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La double vie de Roland

Au secours ! Ce monde n'est qu'une réalisation du diable, bien sûr, et mon corps, objet illusoire et détestable, a été créé par lui, mais j'ai peur, j'ai si peur... Au secours. Mon Dieu, entends ma prière, viens-nous en aide...

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J'ai reçu un message pas très clair. On m'appelle au secours. Mais qui, et pourquoi, je l'ignore totalement. C'est plutôt étrange, comme une sensation d'être interpellé avec urgence et nécessité. Je réponds, mais si vous voulez bien vous nommer et vous faire connaître, ce serait plus simple.

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Ai-je été entendu ? Oui, bien sûr, puisque ma prière a reçu une réponse, ou du moins un écho. Mais qui me parle ? J'en ai appelé à Dieu. Est-ce toi qui me réponds, Seigneur ? Est-ce toi qui viens à mon secours et à celui de mes frères de foi, avant que nous ne soyons tous massacrés jusqu'au dernier par tes brebis égarées, qui sont incapables de distinguer entre tes réalisations et celles du diable ?

Je me nomme Roland. Je vis dans ce qui est sans doute le dernier refuge du vrai culte de Dieu. Sans une intervention divine, je doute que nous puissions tenir encore longtemps. Notre fin est proche, la fin de notre église, de nos certitudes, mais aussi la fin de nos existences, et c'est cela qui m'effraie tant, car ma foi est sans doute insuffisante.

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Moi aussi, je m'appelle Roland. Je ne suis pas Dieu, je ne suis pas un prêtre. Je ne vais même jamais à l'église et je ne comprends pas grand-chose à ce que tu racontes. De quoi parles-tu ? De quelle foi s'agit-il ? De quel culte ? De quoi as-tu donc si peur ?

Je pense qu'il s'agit d'une blague que quelqu'un me fait. C'est certainement cela. Et arrête de parler de cette drôle de façon, on n'est plus au Moyen-âge.

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Ce n'est pas une plaisanterie ! Moi aussi, je trouve que tu t'exprimes d'une manière bizarre. Mais si tu ne vas jamais à l'église, qu'est-ce que cela signifie ? En quel Dieu crois-tu ? Moi, je suis de ceux qu'on nomme hérétiques, mais je suis un vrai chrétien. Je sais que notre Dieu est le seul vrai Dieu, que de lui seul viendra le salut. C'est lui qui a créé nos esprits, nos âmes, le monde invisible et pur. Tout ce qui est matériel, visible et corruptible est l'oeuvre du diable, jusqu'à nos corps, jusqu'à ces roches qui nous entourent, jusqu'à nos églises elles-mêmes, qui ne sont que des objets physiques et maléfiques. Les hommes et les femmes sont des créatures de Dieu, des anges prisonniers dans des corps charnels. Le Christ, lui, ne s'est pas incarné. Envoyé du Père, il a pris l'apparence d'un homme pour porter le message aux hommes.

Roland, quelle croyance est la tienne ?

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Mais d'où tu sors, toi ? De quelle croyance parles-tu ? La mienne ne te regarde pas, chacun a le droit de penser ce qu'il veut, on est en 2007, tout de même !

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En 2007 ? Mais non, nous sommes en l'an de grâce 1243, et malheureusement, nous n'avons pas le droit de croire librement en ce que nous voulons. Mes frères de foi et moi-même souhaitons simplement pouvoir pratiquer notre religion librement, mais on nous l'interdit, on nous pourchasse, et si nous le faisons tout de même, on nous condamne au bûcher et on nous exécute.

Tu dois bien être au courant de ces pratiques, Roland, je ne sais de quel lointain pays tu viens, mais tu as sûrement entendu parler de l'inquisition ? C'est un ancien pape catholique qui l'a lancée, après avoir déclaré que nous sommes des hérétiques. Il est mort depuis une trentaine d'années, mais ils continuent à nous faire souffrir, lui et les frères dominicains qu'il a chargés de la besogne (1). Notre foi est si belle, notre vie si pure, notre amour de Dieu si profond que les inquisiteurs craignent sans doute de voir toutes leurs ouailles se rallier à notre cause.

Alors, ils préfèrent nous écraser comme des cafards, au lieu de venir eux-mêmes nous rejoindre. Mais leur soi-disant église est tombée dans la facilité de la vie matérielle, dans le confort des choses physiques. Ils ont été pris par le diable et malgré nos efforts pour les ramener dans le droit chemin de Dieu, ils sont parvenus à s'allier avec les armées de certains rois pour tenter de nous écraser.

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Tu veux dire que tu vis en 1243 ? Au XIIIème siècle ?

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Mais... bien sûr ! Nous sommes en 1243, les fêtes de la nativité approchent et ce qui se produit ici est très grave pour nous.

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Roland... Je viens de réaliser. Je ne sais pas ce qui se passe, je ne sais pas comment la chose s'est faite, ni même comment elle est possible, mais nous communiquons à travers le temps.

