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De : Narwa Roquen Date : Vendredi 4 novembre 2011 à 15:14:27 | ||
Dans un décor post-apocalyptique fait d’horreurs passées et de menaces à venir, voici un texte d’une finesse et d’une intelligence redoutables, maîtrisé de bout en bout avec le talent d’un virtuose. L’histoire est terriblement masculine, et sous ses aspects de SF-catastrophe, rappelle en filigrane la vérité fondatrice. L’amour de la mère donne la vie au fils, mais pour qu’il se structure dans son humanité, il doit être reconnu par le père. Il n’y a pas place ici pour la femme. La mère ne fait que passer ; le fils cadet, trop semblable à la mère, disparaît, et devient un poids supplémentaire dans un monde abruti de lourdeur, l’objet inaccessible d’un impossible pardon. Reste la quête d’un homme pour sa reconnaissance, sa longue errance dans l’horrible et la mort, et son enfermement pour un crime qui n’est pas précisé mais dont on devine qu’il a à voir avec des bêtes sauvages – comment être humain si l’on n’est pas reconnu ? De plus, la condamnation vient à point pour expier le crime originel dont l’absence de punition était intolérable. Le miroir et le masque, objets récurrents de la Maedhrosie, ont ici un rôle bénéfique, malgré la mort omniprésente. L’idée de cette reconnaissance tardive mais bien réelle et rédemptrice est originale et forte. Et le cheminement qui lui sert d’écrin est aussi foisonnant que dépaysant. Bricoles : - me voûtent les épaules - j’avis tué : faute de frappe - elle a rejoint : elle rejoignit, ou elle alla rejoindre - quelques fois : quelquefois - alors s’est ainsi : c’ - je me suis contenté de fixer le mur et attendre : d’attendre - si grand que fut leur chagrin : fût Cette fois tu es vraiment dans le format de la nouvelle. Et raconter une vie en quatre pages, c’est déjà en soi un challenge. Peut-être même aurais-tu pu raccourcir le sermon du prêtre, qui proportionnellement, prend beaucoup de place. Et enlever « un tragique accident », qui est un peu éculé. J’aurais dit « Juste un accident », mais tu peux sûrement trouver mieux, pour garder la double répétition, qui va bien. Mention spéciale pour le masque de chair, et pour la lumière déguisée. C’est un texte qui ne laissera personne indifférent, même s’il est, à l’image de ton héros, tout en retenue. De la très belle ouvrage. Narwa Roquen, miroir ô mon miroir... Ce message a été lu 6377 fois | ||