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 Wa, exercice n°41 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Mercredi 25 juin 2008 à 17:31:41
C’est l’été, la fin des exams, il règne partout une odeur de vacances, l’envie de se laisser aller... Lâchez-vous ! Je vous propose un exercice sur mesure : écrire un texte trash... Usez et abusez d’hémoglobine, de tripes à l’air, de monstres gluants, visqueux et bavouillants... Aux confins de l’horreur et du mauvais goût, mais non sans humour, écrivez ce que vous n’auriez jamais osé écrire, de peur de choquer les âmes sensibles ! Pensez également à adopter un ton qui permette au lecteur de prendre un peu de distance avec votre texte, afin qu’il ne soit pas insupportable...
Vous avez jusqu’au jeudi 10 juillet. Amusez-vous bien, et vous, amis lecteurs qui passez en silence sans presque jamais laisser une impression, un commentaire, faites-nous la grâce d’une petite aumône... A vot’bon coeur, m’sieu-dames, un petit commentaire pour les artistes !
Narwa Roquen,pas de pétrole mais des idées!


  
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Réponses à ce message :
shaana  Ecrire à shaana

2008-06-26 12:02:14 

 Chouette! Un bain d'hémoglobineDétails
Oh la la! Qu'il me plait celui-là! Allez, je me fais la dernière côtelette de mon petit ami et je m'y mets.
Shaana qui a trop abusé des barbecues ces derniers temps

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Netra  Ecrire à Netra

2008-06-27 12:28:27 

 J'allais le dire...Détails
J'ai même déjà une idée ^^
Va y avoir du SANG !!!
MorgaNetra, qui soigne sa harpe chérie après un grave accident...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-07-06 21:14:05 

 WA - Participation exercice n°41 - prologueDétails
Une courte mini-série. Plantons d'abord le décor... avant de planter autre chose!


DECOR EN EAUX PROFONDES

I. PROLOGUE



Cela commença par des rires et des exclamations s’élevant du sentier qui descendait vers le lac. L’air était vif dans le petit matin, malgré l’éclatant soleil annonçant une magnifique journée de juillet sur la belle province. Un grand héron, surpris, se détourna de sa partie de pêche et, effectuant un virage serré pour remonter vers la cime des arbres protecteurs, poussa un puissant « frawnk » pour alerter ses congénères sur l’arrivée des intrus.

Ceux-ci se révélèrent être trois couples de jeunes gens qui cheminaient vers la petite anse habillée de sable fin, loin de tout autre signe d’activité humaine. Les endroits de ce genre n’étaient guère difficiles à trouver autour d’un lac qui s’étendait sur plus de cent kilomètres. Il fallait simplement connaître les lieux et posséder un véhicule tout-terrain pour s’approcher suffisamment de la rive.

« Tu crois que nous avons une chance de l’apercevoir ? » demanda Tom en réajustant les bretelles du lourd sac à dos qu’il trimbalait depuis une bonne paire d’heures à présent.

« Quoi ? Le monstre ? » s’esclaffa Marie en poussant du coude Judith qui marchait à ses côtés.

« Ben oui, le monstre aquatique. On est venu pour ça non?» Répondit Tom. Il avait terminé une année épuisante à l’université d’Ottawa, dans son cursus pour décrocher une maîtrise en criminologie. Il avait ingurgité jusqu’à plus soif les théories biologiques, psychologiques et sociologiques du crime, de la déviance et du contrôle social entre 1920 et 1960, année où avait émergé la théorie de l'étiquetage. Il avait atteint la fin de l’année en quasi apnée ! Mais ses résultats avaient été suffisants pour qu’il obtienne les crédits nécessaires pour poursuivre son rêve.

«Un peu... pour ça!» Concéda Nicolas, son ami d’enfance, comme Marie et Nancy. Nicolas, outre un aussi volumineux sac sur le dos, transportait une Gibson dreadnought à l’aspect usagé. Nicolas avait choisi le département de musique qui jouissait d'une solide réputation. C’était ce côté prestigieux et rassurant qui avait endormi les craintes de ses parents mais lui rêvait de concerts et de scènes immenses. Son groupe, Timiskaming Nation, commençait à faire parler de lui dans le landernau underground québécois. Cette histoire de monstre, au coeur de sa région natale, ne pouvait que l’inspirer.

«J’ai hâte de piquer une tête dans le lac!» s’exclama Nancy en ébrouant ses longs cheveux blonds qui lui arrivaient presque jusqu’à la taille. Ses jambes fuselées et bronzées ne l’empêchaient pas d’être une brillante étudiante en droit, déjà remarquée par plusieurs recruteurs. «J’espère que l’eau ne sera pas trop froide!»

« En cette saison, la température moyenne du lac est d’environ 70 degrés fahrenheit, ça devrait aller. Ce n’est pas la Californie certes mais Malibu, c’est beaucoup plus loin. Et notre budget est des plus serrés cette année.» Précisa Jérémy, le scientifique de la bande. Lui s’était inscrit dans le département de physique, filière biologique. Il expliquait doctement que cela lui permettrait de mieux comprendre les mécanismes de contrôle génétique et architectural des voies de transduction dans des cellules normales et pathologiques. Cependant, quand il finissait sa phrase, pour lui d’une clarté biblique, les mimiques désolées de ses amis trahissaient leur totale et abyssale incompréhension. Mais c’était leur pote, alors ils lui pardonnaient sans réserve. C’était ce côté professeur Tournesol qui avait plu à Judith, l’aide bibliothécaire à l’université, au caractère souvent taciturne. Judith ne disait jamais rien sur elle. C’était une allophone, la fille d’immigrants vietnamiens arrivés au Québec dans les années soixante dix, comme l’attestaient ses jolis yeux, longs et liquides, effilés comme des amandes.

Les six amis avaient voulu célébrer la fin de l’année universitaire en revenant chez eux, à Ville-Marie, leur ville natale allongée au bord du lac Témiscamingue. A vrai dire, c’était plutôt une grosse bourgade, qui devait son nom à Marie Immaculée, sainte patronne des Oblats, un ordre religieux ayant beaucoup oeuvré pour convertir les amérindiens. De leur jeunesse insouciante, les jeunes gens avaient conservé l’amour des espaces sauvages et le goût des mystérieuses légendes du peuple algonquin, les premiers habitants de cette contrée. Ils avaient ainsi décidé de passer une semaine au nord du lac, une partie peu connue, loin de tout, pour évacuer le stress de l’année écoulée. La légende du monstre aquatique constituait la cerise sur le gâteau.

«Enfin, voilà le lac!» Cria Marie en débouchant sur la petite plage où venaient mourir d’inoffensives vaguelettes.

«Je vais tâter l’eau!» Elle se déchaussa à la va-vite et, en laissant choir son sac-à-dos sur le sable, elle courut vers le rivage pour patauger jusqu'à mi-mollet dans l’eau étale.

«Elle est excellente!» Lança-t-elle à Nancy, en riant aux éclats. «Ca fait du bien après cette marche matinale!»

Les garçons, tout en se débarrassant de leur barda avec soulagement, échangèrent un long regard. Au-dessus de leurs têtes, le ciel était d’un bleu profond et le soleil commençait à chauffer au-dessus des prucheraies de bouleaux jaunes. Un temps idéal, un endroit préservé et trois filles à leurs côtés, le séjour s’annonçait merveilleux.

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-07-08 23:41:58 

 WA - Participation exercice n°41 - part 1Détails
Bien, après cette mise en bouche, entrons dans le vif du sujet... le vif... c'est le cas de le dire!

___________________

Ils entreprirent de monter les trois tentes non loin de la lisière des grands arbres penchés. Des conifères. Les filles partirent en repérage, en longeant la rive vers l’ouest, prétextant des raisons assez confuses.

Le soleil était au zénith. Sans s’en rendre compte, elles avaient parcouru une grande distance en échangeant des banalités de circonstance.

« Alors, demanda Marie à Nancy, tu as réussi à convaincre Tom pour la rentrée ? »

« L’idée fait son chemin. Pour un futur profileur, il est finalement assez prévisible ! Il ne voit aucun indice, mon crime sera parfait ! » Nancy pouffa mais le ton de sa voix démentait son apparente espièglerie. Elle tenait vraiment à son futur limier de la police montée.

Marie était la délurée, l’artiste de la bande. Elle suivait un cours au conservatoire d’art dramatique de Montréal, à près de 200 kilomètres d’Ottawa. Elle avait décroché déjà plusieurs petits rôles dans des soap operas. Elle se piquait d’être la future Carole Laure. Il était vrai qu’elle avait une certaine ressemblance avec l’actrice inoubliable de « La Mort d’un bûcheron ». Un visage harmonieux où s’entr’apercevait une lointaine ascendance amérindienne et encadré de cheveux sombres. Marie aimait Nicolas depuis les bancs de la petite école et avait dû l’apprivoiser jour après jour.

Judith écoutait sans rien dire. Elle prit sur la grève un caillou plat, lisse et rond qu’elle lança en se penchant sur le côté. Les ricochets fusèrent à la surface de l’eau, propulsant la pierre de plus en plus loin, arrachant des hourras à ses deux camarades.

Judith se retourna et fit une légère révérence, voyant ses amies battre des mains. Soudain, son regard se figea, perdu sur un point situé derrière les deux jeunes femmes. Ses lèvres formèrent un O de surprise mais aucun son ne put sortir de sa gorge. En vibrant vicieusement, une flèche venait de la transpercer, une flèche empennée de noir et de jaune. Judith essaya vainement de stopper le sang qui s’échappait en longs rubans vermillon.

Elle tomba à genoux, les mains toujours agrippées à sa gorge. Ses yeux se voilèrent quand elle vacilla pour s’affaisser, comme au ralenti, sur le côté. Elle ne bougea plus.

Cela n’avait pas duré plus de dix secondes mais pour Marie, ce fut une éternité. Une éternité impuissante et immobile. Trop choquée pour crier, trop choquée pour courir. Elle restait là, regardant Judith hurler par delà la mort, les traits figés dans une grimace de douleur indicible. Elle avait péri, étouffée dans son propre sang.

Pour Nancy, l’horreur était inimaginable. Elle avait lu sans doute des milliers de pages sur lesquelles avaient été consignées les minutes des procès où furent jugés les plus dangereux criminels. Elle avait imaginé, à la lumière des témoignages et des procès-verbaux de la police, toutes les scènes de crime. Mais, malgré sa très grande imagination, elle n’avait jamais été préparée à affronter réellement une telle situation. Elle tremblait de tous ses membres, des tremblements nerveux et irrépressibles.

Et puis, comme le bouchon qui saute libère d’un coup la pression du vin de champagne maintenue prisonnière de la prison de verre, elles revinrent brutalement à la réalité. Elles commencèrent à hurler de façon hystérique, trépignant sur place. Aussi, ne remarquèrent-elles pas que, dans leurs dos, les feuillages frémissaient légèrement, masquant une présence invisible. Nancy se mit à courir en revenant sur ses pas, criant toujours à gorge déployée. Marie se précipita derrière elle, ses longs cheveux noirs flottant gracieusement sur ses épaules. Marie ne criait pas, se contentant d’essayer de ne pas se faire distancer par l’athlétique Nancy, dont les merveilleuses jambes avalaient le sable en grandes foulées efficaces.

