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 Joyeux Solstice d'Hiveeeeeeer !!!  Voir la page du message 
De : Netra  Ecrire à Netra
Page web : http://terredelune.eu
Date : Mardi 21 decembre 2021 à 11:38:32
Joyeux solstice d'Hiveeeeeer !!!
Un piti cadeau choupi pour vous.
Vous le dites pas à mon éditeur, hein ? XD

(c'est l'une des nouvelles qui va sortir en septembre dans le beau hardcover collector avec l'album des musiques et toussa toussa)

Le solstice de William Longway


An 1701 du calendrier keltien

William ôta son bonnet et prit une grande inspiration. Planté devant la maison de Sir Lindsey Redmark et Lord Clifford Pruitt, il serrait son sac contre lui pour essayer de dissiper son malaise, et ce stratagème ne fonctionnait pas du tout. Il fallait frapper, bien sûr. De l'autre côté de cette porte, il y avait Edward, un bon feu bien chaud, et... Sir Lindsey Redmark.
La grande soeur de son petit ami avait beau déployer des trésors de patience et de diplomatie pour le mettre à l'aise, le jeune homme restait très impressionné. Car Sir Lindsey Lily Redmark n'était pas n'importe qui. D'abord, elle était une Redmark, l'une des trois seules familles de Keltia qui pouvait prétendre compter régulièrement des sirs dans ses rangs. Ensuite, elle était tout à la fois la Gardienne en titre du Redbook of Westmarch, depuis la mort de sa tante Lily, la plus jeune Rêvedragon de son siècle, la Première Épée de Logres et, de l'avis général, une héroïne bien vivante dont les exploits résonnaient dans tout Keltia au moins aussi fort que ceux de Yanna Eflam quelques siècles plus tôt. Et tout ça avant l'âge de trente ans.
Il se tenait donc là, devant la porte avec son sac et son bonnet, son manteau claquant contre ses genoux, tout à fait conscient que sa timidité confinait au ridicule.
Tout à coup, une boule de neige le frappa en plein à l'arrière du crâne. Elle dégoulina, mouillée et glaciale, le long de son échine et lui arracha un frisson. Il n'avait même pas besoin de se retourner pour savoir qui était l'auteur du forfait.
– Edward James Redmark ! rugit-il en lâchant son sac pour se jeter sur son petit ami hilare qui prit la fuite à travers le jardin.
Une plaque de verglas traîtresse vengea William : Edward se retrouva les fesses dans la neige avant d'avoir compris ce qui se passait, laissant à l'autre le temps de le rattraper. William bondit sur Edward et le plaqua au sol.
– Bonjour, mon amour, dit Ned en redressant la tête pour lui déposer un baiser sur les lèvres.
– Oh, toi, alors... râla Will pour la forme avant de lui rendre son baiser de façon nettement plus approfondie.
– Quoi ? J'allais mourir de vieillesse si j'attendais que tu ouvres cette maudite porte ! Je croyais que je te manquais depuis que t'es plus à l'Univ...
– Bien sûr que tu me manques, crétin ! Sinon, je serais à Seabird's Song avec mes parents, et pas ici avec toi !
Edward profita de la distraction de William pour retourner la situation. Ce n'était pas très compliqué, lorsque l'un avait pratiqué les arts martiaux toute sa vie alors que l'autre n'appréciait guère la confrontation physique. En une seconde, Will se retrouva plaqué sur le dos, la neige fondue glaçant ses reins sous son manteau. Ned l'embrassa à nouveau, puis se releva et lui tendit la main pour l'aider.
– Quand vous aurez fini d'enlever toute cette neige, se moqua une voix sur le perron, vous viendrez vous réchauffer avant d'attraper la crève. J'ai fait du thé.
