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 WA,exercice n°37 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Mercredi 30 avril 2008 à 18:13:11
WA n°37


Allez, un peu de technique ! Nous allons travailler sur les débuts des nouvelles.
Pour cela, vous allez raconter une rencontre entre un homme et une femme, tout en posant le contexte et l’ambiance de votre histoire. Vous allez rédiger deux versions :
- dans la première, l’un des deux personnages sera appelé à être le héros de l’histoire ; l’autre ne jouera qu’un rôle subalterne, peut-être même ne réapparaîtra-t-il pas dans la suite.
- dans la seconde, la rencontre aura lieu dans des circonstances identiques, ou au moins similaires, mais cette fois il faudra faire comprendre au lecteur que les deux personnages auront un rôle essentiel dans l’histoire.
Bien entendu il y aura une suite, avec ses propres contraintes, donc je vous conseille de ne pas trop vous avancer dans le récit, et, malgré votre impétuosité impatiente, d’attendre un peu pour choisir le titre.

Vous avez deux semaines, jusqu’au jeudi 15 mai. Travaillez bien, mais que cela reste un plaisir !
Narwa Roquen,ce-n'est-qu'un-début...


  
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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-05-10 21:16:36 

 WA - Participation exercice n°37 - prologueDétails
Bon, les visites se font rares ces temps-ci. J'ai commencé un texte. Disons qu'il s'agit du prologue à l'exercice. Une façon de planter le décor....

__________________

« Y a-t-il quelqu’un qui m’entend ? »

Ce matin, j’ai ouvert les yeux et j’ai vu le monde autour de moi tel qu’il est. Et j’ai vomi. Sans m’en rendre compte, j’ai vomi longuement. C’était comme un torrent visqueux qui souillait mon torse, ma chemise, les draps... qui coulait en longs filets grumeleux sur la moquette de la chambre où je me terre depuis que ça a commencé. J’ai horriblement mal au ventre. Je sais au fond de moi que le virus grignote mes tripes. Il n’y avait aucune issue, aucun sanctuaire. Ni ici, ni ailleurs. J’ai vomi ... j’ai continué de vomir malgré la douleur qui déchirait ma poitrine à chaque spasme, malgré ma gorge brûlée par les acides gastriques... et c’est ma vie qui s’échappe en longues traînées violacées. La crise passe.. Je prends deux comprimés d’un jaune fade tirés d’un petit flacon translucide et anonyme. Je l’ai obtenu à prix d’or. Il représente le summum des recherches de l’OMS en matière de prévention. Il n'est réservé qu’à un tout petit nombre . En fait, ceux qui peuvent aligner beaucoup de zéros sur un chèque en euros. La crise est passée.

Dehors, les ténèbres de rapprochent. J’ai regardé la télé jusqu’à ce que l’écran devienne noir. Des images muettes, crues et violentes toujours les mêmes, semblant passer en boucle. Des foules hurlantes et hagardes, courant en tous sens. Des fusillades et des corps jonchant la chaussée. Cela pouvait être Londres, Paris ou Barcelone. Villes interchangeables. Mêmes devantures, mêmes cadrages des scènes de pillages ou d’émeutes. Des flics faisant de grands signes avec leurs bras, et dans leurs dos les flammes qui embrasent les immeubles, crevant les fenêtres et soulevant les toitures. Des ambulances fonçant entre les carcasses de voitures incendiées et des chiens errant sans maître sur des trottoirs désertés. Les longs convois de camions militaires progressant derrière de lourds bulldozers qui ouvrent la route de leur lame brillante. Un texte interminable défilant sur le bas de l’écran mais je n’arrive pas à saisir le sens des mots qui se bousculent les uns après les autres. Un peu avant que l’émetteur ne rende l’âme, un reporter a perdu son calme. Il s’est approché de son caméraman et, en saisissant la caméra de ses deux mains, a hurlé, son visage emplissant toute l’image : « Restez chez vous....restez chez vous... ». Il a poussé un rire dément avant de s’enfuir. La caméra l’a suivi jusqu’au bout quand il a été percuté de plein fouet par une grosse jeep de l’armée.

Ici, je suis loin de la ville, perché sur la grande montagne qui domine la vallée. J’ai vu les lumières vaciller et s’éteindre les unes après les autres. C’était impressionnant, surtout celles des grands boulevards périphériques engloutis progressivement par l’ombre. Ils ont dit que c’étaient à cause des Ténèbres. Un joli nom pour une saleté de virus qui se répand de façon fulgurante. Son foyer est pluriel, se propageant à partir d'une multitude d’endroits différents. Aucune mesure de quarantaine n’a été efficace. L’eau, l’air, la terre, tout est pollué. C’est une infection foudroyante qui avale notre monde, étendant son royaume tous azimuts. Le virus a muté, envahissant progressivement notre technologie, comme dans ces films de science-fiction où les machines se retournent contre leur créateur. Les écrans s’éteignirent les uns après les autres lorsque les backbones tombèrent en rideau, malgré les firewalls et les stratégies de protection les plus élaborées. C’est un virus miracle qui se nourrit de chair et d’électricité, de sang et de métal. C’est un virus à la taille de notre démesure, ridiculisant celui d’Ebola.

Peu avant ma désertion, j’avais d’ailleurs composé en son honneur une petite chansonnette, sur l’air d’un vieux groupe anglais précurseur de la musique électronique. Un synthé virevoltant, une ligne de basse en guise d’épine dorsale, une boîte à rythme désuète et des paroles sans espoir. Mélancolie et pop musique. Je l’ai baptisé Ebola Gay, un jeu de mots facile mais combien tragique actuellement. Les radios ont adoré. Cette bluette fut le dernier tube planétaire et pour moi, le chant du cygne. Le groupe a splitté et je me suis enfui sur la montagne. J’ai disparu du jour au lendemain. Peu après, les radios se sont tues, une à une. Alors, j’ai passé en boucle la version originale de Kraftwerk « Radioaktivität ». Une seringue vide sur la table basse, je me suis envolé sur les notes cristallines et enfantines, dominées par un chant trafiqué, baignant dans le post-surréalisme allemand, redoutant le moment où je devrais redescendre. Cold wave.

Dehors, il n’y a pas de morts-vivants, pas plus que de zombies mangeurs de chair errant frénétiquement dans la campagne à la recherche de succulents survivants. Encore moins de mutants aux formes délirantes. Rien que le silence qui devient chaque jour plus profond. Ceux qui meurent ne se relèvent pas. Je n’irai pas pleurer sur leurs tombes. Je n’ai d’ailleurs jamais pleuré sur le sort de quiconque. Je suis un vieux loup solitaire et je vis à l’écart des autres. Je n’appartiens pas au troupeau. La musique a fait de moi un homme riche. Et qu’est-ce que la richesse apporte de mieux que la liberté?

J’ai mis hors service le téléphérique privé qui relie mon nid d’aigle au fond de la vallée. J’ai barricadé la porte, tiré les verrous, cloué des grosses planches aux fenêtres, baissé les volets, éteint toutes les lumières. Je me suis fait le plus petit possible, le plus invisible. J’ai des boîtes de conserve dans le sous-sol. Des dizaines de boîtes. Des bougies. De l’eau en bouteille aussi. Je peux tenir longtemps. J’ai des armes et des munitions. Je sais m’en servir. Comme le prouvent les trois corps sans doute encore allongés sur les graviers de l’allée devant la maison. Ils avaient fait le pas de trop. Propriété privée, prévenait charitablement la pancarte. Je n’ai pas pris de risque et j’ai consommé trois cartouches. Juste trois. J’étais dans mon bon droit.

Quelques fois je me demande si d’autres vivent encore, là en bas sous les nuages. S’ils sont contaminés. Peut-être des gens que je connais, des visages familiers. Cela fait maintenant des jours que je n’entends plus rien. Ni sirène hurlant sur les routes, ni avion vrombissant dans le ciel. Cela me fait peur. Alors je pousse à fond le volume de mon système 5.1 pour m’étourdir dans le premier mouvement de la cinquième symphonie de Mahler, Trauermarsch. Dès l’ouverture, les murs tremblent sous l’attaque de l’orchestre avant que le thème principal ne se mette en place. Ce scherzo effroyable qui convoque le damné en enfer. C’est ample et majestueux, poignant et inéluctable. Comme la mort qui rôde et qui me cherche là dehors. Ce n’est qu’une question de temps. Ma fin ne sera pas belle à voir. Je vomirai du sang, je pisserai du sang, je pleurerai du sang, je hurlerai du sang tandis que mes organes se liquéfieront en une purée sanglante... J’ai vu les images à la télé sur le câble. Ils savent parfaitement faire ça de nos jours. Et puis soudain, le ciel s’éclaircit quand les violons entament l’adagietto, l’admirable adagietto. C’est un miracle qui dissipe l’angoisse et les ténèbres... C’est un hymne à l’amour solaire qui enchante l’âme et l’élève par-dessus les brouillards du crépuscule. Et je ne peux que pleurer sur ce paradis à portée de main, à portée de vie... car il va me falloir redescendre aussi...même si la musique s’étire en longues phrases harmoniques. Il n’y aura pas de salut, je suis en rémission.


M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-05-12 17:29:38 

 WA - Participation exercice n°37 - FinDétails
Je n'ai pas réussi à décliner les 2 versions souhaitées. De fait, c'est bien l'histoire d'une rencontre entre un homme et une femme mais la seule possibilité, c'est qu'ils auront un rôle essentiel dans l'histoire.

_______________

Puis ces idées noires se dispersent, je suis heureux d’être en vie. Une douce euphorie s’empare de moi. Appréciable effet secondaire de mes petits amis comprimés mais de plus en plus tardif, signe que la force du principe actif diminue. Le virus reprend le dessus et le compte à rebours aussi. Une pensée s’impose brusquement à moi comme une évidence. Je vais écrire une symphonie. La dernière symphonie de l’humanité. Personne ne pourra l’entendre évidemment. Peut-être Dieu, s’il écoute. Inutile de rêver à un orchestre symphonique. Mes petites machines suffiront. Elles n’ont pas été connectées au réseau et ne semblent pas infectées. Grâce à leurs bibliothèques de sons et de timbres, elles sont capables de sampler cuivres, bois, percussions et cordes à rendre jaloux le LPO lui-même. J’ai aussi un équipement home studio de qualité professionnelle.

