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Histoires d'Amour...

Certains passages de ce texte peuvent heurter les sensibilités. En aucune façon je n'ai voulu choquer pour choquer, les émotions ont un sens et j'espère les avoir fait passer de la bonne façon.
Par ailleurs, les opinions et points de vue de mes personnages ne peuvent en aucun cas être considérés comme les miens. Merci de votre compréhension, c'est la première fois que je m'attaque à ce genre d'exercice...



Recroquevillée dans le canapé élimé, un coussin serré contre elle, Rebecca sanglote. Ses narines sont rougies par la peine, et le khôl noir qui entourait ses yeux sombres fond le long de ses joues pâles. Elle porte une nuisette de satin rouge aux fines bretelles, sur lesquelles tombent pauvrement ses cheveux lisses.

" Tu ne m'aimes plus, c'est ça ? "

Fabien, assis à la table en chêne, semble ne pas entendre la petite voix fragile de sa compagne. Ses yeux d'un bleu très clair restent rivés sur l'écran de télévision, qui crache ses annonces publicitaires. Il porte un jeans usé et un gros pull sans motif. Sa barbe blonde mal rasée couvre les traits fins de son visage. Il a les pommettes saillantes,la mâchoire serrée et le menton pointu.

" Jamais, plus jamais t'as envie de moi... Même si je...
- Ça va, tais-toi, je regarde la télé là. " Le ton est sec, tranchant et monocorde. Rebecca gémit :

" Mais parle-moi, s'il te plaît... Je... Tu ne me trouves plus jolie ? "

Sa voix n'est qu'un filet brisé, à peine audible, à peine articulé, comme une revendication d'enfant timide.

" Je sais que j'ai pris du poids, mais... J'essaie de te plaire tu sais... S'il te plaît... J'ai fait des efforts pour toi... "

Les mots s'éteignent sur ses lèvres et Rebecca baisse les yeux sur ses jambes nues, trop blanches, presque grises. Fabien écrase le bouton de la télécommande et quitte la table d'un bond.
" Je vais dormir. "

* * *

Rebecca

Dans les yeux de Fabien, Rebecca a trouvé tout ce qui la maintient en vie. C'est par lui qu'elle existe, à travers lui qu'elle respire, c'est son désir qui la rend belle, son rire qui la rend drôle, sa confiance qui la rend digne, son amour qui la rend aimable. Elle est comme un prolongement de lui, et être une partie de Fabien est la plus belle chose qui pouvait lui arriver, la meilleure chose qu'elle soit capable d'être. Rebecca ne désire rien d'autre que le bonheur de Fabien. Il est le centre de son univers et pour le rendre heureux, elle serait prête à tous les sacrifices, tous les efforts, toutes les peines. En retour, elle prend sa présence, sa main, son regard, ses bras ouverts, ses caresses, son amour... Elle prend ce qu'il lui donne comme autant de souffles vitaux. Dès qu'il s'éloigne, Rebecca se sent vide, incomplète. Elle cherche toujours à être tout près de lui ; si un peu d'air les sépare, c'est déjà trop. Parfois, elle réalise qu'elle est un fardeau, une charge pour Fabien. Ça la rend tellement triste... Dans ces moments-là, elle se sent si laide, si maladroite, si lourde. Mais elle a tant besoin de lui, tant besoin ! Alors elle compense son poids par les attentions qu'elle lui offre, les dîners fins, les cadeaux souvent au-dessus de ses moyens, un acharnement à maintenir leur appartement toujours propre et chaleureux, ... Elle pourrait mourir d'épuisement pour faire pardonner sa présence et arracher un sourire à l'homme qu'elle aime. Elle espère et savoure chaque câlin, chaque étreinte... Chaque caresse, chaque douceur, ça la nourrit tellement... Sans lui, elle serait un tas d'os sous la terre glacée, alors elle voudrait pouvoir lui dire merci, encore et encore... Le serrer contre elle et lui dire merci de respirer, d'être là, d'être en vie. Fabien... Il n'y a que lui qu'elle aime, il est tout pour elle, il est son créateur et sa raison d'être. Lorsqu'elle l'a vu, elle l'a aimé immédiatement. Et il l'a aimée aussi, miraculeusement, malgré sa transparence, malgré sa banalité. Depuis ce jour, Rebecca consacre son existence à faire le bonheur de cet homme, grand, austère, sérieux, travailleur, secret, mais en qui elle voit tout ce que la Terre a porté de plus beau. La froideur de la grande maison de ses parents, elle n'existe pas ici. L'envie de disparaître, elle n'existe plus. Ici, c'est petit, c'est un peu vieillot, mais c'est le nid douillet qu'elle a créé pour Fabien et elle. Leur petit nid d'amour.