Tu vis en 1243, je suis en 2007 ! Sept cent soixante-quatre années nous séparent. Presque huit siècles !

Dis-m'en davantage : où vis-tu, qui es-tu, quelle est la menace qui pèse sur toi et tes amis et qui te fait si peur, comment est la vie à ton époque, dans quelle région es-tu ? J'ai mille questions à te poser.

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Mon ami Roland, je n'ai pas bien compris tes propos. Tu vis en l'an 2007 ? C'est sans doute Dieu qui en a voulu ainsi, et il nous permet de communiquer à travers les siècles. Je ne sais pas pourquoi il fait cela. Peut-être pense-t-il que tu peux nous aider, peut-être désire-t-il que son divin message soit transmis jusqu'à toi et ton époque afin d'être préservé, peut-être y a-t-il une tout autre raison que nous ne pouvons appréhender. Faisons-lui confiance. S'il a voulu cela, c'est qu'il s'agit d'une bonne chose.

Je vis dans le village fortifié de Montségur. Lorsque j'étais enfant, j'étais près de la grande ville de Toulouse où mon père était cultivateur. Il s'efforçait de faire pousser de la guède. C'est une plante avec laquelle on fait une teinture bleue, le pastel. D'après lui, cette production a beaucoup d'avenir. C'est pour cette raison qu'il a décidé de changer de région, d'aller vers l'est, dans le Lauragais, où cette herbe pousse mieux.

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Roland, je crois que j'ai compris quel est ce lien qui nous unit. Ta famille a quitté la région de Toulouse pour aller cultiver la guède. Elle s'est installée durant un temps dans le Lauragais, mais elle a certainement continué à avancer vers l'Est jusqu'à une ville connue sous le nom de Montpellier depuis le Xème siècle, ce qui signifie le "mont aux pastels".

Ma famille est installée ici depuis très longtemps. Je pense que je suis un de tes lointains descendants !

Dis à ton père qu'il a raison. Le pastel est devenu (ou deviendra, pour toi...) le nom donné à de nombreuses teintures utilisées dans les arts, et même à une technique de dessin. Au XVème siècle, Toulouse a été une ville très riche grâce à cette production.

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Mon descendant ? Tu serais un de mes lointains petits-fils ? Comme la chose me semble étrange. Je n'ai pas d'enfants, je n'ai jamais songé à en avoir, et à vrai dire je n'en ai absolument pas l'intention. Je suis jeune, je n'ai que vingt ans, mais surtout notre église déconseille l'acte sexuel qu'elle considère, comme tout ce qui se rapporte au physique et au matériel, comme une création du diable. Je n'ai jamais connu de femme et je n'en connaîtrai jamais. Tu te trompes, Roland.

J'irai peut-être un jour revoir mon père et je lui transmettrai ton message, si je reste vivant assez longtemps.

Car, comme je te l'ai dit, l'inquisition est à nos portes. Nous nous sommes réfugiés ici, sur cette colline que nous croyions sûre et imprenable. Depuis plus de dix ans, notre communauté représente le siège de notre église en pays de langue d'oc. C'est notre évêque Guilhabert de Toulouse qui en a décidé ainsi, dans sa grande sagesse. Depuis cette époque, nous envoyons de nombreux missionnaires porter le message de Dieu aussi loin qu'ils le peuvent.

Malheureusement, nous sommes de plus en plus isolés. Les inquisiteurs se sont alliés au roi de France. On dit de lui qu'il est un saint homme (2), mais je le crois plutôt sujet du diable, car il s'acharne sur nous comme sur de la vermine. En vérité, comme la plupart des catholiques, il est très intolérant envers tous ceux qui ne suivent pas la même croyance que lui. L'an passé, il a fait détruire des exemplaires d'un livre sacré très important pour les habitants d'un lointain pays d'orient (3).

Nous avons bénéficié de l'appui de Raimond VII (4), comte de Toulouse. Malgré ses engagements auprès de la couronne de France, il nous a aidé à nous venger de deux inquisiteurs venus nous narguer, Guillaume-Arnaud et Étienne de Saint-Thibéry. Grâce au comte, des gens d'armes partis de chez nous ont pu les tuer, eux et leurs compagnons (5).

Hélas, Henri, roi d'Angleterre, a été vaincu par les troupes du roi de France Louis IX, et l'alliance entre lui et Raimond a prit fin. Le comte a été contraint de se soumettre au roi Louis, et nous nous retrouvons tout seuls.

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Excuse-moi de te répondre avec du retard, Roland. J'ai cherché dans des livres pour me documenter un peu sur ton époque, que je connais très mal.

Ainsi, tu es un cathare ?

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Non ! Ce sont les autres qui nous appellent ainsi ! Cela signifie que nous adorons les chats. Ils disent que nous sommes des hérétiques, de parfaits hérétiques. Je suis, ou plutôt je m'efforce d'être un Bon Homme, mais ce n'est pas facile. La chair, le monde matériel créé par le diable est très fort et il tente sans cesse de nous attirer vers lui. Ainsi, je me sens très attiré par Guillelma de Mirepoix (6). Son corps est un appel au péché, mais j'ai promis de ne point succomber, bien qu'elle aussi regarde souvent dans ma direction avec intérêt.

