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Paradis lointain

Nathanaël se tenait là, devant cette porte. Devait-il y entrer et découvrir tous les secrets de la vie ou alors devait-il faire demi-tour et rester dans l'ignorance... Il ne le savait pas, cette porte était à deux pas, elle le tentait affreusement, cependant, il le savait, des fois, souvent même, l'ignorance est saine, surtout l'ignorance qu'on s'impose.

Il fit un pas, tendit le bras, frôla la poignée, ouvrit sa main, prêt à saisir cet objet scintillant, si attirant. Sa main, gentiment, se ferma sur cette boule parfaite. On ne la vit plus, sa paume l'avait entièrement recouverte. Qu'allait-il se passer dès lors, Nathanaël savait qu'il pouvait encore faire demi-tour, il lui suffisait de défaire cette emprise. Seulement, sa main ne lui obéissait plus, elle voulait, elle devait savoir, connaître la vérité. Ses doigts se mirent à tourner, lentement d'abord, très lentement. Puis, un bruit, à peine audible mais il était là, le loquet avait cédé... Son bras poussa sa main et la porte s'ouvrit.

Ce qu'il y vit le stupéfia. Devant lui se tenait un homme, épée à la main. Sur son bouclier était inscrit "passant, je suis ta dernière chance de partir, ne va pas voir ce que le monde extérieur t'apporte. La misère et la terreur y règne." Nathanaël comprit qu'il lui faudrait se battre ou alors faire demi tour et retourner à sa vie sans problème, si belle.

Seulement voilà, il en avait marre de cette vie, marre de toujours être heureux, marre de ne pas connaître la crainte, la honte, l'humiliation, de ne connaître aucun sentiment, pas même l'amour. Il voulait avancer et ce n'était pas ce chevalier blanc qui allait l'en empêcher. D'un bond, il sauta sur l'homme, le désarma et, de sa propre épée, lui trancha la tête. Le sang encore chaud de l'homme lui gicla sur le visage. Il s'en défit d'un frôlement de main et se surpris à sourire lorsque cette substance chaude lui coula le long de la gorge.

Il avança, plus il s'enfonçait dans ce nouveau monde, plus, lui semblait-il, la lumière se faisait faible. Il finit par ne plus voir, ne devoir se diriger que par instinct. Puis il vit la fin de la longue route. Il sortit de ce tunnel infernal et découvrit le monde, le vrai monde, le monde avec tout ce qui l'entoure. Il vit des enfants éventrés le long de sa route, des jeunes femmes, certainement belles autrefois mais, à présent enlaidies par les années. Il vit grand nombre de regards : des haineux, des tristes, des envieux. Il fut surpris par le manque de regards joyeux qu'il croisait. Il marchait dans cette ville, ville à l'odeur nauséabonde du sang, des viscères découvertes, de la mort par trop présente. Il entra dans une taverne afin de se réchauffer.

Il regarda autour de lui, il parvint à distinguer, au milieu de cette brume de fumée, un homme, grand, élancé et fort beau à ses goûts. Il s'avança vers cet homme, lui demanda son nom. L'homme marmonna un "Galaad" puis remit le nez dans son verre. Nathanaël lui demanda ce qu'il buvait. L'homme, de toute évidence ne recherchait vraiment pas la conversation et répondit sans lever les yeux : "de la vodka". Nathanaël le trouvait de plus en plus intéressant malgré son manque de courtoisie évident. Il se désola de le voir boire et lui demanda ce que cette boisson lui apportait d'autre que des ennuis et des mots de têtes. L'homme, surpris de cette question, regarda enfin Nathanaël.

Bon sang qu'il était beau!!! Son visage d'ange respirant la santé, ses yeux si clairs que le ciel d'été en devenait sombre, sa bouche, ses lèvres à l'apparence si douces. Cet homme avait l'air si délicat, si différent des autres. Galaad se leva, regarda fixement Nathanaël, ne dit pas un mot et se jeta dans ses bras. "je n'en puis plus! Je bois, je bois, tous mes jours, je ne fais que boire. Pourquoi me demandes-tu ?? Regarde autour de toi parbleu ! N'as-tu pas vu cette misère qui nous entoure ?? Je bois afin d'essayer d'ignorer tout ce massacre. Mais tu es là, beau comme un dieu, tu m'apportes l'espoir d'une vie nouvelle. Prends-moi avec toi et fuyons ce monde, créons notre monde, notre paradis !"

Nathanaël ne sut que faire et le désir passa par-dessus la raison. Il serra Galaad contre lui de toutes ses forces "sèche tes larmes, je t'en supplie, arrête de pleurer. Je comprends ta détresse, j'aimerais pouvoir changer quelque chose à cela. Je te promets d'essayer ! Pour commencer, partons de ce trou, allons vers ces montagnes là-bas !" "Où tu iras, j'irai!" Galaad releva sa tête du torse de son nouveau compagnon, se rapprocha de lui et l'embrassa. Nathanaël ne put que lui rendre ce baiser. Puis, il passa son bras sous l'épaule de Galaad et l'emmena au-dehors.
Il tenta d'ignorer la présence de ce groupe d'enfants aux membres perdus qui se jetaient sur le cadavre d'une vieille femme afin de pouvoir se nourrir un peu et se dirigea en direction des montagnes. Le trajet fut long mais ils y parvinrent. Une fois au sommet, Galaad, à bout de force, se tourna vers Nathanaël et lui dit "Emmène-moi au Paradis" Nathanaël ne comprit que trop bien ce que son Aimé attendait de lui.

Ils ne tardèrent pas à se trouver nus les deux. La nuit était tombée. Ils se couchèrent et entamèrent leur voyage. Le lendemain, Nathanaël prit l'épée du chevalier blanc qu'il avait gardée ceinte à sa hanche. Enleva le fourreau, s'allongea derrière Galaad encore endormi et lui susurra doucement à l'oreille "Nous partons, mon Amour, nous partons dans un monde meilleur" Il planta l'épée dans le coeur de son ami, la fit le traverser et atteindre son propre coeur. Dans un soubresaut, Nathanaël eut une dernière parole "Je t'aime" à quoi Galaad eut de la force juste afin de parvenir à prononcer: "Merci".

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Publication : 24 mai 2010
Dernière modification : 24 mai 2010


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