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 WA, exercice n°39 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 29 mai 2008 à 17:59:39
Le temps est à l’orage. Vous allez raconter une dispute entre deux ami(e)s de longue date, ou deux amants, les deux restant fâchés après cela. Il y aura une suite, donc ménagez vos arrières, pas de mort !
Je rappelle à ceux qui ne seraient pas experts en communication qu’une dispute a d’autant plus de chances de mal finir que :
- les deux protagonistes se connaissent bien
- ils ne tiennent pas compte des arguments de l’autre
- ils mélangent au fait actuel des faits anciens qui n’ont aucun rapport
- ils mettent en cause la personne même et non son action ( par exemple : « Tu es stupide » est plus mal reçu que « Tu as fait une bêtise »
- ils parlent à la place de l’autre (ex :« tu seras fatigué demain »
- ils essaient de culpabiliser l’autre
- ils ne laissent pas à l’autre le temps de parler !
- etc...

Vous avez deux semaines, jusqu’au jeudi 12 juin. Que cela ne vous empêche pas de garder votre calme, de sourire à la vie, et de permettre au lecteur, à travers cette dispute, de se faire une idée du caractère des personnages...
Narwa Roquen,communiquons, communiquons, il en restera toujours quelque chose...


  
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Réponses à ce message :
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-06-08 22:11:33 

  WA - Participation exercice n°39Détails
Adyton


Elle pénètre dans le naos. Je la regarde sans mot dire. Sans maudire. Il n’est pas temps. J’essaie simplement de garder mon calme. Elle est comme au premier jour. Aussi séduisante que lorsque je l’ai rencontrée. Il y a toujours cette magie en elle et là où elle se tient, la réalité est plus vive, plus contrastée, la lumière plus belle. Les temps ont changé, les ombres ont envahi notre quotidien. Un peu plus chaque matin. Je sais parfaitement que nous sommes différents à présent. Elle aussi. Nous avons choisi des chemins compliqués, ne ralentissant notre course que pour mieux mesurer la distance qui nous séparait. Comme deux patineurs de vitesse qui s’essoufflent côte à côte sans jamais se jeter un regard. Mûs par la même volonté de ne pas abandonner avant l’autre. Les temps nous ont changé.

Elle s’assied dans l’autre fauteuil. Il y a un parfum d’amande amère qui flotte dans l’air. Elle est dans le contre-jour et je suis bêtement pris à mon propre piège. La lumière oblique du crépuscule embrase ses cheveux fauves. Elle est prête à la confrontation. Elle a toujours aimé ça. Cela fait partie du jeu. De l’autre côté des colonnes, les nuages dérivent vers l’occident en quête d’un nouvel orage à couver. Elle est vêtue de blanc, une broche de rubis est une larme de sang sur son épaule droite. Elle saisit délicatement une grappe de raisin dans la coupe d’or posée sur la table tripode. Elle choisit le grain le plus lisse et le plus charnu. Quand elle porte le fruit à sa bouche, elle me jette un regard pénétrant en ouvrant légèrement ses lèvres. Il n’y a que quelques dalles de marbre qui nous séparent et pourtant elle semble si loin de moi aujourd’hui. Après toutes ces années. Il faut en finir. Les cieux sont immenses au-dessus de nous mais ils ne sont pas assez vastes pour cacher une quelconque fuite. Ni pour elle, ni pour moi.

Les bruits de la vallée de montent pas jusqu’ici. Dans l’azur infini du ciel se mirent les accents bleus de la mer. Je ne regarde jamais vers la mer, toujours vers le ciel. Je suis d’un calme mortel.

«Tu es venue.» Le timbre de ma voix est glacial. J’articule avec soin chaque syllabe pour lisser toute inflexion émotionnelle. Je l’aime encore. C’est une évidence que je dois combattre. Le sait-elle?

«Comment résister à un si pressant rendez-vous?» me répond-elle avant d’écraser le grain de raisin entre ses dents. Une perle de jus scintille au coin de sa lèvre où elle passe une langue nonchalante pour happer l’éclat de lumière. « Cela fait longtemps, n’est-ce pas ? Tu n’as pas changé.»

