. D'un coin du bâtiment venait d'apparaitre le paranoïaque. Il courrait vers nous, le regard fou et un long couteau en main. Tout se passa en un éclair, il se jeta sur la fille, mais ce fut le vieux qui prit le coup en s'interposant.
Il n'y survivrait pas, j'en avais l'intime conviction.
Du sang coulait abondamment de sa plaie, située vers la clavicule, cependant, il ne semblait pas s'en soucier. Je crois en vérité qu'il attendait ce jour depuis bien des années. Le fou quant à lui, voyant son crime, s'était prostré à genoux, en position foetale. Il traçait du bout du doigt de petits pentacles, en ânonnant des paroles inintelligibles.
La g_o_t_hique, elle, avait ramassé le couteau et se dirigeait déjà vers le monstre. Le vieux me regarda un instant, et m'ordonna d'un ton impérieux :
- Prend leurs mains !
Sans réfléchir, je me tournais vers l'homme prostré, et lui attrapais le bras. Le blessé fit de même de son côté, et, d'un geste étonnamment vif pour son âge, attrapa également au vol la main de la fille alors qu'elle plantait déjà son couteau dans le corps du fou, j’attrapais alors la dernière main libre, il prononça un mot, et monde bascula.

Nous n'étions plus sur cette place, devant ce supermarché aseptisé, nous n'étions pas non plus dans ce parc détruit. Il n'y avait plus de couteau, plus de blessures. Non, c'était un moment, un espace hors du temps. Nous étions quatre esprits, et pour la première fois, nous nous rencontrions.
Oui, pour la première fois de ma vie, ou de ma mort, c'est selon, je prenais conscience des ramifications qui unissent les êtres. Je pouvais voir mes actes et sentir comment ils faisaient vibrer le monde. Je découvrais les liens qui nous unissaient, certains si ténus que je n'aurai jamais pu les soupçonner autrement.
Chacun d'entre nous allait de révélations en révélations, de questions en réponses, d'incompréhensions en empathie. Mon premier choc fut d'apprendre que la fille g_o_t_hique qui nous accompagnait s'appelait Estelle. Son premier choc vu de se voir nue dans son lit, avec moi à ses cotés, me mordant le poing. Le vieux se prénommait Richard, il venait d'une famille très ancienne où la sorcellerie était une tradition. Le fou, Marc, était pour un instant délivré de sa paranoïa. Ici, il ne craignait rien, sinon de comprendre ce qui lui arrivait.
Et les liens se tissaient, ou pour mieux dire, se dévoilaient. Estelle, l'actuelle, était la fameuse femme de ménage peu consciencieuse de Richard. Elle avait remplacé une amie un jour, bien avant le drame, et le vieux ne la croisait jamais, ils ne s'étaient jamais vus. Elle faisait son ménage le plus vite possible pour se plonger corps et âme dans les notes du vieil homme, celles-là même qu'il avait prise pour se venger de moi.
Plus lointain, je vis la mère de Marc, une femme amoureuse de moi, chez qui je m'étais épanché, lui disant que je ne pouvais l'aimer car j'avais violé. J'avais planté le germe de la psychose bien involontairement. Qui croirait que la folie est contagieuse ? Encore plus lointain, Marc encore, petit, se faisant dire par une femme, la femme de Richard, aigrie, que les hommes sont de deux races, les absents et les violeurs. Un engrais pour le germe, pour exister, il serait donc un violeur, l'idée ne le quitterait jamais. Estelle était la fille d'une femme que j'avais aimée, sans jamais oser lui parler, de peur de la blesser. Sa soeur, une amie étudiante de Marc, avait lutté contre le projet de supermarché pour que l'on préserve le Parc, avant d’y mourir, elle aussi. Tous ces gens, je les avais croisés de mon vivant. Je leur avais parlé, les avait bousculés sans m'excuser, sans les voir. En cet instant de grâce, le passé et le présent se mêlaient pour ne faire plus qu'un. Je vis le fou se réveiller, ce matin, après sa première nuit de véritable sommeil, décidé à en finir, je vis Estelle, l'ancienne, danser non loin de moi, je vis Richard, jeune homme, annoncer à sa femme qu'il passerait outre toutes ses peurs, qu'il voulait une fille et qu'il assumerai quoiqu'il se passe. Tant de fils nous reliaient, il n'y avait plus, ni jugement, ni peine, ni passion. Je vis Estelle, l’actuelle, se réveiller, ce matin, sûre que le violeur serait où tout avait commencé, à l’ancien Parc, parce que cette nuit, elle avait pu l'atteindre. Je vécus les années de recherche de Richard, le pouvoir considérable qu’il avait acquis, jusqu'à cet instant, où il avait tout donné pour nous lier. C’était égoïste, il voulait comprendre, lui, mais chacun d’entre nous se voyait désormais à sa place exacte.
Dire que je n'avais rien vu, rien compris. Je me sentais à la fois béni et misérable. Soudain, le cercle fut plus grand, les morts nous rejoignirent, la soeur, la fille, la femme, et nous étions pardonnés, et le cercle grandis encore, nous nous fondions dans le monde et percevions tous les liens qui unissaient toutes choses, des milliers, des millions de fils invisibles nous étaient révélés, reliant le monde à lui-même, nos vie aux autres, les autres à nous.... Puis ce fut trop.
Au pied du supermarché, nous nous regardions, hébétés et émerveillés. Richard et Marc mourraient, mais nous avions connu l'éternité, et la mort n'est rien face à cela. La Paix les emmena en quelques instants...
Tandis que le soleil emplissait le ciel, dans ce temps encore suspendu, ma dernière hôte me prit délicatement la main, s'approcha de moi et déposa un baiser d'une douceur infinie sur mes lèvres. Je comprenais, elle aussi, et cet instant avait un nom, Paradis.