Je vis sur le flanc nord-est de la colline, non loin de la demeure de notre seigneur Raimond de Péreilhe, qui a été bâtie tout au sommet. Nous avons occupé le moindre espace disponible mais la place est limitée et notre village est extrêmement surpeuplé. Mon logis se trouve au début de la pente, en bordure du quartier des hommes qui est évidemment séparé de celui des femmes. Je ne reçois guère de lumière du soleil, mais j'ai une vue magnifique sur toute la vallée... et sur les troupes qui nous cernent.

En gravissant quelques marches taillées dans la pierre, j'arrive à une anfractuosité dans la roche, une fente très étroite qui rejoint un souterrain où nous conservons de la nourriture. Certains d'entre nous vivent même sous le château de Raimond.

Régulièrement, nous quittons le castrum pour nous réapprovisionner malgré les assiégeants qui sont environ quatre mille. Leur siège n'est guère efficace et nous restons en relation avec de nombreux amis dans la région. Nous avons même de fréquents contacts avec les soldats croisés eux-mêmes !

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Roland, ce que tu vis me touche beaucoup. J'avais entendu parler de cette partie de l'histoire, mais sans m'y intéresser vraiment. À présent, bien sûr, je considère ces évènements d'une manière toute différente. De plus, malgré tes certitudes et ta décision de demeurer pur, je reste persuadé que tu es mon lointain ancêtre.

Je te réponds encore une fois avec du retard, car ces jours-ci, j'ai beaucoup lu à propos de l'histoire des cathares, enfin... je veux dire à propos de la croisade contre les Albigeois. J'ai lu ce que les croisés ont fait à Béziers, à Carcassonne, comment ils ont traité Raimond-Roger de Trencavel, comment ils ont massacré les populations de Lastours, de Lavaur, de Minerve...

Certes, à mon époque on ne brûle plus les gens pour leurs opinions religieuses, mais on fait bien pire. Des peuples entiers sont dressés les uns contre les autres pour ces raisons ou pour d'autres. Les arsenaux de mon temps sont terribles. Me croirais-tu si je te dis qu'il est possible de tuer des milliers de gens d'un seul coup, et si je te disais qu'on fait des guerres pour de l'argent ?

Je ne sais comment t'en parler, et je crois même que cela n'est pas souhaitable. L'électricité, les armes à feu, les ordinateurs, l'aviation, la découverte de l'Amérique, la conquête spatiale, Mozart, l'euthanasie, la pollution, la plongée sous-marine, les stylos à bille, les pyramides d'Égypte, la photographie, les vaccins, le moteur à explosion, la galerie des Glaces, le nucléaire, les équations du second degré, Dark Vador, les trois mousquetaires, la philatélie, le golf, la grande muraille de Chine, les élections législatives, la psychanalyse, les départs en vacances, Internet, les rayons X, les accords de Munich, l'ascension de l'Everest, le tour de France, les OGM, le prix Nobel, la myopie, les anneaux de Saturne, la pêche à la baleine, le communisme, le graphisme en 3D, l'apartheid, Henri IV, le dentifrice au fluor, la couche d'ozone, les téléphones portables, Walt Disney, la presse régionale, le marathon de New York, les sondes météo, les mines de charbon, la vache folle... Tout ce que tu ignores, car c'est dans ton futur, et à quoi je ne fais même plus attention !

Et l'histoire de ton village de Montségur, cette histoire que tu vis chaque jour, ta peur de ce qui t'arrive, tes espoirs de ce qui pourrait t'arriver... et le dénouement, que je connais, car je l'ai lu, et dont je n'ai sans doute pas le droit de te parler, par respect pour toi, pour ta foi, pour tous ceux qui t'entourent, pour tout ce que vous avez souffert, tous ces sacrifices que vous avez acceptés, juste pour ne pas trahir votre foi, car vous considérez Dieu comme étant au-dessus de tout, et vous y croyez avec tant de force admirable que... ce qui va se produire chez toi...

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Je n'ai pas bien compris tout ce que tu m'as dit la dernière fois, mon cher Roland, mais je crois qu'une grande émotion te guidait et qu'elle a parlé à ta place.

Mais ça me fait une drôle d'impression de me dire que tu sais ce qui est en train de se passer ici, et que tu sais même ce qui va se produire ensuite. Ne me le dis surtout pas. Si c'est une bonne chose, je le verrai bien. Et si c'est une mauvaise... laisse-moi encore croire que tout peut se terminer bien.

