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De : Estellanara  Ecrire à Estellanara
Page web : http://estellanara.deviantart.com/
Date : Samedi 9 decembre 2006 à 13:44:17
Je réclame l'indulgence du jury : ceci fut écrit dans la précipitation la plus totale et même un début de panique sur la fin...

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Un quartier plutôt huppé de Seine Saint Denis, minuit moins huit.

Une brise se leva et les nuages effilochés laissèrent apparaître les formes rebondies de la pleine lune. La clarté soudaine découpa les silhouettes fantomatiques d’immeubles bourgeois vétustes bordant des rues désertes. Ca et là, se dressaient des arbres décharnés, à l’écorce attaquée par les gaz d’échappement, aux racines asphyxiées par le bitume. Un vieux clochard, effondré contre le mur de la gare de RER, dormait emmitouflé dans une couverture élimée. L’air sec charriait une odeur de rouille et de frites refroidies.

Le vent souleva un tourbillon de feuilles mortes et les chassa sous le pont de chemin de fer, agitant au passage les affiches vantant des sites web de charme. Le souffle glacial poursuivit sa route dans les rues étroites, faisant le tour d’un panneau stop tagué, puis s’engouffra dans le couloir d’un immeuble. L’antique porte heurta violemment le mur et un carreau de verre jaune se brisa avec un son de cloche.

Même quartier, une maison qui a connu des jours meilleurs, minuit moins cinq.

Le couloir débouchait sur une cour intérieure cernée de murs lépreux. Le tourbillon automnal vint y mourir dans un dernier sifflement et les feuilles rouges formèrent une tâche de couleur incongrue sur la grisaille ambiante. Le sol de la cour était de ciment nu, zébré de fissures et moucheté des reliquats d’un carrelage verdâtre. De temps à autres, un lambeau de crépis moisi ou une plaque de mousse tombée d’une gouttière venaient s’y ajouter. Au deuxième étage, un peu de lumière filtrait entre les rideaux jaunis. Du troisième, résonnait le battement assourdi d’une musique électronique.

Un ancien bac à fleur, dans la cour de la maison, minuit moins une.

Dans un coin de la cour, derrière une pile de tôles ondulées, reposait un grand bac qui avait du contenir des fleurs, au temps où l’immeuble était une élégante maison de famille et non encore un HLM, éclaté en studios exiguës. Sur la terre décrépite ne poussaient plus désormais que des mégots noircis. Un insecte ovale, aux ailes brunâtres, y courait en zigzag, reconnaissant les environs de ses antennes minces, s’arrêtant un instant pour sonder un détritus puis recommençant sa ronde.

Un second cafard escalada le bac puis un troisième. Les deux insectes se croisèrent sur l’humus et se palpèrent un instant avant de reprendre leur route. Des colonnes de cancrelats noirs, bruns et ocres envahissaient à présent le bac dans un fourmillement de pattes, un crissement d’ailes, une sarabande de pièces buccales. Ils trottinaient dans le plus grand désordre, se grimpant les uns sur les autres, recouvrant la terre de leur pullulement. Quand le bac fut empli de la marée luisante et grouillante, l’un des insectes émit une stridulation syncopée et se dressa sur son abdomen :
- Amis cafards, ziitzz, bienvenus à notre assemblée générale !

Le martèlement enthousiaste de milliers de pattes répondit à cette déclaration. On amena une boite de thon rouillée et le crieur se jucha dessus afin que tous l’entendent. Il reprit de sa voix suraiguë, entrecoupée du sifflement de ses mandibules :

- Veuillez je vous prie accueillir la délégation des honorables représentants du rez-de-chaussée, krikri : Callypso, Carlos et Cassius !

Les trois élus s’avancèrent et la foule leur fit une haie d’honneur. Ils étaient grands, très sombres de chitine, et lançaient des « Salam alei kum » à la ronde avec jovialité. Ils représentaient les blattes résidentes du kebab en bas de l’immeuble. On amena des capsules de bières multicolores sur lesquelles ils prirent place. Puis, le crieur lança :

- Veuillez je vous prie, sreeeee, accueillir la délégation des honorables représentants du local à poubelles : Carmen, Carl et Cassandre !

Les cafards s’avancèrent à leur tour sous les applaudissements. Ils allaient à petite allure car ils étaient tous trois ridiculement obèses. Les plaques de leurs carapaces étaient distendues et leurs six pattes ployaient sous le poids de leur énorme abdomen. L’un d’entre eux grignotait négligemment une épluchure de clémentine.

Vinrent ensuite les délégués du premier étage, Casimir, Casper et Carolina. Ceux-là étaient mal en point car ils habitaient avec une famille nombreuse. Les bambins de leurs hôtes humains avaient trouvé amusant de leur arracher quelques pattes et antennes et l’un d’eux s’aidait d’une patte de bois en allumette pour marcher.

