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 WA, exercice n° 14 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 5 avril 2007 à 16:22:46
A partir de l’atmosphère suggérée par la description du lieu de l’intrigue, vous pouvez maintenant écrire l’histoire qu’il vous plaira... Pour ceux qui auraient manqué l’exercice n°13, je rappelle que la description d’un lieu , non pas objective mais évocatrice d’une ambiance particulière, doit être au centre de votre récit.
Vous avez pour ce faire 3 semaines, jusqu’au jeudi 26 avril.
A tous ceux qui regardent et hésitent à se lancer : il s’agit simplement d’exercices conviviaux, et chaque participant est accueilli avec plaisir. Dans le cas présent, une fois que la description du lieu est faite, l’histoire peut se résumer à un simple synopsis. Le seul but poursuivi est de se faire plaisir !
Narwa Roquen,c'est en forgeant qu'on devient forgeron


  
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Réponses à ce message :
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-04-15 19:14:30 

 WA - Participation exercice n°14Détails
Voici la suite. N'attendez aucune histoire logique ni de happy end. J'ai essayé de décrire une sorte de comédie musidécalée. sombre et violente, sans trop d'espoir. Black is back again. Bon courage!

_______________________

La grande parade débute. Quelque chose se meurt en même temps que cette année mais personne ne le remarque vraiment.

Des danseurs prennent alors possession de la rue, leurs costumes magiques dessinent des tableaux vivants où la vie s’égare entre les voiles du monde. Les sourires sont professionnels, d’une blancheur éclatante, mais au fond des yeux, la panique du faux-pas ne parvient pas à être totalement dissimulée. Les figures sont complexes, arrachant des cris de stupéfaction à la foule qui se presse pour assister au spectacle.

Entre les voitures, premières victimes de l’infarctus, les chorus girls, élégantes vierges aux fronts farouches, suivent d’un regard possédé les consignes du chorégraphe. Elles dressent leurs bras vers le ciel en renversant le corps en arrière. Les pas s’enchaînent sans temps mort, dans le vacarme assourdissant d’une musique déversée par des haut-parleurs invisibles, musique vibrante et frissonnante.

C’est son testament. Il a imprimé sa marque tout au long de ces années sur Broadway. Les badauds assistent au destin tragique de Sally. Elle aime Brian mais le bruit des bottes sur un pavé allemand couvre dans la fureur naissante leur idylle sans espoir. Les danseurs s’immobilisent enfin, le souffle court et l'âme en déroute.

Ils baissent la tête mais d’autres s’avancent déjà. Ils sont vêtus de combinaisons immaculées avec des lignes bleues et rouges figurant le réseau sanguin. Le long soupir d’un orgue Hammond s’élève tout d’abord, entouré de cordes célestes comme un recueillement de cathédrale. Puis une rythmique diablement rock entame un morceau immédiatement reconnaissable. C’est une invitation à bouger et à danser. Une frénésie s’empare de la troupe, corps désarticulés et en sueur, unis malgré eux au tempo infernal. C’est toute sa vie que le chorégraphe insuffle à sa création. Tension extrême et exigence exacerbée. Nervosité et sensualité. Musicalité et grâce ondoyante. Les filles se libèrent frénétiquement, donnant corps à des visions étrangères et angéliques.

Les images de toute une vie défilent, incomprises. Les frustrations et les désirs refoulés, les ambitions avortées et les succès mitigés, les amours idéalisées et les amours décevantes. Les trahisons domestiques et les lâchetés professionnelles, le besoin d’être soi et la nécessité d’être pour les autres. C’est sa vie. Il dirige sa troupe comme on assouvit ses fantasmes. Ses danseurs sont sa mémoire et ses absences, ses rires et ses larmes, son coeur et son sexe, sa faim de vivre ! C’est violent et délirant dans cette nuit de Saint-Sylvestre.

C’est la dernière sarabande des maudits, comme s’ils sentaient que bientôt un ordre nouveau allait souffler sur cet espace de liberté, malgré les clochards et les prostituées, malgré les flics et les truands, malgré les drogués et les marchands de rêves à un dollar, malgré les anges et les démons. Une autre guerre est en gestation. Et celle-ci enfantera une suivante bien plus tard. L’apocalypse est ici et maintenant sans les hélicoptères et les walkyries. La parenthèse va bientôt se refermer et vous assistez au refus muet de cette faune qui revendique son droit à exister.

Il y a toujours quelque chose de magique dans l’air, chantait le vieux Georgie. Il a depuis longtemps repris le Greyhound vers le néant. Ils disent pourtant que les néons sont plus brillants sur Broadway et que les filles y ont quelque chose de plus.

Les spectateurs sont fascinés et applaudissent à tout rompre. Mais qui peut deviner dans ce rythme entraînant, le premier dialogue avec la Mort ? Il est temps de dire au-revoir à la vie et attendre le dernier baisser de rideau, hein Bob ! Les substances qui voyagent dans ton corps ont-elles eu raison de toi ? Ou est-ce la fatigue de la vie qui t’emporte aussi sûrement que cette injection qui foudroiera Joe tout à l’heure ? Le gentil cow-boy ne partira pas dans le soleil couchant de son Texas natal. Non. Il s’est égaré dans les soleils factices des paradis imaginaires. C’est une fusion froide qui a arrêté son coeur. Il est assis sur le banc, une seringue posée juste à côté. Il semble dormir et tous ses problèmes se sont envolés. Comme son âme qui plane à présent au-dessus des buildings.