Il y a quelques jours (7), quelques hommes de Hugues des Arcis, le chef de nos assaillants, ont réussi à prendre pied sur un roc situé en contrebas de notre castrum. Notre village est bâti au sommet d'une colline aux pentes extrêmement escarpées. Ici, nous appelons cela un pog. Notre village est érigé si haut que la plus grande catapulte du monde ne pourrait nous atteindre. Des attaques par l'ouest ou le nord sont absolument inconcevables, car de ces côtés les parois sont presque verticales à certains endroits. L'accès normal, par le sud, est très étroit et si un assaut était lancé par là, il suffirait de faire rouler des pierres dans la pente pour repousser les attaquants. Même s'ils parvenaient au sommet, seule une poignée d'hommes aurait la place de prendre pied face à l'entrée de nos positions, dont la défense serait aisée.

Il reste la face est. Nous avons construit une tour à environ deux cent cinquante toises (8) dans cette direction pour prévenir toute éventualité, mais jamais nous n'avons vraiment songé que des soldats seraient assez fous pour tenter une invasion par là. Certains passages sont des abrupts horribles. Nos sentinelles, Guillaume et Guiraud Claret, ont été assassinées. Il y a certainement eu une trahison, des gens de la région ont aidé les croisés contre une récompense. Toujours la présence du diable, avec ses tentations matérielles. Bien sûr, nous avons essayé de reprendre cette position, mais en vain.

C'est depuis cet instant que j'ai peur. S'ils sont parvenus jusque-là, c'est qu'ils peuvent aller plus loin. Si nous ne sommes pas arrivés à les déloger de suite, il est à présent beaucoup trop tard pour le faire. Entre eux et nous, il n'y a plus qu'une barbacane, un ouvrage défensif avancé. Sera-t-il suffisant pour les arrêter ? J'en doute.

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Roland, je pense à toi tout le temps. Malgré les centaines d'années qui se dressent entre nous, j'ai l'impression que tout cela t'arrive en ce moment. Parfois, au cours de la journée, je me demande ce que tu es en train de faire. Où en sont les croisés ? Comment s'organise la défense ? Êtes-vous en train de fortifier la barbacane ?

Bien qu'ayant pour moi la connaissance terrible du dénouement, je ne peux m'empêcher d'imaginer pour vous des stratégies dont je sais qu'elles n'ont pas été mises en oeuvre, des défenses dont je sais qu'elles auraient été inutiles, des contre-attaques dont je sais qu'elles auraient été vouées à l'échec.

À moins que, justement, ce que j'imagine vous aurait permis de repousser vos agresseurs.

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J'ai honte d'avoir peur. Je crois en Dieu, je crois que tout ce qui est matériel est la création du diable, tout, jusqu'à mon corps. Qu'ai-je à craindre, alors ? La disparition de ma chair serait la disparition d'un poids qui enchaîne mon âme, véritable oeuvre de Dieu. Je devrais accueillir avec joie l'éventualité d'une mort prochaine, puisqu'elle serait en réalité une libération.

Mais j'ai peur et j'en ai honte.

J'ai peur de souffrir. J'ai peur d'avoir mal. Je sais que des centaines de nos frères ont été brûlés vifs et qu'ils ont accepté ce sort avec joie, car il leur permettait de rejoindre Dieu. Aurais-je la force de les suivre dans cette voie ? Trahirai-je ma foi ? Irai-je jusqu'à la renier, l'abjurer et me convertir à l'église catholique juste pour sauver ma pauvre vie ?

J'ai peur aussi pour Guillelma...

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Roland, tu ne dois pas avoir honte. Tu as vingt ans, comme moi, et tu as toute la vie devant toi. Comment te reprocher d'avoir peur de mourir, surtout d'une manière aussi horrible ? Tu as de l'avenir, tu as envie de vivre, de réaliser tes projets, d'aider à répandre les croyances de ton église, qui sont si importantes pour toi. Tu as envie d'épouser Guillelma, d'avoir des enfants...

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Non ! Je t'ai déjà parlé de ça. Guillelma est belle. Sa chair, sa peau, ses cheveux sont des tentations, mais son corps, (comme le mien et celui de tout être vivant, même toi) n'est qu'une création diabolique.

Chez nous, le péché de chair n'est pas formellement interdit tant qu'on n'a pas reçu le consolament, mais il est fortement découragé. J'hésite encore à recevoir ce sacrement. Lorsque ce sera fait, je serai alors vraiment contraint de vivre d'une manière très stricte. Je ne suis pas encore sûr d'y parvenir, bien que je m'y prépare.

Mais je suis certain que je ne succomberai pas à la tentation que représente Guillelma. J'en suis certain parce que... j'ai grand-peur de lui avouer à quel point je l'admire, à quel point je la trouve belle. J'ai bien plus de crainte d'elle que du bûcher !

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Pardonne-moi de t'avoir vexé et d'avoir douté de toi. Ou plutôt, de ne pas avoir compris combien cette histoire de chasteté est importante pour toi. Pour moi, pour nous tous, à mon époque, c'est beaucoup moins important. Peu de personnes considèrent qu'il s'agit d'un péché grave. Au contraire, les jeunes gens ressentent une certaine fierté après avoir accompli cet acte pour la première fois, et la plupart d'entre nous tentent de multiplier les occasions de le faire.