Je me donne sept jours. Sept putains de jours. Dieu s’en est bien contenté pour faire le monde non? Tout est dans ma tête. Depuis longtemps. Il suffira que je commence à poser les notes sur la portée. Six jours pour l’écriture, comme lui. Et le septième jour, je la ferai retentir le plus fort possible pour qu’elle monte droit jusqu’au ciel... jusqu’à Lui. Il écoutera. S’il faut une fin à cette histoire, autant que les anges se cachent derrière leurs ailes pour pleurer sur notre triste sort. Cette touche mystique était ma marque de fabrique quand je caracolais à la tête des hit parades dans les salles de concert de Second Life. Un zeste de divin et hop, à moi les sequins. Aujourd’hui je rigole moins et je prie plus.

Dans le grand salon, je m’installe au piano. Un Steinway. Un véritable piano de concert. J’ai des feuilles de partition vierges rangées en tas. Ma tête va exploser si je ne commence pas à écrire. Je fredonne déjà le thème principal du premier mouvement. Allegro moderato. Une ligne de force merveilleusement épurée, des notes parfaites et de flamboyantes arabesques. Un dialogue extatique entre le chant profond des cors et la plainte gracile de la clarinette, le choeur majestueux des hautbois et la tessiture presque humaine des violoncelles. Une coloration musicale très wagnérienne, grandiose et passionnée. Mais qui ira m’accuser de plagiat? Je veux une amplitude énorme pour cette invitation à l’élévation. Oh, il ne faut pas que je laisse échapper le thème secondaire qui embellira la flèche étincelante de ma fière cathédrale. Cela vient, cela vient... presque trop vite! Laissez-moi le temps d’écrire bon sang... je peux voir les archets qui dansent sur les cordes et la baguette du maestro qui scande le tempo. Les pages noircies de notes pleuvent sur le précieux tapis d’Iran. Un crayon dans une main, l’autre explorant le clavier, je suis Richard, je suis Ludwig. La malédiction de la neuvième symphonie ne frappera pas, je serai mort bien avant. Hélas, ne suis-je pas plutôt Mozart attendant fébrilement le Commandeur?

Je suis brusquement tiré de ma rêverie par des coups sourds frappés à la porte. Parvenir ici n’est pas une mince performance. Certaines parties de l’ascension réclament une technique éprouvée. Il faut une sacrée condition physique et une volonté d’airain. Un autre coup résonne. Pas de panique, seul un tank réussirait à enfoncer la lourde porte. Et comment un tank monterait ici? Je me précipite dans l’escalier. Le volet de la chambre d’aile dispose d’une petite ouverture qui offre un angle de vue stratégique sur le parvis d’entrée. Il permet aussi de passer le canon d'un fusil. Mais il n’y a aucun char, juste une silhouette féminine qui se tient à deux pas de la porte. Je me trompe rarement. Les vêtements de montagne m’empêchent d’en voir beaucoup plus. Je n’ai pas prévu ça. Les femmes, j’ai suffisamment donné. Ma dernière compagne doit être assise quelque part sur la banquise. Jeu de mots privé. Je suis revenu de tout ça. Les ténèbres sont là alors à quoi bon? Est-elle jolie? Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ça. Est-ce un signe du destin, une opportunité de faire semblant que tout peut être différent?

Je scrute les alentours. Elle n’est peut-être pas seule, ses comparses attendant cachés. Je ne vois pourtant personne assez près pour profiter de l’occasion. Comme si elle devine que je l’observe, elle tourne son visage dans ma direction. Le soleil, se faufilant entre deux nuages, l’enveloppe soudain d’une lumière mordorée. Elle se tient là comme une apparition surnaturelle. Son beau visage se détache avec précision, grave et fatigué. Un visage aux traits réguliers. Elle attend, sa poitrine se soulevant doucement, les mains serrant les sangles d’un sac à dos de randonnée. Quelques boucles indisciplinées de cheveux sombres dépassent d’un bonnet de laine aux motifs andins. Elle semble agile et déterminée et ne présente aucun signe extérieur d’infection. Irrationnellement, ma décision est prise. Je redescends.

J’ouvre la porte. Elle est bien là. Ce n’est pas une illusion. Elle ne fait pas un geste. Elle est redevenue humaine et fragile, prête à se briser. Elle tremble encore des efforts qu’elle a dû fournir durant l’ascension. Elle trouve néanmoins la force de sourire et me dit d’une voix très musicale :

« Je m’appelle Natalie et je suis exténuée. Voulez-vous bien me laisser entrer quelques instants?»

J’ai préparé un thé bouillant accompagné de quelques biscuits anglais. Elle est restée assise tout le temps au bord du canapé rouge. Elle a posé son grand sac pas très loin d’elle. Elle a délacé ses grosses chaussures de montagne et se masse doucement les chevilles. Elle a tiré ses cheveux en arrière et les a noués avec un élastique. Elle se détend peu à peu. Nous avons échangé quelques mots à peine. Des banalités tout au plus, chacun rassemblant ses forces et son courage. C’est dur de rétablir des liens sociaux dans de telles circonstances. J’ai noté la fine cicatrice qui naît dans son cou et se perd sous le sweat-shirt.

Je lui tends une tasse. Elle la reçoit presque religieusement, ses deux mains formant une coupelle attentionnée. Elle souffle un peu sur le liquide brûlant puis le porte doucement à ses lèvres. Je n’avais pas remarqué qu’elles étaient si bien dessinées, ni trop fines ni trop charnues. Appelant le baiser. Elle soupire en fermant les yeux.

« Cela faisait longtemps ! » dit-elle en se calant cette fois-ci confortablement dans le canapé.
« C’est comment en bas ? » Ma question a fusé hors de mon contrôle, ma curiosité à bout.
« Pire encore que vous l’imaginez ! » Elle reprend une autre gorgée, la savourant longtemps. Elle a dit ça sans effet dramatique. Une simple info. Rien d’affectif.

Je change d’angle d’approche.

« L’ascension n’est pas évidente, vous devez être une alpiniste chevronnée. »
« Mon oncle m’emmenait avec lui dans ses courses quand j’étais adolescente. C’était un guide de haute montagne. Il m’a appris quelques techniques. Par contre, les trois devant la grille n’avaient pas l’air très en forme. »
« Juste les derniers passagers clandestins du téléphérique. Après eux, j’ai tout débranché et je n’ai pas eu d’autres importuns.» J’ai plongé mes lèvres dans le thé, ce souvenir m’embarrasse.
« Jusqu’à moi! » dit-elle en souriant.
« Jusqu’à vous en effet! Mais je ne crois pas que vous vouliez me tuer. Alors, sauf si c’est indiscret, pourquoi avez-vous entrepris de grimper jusqu'ici? »

Elle ne répond pas immédiatement. Elle se contente de me fixer de ses yeux couleur noisette. Le temps a suspendu son vol. Cette image n’a jamais eu de meilleure illustration.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-05-14 15:58:45 

 WA n° 37, participationDétails
Texte n°1 : principal + subalterne


Le grenier était silencieux. Le soleil de l’après-midi jetait par les deux lucarnes en façade des rayons de miel où jouaient quelques grains de poussière malicieuse. Belzé somnolait, les yeux mi-clos, couché en sphinx sur le coffre aux grimoires. Méphi guettait depuis le matin le mulot imprudent qui avait eu l’audace de s’aventurer dans son domaine, et qui maintenant, tapi entre le mur et le coffre aux habits,
attendait un miracle. Lulu, le plus jeune, devait vagabonder dans la maison ou chasser sur les terres, toujours en quête d’une nouveauté. Les araignées immobiles rêvaient, sur leur toile, à un improbable repas. Depuis le retour des hirondelles, un couple qui avait là son nid et ses habitudes, il était rare d’entendre une mouche voler.
En bas dans la cour envahie d’herbes folles, la Laguna de l’agent immobilier se gara près de la maison, suivie par un élégant 4 x 4 gris métallisé. La porte grinça. Les pas des deux hommes résonnèrent sur le vieux carrelage. Une fenêtre s’ouvrit, tandis que la voix du professionnel récitait son immuable couplet.
« C’est une demeure tout à fait authentique, monsieur... Elle a juste besoin d’être un peu rafraîchie, elle est inhabitée depuis quelque temps...
- C’est pratiquement une ruine », remarqua le client d’un ton acerbe.
- Ah non ! Ce sont des murs en pierre, monsieur, ils sont absolument intacts... Les fenêtres ferment... et je suis même sûr que la cheminée tire ! »
Un chat sauta de la vieille armoire en hurlant de rage et s’enfuit par la porte ouverte.
« Euh... Oui... Remarquez, ça évite les rats... Donc après la grande pièce et sa cheminée d’époque, deux chambres, très spacieuses, hein, on n’a plus ça de nos jours... Vous pouvez facilement les cloisonner... Et une petite pièce, qui donne sur l’ancienne étable et qui peut servir de réserve, ou de buanderie, ou de dressing...
- Pas d’électricité ni d’eau courante ?
- Ah, c’est d’époque, monsieur ! Une cheminée, des bougies, un puits... »
Il y eut un silence.
« Mais la route n’est qu’à cinq cent mètres, on peut facilement tirer...
- Et la toiture est à refaire, je suppose ?
- Oh non ! Elle est parfaite ! Les gens savaient travailler, autrefois ! Mais... si vous voulez vérifier... Il y a une trappe dans la buanderie, je vous tiens l’échelle. Vous m’excuserez, je suis allergique à la poussière... Une torche ? »
Des pas lourds firent grincer l’échelle.
Dame Amata épousseta les manches de sa robe autrefois noire, et prépara sa plus affreuse grimace dans le fragment de miroir qui avait survécu à deux siècles d’abandon. L’homme grommela en posant le pied sur le plancher sain, mais poussiéreux. Sa lampe balaya largement le grenier, assez haut de plafond pour être aménagé. Il n’eut pas le temps d’inspecter les poutres et les chevrons. Un spectre noir, probablement sorti de l’enfer, tendit vers lui ses mains décharnées avec un sourire sardonique et hideux.
L’homme n’avait pas froid aux yeux.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? Un épouvantail ?
- Comment oses-tu », hurla dans sa tête une voix frémissante de colère, « comment oses-tu, impudent mortel, insulter la Dame de céans ? Disparais de ma vue, ou je te... »
L’apparition tendit le bras comme pour jeter un sort. L’homme pâlit, recula, et se précipita vers l’échelle qu’il descendit plus vite qu’il ne l’avait montée.
« Ca va, monsieur ?
- Oui », dit l’autre, le souffle encore court. « Mais... non, vraiment, sans façons... J’ai eu comme... un pressentiment... Allons-nous en ! »
Dame Amata regarda par une lucarne les deux voitures faire demi tour et s’éloigner sur le chemin. Elle s’assit dans son fantôme de fauteuil, et Belzé, le plus vieux des chats et le plus sage, vint s’installer dans son giron.
« Cinq minutes, mon chéri, et puis je m’y remets. Ces humains sont insupportables ! Une visite tous les trois ans, tu te rends compte ! Comment je peux travailler en paix si je suis sans cesse dérangée ? Il faut quand même que je trouve le moyen de mourir pour de bon ! »