Mais Ratso ne saura jamais. De telles histoires ne sont belles qu’au cinéma, dans la tiédeur d’une nuit américaine. Le petit dealer porto-ricain a fui en apercevant les lumières tournantes de la patrouille de police. Mais il n’échappera pas à son destin qui mange petit à petit ses poumons. Regardez-le détaler, n’est-il pas pitoyable avec sa jambe raide qui l’empêche de courir ? Personne ne fait attention à lui, c’est la course du rat dans les ruelles. Laissez-le courir, il n’ira pas loin.

Le Waterford Crystal se prépare à être lancé du One Times Square, quelques minutes à attendre. Ira-t-on jusque là ? Le temps ralentit, long travelling autour du square, plan large qui embrasse des scènes de liesse, des nouveaux départs et des serments éternels. N’y croyez pas. N’y croyez jamais. Iris a pleuré quand Travis l’a jetée en travers de la banquette arrière. Ses supplications n’y feront rien; Travis a traversé le pont et ne reviendra plus. Son esprit est resté en arrière, bien en arrière, dans la rizière, mais il ne le savait pas.

Le feu tricolore ne passera plus au vert désormais. Le rouge a submergé Travis comme le napalm a recouvert la rizière. Les danseurs et la musique ont masqué le bref déchaînement de violence. L’ogre avait encore faim cette nuit. Son fouet a claqué deux fois. Il se fout de la grâce du nouvel an et de ses fadaises millénaristes. Il veut son quota de chair et de sang. C’est son tribut et nul ne lui conteste. Trois....deux...un...l’année est passée. Vive la nouvelle année.

L’agneau est mort cette nuit sur Broadway.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-04-25 18:25:26 

 WA - ex n°14, participationDétails
Cet exercice est la suite du n° 13, donc pour une meilleure compréhension du texte j'invite ceux qui ne l'auraient pas fait à lire le 13... avant le 14!



Des hommes debout




Le silence sur un désert de ruines... Enfin, c'est ce que voient les rares vaisseaux zéphyriens qui survolent la zone. En réalité, il peut s'y passer bien autre chose, comme par exemple ce qui arriva le 21 juin 2764...



Ternekal posa le petit astronef sur la berge du fleuve asséché.
« Et si on nous repère ?
- Nous sommes loin de Capitalia. Et nous n’allons pas rester longtemps. Enfile ton scaphandre, on y va. »
Les deux garçons, âgés d’une quinzaine d’années, commencèrent à remonter péniblement vers le champ de ruines. Un vol de choucas passa en criaillant. Ternekal pencha la tête sur le côté pour essayer de les voir.
« Il y a des oiseaux ! S’ils peuvent respirer, nous aussi. »
Et aussitôt il enleva son casque.
« Tu es fou ! »
Mais voyant que son ami riait et respirait sans aucune gêne, il l’imita. Dans l’euphorie du moment, ils laissèrent également les deux lourds scaphandres près du vaisseau, ne gardant que la combinaison isotherme, les lunettes noires et bien sûr, à la ceinture, les désintégrateurs.
« Et maintenant, terre maudite, à nous deux ! »s’écria Ternekal.
« Tu veux ramener quoi, au juste ?
- Je ne sais pas. Quelque chose qui prouve que nous sommes venus ici, pour leur montrer que nous n’avons pas froid aux yeux et que nous méritons largement d’être engagés dans l’Armée Impériale. Lentz a été pris, et il n’a guère plus que notre âge !
- Oui, mais son père dirige le...
- Regarde ! Ces trois colonnes debout, c’est incroyable ! »
Ils se dévissèrent la tête pour tenter d’en voir le sommet. Dans leur vie quotidienne, ils marchaient toujours courbés, pour être sûrs de ne jamais regarder le soleil dont les rayons étaient très dangereux pour les yeux ; de plus , les plafonds des demeures souterraines étaient tous très bas. Regarder en l’air ne leur était pas familier, et qui plus est, du fait de leur courbure dorsale, presque douloureux.
Ils se frayèrent un chemin parmi les décombres et arrivèrent ainsi dans l’ancienne Cour d’Honneur.
« C’est quoi, cette sphère ? », demanda Ruvis.
« Je ne sais pas. Etrange qu’elle ait résisté... Oh, et ces plaques ! C’est de l’or, tu crois ?
- Je dirais plutôt du cuivre... Il y a des inscriptions dessus... On dirait une langue ancienne... Comment s’appelait ce dialecte ? Le Fran... Franciscain, c’est ça ?
- J’en ai fait un peu en troisième langue, fais voir...« Les hommes... ssent... » C’est à moitié effacé... Ah, c’est « naissent ». « Les hommes naissent et dem... » c’est illisible ! « libres et égaux en... » Ca ne veut rien dire ! Bon, de toute façon on l’emmène. Passe-moi le sac. »
Les deux amis avançaient les yeux rivés au sol, à la recherche de nouveaux trésors,
quand tout à coup ils furent recouverts par un grand filet de corde tressée, dans lequel ils se débattirent en vain. Avant qu’ils aient pu dégainer leurs armes, ils furent assommés par leurs agresseurs.

