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 WA, exercice n°128 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 30 janvier 2014 à 22:29:42
Si par chance pour vous vous n'avez pas lu "Mémoires d'Hadrien" de Marguerite Yourcenar, alors, petits veinards, vous allez pouvoir découvrir un livre extraordinaire. Et si vous avez autrefois pratiqué un peu le latin, votre plaisir n'en sera que plus grand.
Non, je n'ai pas perdu la tête. Ce livre est une création originale de l'auteur, pas la traduction d'un texte latin. Mais la ressemblance est sidérante!
Je ne peux vous promettre qu'un jour vous entrerez à l'Académie Française, mais je vous propose d'explorer cette piste nouvelle: écrire une fausse traduction. Par exemple, si votre faux texte original est en anglais, vous n'écrirez pas " il pleut des cordes", mais " il pleut des chiens et des chats". Cela suppose de bien connaître une langue étrangère, me répondrez-vous. Que nenni! Vous pouvez très bien inventer une langue vraiment très étrangère, pourvu que votre traduction ait des accents d'authenticité ( si je puis dire...). Bref, je vous offre une occasion de faire des fautes de français.
Je ne suis pas sûre que ce soit simple à réaliser, mais en revanche c'est un challenge qui devrait stimuler vos neurones!
Vous avez quatre semaines, jusqu'au jeudi 27 février. D'ici là, empiffrez-vous de crêpes et préparez votre déguisement pour le carnaval...
Narwa Roquen, vale et me ama


  
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Réponses à ce message :
Onirian  Ecrire à Onirian

2014-03-05 14:27:14 

 WA-Exercice 128 - traductionDétails
Une occasion de faire des fautes, ce serait dommage de ne pas en profiter non ?
--
Le justice


Je rentre les épaules dans le manteau, il pleut les cordes comme ils disent, je crois. Je peur, un peu, parce que ils courent après moi. Pas ils courent, ils cherchent. Je bien caché, avec le déguisement. Trois mois que je cache ici. La langue difficile, mais je comprends bien maintenant. Je parle, je compris.
Le histoire simple pourtant, simple, mais compliquée. Je pas tuer le fils de l’ambassadeur, mais je mauvais endroit mauvais moment. Et le besoin de coupable fait le reste. Alors depuis je cours pour que ils cherchent là où moi pas.
Mais moi aussi je cherche un autre qui court. Le vrai coupable. Et moi je plus doué qu’eux, parce je fini de courir. Je le vois. Je sais.

Un jour, je entendu parler du mot justice. Je pas bien compris la notion. Sur ma planète celui qui peut gagner, gagne. Celui qui ne peut pas, perd. Ce pas voler si quelqu’un ne sait pas garder. Ce pas tuer si quelqu’un ne sait pas rester vivant.

Ici, sur la planète bleue, les habitants croient en justice. Ils inventent notions avec le bien, avec le mal. Voler être le mal, tuer être le mal, mais tuer celui qui tue ou qui vole être le bien.
Et puis avec justice vient le besoin de coupable, même s’il pas être le vrai. Même s’il être moi.
Trop compliqué, pas cohérent.

Moi, je chasse, je trouve. Petit homme avec petit yeux musard a tué l’ambassadeur de ma planète, petit homme utilise la justice pour que la justice me tue. Je peux pas tuer justice, parce que justice pas vivante. Mais je peux tuer petit homme.

Je souris, parce que je sais que justice ne va pas se dresser pour sauver lui. Justice ne pas exister. Je vivant et lui ne pas savoir encore, mais lui vivre les derniers instants. Je aimerai bien lire dans le tête du petit homme, mais difficile, très difficile, parce que les idées sont compliquées. Je appris beaucoup pourtant déjà, comme le mot voler par exemple. Voler n’existe pas sur ma planète. Ce qui être, être. Pas être à quelqu’un. Le air appartenir à celui qui respire ? Le eau à celui qui boit ?
Je appris vengeance aussi. Avec vengeance je comprends justice. Vengeance existe sur ma planète, mais différente, parce que crime n’existe pas. Si je pas aimer beaucoup quelqu’un je tue. Si quelqu’un pas m’aimer, lui tenter de tuer moi. Si quelqu’un tue quelqu’un que j’aime, je pas aimer lui beaucoup, je tue. Si lui trop fort, il me tue.

