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De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 4 juin 2009 à 17:11:01
Avertissement: âmes sensibles et chastes oreilles, vous pourriez être choquées...





JUST A GIGOLO






Elle se présenta à l’accueil d’un air décidé. Sa blouse blanche affirmait son appartenance au monde des soignants, et le stéthoscope autour de son cou la classait aussitôt dans la caste dominante.
« Je suis Camille Levasseur, votre nouvelle interne. Pourrais-je voir monsieur Koriatcheff ?
- Bonjour », répondit l’infirmière au guichet avec un sourire maternel. Tenez, voici votre badge. Alors... »
Elle avisa une femme petite et frisée, en pyjama bleu, qui traversait la salle d’attente des Urgences avec une pile de dossiers dans les bras et l’interpella.
« Frisou, tu sais où est Jeff ?
- Ah oui, il est en salle de réveil sur une Grande Réa. Inutile de le biper... »
L’infirmière lui montra l’ascenseur.
« Deuxième étage, à côté du bloc chirurgical. Je serais vous... J’attendrais qu’il ait fini.
- Merci bien. »
Le coeur de Camille fit un double saut périlleux. Elle n’en voulait pas, de ce poste, elle n’en voulait pas, elle savait pourquoi elle n’en voulait pas... Mais elle avait été mal classée au concours de l’Internat, et il ne lui restait plus, pour son premier choix, que le Bloc Urgences-Réanimation de Saint-Paul ou les laboratoires de microbiologie où elle était sûre de perdre son temps... Aller s’enterrer à deux heures de Paris c’était déjà en soi une punition, mais la réanimation, c’était encore pire : ça la terrifiait. Ces gens qui allaient mourir sous ses yeux, les tuyaux, les machines, cette médecine déshumanisée où seul comptait le geste juste au bon moment... Elle avait relu ses cours, bien sûr, mais elle n’avait aucune pratique, elle avait horreur du stress et surtout elle détestait ces médecins urgentistes, cow-boys de la médecine, qui avaient la réputation d’être des gens pressés, brutaux, dominateurs, plus encore que les chirurgiens...
Elle sentit l’angoisse monter avec l’ascenseur, et arrivée à l’étage, hésita un instant ; elle entendit sur sa droite une voix d’homme, impérieuse.
« Bordel, Narcisse, t’es en charge oui ou merde ? Et le bica, il coule, là, ou il fait semblant ? Attention, poussez-vous... Feu ! »
Elle s’approcha. Le bruit du scope, bip bip, affolant par sa lenteur, et toujours la voix.
« Merde, madame Tonon, votre petit-fils vient vous voir dimanche, vous allez pas rater ça !
- Ca fait trois minutes, Jeff.
- Je t’emmerde. On refait. Cricri, Adrénaline, magne-toi le cul, bordel ! Attention, poussez-vous... Feu ! »
Le bruit du corps tressautant sur le lit sous le choc du défibrillateur. Six mois à supporter ça, six mois d’enfer.
« Ca y est, l’Adrénaline ? Merci. Ah ah ah... A nous deux! Je te baiserai, salope! Prends ça! »
Un silence. Et le bip du scope qui reprend, métronome calé à 70 par minute. Et la voix.
« Cool ! On la prend en Réa pour la nuit. Je vous laisse ranger, les jeunes. Viens-des, ma bande, on s’est bien mérité le café. »
Il manqua de lui marcher dessus, elle se poussa juste à temps. Il la transperça d’un regard de prédateur, remarqua le badge bleu.
« Mademoiselle Levasseur... Bien bien... Suivez-nous, on va boire le café, geste vital chez tout réanimateur qui se respecte. »
Elle emboîta le pas du Maître, que suivaient comme son ombre un grand infirmier martiniquais (ou guadeloupéen ?) à la démarche chaloupée, et une petite aide-soignante menue comme une souris, qui trottinait de son mieux pour rester dans son sillage.
Ainsi donc, c’était lui. Une tête de mort-vivant échappé d’un cimetière de banlieue, rasé à la va-vite avec une estafilade fraîche sur le cou, les cheveux presque longs, bouclés, striés de gris, la blouse ouverte sur LE pyjama bleu des réanimateurs, pas de badge, une voix autoritaire, un regard bleu d’acier – et il marchait comme s’il y avait le feu quelque part, d’un pas appuyé de paysan mal léché. Carré d’épaules mais pas très grand, maigre comme un chien errant, et tout le monde s’écartait sur son passage, en lui souriant...
Stéphane, un copain de l’année supérieure, lui en avait pourtant parlé avec des étoiles dans les yeux.
« Tu verras, c’est un mec génial, ancien Chef à la Salpé, quand même, personne ne sait pourquoi il est venu s’enterrer là... Toujours sur la brèche, un gars brillant, drôle, humain, hyper efficace... T’en as de la chance ! J’y ai passé un semestre formidable ! »
Elle se demandait vraiment ce qui pourrait être formidable dans un service de réanimation.
Il servit le café et enfin lui adressa un sourire clair.
« Mademoiselle Levasseur... Camille, c’est ça ? Je te présente Narcisse, notre infirmier des Iles, le seul mec qui me donne envie tous les jours de devenir homosexuel... Malheureusement il ne l’est pas... Et Christine, dite Cricri, la meilleure aide-soignante que la terre ait jamais portée ; elle n’a qu’un seul défaut : elle est fidèle à son mari, mais toi ça ne te gênera pas... Alors miss Camille, raconte-moi, tu veux faire quoi comme spécialité ?
- Ophtalmo.
- Chirurgicale ?
- Non, pas spécialement.
- Ah ah... Une médecine propre, des horaires de fonctionnaire, pas trop d’urgences, de toute façon pour ça il y a l’hôpital. Remarque, il en faut. Merde, déjà dix heures, Narcisse tu t’occupes d’elle, j’ai rendez-vous avec le directeur, bye les jeunes. Ah au fait, Camille, le stétho c’est dans la poche, pas autour du cou. Ici on frime pas, on soigne. »
Et le courant d’air disparut.
« Il est toujours comme ça ?
- Oh non », lui sourit Narcisse, « là il a pris son temps, il doit être fatigué, je pense, il y a eu du boulot cette nuit... »