La pièce, haute de plafond, était extrêmement lumineuse. Les deux garçons avaient été désarmés et ficelés sur des chaises ; ils clignaient des yeux, mal à l’aise sans leurs lunettes. Autour d’eux, une vingtaine d’individus chevelus et barbus, portant des vêtements amples taillés dans un tissu grossier de couleur écrue, les observaient en silence. Le plus choquant, c’était qu’ils se tenaient debout, complètement droits !
« Nos petits explorateurs ont fini leur sieste ? »
Il avait un accent étranger épouvantable.
« Bienvenue, jeunes gens. Comment vous appelez-vous ?
- Et vous, qui êtes-vous ? De quel droit nous retenez-vous de force ? », gronda Ternekal. « Nous n’avons pas d’argent, et nos familles ne paieront pas de rançon.
- Bien sûr ! Vous avez juste un astronef privé...
- Il n’est pas à nous !
- Ah, des voleurs, des pirates ! On tente l’aventure, hein ? De préférence en zone interdite...
- Et vous ? Qu’est-ce que vous faites en zone interdite ?
- Oh oh, forte tête ! Et toi, tu ne dis rien ?
- Je... Je m’appelle Ruvis, et lui c’est Ternekal. Ecoutez... Nous voulions juste voir de plus près... Je suis sûr que nous pouvons trouver une entente qui nous satisferait tous...
- Ah ! Un négociateur. Ta position me semble raisonnable, mon garçon. Malheureusement, avec nous il n’y a pas d’entente possible. Tous ceux qui se risquent ici restent avec nous et rejoignent nos rangs.
- Et si nous ne sommes pas d’accord ? », le défia Ternekal.
- Ca, ça m’étonnerait . Quand vous aurez appris ce que vous devez apprendre... Allez, en place pour le transfert d’informations. »

L’homme s’assit en face de Ternekal, tandis qu’un de ses acolytes prenait place devant Ruvis.
« Vous n’avez rien à faire. Juste nous regarder, et le transfert se fera tout seul.
- Et si je ferme les yeux ?
- Tu es fatigant, Ternekal. Ta mère ne te l’a jamais dit ? Si tu fermes les yeux, je vais être obligé de te frapper jusqu’à ce que tu les ouvres. C’est comme tu veux. Allez, regardez-nous gentiment, et il ne vous sera fait aucun mal. »
Les deux amis, un peu inquiets mais tout aussi curieux, fixèrent donc les yeux de leurs interlocuteurs, et dans le noir de leurs prunelles, tout un paysage de souvenirs se mit à défiler, s’imprimant dans leur mémoire.


Il y avait d’abord ce bâtiment en pierre, à douze colonnes, situé au bord d’un fleuve prospère, avec au bas de son fronton sculpté une inscription en lettres dorées : «Assemblée Nationale ». Des hommes et des femmes s’y pressaient, habillés comme aux lointaines époques – les femmes en jupe courte, les hommes en costume étriqué, avec cette espèce de corde plate autour du cou-, et ils se tenaient complètement debout ! A l’intérieur plusieurs centaines de sièges de velours rouge, disposés en amphithéâtre, faisaient face à l’estrade de l’orateur, surmontée par le « perchoir » du Président de l’Assemblée. Et toute cette communauté discutait, s’enflammait, se déchirait, tandis qu’en filigrane dans l’air électrisé s’égrenaient en permanence ces mots : « Liberté, Egalité, Fraternité ».
Et puis à l’improviste, ce fut le bombardement. La moitié du plafond s’écroula, les vitres volèrent en éclats, hurlements, bousculade, panique...
« Au deuxième sous-sol ! » lança une voix qui se contrôlait mieux que les autres.

Un homme était caché derrière un arbre. A quelques mètres de là, dans ces jardins somptueux, un zéphyrien, reconnaissable malgré ses habits terriens aux deux grosses bosses pariétales de son crâne, tendait une grosse enveloppe jaune à un terrien.
« Seulement des frappes chirurgicales, n’est-ce pas ?
- Mais bien sûr », répondait le zéphyrien, «nous sommes vos alliés. »


Un homme écoutait un enregistrement. Les voix étaient zéphyriennes, avec cet accent très nasal qui les caractérisait.
« Général... Combien en reste-t-il ?
- Deux milliards, Votre Altesse.
- C’est trop. Cinq cent millions suffiront. Les grandes villes ?
- C’est fait. Grandes villes, universités, centres de recherche, monuments historiques, lieux de culte...
- Rasez l’Asie. Ces gens-là pourraient se taire et résister. Et le Moyen-Orient. Trop courageux.
- L’Afrique ?
- Non. L’Afrique de toute façon est condamnée. Evitons de gaspiller des munitions. »


Une foule de terriens sur une place. Un écran géant. L’Empereur Zéphyrien. Des gardes cernant la place.
« Amis Terriens, nous avons traqué le Mal dans tous ses retranchements, et nous l’avons détruit. La Terre, libérée du Mensonge et de la Corruption, peut redevenir la pacifique petite planète bleue qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Hélas, la nature a été fortement endommagée par des siècles de gouvernements peu scrupuleux. Le soleil brûle de plus en plus, et ses rayons deviennent dangereux. Nous allons distribuer à toute la population des lunettes de soleil. Nous vous conseillons de ne jamais lever les yeux vers le ciel, vous risqueriez de perdre la vue. Il faut également que d’ici à cinq ans toutes vos habitations soient souterraines. Il en va de votre survie. »


Les pages d’un livre. Des photos de terriens, avec des dates.
2450 : un terrien debout, tout droit. 2480 : un terrien avec des lunettes noires, un peu voûté. 2510 : les mêmes lunettes, le dos se courbe un peu plus. 2550 : la lordose lombaire a disparu, la courbure cervicale s’est accentuée, pour garder un regard presque à l’horizontale. L’acuité visuelle moyenne a baissé.