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Roland, si ce que tu me dis est vrai, c'est que le diable a triomphé. Ce sont ses créations qui dominent le monde de ton temps. Nous avons échoué, notre foi s'est perdue. Nous n'avons pas su la répandre parmi les hommes.

Les croisés vont gagner la dernière bataille, n'est-ce pas ? Nous allons être vaincus et ceux de nos frères qui vivent hors de Montségur vont être à leur tour traqués, pourchassés et détruits jusqu'au dernier ?

Ça ne m'étonne pas. Ici, nos agresseurs ont continué à avancer. Ils ont progressé le long de la ligne de crête qui mène jusqu'à notre village. Il y a eu de nombreux combats, et bien sûr de nombreux morts. Les assaillants se sont heurtés à la barbacane qui a heureusement bien résisté. Ils ont réussi à la contourner par le sud, mais ils ont été arrêtés un peu plus loin par une paroi presque verticale. La seule voie passe par la barbacane, mais ils ne peuvent s'en approcher sans se faire massacrer et précipiter dans le vide.

Mais une chose très grave vient de se produire. Durand de Beaucaire, évêque catholique d'Albi vient de rejoindre l'armée des croisés. Surtout, il est un ingénieur en machines de siège et il est en train de construire avec des soldats un trébuchet à l'emplacement qu'ils ont atteint en contournant la barbacane.

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Roland, je ne sais que te dire. Garde espoir. Même si à mon époque les gens n'éprouvent plus guère de foi, même si la religion n'a désormais que peu d'importance pour le plus grand nombre, même si la plupart des personnes ne vont jamais prier, ce que toi et tes frères avez fait n'est pas oublié. Montségur existe toujours. Nombreux sont ceux qui visitent avec émotion l'endroit où tu as vécu. Je vais bientôt m'y rendre moi-même, pour mieux me rendre compte de ce qu'est ton quotidien.

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Le trébuchet est achevé, et ils ont commencé à pilonner la barbacane. Heureusement, les attaquants sont placés trop bas pour que leurs tirs soient très efficaces, mais la fin approche, c'est évident. Ils envoient des boulets de cent vingt à cent soixante livres (9), et même s'ils ne touchent pas tous leur cible, les dégâts sont terribles.

Les pertes aussi. Deux chevaliers de grande valeur, Bertrand de Bardenac et Jordan du Mas, ont succombé, ainsi qu'un sergent d'armes de mes amis, Bernard de Carcassonne. Que Dieu les accueille en son royaume.

Il y a eu des combats à l'arbalète. C'est une arme du diable, elle tue à distance, lâchement. À tel point qu'elle a été interdite par l'église catholique. Mais cette interdiction n'est valable que pour les batailles contre des chrétiens. Nous, nous sommes des hérétiques (10) !

Nos lignes avec l'extérieur sont presque entièrement coupées. Nous avons de plus en plus de difficultés à quitter Montségur pour nous ravitailler, et il fait de plus en plus froid.

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Je me surprends à prier pour toi, Roland. Pour toi et pour tous tes amis. Garde espoir, je t'en prie. Je crois que vous vous êtes trompés. Tout ce qui est matériel n'est pas diabolique. Tout ce qui est physique n'est pas méprisable. Regarde le soleil se lever, admire le vol des oiseaux, contemple la beauté du paysage qui s'étend autour du pog où tu habites. Si vraiment le diable seul était l'auteur de ces choses, crois-tu qu'elles seraient aussi belles ? Tu vas me répondre qu'il s'agit de tentations, et que c'est la raison pour laquelle Satan les a faites aussi ravissantes. C'est peut-être vrai en ce qui concerne la beauté des femmes, mais qu'en est-il de la splendeur gratuite d'une nuit étoilée, de la musique offerte, du charme innocent d'un ruisseau qui coule sur le flanc d'une montagne ?

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Tu as peut-être raison, Roland. Mais j'ai ma foi et je te demande de la respecter. J'aime regarder le lever du soleil. J'aime écouter la pluie qui tombe. J'aime le vol des oiseaux et parfois je rêve que je suis moi aussi capable de traverser le ciel comme ils le font. Mais bien sûr il s'agit d'une chose impossible. Aucun homme jamais ne quittera le sol. J'aime la musique. Je sais quelque peu me servir d'un instrument à cordes pincées qui s'appelle la citole, et Guillelma joue du psaltérion, avec lequel il faut les frapper. Connais-tu le tambourin, la cornemuse, le pipeau, le tarr, la bombarde, le rebab (11) ? Existent-t-ils encore à ton époque ?

Nous avons reçu des renforts ! Bertrand de la Beccalaria, venu de la ville de Capdenac, a réussi je ne sais comment à traverser les lignes ennemies. Ce qui est important, c'est qu'il est lui aussi un expert en armes de jet. Avec lui, nous avons commencé à construire une catapulte près de la barbacane pour répondre aux tirs de leur trébuchet. Comme celui-ci est situé en contrebas, selon Bertrand, nous ne devrions avoir aucun problème pour détruire leur engin de malheur !