Elles ne virent pas non plus cette ombre qui semblait planer entre deux eaux, sous la surface liquide, une ombre fluide, aux proportions démesurées, qui s’éloignait sans se presser vers le centre du lac. En l’occurrence, elles firent bien car le danger qui les menaçait ne venait pas de l’eau. Non...Oh non...On dit que la peur donne des ailes, mais les deux beaux anges qui tentaient de rejoindre le paradis n’avaient malheureusement pas encore quitté l’enfer. Hélas. Elles avaient marché trop longtemps, le camp qu’avaient installé les garçons était encore loin !

Marie s’essoufflait à rester au contact de Nancy. Elle fixait ce dos qui, imperceptiblement, fuyait devant elle. Son souffle se faisait plus court et ses poumons n’étaient plus qu’un immense incendie. Paradoxalement, des images lui revenaient à la mémoire. Des scènes de films célèbres. Elle revoyait ainsi le visage de Dustin Hoffman dans Marathon man, Cette course infernale dans Central Park. L’assassinat de Doc, sous les yeux de Babe, son frère. Elle sentit une présence derrière elle. Une menace grandissante. Ne te retourne pas. Elle se concentra sur cette pensée. Ne te retourne pas. Elle sentait bien que si elle le faisait, le Dieu des Enfers réclamerait son dû, la réclamerait... elle.

La sensation augmentait, devenant presque physique. Elle pouvait à présent sentir une haleine chaude sur sa nuque. Percevoir un halètement sourd. Des pas se rapprochant inéluctablement. Ne pas regarder en arrière. Ne te retourne pas. Le point de côté naquit douloureusement dans sa cage thoracique. Sa vue se brouillait mais devant elle, Nancy poursuivait son effort sans difficulté apparente, et la distance entre elles grandissait à vue d’oeil.

« Nancy! Nancy! » Elle cria d’une voix qui lui sembla appartenir à une autre. Nancy ne parut pas l’avoir entendue. Elle allongeait encore la foulée et disparut lorsque la grève fit un coude sur la droite.

Marie faiblissait, sa concentration se délitait peu à peu. Elle l’entendait, il était sur ses talons. Alors elle commit l’irréparable. Elle tourna imperceptiblement la tête vers la gauche. A l’extrême limite de son champ de vision, une forme obscène s’y tenait tapie. Elle eut un hoquet de frayeur et loupa une enjambée... une seule enjambée. La douleur explosa dans son épaule droite, l’envoyant bouler tout près de l’eau. Etendue sans force, elle voyait le ciel immensément bleu tout là-haut. Inaccessible. Elle porta la main vers le foyer de souffrance irradiante et la ramena rouge de sang. Elle commença à pleurer doucement, les larmes voilant son regard. Le ciel disparut derrière l’ombre qui se dressa devant elle. Elle hurla, essayant de se protéger la tête en tendant ses mains vers la menace, droit devant elle. Elle réussit à dévier le second coup mais pas suffisamment. Il l’atteignit violemment sur la bouche, fracassant lèvres et mâchoire. Marie suffoqua, la souffrance était trop intense à présent. Le cauchemar du Marathon Man continuait. Cette pensée autonome était le dernier signe de conscience de Marie. Elle aussi avait une sainte peur des dentistes. Mais elle n’échapperait pas à son destin, pas aujourd’hui, contrairement à Dustin.

Elle se détachait du réel, flottant dans un état qui n’était plus la vie mais pas encore la mort. Elle regarda sans émotion la lourde hache de pierre qui se précipitait à nouveau vers son visage. Le monstrueux craquement à l'intérieur de son crâne fut une libération... elle glissa enfin au creux d’un éternel rêve blanc.

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-07-09 23:28:22 

 WA - Participation exercice n°41 - part 2Détails
Après le sang.. un court intermède avant d'y replonger. Je vais être un peu juste en temps!

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Nicolas leva la tête, comme mû par un étrange pressentiment. Le lac était un miroir poli tourné vers le ciel. Quelques nuages paresseux s’y reflétaient, dérivant vers les créneaux rocheux des falaises qui barraient l’horizon, vers l’est. Il n’entendait que le bruissement stupide et entêtant des myriades d’insectes qui couvrait le clapotis des vaguelettes. Il secoua la tête et reprit son travail. A l’ombre de deux pins blancs jumeaux, il avait pris sa Gibson et égrenait des arpèges de façon studieuse, essayant sur un même thème, des harmoniques et des accords différents. A ses pieds, était ouvert son recueil d’accords de base, aux pages écornées, qu’il consultait fréquemment. Il avait promis de revoir les arrangements d’un morceau qu’il avait composé mais qui ne correspondait pas exactement au jeu des autres musiciens, notamment à celui du clavier qui n’arrivait pas à suivre un pont instrumental particulièrement technique.

Les tentes étaient montées depuis belle lurette. Le contenu des sacs à dos avait été déballé de la plus masculine des manières. Bref, il régnait un joyeux capharnaüm. Tom et Jeremy avaient parié sur la réaction scandalisée de leurs petites amies.

Laissant Nicolas martyriser sa six cordes, ils avaient couru piquer une tête dans le lac. L’eau était fraîche mais une fois dedans, elle était très supportable. En faisant une planche impeccable, Jeremy fit partager à Tom les résultats de ses investigations sur le monstre du lac :

« Bon, nous avons tous entendu parler de ce monstre. Chacun connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a vu ou a cru voir le monstre. Il est vu généralement de juillet à début août, par temps calme et ensoleillé. Pour les uns, il s’agirait d’un énorme poisson, de 15 à 20 pieds, un esturgeon, un achigan ou un arachigan ou quelque chose comme ça. C’est la version raisonnable, un simple spécimen atypique de grande taille. Pour d’autres, il s’agirait plutôt d’un animal fabuleux, un nautiloïde orthocère, un survivant de la préhistoire qui vivait déjà il y a des millions d’années... »

« Un nauti... ortho quoi ? » s’écria Tom, qui nageait en cercle autour de Jeremy.

« Un nautiloïde orthocère! En gros, un grand mollusque carapacé dans une coquille. Carnivore, il se nourrit de mollusques, de poissons, et de crustacés. Il tient sa proie avec ses bras tentacules et la déchiquette avec son bec corné ! »

« Un mollusque carnivore de 20 pieds! Fichtre! Vaut mieux ne pas croiser sa route ! »

« Certes! Figure-toi que cette légende m’a conduit à une autre, plus ancienne, d’origine Algonquine. Si on en croît celle-ci, au cours d'un voyage dans le monde des esprits, les Midewiwin, des sorciers, avaient découvert qu'au fond du lac Témiscamingue se cachait une très vieille créature. Elle était probablement déjà là quand les secousses primordiales avaient ouvert la terre pour créer le lac. Ils ne lui donnèrent pas de nom, se contentant de l'appeler «l'esprit du lac» ou «le monstre du lac». Cette créature était apparentée à la terrible Nuliajuk, la Mère des créatures de la Mer, le plus terrible et le plus cruel des esprits Eskimo, celui qui observe implacablement les humains et qui les châtie s’ils viennent à l’offenser. Car il pourrait être son fils, Ungak, ce qui signifie Celui-qui-crie!.... »

A cet instant, Nancy déboucha sur la plage, criant à perdre haleine. Elle vint s’effondrer devant les tentes. Elle continuait de crier, les mains plaquées contre son visage. Nicolas fut le premier à sa hauteur :

« Nancy ! Qu’y a-t-il ? Qu’est-ce qui est arrivé ? »

Mais Nancy ne parvenait pas à reprendre son souffle. Elle n’était qu’un cri, en regardant Nicolas qui lui prit les mains en essayant de la réconforter. En vain. Tom et Jeremy avaient regagné à toute vitesse la plage, l’eau dégoulinant encore de leurs cheveux. Ils la pressèrent de questions :

« Nancy, où sont Judith et Marie? Que s’est-il passé ? Où est Marie ? Où est Judith ? »

Mais Nancy se contentait de fixer Jeremy, sanglotant doucement.

«Là-bas ! » Parvint-elle à articuler au bout d’un moment. « Là-bas...la flèche, Judith, le visage du diable... rien pu faire...trop tard...tout ce sang...tout ce sang.... Judith... »

Jeremy blêmit. Malgré l’incohérence des propos de Nancy, il avait compris qu’une tragédie avait eu lieu. Il porta ses regards vers les arbres où il avait vu pour la dernière fois la silhouette de Judith disparaître. La dernière fois...

Tom essayait d’en savoir plus.

« Et Marie ? Nancy, dis-moi où est Marie ?»

« J’ai couru ... pour échapper au diable dans les feuillages. Elle... Marie était derrière moi. Je ne sais pas. Je n’ai rien vu. Je me suis retournée une fois....elle n’était plus là ! »

« Il faut que nous allions voir. Il le faut ! Tom, il faut aller chercher Judith et Marie! Tom ! Allons-y !» Jeremy aurait voulu partir tout de suite sur les traces des filles.

« Non... n’y allez pas ! C’est le diable qui est là-bas ! » Nancy était terrifiée. « Il faut partir et chercher de l’aide ! Il faut retourner à la voiture. Tom, je t’en prie... il ne faut pas retourner là-bas ! »

Nicolas sortit son mobile et tenta d’accrocher un réseau. Peine perdue. Ils étaient loin de tout. Aucune couverture. Il prit alors une décision :

« Pas de réseau. Vous deux, dit-il à Tom et à Nancy, repartez vers la voiture. Là-haut peut-être que vous aurez un signal. Sinon, filez à la ville la plus proche. Avec Jeremy, nous allons à leur recherche. Il faut que nous les retrouvions. Alertez la police. Tom tu t’y connais ! »

Ce plan sembla apporter une certaine quiétude aux jeunes gens. Tom et Nancy s’engagèrent précipitamment sur le sentier qui remontait vers la route tandis que Nicolas et Jeremy choisirent des branches mortes, longues et noueuses, en guise d’armes improvisées. Ils s’éloignèrent sur la grève dans la direction qu’avaient empruntée les trois amies quelques heures auparavant.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-07-10 17:25:44 

 WA, exercice n°41, participationDétails
Périgord rouge






Il était tard quand le taxi mauve d’Orion Express déposa Mrs Blackmore devant la grille de son jardin. Il était tard, elle était fatiguée, et elle avait une migraine épouvantable. Heureusement les Orionais étaient des chauffeurs taciturnes... Le voyage depuis Londres avait été épuisant : deux heures de retard sur le vol pour Périgueux, deux heures à supporter le bavardage effréné d’un Zotriaque qui parlait le Standard comme un casoar hydrocéphale ; et pendant les trente minutes de vol, une mère Vasniote juste derrière elle, qui n’avait pas réussi à calmer les hurlements stridents de son nourrisson, probablement un terroriste en herbe... Elle avait failli s’endormir dans le taxi. Petites routes calmes, villas bien alignées au gazon proprement tondu, éclairages doux régulièrement espacés, ce petit coin de Périgord ressemblait délicieusement à son Angleterre d’origine. D’ailleurs son avis était partagé puisque sur trente miles à la ronde neuf habitants sur dix avaient émigré de la blanche Albion, où la terre était rare et chère, et leur petite colonie s’était elle-même baptisée « Little England ». Ca ne voulait plus dire grand-chose depuis que la Confédération terrestre avait, telle un Beltaïrien vorace, englouti toutes les anciennes nations, de l’empire de Sa Très Gracieuse Majesté à cet état français peuplé de braillards vaniteux et sales; mais au moins ici Mrs Blackmore pouvait trouver de la véritable confiture de roses, des pickles mangeables et des partenaires de bridge qui n’empestaient pas l’alcool.
En descendant du taxi elle remarqua bien une flaque d’eau devant le garage, mais pensa qu’il avait dû pleuvoir dans la journée. Ses trois chattes étaient roulées en boule, flanc contre flanc, au pied de son lit, donc tout allait bien. Dix minutes plus tard, elle dormait à poings fermés.