Je ne l'ai jamais revue, mais depuis ce jour, je suis guéri.

--
Onirian, clavierteur.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-08-19 22:35:17 

 Commentaire Onirian, exercice n°19Détails
Mission accomplie pour cet exercice difficile ! Tu as réussi à mettre du lien entre 4 personnages qui a priori n’en avaient pas. J’ai l’impression néanmoins que l’accouchement s’est fait dans la douleur... et que la quadrature du cercle a coincé un peu sur les bords ! Mais tu l’as fait, et c’est l’essentiel.
Quand tu dis qu’Estelle avait remplacé une amie bien avant le drame, tu parles bien du viol et du meurtre de sa soeur, perpétrés par Marc, si j’ai bien compris ? Elle est donc à la recherche du meurtrier de sa soeur, comme Richard cherche le meurtrier de sa fille. Mais pourquoi Marc veut-il tuer Estelle ? Et pourquoi dans le texte A + D Estelle, prenant le héros pour Marc, lui dit-elle : « Vous êtes venu vous venger ? »
Il m’a fallu prendre un papier et un crayon et tracer un diagramme avec des flèches entre les personnages pour bien assimiler tes explications, mais sans doute la canicule rend-elle mes neurones paresseux. Ceci étant fait, effectivement, ça tient la route.
Le premier paragraphe est très poétique. Jolie aussi, la métaphore de l’alpiniste. Le personnage de Richard est très intéressant, il vole presque la vedette à ton héros. Toute la partie « fantastique » est très bien menée, on adhère parfaitement, c’est original, onirique à souhait (et pour cause !!), et philosophiquement irréprochable.
La dernière phrase me laisse un peu perplexe : ton héros va-t-il reprendre le cours d’une vie normale ?


Après, les bricoles :
1. le style :
- « il y a une bonne quarantaine d’années maintenant » : tu es dans un texte au passé. Donc il faut rester dans le passé, par exemple « une quarantaine d’années auparavant »
- Idem : « et ce n’est que l’année dernière que j’ai finalement réussi... » : ce passage-là doit également être au passé
- « qu’avais-je loupé ? » : un peu trop familier
- « Marc, encore petit, se faisant dire par une femme... » : la tournure est un peu bancale : « entendant une femme dire », « à qui une femme avait dit »
- « nous nous fondions dans le monde » ... « reliant le monde »