Texte n°2 : 2 personnages principaux


Le grenier était silencieux. Le soleil de l’après-midi jetait par les deux lucarnes en façade des rayons de miel où jouaient quelques grains de poussière malicieuse. Belzé somnolait, les yeux mi-clos, couché en sphinx sur le coffre aux grimoires. Méphi guettait depuis le matin le mulot imprudent qui avait eu l’audace de s’aventurer dans son domaine, et qui maintenant, tapi entre le mur et le coffre aux habits,
attendait un miracle. Lulu, le plus jeune, devait vagabonder dans la maison ou chasser sur les terres, toujours en quête d’une nouveauté. Les araignées immobiles rêvaient, sur leur toile, à un improbable repas. Depuis le retour des hirondelles, un couple qui avait là son nid et ses habitudes, il était rare d’entendre une mouche voler.
En bas dans la cour envahie d’herbes folles, la Laguna de l’agent immobilier se gara sur le côté de la maison, suivie par un break Ford qui avait dû traverser plusieurs guerres. L’homme qui en descendit, sorte d’asperge hirsute à la tignasse blonde et frisée, sortit une torche du coffre, entre des vieilles bottes en caoutchouc, un sac de croquettes et une paire de patins à roulettes rose fluo.
La porte grinça. Les pas de l’agent immobilier résonnèrent sur le vieux carrelage. L’autre portait des chaussures de sport, silencieuses. Il était vêtu comme un adolescent, avec un T-shirt rouge et bleu et des jeans usés. Une fenêtre s’ouvrit, tandis que la voix du professionnel récitait son immuable couplet.
« Alors voilà, monsieur Batel, c’est une demeure tout à fait authentique... Elle a juste besoin d’être un peu rafraîchie, elle est inhabitée depuis quelque temps...
- Depuis combien de siècles ? », sourit l’autre.
- « Mais je ... Ceci dit, les murs sont en pierre, les fenêtres ferment, et je suis sûr que la cheminée tire ! »
Un chat sauta de la vieille armoire en hurlant de rage et s’enfuit par la porte ouverte.
« Euh... Oui... Remarquez, ça évite les rats... Donc après la grande pièce et sa cheminée d’époque, deux chambres, hein, très spacieuses, on n’a plus ça de nos jours... Vous pouvez facilement les cloisonner... Et une petite pièce, qui donne sur l’ancienne étable, et qui peut servir de réserve, de buanderie, ou de dressing...
- Pas d’électricité ni d’eau courante ?
- Ah, c’est d’époque, monsieur Batel ! Une cheminée, des bougies, un puits... »
Il y eut un silence.
« Mais la route n’est qu’à cinq cent mètres, on peut facilement tirer...
- Et la toiture ?
- Oh, elle est parfaite ! Les gens savaient travailler, autrefois ! Mais si vous voulez vérifier... Il y a une trappe dans la buanderie, je vous tiens l’échelle. Vous m’excuserez, je suis allergique à la poussière... Ah, je vois que vous avez une torche... »
Des pas agiles firent grincer l’échelle. Dame Amata épousseta les manches de sa robe autrefois noire, et prépara sa plus affreuse grimace dans le fragment de miroir qui avait survécu à deux siècles d’abandon. La tête hirsute apparut, puis l’homme posa le pied sur le plancher sain mais poussiéreux. Sa lampe balaya largement le grenier, haut de plafond, sans doute l’ancienne grange. Il n’eut pas le temps d’inspecter les poutres et les chevrons. Un spectre vêtu de noir, parfaitement authentique, tendit vers lui ses mains décharnées avec un sourire sardonique et remarquablement hideux.
L’homme marqua un temps d’arrêt.
« Ouahou... » murmura-t-il.
_ « Je suis la Dame de céans », déclara dans sa tête une voix solennelle. « Et tu me déranges ! »
L’apparition tendit le bras comme pour jeter un sort.
L’homme sourit.
« C’est fantastique... Un fantôme, un vrai fantôme... »
L’apparition, interloquée, baissa le bras.
« Et de quoi j’ai l’air, sinon, espèce d’impudent stupide et analphabète ?
- Pardon, je ne voulais pas vous froisser ! C’est juste... tellement inattendu ! Je suis vraiment très heureux de vous rencontrer !
- Ca va, monsieur Batel ? », cria d’en bas l’agent immobilier.
- Très bien, très bien... Tiens, soyez aimable, allez me chercher mon appareil photo dans la voiture... »
Il sourit au fantôme comme un enfant espiègle.
« Il n’est pas près de le trouver, je ne l’ai pas amené... Mais je voulais être un peu seul avec vous. Ca fait longtemps que vous vivez ici ? »
Dame Amata se drapa dans sa majesté surannée ; depuis le temps que sa maison, échue à la Mairie à défaut d’héritier, avait été mise en vente, pareille situation ne s’était jamais produite !
« Je suis ici chez moi », répéta-t-elle, « et je vous somme de partir !
- Certes... Mais la maison est grande... et vous êtes un Esprit... Si je l’achetais, nous pourrions nous tenir compagnie, sans pour autant nous déranger... Et puis je pourrais écrire votre histoire, je suis écrivain. Vous pourriez être célèbre !
- Je n’ai que faire de...
- Quel est votre nom ?
- Je suis Dame Amata, je suis une sorcière, et je vous maudis ! », hurla le spectre dans la tête de l’homme en disparaissant dans un tourbillon de poussière.
- « Une sorcière ! », murmura l’homme émerveillé. « Quelle chance ! »



« Ah vous ne l’avez pas trouvé ? Quel dommage... J’ai dû l’oublier... Nous pouvons signer quand ? »
L’agent immobilier manqua de s’étouffer.
« Mais nous... Mais je... Mais bien sûr... Lundi 14 heures ?
- Lundi, pas de problème. Je vous en offre 75 000.
- Mais... Elle est en vente à 150 ! Il y a un hectare de terrain et...
- Et elle est en vente depuis plus d’un siècle, je me trompe ? Une ancienne maison de sorcière, ça n’a pas bonne presse dans les environs... Elle est peut-être hantée, qui plus est... Il faudra que je me renseigne au village...
- Mais quelle drôle d’idée... Mais non... Je pourrais faire un petit effort, mais monsieur le Maire...
- Allez, si mes prochains romans se vendent aussi bien que les précédents, ça fera de la publicité pour toute la région ! Et je vous promets de vous inclure dans les remerciements...
- Ah ? Ah ! Alors... »


« Batel, Batel », maugréa Dame Amata en retournant les cartes de son jeu de tarot fantomatique. « C’est lui ! Malédiction ! Crapaud borgne ! Bave d’escargot ! Il est dans tous mes jeux depuis deux cents ans, le Bateleur ! C’était écrit ! Damnation ! Que vais-je faire ? »
Assise sur le spectre de son fauteuil en osier devant une illusion de table, elle caressa machinalement Belzé, le plus vieux des chats, qui était venu se nicher dans son giron.
« Cinq minutes, mon chéri, et puis je m’y remets. Ces humains sont insupportables ! Cette fois, le temps presse : il faut absolument que je trouve le moyen de mourir pour de bon ! »
Narwa Roquen, sorcière for ever

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-05-15 17:31:30 

 Commentaire Maedhros, exercice n°37Détails
Dans une ambiance d’apocalypse, quand deux survivants se rencontrent, ils prennent le thé ! C’est totalement surréaliste ! Et très accrocheur...
C’est un peu dommage que tu n’aies pas voulu jouer. Pisque c’est comme ça, je jouerai toute seule, na !
Encore un texte bien noir, avec un luxe de détails très réalistes. Bon. L’idée du virus qui touche à la fois l’humain et la machine est très séduisante. La création d’un monde en musique aussi. Après la photographie, la peinture, l’histoire, le maquillage, la musique moderne, voilà maintenant le Maedhros symphonique ! A quant la cuisine, l’architecture, la danse ? Tu ne cesses de m’étonner par la multiplicité de tes talents. Ca me rappelle un type qui disait « la vie est un cadeau ». Il s’appelait Jarod, je crois.
Trèfle de plaisanterie, voilà un texte excellent dont il me tarde de lire la suite.
Juste deux détails :
- « s’éteignirent » et « tombèrent » se sentent vraiment très seuls dans un texte au présent/passé composé...
- la première phrase du prologue me semble un peu en contradiction avec la suite: "Je me suis fait le plus petit possible, le plus invisible." Mais peut-être y aura-t-il une explication plus tard?
Stephen King n’a qu’à bien se tenir, la relève se profile...
Narwa Roquen,jouer, toujours jouer...