C'était Lindsey, bien sûr. William se redressa droit comme un I, épousseta son manteau de la neige en essayant vainement de rester discret. La jeune femme, adossée contre l'un des piliers de l'auvent, portait un pantalon logrien, une chemise à manches bouffantes dont le col était fermé par une lavallière écarlate, et des pantoufles à carreaux qui juraient un peu avec le reste. Les bras croisés sur sa poitrine, elle semblait ignorer le froid – un trait que Will avait aussi noté chez Ned, qui ne portait qu'un pull désormais trempé de neige, quand n'importe qui de sensé aurait rajouté au moins un manteau. La ressemblance entre le frère et la soeur ne s'arrêtait pas là, d'ailleurs. Mêmes cheveux bruns sombres, longs jusqu'au creux des épaules pour les deux, rappelant qu'ils avaient perdu leur mère l'année précédente. Mêmes yeux gris perle à l'éclat taquin, même sourire crâne et espiègle, même visage aux traits fins mais décidés. Pourtant, Ned avait quelque chose d'insolent, de charmeur, quand Lindsey suintait le charisme d'une leadeuse née par tous les pores de sa peau.
Parfois, William se demandait jusqu'où Edward, en grandissant, prendrait de sa soeur. En attendant, ils avaient ôté manteau humide et pull trempé, et se réchauffaient au coin du feu.
– Et Lord Pruitt ? demanda William, s'étonnant de l'absence du conjoint de Lindsey.
– Il termine un calcul, je crois, répondit la jeune femme.
– J'ai fini, précisa celui-ci en entrant dans le salon d'un pas vif. Bonjour, Will.
C'était un petit homme – plus petit que Lindsey – aux yeux pétillants, avec un de ces visages qui semblent toujours surpris ou curieux de tout. Il portait ses sempiternelles charentaises couleur moutarde, et une robe de chambre bleue turquoise ouverte sur une chemise et un pantalon heureusement plus reposant pour les yeux : blanche pour l'une, et brun pour l'autre. Ses cheveux châtain, très ébouriffés comme chaque fois qu'il se lançait dans un calcul compliqué, pendaient sur ses épaules dans un vague, très vague semblant de tresse.
– Alors, ces étoiles de Cassiopée ?
– Un souci avec le système double d'Achird, quelque chose ne colle pas. Mais ça attendra demain.
Il passa un bras autour de la taille de Lindsey, comme pour prouver qu'il avait bel et bien lâché son calcul.
– Tu vas voir que ça va pas attendre demain, plaisanta Edward à l'oreille de William. Je te paries trois shillings qu'il se lève cette nuit pour y travailler et que demain, il réveillera tout le monde en claironnant qu'il a la solution.
Will sourit. Si Lindsey Redmark l'impressionnait toujours, Clifford Lynwood Pruitt, lui, avait réussi à descendre du piédestal intérieur de William un peu plus facilement, malgré son statut de génie incontesté de la science keltienne. Peut-être – probablement – parce que les trois quart des gens ne comprenaient qu'un mot sur deux lorsqu'il parlait de son travail de physicien chercheur.
Tout le monde fut bientôt muni de thé et de plaids, et comme il était encore tôt, ils sortirent l'un des jeux traditionnels du solstice d'hiver keltien.
– Un sans énigmes ! supplia Ned.
– Tu sais que je peux ne pas répondre, lui rappela Cliff.
– Oui, mais tu fais ce regard insupportable du « ça y est je sais » au bout de deux secondes pendant que nous, on galère pendant dix minutes !
– Je ne fais pas ce regard !
– Si !
– Arrêtez, les gars ! s'esclaffa Lindsey. On peut jou...
Elle fut interrompue par le crépitement de la radio. Edward et Clifford se décomposèrent. William, pour sa part, ne comprit rien au silence tendu qui s'installa aussitôt dans le salon. La jeune femme se leva.
– Lindsey Redmark, Oxford. À vous.
Comme elle avait mis l'un des écouteurs du casque sur son oreille, les trois autres ne pouvaient pas entendre ce qui se disait.
– D'accord, soupira-t-elle. J'arrive. Terminé.
Elle reposa le casque et le micro.
– Où ? demanda Clifford.
– Une lieue hors d'Oxford sur la route de Londres.
– Quoi ? demanda Edward.
– Un chariot renversé, plusieurs personnes à évacuer. Peut-être des blessés, ou pire.
Les deux jeunes hommes hochèrent la tête, résignés. William observait en silence un manège bien rodé : Lindsey enfila ses bottes et son manteau, Clifford l'embrassa sur le pas de la porte.
– Je t'aime, et je t'attends, lui rappela-t-il alors qu'ils se séparaient.
Ned resta au fond de son fauteuil, accroché à son mug de thé, sans un regard pour sa soeur.