« Bienvenue dans l’aquarium », lui avait dit Narcisse avec un clin d’oeil. Elle avait d’abord pensé au bleu des pyjamas (c’était la première fois qu’elle en mettait un, pas très élégant, mais confortable), et puis en jetant un regard circulaire, elle avait compris. Toutes les parois étaient en verre, et tout le monde voyait tout le monde d’un bout à l’autre du service. Bien sûr, ça permettait de mieux surveiller les malades, mais Camille se sentait agressée par la violence des éclairages, le son incessant, mécanique, cacophonique des moniteurs cardiaques, des respirateurs et des alarmes en tous genres. L’endroit lui semblait violent, hostile, dépourvu de toute chaleur humaine et d’intimité ; les infirmières s’interpellaient d’un box à l’autre, le téléphone sonnait en permanence, et les malades... Tubes, sondes, tuyaux, poches à recueil de ceci et de cela, la chair disparaissait sous les pansements et les prothèses. Ceux qui étaient conscients l’étaient à peine, et ne communiquaient que par battements de cils ou serrages de mains... Difficile d’imaginer que ces amoncellements de muscles flasques, d’hématomes et de plâtres, assistés dans toutes leurs fonctions vitales, avaient pu un jour chanter sous la douche ou engueuler leur secrétaire... Passer ses journées là en visites et contre-visites jusqu’à pas d’heure, et les gardes aux urgences en sus... Camille sentait un noeud coulant lui serrer la gorge.
« I’m just a gigolo
And everywhere I go
People know the part I’m playing... »
Un refrain fredonné sur quelques pas de danse, puis la voix du Chef de Service tonitrua tel le Grand Méchant Loup sortant du bois, avec un autoritarisme largement teinté d’humour.
« Alors cette visite ? Pas encore finie ? Faut tout faire ici ! »
Le docteur Koriatcheff enfila la surblouse pendue près du lit, se lava les mains et commença à examiner le premier patient, en lui parlant comme s’il pouvait l’entendre.
« Alors mon petit Fabien, on continue à roupiller ? Remarque je te comprends, dehors c’est pas joli joli... Mais t’as pas envie d’aller draguer en boîte, samedi ? Y a plein de meufs canon qui ne demandent que ça, mais avant de les mettre à l’horizontale, faudrait d’abord que tu tiennes un peu debout, non ? »
Il auscultait, il inspectait, il palpait, comme si c’était un nouveau patient...
« Miss Camille, qui ne comprends pas pourquoi je perds mon temps avec une plante verte qui est là depuis trois mois, peux-tu me dire les complications du décubitus ?
- Euh... les escarres... les raideurs articulaires... Euh...
- Ouais, va falloir relire, hein... Karine est passée, ce matin ? », lança-t-il à la cantonade.
- Pas encore », répondit du box d’à côté une infirmière qui changeait une perfusion.
- « Karine c’est notre kiné. Elle est ostéopathe. Ne fais pas la grimace. Elle voit plus avec ses mains que nous avec toutes nos radios. »
Camille ne put s’empêcher de sourire.
« Eh oui, la Faculté vous formate pour que vous soyez aussi con qu’elle, dans la trace hypocrite, lâche et politiquement correcte de l’Ordre des Médecins. Mais c’est pas parce qu’on ne comprend pas que ça n’existe pas... Tu sais faire un fond d’oeil, je suppose ?
- Oui, mais... Il faut le dilater ! »
Il lui tendit l’ophtalmoscope.
« Tu l’as regardé de près, le client, ou tu es au spectacle ? »
Camille approcha la lumière et souleva la paupière. Mydriase. Elle se mordit les lèvres.
« Oedème papillaire, grade II.
- Très bien. Tu examines le suivant ? »