Le réveil sonna à sept heures comme tous les matins. Ce n’est pas parce qu’on est retraité qu’il faut sombrer dans la paresse et la négligence, et Mrs Blackmore avait gardé les saines habitudes d’une vie active. Elle se doucha, se maquilla avec tact, et passa dans la cuisine préparer le petit déjeuner : deux oeufs au bacon, une théière d’Earl Grey, des toasts et de la marmelade d’orange qu’elle faisait elle-même. Elle posa son plateau sur la table du living-room, tira les rideaux, actionna le volet électrique et ouvrit la véranda pour déjeuner au soleil avant d’aller faire son jogging puis son demi mile habituel dans sa piscine chauffée.
Elle était donc debout, devant la porte-fenêtre ouverte, le soleil brillait, le gazon était impeccable. Elle n’eut que le temps de s’exclamer à mi voix « Goodness gracious ! » avant de recevoir en pleine figure un jet puissant de liquide tiède, rouge et visqueux qui l’aveugla et la fit hoqueter de surprise et de dégoût. Elle s’essuya le visage avec la manche de sa veste, hélas trempée elle aussi, puis avec la serviette du petit déjeuner. Enfin, les yeux grands ouverts, elle vérifia qu’elle n’était pas victime d’une hallucination morbide.
Dans sa piscine, dans sa piscine, quatre créatures monstrueuses et vraisemblablement extraterrestres nageaient et chahutaient dans ce qui ressemblait, il faut bien le dire, à un bain de sang. Mrs Blackmore ne manquait pas de sang-froid. Elle détailla les créatures d’un oeil expert : c’étaient des Venturiens, sans nul doute possible : un corps en forme d’oeuf de deux mètres de diamètre, des pattes petites mais extensibles, une tête ronde et chauve avec des yeux sans paupières et une bouche dépourvue de dents mais ourlée de lèvres épaisses et excessivement musclées. Les Venturiens aspiraient leurs proies ; ils pouvaient engloutir à peu près n’importe quoi, mais leur préférence allait cependant aux liquides, et le sang en particulier, quelle qu’en fût l’origine. Leur aspect inspirait plus la répulsion que la crainte, et le plus répugnant chez eux était la texture de leur peau, recouverte d’un enduit poisseux qui les rendait glissants comme des savonnettes. De plus ils n’avaient pas la décence de se vêtir, et leurs couleurs naturelles allaient du kaki clair au marron foncé, avec parfois des zones plus jaunes ou plus vertes. En bref on aurait dit un ramassis d’algues pas fraîches.
Mais ils étaient dans son jardin et dans sa piscine ! Ils avaient dû la vider la veille, profitant de son absence, et la remplir de sang probablement volé aux abattoirs.
Ils étaient quatre. Et alors ? Mrs Blackmore avait fait partie pendant trente ans de la Brigade d’Intervention Spéciale Contre les Opérations Terroristes Extraterrestres, et elle n’avait pas l’intention de quémander le secours de ces froggies ridicules dans leurs uniformes bleu canard, à qui il faudrait trois liasses de formulaires signés et tamponnés avant de commencer à se demander ce qu’il aurait convenu de faire, dans le respect de la Convention de Véga, et compte tenu des accords de Glénor III...
Elle n’avait besoin de personne. Elle pianota sur son ordinateur pour se rafraîchir la mémoire. Elle avait judicieusement conservé toutes ses bases de données... En quelques clics elle savait tout des Venturiens, leurs goûts, leurs habitudes et leurs faiblesses... Elle les aurait volontiers explosés avec son désintégrateur méga ionique, subtilisé à l’armurerie de la Brigade bien des années auparavant, mais nom d’un pétaflop, cela aurait risqué d’entraîner une enquête, et elle avait horreur des procédures administratives. Le thé allait refroidir mais tant pis, elle déjeunerait plus tard.
Elle passa deux coups de fil et retourna sous la douche, lavant plusieurs fois ses cheveux pour les débarrasser de tout le sang qui les imprégnait. Puis elle s’habilla en bleu des pieds à la tête pour passer inaperçue et se faufila jusqu’à la grille, sur le devant de la maison.
Alan Moore fut le plus rapide. Il avait racheté une boucherie charcuterie à l’entrée de Périgueux. Mrs Blackmore était une de ses fidèles clientes et qui plus est, une excellente partenaire au club de bridge. Il déposa à ses pieds trois gros sacs poubelle.
« C’est très lourd, Agatha. Vous ne voulez pas que je les rentre ?
- Merci, Alan, c’est très aimable à vous, mais je ne voudrais pas vous retarder. Je passerai vous régler demain
- Oh je vous en prie, ne vous donnez pas cette peine, c’est de grand coeur... »
Quelques instants plus tard la camionnette de Percy Scott se garait à son tour devant elle. Percy tenait une quincaillerie, et Mrs Blackmore était une bricoleuse expérimentée.
« Je vous ai amené tout ce qui me restait : vingt kilos. Vos chattes ont eu des petits ?
- Pas tout à fait... Mais je vous suis très reconnaissante.
- Et vous avez dix litres de bleu océan. Vous repeignez le living ?
- Je ne sais pas encore... Je passerai demain, Percy, merci de vous être dérangé
- C’est toujours un plaisir, Mrs Blackmore. Je le mettrai sur votre note, ne vous pressez pas. »



Elle rampa dans l’herbe pour se rapprocher de la piscine et parvenue à cinq mètres éventra les sacs poubelle avec un couteau de cuisine. Les Venturiens étaient aveugles à la couleur bleue, ce qui réduisait les risques qu’elle se fasse surprendre. Sans un regard vers les créatures immondes qui continuaient à jouer et à glousser sans vergogne, elle rebroussa chemin aussi discrètement et se posta à l’angle du garage, contre lequel elle avait installé tout son attirail. Quand elle fut prête, elle ramassa quelques cailloux de l’allée et ajusta son tir. Deux Venturiens furent touchés à la tête. Ils s’arrêtèrent de jouer, et l’un d’eux sortit de la piscine en se dirigeant vers l’origine des projectiles. Le contenu des sacs poubelle lui arracha un hurlement de joie, qui attira aussitôt les autres. Vautrés dans l’herbe, ils se mirent à aspirer goulûment les tripes, boyaux et autres panses, bonnets et caillettes, sans aucune réticence vis-à-vis des matières plus ou moins fécales qui les remplissaient encore. Ils engloutissaient ces déchets avec tant de gourmandise qu’ils en régurgitaient une bonne partie, aussitôt réaspirée sans vergogne. Le soleil commençait à chauffer en cette belle matinée de juillet, et l’odeur fétide qui incommodait les narines de Mrs Blackmore devait leur sembler divine, comme en témoignaient les gloussements joyeux qu’ils échangeaient entre deux gorgées.
Elle sourit en se remémorant la découverte macabre qu’elle avait faite, avec son équipe, une dizaine d’années auparavant, dans un ranch isolé de l’ouest américain. L’odeur était perceptible à presque un mile à la ronde, et ils avaient prudemment revêtu leurs scaphandres d’alerte biologique pour s’approcher plus près. Tous les oiseaux avaient déserté le lieu, et même les mouches avaient fui à bonne distance. Dans la maison, les débris de cinq Lobéliens avaient repeint les murs du sol au plafond sous le coup d’une explosion violente – erreur de manipulation, règlement de compte ou suicide collectif ? Cela avait dû se produire deux ou trois jours auparavant, et il avait fallu plus d’une semaine à l’équipe de nettoyage pour rendre l’air respirable. Le plus amusant, et elle s’en souviendrait toute sa vie, c’était que Roger Bancroft, le petit nouveau, qui voulait toujours faire le malin, avait ôté son casque un instant, « pour voir ». Il était tombé en syncope et il avait fallu l’évacuer par hélicoptère. Ce n’est qu’après cinq jours de ventilation assistée et plusieurs dizaines de lavages bronchiques que ses poumons avaient enfin accepté de déplisser leurs alvéoles...
Mais ce n’était pas le moment de rêvasser au bon vieux temps. Elle mit en marche ses deux pulvérisateurs électriques, et une fine pluie de peinture bleue se mit à recouvrir les corps des Venturiens, trop affairés pour s’en apercevoir. Puis, utilisant la souffleuse à feuilles mortes habilement bricolée, elle projeta la sciure de bois qui vint se coller sur la peinture fraîche. Le Venturien le plus proche d’elle, qui lui tournait le dos, commença à se gratter furieusement sans cesser de dévorer, jusqu’à ce que, le prurit augmentant, il ne se relève pour se gratter des deux côtés en même temps. Mrs Blackmore ricana tout bas. Sa base de données était vraiment bien documentée : effectivement ces aliens étaient allergiques au bois ! Quand ils levèrent tous le nez pour chercher la cause de ces démangeaisons soudaines, ils se mirent à éternuer tant et plus, recrachant et vomissant leurs agapes délectables, tout en se frottant les yeux frénétiquement ; quand ils s’aperçurent que certaines parties de leurs corps, sous la peinture bleue, devenaient invisibles, ils hurlèrent de terreur à l’unisson...
Mrs Blackmore arrêta les appareils et ôta sa veste bleue et son foulard. Elle apparut alors aux Venturiens, tronc flottant dans le vide surmonté d’une tête furieuse et munie de deux bras dont l’un pointait sur eux un désintégrateur...
Ils pâlirent – probablement. Il était difficile d’en juger en raison des couleurs mélangées, du rouge au marron, en passant par l’ocre et le bleu, qui recouvraient leur peau, elle-même bigarrée au naturel. Mais en tout cas ils reculèrent en se serrant les uns contre les autres et en marmonnant des borborygmes incompréhensibles et vraisemblablement idiomatiques. Les Venturiens étaient joueurs, gourmands, prédateurs alimentaires et destructeurs indifférents, avec une mentalité nettement infantile, mais ils n’étaient pas réputés pour leur courage.
« Vous êtes ici chez moi », commença Mrs Blackmore d’un ton sévère. « Vous avez envahi et dégradé ma propriété. Si vous ne voulez pas que je vous désintègre sur le champ, vous allez vider et nettoyer ma piscine et mon jardin. Compris ? »
Les intrus échangèrent des regards inquiets.
« L’un de vous parle-t-il le Standard ?
- Oui Madoum, je parleu.
- Alors traduisez-moi ça à vos amis et au travail !
- Oui Madoum traval. Akoum bzik madoum moumou telzw, dounou dounou pkiz, hfol lou. »
Les autres hochèrent la tête en esquissant un timide sourire pour gagner les bonnes grâces de l’individu armé qui les menaçait. On aurait dit des enfants de quatre ans pris en faute.
Ils burent autant de sang qu’ils purent et recrachèrent le reste dans la bouche d’égout, où finirent aussi les restes épars de leur somptueux festin – fort peu de chose, à la vérité. Puis armés d’éponges, de balais et du jet d’eau, ils nettoyèrent à fond la piscine et ses margelles, avec une bonne volonté manifeste. Pendant ce temps Mrs Blackmore avait revêtu un jogging vert et avait fait venir deux robots nettoyeurs de chez All Clean , entreprise spécialisée d’entretien de surfaces à domicile.
Enfin, pendant que les Venturiens, soulagés de s’en tirer à si bon compte, avaient enfin gagné le droit de se doucher en plein air, elle appela l’ambassade de Venturie.
Quelques minutes plus tard, le Premier Secrétaire d’Ambassade, en costume trois pièces et noeud papillon, posait sa mini soucoupe devant la maison. Il se confondit en excuses, paya sans sourciller la note de nettoyage, y ajouta une somme honnête de dommages et intérêts et un carton de spécialités venturiennes « pour que vous ayez une meilleure image de notre planète ». Enfin il embarqua tout son petit monde, non sans quelques phrases acerbes envers les fauteurs de trouble, qu’il se garda bien de traduire.
Midi sonna au clocher. La piscine était loin d’être remplie, et il faisait trop chaud maintenant pour le jogging. Mrs Blackmore avait une faim de loup, et strictement aucune envie de faire la cuisine...
« Allô, Mortimer ? Vous n’aviez pas parlé de m’inviter au restaurant ? ...Vous pouvez passer me chercher dans un quart d’heure ? Ce sera parfait, my dear... »
Elle enfila une robe rouge décolletée, retoucha son maquillage et sa coiffure, et jeta un oeil par la fenêtre. Une superbe limousine blanche venait de se garer. Le chauffeur ouvrit la portière à un très bel homme d’une cinquantaine d’années, qui tenait dans ses bras une gerbe de roses.
Dans un dernier regard complice à son miroir, elle se félicita elle-même.
« Agatha, my dear, you’re really the best!
Narwa Roquen, vivement la retraite!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-07-10 22:56:04 