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-05-15 19:57:44 

 WA n°37, ParticipationDétails
Version 1:

Dans le contre-jour déjà moite de ce petit matin de décembre, la silhouette masculine, deux jambes sèches plantées dans des chaussures de randonnée poussiéreuses, surmontées d'un volumineux sac à dos, poussa la porte abîmée du petit commerce. Au son de la clochette répondit une voix ronde et tonique dans l'arrière-boutique. Le lourd sac de randonnée cogna lourdement sur le parquet usé, et la patronne apparut derrière le comptoir.
"Bonjour, bienvenue! Instal a ou, mi lé a ou dans un instan!"

L'homme se laissa tomber sur un tabouret, remercia à mi-voix et ses yeux retournèrent se perdre sur le plancher. Il inspira l'air plus frais de la pièce, posa un coude sur le bar et frotta longuement son visage émacié. Il avait trente-sept ans, mais en paraissait dix de plus. Ses cheveux roux étaient en désordre, sa barbe de plusieurs jours, rêche et fournie, mêlait poussière et transpiration, et sous ses yeux pâles, les mêmes que son père, deux poches sombres s'étaient creusées. Les brûlures du soleil tropical accentuaient sa mauvaise mine, et il avait l'air perdu de ceux qui cherchent leur place sans la trouver. Son corps lui faisait mal. Les muscles de ses jambes et de son dos lui rappelaient à chaque geste que cette place n'était pas ici, ni sur l'un des sentiers de l'île, dans aucun champ de canne, au coeur d'aucune des forêts traversées, ni au fond de la rivière des Galets ni au sommet du Maïdo, ni dans la plaine des Cafres, ni sur les bords du volcan. Mais marcher, pour le moment, était ce qu'il avait trouvé de mieux pour se prouver qu'il vivait encore. Il plongea la main dans le fond de sa poche, et effleura la bague. Anna le suivait même ici, et elle le suivrait où qu'il aille.

Après de longues minutes, la gérante s'approcha de Yann tout en relevant ses longs cheveux noirs dans une pince de bois:
"Alors, mi sers à ou un ti kafé?"
Ses "r" arrondis et son sourire immense étaient les marques des gens d'ici. Son regard amusé sur Yann lui signifiait par contre qu'il avait tout, lui, du métropolitain, mal préparé et surpris par l'intensité de l'île.
"Oui, s'il vous plaît.
- Ca même alors, mi rode a ou un ti kafé péi, lé bon pou le moral!"
Elle souriait toujours et le regardait fixement.
"I change de Paris a ter là hein?
- Bretagne. Je suis breton.
- Ouh, la Bretagne! Trop froid pou moin, rit-elle. Tèr là soleil i pouake, ou devrais faire un compte ek li.
- Merci."
Yann avala son café d'une traite. La femme avait une cinquantaine d'années, des formes généreuses et gracieuses, et un visage harmonieux au teint mat. Son sourire disparut enfin et elle le regarda d'un air grave:
"Mi conné pa out histoire, mais un zoli marmaille com ou ki sort son ti ciel gris pou nir pleré dan nout pays trois jou avant Noël... i ressemb pas un boug en vakans."
Yann leva ses yeux rougis sur la tenancière. Il aurait pu répondre que c'était la poussière des chemins, ou juste la fatigue, mais il n'avait plus la force de mentir. Elle marqua un silence, puis ajouta un peu plus bas:
"Si out zamb gagn pi porté tant de pèn, na inpé de place ici...
- Je... Merci pour le café."
Yann se leva, et tout son corps courbaturé le supplia de rester. Mais affronter la bienveillance locale était plus douloureux encore que de reprendre sa marche. Il posa un billet sur le comptoir, rechargea sur son dos son matériel, et replongea dans la chaleur étouffante des Hauts, sans plus entendre la voix de la femme qui le saluait sûrement.

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Version 2:

Dans le contre-jour déjà moite de ce petit matin de décembre, la silhouette masculine, deux jambes sèches plantées dans des chaussures de randonnée poussiéreuses, surmontées d'un volumineux sac à dos, poussa la porte abîmée du petit commerce. Au son de la clochette répondit une voix venant de l'arrière-boutique, une voix de femme grave et chaude, ronde et tonique à la fois. La voix se rapprocha, faisant apparaître sa propriétaire, une femme d'une cinquantaine d'années aux formes généreuses:
"Bonjour, bienvenue! Instal a ou, mi lé a ou dans un instan!"
L'homme se laissa tomber sur un tabouret, son lourd sac de randonnée abandonné sur le parquet usé. Il remercia à mi-voix et son regard retourna sur le plancher. Un plancher ancien mais bien entretenu, gonflé de chaleur et transpirant une douce odeur de cire. Yann inspira l'air plus frais de la pièce, posa un coude sur le bar et frotta longuement son visage émacié. Il avait trente-sept ans, mais en paraissait dix de plus. Ses cheveux roux étaient en désordre, sa barbe de plusieurs jours, rêche et fournie, mêlait poussière et transpiration, et sous ses yeux pâles, les mêmes que son père, deux poches sombres s'étaient creusées. Les brûlures du soleil tropical accentuaient sa mauvaise mine, et il avait l'air perdu de ceux qui cherchent leur place sans la trouver. Il était beau garçon, mais bien plus jeune qu'elle, pensa la femme en le regardant du coin de l'oeil.
Yann soupira. Son corps lui faisait mal. Les muscles de ses jambes et de son dos lui rappelaient à chaque geste que sa place n'était pas ici, ni sur l'un des sentiers de l'île, dans aucun champ de canne, au coeur d'aucune des forêts traversées, ni au fond de la rivière des Galets ni au sommet du Maïdo, ni dans la plaine des Cafres, ni sur les bords du volcan. Mais marcher, pour le moment, était ce qu'il avait trouvé de mieux pour se prouver qu'il vivait encore. Il plongea la main dans le fond de sa poche, et effleura la bague. Anna le suivait même ici, et elle le suivrait où qu'il aille. Il sentit le regard de la gérante se poser sur lui et lâcha la bague précipitamment, comme un enfant pris en faute. Elle releva ses longs cheveux lisses noir de jais dans une pince de bois clair, sans le quitter du regard. Durant un court instant, elle lui rappela sa mère, avec ses rondeurs et cette même impudeur lorsqu'elle s'apprêtait. Mais le ton chaleureux chassa cette pensée:
"Alors, mi sers à ou un ti kafé?"
Ses "r" arrondis et son sourire immense étaient les marques des gens d'ici. Son regard amusé sur lui signifiait à Yann qu'il avait par contre, lui, tout du métropolitain, mal préparé et surpris par l'intensité de l'île. Il se sentit gêné par ce regard attendri posé sur lui, et répondit très vite:
"Oui, s'il vous plaît.
- Ca même alors, mi rode a ou un ti kafé péi, lé bon pou le moral!"
Elle souriait toujours et le regardait fixement.
"I change de Paris a ter là hein?
- Bretagne. Je suis breton.
- Ouh, la Bretagne! Trop froid pou moin, rit-elle. Tèr là soleil i pouake, ou devrais faire un compte ek li.
- Merci."
Yann se sentit intimidé, ce qui le mit plus encore mal à l'aise. Elle avait un visage fier et harmonieux, des sourcils épais et bien dessinés, la peau mate et les lèvres pleines. Une voix sûre, vive mais apaisante, et une grâce naturelle et sereine. Certainement un caractère fort mais un bon coeur, supposa-t-il entre deux pensées lointaines. Il avala son café d'une traite, sûrement le café le plus serré qu'il eut jamais bu, et parcourut des yeux les paysages du cirque de Cilaos qui s'étendaient derrière la fenêtre, moins par désir de contemplation que pour éviter le regard de celle qui, une main sur le comptoir et l'autre sur la hanche, l'observait toujours avec intérêt. Son sourire disparut enfin et elle prononça d'un air grave:
"Mi conné pa out histoire, mais un zoli marmaille com ou ki sort son ti ciel gris pou nir pleré dan nout pays trois jou avant Noël... i ressemb pas un boug en vakans."
Yann sentit sa gorge se serrer et leva ses yeux rougis sur elle. Elle lui fit un sourire triste, à peine visible, très doucement. Ni curiosité ni pitié dans ce sourire-là, juste l'empathie d'une femme qui semblait le comprendre d'instinct, d'expérience aussi peut-être. Deux billes sombres pétillantes sous de longs cils bruns, une tendresse immense pour le monde entier, et probablement aussi, une trop grande solitude.
L'échange silencieux dura de longues secondes. Finalement, c'est elle qui baissa les yeux, et il sembla même à Yann qu'elle rougissait un peu.
"Si out zamb gagn pi porté tant de pèn, na inpé de place ici...
- Je... Merci pour le café.", répondit le vide en lui. Il se leva, alors que tout son corps le suppliait de rester. Mais affronter tant de bienveillance lui semblait plus douloureux encore que de reprendre sa marche. Il posa un billet sur le comptoir, rechargea sur son dos son matériel, et replongea dans la chaleur étouffante des Hauts. Avant que la porte ne se referme derrière lui, il entendit la voix ronde, comme un appel à l'aide, dire encore:
"Mi lé Clotilde..."

Plus tard, peut-être...


Elemm', ki appren koz kréol, ti lamp ti lamp...
Et merci à mon traducteur pro d'avoir corrigé mon créole de débutante!

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-05-17 09:41:38 

 Commentaire Elemmirë, exercice n°37Détails
Tu as parfaitement respecté la consigne ( mieux que moi !), puisque tu as réussi, à travers la même scène, à faire comprendre au lecteur que dans le premier texte la rencontre sera sans suite, alors que dans le second, la suite est probable, avec deux personnages sur un plan d’égalité. Pour cela tu as habilement étoffé la description du personnage n°2, tu l’as fait penser ( donc participer directement à l’histoire), tu l’as rendu plus présent, tu lui as donné un nom, et cela sans rien changer ni aux faits ni au dialogue.
C’est une idée originale que de situer l’intrigue à La Réunion. Le lecteur est alerté dès la première ligne par le rapprochement (incongru pour un continental) de ces deux mots « moite » et « décembre ». Tu campes la couleur locale avec les noms des sites et le parler créole, parfois tout juste compréhensible... Tu aurais pu mettre une phrase ou deux de description précise, pour prouver que tu connais bien ton sujet, ça t’aurait valu la complicité de ceux qui ont visité l’île, et l’admiration des autres...