Elle se rendit compte qu’elle tremblait. Ce type la stressait, l’agaçait, la décontenançait. Elle avait la tête vide et les jambes flageolantes, peur de ne pas savoir, peur de mal faire... Le bip sonna.
« C’est les Urgences. En route les p’tits loups ! »
La ruche blanche et bleue était agitée d’une animation intense.
« Jeff ! », cria l’infirmière de l’accueil. « Un arrêt salle 2, une gosse qui s’étouffe salle 3. »
Il poussa la porte de la salle 3. Une fillette (quatre ans, cinq ans ?) assise sur la table d’examen respirait bruyamment avec des pauses respiratoires. Lèvres bleues, yeux cernés...
Jeff lui mit la main sur le front, demanda au père :
« Elle est vaccinée ?
- On... on est contre, docteur.
- Connard ! Sortez d’ici, laissez-nous bosser. On vous rappelle dans dix minutes. Diagnostic, Camille ?
- Laryngite ?
- Non, madame : épiglottite. Si je la couche, je la tue, tu le sais, ça ? Tu sais faire une trachéo ?
- Non...
- Tu sais intuber ?
- Non...
- Bon. Narcisse, tu essaies d’intuber, si ça passe pas, trachéo. Camille, tu regardes et tu obéis. Je suis sur l’arrêt. »
Camille se sentit pâlir malgré elle. Cricri prépara les deux chariots d’urgence.
« Tu tiens les mains, Camille ? Allez ma poulette, je vais te faire respirer mieux. Détends-toi, c’est vite fait ! »
Debout derrière la tête de lit relevée à moitié, Narcisse regardait au laryngoscope la gorge enflammée, envahie par une épiglotte monstrueuse.
« Passera pas. Cricri, tu mets un petit butterfly, 5 mg d’Atarax, Camille tu ventiles au masque, maintenant, s’il te plaît, non, la Xylo pas le temps. Allez ma cocotte, ça fait mal deux secondes, là ! »
Camille sentit la petite tête se débattre entre ses mains ; du sang surgit de l’espace de peau au centre du champ vert en papier. Dans le même temps Narcisse passait la canule et la fixait, Cricri branchait l’oxygène et lui faisait signe de se pousser. L’enfant, recolorée, respirait calmement, les yeux fermés.
« Tu la surveilles ? Je vais voir Jeff. »
Camille surveilla. Maintenant que tout était calme dans la pièce, elle entendait la voix de Jeff dans la salle contiguë.
« Dobu, magne-toi. Aspiration... Ca passe pas à droite...File-moi un drain, vite, c’est un pneumo. Bordel, salope, celui-là je te le laisse pas, il a vingt ans ! Le drain, merde ! T’as un bocal derrière ? Super. Olé ! »
Un silence.
« Ben voilà. 65 chrono, qui c’est le plus beau ? Je te l’avais, dit, salope, que je te baiserais ! Ca s’est passé comment, à côté ? »
Et la voix de Narcisse, placide.
« Un vrai chou-fleur. J’ai fait la trach. Ca va.
- Cool ! Bon, le jeune homme, radio fissa et on le prend. Tu bipes la chir, à mon avis il y a au moins le fémur. C’est qui ? Choiseul ! Merde ! Fais l’écho abdo, aussi, le gars aurait la rate pétée que Monsieur de Choiseul serait foutu de pas le voir. OK, merci les jeunes. Camille ! On se casse ! »
Camille eut le temps d’arriver sur le pas de la porte que Jeff était déjà accroupi devant un bébé sur les genoux de sa mère.
« Ca, madame, c’est une pronation douloureuse. Dix-huit mois, c’est ça ? Bon, dix-neuf. Vous avez tiré sur la main... Eh oui ! Vite fait, mon bonhomme... »
Il prit le bras du nourrisson, le tira, le plia. L’enfant pleura.
« C’est réparé. »
« Mais monsieur Koriatcheff ! », intervint la surveillante, une femme âgée toute pimpante sous son maquillage forcé.
« Je sais, madame Dubois, sans radio...Mais les rayons c’est pas bon pour les bouts de chou. Sortie immédiate, on déblaie, on déblaie... Rien d’autre pour nous ? On est parti, les jeunes, pas fini la visite... »



