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De : Telglin  
Page web : http://www.chez.com/neuneus
Date : Mardi 20 mars 2001 à 10:39:27
Et hop! Le premier chapitre du Récit des Jours est achevé (voire plus loin dans le forum) et sera bientôt disponible en ligne avec une page d'introduction du Récit des Jours.

En attendant, l'aventure continue de jour en jour et je replace ici le début du second chapitre en rajoutant un autre passage. Où l'on entend à nouveau parler de Gualian...

Telglin, qui est parti dans son délire et va finir par s'y croire


  
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Telglin  

2001-03-20 10:41:21 

 La Chute de FortcarréDétails
<P ALIGN="center">CHAPITRE 2 : La Chute de Fortcarré

Darlin se dirigea vers le quartier des gardes du palais et rejoignit la salle à manger. Pratiquement tous les soldats avaient regagné leur poste où avaient été appelés en renfort pour régler la circulation. Le maître d&#8217;armes avança vers la cave à vins et saisit une bouteille de rouge sans étiquette. Il remplit à moitié une cruche en terre cuite et compléta avec de l&#8217;eau. Puis il alla s&#8217;asseoir sur un banc posé contre le mur du fond, se servit un verre et but cul sec avant de poser le verre et la cruche sur la table grossière en bois qui se trouvait devant lui. Il se demandait bien tout ce qui avait pu se passer pour pousser le connétable à prendre toutes ces mesures aussi vite. Les tribus de l&#8217;est ne pouvaient pas s&#8217;être déjà lancées à l&#8217;assaut d&#8217;Ambrelune. Le garde à l&#8217;entrée ne savait pas grand chose, et il était peu probable que quelqu&#8217;un d&#8217;autre hors du palais soit mieux informé que lui. Il ne restait plus qu&#8217;à attendre tranquillement que la Princesse revienne pour en apprendre plus. Darlin soupira, s&#8217;adossa contre le mur et s&#8217;endormit.
Dans son sommeil, il sentit une présence qui s&#8217;approchait. Il se réveilla instinctivement. Cymbeline venait d'entrer dans la salle. Elle vint s&#8217;asseoir en face de lui, se servit un verre plein et le but d&#8217;une traite. Puis ses yeux se posèrent sur le maître d&#8217;armes et c&#8217;est seulement alors qu&#8217;elle sembla quitter le fil de ses pensées pour se rendre compte de sa présence.
« - Eh bien, le conseil a été rapide !
- Pas plus que d&#8217;habitude ; mon père a pris les avis, puis il a ordonné. C&#8217;est vous qui avez dormi longtemps. Avec cette chaleur, votre âge et le vin, ce n&#8217;est pas étonnant.
- Dites tout de suite que je suis vieux ! Je suis encore capable de vous battre à chaque leçon.
- D&#8217;ici peu vous pourrez constater si votre enseignement a porté ses fruits. Les tribus de l&#8217;est sont en route, et le duc de Flint pourrait bien ne pas être étranger à leur entente inattendue.
- Le duc de Flint ? Qu&#8217;a-t-il à voir avec tout cela ?
- Vous êtes sans doute le plus brillant des maîtres d&#8217;armes de ce royaume, Darlin, mais vous ne connaissez pas grand chose à la politique. Pour résumer, Flint veut le trône, et les tribus de l&#8217;est vont le lui offrir sur un plateau. L&#8217;affrontement va être rude.
- Soit, je ne serai pas le dernier à brandir ma hallebarde !
- Excusez-moi Princesse, intervint un garde qui venait d&#8217;entrer dans la pièce. Il y a aux portes du château un homme qui désire vous voir. Il dit que vous le connaissez.