 WA - Participation exercice n°41 - part 3Détails
L'avant-dernière partie...attention, à ne pas mettre entre toutes les mains...

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« Marie ! Judith ! » Les deux amis appelaient les jeunes filles disparues tout en longeant la grève, évitant prudemment de se tenir trop près de arbres sous lesquels régnait un profond silence. Il y avait une présence malsaine qui semblait les épier, les suivre patiemment, attendant l’instant où ils relâcheraient leur vigilance. Ils avaient d’abord couru, puis trotter et maintenant ils marchaient en scrutant les ombres vertes qui enveloppaient les sous-bois.

« Marie ! Judith ! Criez si vous nous entendez ! » Mais seul le rire moqueur d’un couple de bernaches, ces grandes oies noires, leur répondit en filant au-dessus de leurs têtes. Ils faisaient de grands moulinets avec leurs bâtons mais ils ne chassaient que les nuées de mouches qui semblaient prendre un malin plaisir à les suivre depuis leur départ.

Jeremy se figea, la vision d’horreur glaçant son sang. Il y avait une forme humaine appuyée à un grand tronc d’arbre, à la lisière de la forêt. Elle ne bougea pas quand ils s’approchèrent à pas comptés. C’était Marie. Nicolas eut un haut-le-coeur et se courba en deux pour vomir tripes et boyaux. Jeremy devint encore plus blanc, lui d’ordinaire déjà si pâle. C’était Marie. Cela avait été Marie. Maintenant, c’était juste une chose qui aurait pu ressembler vaguement à la belle et vive jeune femme éclatante de beauté. Une énorme écharde de bois la clouait sur le tronc, ses pieds ne touchant pas un sol abreuvé par les sillons sanglants qui avaient dégouliné des horribles plaies la défigurant. Elle était empalée au niveau du bassin par cette épine monstrueuse, telle un papillon épinglé sur bouchon de liège par un lépidoptériste dérangé. Ses vêtements étaient déchirés et maculés de vase. Elle pendait ainsi de tout son poids et ses longs cheveux sombres étaient poisseux d’une matière innommable.

« Non! Marie! » Nicolas tomba à genoux aux pieds de la suppliciée. Il perdait tout contrôle, ce qu’il voyait dépassait sa capacité de compréhension :

«Qui a fait ça? Quel monstre a pu faire ça? »

Jeremy se taisait, lui-même paralysé par l’effroyable spectacle. Une idée virevoltait dans sa tête mais il n’osait pas l’exprimer à voix haute. Cela ne pouvait pas être ça. Ce n’était qu’une légende, les superstitions d’un peuple précolombien, de simples histoires de grand-mères. Pourtant, il ne pouvait détacher les yeux du corps dévasté de Marie et du pieu, ce terrible pieu. C’était un avertissement. Ou une promesse. Tout son univers policé et raisonnable avait basculé en une fraction de seconde dans la quatrième dimension.

Nicolas se redressa et hurla en direction du coeur de la forêt :

« Je vous traquerai...je vous retrouverai...je vous tuerai...je le jure ! » Seul le gémissement d’un vent malicieux fit écho à ses menaces, le laissant désemparé. Il agita son bâton presque comiquement en s’avançant un peu plus vers les épais fourrés des premiers sous-bois.

« Nicolas, ne t’approche pas si près.... » Jeremy lança cette mise en garde vers son camarade, sentant le noeud d’énergie qui se convulsait dans l’air surchargé d’électricité. Une tension maléfique qu’il devinait toute proche. Qui attendait. Qui épiait. Qui allait se déchaîner. Mais c’était trop tard.

Une ombre fondit sur Nicolas. Jeremy ne pouvait la fixer directement, son cerveau refusant d’admettre ce que voyaient ses yeux. Un kaléidoscope de couleurs fauves et automnales. Des stries irisées vibrant à l’intérieur. Une haine faite matière. Une éternité de souffrances. Une présence animale. Une force primaire et démoniaque. Elle se saisit de Nicolas en l’enveloppant dans un mugissement bestial. Le pauvre garçon hurlait en se débattant mais rien n’y fit. Il était inéluctablement tiré vers l’obscurité. Sa pauvre branche lui fut arrachée des mains tandis que le mugissement s’amplifia, devenant rugissement, le choeur strident d’une légion de harpies déchaînées.

Jeremy était pétrifié, spectateur impuissant de cette manifestation surnaturelle. Il vit Nicolas soulevé du sol comme un fétu de paille et projeté, pieds par-dessus tête, vers la cime des arbres. Il continuait de hurler mais son cri s’étrangla quand, son corps arqué en arrière pour former un angle impossible, ses reins se rompirent en un craquement insoutenable. Son corps parut un instant flotter doucement à vingt pieds au-dessus de Jeremy, les yeux clos et les traits du visage étrangement apaisés. Puis lentement, tête en bas, Nicolas redescendit, centimètre après centimètre, à la verticale de Jeremy changé en statue de pierre. Peu à peu, le visage renversé de Nicolas fut à la hauteur de celui, terrifié, de Jeremy. Nicolas ouvrit brusquement les yeux et Jeremy plongea ses regards dans le vide blanc d’un démon d’outre-tombe. La bouche de Nicolas s’ouvrit, découvrant une caverne noire et sans langue. Un rire lourd de menace croassa de sa gorge déchirée. C’en était trop pour Jeremy ! Il hurla et recula vers le lac. Mais Nicolas resta immobile jusqu’au moment où les forces invisibles s’emparèrent à nouveau de lui. Elles le redressèrent puis le précipitèrent violemment vers Marie. Jeremy crut devenir fou en entendant l’affreux déchirement des chairs quand le corps sans vie de Nicolas fut transpercé à son tour par le clou végétal. Il fut plaqué contre Marie et la pression se fit de plus en plus forte. Des bruits écoeurants s’élevèrent au fur et à mesure que le corps de Nicolas se mêlait à celui de Marie... encore et encore... jusqu’à ce qu’il ne fut plus possible de distinguer l’un de l’autre.

Jeremy trébucha en reculant précipitamment, ne prenant pas garde au fait qu’il avait atteint la rive du lac. Il fit encore un pas en arrière, puis un autre, et encore un autre, s'enfonçant peu à peu dans l’eau. Soudain, il fut agrippé par quelque chose de sombre et de fluide, une ombre entre deux eaux. Il fut entraîné rapidement vers les eaux profondes du centre du lac, ses bras fouettant l’eau en vain. Et plus il criait, plus l’eau s’engouffrait dans sa gorge. Un court instant, son visage resta au-dessus des vagues tourbillonnantes puis il fut happé d’un coup vers le fond et l’onde, se refermant sur lui, fut à nouveau étale sous le soleil.

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-07-11 19:18:41 

 WA - Participation exercice n°41 - EpilogueDétails
La fin...

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Le soleil entamait à peine sa longue descente vers l’ouest lorsque Tom et Nancy débouchèrent sur le terre plain où les attendait leur 4x4 jaune safran. Tom vérifia son mobile. Peine perdue. Il n’y avait toujours aucun réseau, le témoin restant invariablement inactif.

« Fichu réseau ! Monte, on file à Casey, c’est à quelque dizaines de bornes sur la 101 vers l’ouest, dans l’Ontario.»

Tom mit les gaz. Il maîtrisa nerveusement un survirage prononcé quand les pneus arrières dérapèrent sur la terre pulvérulente et s’engagea en trombe sur la route 101, laissant un lourd panache de poussière se dissiper lentement derrière eux.

Il accéléra plus encore sur l’interminable ligne droite qui s’ouvrait devant lui. Les géomètres avaient tracé cet axe au cordeau au travers des immenses plaines qui descendaient vers le lac. Le 4x4 fonçait à tombeau ouvert sur l’asphalte, les kilomètres de paysages sub-arctiques défilaient vertigineusement, façonnés par les gigantesques rivières de glace qui s’étaient progressivement retirées lors de la déglaciation.