Charlotte

" Rebecca n'a jamais manqué de rien et nous avons toujours choisi le mieux pour elle. Jean-Paul et moi l'avons élevée dans un foyer sain, nous l'avons éduquée de façon harmonieuse, jamais de violence ni de cri, ni de beuverie, ni de tromperie, ni de mauvaise fréquentation. Mais Rebecca a toujours été une enfant à part, avec un exaspérant besoin d'être rassurée en permanence, d'être proche de moi, on aurait dit qu'elle serait retournée dans mon ventre si elle avait pu. Pourtant, elle n'avait pas de quoi craindre le monde extérieur, croyez-moi... Jean-Paul et moi avons fait tout notre possible pour donner à Rebecca l'autonomie nécessaire pour choisir sa vie. Mon mari n'a jamais été un de ces papas poules qui couvent leurs enfants à les étouffer. Il était peu à la maison, et puis il a toujours considéré que les enfants étaient surtout une affaire de femmes. Mais grâce à l'entreprise qu'il dirigeait de main de maître, nous avions de quoi offrir à notre fille tout ce qu'elle pouvait désirer. Quand d'autres enfants dans le monde dorment dehors, Rebecca avait une belle chambre, des centaines de jouets qu'elle ne touchait pourtant presque jamais. Nous lui avons donné la possibilité de faire du piano, de la danse, de la peinture, de l'équitation, mais rien, rien ne l'a passionnée dans ces loisirs dont rêvent toutes les petites filles de la terre. Elle, elle rêvassait, elle traînait dans mes jupons bien plus tard que de raison, à un âge où elle aurait dû préférer les garçons. Seul Fabien a su l'en sortir.

Elle avait le don de m'agacer avec ses jérémiades, je n'ai jamais été à l'aise avec l'attendrissement un peu gâteux qu'on attend des mères, et pour tout vous dire, je crois surtout que je lui ai ainsi évité la honte que j'ai vécue, moi, enfant, avec une mère tellement proche que l'on ne sait plus bien comment s'en dégluer... Paix à son âme. Ma mère n'a jamais su se tenir, c'était une femme très impudique, exubérante, toujours excessivement joyeuse, excessivement triste... Avec ses grands éclats de rire, ses " Ah ! " et ses " Oh ! ", elle m'épuisait ! Lorsque je fus adolescente, elle devint pour mes camarades une meilleure amie que moi-même. Elle séduisait les garçons de ma classe, était invitée aux soirées d'étudiants, j'étais terriblement gênée... Elle n'avait aucune idée de ce qu'impliquait le rôle de mère, de la place qu'elle devait occuper, de l'intimité dont une jeune fille a besoin pour grandir. Elle envahissait chaque pan de ma vie comme une gangrène dévorante, j'ai souhaité sa mort bien souvent et je dois admettre que son décès fut un soulagement, bien que j'aie quitté le domicile parental depuis fort longtemps. C'est grâce à Jean-Paul que j'avais pu le faire d'ailleurs, c'est lui qui m'avait convaincue de suivre des études politiques, et il a su recevoir les tentatives de séduction de ma mère pour ce qu'elles étaient, des délires de femme en mal d'amour. Je n'ai jamais connu mon père, et mes grands-parents sont morts devant les yeux de ma mère pendant la guerre, ce qui l'a probablement traumatisée. C'est triste, mais enfin, cela n'excuse pas tout, selon moi. Lorsque Jean-Paul m'a donné une fille, j'ai juré que jamais je ne lui ferais subir une telle humiliation. Pourtant... Après une enfance réservée, elle a eu une adolescence chaotique. Elle a longtemps souffert de troubles alimentaires, de dépression, nous l'avons envoyée aux meilleurs médecins et ils ont fait un excellent travail, mais elle a toujours ressemblé à un oisillon frêle près de tomber du nid. Et puis enfin, un homme a bien voulu la prendre sous son aile. Un garçon droit et courageux, ce Fabien, d'ailleurs je ne saisis pas vraiment comment un tel homme peut accepter la gloutonnerie d'attention de ma fille, mais, Dieu soit loué, elle semble heureuse avec lui et c'est bien là tout ce qui compte. "

* * *

Rebecca se lève à son tour et saisit le bras de Fabien au passage. Elle vient épouser tout doucement le corps de celui qui lui tourne le dos, froid et immobile comme une statue de marbre.
" S'il te plaît... "

Elle se serre plus fort contre lui. Sur la pointe des pieds, elle cherche de sa bouche ouverte à atteindre le cou raidi, les lèvres closes et pincées. Elle se tord pour mieux embrasser la peau rèche, mais Fabien reste là, dos à elle, comme pétrifié. Elle pousse un soupir gémissant.

En un éclair, le poing serré de Fabien s'envole jusqu'à la tempe de Rebecca. Celle-ci pousse un petit cri et s'écroule. Fabien frappe une seconde fois, puis une autre, alternant les coups de ses deux poings sur le corps et le visage de sa compagne. Rebecca essaie de parler, mais aussitôt ses mots sont étouffés par le coup de pied qui vient frapper ses côtes.