«Ce monde est jeune. Bien plus que nous. Toi non plus, le temps n’a pas égratigné ta beauté. J’ai envie de toi, là, juste maintenant. Les os ne mentent jamais n’est-ce pas. Ils n’ont jamais menti. Même lorsque tu es partie. J’ai ressenti un froid s’insinuer à mes côtés dans la couche après que tu l'aies désertée. J’ai tendu la main et tu n’étais plus là. J’ai appelé mais tu n’as pas répondu.»

«L’horizon est si grand. J’ai voulu voir ce qu’il y avait derrière. Il m’a murmuré qu’il me montrerait. Il m’a écouté quand j’ai désiré repousser les limites que tu avais fixées. Il m’a regardée d’une façon différente. Au début, je t’aimais tant que jamais je n’aurais imaginé pouvoir être loin de toi. Et puis...»

Une boule chaude se forme tout près de mon coeur. Elle joue avec l'une de ses boucles, l’entortillant entre ses doigts. Tout autour de nous, la lumière s’est fait sombre et profonde tandis que le soleil meurt dans son dos, s’abattant avec majesté derrière la ligne d’horizon liquide.Les anneaux elliptiques ceinturant la planète resplendissent une dernière fois, balafrant le ciel au-dessus des flots. Nul ne viendra nous déranger ce soir. Je compterai demain ceux qui seront restés. Mais cette nuit est consacrée à la déesse froide de la colère. Ses bras nous enserrent étroitement, étreinte de glace et de feu.

«En n’en faisant qu’à ta tête, tu as bien failli rompre le fragile équilibre que nous avions trouvé. Ce monde est jeune ai-je dit, jeune et impulsif. Les forces primitives ont dangereusement réagi à ton initiative. Nous avons dû nous employer longtemps pour calmer leur inquiétude. Nous avons gaspillé inutilement nos réserves et nos ressources si précieuses.»

«Tu n’as pas changé. Physiquement bien sûr, dit-elle en souriant, mais aussi dans ta tête. Toujours la même tentation dominatrice. Tu te prends pour Jupiter sur son Olympe, c’est ça ? Au début je trouvais amusant de raviver d’anciennes légendes si loin de chez nous. Mais je n’ai jamais ressenti ton attachement romantique à ces vieilles lunes. Qui sommes-nous sinon l’équipage d’un vaisseau naufragé au beau milieu de nulle part. Personne ne viendra à notre secours et nous ne partirons plus. Ce monde ne nous attendait pas. Il n’a pas besoin de pseudo-Dieux venus des profondeurs de l’univers!»

«Tu ne disais pas ça quand il a fallu décider de notre futur. Je ne suis pas d’accord avec toi. Rien n’est écrit. Nous repartirons quand... »

« ...cela fait quatre siècles que nous sommes là. » me coupe-t-elle « Quatre cents ans. Une éternité. Ai-je remarqué le moindre astronef sur une orbite d’approche? Aucun. Rien. Nada Est-ce que le nôtre se dresse fièrement sur ses patins? Non. Alors arrête de rêver. Notre vie est ici, que tu le veuilles ou non. Et pas la peine de nous cacher ou tenter de paraître divin à leurs yeux. Ils sont de notre race. Ils sont comme nous.»

«NON !» Je hurle en me redressant presque. «NON ! Ils ne sont pas comme nous. Tu ne veux pas comprendre. Tu n’as jamais voulu comprendre. Ils sont de souche humaine sans doute mais ils ne sont pas comme nous. Un abîme d’évolution nous sépare d’eux. Ils naissent et meurent entre deux de nos respirations. Ils ne sont pas comme nous. Ils ne le seront jamais.»

«Tu es resté tel que tu étais quand je t’ai quitté !» soupire-t-elle en passant une main sur sa joue. Dieux, je donnerais ce monde et tout l’univers pour me jeter à ses pieds et lui dire que tout est oublié. Que je n’ai jamais cessé de l’aimer. Que tout le reste importe peu. Mais dans l’air nocturne qui s’installe, elle est plus déesse que ce qu’elle peut en penser. Ma douce Héra. Mais elle poursuit :

«Nous avons tant à leur apporter. Les soutes de la carcasse que tu baptises vaisseau sont pleines de caisses d’équipements. Nous étions affrétés par une compagnie de colonisation rappelle-toi. Nous avons de quoi vaincre leurs épidémies dans les kits médicaux. Oui, nous avons tant à leur offrir!»