« C’est bien. Détachez-les. »
Les deux garçons se frottèrent les yeux longuement. Ils éprouvaient une sorte de vertige nauséeux, et prirent avec reconnaissance la tasse de tisane qui leur était tendue.
« Ca vous évitera d’avoir la migraine demain. »
« Je n’ai pas tout compris », commenta Ruvis. « Vous êtes qui ?
- Et pourquoi vous êtes droits comme des colonnes ? Et pourquoi la lumière ne vous gêne pas ? », compléta Ternekal.
- « Nous sommes , pour certains, des descendants de la poignée d’hommes et de femmes qui se réfugièrent au deuxième sous-sol lors du bombardement. Les autres sont d’anciens visiteurs, comme vous, ou leurs enfants. Notre communauté compte maintenant prè de huit mille membres, en comptant les enfants.
Le soleil brûle, c’est vrai, mais ses rayons ne sont pas si nocifs que ça, sauf si on le fixe pendant dix minutes, ce qui ne viendrait à l’idée de personne ! Nous n’avons jamais cessé de marcher debout. Et ceux qui sont arrivés courbés se sont redressés peu à peu. Les zéphyriens, qui ont envahi la Terre et massacré la majeure partie de sa population pour en faire une colonie, ont trouvé ce moyen astucieux pour vous amoindrir. Partout dans le monde, des petits groupes comme nous se sont formés, vivant cachés et perpétuant la mémoire du passé, jusqu’au jour où nous serons assez forts pour chasser l’armée de Zéphyr. Nous n’avons aucun moyen de communication technologique, et de toute façon, ce serait trop risqué. Alors nous avons appris à communiquer par la pensée : c’est rapide, fiable, totalement secret, et aucun mensonge n’est possible. »



L’homme sourit. Les deux garçons semblaient pétrifiés de surprise.
« Alors, mes petits amis ? Vous voulez toujours retourner chez vous ?
- Mais je croyais que vous...
- Nous ne sommes pas des zéphyriens, Ruvis. Nous sommes des hommes debout, des hommes libres, et personne ne reste ici contre son gré. »
Les deux amis échangèrent un long regard. Etre libre, marcher debout, un jour libérer la Terre... Leurs pensées auraient été évidentes même pour un non-télépathe !
Ternekal laissa un sourire radieux illuminer son visage.
« Je reste.
- Moi aussi ! En fait c’est la vie dont nous avions toujours rêvé ! Quand allons-nous sauver la planète ? »
Les hommes éclatèrent de rire.
« Dès que nous aurons suffisamment de braves guerriers comme vous deux !
- Justement, j’ai une idée ! » s’écria Ternekal. « nous pourrions aller voler quelques astronefs, et...
- Patience, mon jeune ami. Les choses doivent suivre leur cours. Mais le jour viendra, et il est proche, où les terriens chasseront l’envahisseur et retrouveront leur place au soleil. Nous tous, ici, libres et égaux, en avons fait le serment.
- Libres et égaux... » répéta Ruvis. « Je me disais bien que ça devait être important... »






NR

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-04-25 20:50:46 

 Debout les braves!Détails
J'apprécie le style et l'histoire., la façon d'amener l'épilogue qui coule naturellement. Et la foison de petits détails qui "saturent" le récit pour lui donner une profondeur indéniable.

En plus, tu encenses les vertus historiques de notre chère patrie, les valeurs "révolutionnaires" et de résistance à tout oppresseur, ce qui ne peut pas déplaire (ou alors faut-il partir ?).

Une belle histoire philosophique. J'ai particulièrement goûté les lunettes de soleil et la courbure dorsale!

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-04-26 17:28:29 

 Commentaire Maedhros, ex n°14Détails
Histoire noire et mortifère, sous couvert de sunlights et de paillettes... C’est comme le gigantesque tableau d’un champ de bataille, de multiples petites scènes de la mort ordinaire, avec fifres et tambours, se déroulent en même temps sur la toile, et le tout est sombre et désespéré. Avec le décor que tu avais planté, personne ne s’attendait à de la guimauve...
Quelques petits détails me gênent cependant :
- « la panique du faux pas » : le stress, le trac, au pire l’angoisse, si tu veux. Mais un danseur ne panique pas, ou alors il change de métier.
- « les voitures, premières victimes de l’infarctus » : veux-tu dire qu’elles sont immobilisées ? Parce que l’infarctus c’est une nécrose ; l’obstruction d’un vaisseau c’est la thrombose.
- « corps désarticulés et en sueur, unis malgré eux au tempo » : les danseurs sont unis au tempo, et heureusement. Malgré eux ? Que ça les dépasse et les transcende, d’accord. Mais ils sont consentants...
- « Les images de toute une vie défilent, incomprises. » : Je pense que c’est la vie qui est incomprise, pas les images, non ?
- « Le Waterford Crystal se prépare à être lancé » : Un objet ne peut pas se préparer...


C’est des bricoles, mais plus le texte est fort, plus les petites failles sautent aux yeux !


Narwa Roquen

Heureusement dehors il fait soleil et c’est le printemps !

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-06-19 13:28:17 

 Exercice 14 : Narwa Roquen => CommentaireDétails
Le truc de la courbure dorsale est bien trouvé. J’ai jugé la scène de la capture un peu brusque. Les souvenirs égrenés forment un artefact scénarique intéressant et amènent avec naturel le flashback. J’ai noté une répétition sur compter : « en comptant les enfants ». Le titre est bien choisi et ce n’est pas facile de choisir un titre. Les détails pittoresques et la construction simple mais habile rattrapent ce qui pourraient sembler des thèmes un peu trop classiques.

Est', et chantèrent les trompettes de l'apocalypse...

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-06-19 13:30:37 

 Exercice 14 : Maedhros => CommentaireDétails
C’est un pur récit d’ambiance ! Incroyable, j’ai relevé des maladresses de style ! Dans du Maedhros ! I’m shocked... Exemple :« vivants où la vie ». Ou seraient-ce des effets que je n’ai pas saisis ? Sally ? Ratso ? Iris ? C’est qui ça ? Je pourrais avoir des comblages de lacunes, siouplait ? Sinon, c’est toujours aussi bien écrit et ça se lit tout seul, même si j’aimerais un peu d’action.