Tête des hommes compliquée. Un homme beaucoup de mots dans le tête et un autre homme, beaucoup de mots aussi, mais pas les mêmes. Some people think with other words. Difficile de trier. Les notions, bien, mal, justice, existent avec tous les mots, mais bien et mal être diffèrent dans chaque tête. Et tous croire le notion unique, le mal et le bien universel.
A force de lire le tête des hommes, je tombe malade. Je ne peux plus lire. Je douleur qui souffle. Bientôt, je ne peux plus rester vivant. Je perdre. Ce pas justice qui me tue. Ce pas dieu. Ce pas petit homme avec petit yeux musards.

Le musard être petit animal sur ma planète, petit yeux qui regardent partout. Le petit homme me fait penser à Musard, parce qu’il même yeux, même tête aussi. Je plus jamais revoir musard. Je plus jamais en manger non plus. Le goût bon.

Les cordes s’arrêtent. Je toujours pas compris pourquoi cordes. Dans d’autres têtes, les cordes deviennent les chiens et les chats qui tombent le ciel. Sur ma planète, je montre l’image de l’eau qui tombe à mes frères, ce pas être chiens, chats, cordes.

Finalement, je approche le petit homme, il ne me reconnait pas, parce que je prendre le peau d’un autre homme. Ce pas voler si on ne sait pas garder. Je rien dire, juste je m’approche, et quand je suis tout collé, je attrape le gorge et je serre. Yeux musard partir dans la grande boucle du monde.

Ce pas tuer si on ne sait pas rester en vie.

--
Onirian, qui a fait plein de fautes.

Ce message a été lu 6315 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2014-03-12 21:39:49 

  WA - Participation exercice n°128Détails
Voici la première partie de l'histoire. Je suis très en retard mais je suis actuellement en transit professionnel qui m'accapare quelque peu....

----------------------------------------

FRANCTIC


Une forme pyramidale était posée sur la plaine désertique et silencieuse. Il s’agissait d un grand vaisseau spatial venu du secteur de Bellatrix, l’une des étoiles les plus brillantes de la constellation d’Orion. Il faisait partie du contingent scientifique et diplomatique autorisé à rétablir le contact.

Auparavant, l’expédition avait patienté quelques cycles aux abords de la Barrière qui ceinturait hermétiquement le Cadran Interdit. Elle avait assisté au départ des immenses barges remorquant les six trous noirs de confinement qui avaient été disposés autour du système solaire. La barrière qu’ils avaient ainsi édifiée, avait été infranchissable, même pour la lumière. Aucun atome n’avait pu entrer ou sortir de la petite portion d’espace prisonnière des horizons des évènements tissés autour d’elle.

Les motifs qui avaient justifié une telle sanction s’étaient enfoncés depuis longtemps dans les sables du temps. Les machines gardiennes dévolues à l’application de la peine auraient été en capacité d’en conserver le souvenir dans leurs mémoires absolues mais elles n’avaient jamais été intéressées par les attendus du jugement qui avait retranché l’ancienne civilisation de la communauté universelle.

Il restait bien un vestige mémoriel sur un satellite, terraformé pour l’occasion, d’un système solaire inhabité dans la proche banlieue du centre galactique. C’était un mémorial érigé au sommet d’une douce colline dominant une petite étendue d’eau carmin. Sous une coupole aérienne soutenue par douze graciles colonnes, un frêle autel de marbre blanc supportait une bougie de cire blanche tout à fait ordinaire. La bougie n’avait cependant jamais été allumée. Aucune inscription n’était visible nulle part, la pierre lisse et froide du mémorial était vierge de toute inscription.

Grâce aux efforts conjugués des astronomes et des ingénieurs, à chaque seconde galactique une ligne imaginaire reliait l’autel et le centre de la planète bannie. Et, lorsque l’alignement était parfait, c'est-à-dire quand l’écart azimutal entre les deux corps célestes était inférieur au seuil mesurable, certains visiteurs particulièrement sensibles juraient avoir perçu l’écho d’un choeur ténu de voix lointaines qui semblait exprimer une détresse insondable. Leurs témoignages, cependant, n’avaient jamais été confirmés par des relevés scientifiques officiels.

Dix mille ans d’obscurité et de silence s’étaient écoulés depuis que la sentence avait été prononcée. Cent siècles s’étaient refermés comme une chape de plomb sur le système rebelle, l’éteignant comme on bascule un interrupteur. Les cris de protestation et les supplications désespérées s’étaient tus, coupés net.