Sur le 1° texte :
- une répétition : « le lourd sac de randonnée cogna lourdement »
- « ses yeux pâles, les mêmes que son père » : qu’est-ce que ça apporte ? Est-ce que le père jouera un rôle dans l’histoire ?
- Un petit problème de point de vue : entre « l’homme se laissa » et « sans la trouver », le regard est extérieur, c’est l’auteur qui parle. Puis entre « son corps lui faisait mal » et « où qu’il aille », c’est le héros qui, par un discours indirect, parle de ses sensations.Ca manque de transition. Tu as d’ailleurs corrigé ça spontanément dans le 2° texte, en intercalant juste à cet endroit (ce n’est pas le hasard, même si tu penses ne pas l’avoir fait exprès), une réflexion de la femme et « Yann soupira », qui indique le changement de point de vue.

Rien à corriger sur le 2° texte, à part un petit « eût » qui a égaré son accent.

Ce sont deux bons textes. La présentation des personnages est bien faite, l’ambiance bien posée, la distinction entre les deux possibilités est très claire. Tu en dis juste assez pour éveiller la curiosité du lecteur. Le deuil du héros est évoqué avec précision mais non sans pudeur, les petits détails (l’anneau, par exemple) , sont bien vus. Pari gagné, les personnages sont attachants, et le lecteur réclame la suite !
Narwa Roquen,ki koz pa kréol!

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shaana  Ecrire à shaana

2008-05-17 10:16:03 

 Première contribution à la WADétails
Ben, oui, je l'ai fait! En retard, comme d'habitude, mais bon l'important c'est de participer non ;-)

J'ai choisi de jouer sur deux points de vue différents pour faire comprendre au lecteur que les deux personnages auront un rôle essentiel dans l'histoire. Je ne suis vraiment pas sûre que c'était vraiment cela qu'il fallait faire mais qui ne tente rien ...

Allez, à vos commentaires!

VERSION 1

Krota se débarrassa de sa pelisse, la tendit à son neveu Seloïn et lui ordonna d'aller la ranger dans sa malle de voyage. Il avait trop chaud, certes, en ces premières journées de printemps, en haut de cette dune si éloignée de ses montagnes natales. Mais Krota désirait surtout être seul, seul seulement quelques instants pour pouvoir enlever le masque d'assurance qu'il se devait de porter depuis qu'il avait été choisi comme chef de l'Armée des Hommes.

Son regard balaya avec appréhension les Grandes Eaux qui lui faisaient face : pas le choix, s'ils voulaient arrêter à temps la horde des Orques qui déferlait sur les villages des plaines, traverser cette étendue d'eau était le chemin le plus court. Il avait bien entendu consulter le chaman, dans le secret espoir que les cartes dessinées par les Anciens dévoileraient un chemin plus aisé. Mais, non, le sage le lui avait maintes fois martelé : passer les Grandes Eaux les emmènerait directement au pied de la cité des Orques. Cela pourrait leur permettre de profiter de l'effet de surprise, et si les Anciens leur accordaient la victoire, de couper leurs troupes du centre de commandement. Oui , mais voilà, la tribu des Hommes ne savaient pas voyager sur les Grandes Eaux et ils faudraient négocier le passage avec les Ichtannes.

Leur village s'étendait aux pieds de Krota. Une vingtaine de huttes, tout au plus, faites de joncs tressés qui s'alignaient le long de la grève, la porte d'entrée tournée systématiquement vers la dune. De là où il se trouvait, Krota ne pouvait qu'apercevoir que de minces silhouettes allant et venant entre les huttes et les Grandes Eaux, certaines d'entre elles disparaissant pendant un temps interminable dans les entrailles de cette véritable muraille liquide.

Laissant à présent libre cours à son impatience, Krota donna plusieurs coups de pied rageurs dans le sable. Il savait fort bien que le Grand Conseil l'avait élu d'abord pour ses qualités guerrières, et aussi, bien plus naïvement, à cause de sa haute carcasse qui pourrait éventuellement intimider des Orques en furie. Mais Krota était loin d'être stupide : il savait aussi que sa plus grande faille résidait dans son sale caractère, son impétuosité, qui avait déjà été par le passé source d'erreurs, parfois fatales, pour ses compagnons d'armes. Krota avait appris le maniement de la hache, pas celui des mots qu'il fallait utiliser lors de négociations. Ainsi, il avait envoyé le chaman pour introduire leur requête auprès des Ichtannes, certain qu'il était que lui pourrait convaincre cette peuplade neutre de les transporter de l'autre côté des Grandes Eaux. Mais le soleil s'était déjà couché deux fois et le chaman n'était toujours pas revenu ...

Perdu dans ses sombres réflexions, Krota entendit à peine Seloïn le rejoindre. Ensemble et silencieux, ils attendirent. Le soleil s'apprêtait à se coucher pour la troisième fois quand un souffle rauque les sortirent de leur torpeur : le chaman escaladait la dune où ils se trouvaient, en s'aidant de son bâton de devin aussi bien que s'il se fût trouvé dans leurs montagnes.

-- "Krota, les Ichtannes veulent te voir à présent!"

La surprenante déclaration du chaman fit sursauter Krota qui interrogea sévèrement du regard le chaman. Celui-ci leva les épaules pour lui signifier que lui non plus ne connaissait pas la raison de cette convocation.

Sachant pertinemment que le destin des Hommes était soumis au bon vouloir des Ichtannes dans cette affaire, Krota n'hésita que très peu et, accompagné de son neveu, emboita le pas au chaman qui lui faisait signe de le suivre vers le village situé en contre-bas.

A mesure que les trois hommes s'approchaient, les Ichtannes disparaissaient en courant à l'intérieur des huttes. "Ils ont raison de rester neutres finalement", pensa un Krota dédaigneux, "ils feraient de piètres guerriers face aux Orques." Le chaman les conduisit à l'entrée d'une hutte que rien ne distinguait des autres. Krota se prit à remarquer qu'il prenait une profonde inspiration comme s'il était prêt à se lancer dans une bataille. Après tout, il en s'agissait bien là d'un combat à mener et l'enjeu était d'obtenir une faveur d'un peuple qu'il ne connaissait qu'à travers de légendes.

-- "Chaman, avant d'entrer, je voudrais que tu me dises si les histoires inscrites dans les livres des Anciens disent vrai : les Ichtannes peuvent-ils lire dans les pensées? Même si je n'ai rien à leur cacher, j'aimerais autant le savoir."

Le chaman baissa la tête, dessinant du bout de ses pieds des cercles dans le sable. Au bout d'un instant, il lâcha :

-- "Je pense, Krota, que tel est la vérité, ainsi que l'ont écrite les Anciens."

Le géant des montagnes avait la fâcheuse impression que le chaman lui cachait une information importante mais il n'avait guère le temps de le questionner davantage et ce fut d'un pas décidé qu'il courba sa haute stature pour rentrer dans la hutte.

Une douce pénombre baignait à l'intérieur. Il perçut enfin à l'autre bout de la pièce un groupe de personnes assises sur un monticule de ce qu'il lui semblait être un tas de ces herbes d'eau. Krota surmonta son dégoût devant ce concentré d'effluves marins mais il ne pouvait empêcher ses larges narines de renâcler, plus habituées qu'elles étaient au parfum subtil des délicates fleurs qui réussissaient à fleurir entre les rochers. L'un des Ichtannes se leva et lui fit signe de s'approcher, ce que Krota fit à pas mesurés pour ne pas incommoder davantage son estomac chaviré. Ses yeux s'étant peu à peu accoutumés à la semi-obscurité, Krotal put enfin découvrir à quoi ressemblait un Ichtanne.

Ce n'était pas un homme qui se présentait à lui, mais était-ce alors une femme? Krota n'en était pas vraiment sûr. Sa tunique rudimentaire tissée en mailles serrées empêchait Krota de se déterminer. Tout n'était que grâce dans cet être : ses membres délicats et fins, sa longue chevelure coulant à flots sur ses épaules, sa silhouette à la fois solide et gracile. Le manque de clarté lui jouait-il des tours, ou l'être qui se tenait devant lui avait-il une peau légèrement bleutée? Krota se rappelait l'autre nom que les légendes des Anciens donnait aux Ichtannes : les hommes-poissons. Tandis qu'il découvrait avidement chaque détail de cet étranger, le chef de guerre se surprenait à être à la fois intrigué et charmé par cette rencontre. Krota se décida enfin à lever le bras en signe de salut.

L'Ichtanne lui répondit sans hésitation, d'une voix mélodieuse mais trouble :

- "Bienvenue à toi, Krota!
- Vous ... vous connaissez notre langue ?
- Oui, votre chaman ... nous l'a apprise".

Krota se tourna vers son envoyé d'un air interrogateur : jusqu'à quel point les Ichtannes pouvaient-il lire dans les pensées ?

- "Il vous a sans doute aussi dit pourquoi nous sommes ici, que la huitième guerre avec la Horde des Orques du Nord a été lancée et que nous, les Hommes, avons besoin de vous.
- Nous sommes neutres, Krota, depuis des temps immémoriaux."

Krota se mordit la lèvre. Qu'avait donc fait ce stupide chaman depuis trois jours? Aucun accord n'avait-il donc été conclu? Dans ce cas, quelle était la raison de sa présence ici ? L'énervement commençait à le gagner. Se reconcentrer sur l'objectif. Krota se mit à regarder plus attentivement le visage triangulaire de l'Ichtanne. Des yeux verts le fixaient, tranquillement. Krota fut troublé : il négociait avec une femme!

Qui pouvait-elle bien être pour se permettre de parlementer avec lui? Leur reine? Le chamane des Ichtannes?