* * *

Casper

Fabien a sept ans ce soir de juin 1985. Il rentre seul de l'école, son cartable sur le dos et son sac de piscine à la main. Il porte un short beige d'où sortent ses longues jambes agiles, et ses cheveux blonds sentent encore la javel du grand bassin. Fabien repense à la course qu'il a gagné, il est fier d'avoir battu Joël, qui se croit toujours plus fort que tout le monde. Il sourit et marche à grands pas.

La route longe le petit bois en une grande courbe, mais Fabien coupe toujours à travers les arbres. Les ronces ne lui font pas peur, et à cette saison les bois sentent bon, ils sentent l'été tout proche, les vacances, les cabanes et les chamallows.

Fabien n'a pas entendu l'homme arriver derrière lui, mais il le reconnaît tout de suite : c'est le monsieur qui attend souvent devant l'école, avec sa barbe épaisse et ses cigarettes. L'homme est tout près derrière lui, Fabien se retourne et le salue poliment, avant d'accélérer le pas, mal à l'aise. Il regarde du coin de l'oeil la grande route dégagée où passent les voitures, quelques mètres plus bas. Juste après, il sent un bras fort le saisir à la taille, et la grosse main s'appuyer sur sa bouche : Fabien écarquille les yeux, il essaie de crier et de courir mais ses pieds ne touchent plus le sol. L'homme l'entraîne plus à l'écart, Fabien cherche du regard la route qui disparaît derrière les fourrés. Il a peur.

L'homme a posé son autre main sur le short beige. Fabien n'a rien su faire, pendant de longues, très longues minutes. Lorsque l'homme a lâché son étreinte, Fabien a couru en remontant son short. Il a couru quelques mètres puis s'est retourné, et il a vu l'homme debout, là, qui lui souriait.

" Tu ne dois pas en parler, Casper, jamais. " L'enfant se tient assis sur son lit, son ours en peluche sur les genoux. Ses yeux d'un bleu très clair sont plongés dans les deux billes noires du jouet. " Tu n'aurais pas dû couper à travers les arbres, Casper. Il ne t'aurait rien fait si tu avais été sage. Et puis tu lui as dit bonjour. Maintenant tu ne dois rien dire à personne, rien du tout. "

Fabien a 28 ans aujourd'hui. La nuit, il se réveille encore souvent en larmes et en sueur, revivant en cauchemar les gémissements étouffés de l'homme derrière lui. Il retrouve l'odeur de la grosse main sur sa bouche, l'odeur de cigarette. Il retrouve la peur et le poids de l'homme sur lui. Et il a honte sans pouvoir le dire, honte d'avoir coupé par le petit bois, honte de l'avoir provoqué, honte de l'avoir satisfait, honte de l'avoir protégé.
Plusieurs fois, il voudra en parler, mais les mots ne viendront jamais. Même lorsque d'autres ont pu parler. Seul Casper détient le secret derrière ses deux billes noires, quelque part au fond d'un vieux carton, dans un grenier.

* * *

Hugues

Aujourd'hui s'ouvre le procès très médiatisé de Hugues Monfort, accusé de viols et attouchements sur au moins cinq mineurs entre 1978 et 1989, et aujourd'hui âgé de soixante-huit ans. Le procès, qui doit durer deux semaines, accueillera les témoignages de deux des victimes connues. Alors que l'accusation s'appuiera sur ces témoignages pour retracer les faits, Maître Duval, l'avocat de Monfort, fera valoir l'enfance traumatique du pédophile, qui doit être relatée par celui-ci devant la Cour. " J'espère que mon client tiendra le coup. Ce qu'il a vécu durant sa propre enfance doit être entendu par les jurés. Nous ne cherchons pas à l'innocenter, ni à nier la souffrance des victimes, et c'est avec beaucoup de respect pour elles et leurs familles que nous mèneront ce procès. Mais tous les éléments de l'affaire doivent être mis à disposition de la Cour. " Les familles des victimes ont réagi très vivement à l'annonce de cette phase du procès, considérant pour la plupart que " le bourreau se fait passer pour la victime, mais les victimes, ce sont nos enfants, brisés à tout jamais ".
Edith Mangevin, La voix du Nord, édition du 09 Mai 2006.

Hugues est né dans la chaleur tendre et l'amour. Pourtant, il n'a que trois ans quand sa mère lui dit de l'attendre sagement devant la grande grille de l'Orphelinat. Il fait presque nuit, les rues sont désertes et Hugues a déjà terriblement peur. Il passera toute la nuit à avoir peur, horriblement peur, et sera arraché à l'attente par les bonnes soeurs au petit matin. Dans leurs chuchotements, il comprend qu'il n'est pas le bienvenu, qu'elles ont déjà assez d'orphelins à s'occuper et pas de place pour lui. On est en 1941, l'orphelinat entasse dans ses dortoirs les petits êtres esseulés, victimes indirectes de la guerre. Hugues dort très peu, des angoisses nocturnes le réveillent en sueur, hurlant dans un lit souillé. Les religieuses finissent par ignorer ses cris et ses larmes, le laissant en proie à la peur durant les longues heures de noir. Lorsque Claudine Monfort se propose de l'adopter, Hugues se sent sauvé, enfin reconnu et aimé. Elle n'a pas beaucoup d'argent ni d'éducation, mais fréquente assidument l'église, aussi, les Soeurs ferment les yeux et lui confient le petit être agité.