Qu’étaient-ils devenus? Ce mystère avait enflammé les imaginations durant des siècles standards, donnant naissance au plus grand des mythes. Qu’étaient-ils devenus? Eux, les habitants du berceau de l’Empire humain?

Des aventuriers, intéressés ou romantiques, avaient tenté de briser le blocus, malgré les avertissements des Veilleurs, en utilisant les techniques les plus baroques et les plus délirantes. Bien entendu, aucun de ces téméraires n’avait survécu à sa tentative et ceux qui avaient prudemment abandonné ne s’en étaient jamais vantés. Des sectes millénaristes avaient régulièrement vu le jour, apportant chacune son lot de révélations stupéfiantes vendues aux âmes crédules. La plus répandue faisait l’objet d’un culte dans de nombreux systèmes des bras spiralé. L’Apocalypse Sigiliste. Ses prêtres, vêtus d’une chasuble immaculée frappée de six disques noirs enchaînés, annonçaient dans leurs prêches véhéments le déchaînement irrésistible des forces obscures du Chaos à l’ouverture du Sceau, la barrière constituée de trous noirs.

L’heure de la libération avait enfin sonnée. La peine avait été purgée. Les forces de sécurité avaient refoulé des centaines de vaisseaux affrétés par les congrégations et remplis à ras bord de pèlerins désireux de communier à l’aube du dernier jour de l’Univers.

Bien évidemment, les opérations techniques de repliement et de remorquage des trous noirs s’étaient déroulées sans difficulté particulière. Le système solaire, qui comptait huit planètes et des dizaines de planètes naines, naturelles ou artificielles, était toujours là. Le Soleil brûlait sans faiblir en son centre. Cependant, alors que les prédicateurs énuméraient, sur toutes les fréquences autorisées, les catastrophes qui n’allaient pas manquer de survenir, aucune activité hostile ou surnaturelle ne se manifesta. Le silence régnait en maître. Les Psynavigos de classe militaire, baignant au fond de leurs cuves dans une atmosphère qu’eux seuls pouvaient respirer, n’enregistrèrent aucune distorsion anormale des champs interstitiels. Bien vite, les premières images furent reconstituées sur les écrans virtuels. Elles délivrèrent des successions de paysages rongés et pétrifiés, des plaines pelées jusqu’à l’os aux teintes passées. Toute végétation semblait avoir disparu. Les fleuves et les mers s’étaient volatilisés, remplacés par des étendues sablonneuses ou crayeuses. Les transducteurs sonores demeuraient silencieux malgré le balayage serré et ininterrompu des sondes automatiques lancées au coeur du système qui avait abrité le berceau de l’Humanité.

Alerté, le Concile de Pierre décréta l’embargo sur toute l’opération, exigeant des mesures drastiques de confidentialité et approuva la mise en place immédiate d’un large périmètre d’exclusion. Les médias furent repoussés et des Unités Singes furent déployées tout autour pour monter une garde vigilante et intraitable. Ces troupes d’élite étaient les plus redoutées des unités d’assaut et d’intervention des armées impériales. Elles étaient fanatiquement soumises au Concile. Rien ne pouvait les détourner des ordres reçus. Elles étaient ainsi appelées parce qu’elles avaient la réputation de ne jamais discuter la validité d’un ordre donné par une autorité habilitée, de ne jamais prendre en compte les conséquences de leurs actes et de rester de marbre devant les prières ou les menaces. Par dérision ou simplement par provocation, elles avaient choisi de coudre sur leur uniforme noir, juste au-dessus du coeur, trois petits singes stylisés : l’un se cachait les oreilles, le second les yeux et le dernier la bouche.

Alviest éprouvait une émotion inédite, mélange d’exaltation et de tristesse, qui ne l’avait pas quitté depuis qu’il était descendu de la Pyramide. Avec sa section, il explorait une surface de quelques dizaines de kilomètres carrés dont la localisation, longitude et latitude, avait été soigneusement déterminée par les IA selon des algorithmes sophistiqués destinés à maximiser les probabilités de mettre à jour des preuves ou des témoignages permettant de comprendre ce qui s’était déroulé derrière la Barrière. Les raisons qui pouvaient expliquer comment les milliards d’êtres humains qui vivaient sur cinq planètes et huit planètes naines, sans compter leurs dizaines de satellites avaient purement et simplement disparu.