Est', qui fait une pause, là...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-06-19 14:32:15 

 Quelques clés...Détails
pour décrypter le récit :

> Sally : C'est un des personnages de la comédie musicale Cabaret montée à Brodway en 1966 (c'est la chanteuse qui, dans le Berlin des années trente, tombe amoureuse d'un Anglais. Ils tentent de préserver leur amour du reste du monde et de la montée du nazisme).

> Bob : C'est Bob Fosse, considéré comme le plus célèbre chorégraphe et metteur en scène de comédies musicales. Il a d'ailleurs tourné la version cinema de Cabaret en 1972. Il est mort en 1987 à la suite d'une crise cardiaque. Je vous conseille son film "all that jazz", palme d'or à Cannes en 1980, un de mes films préférés, dans le genre.

> Ratso : c'est l'homosexuel voyeuriste et pervers. Ratso, pris de remords et souffrant de solitude, interprété de façon flamboyante par Dustin Hoffman, dans le film "Macadam Cowboy" (titre original "Midnight Cowboy"). Le cow-boy quant à lui s'appelait Joe Buck (Jon Voight) et avait quitté son Texas natal pour s'établir à New York dans le but de mener une carrière de gigolo. Mais sa déconvenue est rapide et il se retrouve à court d'argent.

> Iris : c'est la prostituée de douze ans et demi (interprétée par Jodie Foster),dans le film "Taxi Driver". Ce taxi driver s'appelait Travis et était interprété par Robert De Niro.

> Rudy (dans le thème précédent) est l'ancien maire de New-York, Rudolph William Louis Giuliani III, dit « Rudy Giuliani ». On lui doit la transformation de Times Square d'un quartier touristique de bas de gamme en un quartier plus chic, familial et en un haut lieu du monde des affaires et des spectacles. Il fut quelques fois surnommé le "nettoyeur".

> Georgie : c'est bien sûr Georges Benson, guitariste, chanteur, et compositeur de jazz dont une des plus célèbres chansons s'intitule "On Broadway" et qui commence par :

They say the neon lights are bright on Brodway.
They say there's always magic in the air
But when you're walking down the street
And you ain't had enough to eat
The glitter rubs off and you're nowhere....

> Xan-loc (ou Xuan-loc) : Une des dernières batailles de la guerre du viet-nam (12 avril 1975). Cette bataille fut l'une des batailles les plus épiques de cette guerre. Les 2 belligérants considéraient la ville de Xuan Loc comme étant la clé de la défense de Saïgon. En effet la prise de Xan-Loc par le viet-cong entraîna la chute de Saigon qui tombera le 30 avril 1975.


Bien entendu, j'ai réinterprété les destins de ces personnages même si le contexte général est plus ou moins préservé.

voilà, juste pour le fun!

M

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-06-20 11:45:23 

 Merci bien !Détails
Je vais de ce pas parfaire ma culture lacunaire.

Est', cinéphile à deux balles.

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-03-12 12:10:05 

 WA-Exercice 14 - Histoire, Suite du 13Détails
Ce texte fait suite non seulement à la wa précédente, mais également celle encore avant, à savoir la description d'un monstre et la description d'un lieu/atmosphere.

Point de détail, dans la description de la wa précédente je parle de la "fin" de l'hiver, je me suis permis une petite liberté, c'est maintenant le "début" de l'hiver (le tout début même).