Le soir, Camille avait la tête lourde et les pieds en compote. L’impression d’avoir couru le marathon derrière un athlète olympique. Sa chambre était monacale : un petit lit, une table, une chaise, une armoire, un lavabo juste assez grand pour se laver les mains, et les douches au fond du couloir. Elle soupira, ôta sa blouse et ses chaussures, et se jeta sur le lit. Après tout, elle était en pyjama.





La première garde de nuit. Camille ne se souvenait pas d’avoir jamais eu aussi peur. Ni pour le permis de conduire, ni pour le bac, ni même pour l’internat. Jeff lui avait dit : « Je dors à l’internat, ce soir, si t’as un souci, tu appelles. » Cet homme était décidément étrange. Elle ne le voyait jamais quitter l’hôpital. Il était de garde une nuit sur deux aux urgences, le jour il était partout à la fois, et quand il était de repos il était encore là...
Le problème arriva à deux heures du matin. Une jeune femme de trente-deux ans, qui hurlait de douleur en se tenant le ventre. Elle était inexaminable, ses muscles étaient contractés en permanence. Est-ce que c’était ça, une défense ? Radio et écho normales, bilan sanguin normal. L’antispasmodique n’avait eu aucun effet ; la femme tremblait, grelottait, sans fièvre. Et ses hurlements déchirants faisaient monter chez Camille une angoisse insupportable.
« Je vais la tuer, c’est sûr. Elle a quelque chose de grave et si je ne trouve pas ce que c’est elle va mourir. Jeff va se moquer de moi, mais si elle meurt... »
Elle composa le numéro de la chambre. Pas de réponse. Elle traversa la cour au pas de course, et au moment de frapper à la porte, s’arrêta. Indiscutablement Jeff n’était pas seul, et les grincements du sommier, les gémissements... Elle en fut aussi troublée que si elle avait surpris ses propres parents. Elle rebroussa chemin, essaya encore le téléphone.
« Oui ?
- Je suis désolée, monsieur, j’ai un souci...
- J’arrive. »
Il débarqua aux urgences la cigarette aux lèvres, la blouse ouverte sur le pyjama bleu, les cheveux en bataille et les yeux cernés. Il écouta l’histoire, et sourit.
« Alors ma pt’ite dame... Mais c’est très embêtant, tout ça... On va devoir vous faire une ponction lombaire... C’est très très douloureux, mais dans votre état je ne prendrai pas le risque d’une anesthésie, même locale...
- Ah mais c’est que je vais déjà beaucoup mieux, docteur... Je n’ai plus mal du tout... On pourrait peut-être la faire demain...
- C’est demandé si gentiment, n’est-ce pas Camille... Alors à demain, chère madame... »
Il fit un clin d’oeil à l’infirmière, qui administra à la patiente la gélule qu’elle avait préparé dans sa poche.
Il servit le café à Camille dans la salle de repos.
« C’est une hystérique, Camille, rien de plus.
- Mais...
- Mais moi je suis un mâle, donc un être dominant, protecteur, devant qui il fait bon se soumettre. Et Katia le savait, tu vois, elle avait déjà le Tranxène 50 dans la poche.
- Elle aurait pu me le dire !
- Katia est très diplomate...
- Je vous ai dérangé pour rien !
- Non, tu as bien fait. Elle vous aurait emmerdés toute la nuit. Et puis de temps en temps, c’est pas une hystérique mais une grossesse extra-utérine. »
Camille, confuse, reconnut :
« Je n’y ai même pas pensé...
- Une femme jeune, pourtant... Ca viendra, va. Dans six mois tu auras acquis les bons réflexes.
- C’est... C’est parce que je suis de garde que vous n’êtes pas rentré chez vous ?
- Oh... » Il alluma une autre cigarette. « Je ne suis pas souvent chez moi, de toute façon. Je n’ai pas de chat et pas de plante verte. Et puis j’économise l’essence. C’est écolo, non ? »
Camille se demanda s’il se moquait.
« La vie des gens ça tient parfois à deux, trois minutes. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. La mort est toujours en éveil, elle, toujours efficace. Si on veut la baiser, il faut être aussi rapide et aussi performant qu’elle. Et encore, des fois ça ne marche pas quand même. Allez, va te coucher, maintenant, Katia t’appellera s’il y a autre chose.
- Mais vous...
- Je vais faire un tour en Réa... et puis j’ai un malade à revoir en Cardio... Tu sais, à mon âge, on est un peu insomniaque... Tu viens à la fête, samedi ?
- Quelle fête ?
- La réception des nouveaux internes ! Tu en fais partie !
- Bof...
- Sans déc’, il faut que tu viennes. C’est une tradition.
- Désolée, mais l’esprit carabin, les paillardes et tout ça, ce n’est pas ma tasse de thé.
- Fais un effort. D’une part parce que sinon tout le monde te fera la gueule... »
Camille haussa les épaules.
« Et puis parce que... bon, c’est un peu ringard, mais ça tisse du lien... Et quand tu seras vraiment dans la merde, une nuit, tu seras contente que le collègue au téléphone te dise « OK, je monte ».
- De toute façon, s’il est de garde, il n’a pas le choix... »
Jeff eut un sourire enjôleur pour ajouter :
« Et puis on va guincher... Ca va être sympa... »