Sous lui, ce n’était qu’un minuscule point clair qui se déplaçait à vive allure sur un long ruban grisâtre. Il planait bien au-dessus, porté sans effort par les vents d’altitude descendus du Grand Nord.. Il s’était réveillé depuis peu, tiré de son long sommeil par les humeurs fétides déversées dans ses eaux sacrées, par le fracas des arbres centenaires abattus. Et chaque arbre qui disparaissait, les grands cèdres de sa forêt magique surtout, chaque souillure des nappes phréatiques au sein desquelles il rêvait la plupart du temps, était une blessure vive qu’il ressentait au plus profond de lui. Alors, n’y tenant plus, il s’est réveillé. Il a poussé un cri déchirant mais sa mère n’a pas répondu. Il était seul. Il a crié plus fort et des serviteurs attentifs sont venus à lui. Des serviteurs qui, entendant son appel, s’étaient dégagés de la gangue de pierre où ils étaient enkystés. Ils brillaient comme de l’or, de l’argent ou du cobalt selon la veine minérale qui les avait abrités. C’étaient des Tuurngait, ces esprits maléfiques et monstrueux que lui avait confiés Nuliajuk, sa mère.

Il avait quitté le fond du lac, à plus de cent mètres sous la surface et avait dérivé entre deux eaux pour étendre son champ de perception jusqu’aux limites de son vaste royaume. Il fut horrifié. Tout était oublié, les anciens rites qui consacraient l’alliance du divin et des hommes, les prières et les sacrifices. Alors Ungak, car c’est de lui dont il s’agit, nourrit en son sein une colère infinie et cruelle pour les créatures qui avaient ainsi blasphémé.

Les quatre premières victimes expiatoires ne suffirent pas à éteindre le feu qui attisait sa haine. Il en réclama d’autres. Il vit dans les images qu’il avait aspirées, deux autres formes, ces formes primitives et sans défense, ces êtres qui bafouaient la pureté éternelle de son domaine. Il ne les laisserait pas s’échapper... ils devraient aussi payer le prix de leur insolence .

Le point devint une voiture tandis qu’il s’approchait rapidement d’elle par l’arrière. Ils ne lui échapperaient pas. L’être-femme en se retournant, regarda soudain dans sa direction. Sa bouche s’ouvrit immensément....

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-07-11 21:20:17 

 Woman in blue..Détails
C’est vrai que cette histoire loufoque fait la part belle aux créatures exotiques d’origine extra-terrestre. Tu as refait un lifting aux films MIB jusqu’au nom de ton héroïne qui est encore plus noire que noire, c’est peu dire ! Bon, l’histoire semble se passer dans l’avenir et chapeau pour l’acronyme jubilatoire de la biscotte. Tu devrais être embauchée par les énarques qui imaginent les noms des procédures à la mode. Au moins, le tien on le retient !

Les extra-terrestres sont bien décrits, dans la lignée des M I B, bien baveux, pleins de protubérances et excroissances, aux couleurs limites annamite phalloïde. Miss Marple du Périgord (et non pas noir !) est plein de ressources et avec un flegme très british, vient à bout efficacement de ses tracas domestiques.

L’humour décalé prédomine, bien dans la lignée des MIB. Cette histoire, toutefois, à mon humble avis, reste d’un trash très convenable, très gentry...

Mention spéciale pour la colonisation de nos contrées.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-07-12 13:06:40 

 Commentaire Maedhros, exercice n°41Détails
C’est une longue histoire fantastique que tu as écrite par petits morceaux, avec donc l’impossibilité de revenir en arrière, sans doute coincé entre le four et le moulin... Et c’est dommage, parce que tous les ingrédients sont présents pour faire une grande et belle histoire.
Tu as une intrigue intéressante, avec le contraste entre un cadre paradisiaque et l’horreur absolue des évènements, des personnages humains, bien présentés ( peut-être trop) et des créatures abominables à souhait qui ont de bonnes raisons de l’être. Tu écris toujours avec facilité, et là aussi c’est presque dommage parce que la force du texte s’en ressent.
La présentation est trop longue. Tu nous annonces un monstre tout de suite, mais on ne l’approche vraiment qu’à l’épisode 3, et là, tu décris la scène par les yeux d’un témoin qui est tellement ému qu’il ne nous décrit rien, et on reste sur notre faim ! De plus on s’attend à un monstre du lac, et tu nous en donnes d’abord un sur la terre, puis un autre dans le lac, et à la fin un autre qui vole ! On s’y perd ! L’épilogue heureusement nous donne enfin les explications, mais là ça va trop vite, et on ne sait pas pourquoi le monstre vole...
Il y a des moments forts qui sont impeccables : la fuite des deux filles, la mort de Marie, l’explication scientifique de Jérémy, la découverte du corps de Marie, la mort de Nicolas vue par les yeux de Jérémy, et la révélation de l’épilogue. Mais ça manque de liant ! Le jour où tu as le temps, reprends ce texte, refonds-le entièrement, il en sortira quelque chose de très prenant.
Quelques détails :
- Dans le prologue : la Belle Province mérite ses majuscules ! Alerter de l’arrivée, pas « sur »
- Dans le 1 : « ses...cheveux...flottant gracieusement sur ses épaules... » et « les merveilleuses jambes... » : ça semble un peu déplacé dans le contexte horrible, à moins que ce ne soit l’opinion du monstre, mais rien n’est là pour le suggérer
- Dans le 3 : « son corps arqué en arrière...ses reins se rompirent » : « le corps » serait mieux
- Dans l’épilogue : dans le paragraphe du monstre, c’est l’horreur... de tous les temps ! Présent, imparfait, passé composé... Il faut choisir !

Il serait peut-être intéressant de prolonger cette histoire. D’une part ça t’éviterait de devoir raccourcir le début, et d’autre part ça te permettrait de glisser une description physique un peu plus étoffée des serviteurs ; de plus tu pourrais nous montrer comment la civilisation va se débrouiller face à un monstre archaïque semi divin. L’occasion pour toi de créer un super héros (ou une super héroïne), courageux, cultivé, tolérant, et qui sait, peut-être lui aussi descendant d’une race en voie de disparition... De quoi faire presque un roman... et te donner un prétexte pour changer le titre, car même si on peut y voir un jeu de mots (décor/ des corps), il manque lui aussi d’un peu de ... mordant !
Pas facile d’écrire en travaillant... ou de travailler en écrivant... Ah si notre travail c’était seulement d’écrire !
Narwa Roquen, les mains dans la farine...

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-07-13 13:01:16 

 WA 41 : participationDétails
Un ptit texte à deux balles, juste pour le plaisir de participer...
Edit suite à remarques Narwa.
Edit suite à remarques Maedhros.

Le sourire du plumpy



« ...nous sommes le 2 mai 2069 et vous écoutez Radio Wilmington. La météo nous annonce une nouvelle vague de chaleur pour le restant de la semaine. Pensez à boire beaucoup d’eau et à vous couvrir la tête ! Tout de suite une page de publicité... »

Célestine Foster, née Cornille, versa un peu de lait dans sa faïence rose et se resservit du thé. Elle s’appuya au buffet et sirota sa boisson, profitant du calme matinal. Mrs Foster était une élégante vieille dame de soixante et onze ans, mince et soignée. Elle portait un tailleur parme et des pantoufles à talons, avec un pompon de fourrure synthétique sur le dessus. Ses cheveux d'un gris argenté étaient relevés en un chignon lâche, mettant en valeur un visage délicat. Elle habitait un petit pavillon de banlieue propret, décoré d'une profusion d'assiettes de porcelaine et de coussins de dentelle. Dans un coin du salon, trônait un vélo elliptique rutilant. Une odeur de lavande et de muffins planait en permanence dans la maison.

Un mouvement à l'extérieur attira son attention et Mrs Foster s'approcha de la fenêtre. Une jeune fille remontait le trottoir, ses énormes bourrelets moulés dans une combinaison de latex jaune transparent. Célestine dit d’une voix pincée :
« Ah, voici Miss Moore qui prend le frais. Sa mise est d'une révoltante vulgarité, comme toujours. De mon temps, une femme ne serait jamais sortie dans une tenue pareille... Qu'en penses-tu, Jack chéri ? »
Elle se tourna vers le portrait d'un homme roux, portant une grosse moustache. Interprétant son immobilité comme de l'approbation, elle sourit. Un gros chat gris traversa la cuisine et se frotta contre ses jambes en roucoulant. Mrs Foster lui flatta la tête :
« Bonjour, bonjour, Bruce. Tu as passé une bonne nuit ? »

Elle vida sa tasse de thé en prêtant une oreille distraite à la radio, qui continuait à bourdonner de la publicité. La voix, exagérément enthousiaste, déclarait :
« ...sur T-422, la nouvelle planète de l'empire terrestre, où ils étaient la seule espèce animale ! Ces adorables créatures raviront votre famille. Les plumpys sont végétariens et incroyablement doux ! Il en existe de toutes les couleurs, des verts, des roses, des tachetés... C'est le nouvel animal de compagnie à la mode ! Adoptez vite un plumpy ! Profitez du tout premier chargement de cocons. Le prochain n'arrivera pas avant un an ! Achetez aussi notre aliment spécial pour garder votre plumpy en bonne santé. »

Mrs Foster coupa le poste de radio, rinça sa tasse et se dirigea vers le salon. Sur la table basse trônait une grande cage de plastique. Bruce sauta sur un fauteuil et jeta un air mauvais au contenu de la cage. La vieille dame avait dû enfermer le plumpy par crainte du chat, volontiers jaloux. Elle appela doucement :
« Doudou ? Doudou ? »
Un petit fredonnement monta du fond de la boite et le plumpy apparut entre les barreaux. Il avançait très lentement sur six minuscules pattes rondes. Son corps était ovale, un peu aplati sur le dessus, sans véritable tête ni appendice caudal. L’animal n’était pas plus gros qu’un chat. Il possédait une large bouche bordée de petites dents arrondies et trois grands yeux attendrissants, aux longs cils. Sa peau était nue et lisse comme le caoutchouc d'une balle rebondissante, bleue avec de fines zébrures oranges. Les plumpys pouvaient se déformer, devenir tout rond ou au contraire s'allonger légèrement, ce qui amusait les enfants.

Depuis leur mise en vente quinze jours auparavant, ils étaient devenus les chouchous des bambins du monde entier grâce à une campagne de publicité aussi gigantesque qu'efficace. Si on n'achetait pas un plumpy à son fiston, on était désormais un parent indigne. Doudou était le cadeau d'anniversaire de Wendy, la petite-fille de Célestine. La vieille dame désapprouvait tout ce battage médiatique mais elle avait cédé aux suppliques de l'enfant. Craignant une pénurie de plumpys, elle avait acheté Doudou une semaine avant et le gardait chez elle car Wendy était en vacances chez sa tante dans le New Jersey. Elle comptait lui apporter à son retour, cette après-midi, pour lui faire la surprise.