J'oubliais : je ne vis plus en 1243, mais en 1244. Nous avons changé d'année.

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Bravo ! Je t'avais bien dit que tu devais garder espoir. Mais sois prudent, Roland, sois prudent. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.

Je me suis un peu documenté sur les instruments de musique de ton époque. Ils ont bien sûr changé et évolué, mais ils sont toujours là, sous d'autres noms et d'autres formes, mais reconnaissables pour la plupart. Continue à apprécier la musique, les couleurs du soleil, les oiseaux et tout ce qui t'entoure. J'ai eu peur pendant un moment que tu sois un de ces ascètes n'ayant que mépris pour tout ce qui n'est pas directement lié à l'objet de sa foi. Je constate avec plaisir que tu es un être humain, avec ses forces et ses faiblesses, avec ses craintes et ses espoirs, avec ses qualités et ses défauts.

Que j'aimerais te connaître vraiment, Roland !

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La barbacane est tombée, il n'y a plus d'espoir. Quelques attaquants ont réussi à escalader une paroi que nous pensions impossible à gravir, et ils ont surgi tout près de notre catapulte. Le temps que l'alerte soit donnée et que des renforts soient envoyés du sommet, tous nos gardes étaient égorgés.

Nous venons de perdre notre dernière défense. Ils sont déjà en train de réaliser une nouvelle arme, gigantesque, qui va leur permettre de bombarder le village lui-même ainsi que la demeure où résident Raimond de Péreilhe, son épouse Corba, leur jeune fils Jordan qui est encore un enfant et Esclarmonde leur fille infirme.

Nous avons été obligé d'évacuer plusieurs maisons, dans le quartier des femmes. Elles se sont installées vers le sommet, près des réserves de grains et des stocks de pierraille que nous avons préparés pour faire face à un éventuel assaut. Dire que nous étions déjà très à l'étroit !

Le diacre Matheus, qui avait quitté Montségur pour aller quérir des renforts est revenu. Il n'a avec lui que deux arbalétriers...

Le mois de février est bien entamé, et nous n'en pouvons plus. Nous nous préparons à lancer une attaque de la dernière chance contre les croisés, et je me suis porté volontaire pour en faire partie.

Roland, mon ami, mon descendant, qui que tu sois, je ne sais pas si je pourrais encore communiquer avec toi bien longtemps ?

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Roland, n'y va pas ! N'y va pas, cet assaut va être un carnage, très peu d'entre vous en réchapperont, je le sais, je l'ai lu dans mes livres ! Roland n'y va pas...

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Tu avais raison, peu d'entre nous ont survécu à cette bataille. Malheureusement, j'ai été de ceux-là, qui ont été contraints de battre en retraite. J'aurais préféré trépasser avec mes compagnons, que mon corps sans vie, vidé de son sang, soit désormais parmi les rochers en contrebas, criblé de carreaux d'arbalète. Ce que j'ai vu au cours de ce combat, ce dont j'ai été témoin, ce que des hommes sont capables de faire à d'autres hommes... je n'en parlerai jamais. Même si je devais vivre jusqu'à cent ans, je ne l'oublierai jamais, mais je ne le raconterai à personne. Comment douter encore de la présence du diable ?

Avant cet assaut, tous ceux qui en ont fait partie ont reçu le consolament. Je suis donc désormais un Bon Homme.

Mais j'ai pourtant commis une terrible faute, Roland, et tu es bien le seul à qui j'ose la confesser. Avant la bataille, avant la cérémonie au cours de laquelle notre évêque Bertrand Martin lui-même m'a imposé ses mains, j'ai rendu visite à Guillelma et j'ai surmonté ma peur d'elle. Nous avons commis le péché de la chair. Ce fut un moment à la fois terrible et merveilleux. De cela non plus, je ne veux plus parler. De toute façon, à présent, mes voeux m'interdisent vraiment de recommencer, et même de seulement y songer. Je me suis engagé à être et à rester pur jusqu'à mon dernier jour, mais celui-ci risque bien d'arriver très vite.

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Que je suis heureux que tu aies survécu ! Que j'ai eu peur pour toi ! Tu as bien fait d'accepter le consolament, puisqu'il est si important pour toi. Quant à ce qui s'est passé entre Guillelma et toi, bien que tu ne veuilles plus en entendre parler, permets-moi de te dire quand même que tu as bien fait pour cette chose également. Et puis, ça s'est passé avant la cérémonie.

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Nous sommes le 2ème jour de mars. Le chef de notre troupe, Pierre-Roger de Mirepoix, et Raimond de Péreilhe son beau-père sont allés négocier notre reddition avec Hugues des Arcis et Pierre Amiel. Nous avons perdu, après avoir résisté durant dix mois.