Sur le chemin qui les mène chez elle, la petite dame serre sa main bien trop fort, comme chaque fois qu'elle l'étreindra. Elle lui dira souvent combien elle l'aime, combien il est beau, mais n'aura que peu de temps pour s'occuper de lui, son travail de femme de ménage ne lui laissant pas ce loisir. Quand Hugues hurle de terreur la nuit, elle tente les premiers temps de le réconforter, puis déverse sa colère de le voir si différent de l'enfant dont elle rêvait. Hugues est battu chaque fois que Claudine voit en lui l'enfant fragile, perturbé, terrorisé, bien loin de celui qu'elle voulait.

Tous les après-midi, Hugues est confié à Mme Rinsort, une femme autoritaire et tranchante qui occupe l'appartement d'en-dessous. Son fils, Thomas, pourtant moins âgé que Hugues, sera un modèle pour lui : plus téméraire, plus inventif, plus hardi, il entraînera Hugues dans des bêtises dont il le fera accuser seul bien souvent. Lorsque Hugues a neuf ans, Thomas l'entraîne dans des jeux sexuels, le poussant à agir selon ses désirs. Intimidé, séduit, sans autre réponse possible, Hugues cède et se tait.

Quand il perd son emploi de manutentionnaire, en 1976, Hugues occupe ses journées en traînant dans la ville. Il regarde les enfants jouer dans les cours d'école, et finit par y passer le plus clair de son temps. Il regarde leurs jambes graciles s'élancer après un ballon de football, il écoute leurs rires, il observe avec désir leurs corps longs et blancs sous le soleil. Un jour enfin, il en suit un sur le sentier. Dans l'étreinte qui s'ensuit, il retrouve Claudine, il retrouve Thomas, et ce parfum d'enfance qui l'enivre mieux que tous les alcools du monde. Il sait qu'un jour il faudra qu'il soit puni pour ça, mais la raison pèse bien peu face aux passions.

* * *

Fabien semble hésiter un instant lorsqu'il voit le sang couler de la narine enflée. Il se redresse à peine, et son regard croise celui de Rebecca, enlaidie par le maquillage dégoulinant et par les hématomes qui commencent à enfler. Elle ouvre la bouche pour prononcer une parole, et Fabien frappe une nouvelle fois, si fort que la tête de Rebecca vient heurter dans un bruit sourd le coin de la table basse. Elle s'effondre.

* * *

Madeleine

Tapi sur la couchette humide, le menton tremblant coincé entre ses genoux, Hugues tente d'étouffer ses pleurs et de calmer sa respiration. Il ne doit pas faire de bruit, il ne doit pas réveiller l'homme qui dort au-dessus de lui, il sait ce qu'il risque s'il le réveille. Hugues voudrait hurler, s'enfuir, se blottir au moins contre une veilleuse dans le couloir, trouver une goutte de lumière, ne serait-ce qu'un peu, ici il fait si froid et si noir... Maman, Maman... Comme à l'orphelinat, Maman, quand tu n'as pas pu revenir à temps... Maman...

" Chut... Tout va bien... Je suis là, mon fils, mon enfant, mon tout petit... Je suis là... "

La main douce se pose sur le crâne en sueur. Elle a de très longs cheveux blancs qui tombent en cascades bouclées sur sa robe beige. Hugues la perçoit à travers ses paupières, mais n'ouvre pas les yeux.

" Tu auras soixante-huit ans demain, mon amour. L'âge que j'avais quand mon coeur a cessé de battre. Mais mon trésor, je n'ai été toute ma vie qu'une ombre de femme, et qu'aurais-je pu être d'autre sans toi... J'ai cessé de vivre en réalité le jour où j'ai commis ce geste fou, ce terrible jour où je t'ai laissé seul, où je t'ai regardé pour la dernière fois, assis sur les grandes marches de pierre, inquiet mais si sage... Tu m'as attendu. Tu me faisais confiance, mon fils, mon amour, et moi je t'ai laissé tout seul. Si tu savais comme j'aurais aimé qu'il en soit autrement... J'aurais pu me damner pour te garder près de moi, mais je n'étais pas une bonne mère pour toi, je n'avais pas de quoi te nourrir et te soigner, et te garder aurait été te faire porter le poids de mon histoire, de ma fierté, de mes mauvais choix. Pourtant, celui-ci fût le pire de tous...