«C’est lui qui t’a persuadé que c’était la meilleure solution. Je me trompe? Ses idées émancipatrices et son fatras philosophique de pacotille. Il aurait dilapidé nos ressources, notre seul viatique pour espérer un jour repartir. Nous travaillons dur et nous avons déjà obtenu quelques résultats encourageants. Si nous voulons regagner l’espace, nous avons besoin de la moindre rondelle de caoutchouc. Et ce ne sont pas les fadaises d’un psychoterrapeute qui vont ruiner nos chances. Je ne le permettrai pas!»

Au-dessus de nous, les étoiles brillent d’un pâle éclat, formant des constellations qu’aucune carte ne mentionne. L’avarie des propulseurs d’hypersaut nous a fait valdinguer dans un coin reculé de l’univers. Reculé et inconnu.

«Tu ne le permettras pas? Mais qui es-tu pour donner des ordres? Le commandant? Non. Le second? Pas plus. L’un des officiers de la passerelle? Même pas. Alors de quel droit tires-tu ta position?»

«Qui vous a indiqué le chemin sinon moi? Qui vous a montré ce qu’il fallait faire sinon moi? Car même si nous vivons longtemps, nous ne sommes pas immortels. Sans moi, vous seriez sans doute des légendes pour ces primitifs. Des légendes mortes. Pas des dieux! Oui, je dis bien des dieux, bienveillants et discrets. »

«Ah oui!» rétorque-t-elle. «Ton sacro-saint principe de non ingérence. Il a bon dos. Rappelle-moi ce que tu as fait quand certains d'entre eux ont voulu voir les dieux en escaladant les flancs de la montagne? Les éclairs étaient magnifiques. Zeus foudroyant les téméraires du haut de l’Olympe. Cela ne répond pas à ma question. Je vais répondre à ta place. Tu n’étais qu’un comptable, le commissaire du vaisseau.»

«Il fut un temps où tu ne disais pas ça. Rappelle-toi aussi. Amoureuse d’un comptable. Je devais bien avoir quelques qualités à tes yeux, non? Tu es partie avec lui, avec ceux qu’il avait convaincus. Votre aveuglement a bien failli réduire à néant tous nos efforts. Vous avez agi impulsivement et de façon inappropriée. Nous ne connaissons pas tous les secrets de ce monde. Comment ces humains se sont retrouvés ici. Un transport de colons ayant connu la même avarie que nous? Cela serait une coïncidence surprenante non? Il y a des forces qui nous dépassent sur cette planète géante. Comme celles que vous avez réveillées là-bas.»

«Il est mort!»

Je mets une seconde avant de comprendre ce qu’elle me dit. Oui. Je sais qu’il a perdu la vie dans l’ultime bataille, celle que nous avons presque perdue. Je la vois encore le tenant dans ses bras, entourée de sombres nuées et fouettée par une pluie noire et chaude. Il avait l’air de s’être juste endormi. Elle pleurait doucement quand je l’ai soulevée et portée jusqu’au char d’Apollon. Nous nous sommes enfuis en laissant derrière nous les silhouettes confuses qui se contorsionnaient près des fleuves de lave. Plusieurs compagnons ont péri également sur les flancs de ce volcan en éruption. Ils ont succombé sous les bombes hurlantes et brûlantes lancées par les démons vomis des entrailles même de ce monde.

«Il est mort!» répète-t-elle doucement, comme pour exorciser son souvenir. Puis elle rugit à nouveau, se dressant et avançant d’un pas :

«Tout ce que tu diras ne servira à rien. Tu as bien pu me sauver, cela ne changera rien. Tu aurais mieux fait de me laisser là-bas avec lui. Je te vois comme une créature étrange et malfaisante. Tu as oublié tout ce qui faisait de toi un être humain. Tous tes espoirs de quitter ce monde sont vains, tu le sais au fond de toi. En bas, il y a des humains comme toi et moi qui meurent sans espoir sur un monde hostile. Et toi, tu restes là, perché sur ta montagne. Tu veux être un dieu alors conduis-toi comme tel. Les dieux se mêlaient des affaires des hommes, ils faisaient même des enfants aux mortelles. Ils étaient à l’image de l’homme. Toi et les autres, vous ne comprenez rien. Je suis certaine que mes paroles ne pourront changer ce que tu penses mais n’espère rien de moi. Je suis morte quand il est mort.»