-- "Nous savons cela, mais passer les Grandes Eaux est vital pour nous." Krotal fit une pause. Il ne voyait pas d'autres alternatives. "Quel est votre prix?"
-- "Prix ?", répéta sans comprendre la gracieuse Ichtanne qui se tourna vers le chaman en quête silencieuse de plus d'informations.
-- "Krota, les Ichtannes ne connaissent pas les notions du commerce.", intervint le chaman. "Si je puis me permettre, utilisez plutôt le mot "échange".
-- "Echange, oui, troc". Et le visage lisse de l'Ichtanne se fendit d'un large sourire où apparaissaient des dents telles des perles.

"Par les Anciens, qu'est-ce qu'elle peut bien vouloir de nous ?" Krota se sentait de plus en plus mal à l'aise : il se sentait vulnérable, beaucoup trop à découvert pour un guerrier tel que lui. Si l'Ichtanne pouvait bel et bien lire dans ses pensées, elle aura découvert que Krota portait constamment le masque de l'assurance pour dissimuler ses peurs et ses faiblesses.

Krota n'osait plus dire un mot, de peur que la tension contenue dans son coeur n'explose à la face de cet Ichtanne en paroles de colère. Il ouvrit juste les paumes de ses mains pour signifier à son interlocutrice qu'il attendait sa proposition.

-- Je voudrais aller vivre avec vous, avec la tribu des Hommes.

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VERSION 2

Séloïn dévalait en courant la dune comme un fou. Il aimait ce sable fin, cette chaleur, ce soleil qui brulait tant son pâle visage. Riant comme un enfant, il parvint essoufflé à la tente familiale.

"Par les Anciens, c'est vrai qu'il fait trop chaud!" et Séloïn rangea la pelisse de Krota, son oncle, dans leur malle de voyage comme ce dernier le lui avait ordonné. Puis, le coeur battant toujours comme un tambour lors d'une attaque, le jeune guerrier ressortit aussitôt et s'apprêtait déjà à remonter la dune au pas de course pour rejoindre le chef de l'Armée des Hommes quand la vue du tonneau d'eau le persuada de se rafraichir un moment. Séloïn but, se passa ensuite de l'eau sur la nuque, puis finit par plonger entièrement sa tignasse rousse dans l'eau fraiche.

Etait-ce l'effet de ces ablutions, la fatigue du voyage accumulée lors de ces dernières lunes ou les milliers de grains de sable qui s'obstinaient à rouler sous ses pieds mais Séloïn fut incapable de remonter la dune avec la même ardeur. Après tout, il avait tout son temps puisque cela faisait maintenant bientôt trois jours qu'ils attendaient le chaman.

Et Séloïn eut soudainement honte : son oncle n'aurait sans doute pas apprécié une attitude aussi désinvolte alors que la horde des Orques s'apprêtait à déferler sur les villages des plaines. Il devait se montrer digne et il repensa à ce héros qu'était son oncle, seul, au sommet de cette dune si éloignée de leurs montagnes natales. Krota était leur guide en ces temps troublés et lui n'était qu'un avorton à qui on avait donné une épée seulement parce qu'il était le neveu du grand Krota. Séloïn s'arrêta un instant pour considérer le sable qui engloutissait ses pieds : grimper ici était bien plus ardu que courir dans les moraines de sa contrée.

Il retrouva Krota dans la même position qu'il l'avait laissé et avec le même regard sombre et impénétrable. Voulant se donner une contenance, Séloïn balaya du regard les Grandes Eaux qui lui faisaient face : d'après le chaman, la tribu des Hommes n'avait guère le choix, s'ils voulaient arrêter à temps les Orques, traverser cette étendue d'eau était le chemin le plus court. Séloïn avait observé son oncle discuter longuement avec le vieux sage, il l'avait vu de loin s'emporter contre lui, sans vraiment en connaitre la raison. Il avait beau être le neveu du grand Krota, son seul héritier, le chef de guerre ne l'avait pas mis dans la confidence de ses plans. On murmurait dans les troupes que passer les Grandes Eaux les emmènerait directement au pied de la cité des Orques. Cela pourrait leur permettre de profiter de l'effet de surprise, et si les Anciens leur accordaient la victoire, de couper leurs troupes du centre de commandement. Oui , mais voilà, la tribu des Hommes ne savaient pas voyager sur les Grandes Eaux et ils faudraient négocier le passage avec les Ichtannes.

Leur village s'étendait à leurs pieds. Une vingtaine de huttes, tout au plus, faites de joncs tressés qui s'alignaient le long de la grève, la porte d'entrée tournée systématiquement vers la dune. Séloïn avait passé les deux dernières journées à observer, fasciné, les minces silhouettes qui allaient et venaient entre les huttes et les Grandes Eaux. Il savait que les Ichtannes étaient surnommés dans les écrits des Anciens "les hommes-poissons" et c'était bien ce qu'ils étaient puisqu'il voyait disparaitre certaines d'entre elles pendant un temps interminable dans les entrailles de ce crystal liquide. Il aurait tant voulu que Krota lui ordonne d'accompagner chaman parti pour introduire leur requête auprès des Ichtannes. Il aurait pu être d'une certaine utilité, protéger le vieillard si besoin était ... même si Séloïn avait conscience qu'il avait encore grand besoin de s'entrainer au maniement des armes. Qu'importe! Le jeune impétueux aurait donné sa dernière tunique propre pour aller explorer ce village peuplé d'êtres de légende.

Le soleil s'apprêtait à se coucher pour la troisième fois derrière la ligne de l'horizon quand un souffle rauque sortit Seloïn de ses réflexions : le chaman escaladait la dune où ils se trouvaient, en s'aidant de son bâton de devin aussi bien que s'il se fût trouvé dans leurs montagnes.

-- "Krota, les Ichtannes veulent te voir à présent!"

La déclaration inattendue du chaman fit danser le coeur du jeune Séloïn dans sa poitrine. Si Krota devait rencontrer les Ichtannes, son oncle devrait lui demander de l'accompagner : un chef de guerre se devait d'avoir au moins une suite, si minime et minable soit-elle, pour tenter d'en imposer à ce peuple inconnu. Séloïn attendait, plein d'espoir, et scrutait le visage de Krota qui interrogeait sévèrement du regard le chaman. Celui-ci finit par lever les épaules pour lui signifier que lui non plus ne connaissait pas la raison de cette convocation.

Tous savaient pertinemment que le destin des Hommes était soumis au bon vouloir des Ichtannes dans cette affaire. Et ce fut sur un signe de Krota, et à la plus grande joie de Séloïn, que les trois représentants de la tribu des Hommes se dirigèrent vers le village situé en contre-bas.

A mesure que les trois hommes s'approchaient, les Ichtannes disparaissaient en courant à l'intérieur des huttes. Séloïn qui pensait avoir enfin l'occasion de découvrir à quoi ressemblait un Ichtanne de près était un brin déçu. Mais voilà que le chaman les conduisait à grand pas vers l'entrée d'une hutte que rien ne distinguait des autres. Séloïn s'apprêtait déjà à pénétrer à l'intérieur quand Krota l'arrêta net, le teint un peu blême signe chez lui d'une tension extrême.

-- "Chaman", lança Krota,"avant d'entrer, je voudrais que tu me dises si les histoires inscrites dans les livres des Anciens disent vrai : les Ichtannes peuvent-ils lire dans les pensées? Même si je n'ai rien à leur cacher, j'aimerais autant le savoir."

Le chaman baissa la tête, dessinant du bout de ses pieds des cercles dans le sable. Au bout d'un instant, il lâcha :

-- "Je pense, Krota, que tel est la vérité, ainsi que l'ont écrite les Anciens."

Le géant des montagnes dévisagea longuement le chaman, beaucoup trop longuement pour un Séloïn qui trépignait d'impatience dans son for intérieur. Le voyage jusqu'aux Grande Eaux avait permis au jeune homme d'apprendre enfin ce qu'il y avait au-delà de ses montagnes, lui, dont les longues conversations avec le chaman ne satisfaisaient plus depuis des années. Séloïn avait faim de découvertes concrètes, d'aventures, de rencontres avec d'autres êtres. Et il était ici sur cette grève, sur le point de faire la connaissance d'êtres de légendes alors pourquoi attendre davantage? Ce fut donc avec soulagement que Séloïn vit son oncle courber sa haute stature pour rentrer dans la hutte.

Une douce pénombre baignait à l'intérieur. A l'autre bout de la pièce, un groupe de personnes étaient assises sur un monticule de ce qu'il lui semblait être un tas de ces herbes d'eau. L'odeur était forte, inhabituelle pour Séloïn plus habitué qu'il était au parfum subtil des délicates fleurs qui réussissaient à fleurir entre les rochers. Tous ses sens étaient sollicités et ce concentré d'effluves marins semblait parvenir à lui comme un signe de bienvenue. L'un des Ichtannes se leva et fit signe à Krota de s'approcher, ce qu'il fit à pas mesurés, attitude étrange pour cet hardi guerrier.

Ce n'était pas un homme qui se présentait, mais était-ce alors une femme? Il était difficile de le dire. Sa tunique rudimentaire tissée en mailles serrées empêchait Séloïn de se déterminer. Tout n'était que grâce dans cet être : ses membres délicats et fins, sa longue chevelure coulant à flots sur ses épaules, sa silhouette à la fois solide et gracile. Sa peau légèrement bleutée miroitait doucement telle des écailles de poisson. Les hommes-poissons ... Séloïn comprenait et soudain, son regard croisa le regard vert de cette femme étrange, oui, il s'agissait bien d'une femme. Elle aussi découvrait avidement chaque détail de ses vêtements, de sa maigre silhouette, ses armes de guerrier-novice. Ses yeux en amande le balayaient de haut en bas, puis de bas en haut, ne semblant pas se fatiguer de cette exploration silencieuse.

Malheureusement, le charme de ce premier échange fut interrompu par Krota qui s'était enfin décidé à lever le bras en signe de salut.

L'Ichtanne lui répondit sans hésitation, d'une voix mélodieuse mais trouble :

- "Bienvenue à toi, Krota!
- Vous ... vous connaissez notre langue ?
- Oui, votre chaman ... nous l'a apprise".

Krota et Séloïn se tournèrent vers le vieillard avec la même interrogation muette : jusqu'à quel point les Ichtannes pouvaient-il lire dans les pensées ?