Tu es né de l'amour, mon fils, mon petit Hugues. Tu es né d'un amour immense et sans frontières, Simon était juif et sans le sou, j'étais d'une famille de radicaux aisés dans laquelle je ne me sentais plus à ma place. Nous nous aimions follement. Pour vivre cet amour, et quand nous comprîmes que tu viendrais, j'ai fui ma famille en pleine nuit, sans mot dire. J'avais seize ans... Seize ans et tellement de rêves, je croyais en la vie, je n'avais peur de rien. Tu es né le 12 mai 1938, entouré de tes grands-parents paternels, attendris et heureux, de ton père et de moi-même. Tu étais un enfant si sage... Mais la douceur sucrée de cette vie a cessé brusquement trois ans plus tard. Simon et sa famille ont été emmenés lors de la rafle du 14 mai 1941. Je ne les ai jamais revus, et c'est ensemble toi et moi, que nous avons pleuré leur perte, mon tendre enfant. J'ai d'abord voulu me débrouiller seule, mais avec un enfant dans les bras il m'était impossible de travailler. Je dûs me résoudre à retourner frapper à la porte de mes parents, cette porte que j'avais fermé sans bruit presque quatre ans plus tôt. Jamais je n'aurais cru être accueillie aussi durement. Ils ont rejeté ton sang, mon fils bienaimé, ils voulaient que je t'abandonne et j'ai d'abord refusé vigoureusement. Mais personne n'a accepté de m'aider, ma famille était très influente et ton origine fut un obstacle infranchissable. Tu avais faim et tu avais froid, je ne pouvais plus faire ton bonheur. Rester ensemble, c'était nous condamner à mort tous les deux. J'ai cédé... Tu étais tout ce qu'il me restait de Simon, puissiez-vous me pardonner tous les deux... J'ai commis l'irréparable, l'impensable, sur ces marches de pierre. Si tu savais comme je t'aime, mon fils, mon tout petit... Pardon mon enfant... "

* * *

Fabien regarde le corps de Rebecca, ahuri. Il réalise qu'elle ne bouge plus.

Lentement, ses mains entourent son visage, se crispent sur ses tempes. Ses yeux écarquillés ne peuvent pas se détacher de ce corps inerte, celui de Rebecca. L'instant dure une minute, une heure ou un siècle. Fabien voit la mort et se sent lui-même envahi par elle, dans un bourdonnement vertigineux. Ses jambes désincarnées le portent en titubant jusqu'au téléphone, ses doigts composent le 15, puis un éclair de panique indescriptible le saisit, le combiné tombe au sol et il s'enfuit, dévalant l'escalier, sautant dans la vieille voiture, fuyant la mort qui l'enveloppe. Fabien roule sans but. Il ne ressent que la panique, la terreur, incapable de penser ou de rassembler dans son esprit les morceaux disloqués de sa raison. Il arrête sans savoir pourquoi le véhicule au bord d'un champ. La lune haute éclaire à peine, le froid est mordant. Fabien ouvre la portière et sent le passé remonter du fond de ses entrailles, brûlant, aussi vif qu'il y a vingt et un ans. Ce soir-là après l'école, et cet instant présent dans sa voiture... Fabien vomit une grande gerbe acide sur le bas-côté. Les larmes jaillissent de ses yeux, son corps déverse sa souffrance et plus rien ne reste en-dessous. Il n'est qu'une boule de douleur, crispé, détruit, déchiqueté. Fabien vomit et pleure encore, puis sort de la voiture pour tenter de s'emplir de l'air froid de la nuit. Il marche comme il peut, porté faiblement par ses jambes maigres, jusqu'à un bar de village où il se remplit d'alcool jusqu'à ne plus percevoir sa douleur. Le patron le met dehors à la fermeture, et Fabien titube, puis s'écroule sur le trottoir où son corps cède à l'épuisement.

* * *

" Pardon mon fils... Pardon mon amour...
- Maman... "

Hugues ouvre les yeux et voit les lèvres rouges lui sourire tendrement. Puis, la silhouette gracile traverse les barreaux et disparaît dans le couloir. Hugues tend le bras pour la retenir, mais elle a déjà disparu.

" Maman !
- Ta gueule, sale pourriture ! Tu vas la fermer, putain ! "

Hugues se recroqueville et laisse les coups pleuvoir, jusqu'à ce que l'autre détenu, lassé, retourne s'endormir au-dessus de lui.

* * *

" Que de peine, mon garçon... "

Derrière un voile brumeux, Fabien distingue une vieille femme, penchée au-dessus de lui. La torpeur du sommeil le maintient immobile, couché sur le trottoir glacé, et aucun sentiment distinct ne se dessine en lui. Il cligne des yeux mais le voile blanc persiste, comme un brouillard lumineux.

" Que de fatigue... La vie n'offre pas à tous la chance de choisir son chemin, n'est-ce pas ? "

Elle sourit. Elle a les lèvres rouges et ses longs cheveux blancs tombent en cascades sur une robe beige boutonnée par devant, comme sortie d'un autre temps.