Sous la douche, elle se demanda pourquoi elle avait décidé d’y aller. Elle se sentait glisser sous l’emprise de cette espèce d’hurluberlu, trivial, hyperactif, despotique... Mais en même temps magique dans ses gestes, dans la rapidité de ses décisions, dans la chaleur de son regard, et cette façon de faire comme si tout était important... Et ce surnom de cow-boy ridicule, que tout le monde prononçait avec le plus grand respect...
On frappa à la porte.
« Prête, Camille ? »
Comment savait-il ? Elle ne lui avait rien dit !
« Tu comprends, je ne voulais pas te laisser descendre seule dans l’arène... »
L’économe gardait farouchement l’entrée de la salle de garde.
« Salut Jeff ! Et toi tu es son interne, je suppose... Camille ? Hep hep hep ! On n’entre pas comme ça ! Il me faut au moins un couplet. »
Jeff sourit, et entonna d’une voix de basse :
« Sur c’te butte-là y avait pas de gigolettes,
Pas de marlous ni de grands muscadins... »
A la tête de l’économe il éclata de rire.
« Oh, pardon, je me suis trompé de répertoire. Montehus, c’est pas vraiment paillard... Alors... »
« Sont les filles de la Rochelle
Ont armé un bâtiment
Ont choisi pour capitaine
Une fille de quinze ans
Ah la feuille s’envole s’envole,
Ah la feuille s’envole au vent...
- OK, Jeff. A toi, Camille. »
Camille rougit.
« Mais je...
- Chante avec moi », murmura Jeff en reprenant :
« Ah mes amis versez à boire
Versez à boire du bon vin, tin tin tin tin tontaine et tontin
Je vais vous raconter l’histoire
De Caroline la putain, tonton tontaine et tontin...
Son père était un machiniste
Du théâtre de l’Odéon, tonton...
- Ca va, ça va... Va falloir apprendre, Camille ! Mais tu as un bon maître ! C’est une encyclopédie vivante, et même pour les paillardes ! Allez, entrez. Hep, vous deux, là, un couplet ! »
Jeff lui servit un verre de sangria et Camille regarda sa montre. Dans une heure elle s’éclipserait, et la corvée serait finie. Elle vit Jeff aller parler à l’oreille de Dubreuil, l’interne de cardio, qui s’occupait de la sono. Puis il revint vers elle, tout sourire, tandis qu’un nouveau morceau commençait.
« I’m just a gigolo
And everywhere I go...”
“Tu danses?
- Merci, mais je ne sais pas danser le rock.
- Raison de plus ! C’est un rock lent, l’idéal pour débuter. Et c’est ma chanson fétiche. Ca fait partie de l’éducation de base de l’interne moyen, je suis encore au boulot, ah merde... »
Il était souple, félin, charmeur, il la guidait avec douceur et assurance et il chantait en même temps.
« I ain’t got nobody
Nobody nobody cares for me...”
Elle s’aperçut qu’elle prenait plaisir à le suivre, qu’elle avait confiance en lui, mais bon, il devait avoir quarante ans et plus, il était vieux...
« I’m so sad and lonely...
Won’t some sweet mama come and take a chance with me
Cause I aint so bad...”


Ils étaient assis côte à côte dans un canapé à moitié défoncé. Camille avait beaucoup dansé, surtout avec Jeff, et la sangria commençait à lui tourner la tête. Elle se disait qu’il serait bientôt temps...
« Pourquoi as-tu fait médecine ?
- Ca faisait plaisir à mes parents... Et puis, c’est un métier comme un autre... »
Jeff se redressa d’un bond.
« Non ! Non, Camille ! C’est tout sauf un métier comme un autre ! C’est un métier difficile, prenant, un métier à risque où ce n’est jamais le professionnel qui perd. La Mort rôde partout, la nuit et le jour, et nous sommes le dernier rempart, la dernière Garde !
- Oui, bon, toi peut-être, mais il y a des spécialités où...
- ... où si tu rates le diagnostic, ton malade meurt ! Où quand tu t’y attendras le moins, un gars fera un infarctus dans ta salle d’attente, et si tu n’as pas le bon geste, il te filera entre les doigts !
- La mort, la mort, il n’y a pas que ça...
Jeff avait un regard halluciné, mais c’est avec une douceur infinie qu’il ajouta :
« Il y a CA, surtout. La Camarde, la Faucheuse, cette salope perverse et vicieuse qui assassine impunément l’homme honnête, la femme délicate et l’enfant innocent... Il faut lui barrer la route, Camille ! Ici, maintenant, toujours ! »
Le bip sonna dans la poche de son jeans.
« Excuse-moi, j’y vais.
- Encore ? Mais... Tu n’es pas de garde ? »
Il sourit.
« Ici, maintenant, toujours. Bonne nuit. »


Elle avait enfin réussi à se débarrasser de Castellan, l’économe, qui s’était cru obligé de la draguer quand il l’avait vue seule. En regagnant sa chambre au deuxième étage, elle entendit la voix de Jeff derrière sa porte.
« T’aimes ça, hein ? »
Et une voix de femme qui répondait :
« Oui, oui, baise-moi, encore, encore... Je serai gentille, je te les laisserai tous... »
Si c’était ça, son urgence, bravo ! Elle se coucha un peu troublée. Elle avait failli succomber à son charme... Drôle de type... Il avait de beaux yeux, certes... Mais s’il s’imaginait ...