Ceux qui accepteront de se convertir au catholicisme auront la vie sauve, et les croisés se sont engagés à ne pas piller notre village. Ils nous accordent quatorze journées de paix pour mettre en ordre nos affaires... spirituelles et autres.

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Promets-moi une chose, Roland, c'est de te convertir à la foi catholique. C'est la seule solution qui te reste, la seule voie qui te permette de rester vivant. Ne meurs pas, Roland, je t'en supplie !

Comme je t'avais promis de le faire, j'ai été hier visiter le site de Montségur, ou plutôt ce qui en reste à mon époque. Une forteresse a été rebâtie sur les ruines de ton castrum, mais en me fiant à tes explications, j'ai pu retrouver, je crois, l'emplacement de ta maison. J'ai vu dans le rocher l'anfractuosité dont tu m'as parlé. J'ai vu, dans ce que nous appelons un musée, quelques objets qui ont été retrouvés parmi les ruines. Des armes, des bouts de métal, des ustensiles de cuisine, des pièces de monnaie, quelques outils, des éléments de jeux. Et les restes de deux des tiens. Comment te dire l'émotion que cela a été pour moi ?

Au milieu de ces vieilles pierres, parmi les ruines de ta demeure, j'ai pleuré. Comment aurais-je pu retenir ces larmes en regardant vers l'est, par où vous avez été attaqués ? J'ai imaginé la barbacane, le trébuchet et les boulets dévastateurs qui pleuvaient sur vous. J'ai imaginé les croisés résistant au froid sur la crête et tes frères résistant aux assauts au sommet du pog. J'ai imaginé des animaux de basse-cour, les réserves d'eau, des gens affairés, vêtus de bliauds ou de surcots. J'ai imaginé les odeurs, la musique de vos instruments, les moments de prière...

Et je t'ai imaginé, toi, et même je t'ai vu, marchant parmi ces pierres, déambulant dans cette enceinte, vaquant à tes occupations, priant, mangeant, vivant auprès des tiens et de Guillelma.

Et j'ai vu la petite stèle qui a été dressée au pied du pog, en mémoire... du bûcher (12). J'y ai déposé des fleurs et là aussi, j'ai pleuré.

Reste en vie, Roland, reste en vie !

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Nous sommes le 15ème jour de mars et nous avons commencé à faire sonner le cor. La période de paix et de repos est presque achevée. Certains d'entre nous, comme Guillelma, ont opté pour la conversion afin de garder la vie sauve. Ils espèrent ainsi pouvoir poursuivre notre tâche. Sur ma recommandation, elle se rendra auprès de mon père. D'autres ont décidé de ne pas renier leur foi. Chacun a fait son choix selon ses valeurs. Personne n'a tenté d'influer sur la résolution de ses compagnons.

Depuis le sommet du pog, vers le sud ouest, nous apercevons un vaste enclos fermé, que les croisés achèvent de construire. Il est constitué d'une palissade de pieux au milieu desquels sont disposés de nombreux fagots. C'est notre bûcher.

Ce soir, quelques hommes qui veulent garder la vie, mais qui refusent la conversion, vont tenter une évasion.

Comme tu t'en doutes, Roland, je n'ai pas accepté de renier ma foi, et je n'ai pas voulu fuir. J'ai fais don de mes quelques possessions aux soldats qui nous ont défendu, et j'ai offert ma tunique bleue à Guillelma. J'affronterai demain le bûcher en compagnie de plus de deux cents de mes frères et soeurs. Auprès de Bertrand Martin, de Amiel-Aicard, de Corba de Péreilhe, de Taparell, de Guillaume-Pierre, d'Ermengarde d'Ussat, d'Arzen Narbona... Auprès des diacres Raimond Agulher et Guillaume Johannis, des chevaliers Bernard de Saint-Martin et Guillaume de l'Isle (13), auprès des nombreux soldats qui se sont convertis à notre foi, auprès de tous ceux et toutes celles qui souhaitent rester dignes du royaume de Dieu et le rejoindre tous ensemble, dans un trépas libérateur. Prie pour moi et pour nous tous, Roland. Merci d'avoir été près de moi.

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Roland, non ! Évade-toi, tu pourras ainsi continuer à répandre ta foi. Tu n'as pas le droit de faire ça !

Tu ne peux pas mourir déjà, puisque je suis ton descendant. Je sais que tu n'y as jamais cru, mais moi aussi j'ai ma foi et je suis certain que tu es mon ancêtre. Sinon, comment expliquer ce lien qui nous unit à travers plus de sept siècles ? Comment expliquer que cette communication ait été possible ?

Si je suis ton lointain petit-fils, c'est que tu as vécu pour avoir des enfants, n'est-ce pas ? Réponds-moi, Roland, tu as survécu et tu as eu des enfants, c'est obligatoire, c'est évident.

À moins que... le péché avec Guillelma ?


N.d.A.

