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De : Netra Page web : http://terredelune.eu Date : Mardi 3 mars 2009 à 12:01:40 | ||
Alors on va partir du début. Morgane possède une double étymologie, la première du gaélique Morri-Gana, qui signifie haute reine, haute déesse, parfois mais plus rarement haute prêtresse. C'est, de fait, le nom d'une des trois figures de la Déesse-Mère des Celtes, l'enfant guerrière, qui incarne et dirige tout à la fois la passion, le sexe, l'amour, la violence, la guerre et la mort. Les deux autres sont Ana/Dana, la Mère, et Birgit, la Vieille, je ne vous fais pas le détail de la symbolique. Morgane est donc dès l'origine un personnage d'une puissance assez phénoménale mais contrairement à l'approche moderne, elle n'est jamais considérée comme mauvaise, bien au contraire : tout ce qu'elle incarne est renouvellement. La seconde étymologie vient du breton Mor-gan(an) littéralement "née de la mer." Elle devient alors une proche cousine des Morganès, les fées des eaux, qui, comme c'est étrange ! incarnent exactement les mêmes éléments que la figure de la Déesse. Morgane, dans sa symbolique, est donc l'expression la plus exacte de l'eau (i.e. la féminité ) déchaînée en tempête. A présent, comment est né le personnage de la Fée Morgane, soeur d'Arthur et fée d'une puissance aussi redoutable que ses colères ? C'est très simple. Lors de la formation des légendes arthuriennes, les moines, qui en écrivirent une large partie, entreprirent de conserver au maximum les symboles celtiques. Leur problème était le suivant : comment "transformer" les dieux celtes pour qu'ils ne tombent pas dans l'oubli sans pour autant leur laisser leur statut de dieu, vu qu'ils doivent appartenir à des récits chrétiens ? En jouant de symbolique. Ainsi, Viviane, sauveuse d'enfants, est une incarnation féerique d'Ana, Merlin du Dagda, Key du Dieu-serpent, Taliesin d'Ogma le Parleur... Parfois, c'est plus subtil encore, et il faut "accoler" deux ou trois personnages pour retrouver le dieu. Ainsi Lancelot (la lance) et Tristan (la harpe) deviennent Lug le brillant, Arthur et Bohors de Gaune Nuada roi des dieux (il était roi et manchot. Arthur est roi, Bohors est manchot !) etc, etc... Et Morgane. Morgane, elle, garde son nom, et n'est déchue de son statut de déesse que pour acquérir celui, non moins noble à mon sens, de fée. Sauf qu'elle est aussi humaine. Maintenant, comment s'y prend-on pour faire d'une humaine une fée ? C'est très simple, en fait il y a beaucoup de solutions. Surtout pour l'élève la plus douée de Merlin. La première, ce n'est pas ma préférée, est de dire qu'elle a acquis ses talents par le travail. C'est méritant, mais ça manque de charme. La seconde, c'est de dire que sa mère, Ygerne, descendait des Fées et que le pouvoir se serait réveillé en sa fille grâce à la force de son caractère. La troisième, c'est d'utiliser... la brume ! Ainsi, le château de Tintagel, plongé dans les brumes, passe dans l'autre monde (i.e. Avalon) à chaque solstice d'hiver et là c'est le bébé qui aurait choisi de naître à ce moment-là, ce qui ressemble assez au personnage et à sa volonté de pouvoir sur sa destinée. Morgane est donc bien Fée, parce que dotée de pouvoirs magiques, parce que Tuatha de Danan (enfant de Danan, elle est même mieux en fait, elle est figure de Danan. C'est le nom du Petit Peuple, en Irlande) en dépit de sa nature humaine. Voilà, c'est un très bref résumé de l'histoire passionnante de la Fée Morgane, mais si vous voulez des détails j'ai tout un dossier dessus avec une solide mais TRES lourde bibliographie... Netra, celte. Ce message a été lu 8604 fois | ||
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