La nuit s’épaissit encore. Les torches brûlent d’un éclat roux qui accentue celui de sa chevelure. Elle est si désirable que cela en devient douloureux. Elle est trop loin à présent. Je pourrais m’approcher d’elle et la gifler. Mais elle ne pleurera pas. Ne pleurera plus. Je suis également debout, à une toise d’elle mais tout l’univers pourrait largement se glisser entre nous.



M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-06-09 18:02:35 

 WA n°39, participationDétails
Martin revenait vers la forge, d’un pas fatigué, sa faux sur l’épaule. Le soleil commençait à décliner sur l’horizon. Il avait soif. Un long filet de sueur lui dégoulinait encore au milieu du dos. Il posa la faux à terre et tira du puits un seau d’eau qui lui sembla peser un quintal. Il trempa franchement sa tête dedans, frissonnant de bonheur dans la fraîcheur subite qui succédait à tant d’heures de labeur dans la chaleur du jour. Puis il but, longuement, dans ses mains en coupe, s’assit dans l’herbe encore chaude, laissant ses muscles épuisés se détendre enfin.
« Ah te voilà enfin ! Et mon cheval ? »
Martin soupira. A hauteur de son nez se dressaient les bottes cirées de Rodolphe ; il cligna des yeux au soleil et leva la tête vers son beau-frère, impeccable dans son uniforme bleu des armées du Roi.
« Tu devais le ferrer cet après-midi ! Je dois partir demain !
- Elie s’est blessé, et le vieux Paul s’est senti mal, il faisait une chaleur... On devait finir ce soir, demain on a promis d’aider Lucas. »
Passant devant Rodolphe, il rangea la faux, ralluma la forge et activa le soufflet. L’autre le suivit en pérorant.
« A moi aussi tu m’avais promis.
- Et dans une heure ton cheval sera ferré.
- J’ai perdu l’après-midi à t’attendre ! Tu aurais pu les laisser continuer sans toi...
- Pour faner mon pré ? Tu galèges ! Je ne suis pas officier, moi, je ne commande pas à mes amis. Ils m’aident et je les aide, voilà.
- Tu l’as fait exprès, hein ? Ca t’amuse de me faire attendre pendant que tu ris de moi avec ta bande !
- On a fauché le pré du Coucou, tu le connais, ce pré, tu l’as fauché assez souvent.
- Et ma soeur te l’a amené en dot, tu ne vas pas t’en plaindre !
- Je ne me plains pas.
- Mais tu n’as que mépris pour les soldats qui défendent tes terres. Tu ferais une autre tête si l’armée de Louhal y mettait le feu ! »