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Telglin  

2001-03-20 10:44:04 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
- Eh bien, s&#8217;exclama Cymbeline ! Si n&#8217;importe quel quidam peut venir jusqu&#8217;ici en prétendant me connaître, autant préparer tout de suite un banquet de bienvenue pour les tribus de l&#8217;est.
- Pardonnez-moi d&#8217;insister, Princesse, mais il a avec lui une missive qui porte votre sceau personnel.
- Allons bon, cela m&#8217;étonnerait ; il doit s&#8217;agir de quelque contrefaçon. Comment s&#8217;appelle-t-il ?
- Gualian de Fedellin.
- Gual&#8230;ça alors ! »
Cymbeline se leva d&#8217;un bond, l&#8217;air étonné, et traversa la salle en réfléchissant.
Fedellin était un petit village paisible de Ghent. Malgré le faible nombre de ses habitants, il constituait une des plus grosses bourgades de ce duché à l&#8217;habitat éparpillé. Lorsque Cymbeline et Darlin étaient arrivés au village, le bourgmestre local avait failli suffoquer d&#8217;étonnement. Il était habitué à recevoir la visite du duc, personnage sympathique et rustique qui ne s&#8217;embarrassait pas de grandes pompes et se plaisait à dormir dans une ferme, mais l&#8217;héritière du roi et le plus grand bretteur du royaume exigeraient sans doute plus qu&#8217;un lit de paille au-dessus d&#8217;une étable.
Le brave homme n&#8217;était pas loin de sombrer dans la panique la plus totale lorsqu&#8217;une femme avait proposé de loger chez elle les deux prestigieux visiteurs. Elle devait jouir d&#8217;une notoriété certaine, car le bourgmestre en fut aussitôt soulagé. Du reste, Cymbeline et Darlin avaient été hébergés et nourris comme des rois, et avaient rapidement sympathisé avec la femme. Cette dernière s&#8217;appelait Sélenisse, et en remerciement de son accueil, Cymbeline lui avait remis une lettre de cachet qui avait valeur de service à rendre. Et aujourd&#8217;hui, cette lettre de cachet revenait déjà, aux mains du mari de Sélenisse. Cela ne présageait rien de bon.


PS: désolé pour le texte centré du message précédent, j'ai oublié de refermer la commande "center" après le titre :o)

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Telglin  

2001-03-21 18:36:28 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
La fille du roi, suivie comme son ombre par son précepteur, traversa la vaste salle du trône et regagna l&#8217;entrée où attendaient deux hommes. Le premier, de taille moyenne, solidement charpenté, avait des cheveux bruns ternes en bataille et des yeux noisettes sans chaleur qui rehaussaient son air triste. Il avait les mains épaisses et légèrement calleuses d&#8217;un homme qui a travaillé dur dès son plus jeune âge pour arriver à une situation plus aisée. Les heures de travail passées dehors à travailler la terre avait buriné son teint et tiré ses traits. Les vêtements, d&#8217;un brun fatigué, simples, bien coupés et sans fioritures, accentuaient encore l&#8217;allure robuste de celui qui les portait. Gualian de Fedellin, comme la plupart des habitants de Ghent, était un homme pratique et empli de bon sens, travailleur et infatigable. C&#8217;était un solide gaillard.
Pourtant il paraissait bien frêle à côté de son compagnon : un homme immense, au front large et haut, au menton proéminent, aux orbites légèrement enfoncées. Sa chevelure d&#8217;un roux vif sans être agressif lui donnait un air sauvage intimidant. Il était vêtu d&#8217;une simple tunique qui montrait des jambes et des bras musclés sans être musculeux. Il aurait très bien pu passer pour une brute épaisse, un mercenaire sans foi ni loi, s&#8217;il n&#8217;y avait eu au fond de ses yeux d&#8217;un bleu envoûtant un éclat qui ressemblait fort à celui de la sagesse. Mais la lueur était fugitive et l&#8217;individu restait intrigant, difficile à cerner.

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Telglin  

2001-03-22 02:37:05 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
« - Je vous salue, Princesse Cymbeline, et vous prie de m'excuser pour être venu vous importuner, dit Gualian en s'inclinant. Pardonnez mon ami s'il ne vous salue pas de vive voix, mais il n'a pas de langue. Son nom est Duorn.
- Duorn, bien sûr. Votre femme m'avait parlé de lui lorsque je logeais chez elle : il a été trouvé bébé dans la forêt voisine du village où elle est née, la langue coupée et sur le point de mourir d'avoir trop perdu de sang. La famille de Sélenisse l'a recueilli. Ils ont grandi ensemble et après le mariage, il est devenu en quelque sorte autant votre domestique que votre compagnon.
- Je suis touché que vous vous souveniez de cette histoire, Princesse. Ma femme ne s'était pas trompé en disant que vous aviez la majesté de feue la Reine, la simplicité en plus. Elle pense que vous ferez une grande reine pour Ambrelune.
- A mon tour d'être touchée : je sais combien ma mère était appréciée, et soutenir la comparaison me donne du baume au c&#339;ur. Mais trêve de bavardages ; la situation est préoccupante ici, et le temps presse. Je vois que vous avez la lettre de cachet que j'avais remise à votre femme, et cela m'inquiète. Est-ce qu'elle va bien?
- Hélas non! Vous connaissez sans doute le mal que nous appelons dans ce pays le Songe de la Lune Ambrée, et qui plonge dans un sommeil sans fin ceux qu'il touche. Le Songe s'est emparé de Sélenisse il y a six nuits de cela. Quand le médecin du village s'est déclaré impuissant à la guérir, je me suis permis de venir ici avec la lettre de cachet que vous aviez remise à ma femme pour vous demander de l'aide.