---

Mes yeux s'écarquillèrent:
- Toi ?
Un silence...
- Moi.
Je me levai, doucement, hésitant entre l'envie de me jeter à ses pieds, d'implorer son pardon, et une brusque pulsion de meurtre. Vingt longues années depuis cette fameuse nuit du Nadir, la plus longue de l'année. Je ne savais même pas qu'elle portait un nom. Solstice d'hiver, voila une dénomination qui me convenait, pourquoi chercher plus loin ?
Elle... Je l'avais rencontrée dans une librairie spécialisée dans les livres anciens, nous avions fait connaissance, discourant sur les grands philosophes, parlant d'ésotérisme, de magie, mais c'est en l'écoutant jouer sur mon piano que j'en suis véritablement tombé amoureux. Je n'aspirais qu'à une vie, simple, à ses cotés... Je pris soudain conscience de ce qui m'avait amené ici : Vingt ans, c'était le prix de servitude que le démon avait demandé pour de l'octroi de son enseignement. Vingt ans, jour pour jour.
- Tu as eu ce que tu voulais ? demandai-je d'un ton trop acide.
- Non.
Froid, concis, définitif. Ses yeux se posèrent un instant sur le journal, dans la cheminée. Elle tendit la main, et le papier, mût par une force invisible, s'envola pour se glisser entre ses doigts. Impressionnant, je frissonnai malgré moi, le démon avait tenu parole, ma compagne était devenue sorcière. Je m'interrogeai un instant sur ce non, tandis qu'elle parcourrait l'article. Elle chiffonna la feuille et l'enflama d'un regard. Ses yeux se reportèrent sur moi, accusateurs, et c'est d'une voix emplie de haine qu'elle me demanda :
- Avant que je ne te tue, explique-moi, pourquoi n'est tu pas venu, à l'époque ?
Ainsi telle était la réponse à ma question muette... Moi, ou plutôt mon absence.
Elle voulait maitriser les sciences occultes, elle l'avait toujours désiré. Pourquoi ? La richesse ? Les sacrifices requis n'en valaient pas la peine. La gloire ? Impossible, l'anonymat et de mise avec ce genre de pouvoir. L'amour ? Elle m'avait déjà, moi...
Pourtant cette nuit là, alors que nous parcourions ensemble la bibliothèque familiale, elle a déniché ce grimoire... J'avais passé les vingt et une premières années de ma vie dans cette maison, et probablement la moitié de ces années précisément dans cette pièce. J'avais lu et relu tous les livres s'y trouvant, le temps que je ne passais pas à lire, je le passais à composer, sur mon piano.
Je ne sais comment ce livre avait pu m'échapper. J'ai bien quelques théories... La plus probable consistant en un enchantement posé sur le grimoire, interdisant à quiconque n'ayant le Don de s'apercevoir de sa présence ; la plus folle étant que le Démon lui-même l'avait déposé ici, à dessein, ce jour là précisément, pour que le livre fut trouvé et utilisé par elle.
Un livre des ombres... Elle y a vu une invocation, à réaliser la nuit du Nadir. Allez, se sera amusant, tu verras ! Que pouvais-je faire ? J'étais impuissant à lui refuser quoique ce soit.
L'invocation d'une créature des enfers. Très théâtral, et si peu crédible. Quelques bougies, un pentacle dessiné à la craie, des phrases incompréhensibles psalmodiées en boucle. Je ne nie pas que j'ai vaguement espéré que cela fonctionnerai, même si au fond je n'y croyais pas. Je ne voulais pas qu'elle soit déçue... Pourtant, la température avait monté d'un coup, l'air était devenu presque suffocant, et il était apparu. Digne de tous les clichés, un monstre évoquant un minotaure puissamment musclé, la peau rouge sombre, deux énormes cornes recourbées au niveau des tempes et une voix caverneuse que l'on avait l'impression d'entendre par ses os plutôt que par ses tympans :
- Qui ose me déranger ?
J'étais terrifié, elle jubilait.
Apprenez-moi la magie, lui a-t-elle demandé. Vingt ans fut sa réponse. Elle a dit oui, puis ses yeux se sont tournés vers moi. D'abord exaltés, puis terrifiés mon silence. Dis-oui ! M'a-t-elle supplié, mais aucun son n'est sorti de ma bouche... Je ne voulais pas de magie, je la voulais, elle. Alors que je me décidai à malgré tout à un oui pour elle, le démon avait craché un trop tard, et ils ont disparus, ainsi que le grimoire, me laissant seul avec ma faiblesse.
- Il te suffisait de dire OUI ! Etait-ce vraiment si compliqué ? La vie n'a pas été facile depuis, je te l'accorde, mais à deux, cela n'aurai eu aucune importance... si ? Qu'importait l'enfer si je le vivais à tes cotés ! Mais non, pleutre, tu es resté là... As-tu la moindre idée du nombre de fois où j'ai failli mourir ? Mon maître est un Démon, et ce n'est pas un mot vain. Il m'a appris tout ce que je sais. Privée d'amour, si j'ai tenu ce n'est que grâce à la haine. La faiblesse ne se pardonne pas.
A nouveau les mots restaient bloqués dans ma gorge. Vingt ans et je restai aussi muet qu'alors, désemparé devant autant de haine, d'autant plus que j'en étais la cible. Avait-elle la moindre idée de ce que j'avais enduré, moi ? D'une voix plus douce (ou était-ce mon imagination ?) elle continua :
- Le journal parlait d'un drame arrivé au manoir, ta mort visiblement. Je te trouve bien vivant pour quelqu'un qui aurait périt, tué par un animal sauvage.
Ah... le Drame. La cicatrice me faisait encore mal certains jours, comme aujourd'hui par exemple. Je décidai cependant de lui expliquer. Peut-être comprendrai-t-elle ?
- Du jour où tu es partie, je n'ai cessé de te chercher. Je voulais te rejoindre. Si le démon avait attendu ne serait-ce que deux secondes de plus, je l'aurai dit ton oui, je serai venu, et j'aurai tout enduré. Mais il ne le souhaitait pas, et pour cause, je suis dépourvu du Don, il n'aurait rien pu m'apprendre... J'ai tout de même cherché des maîtres, refusant de me résigner, et j'ai côtoyé des dangers qui ne sont probablement pas si loin de ceux que tu as pu vivre, la seule différence, c'est que moi, j'ai perdu.
- Tu n'es pas mort, lâchât-elle, mauvaise.
- C'est tout comme.
Le silence s'installait à nouveau. Elle n'était plus celle que j'avais connue. Mon amour, ma chérie, ma bien-aimée ne possédait pas cette malveillance dans son regard. Elle était fragile et fraiche, et... Ses yeux s'étaient s'assombris à l'instant. Elle venait de prendre une décision : rectifier la réalité afin qu'elle soit plus conforme à l'article. Qu'importe, j'étais prêt.
Elle commença à psalmodier, ses mains jointes, comme pour prier, puis ses paumes s'écartèrent, tout en gardant les doigts liés. Une minuscule bille incandescente venait de naitre dans cette cage ainsi crée, et celle-ci grandissait à vue d'oeil. Puis vint la sentence :
- Meurt.
Et la boule de feu fusa vers moi. Vif comme la pensée, je fis un bond prodigieux, et atterrissais de l'autre coté de la pièce. Un bruit d'explosion m'appris que le Voltaire, lui, ne s'en remettrai pas. Fin tragique pour un fauteuil qui fut un compagnon fidèle.
- Mais... comment ? Balbutia-t-elle...
- Je t'ai dit que j'étais mort. Trois nuits avant celle dont parle le journal, j'avais invité un maître des arts occultes, qui devait m'enseigner, disait-il, la voix du sang. Pourquoi pas ? L'occultisme est une drogue dure. Du moment où j'ai commencé je n'ai cessé de m'enfoncer, encore et encore, malgré l'absence évidente de talent dont je faisais preuve. Il est venu, et... et m'a mordu.
J'écartai mes cheveux et relevai légèrement la tête afin de lui montrer le croissant de lune qui courrait sur ma jugulaire.
- Il ne comptait pas s'arrêter, je n'étais que son repas, pas son apprenti. Mais mon père est entré à ce moment là, armé de son vieux pistolet de collection. Je ne sais s'il avait prévu qu'un tel évènement puisse se produire mais toujours est-il que la balle était en argent. Le vampire a été sévèrement blessé, il a fuit...
Et j'ai découvert la soif. Le vampire ayant laissé son oeuvre inachevée, je suis devenu un de ses fils. Trois jours de douleurs intolérables. J'ai hurlé comme un damné, ce que j'étais devenu par ailleurs. Au matin du troisième jour, j'ai vu mourir mon humanité dans un miroir. Mon père avait organisé ma mort : attaqué par un ours. Je ne sais combien il avait du payer pour cela, mais officiellement, la police l'avait cru. Par chance ma mère et mes deux frères étaient en voyage. Depuis, tout est resté en l'état, un drap posé sur chaque meuble, et un voile sur ma vie.
- ...et je suis devenu la créature que tu vois. Je suis plus fort, plus rapide, plus violent aussi... J'ai testé toutes les croyances des contes. L'ail ne me fait rien, les miroirs me voient, et j'ai même assisté à une messe sans attirer les foudres divines... Si l'argent me blesse, les pieux en bois ne peuvent en revanche pas traverser ma poitrine. Le soleil ne me tue pas, il se contente de me faire atrocement mal, mais seulement en exposition directe. Ah, et du peu que j'ai pu en juger, je suis immortel. Au final, si ce n'était cette soif permanente, la vie pourrait presque être agréable.
Un autre silence... Qu'allait-elle décider ? Me condamner à mort ? Fuir ? Je n'osai espérer l'amour. Puis j'eu une intuition, non, une certitude, et m'installai au piano. Je jouerai. Je jouerai à en mourir s'il le fallait. Qu'elle me lance une autre boule de feu si elle le désirait, je ne bougerai plus, rien d'autre ne compterai.
Lentement, je me dirigeai vers le piano et m'installai. Elle restait immobile, probablement convaincue qu'il ne s'agissait que d'une ruse pour détourner son attention, à moins que...
Mes doigts se posèrent sur le clavier, retrouvant naturellement leur place. Je fermai les yeux et repartais vingt ans plus tôt. Les premières notes s'égrenèrent tandis que la mélodie envahissait la pièce. J'y mis mon coeur et mon âme. Certes, le premier ne battait plus et je n'étais pas convaincu de la survie de la seconde, mais mes doigts devenaient l'ivoire du piano, non j'étais le piano. En cet instant, plus rien n'avait d'importance, plus rien n'aurai jamais d'importance. Aimes moi. Au-delà des perversions, au-delà du bien et du mal, des démons et des vampires ; transcendes moi, tues moi, vis avec moi. Les notes portaient le monde, et aucun son ne saurait jamais percer cette bulle. Je créerai mon propre paradis, et l'emmènerai avec moi. Ici et maintenant. J'ouvris les yeux, elle pleurait.
Elle s'approcha doucement de moi.
- Sommes-nous ensemble ? me demanda-t-elle dans un chuchotement.
- Oui.
- Alors joue encore, joue et ne t'arrête jamais.
Deux mesures supplémentaires, et la douleur me prit. Plus intense encore que celle ayant suivit la morsure. Je continuais malgré tout, me concentrant sur la musique. Chaque pore de ma peau me brulait, mes os semblaient sur le point d'éclater, je mourrai, le sourire aux lèvres, je disparu dans la musique, l'emmenant avec moi...