" Vous n'avez pas mérité tout cela, pauvre enfant. Vous n'avez pas eu le choix. Les peines s'entraînent et se bousculent, et vous voilà ici... "

Fabien roule sur le flanc et voit sur le pavé devant lui des dominos blancs, petits rectangles alignés les uns derrière les autres, qui tombent, poussés chacun par le précédent.

" Vous n'avez pas choisi d'être poussé dans ce vide d'amour. Mais il vous reste des choses à accomplir. Votre chemin vous appartient un peu, malgré tout... "

La vieille femme pose tout doucement un doigt sur l'un des dominos, le stabilisant avant qu'il ne tombe. Fabien sent son estomac lourd se soulever et son coeur résonner dans son crâne. Il cligne des yeux et les dominos, la femme et la brume disparaissent. Le jour pointe et la rue est déserte. Fabien se frotte le visage, et son esprit embué lui envoit, comme une gifle qui finit de l'éveiller, l'image du corps de Rebecca étendu sur le tapis du salon.

Fabien revient à sa voiture. Perdu, désorienté, une seule phrase parvient à s'inscrire dans son esprit. Qu'ai-je fait... Mais qu'ai-je fait... Rebecca, que t'ai-je fait...

Petit à petit, pourtant, une autre pensée se forme, réminiscence d'un souvenir vieux de plus de vingt ans. L'image de Casper lui revient en mémoire. L'homme de vingt-huit ans ressent alors l'urgence vitale de serrer contre lui la peluche ébouriffée, de dire aux deux billes noires ce qu'il a fait, dire à ces deux billes noires qui se tairaient toujours et ne jugeraient jamais, qu'il a tué la femme qu'il aimait. Fabien remonte dans la vieille Peugeot et prend l'autoroute vers Metz, où dans le vieux grenier de ses parents, Casper l'attend.

* * *

" Alors, le pervers, t'as encore chialé cette nuit, hein ? Comme les gosses que tu t'es fait, vieux salaud... Mais dis donc, tu t'es pas pissé dessus cette fois ! On dirait que la correction te fait plus peur. Laisse-moi arranger ça... "

Hugues entendit la braguette s'ouvrir et tourna la tête avant que le jet chaud n'atteigne son crâne. La douceur de l'apparition nocturne s'était enfuie, et le réel, toujours empli de peur, avait repris ses droits.

Le jour de ses soixante-huit ans, Hugues entendit les enfants qu'il avait violé il y a plus de vingt ans, devenus des adultes, décrire dans les moindres détails les actes horribles qu'il avait commis. On lui demandait de répondre à des questions, et Hugues restait assommé par la honte. Il comprenait le mal qu'il avait fait, mais la peur l'engourdissait. Tous les yeux tournés vers lui voulaient sa mort, et Hugues aurait accepté cette sentence immédiatement pour s'extraire à ces regards si lourds. Les secondes s'étiraient cruellement et Hugues subissait les conséquences de sa monstrueuse personnalité, relatée par des enfants innocents brisés à tout jamais.

* * *

Fabien arrive à l'angle de la rue où se dresse la grande villa de ses parents. En face, de l'autre côté, le chemin vers l'école, avec la grande route et le petit bois où... Ses tripes se tordent dans son ventre. La lumière est encore allumée dans la cuisine. Il n'a pas averti ses parents de sa visite. Il n'a pas prononcé un mot depuis vingt quatre heures, il n'a parlé à personne. Que pourrait-il dire ? Qui aurait pu entendre ce qu'il avait fait ? Terré dans sa voiture, il observe la silhouette de sa mère à travers les rideaux voilés. Il attendra qu'ils soient endormis, il entrera par la porte du jardin qui est toujours ouverte et n'affrontera pas le regard de ses parents, à qui il ne pourra jamais dire... comme il n'avait jamais pu leur dire...

La vieille femme s'assied à côté de lui dans la voiture. Elle a sur ses lèvres rouges le même sourire tendre que la veille.

" Il vous écoutera, c'est certain. Mais il est trop petit... Ce n'est qu'un ours en peluche, vos secrets sont trop lourds pour lui, vous savez... Bien qu'il vous soit un ami fidèle, il ne peut vous offrir de changer votre vie. Mais aujourd'hui, vous avez le choix. Le monde vous a fait attendre longtemps, mais ne lui en veuillez pas, il a fait de son mieux. Nous faisons tous de notre mieux avec les armes dont nous disposons, n'est-ce pas ? "

Fabien regarde ce doux sourire, et il lui rappelle celui d'une mère, attentionnée et bienveillante. Elle prend sa main dans les siennes, et y glisse un petit rectangle blanc.

" Faites ce que vous avez à faire. Il n'y a que vous qui pouvez vous libérer. Je ne serai jamais bien loin. Soyez courageux, vous y parviendrez. "
Puis elle disparaît.