La porte se referma. Une demi-seconde, tout fut immobile dans le salon.
D'un coup, Ned bondit sur ses pieds et jaillit hors de la maison, traversa le jardin en courant et se jeta contre Lindsey, l'agrippant dans ses bras en pleurant.
– Pars pas... s'teuplait, pas ce soir...
Elle se retourna pour le serrer contre elle. Après tout, son petit frère n'avait que dix-huit ans, et c'était l'anniversaire de la mort de leur mère. Il avait beau tout faire pour ne pas y penser...
– C'est mon devoir de chevalière, Ned.
Ils le savaient tous les deux. Le devoir, c'était le maître mot des Chevaliers et le maître mot des Gardiens. Toute la vie de Lindsey, finalement, reposait là-dessus.
– Tout ira bien. Je vais revenir.
– ... je sais.
Il la laissa aller alors que Sir Barnes arrivait dans la rue, monté sur l'un des solides chevaux de trait qu'utilisaient les Chevaliers dans ce genre de circonstances. Il en tenait un à la longe pour Lindsey.
Elle sauta en selle.
– Garde une part de snowy cake pour moi, p'tit frère, d'accord ?
– Ouais...
Pour lui faire plaisir, elle cabra son cheval avant de disparaître au grand trot le long de la rue.
Ned s'accroupit, serra ses genoux dans ses bras, et baissa la tête. Il se moquait bien que ses pieds nus soient bleus de froid, ou que la neige commence à fondre sur le col de son T-shirt.
Quelqu'un d'autre, en revanche, ne s'en moquait pas du tout. Un manteau – son manteau, à dire vrai – atterrit sur ses épaules.
– Je te rappelles que tu es insupportable quand tu es malade, dit William, son mug de thé à la main.
Il y avait un petit côté surréaliste à la scène, l'un debout, chaudement habillé, sirotant son thé comme si de rien n'était, et l'autre roulé en boule par terre, pieds nus avec son manteau en guise de couette.
– T'es chiant, lui répondit Ned avec philosophie.
– Je sais. C'est l'une de mes nombreuses qualités. Maintenant, tu veux passer le solstice avec ta soeur, oui ou non ?
– Quoi ? Je peux pas, elle est partie !
– Et ? Tous les solstices ne se passent pas roulés dans un plaid à jouer au cul de chouette, tu sais.
William en avait une longue expérience. Fils de maraîchers, il ne comptait plus les fois où ses parents, ses tantes, oncles, cousins, cousines et lui-même s'étaient retrouvés à bâcher le toit d'une grange sous la tempête, à mettre des ballots de foin ou de paillage au sec ou à courir après les chevaux et les vaches du troupeau semi-sauvage qu'ils entretenaient. Alors, quoi qu'il se soit passé pour ce chariot à une lieue hors de la ville sur la route de Londres, ça ne l'impressionnait pas du tout.
Il saisit Edward par le col, le releva presque de force, et le traîna à l'intérieur.
– Mets tes bottes et ton manteau, dit-il. Lord Cliff, Ned et moi allons faire un petit tour. J'espère qu'à notre retour, vous aurez réglé ce souci avec le système double d'Achird !
Clifford se contenta d'un hochement de tête et de trinquer symboliquement en l'air avec son mug de thé. Il se doutait parfaitement de ce que signifiait ce « petit tour ». Lui-même n'en éprouvait pas le besoin. Lindsey revenait toujours, et il se savait parfaitement inapte à aider dans les circonstances qu'elle affrontait ordinairement. Il la soutiendrait à son retour, l'écouterait évacuer dans une longue logorrhée toutes les horreurs qu'elle avait vues, les maisons calcinées, les fractures ouvertes, les blessures répugnantes, les cadavres encore chauds et les destins brisés. En somme, Lindsey luttait pour que ce monde, que lui-même s'acharnait à comprendre à grands coups d'équations, soit le moins dur possible avec les habitants de Keltia. Ils faisaient chacun leur part, simplement pas au même endroit. Et chaque fois qu'elle pleurait sur la dureté de la vie, il serait là pour la réenchanter pour elle.
Mais Clifford Pruitt n'était pas Ned Redmark, et alors que le jeune couple détalait sous la neige, lui-même se resservait du thé.