- "Il vous a sans doute aussi dit pourquoi nous sommes ici, que la huitième guerre avec la Horde des Orques du Nord a été lancée et que nous, les Hommes, avons besoin de vous.
- Nous sommes neutres, Krota, depuis des temps immémoriaux."

Séloïn vit Krota se mordre la lèvre. Il savait depuis sa tendre enfance ce que ce réflexe signifiait : l'énervement commençait à gagner son oncle. Il faut dire que Séloïn comprenait la raison d'un tel agacement. Krota savait manier la hache, pas celui des mots qu'il fallait utiliser lors de négociations. Le chaman avait été ainsi envoyé pour introduire leur requête auprès des Ichtannes, pour convaincre cette peuplade neutre de les transporter de l'autre côté des Grandes Eaux. Qu'avait donc fait ce stupide chaman depuis trois jours? Aucun accord n'avait-il donc été conclu? Dans ce cas, quelle était la raison de leur présence ici ?

Le visage triangulaire de l'Ichtanne restait impassible. Séloïn aimait le calme qui régnait dans ces yeux verts si clairs. Pouvait-elle vraiment lire dans ses pensées ? Qu'il en soit ainsi. Etait-ce de la présomption de la part de Séloïn d'espérer qu'il pourrait un jour deviner ce qui ce cachait derrière cette énigme? Oui, de la présomption, certes, car pour se permettre de parlementer avec Krota, elle devait occuper une place importante chez les Ichtannes.

-- "Nous savons cela, mais passer les Grandes Eaux est vital pour nous." Krotal fit une pause. Puis, reprit "Quel est votre prix?"
-- "Prix ?", répéta sans comprendre la gracieuse Ichtanne qui se tourna vers le chaman en quête silencieuse de plus d'informations.
-- "Krota, les Ichtannes ne connaissent pas les notions du commerce.", intervint le chaman. "Si je puis me permettre, utilisez plutôt le mot "échange".
-- "Echange, oui, troc".

"Par les Anciens, qu'est-ce qu'elle peut bien vouloir de nous ?" Séloïn était de plus en plus intrigué, et ceci d'autant plus qu'il s'apercevait que l'Ichtanne lui jetait parfois des coups d'oeil furtifs. Que pouvait bien désirer ce peuple de légendes ? Apprendre par les pensées des autres ne leur suffisait donc pas ? Tout n'était donc pas à leur portée ?

-- Je voudrais aller vivre avec vous, avec la tribu des Hommes". Et le visage lisse de l'Ichtanne se fendit d'un large sourire où apparaissaient des dents telles des perles. "Je voudrais devenir l'une d'entre vous."
Shaana qui n'est pas fâchée contre Narwa Roquen

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-05-18 16:41:08 

 L'auberge espagnole...Détails
Sur le respect de la consigne, il n’y a rien à dire. La fin du premier texte clôt la rencontre dans la meilleure tradition, l’apparition faisant fuir irrémédiablement l’acheteur potentiel. La variation introduite dans le second texte promet une suite échevelée entre la sorcière et le bateleur.

Sur la forme, les noms sont bien choisis, les diminutifs des trois chats tous en rapport avec le maître de l’enfer, le nom de l’acheteur, emprunté au tarot de Marseille. Le recours à la maison hantée est astucieux et le personnage du vendeur de biens est un élément drolatique bien vu. Les dialogues sont, comme à l’habitude, savoureux et rythment allègrement le récit.

Sur le fond, la confrontation entre la sorcière et le bateleur est prometteuse. Le bateleur est un arcane majeur, le premier arcane. Il symbolise donc la première étape et représente le début du parcours. C'est un personnage qui au moyen age faisait des tours d'adresse, de magie, mais aussi des tours de force. Il sera forcément un adversaire à la hauteur de la sorcière Amata. Tiens, celle-ci n’attendrait-elle pas son bien-aimé par hasard?


M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-05-18 18:29:20 

 A une dame créoleDétails
La consigne est respectée habilement car finalement la fin est la même dans les deux textes à ceci près que le deuxième se termine par un prénom féminin, ce qui appelle forcément une suite contrairement au premier dans lequel rien n’atteint véritablement le personnage masculin.

La forme est condensée, avec quelques précisions qui permettent d’identifier où se déroule l’action. L’emploi du créole participe au décalage qui existe entre le métropolitain et l’îlienne en donnant une jolie couleur à la narration. D’ailleurs, à ce propos, j’ai compris le sens des phrases créoles par rapport au contexte mais certains termes ou tournures auraient peut-être mérité une assistance (un peu comme Narwa Roquen quand elle utilise le langage elfique). Les deux récits se terminent de la même façon et j’ai hâte de découvrir le moyen que tu vas utiliser pour les réunir à nouveau...Une petite remarque : sauf si tu l’as fait exprès, je trouve que le terme « anneau » serait plus approprié que « bague ». Les bagues sont plutôt réservées aux fiançailles non ?

Sur le fond, cette histoire est empreinte d’une mélancolie alanguie, Les deux personnages sont assez dissemblables, entre la mince pâleur du breton à la tignasse rousse et les rondeurs généreuses de la créole aux sombres cheveux, entre cet homme qui fuit un drame personnel et cette femme dont la stature accueillante renvoie une image maternelle, une image un peu altérée sans doute par une fragilité cachée. C’est un récit tout en retenue et en pudeur qui décrit en pointillé la rencontre improbable et inattendue (et aux antipodes) de deux êtres fragiles.

Au pays parfumé que le soleil caresse,
J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés
Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.


M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-05-18 19:08:20 

 Histoire de gondole...Détails
Tu as un petit peu malmené la consigne même si tu décris la rencontre d’un homme et d’une femme. Les deux textes semblent identiquement ouverts sur une suite attendue. Il me semble que ce qui distingue les 2 récits, c’est le point de vue du narrateur. Dans le premier, il s’agit de Krota, dans le second, de son neveu. Seul le niveau d’exigence de la femme diffère entre l'un et l'autre.

Sur la forme, il y a quelques tournures de phrases à revoir et quelques fautes d’orthographe, mais rien de rédhibitoire. Tu as bien investi cette histoire qui puise dans l’héroic-fantasy de bon aloi. Les orques, les hommes, les Ichtannes (d’ailleurs ce nom est particulièrement bien trouvé), le chaman, les grandes eaux, tous les éléments caractéristiques sont parfaitement décrits et rien de manque. Les personnages sont aussi bien choisis et tu les campes avec aisance : le caractère affirmé du chef, l’insouciance du jeune, le mystère de l’ichtanne... C’est une bien belle invitation à découvrir ce monde, structuré et vivant.

Sur le fond, l’histoire est intéressante. Le troc qui va devoir être mis en place est ingénieux. C’est simple et efficace. Le changement de point de vue entre les deux récits, à mon avis, semble déplacer le personnage masculin principal entre le 1er et le second récit, de Krota vers son neveu. Du coup, quel sera le récit qui méritera la suite ? J’ai l’impression que le style et le rythme sont plus vivants, plus alertes quand c’est le jeune homme qui est pris pour support.

J’attends la suite avec intérêt !

M

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-05-18 23:08:13 

 TraductionDétails
En effet, à force de fréquenter un réunionnais, et bien qu'il m'ait aidé à authentifier un peu mes répliques en créole, j'ai maintenant du mal à voir ce qui est compréhensible ou pas. Je vous propose donc ici une traduction du dialogue, les deux en bon français, et un petit dico des expressions utilisées. Tout ce qui n'est pas expression, c'est juste les mots français écrits "comme ça se prononce" (exemple: jambes = zamb), puisqu'il n'y a pas encore d'orthographe officielle du créole. J'espère que ça vous aidera (peut-être pour la suite, qui sait?!):

"Bonjour, bienvenue! Installez-vous, je suis à vous dans un instant!"
"Alors, je vous sers un petit café?"
"Oui, s'il vous plaît.
- Cela même alors, je vais vous chercher un petit café-pays, c'est bon pour le moral!"
Elle souriait toujours et le regardait fixement.
"Ca change de Paris ici hein?
- Bretagne. Je suis breton.
- Ouh, la Bretagne! Trop froid pour moi, rit-elle. Ici le soleil tape, vous devriez y faire attention.
- Merci."
"Je ne connais pas votre histoire, mais un joli garçon comme vous qui quitte son ciel gris pour venir pleurer dans notre île trois jours avant Noël... ça ressemble pas à un homme en vacances."
"Si vos jambes n'arrivent plus à porter tant de peine, il y a un peu de place ici...
- Je... Merci pour le café."
"Moi c'est Clotilde..."
ou = tu/vous
ça même = c'est ça
roder = chercher/aller chercher
ter là = ici
pouaker = brûler, piquer (pour le piment par exemple)
un marmaille = un garçon, un jeune homme
un boug = un homme
gagner = réussir à/parvenir

Quant à la bague, c'est bien une bague.... Mais l'histoire à venir n'est pas encore formée dans ma tête, j'espère que ça viendra assez vite, car si j'ai une idée du passé de Yann, je ne sais encore rien sur Clotilde! Si tu m'écoutes, Clotilde, coz inpé a moin, que je puisse continuer mon histoire! :)

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-05-20 16:37:17 

 Commentaire Shaana, exercice n°37Détails
Si la consigne avait été : décrivez la même scène avec deux points de vue différents, tu aurais fait un sans-faute. Mais la consigne était : écrire deux fois le début de l’histoire d’une rencontre, avec dans un cas un personnage principal et un subalterne, et dans l’autre deux personnages principaux.
Quoi qu’il en soit, tes deux points de vue sont plausibles et bien menés, avec un rythme différent qui s’accorde au caractère de chaque héros. La rencontre est bien décrite, et elle est prometteuse à souhait. Je trouve qu’il y a un petit déséquilibre entre tout ce qui précède la rencontre, et la rencontre elle-même ; en y regardant de plus près, ce n’est pas une question de nombre de lignes. Dans le début d’un roman, tu peux prendre ton temps ; dans le début d’une nouvelle, il faut frapper vite et fort. L’attention ne doit jamais se relâcher. Le détail de la pelisse, par exemple, n’est pas indispensable.
L’histoire qui se profile a l’air intéressante, le contexte est bien campé, les personnages minutieusement décrits ( peut-être trop). Le lecteur n’a plus grand-chose à faire, tu lui as mâché le travail. Heureusement, la femme-poisson reste mystérieuse, et sa requête, inattendue, vient à point pour exciter la curiosité.
J’ai envie de te dire : va droit au but ! Tu écris de l’héroic fantasy : donc pas trop de phrases, et beaucoup d’action. Dans une histoire romantique ce serait l’inverse. Et si tu mélanges les deux... bon, là je ne sais pas... Ca dépend... Tu vois, il faut sans arrêt se poser la question : je veux dire ça : comment je dois le dire ? Alors au début c’est pénible, parce qu’il faut penser à tout ; mais en travaillant, je te rassure, ça vient beaucoup plus vite !