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Telglin  

2001-03-23 12:36:49 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
- Que voilà triste nouvelle! J'aimerais vous soulager sur l'instant, mais je ne peux rien faire ; je ne suis pas médecin.
- Peut-être que si vous en touchiez un mot aux médecins de la cour?
- Cela ne servirait à rien : dès qu'un médecin trouve, quelque part en Ambrelune, un nouveau remède, il s'empresse d'en faire part à l'Ordre des Soigneurs qui informe à son tour tous les médecins et soigneurs du royaume après avoir vérifié l'efficacité du remède. Si le médecin de votre village n'a rien pu faire, c'est qu'aucun médecin du royaume ne peut faire quoi que ce soit contre ce mal.
- Pardonnez-moi d'insister, Princesse, mais&#8230;on raconte que la conseillère de votre père le roi serait un peu magicienne. Elle pourrait peut-être tenter de combattre le mal par la magie?
- Décidément, cette rumeur de magie est tenace. Vildya est mystérieuse, certes, mais pas magicienne pour autant. Et vous pouvez être sûr que si elle avait trouvé un moyen de contrer le Songe, elle n'aurait pas manquer d'en faire part.
- Vous ne me laissez donc aucun espoir?
- Je ne connais qu'un seul cas où un malade touché par le Songe s'est réveillé, et ce n'était le fait ni des médecins ni d'un magicien de passage. La seule personne présente était une prêtresse du Dieu-Reflet. Tout ce que je peux faire pour vous, c'est vous présenter la Grande Prêtresse. Ce n'est pas un bien grand service, et j'aimerai que vous gardiez cette lettre de cachet. La prochaine fois je pourrai peut-être vous aider réellement. La Grande Prêtresse passe tous les jours vers cette heure là : nous n'avons qu'à l'attendre. Avez-vous fait bon voyage?
- Eh bien, nous n'avons pas trop profité du paysage ; le bourgmestre nous a prêté les deux meilleurs chevaux de son écurie de messagers, et nous avons foncé à brides abattues jusqu'ici.
- Avez-vous remarqué quelque chose de particulier en traversant les Collines-Murailles?
- Eh bien pratiquement tous les soldats que compte Flint convergent vers elles. Officiellement, ils sont censés empêcher les tribus de l'est d'envahir l'ouest d'Ambrelune au cas où Fortcarré tomberait. Mais les hommes ne parlent que d'en découdre, et ce n'est pas le jeune duc qui les en priverait. Je pense qu'une fois rassemblés ils franchiront les Collines-Murailles et viendront directement chercher querelle aux tribus. Vous n'avez pas beaucoup de soucis à vous faire.
- Au contraire, au contraire. Mais je n'ai pas le temps de vous expliquer: voilà justement la Grande Prêtresse qui arrive. »

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Telglin  

2001-03-26 09:38:42 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
Cymbeline désigna du regard l'allée principale qui desservait l'entrée de la salle du trône. Gualian et Duorn se retournèrent. Une femme avançait d'un pas rapide et cadencé vers eux. Elle était plutôt petite et très frêle, et son ample robe d'un blanc impeccable s'agitait autour d'elle comme un rideau de nuages. Son visage anguleux contrastait avec sa mine accueillante, tandis que ses cheveux commençaient à se décider à virer légèrement au gris. Mais c'était plus là l'effet des responsabilités que de l'âge. Elle ne ralentit pas son allure, donnant l'impression de ne pas avoir vu le petit groupe et de vouloir passer au travers. Mais elle s'arrêta net, à quelques dizaines de centimètres de Gualian qui commençait à s'esquiver. Elle leur adressa la parole d'une voix cristalline et précise.
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Telglin  