Will entraînait son petit ami à travers les rues d'Oxford, jusqu'à la maison partagée qu'il occupait depuis qu'il avait quitté l'Université.
– Linden ! appela-t-il à travers le vent glacial. Linden, ma toute belle !
Un hennissement puissant lui répondit, et une énorme jument Shire trotta vers eux d'une foulée allègre. Elle venait de son box, par le froid qu'il faisait, et quelques brins de paille étaient emmêlés dans sa crinière.
– Là, ma jolie... Dis donc, Ned et moi on a une course à faire, tu nous emmènes ?
En guise de réponse, elle donna un grand coup de tête heureux contre le torse de Will, qui caressait avec enthousiasme l'épaisse robe isabelle. Elle était bien plus haute au garrot qu'eux, et pesait presque une tonne.
– Je croyais que tu l'avais laissée chez tes parents, s'étonna Ned.
– Je voulais, mais elle, non. Elle est arrivée avant-hier. Elle connaît le chemin, depuis le temps...
Il saisit la crinière et sauta sur le dos de la jument. Il n'utilisait jamais de harnachement. Linden et lui, c'était une vieille relation solide. Il tendit la main à Edward, impressionné. La dernière fois qu'il était monté en selle, il était en classe d'éveil, sur un poney des Shetlands. Il aimait les animaux, mais il aimait aussi contrôler où il allait, et on ne contrôlait pas du tout un cheval d'une tonne s'il n'avait pas un minimum envie de vous rendre service. Il y avait une raison pour laquelle il avait demandé à son ami Skyfire de lui construire une moto...
– Allez, monte ! Insista Will.
Edward obtempéra, et se retrouva juché beaucoup trop loin du sol à son goût. En guise de compensation, il serra le torse de son petit ami.
– Tiens-toi bien et détends-toi, conseilla celui-ci, une réflexion qui, en d'autres circonstances, aurait pu avoir un sens nettement plus agréable, du point de vue d'Edward.
La jument s'élança au grand galop, droit à travers les rues d'Oxford. Expérimentée, elle esquivait les plaques de verglas avec aisance, sautant parfois au-dessus pour ne pas ralentir. Will la guidait aux jambes, et parfois à la voix, pour qu'elle prenne la bonne direction à chaque carrefour. Edward, qui maudissait régulièrement la terre battue habituelle des rues keltiennes, s'en trouvait d'un seul coup fort aise : sur du pavé ou du béton, jamais ils n'auraient atteint une vitesse pareille. Et lui-même, avec sa moto dont il aurait fallu faire réchauffer le réservoir, par un froid pareil, n'aurait pas encore quitté la maison.
Mais il serrait la taille de William et l'immense animal qu'ils chevauchaient semblait presque voler au-dessus du sol. Il avait chaud, et il se sentait... bien.