Puis j'ouvris les yeux, vingt ans plus tôt.
- Non.
J'étais humain, elle était pure, et par ce mot, elle venait de bannir son démon et par la même notre futur honni. Je levais les yeux vers elle, incrédule.
- J'ai brulé ma magie... Je n'ai plus l'ombre d'un pouvoir. Il faut bien cela pour changer le passé non ?

Puis j'ouvris les yeux, vingt ans plus tard.
La bibliothèque résonnait du rire de mon fils et s'illuminait du sourire de ma femme, assise dans un voltaire intact.
J'oublie mon passé, mais découvre mes souvenirs. Il ne restera que cette histoire, à laquelle je ne croirais plus d'ici quelques mois, et la musique merveille d'entre les merveilles, qui m'accompagne à chaque instant.
Si ce n'était cette lointaine odeur de brulé qui m'agace le nez lorsque j'y prête attention, la vie, notre vie, serait en tout point parfaite.

--
Onirian, anosmique.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-03-13 18:28:40 

 Commentaire Onirian, exercice n°14Détails
Fantastique ! Dans tous les sens du terme ! Ah Onirian, que tu portes bien ton nom... A cause de toi je suis arrivée en retard au boulot, c’est un signe qui ne trompe pas...
C’st magique, bien écrit, la fin est aussi inattendue que chaleureuse, la dernière phrase est astucieuse... bien, bien, bien !
« une voix qu’on avait l’impression d’entendre par ses os » : joli !
« vif comme la pensée » : bien trouvé !
Le mélange de dialogue, d’action, de flash-back... C’est vivant, et très bien maîtrisé. De l’art !

Juste deux questions :
-« rectifier la réalité afin qu’elle soit plus conforme à l’article » : je ne comprends pas le mot « article »
- « la voix du sang » : ne serait-ce pas plutôt la voie du sang ?

Quant à l’orthographe, je suis absolument désespérée.
Mais nous allons procéder autrement.
Déjà il te faut réunir les trois textes en un seul, et trouver un titre. Ensuite, tu peux me l’envoyer en MP et je corrigerai les fautes, ça ira plus vite ! Enfin, tu pourras tout republier, soit dans la WA, soit en Participation Libre, où je suis sûre que Fladnag t’accueillera à bras ouverts.
Enfin, si tu es d’accord, bien sûr.
Narwa Roquen,qui a reniflé le parfum du talent!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-03-14 14:24:13 

 Un pur moment de délice...Détails
Jetons un voile pudique sur l'orthographe...là n'est pas l'important.

