Version Flash ?

Messages FaeriumForum
 Ajouter un message Retour au forum 
 Rechercher un message Statistiques 
 Derniers messages Login :  S'inscrire !Aide du forum 
 Afficher l'arborescence Mot de passe : Administration
Commentaires
    Se souvenir de moi
Admin Forum 
 Derniers commentaires Admin Commentaires 

 WA 151, participation Voir la page du message Afficher le message parent
De : Elemmirë  Ecrire à Elemmirë
Page web : http://lemondedelemm.canalblog.com
Date : Mardi 20 decembre 2016 à 18:23:03
Pfiou!!! Eh ben c'est pas ma tasse de thé, de montrer! Je hais les descriptions, définitivement ^_^
Merci Roquen pour cet exercice difficile ! Mais c'est là qu'on apprend, il paraît...
---------

La porte s’ouvrit et une toute jeune fille, brune, très mince, passa rapidement devant l’homme. Un effluve sucré la suivait. Elle disparut rapidement dans l’escalier.
« Monsieur Galtier ? Je vous en prie, entrez. »
L’homme se leva. Il était massif, un bon mètre quatre vingt cinq, de longs cheveux noirs lâchés où pointaient quelques mèches blanchies, de larges poches sous des yeux fatigués, une courte barbe inégale grisonnant au menton, les épaules rondes et trapues, le front barré de deux rides profondes. Il portait un tshirt sombre délavé, dont le tissu s’étirait pour contenir son ventre mou, un sweat-shirt à capuche noir, un jeans de même couleur d’aspect crasseux, des chaussures de vieux cuir marron à lacets. Il traîna un peu des pieds, claudiquant légèrement à droite, sur les 5 à 6 pas qui le séparaient de la pièce. Il toucha brièvement la main tendue par l’autre jeune femme, qui se tenait dans l’embrasure de la porte, et remit aussitôt son poing fermé dans la poche du sweat. Il entra et s’assit.
Le local était clair. La large fenêtre permettait la diffusion de la lueur blanche de ce début d’après-midi, à peine filtrée par un paravent bas en bois et lin naturel, qui masquait aux passants la vue du canapé situé à droite de la porte d’entrée. La suédine vert d’eau de celui-ci était rehaussée de deux coussins aux motifs ethniques, dans les tons de vert tendre, framboise et gris. Une table d’angle blanche et un guéridon en bois clair encadraient le canapé. Au-dessus, deux cadres : dans le premier, deux adolescentes vêtues d’un voile musulman rose sombre, se tenant bras dessus-bras dessous et souriant au photographe ; dans le second, une enfant de 7 ou 8 ans au visage fier, portant un sarong brodé et un corsage en soie gris pâle, des bijoux dorés aux chevilles, aux poignets et sur le front, se contorsionnait dans une pause de danse traditionnelle khmère. A ces portraits répondaient ceux situés au-dessus du bureau, de l’autre côté de la pièce : un groupe d’enfants bouddhistes priant sous un arbre, et une toute petite fille, la tête couverte d’épaisse fourrure, les yeux rieurs, de lourds colliers chamarrés autour du cou sur une simarre tibétaine un peu grande pour elle. Dans l’angle gauche, un petit évier ; contre le mur face à la fenêtre, une commode blanche à quatre tiroirs et une minuscule lampe à abat-jour vert, surmontées de trois étagères chargées de livres, et d’une seconde lampe, également allumée malgré la luminosité naturelle. Enfin, au sol, un épais tapis gris couvrait partiellement le parquet crème.