* * *

" Alors, cher confrère, votre client est-il prêt à nous dévoiler les profondeurs sombres de son âme ? "

Maître Duval répondit au sourire moqueur de l'avocate par un regard bref et glacial. Depuis le début de la semaine, Monfort s'était montré fragile, peureux, incapable d'aligner trois mots, et nul doute que s'il ne parvenait pas à s'exprimer, elle n'aurait aucun mal à le faire condamner à perpétuité. Les témoins avaient ému l'assemblée, soulevant les coeurs et arrachant même les larmes à quelques journalistes. Les experts avaient conclu qu'il était encore dangereux pour la communauté. Monfort n'avait aucune chance. Il avait l'apparence usée et brisée d'un vieillard, mais son silence n'inspirait que du dégoût. Les deux avocats entrèrent dans la salle d'audience.

* * *

Fabien fut réveillé par la lumière du jour à travers ses paupières. Entre ses bras croisés sur lui, il serre Casper, usé et poussiéreux. Fabien regarde la peluche, et se sent infiniment rassuré, plus solide et plus fort. Au creux de sa main, Fabien tient toujours le domino.
Il démarre et cherche un café ouvert, où il commande un crème. Au comptoir, deux hommes échangent avec le barman une discussion animée.

" Les salauds comme ça, faudrait les flinguer pi c'est tout. À quoi ça sert les procès, hein, j'vous l'demande ? Vous croyez que c'est la peine de tergiverser ? Si ça avait été mes gosses, je l'aurais descendu moi-même, cette ordure.
- Ouais, paraît qu'il va essayer de s'faire plaindre aujourd'hui. T'as entendu ça, Roger ? Le pauv' gars veut qu'on pleure sur son sort, paraît qu'il aurait pas eu d'parents.
- Moi si j'avais mis au monde un monstre pareil, j'l'aurais abandonné aussi, j'l'aurais laissé crever, l'animal !
- Ouais enfin... Ça va encore foutre le bordel en ville pour circuler, c't'histoire. Avec les journalistes et autres badauds, c'est pas une image de not' ville dont on est fiers, pour sûr. "
L'homme jette le journal sur une table près de celle de Fabien, renfonce son béret et sort du troquet.

Fabien comprend ce qu'il a à faire. Il pose la monnaie et descend la rue en direction du Tribunal. Son ventre se serre mais il faut qu'il le fasse. Tassé dans la poche de son blouson, Casper va revoir l'homme qui attendait souvent devant l'école.

* * *

Hugues Monfort prend place à la barre. Il se retourne sans cesse vers le mur, comme pour chercher un soutien impossible. Mais son visage semble pourtant détendu, et ses mains ne tremblent plus. Dans le fond de la salle, un grand jeune homme blond se glisse dans l'assemblée et prend place, debout, dans un coin. Ses yeux rougis fixent Monfort avec obstination.

Il est là. L'homme qui attendait souvent devant l'école, avec sa barbe épaisse, devenue blanche, avec ses grosses mains qui sentaient la cigarette, devenues noueuses, avec son regard terrifiant... Il ne sourit plus. Ce jour-là il avait pris du plaisir, mais à présent, son visage exprime la honte. Fabien scrute ce visage, cet homme, ce vieil homme affaibli qui porte sur ses épaules le poids de centaines d'yeux accusateurs et haineux. Il est vieux. Il semble fragile... Le monstre resurgi du passé n'a plus rien de la bête puissante de ses souvenirs. Hugues regarde derrière lui et Fabien aperçoit celle qu'il regarde : la vieille femme aux longs cheveux, souriant au bourreau comme à lui-même. Fabien sent sa tête tourner, il serre plus fort dans son poing la patte de l'ours en peluche et le domino blanc. Il faut qu'il tienne. Il faut qu'il comprenne.

La voix de Hugues s'éleve dans un silence absolu. Elle est rauque et presque chevrotante, mais elle pose un à un les mots de son histoire. Parfois, il hésite, mais le doux visage de Madeleine derrière lui l'incite à poursuivre. " Tu dois le faire, mon enfant, ils ont besoin de ton aide. Ce n'est pas ta faute. Ils doivent savoir que ce n'est pas ta faute. Après, tout ira mieux, et je serai là, mon amour, je serai près de toi. Je ne t'abandonnerai plus jamais. "

Les mots parviennent jusqu'à Fabien et chacun d'eux dénoue en lui un sentiment indicible. Le monstre se décompose, et un vieil être brisé, humilié, égaré, le remplace peu à peu. Les yeux de Fabien s'embuent et les larmes coulent d'un flot ininterrompu sur ses joues mal rasées. Ses poings tremblants serrent la peluche, et ses yeux ne lâchent pas ce visage hypnotique, terrifiant autant que terrifié, celui de l'homme qui a brisé son existence, et dont l'existence tout aussi brisée est exposée peu à peu.

Hugues Monfort demande pardon. Il pleure, mais sa voix continue à demander pardon à chaque enfant, à chaque famille, pour chaque acte commis. Il a quelque chose d'enfantin lui-même, stoppé dans son développement par l'impensable, par l'angoisse, par la terreur inimaginable.