En une quinzaine de minutes, ils arrivèrent au lieu de l'accident. Pas étonnant qu'il ait fallu des secours ! Le chariot, chargé de foin, avait dû rouler à peine trop près du bord et s'était enfoncé dans le fossé... sauf que l'un des enfants qui voyageaient à l'arrière, éjecté par le choc, se retrouvait coincé dessous !
Les parents, propriétaires du chariot, ne pouvaient ni dételer le cheval paniqué que le brancard maintenait moitié dans le fossé, moitié sur la route, ni faire reculer ou avancer les roues sous peine d'arracher le bras de leur fille cadette ! Au moment où Will et Ned arrivèrent, cinq Chevaliers et trois fermiers des environs, arrivés en renfort, achevaient de monter un portique destiné à soulever le lourd chariot.
L'entreprise était risquée. Le portique, celui d'un des agriculteurs, s'emboîtait normalement par embrèvement, mais avec le froid et la boue, l'un des montants ne se plaçait pas correctement. Tout le monde était si occupé que personne ne fit attention aux deux jeunes gens.
– On peut tenter de passer les cordes malgré tout, suggérait Sir Barnes. Au pire, le poids forcera l'emboîtement...
– Jamais de la vie ! Protesta Lindsey. Si le pilier glisse et tombe, ou même s'il s'emboîte sans que nous anticipions, tout le poids du chariot pourrait retomber sur le bras de la petite !
– Mais on ne peut pas grimper pour le caler mieux que ça, Lindsey ! Tu es déjà tombée six fois.
Ned sauta à bas du cheval et inspecta les montants. De fait, ils étaient aussi glissants qu'un pain de savon... Il se laissa glisser à bas du fossé.
– Si je puis me permettre, intervint William du haut de sa monture, il suffit de faire un noeud de chaise et de hisser quelqu'un là-haut avec un maillet.
Tous les regards se tournèrent vers lui, et il se sentit rougir.
– Will ? s'exclama Lindsey. Mais qu'est-ce que tu fais là ?
– Et bien, apparemment, j'aide, conclut-il avec une moue gênée en se grattant la nuque. Puis-je avoir une corde ?
Si les parents de William Longway étaient maraîchers, ses grands parents maternels, eux, étaient marins, et s'il n'avait pas connu sa capitaine de grand-mère, morte en mer avant sa naissance, son grand-père lui avait enseigné nombre de noeuds marins, un domaine dans lequel il excellait. Il sauta sur le sol et, alors que Linden s'ébrouait, s'empara d'une corde.
– Et Ned ? s'inquiéta Lindsey, se doutant bien que le jeune homme n'était pas venu seul.
– Je suis là, Lindy, répondit l'adolescent en ressortant du fossé. L'un de vous a une couverture ? River irait mieux si elle n'avait pas aussi froid en plus d'avoir mal...
– Sors de là ! s'énerva sa soeur. Si le chariot s'enfonce encore un peu à cause de la boue, tu risques de te retrouver coincé aussi, et on a bien assez d'une personne à sauver !
– Je lui laisse mon manteau, alors.
Ce qu'il fit, à l'exaspération totale de sa soeur, avant de ressortir au moment où William achevait un noeud de chaise double parfaitement exécuté.
– Voilà, dit-il. Maintenant, il suffit que l'un de nous se hisse là-haut et tape avec le maillet jusqu'à ce que le tenon soit bien calé.
Il n'y avait pas lieu de tergiverser. Sir Barnes, de loin le plus fort du lot, fut hissé par les autres jusqu'en haut du portique, où il se cala comme il put avec les jambes et enfonça le tenon récalcitrant à grand coups de maillets.
– Puisque tu es si fort avec les noeuds, ordonna Lindsey à William, viens donc m'aider à fixer les cordes au chariot. Ned, va aider les autres à atteler les chevaux !
En quelques minutes, le dispositif était prêt pour soulever le chariot sans aucun risque d'écraser la petite River. Les chevaux comme les humains tirèrent de toutes leurs forces pour arracher l'engin à la gangue de boue dans laquelle il s'était englué. Seuls les parents de l'enfant se tenaient prêts à voler au secours de leur fille.
Enfin, River fut sortie du fossé, et Lindsey lui posa une attelle provisoire pendant que Sir Barnes envoyait un message radio à l'hôpital le plus proche, aidé d'un des fermiers qui faisait tourner la dynamo de la machine. La famille passerait la veillée du solstice dans une chambre médicalisée, mais c'était toujours mieux que dans une chambre funéraire.
– Merci pour le manteau, dit River en rendant son vêtement raide de boue gelée à Edward.
L'adolescent sourit. La fillette regarda alternativement Ned et Lindsey, puis conclut :
– Toi aussi tu seras un chevalier comme ta grande soeur, quand tu seras grand ?
– Sûrement pas ! Je ferais un chevalier désastreux, crois-moi.
– Moi, je n'en suis pas si sûre, affirma Lindsey en passant un bras autour des épaules de son petit frère. Viens. Je me suis arrangée avec les autres, ils vont se débrouiller pour finir. Je te ramène à la maison avant que tu n'attrapes la crève.

Ils rentrèrent au grand trot, une allure qu'Edward apprécia nettement moins que le galop de l'aller. Mais les chevaux, fatigués, n'avaient aucune envie de soutenir un effort plus grand. Le cadet chevauchait toujours derrière son petit ami, et se trouvait à hauteur pour admirer sa soeur, montant avec aisance un animal presque aussi énorme que Linden.
Il n'arriverait probablement jamais à lui dire combien il l'admirait, et combien il l'aimait.
Lorsqu'ils arrivèrent devant la maison, Clifford sortit et conduisit les chevaux à l'écurie, où il avait préparé de l'eau tiède et de l'avoine fraîche. Puis il servit aux trois aventuriers le thé qu'il avait préparé et jeta un plaid à la figure d'Edward lorsqu'il commença à éternuer.
Jusque très tard cette nuit-là, leurs rires résonnèrent jusqu'aux étoiles.
Netra, toujours là 20 ans plus tard


  
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z653z  Ecrire à z653z

2021-12-21 20:46:39 

 MerciDétails
Je prendrai le temps de la lire quand je serai en vacances la semaine prochaine.
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