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 WA60 - Une participation Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maeglin  Ecrire à Maeglin
Page web : http://Maeglin
Date : Vendredi 1 mai 2009 à 17:22:48
Patience avait eu du mal à naître. La sage-femme avait employé cette expression en nous tendant le dossier à la sortie de la maternité:
«Celle-là, on l'a agrafé à la vie »

Paradoxalement, depuis ce jour, tout est allé très vite. Et là, Patience me regarde étrangement, plus assez amoureuse, pas encore tout à fait libre.

- Papa, j'en ai marre de cette vie qu'on mène. Je voudrais me reposer un peu.

Avec Clara, on s'était promis le meilleur pour nous venger de cet instant de doute où Patience s'était presque refusée à émerger de son ventre. Du jardin d'enfants au lycée, nous l'avions bercée au jazz, décorée sa chambre avec des tableaux de maître, nourrie au bio et à l'artisanal, trimballé de musées en sites majestueux, endormie à grands coups de Baudelaire et inscrite dans la plupart des écoles trilingues à travers le monde.

- En résumé, ma petite Patience, tu me demandes une vie de merde?

Elle sourit, du même sourire que quand j'avais quinze ans. Je lui collerais bien une baffe. Clara a mieux pris l'affaire. Nous avons acheté un pavillon de banlieue et pris chacun dix kilos. Le week-end, je regarde le sport à la télé. Patience a fini par terminer sa thèse de sociologie, elle s'installe le mois prochain avec Félix, et je crois qu'elle est enceinte.

- Tu m'aimes encore, mon petit papa?
- Hé oh, Patience, c'est moi qui vais crever là! C'est à toi de me dire que tu m'aimes, que j'ai été un bon père et un chouette grand-père, histoire de me rendre le départ plus facile!

Clara a posé ses mains diaphanes sur moi. J'y connais pas grand chose, mais ça sent un peu la fin ce lit d'hôpital. A bien y réfléchir, je n'ai pas plus réponse qu'au début. Et c'est drôle, parce que dans cette lumière que je commence à distinguer, Clara est encore là. C'est la patience qui va surtout me manquer.


  
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Réponses à ce message :
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-05-14 00:12:29 

 Commentaire Maeglin, exercice n°60Détails
Désolée pour le retard, mais je ne lis ( et donc ne commente) qu'après avoir écrit mon texte, et cette fois-ci je n'étais pas en avance... Mais les commentaires arrivent toujours, dans l'ordre chronologique des participations.
Je suis sous le charme. Tu respectes la consigne et tu la sublimes... C'est original, , drôle, concis, précis, surprenant... et en même temps, et c'est ce qui en fait toute la valeur, c'est prodigieusement et délicatement humain...
J'ai adoré!
Juste un détail: "elle sourit, du même sourire que quand j'avais quinze ans": j'aurais dit " que j'avais à quinze ans" . Mais c'est une broutille...

Quelle bonne idée, cette WA, finalement, si ça nous permet de te lire plus souvent!
Narwa Roquen, le charme, c'est fait de petits riens...

Ce message a été lu 6381 fois
Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-05-14 22:51:57 

 Commentaire Maeglin n°60Détails
On retrouve tout de suite ta patte, cette façon d'écrire simple et fluide mais poétique en même temps... Les dialogues, courts, allant à l'essentiel, et bien ancrés dans le réel avec leur vocabulaire, contrastent mais ça rend le tout encore mieux.

L'histoire est simple et géniale à la fois. Définitivement, je suis fan, j'adore ton style! Bravo :)

Ce message a été lu 6609 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-05-16 18:18:02 

 Une théorie de la relativité.Détails
C’est ce qui m’est venu à l’esprit quand j’ai lu cette histoire. Des vitesses relatives qui filent droit devant elles mais que tu figes quelques fois sur le même plan pour mieux mesurer l'écart de plus en plus grand qui les sépare.

Bien sûr, il y a cette émotion pudique et aérienne, ce regard juste sur la perception différente du temps qui s’accélère et qui passe sans qu’on y prête attention. Ce désir qui nait chez l’enfant de larguer les amarres, sur cet éternel recommencement pour d’autres histoires mais qui ne sont que de complexes prolongements.

En peu de mots, tu as réussi à exprimer ce qui reste finalement qu’un bref intervalle entre deux convulsions baignant de façon identique dans une lumière blanche. J’aime bien la persistance de l’amour qui unit le père et la mère. Clara en latin, ne signifie-t-elle pas « brillante » ? J’aime bien aussi la naissance de Patience qui marque l’emballement inexorable de l'existence des parents. Patience semble ainsi vouloir retarder le plus possible ce compte à rebours mais le temps ne se remonte jamais, sauf peut-être pour Pâris!

Quelques broutilles d’accords mais sans vraiment d’importance. Un style harmonieux et une narration fluide sont mis au service d’une idée forte et originale. Bravo.


M

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-09-23 14:15:09 

 Exercice 60 : Maeglin => CommentaireDétails
Ce texte m'a laissée un brin perplexe. Je n’ai pas compris le rapport entre « plus assez amoureuse, pas encore tout à fait libre » et le fait qu’elle s’adresse à son père. La dernière partie arrive brutalement. Des décennies ont passé en quelques lignes. Le ton, cependant, est original. Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris.

Est', en pleine lecture.

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