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De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Mercredi 14 mai 2008 à 15:58:45
Texte n°1 : principal + subalterne


Le grenier était silencieux. Le soleil de l’après-midi jetait par les deux lucarnes en façade des rayons de miel où jouaient quelques grains de poussière malicieuse. Belzé somnolait, les yeux mi-clos, couché en sphinx sur le coffre aux grimoires. Méphi guettait depuis le matin le mulot imprudent qui avait eu l’audace de s’aventurer dans son domaine, et qui maintenant, tapi entre le mur et le coffre aux habits,
attendait un miracle. Lulu, le plus jeune, devait vagabonder dans la maison ou chasser sur les terres, toujours en quête d’une nouveauté. Les araignées immobiles rêvaient, sur leur toile, à un improbable repas. Depuis le retour des hirondelles, un couple qui avait là son nid et ses habitudes, il était rare d’entendre une mouche voler.
En bas dans la cour envahie d’herbes folles, la Laguna de l’agent immobilier se gara près de la maison, suivie par un élégant 4 x 4 gris métallisé. La porte grinça. Les pas des deux hommes résonnèrent sur le vieux carrelage. Une fenêtre s’ouvrit, tandis que la voix du professionnel récitait son immuable couplet.
« C’est une demeure tout à fait authentique, monsieur... Elle a juste besoin d’être un peu rafraîchie, elle est inhabitée depuis quelque temps...
- C’est pratiquement une ruine », remarqua le client d’un ton acerbe.
- Ah non ! Ce sont des murs en pierre, monsieur, ils sont absolument intacts... Les fenêtres ferment... et je suis même sûr que la cheminée tire ! »
Un chat sauta de la vieille armoire en hurlant de rage et s’enfuit par la porte ouverte.
« Euh... Oui... Remarquez, ça évite les rats... Donc après la grande pièce et sa cheminée d’époque, deux chambres, très spacieuses, hein, on n’a plus ça de nos jours... Vous pouvez facilement les cloisonner... Et une petite pièce, qui donne sur l’ancienne étable et qui peut servir de réserve, ou de buanderie, ou de dressing...
- Pas d’électricité ni d’eau courante ?
- Ah, c’est d’époque, monsieur ! Une cheminée, des bougies, un puits... »
Il y eut un silence.
« Mais la route n’est qu’à cinq cent mètres, on peut facilement tirer...
- Et la toiture est à refaire, je suppose ?
- Oh non ! Elle est parfaite ! Les gens savaient travailler, autrefois ! Mais... si vous voulez vérifier... Il y a une trappe dans la buanderie, je vous tiens l’échelle. Vous m’excuserez, je suis allergique à la poussière... Une torche ? »
Des pas lourds firent grincer l’échelle.
Dame Amata épousseta les manches de sa robe autrefois noire, et prépara sa plus affreuse grimace dans le fragment de miroir qui avait survécu à deux siècles d’abandon. L’homme grommela en posant le pied sur le plancher sain, mais poussiéreux. Sa lampe balaya largement le grenier, assez haut de plafond pour être aménagé. Il n’eut pas le temps d’inspecter les poutres et les chevrons. Un spectre noir, probablement sorti de l’enfer, tendit vers lui ses mains décharnées avec un sourire sardonique et hideux.
L’homme n’avait pas froid aux yeux.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? Un épouvantail ?
- Comment oses-tu », hurla dans sa tête une voix frémissante de colère, « comment oses-tu, impudent mortel, insulter la Dame de céans ? Disparais de ma vue, ou je te... »
L’apparition tendit le bras comme pour jeter un sort. L’homme pâlit, recula, et se précipita vers l’échelle qu’il descendit plus vite qu’il ne l’avait montée.
« Ca va, monsieur ?
- Oui », dit l’autre, le souffle encore court. « Mais... non, vraiment, sans façons... J’ai eu comme... un pressentiment... Allons-nous en ! »
Dame Amata regarda par une lucarne les deux voitures faire demi tour et s’éloigner sur le chemin. Elle s’assit dans son fantôme de fauteuil, et Belzé, le plus vieux des chats et le plus sage, vint s’installer dans son giron.
« Cinq minutes, mon chéri, et puis je m’y remets. Ces humains sont insupportables ! Une visite tous les trois ans, tu te rends compte ! Comment je peux travailler en paix si je suis sans cesse dérangée ? Il faut quand même que je trouve le moyen de mourir pour de bon ! »