2001-03-27 13:10:16 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
« - Belle journée, n'est-ce pas ? J'ai l'impression que vous m'attendiez.
- En effet, Grande Prêtresse, répondit Cymbeline. Je sais que vous avez d'ordinaire un emploi du temps très chargé, et qu'il doit l'être encore plus par ces temps trou&#8230;
- Princesse, voyons, gardez vos formules pour la cour. J'aime que les gens me disent d'emblée ce qu'ils attendent de moi. La vie est trop courte pour palabrer ou hésiter. Que voulez-vous ?
- Euh&#8230;eh bien l'homme que voici vient d'arriver du duché de Ghent. Sa femme est victime du Songe de la Lune Ambrée et il est venu ici pour demander de l'aide. Je crois savoir qu'une de vos prêtresses a réussi un jour à libérer quelqu'un de ce Songe.
- Ce n'est pas tout à fait exact, mais nous n'avons pas le temps de pinailler. Je dois voir votre père sous peu, mais je dois d'abord me restaurer. Messire Gualian, si cela ne vous gêne pas de me mettre au courant de votre histoire pendant que je mange, je verrai ce que je peux faire pour vous. Vous me suivez?
- Tout de suite, votre&#8230;euh&#8230;sainteté, balbutia Gualian.
- Sainteté? Ah! Cela fait un peu trop pompeux pour moi, éclata de rire la Grande Prêtresse. Voyons, faites comme pour tous les membres du clergé du Dieu-Reflet: appelez-moi Prêtresse Mirna. Ce sera très bien. Allons, venez. »
La Grande Prêtresse entra dans la salle du trône en reprenant sa démarche énergique. Gualian lui emboîta le pas, aussitôt suivi par Duorn.

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Telglin  

2001-03-28 14:36:25 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
Des bruits de course résonnèrent dans l&#8217;escalier en colimaçon qui desservait les étages de la tour. Un homme de petite corpulence mais robuste, encore essoufflé de sa longue course, portant sur sa poitrine les écussons royaux d&#8217;Ambrelune, surgit sur la plate-forme. Du sang tachait sa manche.
« - Qu'y a-t-il encore, Cilling?
- Sire, les hommes du duc d'Afar ont pris d&#8217;assaut de l&#8217;intérieur le châtelet défendant l&#8217;entrée. Darlin tient encore les contrepoids du second pont-levis, mais cette situation ne durera pas.
- Le duc d'Afar! Lui aussi fait partie du complot alors. Ne se rend-il pas compte qu'avec la chute de Fortcarré c'est tout Ambrelune qui risque de se disloquer? Que peut-il donc espérer d'une telle trahison? Oh et puis à quoi bon le savoir ; tout est perdu, et plus tôt encore que je ne le pensais il y a à peine un instant.

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Telglin  

2001-03-29 11:30:01 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
- Le château est condamné, et avec lui beaucoup de ceux qui le défendent. Mais des hommes vous sont restés fidèles, et ils sont plus nombreux encore au sein même de votre royaume. Les duchés de Ghent, de Jabor et d'Urphrael sont certainement encore acquis à votre cause ; si vous parveniez à vous échapper, vous pourriez les rassembler derrière votre bannière pour reconquérir Ambrelune.
- Qui peut jauger la loyauté des trois derniers duchés avec ce qui est entrain de se passer? Et même si l'entreprise peut être tentée, qu'arrivera-t-il si je meure au cours d'un combat ?
- Alors votre fille prendra la relève. Elle en est capable, et l'a montré lors du dernier Conseil Restreint.
- Oui c'est vrai. Il est peut-être temps pour elle de reprendre la place qu'occupait sa mère avant. Où est-elle en ce moment?
- Dès qu'elle a su que Darlin était pris au piège, elle s'est précipitée avec une partie des soldats vers le châtelet pour attaquer le duc d'Afar à revers.
- Hmm, il n'est pas prudent qu'elle s'expose ainsi.