La forge commençait à ronronner. Martin prépara le rogne-pied, la mailloche et la tricoise, sans répondre.
« Mais c’est plus facile de se taire, quand on est sûr de dormir dans son lit tous les soirs.
- C’est toi qui a choisi, non ? Ta mère ne t’a pas mis dehors.
- Oui, j’ai choisi de me battre pour l’honneur de mon pays, pour protéger ma mère, la tienne, et les enfants que tu feras à ma soeur !
- Va chercher ton cheval, il est dans l’enclos. La forge est prête.
- Ah, tu n’as rien à me répondre ! Autrefois tu m’appelais « frère », mais aujourd’hui tu me traites comme un manant ! »
Martin posa le soufflet et le feu se refléta dans ses yeux noirs.
« Autrefois tu aurais quitté tes beaux habits et tu serais venu m’aider à faner sans même que je te le demande. Qui de nous deux traite l’autre comme un manant ?
- Et tu viendras te battre à mes côtés quand je me défendrai à un contre cinq ?
- Il n’y aurait pas de guerre s’il n’y avait pas de soldats pour la faire.
- Tu insultes le Roi ? Tu insultes la Patrie ? Tu préfèrerais que la terre de tes ancêtres tombe sous la coupe de Louhal ?
- Le Roi n’est pas plus sage que Louhal. Que m’importe qui prélève les taxes ? La terre de Louhal n’est guère différente de la nôtre, et ses paysans travaillent autant que moi. La patrie n’est qu’une invention des puissants pour soumettre le peuple et trouver une raison d’envoyer des jeunes gens à la mort. Tant que nous tremblerons devant Louhal, nous ne protesterons pas contre les impôts !
- Blasphème ! Blasphème ! Traître à ton pays ! C’est Louhal qui te paie pour fomenter la révolte ? Tu veux notre mort à tous ?
- Je ne veux la mort de personne ! La guerre est toujours injuste et toujours absurde !
- Alors quand Louhal arrivera ici, égorgera ta femme et ta mère, incendiera ta maison et dévastera tes terres, tu lui diras « Faites, Monseigneur, la guerre est absurde » ?
Martin haussa les épaules.
« Les soldats de Louhal sont des gens comme nous. Si on leur laissait le choix ils rentreraient chez eux.
- Tu es ivre, Martin, ou le soleil t’a tapé sur la tête ! Je plains ma soeur d’avoir épousé un pareil poltron ! Déjà quand tu étais enfant tu ne savais que pleurnicher dans les jupes de ta mère !
- Tu profitais de tes trois ans de plus que moi et de ta force physique pour me battre chaque fois que tu pouvais !
- Je t’entraînais au combat ! Grâce à moi tu sais te défendre ! Et qui t’a appris à pêcher à la mouche ? Qui t’a appris à dénicher les oeufs, à suivre une piste ? Qui t’a offert ta première chope de bière ?
- ...qui m’a rendu malade pendant trois jours... J’avais huit ans !
- Après tout ce que j’ai fait pour toi, tu n’as donc aucune reconnaissance ? Et qui t’a donné ma soeur en mariage ?
- Ta mère, parce que ton père était déjà mort, épuisé de faire double tâche pendant que tu troussais les filles de la ville et t’enivrais dans les tavernes à soudards ! Et laisse ma femme en dehors de tout ça !
- Je cherchais à m’engager ! Crois-tu qu’on entre si facilement au service du Roi ?
- La nuit tombe, va chercher ton cheval, je suis fatigué, Dora m’attend pour dîner.
- Petit égoïste ! Tu ne penses qu’à toi, à tes prés, à ton dîner, à ton confort ! Tu n’es qu’une poule mouillée, un avorton, un... »
Martin fit un pas en avant, les poings serrés de rage.
« Sors d’ici. Va faire ferrer ton cheval où tu veux, moi je n’y toucherai pas.
- Tu avais promis ! Espèce de traître ! »
Le coup partit à la vitesse de l’éclair. Martin fut projeté en arrière et s’écroula sur le sol de terre battue. Epuisé par la trop longue journée passée aux champs, il perdit connaissance.
Quand il revint à lui, il faisait nuit noire. Quelques braises rougeoyaient encore dans la forge. Sa mâchoire lui faisait mal, et du sang avait coulé de sa lèvre éclatée jusque dans son cou. Il se releva péniblement, se lava le visage dans le seau resté près du puits, et rentra chez lui. En passant, il constata que l’enclos était vide.
Narwa Roquen, flower power...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-06-12 19:00:54 

 Commentaire Maedhros, exercice n°39Détails
Dans un subtil mélange, comme tu les aimes, de SF et de mythologie grecque, nous voici conviés au coeur du saint des saints, « là où on n’entre pas », comme le dit le titre. La mise en place soigneuse du décor rend palpable la tension de l’atmosphère. Les adversaires se regardent, se jaugent, se provoquent en silence.
Jolie répétition « les temps ont changé », « les temps nous ont changés », petit intermède d’un érotisme discret, classique mais de bonne facture, et le jeu des mots entre le divin et le mortel, le ciel et la terre, l’infini et l’éphémère. Une phrase nous donne intentionnellement le vertige : « dans l’azur infini du ciel se mirent les accents bleus de la mer ».
Le dialogue est lent, très lent. Ces créatures presque divines ne peuvent s’abaisser à se disputer comme le vulgum pecus. Elle est plus incisive, lui se débat pour ne pas céder à la tentation, on le sent tiraillé entre sa tête et son coeur. Les deux ont un lourd passif commun, qui rend invraisemblable le pardon. D’ailleurs ils restent en désaccord à la fin du texte, et là tout à coup on se demande : mais au fait, pourquoi se sont-ils rencontrés ? Pourquoi le pseudo Zeus a-t-il convoqué sa chère Héra ? Pense à nous glisser la réponse dans la suite...
Tu as laissé échapper quelques fautes d’orthographe : « rappelles-toi », « psychoterrapeuthe »( 3 en 1 !!) , « aucune carte ne mentionnent », « des fleuves de laves ».
Bien ! Nous voilà prêts, une fois encore, à te suivre au bout du monde... Il me semble qu’après cette première partie très lente, très emphatique, une suite plus rythmée serait bonne pour l’équilibre du texte. Mais... il y a les consignes...
Narwa Roquen, qui aime bien les histoires...olympiques!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-06-12 19:43:57 