Elle arriva dans le service à huit heures, assez fière d’avoir réussi à se lever après une nuit aussi courte. Elle croisa Jeff qui repartait, le visage fermé, l’oeil furieux, en claquant la porte. Les portes. Toutes les portes jusqu’à l’extérieur.
Camille vit Narcisse remonter le drap sur la tête de Fabien. Et tout se mit à tourner autour d’elle. Elle courut plus qu’elle ne marcha jusqu’au box, et son regard désespéré chercha celui, triste mais calme, de l’infirmier.
« Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Un arrêt, à sept heures et demie ce matin. Je venais d’arriver. On a réanimé pendant une demi-heure. Ca n’a pas marché.
- Mais... pourquoi ? »
Narcisse haussa les épaules.
« Ca arrive, parfois. Ils sont nickel, et puis tout à coup ils décident de partir. Peut-être une embolie, va savoir. L’autopsie le dira. Mais des fois on ne trouve rien. »
L’horreur. L’incompréhension. Un vide douloureux. Envie de s’enfuir, de se blottir quelque part où il ferait chaud. Mais pas envie non plus de se sentir bien. Trop de remords. Culpabilité ? Des questions plein la tête, au moins comprendre ! Elle avait dû négliger quelque chose, elle aurait pu... Elle aurait dû...Elle n’arrivait pas à détacher son regard de la forme allongée sous le drap. C’était un cadavre. Juste avant, c’était Fabien, un gamin de dix-sept ans qui avait eu un accident de moto. Maintenant c’était un cadavre. Une chose absurde, incongrue, malsaine, qu’il fallait cacher...
« Tu en verras d’autres, va. On ne s’y habitue jamais. Même Jeff, tu sais. Il va être odieux pendant deux jours, et puis ça passera. C’est la vie.
- Mais je n’ai rien compris !
- Jeff non plus, et c’est le meilleur. C’est comme ça. Faut s’occuper des autres. Commence ta visite, je te rejoins. »



Jeff s’était assis sur le lit et avait ausculté le doudou avant d’examiner le gamin. Il lui avait parlé à l’oreille et l’enfant avait éclaté de rire. Camille se tenait dans un coin de la chambre, les bras ballants, essayant de sourire de façon rassurante quand le regard inquiet de la mère se posait sur elle.
« Nous allons le prendre en Réanimation, madame. Il y a de fortes chances que votre enfant ait une méningite à méningocoque. C’est très grave. Nous pourrons le surveiller plus efficacement.
- Mais il va bien docteur, il a juste un peu de fièvre, et ces boutons...
- Et nous ne le garderons que le temps nécessaire.
- Je peux venir avec lui ?
- Je vous ferai appeler dès que nous aurons fini les examens. »
Il déboula dans le service au pas de charge, hurla « Narcisse ! » et débita vite et fort pour que tout le monde entende :
« Tu fais vider le box 5. Les prémas tu les mets où tu veux, j’en ai rien à cirer. C’est un gosse de quatre ans, il a un fulminans. Pour l’instant il va bien. Camille tu préviens le biologiste que je veux un examen direct du LCR dans 15 minutes. Cricri, tu prépares le respirateur, le Dobu, le chariot d’intubation, le défibrillateur, et tout le tralala. »
Le service se transforma en champ de bataille. Tout le monde courait, criait, s’invectivait, se bousculait. Camille sourit. C’était ridicule. Jeff virait à la paranoïa. Ce n’était pas un polytraumatisé, c’était un gosse de quatre ans qui allait bien, il avait juste un peu de fièvre et trois pétéchies sur le ventre. Et puis même si c’était un méningo, le germe était toujours sensible aux antibiotiques et le traitement avait été débuté dès que la ponction lombaire avait été faite.