Ce qui est fascinant :

- c'est la construction réellement renversante de l'histoire qui boucle sur elle-même,
- ce sont les images et les annotations qui illustrent et ponctuent la trame,
- c'est ce mouvement qui anime l'ensemble et qui tient en haleine le lecteur qui ne peut lâcher la rampe,
- c'est cette lumière singulière, entre soleil et crépuscule, dans laquelle baigne ces destins dont on ne sait s'ils sont sauvés ou damnés,
- c'est cette fin qui se refuse et qui ouvre une brèche dans un bonheur surjoué,
- c'est cette fatalité du choix qui rend l'existence si précieuse,
- c'est cette fluidité de narration à peine égratignée par... (cf supra...)

Ah oui, Onirian,chapeau bas, des récits comme celui-là j'en redemande... j'ai l'impression que cette histoire rompt avec les précédentes.


M

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-03-16 13:40:50 

 L'articleDétails
D'abord, la réponse simple "conforme a l'article". L'article parlait de la mort du narrateur, or à l'évidence, celui ci est vivant au moment où la sorcière lit l'article en question ;-)

Maintenant, je dois vous faire part (cela s'adresse à Maedhros) de mon étonnement en lisant vos commentaires. Certe, j'en suis fort flatté, et, j'avoue, je les ai relus plusieurs fois, juste pour le plaisir de lire des éloges ;-)

Par contre, je n'ai pas l'impression que ce texte soit à la hauteur de ce que vous pensez de lui. Je veux dire... généralement, quand je poste un texte, j'ai une bonne idée d'a quel point il plaira ou non. Et en l'occurence, lorsque j'ai posté celui ci, j'ai failli mettre en commentaire un truc du genre "ce texte n'est pas aussi bien que je l'aurait souhaité mais je ne vois pas comment l'améliorer". Je ne l'avais pas fait parce que j'ai estimé qu'il fallait "laisser sa chance" au texte et ne pas le tuer avant même qu'il ne soit lu.
Bref, les critiques sont élogieuses (et très agréables) mais je crois que je n'ai pas saisi le "truc" qui fait qu'il vous à plus autant.
Je ne sais pas si vous saurez exprimer mieux ce que vous avez déjà dit, mais voilà, au moins j'aurai été honnete.

Maintenant Narwa, pour ta proposition de correction, je me suis fait donner un autre cours de conjugaison et les deux premiers textes ont déjà été corrigés (pas tout seul hein, on m'a aidé ^^). Je vais tenter de corriger le troisième, et je t'enverrai le tout. Tu pourras constater s'il y a ou non amélioration ;-))

--
Onirian, surpris mais fier.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-03-19 17:41:38 

 Additif.Détails
Attention Onirian, je ne suis pas personnellement ni un critique littéraire ni un référent en matière d’écriture mais sous réserve d’avoir à l’esprit cette limite, j’ai simplement voulu exprimer le fait que ce récit m’a paru rompre radicalement avec les précédents : un style plus affirmé, plus maîtrisé, des images moins contrastées, adoucies en un sens, un rythme intéressant, un vocabulaire différent, une construction différente aussi.

Bon, si tu cherches la petite bête, j’aurais sans doute fait d’autres choix sur certaines expressions, sur la tournure de certaines phrases, sur certains termes... mais là n’est pas vraiment le sujet. Ton histoire comporte beaucoup d’éléments intéressants que tu as su lier ensemble pour maintenir la curiosité du lecteur intacte du début à la fin. Et à la fin, d’ailleurs, au lieu de refermer platement la perspective, tu en as ouvert une autre...

Tu dis que tu n’avais pas l’impression d’avoir donné le meilleur pour ce texte. Alors peut-être que tu as réussi sans le savoir à obtenir un équilibre différent pour cette histoire. Peut-être que ta crainte était fondée sur le fait que tu n’as pas retrouvé dans ce texte ce que toi tu espérais. Mais en fin de compte, il correspond peut-être mieux à ce que moi j’en attendais. Le lecteur est par définition extérieur au processus de création et ce qu’il lit n’est pas dissociable de ce qu’il amène avec lui, tant sur la forme que sur le fond, ainsi que la façon dont il aborde l’histoire...

Maintenant, encore une fois, je ne suis pas un référent dans ce domaine. J’ai lu ce que tu as écrit à travers le prisme de ma propre expérience et ce que j’ai écrit sur cette histoire ne semble pas être vainement flatteur ni exagéré.

M

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-03-20 12:00:47 

 LecteurDétails
Merci, je comprend mieux ce que tu voulais dire.
En fait, mon "problème" vient effectivement probablement du fait que le texte ne correspond pas à ce que je visais, ce qui n'est pas la même chose que sa valeur intrinsèque.

--
Onirian, pas critique literraire pour deux sous.

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z653z  Ecrire à z653z

2009-03-27 00:12:26 

 La fin ....Détails
... heureuse me gêne :) je les aurais bien vu mourir tous les deux....
Ce qui me gêne également, c'est l'alternance long monologue/dialogue entrecoupé de descriptions, en particulier ce morceau-là :
- Je t'ai dit que j'étais mort. Trois nuits avant celle dont parle le journal, j'avais invité un maître des arts occultes, qui devait m'enseigner, disait-il, la voix du sang. {...} Ah, et du peu que j'ai pu en juger, je suis immortel. Au final, si ce n'était cette soif permanente, la vie pourrait presque être agréable.

Tu m'étonnes qu'elle soit silencieuse après tout ça, elle a du s'endormir :p

Sinon, réussir à réunir trois WA dans un seul texte cohérent et très bien rédigé, bravo !

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