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De : Telglin Date : Vendredi 11 janvier 2002 à 21:00:57 | ||
Krijoï se trouvait bien loin de cette image figée : il frétillait littéralement sur son percheron, ressemblant à un nain décharné victime de colique sur une monture trois fois trop grande pour lui. Nul ne pouvait vraiment dire comment il parvenait à tenir en selle tout en bougeant autant. Il regardait de tous côtés, tournant la tête brutalement dans tous les sens ; il se penchait à droite, se redressait sur ses étriers, se retournait en lâchant les rênes, gesticulait sans raisons, s’immobilisait tout d’un coup en tendant l’oreille, puis opinait du chef avant de partir d’un grand éclat de rire. Parfois il arrachait un minuscule bout de roche de la falaise, l’auscultait minutieusement pendant de longs moments, puis haussait soudain les épaules en le jetant au loin. Surtout, il parlait pratiquement tout le temps. Mais personne n’arrivait à comprendre ce qu’il disait. Peu lui importait, il ne parlait qu’à lui. Les autres se demandaient ce qu’il faisait là. Lui le savait. Linak aussi. Mais c’était un secret. Le vieillard se doutait bien qu’ils n’atteindraient jamais Montrouge. Le capitaine était trop malin pour tomber dans un piège aussi grossier. Non, ils allaient au coeur même des montagnes, là où les légendes deviennent réalité. Jelkine se moquait bien de Lydia : elle ne formait qu’un prétexte. Il avait autre chose en tête ; quelque chose de bien plus grand. Krijoï, lui, aimait bien la petite princesse. Bien sûr, elle devait apprendre beaucoup de chose et vite si elle ne voulait pas être happée dans une machination qui la dépassait. Mais elle pouvait y arriver. Il l’aiderait. Cormyr n’était qu’un incapable imbu de lui-même ; Nundo n’avait pas été formé pour réfléchir à grande échelle ; Thal ne s’intéressait pas à tout ce qui l’entourait ; Bragha faisait pitié ; Réon pourrait s’avérer utile à l’occasion. Le groupe censé sauver la Frontière faisait bien pâle figure, et pourtant Linak avait réussi un coup de maître en le composant ainsi. Krijoï était un des seuls à s’en rendre compte et, surtout, un des seuls à savoir pourquoi. Mais il préférait garder ça pour lui. Mieux valait suivre le plan initialement prévu. Ce message a été lu 7091 fois | ||
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