D'abord, je tiens à préciser qu'en dépit de l'acharnement de la barmaid du coin à exiger ma carte d'identité, ma physiologie est adulte, et vous ne pourrez donc vous désoler que de la puérile proalcoolé et psychédélémie de mon pimpant esprit. Je tiens également à préciser que je ne fais pas l'apologie de la prise de substances sans souci des dangers et conséquences diverses, d'une consommation comme abandon de soi.
Certes, la dépendance à l'alcool et aux drogues diverses, les dangers (et l'aliénation) liés à une perte de contrôle, tout cela est vil, néfaste et funeste. Il n'empêche qu'un usage maitrisé de ces diverses substances peut être intéressant, ne serait-ce que de par les oeuvres littéraires et musicales inspirées de cette expérience, et parfois ô combien fascinantes. Ou par l'élargissement de l'imaginaire en résultant. Je n'en connais pas moins autant des gens qui utilisent les altérations de la perception induites par l'alcool et les drogues douces sans être dominés par elles, ou qui, parrallèlement à un usage désinhibiteur, leur servant de "soupape", apprennent à induire par eux même une telle désinhibition. Evidemment, ceci ne va jamais sans risque, mais les vecteurs de danger sont infinis... Un imaginaire, une oeuvre artistique, une discussion peuvent également détruire les barrières "sécurisant" un espace mental, créer, au moins l'espace d'un moment, une extrême vulnérabilité.
Evidemment, la passification de l'imaginaire résultant, trop souvent, de la consommation de ces diverses substances est catastrophique, et dangereuse pour l'intégrité des individus. Mais le fait est, je crois, culturel : la conception, dans nos sociétés, du loisir comme espace de vide mental, de pure détente, d'espace "sans prise de tête" ou, au mieux, d'espace dont le contenu reflexif et mental importe peu est plus en cause que la prise même de substances. Le fait, plus largement, qu'un grand nombre d'individus sont pris dans une vie étriquée, appauvrie, pour diverses raisons.
Bien sûr, certaines drogues sont, en elles mêmes, extrêmement dangereuses : Datura, héroïne... à éviter absolument. Bien sûr, il existe une négation des dangers de l'alcool, accompagnant d'ailleurs une négation du morbide plus général de sociétés s'autolobotomisant - programmes télés idiots, campagnes politiques à forme publicitaire, omniprésence du jeu et de la consommation sans reflexion quant à leurs conséquences, sans même le moindre sentiment de responsabilité, d'intégration dans un tout... Des individus poussant hors-sol, si j'ose. Sans oublier les contradictions quotidiennes, quasiment jamais interrogées, dans les discours... A simple titre d'exemple, nombreux sont ceux qui considèrent hommes et femmes comme égaux, mais pensent, dans le même temps, qu'il y a des différences NATURELLES dans leurs comportements, leurs buts, leurs caractères, etc.
A mon sens, le contexte d'existence et de pensée, le court-circuitage mental en résultant, sont une source fondamentale des pratiques courantes -dangereuses et stériles- en terme d'alcool et de drogue. Ou, d'ailleurs, de médicaments -antidepresseurs notamment, dangereux également, et loin d'ouvrir les mêmes possibilités de "création mentale".
D'abord juste critique d'une pratique généralisée de la lobotomie par diverses substances, j'ai l'impression que cette discussion est devenue, disons, manichéisme, particulièrement quant aux drogues illicites, qui pourtant peuvent revêtir des intérêts objectifs : le cannabis est un analgésique autrement moins nocif que nombre médicaments traditionnels, et souvent plus efficaces. Son potentiel médical étant, en France du moins, inexploité. Et, l'herbe est autrement moins nocive que le tabac, ou d'ailleurs les pots d'échappement, les cinq cafés par jour, les longs travaux lobotomisants, fatiguants, voire dangereux en environement bruyant, névrosé et / ou agressifs, les contemplations alanguies et éternelles de son écran d'ordinateur...
Bref, je ne cautionne aucunement la destruction par les drogues et alcools, mais disons que j'ai cru lire une exposition quelque peu rognée, incomplète.
Pour finir, sur le message d'Este, je crois, simple question : pourquoi, en politique, éviter les extrêmes ? (quoique, quant à éviter l'extrême droite, je le conçoive très bien). Mais, ayant un rendez-vous, je développerai plus tard ce point-ci (où vous ne sauriez échapper à mes amères lamentations fielleuses et mes théories sur l'emploi stragégique, en politique, de l'éloge des gentillesses).
Sur ce, salutations à vous,
Portez vous bien, gardez vos tentacules, pieds, griffes et appendices des tentations rongeuses,
et félicitations à ceux qui ont lu jusqu'au bout ce message mammouthesque.
enfant mélophage, extrêmog_o_t_hique
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