Les trous noirs n’avaient pu être directement la cause de cet holocauste. De nombreuses théories avaient été échafaudées : des guerres et des représailles en chaîne annihilatrices, des épidémies à large spectre et à déclenchement différé foudroyant toute vie, animale ou végétale, l’oscillation erratique de valeurs critiques des matrices de l’espace local bouleversant les équilibres quantiques. Et d’autres encore plus hermétiques : la collision dégénérative entre la trame sous-tendant l’espace-temps et une n-brane prisonnière des trous noirs, les flux désordonnés de rayons létaux amplifiés à l’infini le long de boucles de résonnances fermées, la naissance d’une fontaine blanche au fond d’un puits gravitationnel entraînant la libération de flots d’énergie de nature inconnue. Aucune n’avait réellement convaincu.

Alviest arrêta le module. Il avait atteint les coordonnées stockées dans la mémoire du petit véhicule. Il évalua la situation. C’était la sixième halte sur le tracé prédéfini. Le jour s’abaissait peu à peu. Les cinq arrêts précédents avaient été infructueux. Du temps perdu. Et pas que du temps machine. Du temps humain, précieux et rare. Alviest maudit en silence les Prognauspices, les Prévisionnistes Scientifiques semi-humains, qui avaient exigé une présence humaine à la tête des expéditions d’exploration. Les autres membres de son équipe, serviteurs cybernétiques ou machines, s’immobilisèrent derrière lui.

Autour de la petite colonne, la plaine offrait le même morne spectacle. Elle aurait très bien pu se trouver sur n’importe quel autre site choisi par les IA. Celles-ci avaient virtuellement découpé le globe en bandes méridiennes. Le Jugement avait enjoint à toutes les autorités de procéder à l’effacement de la moindre donnée relative au système coupable. D’immenses et impitoyables purges avaient été conduites durant le premier millénaire qui avait suivi la sentence.

A l’aube du second, la Terre était devenue une légende. La légende avait nourri le mythe. Les fantômes habitaient de l’autre côté du Sceau. Des milliards de fantômes haineux et vengeurs qui n’attendaient qu’une chose. Déferler sur l’Empire et le réduire à néant, pierre après pierre. L’Apocalypse Silligiste.

Alviest effectua les dernières triangulations pour déterminer avec précision le point zéro du forage. Il paramétra les divers robots et machines qui, bourdonnant et cliquetant, s’attelèrent bientôt à la tâche. Le chantier avança très vite. L’Empire avait mobilisé les dernières technologies, notamment celles développées en partenariat avec les Gnomes Forgerons dont les domaines s’étendaient entre les nuages évanescents du Bras de la Carène. Avant que le soleil eut sombré derrière l’horizon, l’ingénieur s’assit, terrassé par l’émotion, bouleversé par ce qu’il venait de mettre à jour. Les doigts délicats de l’astre couchant caressaient d’une lumière rouge et rasante les contours d’un édifice enseveli dans les profondeurs de la poussière stratifiée.

Dans le silence absolu qui s’était reformé quand les machines obéissantes s’étaient mises au repos, Alviest plongea ses regards dans le gouffre du passé où une force mystérieuse l’attirait. Il distingua quelques moellons descellés et des murs écroulés, des moulures courant sur une colonne décapitée, des fenêtres béantes sur une noirceur de tombeau et les degrés d’un grand escalier rompu en deux. Il esquissa un mouvement de recul, s’attendant malgré lui à voir des cohortes de silhouettes brumeuses surgir des ouvertures obscures. Le réveil des fantômes. La colère des fantômes. Il ne croyait pas au Culte mais précisément en cet instant, isolé à des centaines de kilomètres de toute autre présence humaine, ses certitudes scientifiques devenaient très relatives. Mais rien ne se profila entre les ombres épaisses.

Quand la clarté inonda violemment le site de recherches, il sursauta une nouvelle fois. Les assistants cybernétiques avaient suivi les procédures et avaient déployé les mâts supportant d’énormes marmites qui déversaient des flots d’une lumière amplifiée. Les ombres disparurent comme avalées par le sable et les pierres. Alviest regarda autour de lui. La lumière formait un dôme au coeur de la nuit qui recouvrait la plaine. Dans le ciel, des points brillants convergeaient déjà vers lui. Les systèmes de transmission automatiques avaient rapporté la découverte à la base équatoriale. Tous accouraient pour la rencontre du douzième type. La rencontre avec les vestiges d’une civilisation disparue.