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Telglin  

2001-04-02 13:20:47 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
- Comme vous me l'aviez demandé, j'ai chargé Glabarn et Egélia de veiller sur elle pendant la bataille. Votre fille ne peut pas être plus en sûreté qu'auprès des deux meilleurs soldats que comptent Ambrelune. Elle est sous bonne garde.
- Peut-être. Aucune nouvelle de Vildya ou de Kaorn ?
- Hélas non. Mais ils sont partis il y a trop peu de temps pour être déjà de retour. Je crains que nous ne puissions compter que sur nous-mêmes.
- Eh bien soit, je ne mourrai pas ici enfermé comme un rat. Arrange-toi comme tu veux, mais ramène-moi Cymbeline et ses deux gardes dans la salle du trône le plus vite possible. Et trouve-moi la Grande Prêtresse.
- Il en sera fait selon vos ordres. »
Cilling s&#8217;élança dans les escaliers et le son de ses pas ne tarda pas à disparaître.

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Telglin  

2001-04-03 15:51:02 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
Blador regarda le châtelet : le pont-levis était encore levé, mais pour combien de temps ? Darlin avait l&#8217;indéniable qualité de toujours se trouver au bon moment au bon endroit, et d&#8217;utiliser ses nombreuses aptitudes pour se sortir de n&#8217;importe quel mauvais pas. Mais là, la situation était désespérée : il était pris en tenaille entre les tribus de l&#8217;est et les hommes du duc d'Afar. Il n&#8217;avait aucun moyen de s&#8217;en sortir seul.
Le roi s&#8217;engagea à son tour dans l&#8217;escalier en colimaçon, descendant les marches d&#8217;un pas pesant. Personne n&#8217;avait vu venir la trahison du duc d'Afar, qui semblait s'être entendu avec les tribus de l&#8217;est. Mais il ne s&#8217;en tirerait pas à bon compte. Blador traversa le couloir relié au rez-de-chaussée de la tour nord-ouest et pénétra dans le bâtiment central du château. De là, il ne lui fallut que peu de temps pour rejoindre la salle du trône. Personne ne s&#8217;y tenait et l&#8217;immense pièce paraissait bien triste, sans perdre pour autant la splendeur qui avait fait la renommée de l&#8217;art ambrelun. Le trône, de facture simple et majestueuse, placé au sommet d&#8217;une estrade où se tenaient d&#8217;habitude les conseillers, dominait la salle. Le roi s&#8217;y assit et attendit.

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Telglin  

2001-04-04 10:03:31 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
Il n&#8217;eut pas à attendre longtemps : Cymbeline arriva, accompagnée de Glabarn et Egélia. Elle était visiblement hors d'elle. Ils furent suivis quelques instants plus tard de la Grande Prêtresse et de Cilling. Tous arboraient un visage fatigué, et s&#8217;étaient vu infligés des blessures légères lors de leur retraite sur les boulevards. Mirna faisait exception pourtant : elle arborait toujours le même air décidé et semblait en parfaite santé. Seule sa robe, tachée de terre, de sang et de poussière, montrait à quel point le conflit avait fait rage pour tout le monde.
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Telglin  

2001-04-05 09:46:55 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
Le roi les regarda longuement puis ferma les yeux. Quand il les rouvrit, une lueur de détermination brillait en leur centre.
« - Si la situation reste en l&#8217;état, Darlin sera submergé d&#8217;ici peu et Fortcarré tombera avec lui. Je propose donc d'abandonner la défense des murailles pour lui venir en aide. Les cavaliers créeront l'effet de surprise et les hommes à pied iront à leur suite. Le château sera alors laissé à la seule garde des archers, pour fixer le plus possible d'assaillants et ainsi limité le nombre de nos poursuivants. La plupart périront dans cet acte fou, mais je compte que la surprise de nos adversaires permettra à quelques-uns d&#8217;entre nous de s&#8217;enfuir. Ils pourront alors, dans quelques temps et avec des troupes nouvelles, punir le duc d'Afar pour sa trahison. Une fois que nous aurons réussi à percer les rangs de nos ennemis, nous nous séparerons en trois groupes pour compliquer les poursuites et augmenter les chances de survie.