 Fautes...Détails
... pour "laves" et "rappelles-toi" : j'avais corrigé.

... pour psychoterrapeuthe : "terra" était volontaire. Je voulais associer la notion de "terre" dans ce praticien du futur. Bon, mais le "h" en plus, cela dessert. forcément!

Et je suis un supporter d'un club olympique... en plus!

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-06-14 18:14:31 

 Martin n'ira pas à la guerre!Détails
Un texte médiéval où il est question d'honneur et de valeur, de labeur et de bonheur, de la relativité des positions sociales, toutes ces choses que l'on n'apprend plus de nos jours.

Entre Martin et Rodolphe, deux anciens amis et deux actuels beaux frères, les perspectives sur le monde changent selon que l'on soit sur ou derrière le cheval. Chacun étant persuadé de la justesse de son rôle et de la futilité de celui rempli par l'autre. L'atmosphère entre les deux frères devant la loi se dégrade progressivement pour finir en gerbe d'étoiles pour Martin.

Les termes de maréchalerie et les expressions "rurales" campent bien le décor et l'époque.

J'ai trouvé un peu étonnant que le régiment du Roi auquel appartient sans doute Rodolphe ne possède pas son propre maréchal-ferrant, surtout s'il s'agit d'un régiment de cavalerie.

En attendant la suite...

Om mani padme hum !

M

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z653z  Ecrire à z653z

2008-09-11 11:43:10 

 frappeDétails
"de la vallée de montent pas jusqu’ici"

Sinon la dispute est bien présentée :)

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-03 15:16:27 

 Exercice 39 : Narwa Roquen => CommentaireDétails
Très sympa, ce thème ! Félicitations d’ailleurs pour tous ces thèmes ! Que j’aimerais pouvoir participer à tous ! Cette année, je me dégage du temps pour écrire.

Galéger ? On ne le lit pas souvent, ce verbe !
Joli contraste entre les deux personnages, d’un milieu commun mais ayant choisi des voies différentes. Le thème de la dispute est universel.
Le discours du paysan est peut-être un brin trop élaboré pour un gars qui passe son temps courbé sur les cultures mais il en a sans doute discuté des soirées entières avec ceux de ses collègues qui pensent vers lui.
Bien vu, les vieux motifs de querelle qui émergent, quoique cela me paraisse un trait assez féminin de citer de très anciens griefs. Un texte court et efficace.

Est', en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-10-03 15:19:09 

 Exercice 39 : Maedhros => CommentaireDétails
J’ai encore appris un mot, chouchouchouette !! Adyton. Pas facile à replacer dans la conversation. Naos, je connaissais déjà, étant fan d’égyptologie.
J’aime bien ça : « Je la regarde sans mot dire. Sans maudire. »
Certaines formulations dans les dialogues sont un peu lourdes, ai-je trouvé.
J’ai trouvé que la la nature des deux personnages et leur histoire est amenée trop brutalement. Tu vas dire que je ne suis jamais contente. Quand tu dissémines des indices, je me plains de ne pas les trouver. Et là, où tu livres l’info, j’aurais aimé la deviner.
Les répliques de Zeus et ses pensées se mélangent et c’est parfois peu clair.
Bien vu les hommes modernes qui se font passer pour des dieux mythologiques !
C’est sympa quand t’écris de la SF ! J’ai hâte de lire la suite.

Est', en pleine lecture

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