C’était une sorte de temple qui comprenait plusieurs parties distinctes. Il avait dû élever quatre tours aux angles d’un vaste quadrilatère. Il ne restait que les niveaux inférieurs des anciennes tours effondrées qui avaient la particularité de posséder une section en L. Des enfilades de salles désertes déconcertèrent les explorateurs qui s’élancèrent en nombre après que les machines eurent cartographié et géolocalisé les lieux, millimètre après millimètre. Il n’y avait plus rien. Tout était vide. Il ne s’agissait pas de ce vide excrété par la lente digestion du temps. C’était le désert aride de la pièce abandonnée par ses occupants qui n’avaient rien laissé derrière eux. Les Fantômes. Des récits non contrôlés se propagèrent sur les réseaux, insidieusement manipulés par les zélateurs du Culte de l’Apocalyspe Silligiste.

Puis les scientifiques refluèrent dépités, les mains vides et le coeur rempli de frustration. Il n’y avait rien. Ce n’était ni logique ni naturel. Alors que les préparatifs du départ avaient commencé, une petite machine était restée en arrière. Elle avait été envoyée comme des dizaines d’autres explorer chaque recoin du site archéologique. Mais sa programmation avait dû être, d’une façon ou d’une autre, altérée. Elle ne revint pas avec ses jumelles mais bifurqua de sa trajectoire prédéfinie de façon inattendue. Elle se retrouva à l’intérieur d’un étroit conduit technique dont les parois étaient recouvertes d’un matériau qui absorbait les rayonnements utilisés pour le balayage topographique, le rendant indétectable. La petite boîte agile avait progressé jusqu’à une salle dont toutes les ouvertures avaient été scellées.

Ne sachant plus comment revenir en arrière, elle épuisa ses réserves d’énergie en se cognant contre les murs. Quand la jauge dépassa une valeur minimale, la petite machine indisciplinée émit un puissant signal de détresse qui jaillit hors du temple et fut intercepté. Du plafond éventré de la salle perdue, les scientifiques descendirent lentement le long de câbles. Les pinceaux de leurs lampes frontales révélèrent la Relique simplement posée sur le sol dallé. Ils la remontèrent avec soin pour une expertise plus approfondie. Un peu plus tard, une navette rapide l’emportait dans ses flancs vers le Coeur de l’Empire.


(à suivre)

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2014-03-16 23:11:36 

 WA, exercice n°128, participationDétails
Le genre idéal




Bonjour de Xiotl à André,
Viens à mal de dédormir. Presque arrivé ! Te reconnais de me recevoir sur Terra, suis vraiment enlevé ! Inventer un monde aussi lointain de Kxax, c’est aventure ! Sur la planète, âge de sept cycles et demi ; nos cycles plus longs, mais perdu le module de conversion, peut-être tu l’as ? Quand viendrai à neuf, passerai enfin l’AA. Après ça, adulte ! Tu peux dire certes mots, boire certes choses, aller aux Centres de Plaisir, travailler et vaincre des xans (cela est monnaie) et puis tu peux te déterminer si tu veux. Chez nous jeunes sont unimorphes. Lu que chez vous mâles et femelles depuis la naissance, et pas de choix. Nous quand adultes, détermination variable, mâle ou femelle, mâle puis femelle, libre. Mais pas trop longtemps. Travailler seulement unimorphe. Les personnages vivent seuls, ou deux ou trois ou plus. Quand ils décident, adopter jeune, mais un, deux rare. Les jeunes fabriqués selon besoins, place réservationnée. Tous ont travail. Quand AA, conducteur de navette. Circuit Altaïr, CottmanIV, Terra, Venus... Toi fais quoi après AA ?
Doc Terra dit que vous fabriquez jeunes avec mâle et femelle. Comment ce probable ? Un seul à la fois ?
Nos technologies différentes ! Pourtant accords de coop regrimpent à siècles, mais sur doc « passé de Terra » ils disent que long le temps pour vous du secret.
Pas encore très agréable avec langue terrienne, mais stagnation va aider pour améliore. Important pour travailler, esclavager plus langues !
Si juste compris, tu es mâle. Tu me diras c’est comment ? Lu que mâle était guerrier et femelle prudente, pleure souvent. Tu fais guerre ? Nous jamais. Milice ne permet pas. Toute faute est désintégration. Mais règles apprises par tous jeunes, désordre entraîne pauvreté de planète. Chaque doit garde sa place pour que chaque mange.
Très envie d’arriver !
Bonjour de Xiotl