Mrs Foster ouvrit une boite de mélange spécial plumpy et prépara une gamelle. Doudou l'avait un peu inquiétée ces derniers jours car il s'était mis à enfler bizarrement sous la bouche. Mais comme il avait l'air en pleine forme et manifestait un appétit féroce, cela ne devait pas être bien grave. Elle souleva la gamelle et susurra :
« Il a faim, le Doudou ? »
La bouche du plumpy s'ouvrit sur un sourire carnassier. Les mignonnes petites dents rondes avaient disparu, laissant la place à des crocs acérés, longs de six bons centimètres. Mrs Foster, tétanisée d'horreur, laissa échapper la gamelle qui roula sur le tapis rose. Bruce se hérissa et poussa un feulement rauque avant de s'enfuir. La vieille dame recula lentement, les mains tremblantes, et chevrota :
« Gentil, Doudou... »

Doudou avança sur ses petites pattes et fit claquer sa mâchoire. Il s'attaqua aux barreaux de sa cage, s'acharnant sur le plastique. En quelques secondes, il eut dévoré la paroi. Gagnant le bord de la table, il se laissa tomber sur le tapis où il atterrit mollement. Mrs Foster l'avait regardé faire avec une fascination morbide, hypnotisée par l'affreux spectacle. Le plumpy se tortilla et ses six pattes se rétractèrent dans son corps. Il se gonfla alors avec un répugnant bruit de baudruche et commença de rouler vers la vieille dame. Celle-ci émit un cri strident et, cédant brusquement à la panique, se rua dans le couloir. Au passage, elle saisit son sac à main, un grand fourre-tout en imitation serpent. Sans regarder derrière elle, elle s'engouffra dans les toilettes et verrouilla la porte. S’asseyant sur l’abattant, elle reprit son souffle.

Qu'était-il arrivé à Doudou ? Comment des crocs avaient-ils pu soudainement lui pousser ? Quelle était donc cette abomination qu'elle avait failli offrir à sa petite fille ? Et que faire à présent ? Un grincement sinistre se fit entendre : le plumpy attaquait la porte des toilettes. Mrs Foster fouilla fébrilement son sac, à la recherche de son arme. Elle s'était en effet récemment offert un pistolet pour dame à crosse de nacre. Au milieu d'un fouillis de produits de maquillage, de médicaments et de mouchoirs brodés, elle finit par dénicher l'objet. Le bois craquait sous les assauts de Doudou et la porte ne tarderait plus à céder. La créature avait percé un trou et l'agrandissait méthodiquement. Mrs Foster apercevait sa peau bleutée.

Tremblante, elle ôta le cran de sûreté, visa soigneusement et tira sur le plumpy. Celui-ci poussa un glapissement aiguë et fut projeté en arrière. Célestine bondit hors des toilettes, traversa la cuisine et sortit dans le jardin. Elle n'était pas sûre d'avoir tué le petit monstre et préférait mettre un peu de distance entre elle et lui...

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A trois rues de là, Sean achevait ses céréales devant l'écran virtuel de son ordinateur.
Le jeune homme était grand et dégingandé, avec des oreilles décollées, une longue tignasse bouclée et un démon stylisé tatoué sur le bras gauche. Il portait un jean déchiré, des chaussures à plate-forme bardées de chaînes et un t-shirt noir à l'effigie d'un groupe de hard rock du début du siècle. Dans la chambre mansardée aux murs couverts de posters, résonnaient les accords de Within temptation, sur une platine CD d'époque.

Sean consultait un forum sur le web et ce qu'il y lisait lui faisait froncer les sourcils. Il s'était bien douté que l'introduction sur Terre d'une espèce comme les plumpys n'était pas une très bonne idée mais de là à ce qu'ils tuent des gens ! Il y avait eu quelques accidents isolés la semaine d'avant mais le site signalait une forte recrudescence des attaques depuis la veille. Mais, au fait, Mrs Foster n'en avait-elle pas un chez elle ? Saisi d'un sombre pressentiment, le jeune homme se leva et dévala les escaliers. Il s'arrêta devant un râtelier plein à craquer et saisit un fusil à pompe. Traversant la maison à grandes enjambées, il cria :
« Je t'ai emprunté un flingue, John. Dis à M'man que je sors ! »
Le troisième époux de sa mère, affalé devant la Tridi avec une canette de Bud, grogna un vague assentiment.

Sean traversa le quartier. Son inquiétude lui semblait vaguement ridicule mais l'expérience montrait que, parano, on vivait plus longtemps. Au sortir du parc, il se figea brusquement. Une grosse femme en combinaison jaune gisait sur le bitume, face contre terre. Après une bonne minute d'hésitation, le jeune homme s'avança doucement, le coeur battant. Il contourna le corps. Un trou béant s'ouvrait dans le flanc de l'obèse, comme si un animal vorace avait pris une grosse bouchée et laissé le reste. Le sang avait giclé un peu partout. La bile envahit la bouche de Sean et ses céréales ne tardèrent pas à se retrouver sur le trottoir.
« Holy shit !!" jura-t-il "Qu'est-ce que c'est que ce fucking truc ?! »

Il jeta des regards angoissés autour de lui mais la rue était déserte. Serrant le fusil, il se mit à courir. Parvenu chez Mrs Foster, il sauta la petite barrière blanche et enjamba les massifs de tulipes. Au même moment, la vieille dame déboula dans le jardin, l'air affolé, un plumpy aux trousses. La bestiole saignait abondamment mais cela ne la ralentissait que peu. Sean s'interposa. Oubliant dans le feu de l'action l'existence du fusil à pompe, il décocha un grand coup de New rock dans la mâchoire de la bête. Celle-ci couina lamentablement et tomba sur le flanc. Sean la bourra de coups de pieds en beuglant :
« Ramasse ça, dickhead ! Tiens, saloperie ! Motherfucking alien ! »

Quand il s'arrêta enfin, hors d'haleine, il ne restait de la créature qu'une bouillie sanguinolente violette. Il se tourna vers Célestine et lui fit un petit signe de la main :
« -Salut, l'ancêtre.
- Salut, gamin. Merci pour le coup de main. »
Ils se firent la bise puis le jeune homme reprit :
« - Mais qu'est-ce que c’est que ce bordel ?
- Aucune idée. Je donnais à manger à Doudou quand des dents terrifiantes lui sont soudainement poussées et qu'il est devenu fou furieux.
- Doudou ? »
Sean jeta un coup d’oeil au magma étalé sur la pelouse.
« -Y en a un qui a bouffé la grosse.
- Miss Moore ?
- Ouais. Je crois que tous les plumpys ont pété les câbles. Je t’expliquerai plus tard.
- Oh lala, quand je songe à mes enfants ! Tous leurs voisins dans l’immeuble avaient une de ces horribles bêtes. Je vais les appeler. »

Elle rentra dans la cuisine et décrocha le Fibrocom. Avant même qu’elle ait annoncé le code, une voix synthétique lui déclara sur un ton guilleret :
« En raison d’un trop grand nombre d’appels, notre réseau est saturé. Veuillez renouveler votre demande. »
Mrs Foster raccrocha sèchement :
« - Ca ne marche pas. Il faut que j’y aille. Tu veux bien m’accompagner, gamin ? Je serai plus tranquille.
- Ca roule !
- Laisse-moi juste le temps de passer mes Nike. »
Célestine s’esquiva. Sean ouvrit le frigo et en sortit une bière. Voilà qui lui donnerait du courage ! Il emporta sa trouvaille dans le salon :
« Son of a bitch ! Elle est sans alcool ! »
Désappointé, il repoussa la bouteille et se laissa tomber dans un fauteuil. Son regard erra sur les napperons, les assiettes décoratives ornées de fleurs, les tapis moelleux... Il poussa un hoquet de surprise : sur le paillasson de la véranda se trouvaient les restes du chat, à demi dévorés. On apercevait encore une oreille au milieu des lambeaux de fourrure. Sean eut une brusque suée. Il se leva comme un automate et se hâta vers le dressing. Célestine en ressortait chaussée d’une paire de baskets roses. Il l’attrapa par le bras et murmura :
« Ils sont dans la maison ! Cassons-nous ! »

Ils coururent vers le garage et montèrent dans l’électrique sans permis de Mrs Foster. Elle insista pour prendre le volant. Comme ils descendaient l’allée du jardin, deux plumpys, un noir et un rouge, sortirent de la véranda et roulèrent vers eux. Serrant les dents, la vieille dame accéléra. L’une des créatures bondit, dents en avant, mordit dans le pare-choc et passa sous la roue. La voiture eut un cahot et heurta le second monstre. Célestine ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, ils étaient dans la rue et il n’y avait plus de plumpy en vue. Elle braqua pour éviter une barrière, faisant crisser les pneus, puis enfonça l’accélérateur.
« - On vous a eus, fucking bastards ! Yihaaaa !
- Si tu me voyais, mon pauvre Jack... »
Ils foncèrent vers le centre ville. Dans les hauts-parleurs de la voiture, Aznavour chantait de sa voix grave :
« Montmartre en ce temps-là
Accrochait ses lilas
Jusque sous nos fenêtres... »
et Sean faisait la grimace. Mrs Foster coupa brusquement la musique :
« - Mon dieu, j’ai oublié Bruce !
- Euh... je crois qu’on ne pouvait plus rien pour lui.
- Oh non...
Elle essuya une larme puis dit d’une toute petite voix :
- Si tu m’expliquais ce qui se passe à présent ?
- Il se passe que ces putains de majors sont prêtes à tout pour faire du fric. Ces bestioles sont dangereuses mais ils s'en foutent. Je parie qu'ils ne les ont même pas étudiées avant ! Des scientifiques ont publié des mises en garde sur le web.
- Mais l'état aurait interdit leur commercialisation !
- Les majors ont dû leur graisser la patte et s'arranger pour que les études tombent aux oubliettes...
- C'est criminel de vendre quelque chose de dangereux ! De mon temps...
- De ton temps, on vendait des téléphones portables et tout le monde savait pourtant que ça grillait le cerveau.
- Tu as raison... »
Célestine se renfrogna. Elle réfléchit quelques minutes puis reprit :
«- Ces animaux étaient censés être végétariens.
- Les études que j'ai lues disent que leur système digestif est celui d'omnivores. Ils se seront rabattus sur les plantes faute de proies. Qu'est-ce qui dit que ces merdes n'ont pas bouffé tous les animaux de T-4222 ?
- Quelle horreur ! Et comme ça, un beau matin, il leur pousse des dents à tous et ils nous ajoutent à leur régime alimentaire ?
- Ils ont dû réagir à la présence de nouvelles sources de nourriture en arrivant sur Terre. Ils ont sans doute entamé leur métamorphose dès leur éclosion.
- Ca expliquerait le gonflement de Doudou. Les plumpys sont arrivés sous forme de cocons en champ de stase. Ils ont donc tous à peu près le même âge...
- Exactement ! C'est une putain d'invasion !
- Il faut agir... »

A ce moment précis, un hurlement atroce résonna dans la rue et Mrs Foster écrasa la pédale de frein. Un homme en jogging était attaqué par un plumpy, qu’il tenait en respect en brandissant une poubelle en alu. La vieille dame descendit de la voiture :
« Il faut aider ce monsieur ! »
Sean la suivit avec son arme. Cependant, le plumpy avait bondi sur sa victime et s’accrochait à son ventre. L’homme tomba sur le dos en poussant des cris stridents. Le sang imbibait ses vêtements. Célestine décocha un grand coup de sac à main au monstre, l’envoyant rouler au sol. Sean fit jouer le fusil à pompe mais, quand il appuya sur la gâchette, rien ne se produisit.
« Bullshit !! Il n’est pas chargé ! »
Le plumpy, qui avait repris ses esprits, sauta sur ses pattes. Sa gueule dégoulinait de sang. Il s’avança vers Sean en émettant une sorte de grincement. Le jeune homme shoota dedans de toutes ses forces, le projetant dans le caniveau. Puis, il lui asséna un coup de crosse, lui écrasant la tête et faisant jaillir toutes sortes de fluides qui éclaboussèrent son t-shirt. Il recula en titubant, proche de la nausée.