2. l’orthographe
- ce que j’aurai pu être : j’aurais
- je l’ignorai : ignorais
- je ne supportai plus la vision : supportais
- déjà entrain de se dissiper : en train de
- le battement régulier... à disparu : a disparu
- Se sont les âmes coupables : ce sont
- Toi qui semblait si désemparé : semblais
- Il s’efforçait voir plus loin : oubli du « de »
- Une paire de botte : bottes
- Elle était vêtue un haut noir : oubli du « d’ »
- Un coté presque prédatrice : un côté presque prédateur (s’accorde avec côté)
- Je me retrouvais à terre : me retrouvai (tu as dit « soudain » juste avant !)
- Mon regard sur elle avait du : avait dû
- Il courrait vers nous : l’imparfait c’est « courait »
- Prend leurs mains : prends
- Et lui attrapais le bras : attrapai
- J’attrapais alors la dernière main : attrapai ( et en plus, répétition)
- Et monde bascula : oublié « le »
- De révélations en révélations : au singulier
- D’incompréhensions en empathie : idem
- Son premier choc vu de se voir nue : faute de frappe : fut
- Celles-là même qu’il avait prise pour se venger : prises
- Qu’il assumerai quoiqu’il se passe : qu’il assumerait quoi qu’il se passe
- Le cercle grandis encore : grandit
- Richard et Marc mourraient : OK si c’est un conditionnel ( futur par rapport au passé) ; si c’est un imparfait, c’est « mouraient »
- Ma dernière hôte : hôtesse



C’est toujours un marathon de te commenter ! Mais c’est toujours un plaisir de te lire, alors...
Il est indéniable que ton imagination fonctionne bien, que ton style est agréable et que la dimension fantastique te va comme un gant !
Narwa Roquen,et d'un!

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-08-21 17:14:18 

 La quatradure du cercle.Détails
Narwa Roquen a dit :

J’ai l’impression néanmoins que l’accouchement s’est fait dans la douleur... et que la quadrature du cercle a coincé un peu sur les bords ! Mais tu l’as fait, et c’est l’essentiel.



C'est vrai que j'ai eu un peu de mal à faire coller un ou deux points de détails. Mais le temps d'attentes entre ce texte et les précédents est surtout du à un changement d'emploi du temps.

Narwa Roquen a dit :

Mais pourquoi Marc veut-il tuer Estelle ? Et pourquoi dans le texte A + D Estelle, prenant le héros pour Marc, lui dit-elle : « Vous êtes venu vous venger ?


En fait, Marc et Estelle se livrent une guerre magique depuis la mort de la soeur d'Estelle. Elle ne connait pas le coupable "en vrai", alors elle passe par des biais mystiques. Elle désigne la cible sans la nommer (L'assassin de ma soeur) pour envoyer ses attaques (envois de démon typiquement). Marc est devenu fou et paranoïaque à force de subir les-dites attaques, mais sans connaître son véritable agresseur.
Le marquage (et l'attrape cauchemar brisé de Marc) à eu comme effet que chacun, sans connaître l'autre, à "su" où l'autre se trouvait. Et ils se sont rejoints pour en finir une bonne fois pour toute.

Dans le texte, A+D, elle dit cela car elle pense qu'elle vient de se faire trouver par Marc. Elle est lasse de lutter, mais n'est pas vraiment capable de renoncer. A son réveil, elle pense que c'est Marc qui est là. Elle a probablement percus de façon indistincte dans son sommeil la présence faucheur et y a retrouvé une "aura de violeur". D'ou la question.

Ceci étant, c'est effectivement un des points qui ne tourne pas forcément très carré dans le cercle.

Pour la derniere phrase, en fait, le héro est devenu faucheur un peu comme on entre au purgatoire, pour expier ses crimes ou y retomber, une seconde chance en quelque sorte. Richard lui a montré une parcelle de paradis, et cela a balayé de déséquilibre du héro, c'est en ca qu'il est "guérit", il n'aura plus jamais envie de violer. En quelque sorte, il a découvert d'une part que "les autres" existent vraiment et il s'est pardonné à lui même, détruisant de fait le cancer qui le rongeait.

Après pour la petite histoire, il fait son récit pas mal d'année après est il est sans doute "chef marqueur" ou un truc comme ça, parce qu'il maitrise désormais pleinement la vérité première des faucheurs qui est "d'aimer ses hôtes, malgré eux même". L'idée étant qu'il est resté marqueur par décision et plus par obligation.
Bref, j'ai tué la moitié de mes personnages, mais en vrai, ca fini bien ;-))

--
Onirian, drôlement fier d'avoir atteind les 20 wa, parce qu'à la base, il ne pensait pas tenir au dela des trois premières.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-08-21 18:02:43 

 Miyards!Détails
Quel dommage que tu n'aies pas inclu ces explications dans le texte! Il aurait été encore plus passionnant, et en plus parfaitement compréhensible...
Narwa Roquen, sortie de la canicule (ouf!)

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