Lorsque la séance est levée, Fabien reste muet, collé au mur du fond de la salle, laissant sortir l'assemblée murmurante. Il attend. Quand la salle est presque vide, Hugues le regarde. Leurs regards traversent la salle d'audience, et Fabien lit dans les yeux de l'autre une douleur indescriptible, mais qui résonne en lui. Hugues baisse les yeux et murmure un dernier pardon avant d'être emmené par les agents hors de la salle.

Fabien prend le temps de faire chaque pas qui le mène hors du Tribunal. Il n'a pas besoin de revenir les autres jours, pas besoin de connaître le verdict. Il a entendu les mots qui libèrent l'enfant blessé. Il s'est acquitté de sa dette, sa dette de survivant, il peut maintenant briser le cycle. Fabien remonte la rue pour rejoindre sa voiture, qui le mènera au commissariat où il se livrera.

Lorsqu'il voit Rebecca près de la vieille Peugeot, il croit d'abord à un rêve. Appuyée sur une béquille, le visage boursouflé, la lèvre fendue, une minerve autour du cou, Rebecca le regarde tristement. Elle brise le silence et tout reprend vie. " J'ai vu un ange dans mon sommeil à l'hôpital. Un ange qui s'appelait Madeleine. Elle m'a parlé de ce que tu as vécu, mon amour... Je suis venue par le premier train, je voulais être à tes côtés pour te soutenir. Tu as fait de ton mieux, bébé, tu ne pouvais pas me donner ce que j'attendais de toi. Tu ne pouvais pas parler et tu ne pouvais pas oublier, et moi, si seulement j'avais pu comprendre, mais comment aurais-je su ?Tu m'as sauvé la vie tant de fois, mon amour, tu peux bien m'en reprendre une, je te les donne toutes. Toutes mes vies sont à toi. Ce qui devait être fait a été fait, tout est enfin à sa place, à présent. Et si tu le veux toujours, tu as une place auprès de moi. "

Fabien serre contre lui celle qui a su attendrir la mort, celle qui lui reconnaît miraculeusement le droit à la vie qu'il vient de regagner.

* * *

" Bonne nuit, Maman.
- Bonne nuit, mon tout petit. "

Dans la cellule grise et sale, Hugues ferme les yeux et s'endort contre le sein de sa mère. Aucune angoisse ne vient plus l'étreindre, et la violence de l'univers où il passera le reste de ses jours ne l'effraie plus. Madeleine est avec lui, pour toujours, elle est revenue, il n'a plus besoin de rien. La mort peut venir.

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© Elemmirë



Publication : 01 février 2009
Dernière modification : 01 février 2009


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5 Commentaires :

Narwa Roquen Ecrire à Narwa Roquen 
le 13-02-2009 à 22h13
Les histoires d'amour finissent mal... mais pas toujours!
Voici un texte complètement différent de tes productions habituelles. Sublimée par un sujet qui visiblement te tient à coeur, ta plume a pris de l'assurance, du souffle, de la profondeur... Impressionnant! C'est une histoire riche, mouvante, très bien construite sous son apparente complexité, qui alterne récit distancié et moments d'émotion décrits avec justesse et pudeur. Servie par un style limp...

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Elemmirë Ecrire à Elemmirë 
le 11-02-2009 à 19h37
Merci pour vos commentaires longs et constructifs ;)
Promis j'en tiendrai compte pour les prochains :)
Estellanara Ecrire à Estellanara 
le 10-02-2009 à 17h11
Point de vue Elemm’ => commentaire presque pas en retard
De mon « point de vue », pas la peine d’avertir. Il est bien évident que les récits publiés ici sont des fictions, avec des personnages fictionnels et des opinions fictionnelles.
Allez, c’est parti !
Les descriptions des personnages sont suffisantes, celles des lieux sont un peu légères. Les dialogues sont ultra-réalistes ! On est dans un réel dur, cru, brutal, montré sans compromis. On est dan...

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Maedhros Ecrire à Maedhros 
le 08-02-2009 à 10h57
Existences en vrilles...
C'est un très beau texte, en noir et blanc, cru et violent;

La forme : tu as su approcher au plus près de ton sujet mais tu n’as franchi le point au-delà duquel il serait devenu insupportable. Il la force d'un coup de poing dans le ventre car il a une justesse quelques fois troublante. La présentation subjective par personnage, d'une part colle au thème puisque chacun décrit la réalité selon s...

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Netra Ecrire à Netra 
le 06-02-2009 à 22h48
Attention, sujet brûlant !!!
Au niveau du style, tu es restée simple et c'est tant mieux, ça donne beaucoup de force à ton récit, même si j'ai noté quelques lourdeurs ou maladresses, par exemple : "Si tu savais comme je t'aime, mon fils, mon tout petit... Pardon mon enfant... " qui ne sonne pas naturel du tout, surtout le "pardon mon enfant". Le discours final de Rebecca aussi est un peu lourd, un peu bizarre.
Au niveau de...

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