L’enfant arriva sur un brancard, hurlant et gesticulant.
« Maman ! Je veux maman ! Je veux pas venir ici ! Non, non, non, et non !
- Du calme, mon garçon ! Du calme ! Ta maman va venir. Mais d’abord on a des choses à faire, et ça lui ferait peur. Toi t’es un homme, OK, tu es fort et courageux, alors tu vas te taire et nous laisser travailler. Ta maman viendra après. »
Il était dix heures du matin. A dix heures dix, le biologiste confirmait le diagnostic : Neisseria meningitidis pullulait dans le LCR. L’amoxicilline et le céfotaxime avaient été administrés. Le Dobutrex fut débuté à quatorze heures, aux premiers signes de défaillance cardiaque gauche. La ventilation artificielle après intubation fut nécessaire à dix-huit heures.
Jeff ne quittait pas le box. Il ne laissait personne entrer, effectuant lui-même tous les soins. Le gamin revenait à la conscience par moments, il se débattait, il avait peur. Jeff avait retiré son masque, il lui parlait doucement.
A vingt-deux heures il était dans le coma. Il mourut à une heure trente, après une heure de réanimation.
La mère s’évanouit quand Jeff, des larmes plein les yeux, le lui annonça.
Camille était abasourdie. Plus d’émotion, plus de larmes. Ca n’avait pas de sens. Il n’y avait rien à dire. Que le silence. La Réa était devenue anormalement calme, comme une plaine dévastée après une tempête. Elle alla boire un café dans la salle de repos. Elle croisa Narcisse et Cricri, qui étaient restés pour prêter main-forte à l’équipe de nuit, et pas un mot ne fut échangé, les yeux se fuyaient, les corps se déplaçaient comme des ombres. A trois heures, vide, inutile et stupide, elle partit se coucher.
Il y avait du bruit dans la chambre de Jeff. Elle l’entendit crier.
« Tu es vraiment une garce, une pute, une ordure ! Quatre ans, il avait quatre ans ! J’ai commencé le traitement avant les résultats ! Il n’aurait jamais dû mourir ! »
Une voix de femme, onctueuse, mielleuse, fielleuse, lui susurra :
« Il me plaisait bien, ce petit, si tendre, si frais... Et puis c’est ta faute, aussi, hier soir tu t’es endormi très vite... »
Sidérée, Camille s’arrêta.
« Tu peux foutre le camp, c’est fini, je ne te toucherai plus !
- Oh que si, mon cher, tu vas me baiser encore et encore, et tu vas me faire jouir encore et encore, parce qu’il reste la jeune Emilienne et son perfringens, madame Denat et son ulcère gastrique, plus le polytrauma qui va arriver dans trois heures exactement... et les varices oesophagiennes de monsieur Lebrun, et toute cette flopée de prématurés que je surinfecte quand je veux... Tu as une préférence ? Entérocolite nécrosante ou staphylocoque ? J’aime bien le staphylo. C’est forcément iatrogène, ça fait des infections pulmonaires fabuleuses, avec un peu d’application un joli pneumothorax, c’est tenace comme le chiendent et de plus en plus résistant aux antibiotiques... Quoiqu’une belle entérocolite, avec une résection du grêle sur un neuf cents grammes, c’est sympa aussi... Tu vois Choiseul s’y lancer ? C’est lui qui est de garde demain... »
Le bruit retentissant d’une gifle fit sursauter Camille. Un éclat de rire dément lui répondit. Puis le son mat de la chute de deux corps sur le lit, et la voix féminine, alanguie et langoureuse, caressante et perverse, qui psalmodiait :
« Oh oui, oh oui, baise-moi, mon joli coeur, fais-moi jouir... »
Camille recula, horrifiée. Elle entra dans sa chambre, fourra ses vêtements pêle-mêle dans son sac, et sans même se changer, courut à sa voiture et démarra en tremblant comme si un raz de marée allait submerger Saint Paul d’un instant à l’autre.
Elle ne voulait pas en savoir davantage. Elle ne voulait pas demander d’explications à Jeff ni à qui que ce soit. Elle fonça sur l’autoroute, le pied au plancher, sans regarder le compteur. L’internat, la médecine, elle ne savait pas, elle ne savait plus. Elle n’était sûre que d’une chose : elle voulait partir, partir, loin, ailleurs, tout de suite et pour toujours. Et ne plus jamais revenir.
Narwa Roquen


  
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Réponses à ce message :
Netra  Ecrire à Netra

2009-06-06 13:41:50 

 WA 61, commentaire Narwa RoquenDétails
Alors histoire de taper dans le méga-glauque, t'as fait très très très fort...
Puis c'est horrible le coup du gosse... Ton héroïne est vraiment toute candide à côté de ce qui lui arrive que c'en est presque drôle.
J'ai bien aimé, même si de fait c'est pas facile à lire.

Un détail cependant... il est très peu probable qu'au niveau du concours de l'internat elle n'ait jamais été en réa, c'est un service où ils mettent presque toujours des débutants (mon frère y a eu droit en seconde année, et ça avait l'air vachement plus cool que le tien, de service de réa) parce que justement, causer à un légume c'est plus facile. Là, elle serait plutôt au service chirurgical d'urgence. Mais bon, c'est du détail.
Netra, une paire de ciseaux à la main pour inaugurer son site web.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-06-07 18:24:22 

 Danse primale...Détails
Ce n'est pas un commentaire... juste un ressenti...

C’est une très vieille dame qui cherche un amant. Une très vieille dame toute habillée de noir qui ne fait jamais aucun crédit. C’est une vraie salope, l’archétype de la salope. Les hommes, elle en a connus des tas... Des vieux et des jeunes, des laids et des beaux, des riches et des pauvres. Mais elle en redemande toujours, son appétit est insatiable. Elle ne paie jamais pour voir. Elle paie juste pour danser et elle se moque des loosers qui essaient de la rouler. Elle n’est pas du genre commode. Non. Elle cherche sans cesse de la viande fraîche à se mettre sous la dent ou sous la jupe. Elle rit tout le temps et son sinistre sourire fait peur. Alors que sommes-nous pour elle ? Que sommes-nous tous ? Rien que des gigolos. Des gigolos qui tentent de vendre le peu qu’ils ont pour faire une danse de plus sur la piste couverte de sciure et de sueur, où chient les mouches comme de minuscules bombardiers. Oui, car qui sommes-nous sinon des gigolos qui se retrouvent à la fin nus et seuls, sans personne pour s’occuper d’eux? Alors, quand la danse est trop macabre, quand les musiciens pissent le sang, quand la vieille dame danse beaucoup trop vite avec son air de peine à jouir, alors oui, certains gigolos pètent un plomb pour accorder leurs pas au rythme endiablé. Car c’est la vieille qui conduit la danse. Elle ne se fatigue jamais, toujours souriante et les bras grand ouverts. Certains gigolos sont vêtus de blouses blanches, bleues ou vertes, comme d’étranges mouches à merde mais elles dansent avec la vieille dame à la place d’autres trop fatigués. Ils dansent toutes les nuits pour que d’autres danseurs puissent avoir une danse de plus au compteur. C’est pas facile de gruger la vieille dame qui danse chaque minute plus vite, plus fort, plus profond, avec son sourire de carnassière. Priez pour les gigolos... priez pour qu’ils arrivent à suivre son pas, sinon pour vous, c’est le trépas !