(1) : La "croisade contre les Albigeois" a été prêchée par le pape Innocent III dès 1207, mais c'est à partir de 1209, après l'assassinat du légat Pierre de Castelnau qu'elle fut vraiment lancée, s'appuyant sur "l'Ordre des Prêcheurs", créé par Dominique de Guzmán, connu sous le nom de Saint Dominique. (Wikipédia, l'encyclopédie libre)
(2) : En 1243, le roi de France était Louis IX, c'est-à-dire Saint Louis.
(3) : En 1242 Louis IX a fait brûler des exemplaires du Talmud. En 1254, il a banni de France les juifs qui refusaient de se convertir au catholicisme. En 1269, il a imposé aux Juifs de porter des signes vestimentaires distinctifs. (Wikipédia, l'encyclopédie libre)
(4) : La lettre Y n'est apparue qu'au XVIIIème siècle, d'où l'orthographe de ce prénom.
(5) : Le 28 mai 1242, dans la ville d'Avignonet-Lauragais. (Haute-Garonne)
(6) : Roland et Guillelma sont les seuls personnages imaginaires de cette histoire. Les autres noms sont ceux de personnes ayant réellement vécu et pris part à ces événements historiques. Ils sont tirés des ouvrages Les citadelles du vertige de Michel Roquebert, et Le bûcher de Montségur de Zoé Oldenbourg.
(7) : En octobre 1243 selon certaines sources, aux alentours de Noël selon d'autres.
(8) : Une toise était égale à 194,9 cm.
(9) : À cette époque, en France, était utilisée la "livre de Paris", égale à 489,5 g.
(10) : Méprisée par la chevalerie, l'arbalète fut considérée comme arme déloyale car, tuant à distance, elle ne permettait pas à l'adversaire de se défendre. Son usage fut interdit en 1139 par le deuxième concile de Latran, interdiction confirmée quelques années plus tard par le pape Innocent III, qui menaçait les arbalétriers d'excommunication. Toutefois, cette interdiction n'était valable qu'entre chrétiens ! (Wikipédia, l'encyclopédie libre)
(11) : Les informations sur les instruments de musique médiévaux viennent du site www.instrumentsmedievaux.org, qui propose des exemples sonores.
(12) : Cette stèle à été inaugurée en 1960 par la Société du Souvenir et des Etudes Cathares, fondée par Déodat Roché (1877-1978), philosophe, magistrat et historien.
(13) : Les noms des suppliciés sont connus grâce aux registres de l'inquisition dans lesquels ils avaient été consignés... afin qu'on n'oublie pas leurs péchés. L'inquisition à été rebaptisée Congrégation pour la doctrine de la foi en 1967. En 1981, le cardinal Ratzinger a été nommé à sa tête. En 2005, il est devenu le pape Benoît XVI.

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Publication : 16 avril 2008
Dernière modification : 16 avril 2008


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Aredhel
L’Oiseau de feu  
Bluelantern
Lutins à la lanterne bleue  
Clémence
Le Lutin au Grelot  
Didier
Coalescence  
Elemmirë
Ange sixième  
L'attente illustré par un poème de Narwa Roquen  
Eroël
La double vie de Roland  
Le treizième tableau  
Les songes de Peiral  
Estellanara
Bébé dragon  
Jézabel  
Le sourire  
Mignonne, allons voir si la rose...  
Fladnag
Blue Moon illustré par Lindorië  
Lindorië
L'elfe au dragon  
La Gardienne du temps  
La dresseuse  
La passe maléfique
Lutine
La Gardienne de la Nuit  
Maedhros
Le royaume des cieux
Maedhros
Les Cheminées des Fées  
Revoir
Maeglin
Chevelure Ondine
Gabrielle
Petite Elfe  
Prélude au bonheur  
Miriamélé
Je rêve de me réveiller un jour  
Neimad
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Netra
Par-delà la Mer de l’Est  
XII  
Netra et Reya
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Elisandre illustré par Lindorië  
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Le fantôme impitoyable
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La nuit des noyaux profonds  
Yasbane
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L'avis du docteur Morris Bann
Rapport
gawen
La Tisserande  
Le Barde-Artisan  

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2 Commentaires :

Elemmirë Ecrire à Elemmirë 
le 18-05-2008 à 17h59
Langage et fin
Très bon texte également, bien que j'aie un peu moins accroché que le 13ème tableau. Il m'a semblé que la différence de langage n'était pas assez marquée, mais, comme Narwa Roquen, je suis incapable de faire mieux, et je suppose que cela nécessiterait un travail de recherche monstre!
Travail qui est déjà très investi au plan historique. Moi j'ai bien aimé, contrairement à Narwa, l'énumération des...

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Narwa Roquen Ecrire à Narwa Roquen 
le 23-04-2008 à 18h29
Encore du bonheur...
C’est un texte original, avec un background historique solidement documenté. L’idée de confronter directement deux époques est tout à fait intéressante, et les deux personnages sont sympathiques et attachants. Tu arrives à parler de religion avec simplicité, sans passion ; tes personnages font preuve tous les deux d’une grande tolérance, et malgré la situation dramatique de l’un deux il se dégage...

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