Texte n°2 : 2 personnages principaux


Le grenier était silencieux. Le soleil de l’après-midi jetait par les deux lucarnes en façade des rayons de miel où jouaient quelques grains de poussière malicieuse. Belzé somnolait, les yeux mi-clos, couché en sphinx sur le coffre aux grimoires. Méphi guettait depuis le matin le mulot imprudent qui avait eu l’audace de s’aventurer dans son domaine, et qui maintenant, tapi entre le mur et le coffre aux habits,
attendait un miracle. Lulu, le plus jeune, devait vagabonder dans la maison ou chasser sur les terres, toujours en quête d’une nouveauté. Les araignées immobiles rêvaient, sur leur toile, à un improbable repas. Depuis le retour des hirondelles, un couple qui avait là son nid et ses habitudes, il était rare d’entendre une mouche voler.
En bas dans la cour envahie d’herbes folles, la Laguna de l’agent immobilier se gara sur le côté de la maison, suivie par un break Ford qui avait dû traverser plusieurs guerres. L’homme qui en descendit, sorte d’asperge hirsute à la tignasse blonde et frisée, sortit une torche du coffre, entre des vieilles bottes en caoutchouc, un sac de croquettes et une paire de patins à roulettes rose fluo.
La porte grinça. Les pas de l’agent immobilier résonnèrent sur le vieux carrelage. L’autre portait des chaussures de sport, silencieuses. Il était vêtu comme un adolescent, avec un T-shirt rouge et bleu et des jeans usés. Une fenêtre s’ouvrit, tandis que la voix du professionnel récitait son immuable couplet.
« Alors voilà, monsieur Batel, c’est une demeure tout à fait authentique... Elle a juste besoin d’être un peu rafraîchie, elle est inhabitée depuis quelque temps...
- Depuis combien de siècles ? », sourit l’autre.
- « Mais je ... Ceci dit, les murs sont en pierre, les fenêtres ferment, et je suis sûr que la cheminée tire ! »
Un chat sauta de la vieille armoire en hurlant de rage et s’enfuit par la porte ouverte.
« Euh... Oui... Remarquez, ça évite les rats... Donc après la grande pièce et sa cheminée d’époque, deux chambres, hein, très spacieuses, on n’a plus ça de nos jours... Vous pouvez facilement les cloisonner... Et une petite pièce, qui donne sur l’ancienne étable, et qui peut servir de réserve, de buanderie, ou de dressing...
- Pas d’électricité ni d’eau courante ?
- Ah, c’est d’époque, monsieur Batel ! Une cheminée, des bougies, un puits... »
Il y eut un silence.
« Mais la route n’est qu’à cinq cent mètres, on peut facilement tirer...
- Et la toiture ?
- Oh, elle est parfaite ! Les gens savaient travailler, autrefois ! Mais si vous voulez vérifier... Il y a une trappe dans la buanderie, je vous tiens l’échelle. Vous m’excuserez, je suis allergique à la poussière... Ah, je vois que vous avez une torche... »
Des pas agiles firent grincer l’échelle. Dame Amata épousseta les manches de sa robe autrefois noire, et prépara sa plus affreuse grimace dans le fragment de miroir qui avait survécu à deux siècles d’abandon. La tête hirsute apparut, puis l’homme posa le pied sur le plancher sain mais poussiéreux. Sa lampe balaya largement le grenier, haut de plafond, sans doute l’ancienne grange. Il n’eut pas le temps d’inspecter les poutres et les chevrons. Un spectre vêtu de noir, parfaitement authentique, tendit vers lui ses mains décharnées avec un sourire sardonique et remarquablement hideux.
L’homme marqua un temps d’arrêt.
« Ouahou... » murmura-t-il.
_ « Je suis la Dame de céans », déclara dans sa tête une voix solennelle. « Et tu me déranges ! »
L’apparition tendit le bras comme pour jeter un sort.
L’homme sourit.
« C’est fantastique... Un fantôme, un vrai fantôme... »
L’apparition, interloquée, baissa le bras.
« Et de quoi j’ai l’air, sinon, espèce d’impudent stupide et analphabète ?
- Pardon, je ne voulais pas vous froisser ! C’est juste... tellement inattendu ! Je suis vraiment très heureux de vous rencontrer !
- Ca va, monsieur Batel ? », cria d’en bas l’agent immobilier.
- Très bien, très bien... Tiens, soyez aimable, allez me chercher mon appareil photo dans la voiture... »
Il sourit au fantôme comme un enfant espiègle.
« Il n’est pas près de le trouver, je ne l’ai pas amené... Mais je voulais être un peu seul avec vous. Ca fait longtemps que vous vivez ici ? »
Dame Amata se drapa dans sa majesté surannée ; depuis le temps que sa maison, échue à la Mairie à défaut d’héritier, avait été mise en vente, pareille situation ne s’était jamais produite !
« Je suis ici chez moi », répéta-t-elle, « et je vous somme de partir !
- Certes... Mais la maison est grande... et vous êtes un Esprit... Si je l’achetais, nous pourrions nous tenir compagnie, sans pour autant nous déranger... Et puis je pourrais écrire votre histoire, je suis écrivain. Vous pourriez être célèbre !
- Je n’ai que faire de...
- Quel est votre nom ?
- Je suis Dame Amata, je suis une sorcière, et je vous maudis ! », hurla le spectre dans la tête de l’homme en disparaissant dans un tourbillon de poussière.
- « Une sorcière ! », murmura l’homme émerveillé. « Quelle chance ! »



