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Comment la Lune acquit ses taches

Il y a de cela bien des vies de chêne, Later allait se baladant avec sa soeur cadette La-Lunn. Later marchait d'un pas rude et solide traînant la traînarde La-Lunn, plus petite, tout de gris et de morne vêtue. Elle trouvait sa parure bien pauvre, et contemplait de loin So-Leï, drapé dans une robe éclatante, qui se tenait, royalement immobile, au milieu de la réalité.

La-Lunn le cachait bien, mais elle désirait ardemment des habits semblables à ceux de So-Leï. Elle demandait parfois à son frère aîné quand elle pourrait avoir d'autres habits, mais celui-ci répondait sèchement que ceux qu'elle avait étaient très bien, et qu'il faudrait qu'elle cesse de s'intéresser à des choses futiles. Mais ce discours avait bien peu d'effet sur petite La-Lunn, qui ne contemplait qu'avec plus de convoitise la magnificence de So-Leï.

Il arriva que Later rencontre Lo, et ils s'entendirent fort bien, discourant longuement de choses que ne comprenait pas petite La-Lunn. Celle-ci essayait parfois de s'immiscer dans la conversation, mais Later et Lo lui disaient que ces choses étaient pour les gens sages, et qu'il fallait qu'elle attende encore. La-Lunn était bien fâchée de ce manque d'intérêt, et elle s'éloignait pour penser et contempler So-Leï.

Il advint plus tard que Lefeuh, le frère cadet de So-Leï passe à proximité. Elle regarda Later et Lo, et vit qu'ensemble ils avaient formé une belle chose. Une idée lui vint, et La-Lunn dit à Lefeuh d'aller se joindre à Lo et à Later. Lefeuh se retourna brusquement et se jeta vers Lo pour s'introduire sans douceur dans la conversation. Lefeuh apporta beaucoup d'agitation chez les deux autres, et il les poussa à danser, danser, danser sans cesse. Lo suivit le mouvement sans protester, mais il fallut que La-Lunn joigne ses suppliques aux encouragements de Lefeuh pour que Later se joigne à eux. Finalement, ils entamèrent une gigue chaotique, mais intéressante. So-Leï se tourna un peu pour suivre ce qu'il se passait, et cela incita La-Lunn à poursuivre son idée.

Elle chercha longtemps dans les infinités, et trouva enfin Laër, qu'avec beaucoup d'efforts, elle poussa à se joindre aux trois danseurs. Laër s'approcha, et comme Later, obtus, ne le laissait pas entrer dans la danse, il s'étala autour d'eux, et les enlaça délicatement.

La-Lunn était ravie de ce qui se passait en dessous d'elle, la danse des quatre devenait ballet, et leurs arabesques compliquées créaient sans cesse de nouvelles beautés. So-Leï était fasciné par ce qui arrivait, et il s'approcha un peu. Il était tellement absorbé par le spectacle qu'il ne vit pas La-Lunn venir par derrière pour tirer sur sa robe. Petit à petit, elle amenait à elle un peu plus du tissus éclatant, et enfin, elle tira d'un coup sec, et mille fois mille bouts de fil s'envolèrent, et La-Lunn s'empressa de revêtir l'habit de So-Leï.
_ Regardez ! Regardez ! cria-t-elle triomphante à Lo, Laër, Lefeuh et Later. Regardez comme je suis belle maintenant !
Elle parada devant eux dans son habit beaucoup trop grand, qui pendouillait mollement autour d'elle.
So-Leï, tout nu, se cacha la face et pleura en lui-même.
La lumière donnée par l'habit de La-Lunn n'avait rien de comparable à celle de So-Leï, et il advint bientôt qu'ils n'y virent plus rien.
_ Ce n'est pas grave , disait Lo.
_ Au secours ! criait Laër.
_ Je vais faire quelque chose ', déclara Lefeuh, qui essaya tant bien que mal de produire de la lumière à son tour.
_ Rends cela tout de suite petite insensée ! rugit Later. Regarde ce que tu as fait ! La-Lunn rendit son habit à So-Leï, et son visage s'entacha de honte.

Lefeuh enjoignit bien vite les autres à reprendre la danse, et So-Leï, impassible, brille royalement sur tout ce monde.

De la danse de Lo, Laër, Lefeuh et Later naquit bientôt Gaia, aussi nommée Notremonde dans une des langues inventées par les enfants qu'elle eut avec le Père Temps. Les bouts de fil dispersés par le geste inconsidéré de La-Lunn traînent encore au loin, et brillent faiblement autour d'elle quand So-Leï n'est pas là. La-Lunn garde encore une infime partie de l'étoffe de lumière de So-Leï, mais elle l'évite à présent, pleine de honte et disparaît à son approche.

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Publication : Concours "Rencontre sous la Lune" (Mai 2001)
Dernière modification : 07 novembre 2006


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