Dans le détail, il y a quelques maladresses :
- « Krota ne pouvait qu’apercevoir que de minces silhouettes... ». Tu n’as droit qu’à un seul « que » : au choix : « ne pouvait apercevoir que » , ou « ne pouvait qu’apercevoir de minces silhouettes »
- « sale caractère » : trop familier pour de l’heroic fantasy !
- « la... déclaration du chaman... du regard du chaman... » : répétition trop proche
- « il en s’agissait bien là d’un combat... » : sans le « en »
- « à travers de légendes » : « à travers des légendes » ou « au travers de légendes » (mieux)
- « rentrer dans la hutte » : on rentre si on est d’abord sorti, sinon, on entre
- « pénombre baignait à l’intérieur » : sans « à »
- « de ce qu’il lui semblait être... » : l’impression est rapide, fugitive, ce n’est pas un état, donc « sembla ». Et « de ce qui lui sembla » est encore mieux
- « se reconcentrer sur l’objectif » : trop moderne pour l’heroic fantasy (tu as le droit de penser que j’exagère)
- « d’autres alternatives » : sans « s ». L’alternative, c’est l’autre des deux solutions (même racine que alternance, altérité...)
- « elle aura découvert... » : dans un texte au passé, le futur s’exprime par le conditionnel : « elle aurait »
- « lui dont les ...conversations... ne satisfaisaient plus » : « que », et pas « dont »
- « êtres de légendes ( idem pour peuples) : « êtres de légende »


Enfin quelques (rares, il est vrai) fautes d’orthographe :
-« la tribu des Hommes ne savaient pas » : « ne savait pas »
- « ils faudraient » : « il faudrait » ( ou ils devraient)
- « un souffle rauque les sortirent » : « les sortit »
- « tel est la vérité » : telle est la vérité
- crystal : cristal


Bon ! Cent fois sur le métier... Mais tu as une bonne imagination, tu t’exprimes avec facilité, et tu observes bien. Il te faut canaliser ton énergie, et ne jamais céder à la facilité. Je suis persuadée que tu en es capable ; déjà ce texte est en gros progrès par rapport aux précédents. Et puis cette histoire vaut vraiment la peine d’être domptée ! J’ai hâte de lire la suite...
Narwa Roquen,qui se demande si elle réussira à se faire détester...

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-05-22 18:27:47 

 Bien joué!Détails
Encore un début d'histoire qui donne envie de lire la suite!
J'aime bien le personnage de la sorcière, qui, comme souvent dans tes histoires, a du mal à se faire prendre au sérieux malgré toute la bonne volonté qu'elle y met. Pour ma part, j'avais compris à la consigne qu'il fallait que les personnages soient les mêmes, ce qui n'est pas exactement le cas ici (pour l'homme), mais c'est juste moi qui ai rajouté des difficultés!
Vivement le 38, alors, qu'on sache la suite :)

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-05-22 18:50:12 

 CommentaireDétails
Texte très intéressant, qu'on n'a pas envie de quitter en si bon chemin. J'ai également préféré la version vue par le jeune neveu, que j'ai trouvée plus "panoramique" (probablement parce que le neveu est plus observateur, quand le chef est fermé, concentré sur un seul point). Les quelques fautes ont été relevées, rien de très grave. Le nom du chef m'a paru étrange, et il s'appelle parfois KrotaL dans le 1er texte: est-ce une correction tardive avec quelques oublis? De même, le neveu prend parfois un accent aigu, parfois pas. C'est gênant car le nom d'un personnage, c'est important! Mais tu corrigeras ça dans la suite, j'en suis sûre :)
Je me demande bien ce qui peut pousser quelqu'un qui se dit neutre depuis la nuit des temps, à vouloir appartenir à l'un des peuples du conflit. Ne va-t-elle pas s'attirer les foudres de son peuple? Et des Orques? C'est un peu suicidaire comme idée, qu'est-ce qu'elle a derrière la tête pour ne rien craindre comme ça?

Mh, vivement la suite!!

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-08-05 16:11:35 

 Exercice 37 : Shaana => CommentaireDétails
Nous voilà face à un méd’fan’ bien sympathique, mettant en scène un choc culturel entre deux tribus. Le style est vivant malgré quelques fautes d’orthographe et maladresses. Manquerait je trouve une description physique des personnages montagnards. On sait que le gamin est roux et Krota grand mais rien de plus, si je ne m'abuse. Tu n’as pas respecté la consigne mais c’est pas grave. Ca devient un exercice sur les points de vue.
Les deux textes sont proches, trop parfois, avec des parties copiées/collées. Cependant, tu marques bien la différence de personnalités entre Krota, blasé, nerveux et sérieux et le gamin, plein d’un enthousiaste pétaradant. Leur réaction face au tas d’algues est à ce titre significative. Le Krota pessimiste trouve que ça pue tandis que le gamin y voit un signe de bienvenue dans un nouveau monde excitant. Les deux ont en commun un certain mépris pour le shaman, celui des guerriers pour le mystique ?
Bien vu le rebondissement de la fin qui donne envie de connaître la suite.

Est', qui profite d'une journée calme.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-08-05 16:14:56 

 Exercice 37 : Elemm’ => CommentaireDétails
Oh oh, mais qu’est-ce que c’est que cette langue bizarre ??? Tiens, fait chaud en décembre ? Mais on est où ? Me voilà intriguée. Ah ouais d’accord. La Réunion ? C’est ça ? Heureusement que t’as mentionné le volcan. Mince alors, c’est chaud pour comprendre !! J’en rate un peu mais je comprends le plus gros. Mais ça fait super typique. Quand je lis ça, j’ai l’impression instantanée de marcher dans le sable. Et c’est super original. J’adore !! Sympa aussi la façon dont tu suggères l’histoire de Yann par petites touches subtiles.
OK, deuxième partie. Plus de détails sur la femme et son commerce, ainsi que quelques unes de ses impressions à elle. Bien vu, tout laisse entendre qu’il pourrait se passer quelque chose entre les deux personnages. Consigne respectée, je crois ! Une histoire qui sent bon le café chaud !

Est', qui profite d'une journée calme.

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-11 14:01:42 

 détailsDétails
"les ténèbres de rapprochent"

Que dire de plus que Narwa... que je suis immensément surpris que quelqu'un parvienne jusqu'à ce refuge. Je suis pressé de lire la suite :)

PS : j'ai lu Second Life, en serais-tu résident ?

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-11 14:44:21 

 joli texteDétails
Le premier client potentiel est tellement insignifiant qu'il n'a pas de nom ni de titre.
J'aurais bien aimé que l'agent immobilier ait un nom.

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-11 16:38:03 

 Histoire prometteuseDétails
On peut faire partie d'un peuple en essayant de rester le plus neutre (pacifiste) possible lors d'un conflit avec un autre peuple.

Dans la 2e histoire :
"Il savait que les Ichtannes étaient surnommés dans les écrits des Anciens "les hommes-poissons" et c'était bien ce qu'ils étaient puisqu'il voyait disparaitre certaines d'entre elles (les silhouettes mais ce n'est pas précisé cette fois-ci) pendant un temps interminable dans les entrailles de ce crystal liquide."

"jusqu'aux Grande Eaux"

Une autre ! Une autre !

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-02 10:01:40 

 Exercice 37 : Narwa => CommentaireDétails
Sympas, les noms des chats ! J’aime beaucoup la phrase : « Les araignées immobiles rêvaient, sur leur toile, à un improbable repas ». Je retrouve la plupart de tes thèmes de prédilection, peinture de la tranquillité bucolique, famille, chats, sorcière. Manquent un chien et un cheval.
J’ai trouvé la première scène avec Amata peu claire. Apparaît-elle dans le grenier ? S’y trouvait-elle déjà ?
Bien vu la distorsion du temps du fantôme qui se plaint qu’on la dérange tous les trois ans.
OK, deuxième texte : l’acheteur prend plus d’importance, il est décrit, il a un nom. Je trouve un peu bizarre sa réaction face au fantôme. Même s’il est émerveillé par la suite, ne devrait-il pas commencer par avoir peur ?
Originale, la maison hantée.

Est', en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-02 10:04:52 

 Exercice 37 : Maedhros => CommentaireDétails
Bien joué, le début sur les chapeaux de roue avec une scène bien dégueu qui donne le contexte. La description de l’apocalypse est précise et crédible.
En tant que biologiste et informaticienne, je ne vois pas du tout comment un virus pourrait s’attaquer à la fois à la chair et aux machines. On n’appelle virus les programmes informatiques néfastes que par analogie. Ce point devrait être précisé, je pense.
L’emploi de termes franglais m’a génée : « Le groupe a splitté », « sampler »... Ils déparent ton beau style.
Pas facile de décrire la musique par écrit mais tu y parviens.
Bel effet de style sur : « Je vomirai du sang, je pisserai du sang, je pleurerai du sang, je hurlerai du sang » avec la répétition qui amplifie l’effet dramatique et un crescendo de la souffrance.
L’ambiance est parfaitement rendue, sombre à souhait. De même la description de la frénésie créatrice qui s’empare du compositeur.
Une question : comment la fille sait-elle que la maison est habitée ? Elle n’est pas venue au hasard, si ?

Est', en pleine lecture.

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