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-06-07 22:48:32 

 Merci...Détails
... de cette suite poétique, sur fond de rock 'n roll endiablé... Je vois que les Muses, en ce moment, n'ont rien à te refuser... Pour notre plus grand plaisir à tous!
Narwa Roquen,rebelle qui aime les musiques rebelles!

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-06-09 10:45:31 

 Woaow (commentaire NR n°61)Détails
Eh beh.
En voilà un texte sacrément fort. Le rythme d'abord, donné par ce personnage qui domine tout, noyant complètement le point de vue du narrateur. On voit bien que ce Dr House (en plus expressif et en plus sexualisé, si je puis me permettre) est complètement déstabilisant et nous déstabilise aussi, imprévisible, entier, déroutant.
Ensuite, l'histoire. Ces corps qui vivent et meurent, entrent et sortent, bougent puis ne bougent plus, comme dans une danse. Avec cette musique qu'on connaît tous et qui colle très bien au texte.
Et enfin, la Mort. Le côté fantasy du texte (qui par ailleurs colle de très près à un réalisme douloureux), mais ce côté magique qui ne fait que rajouter dans l'horreur! Et qui nous surprend, parce qu'on peut penser au départ qu'il est dans la mise en scène avec une amante parmi les nombreuses qu'il doit avoir, et qu'il lui fait jouer ce rôle pour le fun; dans les dernières répliques, on voit bien que ça ne peut pas être un jeu. Aïe..... Surprenant et inattendu, mais sacrément fort!

Quel texte, vraiment! Fulgurant!

Elemm', clap clap clap, clap clap clap, bis! bis!

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z653z  Ecrire à z653z

2009-06-10 14:47:48 

 quelques détails en plus de celui de netraDétails
adrénaline devient adré (surtout quand y'a urgence)
"martiniquais (ou guadeloupéen ?)" <--- que vient faire ce questionnement ici ? Pour souligner une personnalité qui se pose beaucoup de questions ?
"Aller s’enterrer à deux heures de Paris c’était déjà en soi une punition" <--- deux heures de vélo ??
Pour une pronation douloureuse, normalement y'a pas besoin de radio ;)
"Neisseria meningitidis pullulait dans le LCR" <--- là le narrateur peut dire ce que signifie ce sigle.
"plus le polytrauma qui va arriver dans trois heures exactement" <--- c'est Camille ? ;)

Sinon c'est très bien rythmé et la fin est diablement bien trouvée !

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-06-11 14:17:02 

 LCRDétails
Ligue Communiste Révolutionnaire bien-sûr!

Ah mais non, j'me trompe de contexte ^^

Elemm', ok je sors.........

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-06-11 21:43:37 

 lettre chèque relevé?Détails
Non bien sûr! Mais le docteur Green est formel : il s'agit du liquide céphalorachidien


M

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-10-09 10:07:25 

 Exercice 61 : Narwa => CommentaireDétails
Un instant, j’ai vraiment cru que tu allais nous entrainer dans le milieu de la prostitution, hihi ! Les dialogues sonnent vrai, comme par exemple « Aller s’enterrer à deux heures de Paris c’était déjà en soi une punition » qui vous pose une parisienne typique. Je me suis demandé ce qu’elle fait dans ce boulot si elle a horreur du stress mais cela s’explique par le fait qu’elle veut devenir ophtalmo. Joli, le langage ordurier ! Ca change pas mal de ton style habituel, même si tu sembles à l’aise dans les différents registres de langue.
« Je te baiserai, salope! » : je me suis demandée à qui il parlait et j’ai compris la deuxième fois que c’était à la mort et que c’était elle qu’on entendait dans sa chambre. C’est d’ailleurs une excellente idée, cette relation perverse entre le médecin et la mort.
Le portrait du docteur Koriatcheff est réussi ; j’aime beaucoup son style, agréablement expéditif, violemment efficace, frénétique. C’est un très beau personnage, passionné. Chapeau pour le vocabulaire médical, les maladies et noms de médicaments. Tout m’a semblé parfaitement cohérent malgré la densité des données. Soit tu as fait des recherches incroyablement poussées, soit tu es dans le métier ! Malgré mes études initiales, qui me permettent de savoir ce que sont la pronation et le LCR, j’ai cherché pas mal de mots pour bien suivre : mydriase, xylocaïne, iatrogène. Le service dégage une bonne ambiance de camaraderie dans l’adversité bien que les autres personnages ne soient pas très développés. C’est noir, c’est grossier, ça décape, j’adore !

Est', en pleine lecture.

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