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De : Estellanara  Page web : http://estellanara.deviantart.com/ Date : Samedi 25 avril 2020 à 20:02:19 | ||
| Merci pour cette description fort éclairante. C'est toujours très intéressant de savoir comment les gens font. Je procède grosso merdo de la même façon que toi. Pour la phase de maturation, j'ai des temps de pause considérablement plus longs puisqu'il est rare que je reprenne un synopsis sans l'avoir laissé tourner "en tâche de fond" pendant plusieurs mois voire années... Mais c'est pas forcément volontaire, c'est juste que j'ai des tas d'histoires en parallèle. Ce que tu appelles premier jet, j'appelle synopsis. Et, chez moi, ça revêt cette forme : --------------------------------------------------------------------- Un jeune qui doit faire un stage pro de trois semaines et qui ne trouve que berger en rase cambrousse. Ça lui parait pittoresque, il imagine déjà le blog en live qu'il va pouvoir faire. Il est assez spontané et jure beaucoup (sa mère, ...un vrai branleur...) Il est venu avec un équipement de campeur de base, tente, duvet, fringues, réchaud, lampe gaz... Dans le village en bas de la montagne, un vieux lui passe les infos avec un gros accent. Il ne comprend pas grand chose. Ça le fait marrer. Pour se laver, c'est au ruisseau à un kilomètre mais pas plus d'une fois par semaine car il faut laisser les moutons. Le vieux lui donne de la bouffe et de l'eau pour une semaine. Que des boites en fer et en carton. Il se rend sur site avec sa voiture pourrie. La piste devient de plus en plus escarpée et impraticable. Sa voiture se prend un gros caillou; ça perce le réservoir d'essence. Il doit abandonner sa voiture et finir à pieds. La montagne est très belle mais équipement est super lourd (son sac est rempli de livres). Il adore la nature bien que citadin. Y a un berger sur site avec un sac à dos mais qui s'en va sans un mot quand il arrive. Le champ est entouré par la forêt Il s'installe dans le champ du troupeau de mouton. Il fait connaissance. Les moutons ne le laissent pas approcher; ils ont tous une cloche. Il n'y a aucun réseau, il est horrifié, limite paniqué. Il imagine plein de risques. --------------------------------------------------------------------- Ça, c'est le début d'un synopsis qui traîne dans mes cartons depuis deux ans. Ça s'appelle Le stagiaire. Le héros n'a pas encore de nom et pourrait devenir une fille inopinément. Pendant qu'il traîne avec ses copains synopsis en attente, comme pour toi, il traîne aussi dans ma tête et, quand je lis/regarde/vois/entends un truc qui me donnent une idée, je note illico sur mon portable "stagiaire : idée...". Je ne supporte pas de paumer une idée. Je la note toujours illico. Si je n'ai rien sous la main, ça me met dans tous mes états ! Des fois, je ne la garde pas parce qu'elle est pourrie. Des fois, elle ne s'applique à rien en particulier et je la mets dans mon fichier "idées en vrac". La dernière de ce type, c'était de faire un perso de handicapé badass. Pendant cette phase, je me documente tous azimut aussi, ce qui me redonne des idées. Ce qui détermine le début de la rédaction du vrai texte, c'est quand j'ai fini le précédent. Il y a alors un vote entre moi et moi pour choisir le prochain à y passer. Les critères sont le plus souvent : a pas l'air trop long, a l'air de coller à mon humeur. Je ne suis pas aussi structurée que toi sur les questions. Il y en a que je me pose en allant, après avoir commencé la rédaction. Ce qui peut me poser des soucis. Je ne me demande jamais à qui je m'adresse. Je m'adresse avant tout aux rares qui auront la gentillesse de me lire, hihi ! Ah oui j'ai toujours les thèmes (écologie, tolérance...), l'ambiance (sombre, joyeux), le genre (horreur, western...), le point de vue et la fiche de perso des héros. Avant d'entamer la rédaction, je découpe le synopsis par scènes et je détermine l’atmosphère de chaque scène (exotisme, oppressant...). Sur chaque scène, j'ai un rappel-tout de la forme : - Les trucs les plus importants du perso et du monde - Détailler les réactions physiques et les pensées des persos (au cas où j'oublierais) - Quel état je veux créer sur chaque scène, mes champs lexicaux - Les 5 sens pour la description La cohérence, la compréhension, je fais en allant, avec l'aide de mon béta lecteur, à qui je pose deux millions de questions pour m'assurer que tout va bien comme je voulais. Pauvre homme... L'émotion, je suis absolument incapable de déterminer si j'en mets ou pas. C'est comme l'humour. J'essaie mais je ne contrôle rien. C'est un gros problème pour moi. Je crois que j'ai toujours rédigé de façon linéaire sauf sur le thème de la WA "commencer par la fin". Tiens, c'est marrant ça, faudra que j'essaie autrement. Je note l'idée. A ce stade ou un peu avant, j'ouvre mon super fichier magique où je concentre tout ce que j'ai lu sur comment écrire. J'ai trié les conseils par thème (écrire les persos, décrire, faire les dialogues, passer le Bechdel) et j'ai aussi mis ce que j'aime chez les autres, que ce soit des thèmes, des façons de faire... Je relis soigneusement le fichier et je vérifie que mon synopsis est conforme. Ensuite, mes scènes, je les découpe en plans, à peu près comme au cinéma et je détermine grossièrement où est placée la caméra. Est-elle au niveau des sabots des chevaux de la calèche ? Ou au contraire sur un drone pour montrer tout le village ? Je visualise tout dans ma tête, en fermant les yeux, par où les persos rentrent dans la pièce, où se trouve la cuisine, où il a rangé sa clé avant de la sortir... Le paroxysme, c'est pour les scènes de combat où je simule les mouvements avec des poupées de chiffon. Pendant que je visualise, la scène se développe souvent (il y a des villageois le long de la route, un chat dans la cuisine). Il y a quelques années, je ne faisais pas tout ça et, du coup, j'écrivais plus court. Chaque couche de méthode allonge le texte, je pense. Après ces phases, j'obtiens ce que j'appelle le synopsis détaillé qui est beaucoup plus long que le premier. Pour la rédaction proprement dite, j'écris un bout, j'aime pas, j'efface, je recommence, j'aime pas... jusqu'à ce que je trouve ça correct. Ça ne me plait jamais vraiment, sauf dans de rares cas. Et quand je relis un ou deux ans après, je trouve ça pourri, sauf dans de très rares cas. L'exception, c'est "Mignonne allons voir si la rose" que j'ai écrit il y a dix ans ou plus et que j'aime toujours autant et auquel je ne changerais quasi rien. Aucune idée de pourquoi. Après, il peut y avoir des soucis tardifs dans le genre mon béta lecteur comprend rien à une scène, trouve une erreur, je me rends compte que j'ai un trou dans le scénario ou qu'un de mes personnages ne ferait jamais ça. Et puis, il y a les persos qui partent vivre leur vie, qui veulent des scènes supplémentaires... A chaque séance, je relis ce que j'ai écrit à la précédente, sauf si elle était il y a plus d'une semaine. Dans ce cas, je relis tout. Si une scène ne me plait pas, je la retouche et je la relis à chaque séance. Et à la fin, je relis tout au moins deux fois dont une fois à voix haute. Est', c'est dur d'écrire quand on sait pas... Ce message a été lu 2174 fois | ||
Attention : pavé en approche
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