« Ah vous ne l’avez pas trouvé ? Quel dommage... J’ai dû l’oublier... Nous pouvons signer quand ? »
L’agent immobilier manqua de s’étouffer.
« Mais nous... Mais je... Mais bien sûr... Lundi 14 heures ?
- Lundi, pas de problème. Je vous en offre 75 000.
- Mais... Elle est en vente à 150 ! Il y a un hectare de terrain et...
- Et elle est en vente depuis plus d’un siècle, je me trompe ? Une ancienne maison de sorcière, ça n’a pas bonne presse dans les environs... Elle est peut-être hantée, qui plus est... Il faudra que je me renseigne au village...
- Mais quelle drôle d’idée... Mais non... Je pourrais faire un petit effort, mais monsieur le Maire...
- Allez, si mes prochains romans se vendent aussi bien que les précédents, ça fera de la publicité pour toute la région ! Et je vous promets de vous inclure dans les remerciements...
- Ah ? Ah ! Alors... »


« Batel, Batel », maugréa Dame Amata en retournant les cartes de son jeu de tarot fantomatique. « C’est lui ! Malédiction ! Crapaud borgne ! Bave d’escargot ! Il est dans tous mes jeux depuis deux cents ans, le Bateleur ! C’était écrit ! Damnation ! Que vais-je faire ? »
Assise sur le spectre de son fauteuil en osier devant une illusion de table, elle caressa machinalement Belzé, le plus vieux des chats, qui était venu se nicher dans son giron.
« Cinq minutes, mon chéri, et puis je m’y remets. Ces humains sont insupportables ! Cette fois, le temps presse : il faut absolument que je trouve le moyen de mourir pour de bon ! »
Narwa Roquen, sorcière for ever


  
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Réponses à ce message :
3 Exercice 37 : Narwa => Commentaire - Estellanara (Jeu 2 oct 2008 à 10:01)
3 joli texte - z653z (Jeu 11 sep 2008 à 14:44)
3 Bien joué! - Elemmirë (Jeu 22 mai 2008 à 18:27)
3 L'auberge espagnole... - Maedhros (Dim 18 mai 2008 à 16:41)


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