La psychologue prit place dans le fauteuil haut, en face de l’homme. Elle tenait un bloc notes sur ses genoux et un stylo plume dans la main droite, qu’elle posa aussitôt sur la commode. Elle commença d’un ton calme mais enjoué :
« C’est donc aujourd’hui notre premier rendez-vous, et je vous remercie de l’avoir honoré. Nous avons à présent une heure devant nous, pour que, d’une part, vous puissiez m’expliquer ce qui vous amène, et ce que vous attendez de mon aide, et d’autre part, que... vous puissiez apprécier si vous vous sentez à l’aise et en confiance pour travailler avec moi. Je ferai de mon mieux pour ça, mais il est important pour moi que vous n’hésitiez pas à me poser toutes les questions que vous pourriez avoir, ou me signaler si je fais ou dis quoi que ce soit qui vous met mal à l’aise. ... D’accord ? »
L’homme ne répondit pas, ses yeux restant fixés sur le sol, ses poings crispés au fond de ses poches. Elle reprit rapidement. « Comme je, comme je vous l’avais expliqué au téléphone, la séance est à quarante-cinq euros, et je propose qu’on se voie initialement tous les quinze jours. Par la suite on pourra adapter au besoin. Si vous manquez un rendez-vous, ce n’est pas grave, ça peut arriver d’oublier. Il n’est pas dû, mais bien sûr je préfère qu’on me prévienne quand c’est possible. » Elle esquissa un sourire par habitude, qui s’effaça aussitôt. L’homme était un colosse de pierre planté sur le bord de son canapé, il restait silencieux, la tête enfoncée dans ses larges épaules.
« Bien... Comme vous le savez en venant ici, je travaille avec les thérapies cognitives et comportementales, ce qui signifie que notre... travail va surtout s’axer sur ce que vous vivez actuellement, et comment les... les pensées que vous pouvez avoir, interagissent avec vos émotions, et vos comportements, ce que vous faites. On fixera ensemble les objectifs que vous souhaitez atteindre, de façon très concrète, et si, et ce que vous souhaitez changer dans vos comportements et vos émotions au quotidien, et ensemble on essaiera de... d’améliorer tout ça. »
Elle s’éclaircit la gorge. Un silence s’étira quelques secondes, bâilla, puis fut interrompu par le bruissement léger des mains de la psychologue qui se joignirent sur ses genoux, puis par un nouveau râclement de gorge, plus discret, avant qu’elle n’ajoute :
« Racontez-moi, qu’est-ce qui vous amène ? », et elle tordit maladroitement ses poignets.

L’homme ouvrit à peine la bouche pour inspirer quelques atomes d’oxygène qui peinèrent à entrer dans ses poumons. Il prononça d'une voix atone :
« J’ai 46 ans, je bois de l’alcool depuis que j’ai 15 ans. Je consomme modérément, sans jamais être saoul, mais j’ai peur de déraper, parce que ma mère est malade. Donc je veux faire une thérapie pour tout arrêter. Même si ma mère... »
Il s’arrêta net et les muscles de sa jambe droite se contractèrent brutalement. Il sortit rapidement une main de sa poche, qui resta d’abord suspendue dans l’air ; son regard dévia brièvement sur les trémulations fines qui l’agitaient. Il déglutit difficilement, s’essuya la moustache de son poing toujours fermé, qu’il maintint quelques secondes sur sa bouche. La lourde main retomba sur sa cuisse. Le dos était toujours courbé, peut-être un peu plus encore ; le cou tendu vers le sol comme pour s’y nicher. Il cligna des yeux deux fois, puis les riva à nouveau sur le tapis gris.

« Bon... »
La psychologue desserra les mains et saisit ses genoux, se redressa en inspirant, inclina la tête à droite, contracta et détendit ses orteils dans ses baskets, déglutit à son tour.
« Poursuivez... » ajouta-t-elle, et sa voix chevrotait faiblement, « Prenez votre temps. ».

L’homme resta interdit, et une goutte de sueur perla sur son front déjà luisant.


Elemm', qui est incapable de tenir toute une séance!! ;-)


  
Ce message a été lu 6178 fois

Smileys dans les messages :
 
Réponses à ce message :
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2017-04-17 19:35:01 

 Serial couleursDétails
En fait, dans cette seconde version de l'histoire, tu montres mille et un détails qui racontent la structuration psychologique des deux protagonistes.

D'un côté, l'univers de la thérapeute est décrit minutieusement et c'est comme si elle avait voulu bâtir une espèce de cocon protecteur, tout en couleurs douces et apaisantes et avec des photographies qui ouvrent des petites fenêtres vers des philosophies orientales prônant la sérénité et l'innocence. Tout le contraire des tumultes, j'imagine, qui peuvent sourdre des cabinets des psys.