Mrs Foster s’était penchée sur la victime. L’homme était allongé sur le trottoir et ne bougeait plus du tout. Son sweat-shirt déchiré révélait une terrible plaie, par laquelle s’échappaient les entrailles écarlates. Une infecte odeur d’excréments s’en exhalait. Sean émit un gémissement et éclata en sanglot :
« C’est... c’est trop laid. On n’a pas pu sauver ce pauvre mec ! »
Célestine le prit dans ses bras et lui tapota le dos :
« - Allons, allons, nous avons fait ce qui était en notre pouvoir. Il faut repartir.
- Et mon maillot qui est complètement niqué ! »
Il frotta la tâche visqueuse sur son torse, au bord de l’hystérie.
« - Mais non, un peu d’eau froide et de savon de Marseille et il n’y paraîtra plus. »
Mrs Foster le poussa dans la voiture et redémarra.

Quelques minutes plus tard, ils atteignaient le centre ville. Un spectacle apocalyptique les y attendait. Le stock de plumpys du grand magasin s’était échappé et les petits monstres roulaient dans les rues, à la poursuite des passants. Une voiture folle s’était encastrée dans la vitrine du fleuriste. Le restaurant Burger King avait pris feu et d’énormes panaches de fumée noire s’échappaient des fenêtres en tourbillonnant. Célestine fit un écart pour ne pas rouler sur un cadavre.
« Oh, mon dieu, je crois que c’était monsieur Abott, mon dentiste... Et là, c’est Mrs Clarke. La pauvre a l’air mal en point... »

Partout, des gens fuyaient ou se défendaient avec des moyens de fortune. Mrs Foster conduisait en zigzaguant, jetant des regards affolés dans toutes les directions. Ici, un plumpy saccageait un parterre municipal, engloutissant les fleurs. Là, un autre pillait une échoppe de hot dogs et gobait tout rond aussi bien les petits pains que les bouteilles de sauce. Tout à coup, un homme s’abattit sur le capot. Célestine poussa un hurlement et Sean sembla reprendre ses esprits sous le choc. Ils regardèrent le corps, horrifiés. La moitié du crâne manquait et une bouillie sanguinolente en dégoulinait. Un plumpy rose à pois verts bondit sur la voiture et commença à dévorer le cadavre. Il émettait de répugnants bruits de succion et des jappements de plaisir. Une soudaine explosion : un autre plumpy avait mordu dans un pneu, le faisant éclater. Sean eut un hoquet, comme s’il allait vomir. Sa compagne le saisit par le bras :
« - Nous ne sommes plus très loin de chez mon fils. Courons jusque là-bas !
- O... OK. »
Il saisit le fusil par le canon, comme une massue et ouvrit la portière.

Ils s’élancèrent dans la rue, s’efforçant d’éviter les combats. Au bout de deux cent mètres, Sean haletait et son visage était écarlate. Il s’arrêta pour respirer et jura bruyamment :
« - Motherfucking clope ! Si je survis, j’arrête de fumer !
- Certains viennent par ici, gamin ! Il faut y aller ! »
Sean se retourna et aperçut trois plumpys multicolores qui roulaient dans leur direction. Les petites sphères boursouflées arrivaient à grande vitesse. Célestine fit feu, vidant son chargeur, et en toucha une. Les deux autres s’arrêtèrent, se dégonflèrent et s’attaquèrent au blessé avec un bel appétit. Un mouvement sur sa droite attira l’attention de Sean : deux plumpys se dissimulaient en bas d’une paroi de briques. Leur peau caoutchouteuse avait pris la teinte et la texture du mur. Seuls leurs grands yeux restaient visibles. Le jeune homme déglutit bruyamment et se remit à courir derrière Mrs Foster. Ils avaient atteint la bonne rue et le jeune homme reprit espoir.

Une soudaine douleur lui déchira l’arrière de la cuisse : un plumpy qu’il n’avait pas vu venait de sauter sur lui et plantait ses crocs dans son jean.
« Tine !!! Au secours !!! »
Célestine fit volte face, son revolver vide à la main. Sean avait empoigné le petit monstre et tirait dessus de toutes ses forces mais celui-ci tenait bon, cramponné de ses puissantes mâchoires. Mrs Foster vint à son aide et ils parvinrent à le décrocher. Le pantalon de Sean s’était déchiré largement et on voyait les trous saignants laissés par les crocs. La créature leur fit son sourire carnassier, prête à bondir. Célestine lui jeta son arme inutile et il la goba avidement. Plusieurs autres créatures approchaient en roulant. Ils reculèrent. La maison de Wendy n’était plus qu’à quelques mètres et ils pourraient se barricader à l’intérieur.

La vieille dame se défit du contenu de son sac, objet par objet, pour gagner du temps. Les monstres affamés engloutirent tout avec la même voracité : aspirine, tube de rouge à lèvres, mouchoirs de coton... Ils se chamaillaient pour la meilleure part, se donnant mutuellement des coups de dents, grinçant et piaillant avec hargne. Les deux fuyards atteignirent la porte et Célestine fit jouer la clé. Ils s’engouffrèrent dans le couloir mais au moment de refermer, un plumpy parvint à s’insinuer dans l’encoignure, où il demeura coincé, ruant et grognant. Sean lui donna un coup de crosse :
« Ramasse, dirty little bastard ! »
Mais la bestiole continua à se tortiller, essayant de rentrer dans la maison. Mrs Foster fouilla dans son sac et lui fourra le dernier objet dans la gueule, un tube d’arnica. Le plumpy déglutit et s’immobilisa aussitôt. Sean et Célestine le regardèrent, intrigués. Le plumpy écarquilla ses trois yeux et gémit pitoyablement. Puis, il commença à trembler et explosa dans une gerbe de sang et d’entrailles violettes. Sean claqua la porte et tira le verrou.
« - Yippee ! » s’écria Célestine. Un sourire radieux illuminait son visage éclaboussé de fluides.
« - Quoi ?
- On a trouvé comment exterminer les affreuses bêtes ! Ils sont allergiques à l’arnica ! Dépêchons-nous de sauver mes enfants et allons à la pharmacie. Il y en a plein là-bas. On va se les faire, ces monstres !! »

Est', qui précise qu'aucun plumpy n'a été blessé durant le tournage de cette nouvelle.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-07-16 17:06:22 

 Commentaire Estellanara, exercice n°41Détails
Les grands esprits se rencontrent... Ta Mrs Foster pourrait bien être la cousine de ma Mrs Blackmore !
C’est une histoire bien sympathique, où l’humour permet de faire passer l’horrible sans difficulté. On pense un peu aux Gremlins...
L’histoire est bien construite et la fantaisie débridée suit cependant une trame logique. Les personnages sont attachants ; leurs portraits sont parfaits, de leur habillement à leur cadre de vie et leurs habitudes. J’adore la phrase « parano, on vivait plus longtemps »... Le contraste entre la vieille dame digne et le vocabulaire fleuri du jeune homme est du plus bel effet. Le choix de l’anglais permet d’atténuer la trivialité en lui ajoutant un côté exotique.
Tu es toujours aussi à l’aise dans l’ambiance SF ! Le côté trash bénéficie d’un luxe de détails parfaitement adaptés... J’adore l’intrusion d’Aznavour, et la publicité gratuite pour le savon de Marseille !
Le lecteur jubile à chaque ligne, et malgré le thème, c’est léger et pétillant comme du champagne...

Quelques détails :
- Melle Moore serait plus cohérente en Miss Moore, non ?
- Au moment où les deux personnages descendent de voiture, il faudrait préciser que Sean garde son fusil à la main ; sinon, quand arrive le coup de crosse, beaucoup plus tard, le lecteur est un peu surpris
- Même s’il fume beaucoup, il est un peu étonnant que Sean s’essouffle avant une femme de 71 ans, même chaussée de Nike. A moins qu’elle n’ait continué son entraînement...
- ^^ : cadeau pour 2 « du »

Une histoire à deux balles... Ca devrait pouvoir bien se revendre... M’en mettrez deux caisses... *calcul rapide* Non, en dessous de ça, je m’tranche la gorge...
Narwa Roquen, clap clap!

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-07-17 14:27:20 

 CoorectifsDétails
Merci pour ta critique !
Héhé, l'humour est la façon la plus simple que j'ai trouvée pour la distance. De plus, j'ai promis de ne plus choquer avant un moment.
En effet, j'ai pensé que les gros mots en anglais auraient un côté pittoresque.
J'ai corrigé suite à tes remarques. Mrs Foster est sportive. Je pensais que de préciser qu'elle était mince et portait des baskets suffirait. Je lui ai rajouté un appareil de cardio-training dans le salon.
Woups, les circonflexes, c'est pas mon truc.
J'ai rencontré le descendant de Planteur JMTLG en Tunisie. Un mec qui me vendait une djellaba. Je négocie et là, il fait le geste de se trancher la gorge. J'étais morte de rire ! Je ne pensais pas que les commerçants le faisaient vraiment.

Est', qui va se remettre à Songe d'une nuit d'été.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-07-21 14:20:20 

 Gizmoglobine….Détails
Avec cette histoire, on reste dans le style humour et vieilles dentelles et dans les références cinématographiques criantes de vérité. Alors que Narwa avait revisité les Men in Black, tu réinvestis avec talent également, l’oeuvre de Joe Dante (l’enfer de Dante ?), je veux parler bien sûr des Gremlins, ces ravissantes boules de poil qui deviennent des bouffeurs psychopathes en étant plongés dans l’eau.

La transformation des Plumpy jette la folie dans la ville américaine. Bien trouvé l’insertion d’un caractère d’origine française dans ce panorama très hollywoodien. Cela crée des décalages savoureux (savon de Marseille, Aznavour...).

L’action est bien campée et reste soutenue du début à la fin, sans temps mort et avec suffisamment de péripéties pour tenir en haleine ton lecteur jusqu’au bout. Les ponctuations triviales et les détails sur la société future que tu sèmes de façon naturelle, apportent un vrai relief aux aventures.

L’arnica présent dans le tube de la vieille dame se trouve être miraculeusement le poison violent qui permet d’envisager avec sérénité la destruction rapide de l’invasion des plumpys. Bon, le deux ex machina est sans doute un peu tiré par les cheveux mais pourquoi pas ? Cela ne gâte en rien les qualités de cette histoire pétillante et rafraîchissante. Et en cette période de grande chaleur (en tous cas, ici !), que demander de plus ?