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Telglin  

2001-04-09 12:26:59 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
Glabarn et Egélia, vous restez avec Cymbeline : à partir de maintenant, je vous tiens comme responsable de tout ce qui pourrait lui arriver. Je vous charge de l'emmener à l'abri dans les Hautes Terres. Vildya doit s'y trouver en ce moment, essayez de la rejoindre. Pour ma part, je partirai dans la direction opposée, vers le sud. J'essayerai de rejoindre les Contrées Lointaines en contournant la Forêt de Brume ; le roi Hank est un ami et il me fera certainement bon accueil. Je prendrai avec moi la garde royale, du moins ce qu'il en reste. Quant à vous, Cilling, vous partirez avec tous ceux qui restent vers l'ouest. Essayez de rejoindre Odion dans le Sordor, il aura sans doute préparer le terrain et le Prince des Sables devrait vous faire bénéficier de son hospitalité. Grande Prêtresse Mirna, je sais que vous vous refuserez à abandonner votre clergé et vos fidèles, mais je vous conjure de prendre soin de vous et de vous préserver. Quitte à rester en place et côtoyer ceux qui prendront ma place. Quant à toi Cymbeline, je veux que tu restes à l'abri dans les Hautes Terres jusqu'à ce que tu reçoives des nouvelles de Cilling ou de moi. Maintenant, allons-y."
Le roi descendit les larges marches circulaires de l&#8217;estrade d&#8217;un pas fatigué mais déterminé, et se dirigea vers l'extérieur du château. Le destin d'Ambrelune venait d'être scellé.

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Telglin  

2001-04-10 10:28:10 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
Tout se passa très vite. Au moment où les hommes du duc d'Afar parvenaient enfin à pénétrer à l'intérieur du châtelet, les soldats de la garde royale recevaient l'ordre de déserter les remparts pour prendre les traîtres à revers. Surpris et submergés, pris en tenaille, les hommes du duc d'Afar furent taillés en pièce tandis que les archers maintenaient encore quelques temps l'illusion d'une défense fournie sur les remparts. Les soldats dégagèrent ensuite le châtelet pour laisser passer tout ce que le château comptait encore de cavaliers, qui chargèrent dès que Darlin ouvrit la porte extérieure.
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Telglin  

2001-04-11 15:41:21 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
De l'autre coté les tribus de l'est, qui s'attendaient à ce que le châtelet soit aux mains de leurs alliés, ne s'étaient pas préparées à une attaque frontale aussi brusque. La charge fit voler en éclat les premiers rangs, et un vent de panique parcourut les assaillants comme un frisson l'échine d'un chien. Les cavaliers s'engouffrèrent, immédiatement suivis par les hommes à pied. La porte du châtelet se referma derrière eux et les archers entamèrent une série ininterrompue de tirs fournis. L'heure n'était plus à la gestion du stock de flèches. Partout dans la ville, les habitants cloîtrés chez eux sortirent munis d'armes hétéroclites pour prendre part à ce qu'ils croyaient être une sortie victorieuse consacrant l'anéantissement des tribus. Au cours de cette seule journée, il y eut plus de morts au combat que lors des deux siècles précédents. Les cavaliers d'Ambrelune fendaient la masse des combattants comme le socle d'une charrue la terre meuble. Les archers tiraient à l'aveuglette dans toutes les rues hormis celle suivie par les hommes du roi. Cette pluie dévastatrice emportait dans son lit tant les corps des habitants que ceux des barbares. La guerre venait réclamer la dîme du sang.
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Telglin  

2001-04-12 20:12:26 

 La Chute de Fortcarré (suite)Détails
En tête chevauchait le roi Blador, poussé par un élan de rage qui confinait à la démence. A la seule vue de son regard embrasé de haine, ses adversaires tentaient vainement de se mettre en dehors de son chemin. Mais les rues étroites n'offraient que peu d'abris ou de possibilités de fuite. L'épée de Blador tranchait dans le vif, inlassablement, comme le couperet de la vengeance. Juste derrière le roi venaient les cavaliers menés par Cilling, se tenant à distance respectueuse de leur chef qui semblait ne vouloir rien épargner de ce qui se trouvait à portée de lame. A l'arrière de la charge chevauchaient Cymbeline, les deux bretteurs affectés à sa protection et son maître d'armes Darlin. Encore derrière arrivaient en ordre dispersé tout ce que le château contenait d'hommes en armes auxquels avaient réussi à se mêler quelques habitants.
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