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De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Samedi 16 septembre 2006 à 17:23:50
Bonjour, voici mon trosième thème...je sais, je sais...c'est long et en prose et j'ai toujours rien compris aux règles (mea culpa, mea massima culpa, ça viendra); Il pique dans plusieurs de mes domaines de prédilection. mais j'ai adoré écrire ce texte, vraiment. Son titre = Miserere.

Dans la chapelle s’élève l’extraordinaire motet à neuf voix, pierre angulaire de la foi triomphante. En fermant les yeux, son esprit rejoint le mystère éternel, transporté sur les ailes du chant à la pureté inouïe. La voûte est plongée dans la plus profonde obscurité. Les services des Ténèbres de la semaine sainte s’achèvent..

Lorsque la voix du castrat monte le sublime do, les anges descendent du ciel pour accueillir les âmes en partance, ouvrant les bras dans un geste empreint d’une infinie sollicitude. Son âme aspire à rejoindre le choeur céleste, se fondre dans l’harmonie miraculeuse, se purifier à la source de jouvence et apaiser la brûlure qui le consume lentement.

Enfin, les voix s’apaisent progressivement. Dans le silence qui leur succède, il reste encore un instant entre ciel et terre, refusant de rejoindre le sol alors même que l’escalier des étoiles lui est interdit. Il pousse un léger soupir. Il est vieux et seul, cramponné au timon pontifical. Son coeur est encore bouleversé par l’émouvante prière. Il se rappelle :

« Pitié pour nous Seigneur, nous tes derniers survivants car Tu nous a donné ces morts en héritage et nous sommes devenus les pères de nos morts. Pitié pour nous Seigneur, pitoyables parâtres qui avons engendré ces êtres dans la Mort. »

Il secoue la tête. Il ne faut décidément pas que cette oeuvre soit entendue hors de l’enceinte de la forteresse papale. Sa beauté confinant à la perfection est une tentation trop grande. Les flammes de l’enfer sont promises à celui qui se risquerait à transcrire la divine partition. Déjà, plusieurs tentatives ont été déjouées et leurs auteurs ont été excommuniés avant d’être brûlés vifs en place publique.

Ce chant...c’est comme entendre Dieu ! Et Dieu ne peut correspondre directement avec ses fidèles. Ses paroles doivent être traduites pour être correctement comprises et assurer le salut des âmes. C’est la mission de l’Eglise. Il est pape depuis si longtemps. Il a vu les rois et les princes courber la tête devant lui pour baiser l’anneau sacré.

Chaque année, à Pâques, les plus grands personnages de l’Empire Aptérygote se pressent pour obtenir la faveur d’entendre le motet à neuf voix dans la chapelle sacrée. Le pape distribue ses faveurs en ménageant les équilibres politiques. Les maisons royales s’agitent. Les Formicéens accusent les Myrméciens de convoiter leurs mines aurifères. Les Ponéroriens et les Leptanilliens se livrent à des escarmouches de plus en plus violentes. Il suffirait d’un rien pour que l’Empire soit plongé dans le chaos et disparaître comme l’Empire Ptérygote avant lui.

Les ptérygotes ... ils ressemblaient aux anges peints dans les églises g_o_t_hiques sur le chemin de Compostelle. Si beaux, si nobles mais tellement hautains. Si vulnérables, si fragiles, à la vie si courte ! Une saison d’or et leur rêve passe. Le pape tressaille. Les Grandes Guerres ont duré longtemps pour asseoir l’Empire nouveau. A présent, ces ennemis ont disparu, exterminés, tombés dans l’oubli ou la légende. Le cycle du monde est inexorable. Avec eux ont disparu les plus grands artistes que cette Terre ait connus. Ailes déployées, ils rivalisaient avec les archanges et les samaritains. Le monde a paru plus gris le jour où s’est éteinte la dernière flamme de leur magie!

Dans la pénombre silencieuse, tous retiennent encore leur souffle, subjugués par l’ineffable beauté du motet. Le miserere ne sera plus entendu avant une année entière, jusqu’aux prochaines Pâques, jusqu’au coeur de l’été prochain. Le pape fait un signe discret et suit du regard le cortège qui s’ébranle : six gardes pontificaux encadrant le chanteur, l‘entraînant vers les souterrains secrets du château. Le chanteur est grand, bien plus grand que ses gardiens pourtant coiffés de casques à haut panache. Ses ailes sont repliées tristement autour de lui et les fers contrarient sa progression, gauche et saccadée. Il sait qu’il ne survivra pas à l’hiver.

Les regards du monarque et du prisonnier se croisent une fraction de seconde. Dans cet échange se mêlent une vieille complicité et un même idéal. Mais nul ne peut comprendre. Le pape baisse les yeux, sentant une nouvelle parcelle de son âme divine se consumer mais il a appris à dompter cette douleur, de plus en plus grande.

« Bientôt mon ami, bientôt je te rejoindrai... » dit la fourmi à la cigale.


  
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