J’ai relevé quelques menues broutilles :

-«il leur pousse... » au lieu de « ils leur pousse... »
-«ils parvinrent... » au lieu de « il parvinrent... »
-«il avait dévoré la paroi » au lieu de « il eût dévoré la paroi » : cela coule plus fluide.

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-07-21 21:33:02 

 En fait...Détails
J'avais imaginé cette histoire comme le scénario de ces films gentiment gore que nous produit à la chaîne l'industrie cinématographique US.

Dans ces films, un groupe d' ados ou étudiants, l'été venu, a formé le projet de passer d'excellentes vacances dans un endroit paradisiaque (lac sublime, chalet de rêve, temple maya, etc...) Le portrait de chacun est un archétype aux codes très établis (l'intello, le mécano, la bimbo, le schizo, le romantique, le beau gosse... ) , avec quelques enjolivures sentimentales à l'eau de rose (mais où seras-tu à la rentrée prochaine?) .

Forcément, ils ne manquent pas de tomber sur le monstre de service, issu tout droit d'une légende locale (cela fait très ethnique) ou sorti des cauchemars protestants de l'imagerie américaine. Pour d'obscures raisons, il en veut à leur peau et va les trucider un par un. Suivez mon regard... non je ne citerai aucun titre... mais nous en avons tous vus... Vous savez, la saveur d'un titre, l'image gore, le synopsis alléchant... et puis l'ennui qui déboule au détour de la énième éviscération, bon et après?

Ces films sont souvent des commandes confiées à de jeunes cinéastes qui récitent péniblement leurs gammes : jeu de caméra, plans et contre-plans... Généralement l'histoire est aussi aérienne qu'une bulle de savon et les effets spéciaux sont souvent réduits à des effets spécieux... petit budget oblige. Alors le monstre est en carton pâte que même un bambin de 4 ans s'aperçoit de la supercherie, ou alors épouvantablement baclé voire insipide... ah, tu reconnais les titres?

Finalement, j'ai essayé de bâtir cette histoire comme ces films que l'on désigne communément "slasher movies".

Excusez-moi... oui, monsieur le producteur... je signe où? là? I want a big house with large swimming pool and lascive sirens too? Isn't possible? Ah, it seems to be not as good as they said!

Hein qu'elle est bonne ma défense?

M la mauvaise foi!

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Onirian  Ecrire à Onirian

2008-08-27 14:25:57 

 WA-Commentaire 41 - Rire et mourronsDétails
Allez, je me lance dans les commentaires (au passage, avec un bon million d'année de retard, j'ai commencé les wa, j'en suis à la quatrième).

Perso, j'ai beaucoup aimé ce texte. Le rythme est agréable, on ne s'ennuit pas. Il juste assez gore, pour que ce soit plein de sang, mais pas dégoutant. Les personnages et l'histoire sont un peu plats, mais le texte garde par ailleur un coté léger, (voire humoristique) qui allège le tout et fait qu'au final, ca passe plutot bien.

Bref, si j'arrive jusqu'a cette wa (et c'est pas gagné, encore que je songe vaguement a croquer les wa par les deux bouts), j'aimerai faire aussi bien ;-)

--
Onirian, commentateur

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Onirian  Ecrire à Onirian

2008-09-03 16:29:09 

 WA-Commentaire 41 - MaedhrosDétails
Le prologue m'a fait penser à du Stephen King. Le coté plantage de décor avec quelques indices sur ce qui va se passer, et cette facon de jouer avec le lecteur qui *sait* qu'il va se passer quelques chose de trash (ben oui, on lit pas du SK pour les histoires d'amours entre les personnages hein...)
Pour la partie 1 la présentation des personnages est peut-être un peu lourde, avec une succession d'info pas nécessairement liées.
C'est d'ailleur je pense le principal problème, le tout manque de liant.
Sinon quelques passages sont franchement bien du genre le pauv' gars qui se fait télékinésité (Non non, je ne crois pas que ce mot existe en vrai, mais j'assume ^^) par le vil monstre sur le pieu.

Par contre, je n'ai pas tellement compris l'histoire du monstre à la fin, comment il fait pour rattraper le 4x4 ? C'est apparament un monstre marin (ou en tout cas présenté comme tel et sans qu'il y ait de démenti) donc dans leur 4x4, ils devraient être sauvés (Je crois que dans l'esprit "slash movie", un accident ou un pneu creuvé les aurait tué non sans une pointe d'ironie ;-p)

Bref, au final ca se laisse lire plutot bien et c'est completement dans les consignes.

--
Onirian, qui a peur de vexer quand il fait des critiques de texte mais qui se force quand même.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-09-09 16:18:21 

 Oh, un lecteur !Détails
Merci pour ta lecture et plus encore pour ton commentaire. Ce texte était une petite distraction, sans background fouillé ni recherche. Je suis contente qu'il t'ait plu. Je suis moi aussi affreusement en retard, aussi bien sur les participations que sur la lecture. Ce début d'année n'est malheureusement guère propice. Espérons que cela s'améliore. En tous cas, heureuse de te compter dans les lecteurs de notre WA !

Est', que la Force soit avec chacun d'entre nous.

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-10 16:40:50 

 point de côtéDétails
D'après Wikipedia, ça n'est pas dans la cage thoracique mais soit au niveau du diaphragme soit au niveau des organes de l'abdomen.

Du sang ! Du sang !

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-10 16:47:35 

 On va faire deux groupes de deux....Détails
... Un très grand classique des films/romans d'horreur ;)
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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-10 17:06:13 

 un détail...Détails
"Jeremy plongea ses regards dans le vide blanc d’un démon d’outre-tombe."

ses regards ?

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-10 17:08:38 

 Pour la scène finale...Détails
... plutôt qu'un pneu crevé, j'aurai bien vu un des serviteurs saboter le 4X4.
Sinon, ça se laisse lire, mais l'épilogue nous laisse sur notre faim.

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-10 17:34:23 

 Horreur et mauvais goût ?Détails
MIB est un film comique à la base et assez loin de l'horreur.
Si Mrs Blackmore avait été une hybride humaine/extraterrestre, ça ne m'aurait pas déplu ;)

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-11 10:42:44 

 "le deux ex machina est sans doute un peu tiré par les cheveux"Détails
Cela me rappelle un film du même genre (moins drôle que Mars Attacks, la référence) où les extraterrestres étaient allergiques à du shampooing !

Les péripéties se multiplient un peu trop vers la fin du récit. Sinon, c'était très amusant à lire.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-08 15:17:39 

 Exercice 41 : Maedhros => CommentaireDétails
Un endroit très isolé, une bande de sympathiques jeunes gens, on se croirait dans un thriller à l’américaine, genre Destination finale ou Scream !
La présentation des personnages est parfaite, assez brève pour ne pas lasser, assez complète pour qu’on s’intéresse à eux et donc qu’on soit touché par leur horrible sort, niak niak ! Ben oui, des ptits gars sympas, propres sur eux, plein d'avenir (enfin...), c'est encore plus chouette de les zigouiller ignoblement !
J’ai noté quelques lourdeurs de style et petites fautes, notamment au niveau des concordances de temps sur la fin.
La métaphore avec le bouchon de champagne est appropriée mais la phrase est trop longue pour rendre compte de la rapidité de la scène.
Tu respectes joliment les codes du film d’horreur, notamment avec le fait de ne pas se retourner quand on fuit.
La scène de la mort de Marie est réussie, tout comme celle de Nicolas. Compliment pour le gore !
« Elle n’était qu’un cri » : bien vu.
Une écharde, pour moi c’est plutôt petit. J’ai eu du mal à me la représenter. Je préfère le mot pieu que tu emploies juste après.
La fin est un peu expédiée.
Agréablement dégoûtant ce texte !

Est', you shall not pass.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-08 15:23:06 

 Exercice 41 : Narwa => CommentaireDétails
Je suis littéralement tombée sur le cul en lisant ton texte. Quel parallélisme extraordinaire j’ai fait avec Le sourire du plumpy !! Et je jure mes grands dieux que je n’avais pas lu ton texte avant de poster le mien ! Une vieille dame chic et dynamique, avec un nom anglais, qui boit du thé et a un chat, des pavillons proprets, des monstres dégoûtants, qui mangent salement et qui ont une allergie... Incroyable convergence ! Je suis étonnée que personne ne me l'aie fait remarquer avant !

La description avec les mots bizarres annonce le genre : SF.
Le personnage principal de vieille dame guindée, si ce n’est snob, est bien présenté et réussi. Eh oui, « braillards vaniteux et sales », c’est effectivement notre réputation à l’étranger !
Pas sûre que « se maquilla avec tact » se dise. Avec discrétion me semble être plus approprié.
Un gazon impeccable, c’est vachement important quand on est anglais. Ce petit détail fait typique.
Si la répétition « Dans sa piscine, dans sa piscine » est volontaire, elle aurait peut-être nécessité un effet d’accentuation, comme un SA majuscule, pour souligner le fait que Mrs Blackmore est indignée.
Le coup de la piscine de sang m’a posé problème. Pourquoi les venturiens ne l’auraient-il pas consommé sur place, ce sang ? Pourquoi avoir pris la peine de vider et de re-remplir une piscine ? Et comment ont-ils fait pour transporter une quantité pareille ? Tout cela est un peu tiré par les cheveux.
Enfin, c’est pas tous les jours qu’on met en scène une piscine de sang. D’ailleurs, je pense qu’elle aurait mérité plus de description. Genre des venturiens foufous qui plongent.
Parfaite la critique de la paperasse à la française.
Le coup des venturiens aveugles à la couleur bleue m’a paru bizarre aussi. Qu’ils la confondent avec une autre ok, mais qu’ils ne la voient pas du tout, c’est louche. Ils devraient voir une forme indistincte au minimum. Là, on dirait qu’ils voient à travers les objets bleus.
Je n’ai pas trop vu l’intérêt du tour qu’elle leur joue avec la peinture et la sciure. Il m’aurait semblé plus logique que Mrs Blackmore les braquent directement en sortant de sa maison. Que gagne-elle avec ses tripes, sa peinture et tout le reste ? Ces aliens m’ont l’air plus stupides que dangereux et ton héroïne semble du style à privilégier l’efficacité.
Je n’ai pas eu l’impression que tu respectais ton thème. Ni horreur ni violence à mon sens. Si on excepte le tailleur de tweed tâché de sang...
Bien vu le titre !

Est',

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z653z  Ecrire à z653z

2008-10-09 11:43:53 

 je suis un ET car ....Détails
je n'ai pas vu de citation dans ta signature...
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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-09 15:18:20 

 Mékèkidi ?Détails
Je ne comprends pas ce que tu veux dire...

Est', qui a du mal.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-09 15:22:27 

 HypothèseDétails
Tu veux dire que tu appartiens à l'espèce des venturiens car tu vois un grand vide à la fin de mon post, après "Est'," ???
Pourtant, j'ai pas écrit en bleu...
Ouais, chais pas ce qui s'est passé, j'ai copié collé trop vite.

Est', tout court.

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z653z  Ecrire à z653z

2008-10-10 11:13:57 

 hypothèse validéeDétails
CF titre
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