D'un autre côté, le patient est tout en brisures et en refus et son accoutrement et chacun de ses gestes parlent pour lui, parlent de lui. C'est un être minéral qui mure tout derrière la pierre qui le constitue.

In fine, c'est donc un énorme bloc de pierre, lourd et immobile, auquel va s'atteler la jeune praticienne . Tout ce que j'ai pensé à la fin de la lecture, c'est que cela n'était pas gagné.

Grâce aux détails abondants, tu parviens à montrer plus qu'à raconter quitte à peut-être trop en mettre. L'exercice était ardu et tu ne t'en tires pas mal.

Au rayon des bricoles :

- dans les tons de vert tendre, framboise et gris : dans les tons vert tendre, framboise et gris (plutôt)
- et je propose qu’on se voie initialement : c'est très technique, non?
- (...), et si, et ce que vous souhaitez (...) au quotidien, et ensemble on essaiera... : je n'arrive pas à comprendre le sens de "et si", sauf si elle bredouille vraiment?
- râclement : raclement

M

Ce message a été lu 5905 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2017-05-01 22:29:46 

 Commentaire Elemmirë, exercice n° 151Détails
Voilà ce qui arrive quand on se cherche les emmerdements: on les trouve!
Montrer, soit écrire des choses qui se voient ou qui s'entendent. Facile dans les scènes d'action ou les dialogues expressifs.
Montrer les sentiments ambigus ( inquiétude, timidité, frustration) d'un phobique social ( peu à l'aise dans l'expression orale) face à une spécialiste de l'âme (invisible: rien à montrer!) et qui plus est débutante... Le seul pire possible aurait été qu'elle soit aveugle!
Décrypter les émotions sur un visage est évident pour un technicien mentaliste, rompu à l'analyse des microexpressions fugitives du visage. Mais comme les lecteurs le sont rarement, décrire une microcrispation de la commissure de lèvre gauche ne les aidera pas beaucoup...
Ma foi, tu as fait ce que tu as pu. Comme c'est la suite du 50 et qu'on connaît l'histoire, on ne peut qu'admirer ton louable effort pour décrire l'indescriptible. C'est là que la description du cabinet devient un pur moment de bonheur vis à vis de la tension palpable qui émane de la suite du texte ( tension des 2 personnages, et tension de l'auteur, ça c'est de l'empathie!)
Donc l'horrible et soporifique Balzac suivait peut-être une consigne cachée...
Honnêtement, je ne suis pas sûre que quelqu'un aurait pu mieux faire ( si ça tente un challenger...) ... Mais en revanche, quand tu sais que la WA comporte 2 volets, le raconter et le montrer... Profites-en pour choisir une histoire moins extrêmement inadaptée à l'une des deux manières...
L'avantage de la WA c'est qu'on apprend sans cesse les uns des autres...
Narwa Roquen, non, on est déjà en mai? Vous êtes sûr?

Ce message a été lu 5745 fois
Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2017-05-17 10:31:45 

 Comm' de comm' (my baby come, comme dirait Jane!)Détails
Merci pour vos commentaires!
M, en effet elle bredouille, j'ai tenté de montré son malaise et ses hésitations face à l'absence de réactions du bonhomme.
Narwa, évidemment que je me suis mis des bâtons dans les roues et des balles dans le pied! Mais en fervente partisane de ce qui se passe à l'intérieur, et vu que le débat initial tendait à dire que montrer était mieux que raconter, je voulais militer pour le récit : ben voilà, montrer quand ça se passe dedans et que ça parle des âmes, ça marche pas! Mon échec est donc une démonstration réussie :D

Cela dit si quelqu'un veut jouer à reprendre ce texte et tenter d'en faire quelque chose de compréhensible (comment on fait comprendre au lecteur qu'il est phobique social sans lire dans les pensées de la psy?), je veux bien, c'est libre de droits :)

Elemm', pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? :)

Ce message a été lu 6202 fois


Forum basé sur le Dalai Forum v1.03. Modifié et adapté par Fladnag


Page générée en 1018 ms - 305 connectés dont 2 robots
2000-2024 © Cercledefaeries