Les représentants du deuxième étage, Cathy, Camelia et Caius, les suivaient. L’étage était le domicile d’une vieille dame guindée, d’une propreté maniaque. Les trois cafards avaient développé des maladies de peau suite à l’excès de produits d’entretien et les teintes exotiques que prenaient leurs allergies étaient un sujet d’étonnement renouvelé pour leurs confrères.

Enfin, fermant le cortège, venaient les élus du troisième, Casey, Calvin et Callista. Ils résidaient chez un ingénieur informaticien et, bien qu’on ne comprit pas toujours ce qu’ils disaient, ils étaient fort populaires grâce à leurs gadgets. Ce soir-là, chacun d’eux portait une LED et ils avaient fière allure dans le chatoiement pourpre.
Tous les représentants du peuple blatte prirent place en demi-cercle face à la foule et quand les applaudissements déchaînés finirent par décroître, le crieur reprit sa harangue :

- Amis cafards, nous sommes ici pour débattre d’une question d’une importance capitale pour l’avenir de notre race, kkk.

Sur ce, il marqua une pause dramatique pour s’assurer de l’attention de l’auditoire. La foule était si captivée qu’on pouvait entendre le bourdonnement lointain du périphérique parisien. Il reprit :

- Depuis longtemps, nous cohabitions pacifiquement avec les humains, shrrr, dont nous pensions qu'ils étaient nos frères. En effet, ils nous nourrissaient et nous hébergeaient gracieusement, ziiitzritt. Ils semblaient partager les trois valeurs cafard : Surpopulation, Saleté, Satisfaction. Bien sûr, ils témoignaient par moments d’un sens de l’humour, akakk, douteux... Le crieur adressa un signe de tête aux éclopés du premier étage qui lui rendirent son salut. Mais dans l’ensemble, l’humain a toujours été le meilleur ami du cafard. Jusqu’à la semaine dernière...

L’orateur marqua de nouveau un temps d’arrêt et l’assistance frémit à l’évocation des horreurs des derniers jours. Un bébé blatte commença à pleurer et ses cinquante sept frères et soeurs éclatèrent à leur tour en sanglots étouffés.

- Oui, amis, frrron, ces jours ont été des jours noirs. Une nouvelle humaine est arrivée dans l’immeuble et a semé derrière elle dévastation et carnage, kriii.
Avec un engin aspirant pervers, elle a délogé tous les habitants de l’immeuble en détruisant leurs foyers : araignées, rats, cloportes. Beaucoup sont morts, ashrr ; les autres se sont enfuis. Puis, elle a répandu des produits chimiques sur le sol et jusque dans les poubelles. Nos sources de nourriture ont été polluées. Plusieurs des nôtres, kriikk ont péri ou sont grièvement blessés.
Cette créature diabolique en blouse verte a même tendu des pièges à nos frères, shreee. Elle a déposé d’appétissantes offrandes dans les coins mais ceux qui en ont mangé ont succombé au poison dans de terribles souffrances.

Un silence lugubre planait sur l’auditoire, encore sous le choc. De mémoire de cafard, on ne se rappelait nul événement aussi affreux. Le crieur continua sa harangue d’une voix forte :

- Il est évident à présent que l’espèce humaine s’est retournée contre nous, zrrtrtt, et veut notre perte. Nous ne pouvons croire à un incident isolé puisque cela s’est reproduit chaque matin, frrron.
Aussi, voici la question dont nous débattrons : faut-il déclarer la guerre aux humains ?
Deux orateurs ont été désignés par le conseil de l’immeuble, akakk, pour vous présenter les arguments antagonistes, rrrt. Callista du troisième étage parlera pour la guerre et Carl du local à poubelles parlera pour la paix.

Le crieur descendit de la boîte de thon et les deux orateurs y grimpèrent à leur tour.

... à suivre.


  
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Réponses à ce message :
3 WA participation 2/3 - Estellanara (Sam 9 dec 2006 à 13:48)
       4 WA participation 3/3 - Estellanara (Sam 9 dec 2006 à 13:52)
              5 WA-Commentaire 6 - Estellanara - Onirian (Jeu 18 sep 2008 à 17:58)
                   6 Merci, kkk! - Estellanara (Sam 20 sep 2008 à 16:51)
              5 commentaire Estellanara, ex n°6 - Narwa Roquen (Lun 11 dec 2006 à 19:20)
                   6 Mirci ! - Estellanara (Mar 12 dec 2006 à 18:05)
              5 WA 6 - Commentaire Estellanara - Fladnag (Dim 10 dec 2006 à 09:05)
              5 Clap clap clap! - Elemmirë (Sam 9 dec 2006 à 14:07)
                   6 Beuh !!! J'avais pas fini de le publier ! - Estellanara (Sam 9 dec 2006 à 14:21)
                       7 Mdrrr - Elemmirë (Sam 9 dec 2006 à 14:27)
                          8 Excellent !!! - Estellanara (Sam 9 dec 2006 à 14:32)


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