Bonjour de Xiotl,
Merci de ta réponse par ansible. Alors tu vis avec femelles, mère et soeur. Mots étranges ! Nous avons un référent pour un jeune, celui qui a adopté. Parfois deux jeunes, si plus de sept cycles d’écart, mais rare. Seulement pour personnages importants, dirigeants du Supérieur Conseil, ou Grands Miliciens.
Est-ce qu’il y a non-humains chez toi ? Animals vous dites ? Venus d’autre planète ? Vous les mangez ? Notre alimentation synthétique. Mais procédure pour lentement manger comme vous. Changements!
Un cycle de Terra pour découvrir. Merci pour accueil. Très important pour AA, voyage loin.
Bonjour de Xiotl



« Bienvenue sur Terra, mon garçon... Euh, Xiotl, c’est ça ? Tu parles un peu le terrien, n’est-ce pas ? Je suis Jean-Paul, le père d’André, voici André, sa mère Thérèse et sa petite soeur Valentine. Dis bonjour, Valentine.
- Bonjour Skiotte... Dis Papa pourquoi le monsieur il est gros ?
- Chérie ce n’est pas un monsieur, c’est un jeune... Ce n’est pas pareil sur sa planète. Il n’y a pas de garçons ou de filles. Et puis il n’est pas gros, il a une combinaison très épaisse et très large, il fait froid chez lui ! Tu dois avoir chaud ici ! Tu veux te déshabiller un peu ? »
Il semble gêné, Xiotl, en répondant :
« Hhou... Non pas... », alors qu’il transpire à grosses gouttes.
Un fracas dans la pièce voisine, la mère va ouvrir une porte. Un obus poilu traverse le salon et se jette sur l’étranger qui, renversé sur le canapé, ne parvient pas à se protéger du léchage intensif qui lui inonde le visage.
« Picasso, arrête ! Laisse-le tranquille. André, aide ton ami à se relever ! »
Mais Xiotl s’est déjà blotti dans un coin du sofa, les yeux exorbités.
« Non-humain ?
- Oui, c’est un chien ». André, un peu vexé que son père ait monopolisé la parole, a décidé de reprendre son rôle d’hôte. « Un animal. Il s’appelle Picasso, comme le peintre. Et on ne le mange pas. Lui non plus ne nous mange pas ! Il est un peu brutal, mais là il t’a seulement dit bonjour...
- Bonjour de Xiotl », sourit Xiotl au chien, retenu au collier par la petite main de Valentine. Assis, il est presque aussi grand qu’elle.
« Peintre ?
- Oui, tu sais, ces artistes qui dessinent... et mettent de la peinture, de la couleur, quoi. »
Devant l’air ahuri de Xiotl, il complète :
« Là, sur le mur, tu vois, c’est un tableau... fait par un peintre. Et cette statuette est l’oeuvre d’un sculpteur... Et... »
Il met en route le lecteur, calé sur le Concerto pour flûte n°1 en sol majeur, de Mozart. Xiotl pâlit, rougit, il doit être exténué par le voyage. Thérèse voit bien que le petit n’est pas dans son assiette.
« Allons, André, montre sa chambre à ton ami. Explique-lui la douche, je crois qu’ils ne se lavent pas comme ça chez eux. Ah, j’ai oublié les serviettes. Je t’en monterai tout à l’heure, va te reposer un peu, Xiotl, tu dois être fatigué...
- Sss... Oui... Merci de Xiotl... »


Thérèse frappe brièvement et entre en trombe dans la chambre, portant deux draps de bain et un essuie-mains. La chambre semble déserte, mais la combinaison blanche gît sur le parquet, et le couvre-lit a disparu.
« Xiotl ? »
Elle fait le tour du lit et découvre dans la ruelle, blotti dans le coin contre le mur, un adolescent aux longs cheveux noirs, le visage trempé de larmes, enroulé comme un mendiant nu dans le couvre-lit vert.
« Ca va ? »
Xiotl grelotte, sa peau terriblement blanche se teinte de bleu.
« Tu as froid ? Je vais te préparer une boisson chaude...
- Hhou... Non pas... »
Xiotl tend la main pour retenir Thérèse, et dans le mouvement le couvre-lit glisse, découvrant un sein certes juvénile, mais incontestablement féminin.
« Tu es une fille !
- Sss... Hhou... Bruit...Bruit de machine André...
- Quelle machine ? Bruit... Ah, le CD, la musique, Mozart ! Mozart ? »
Xiotl se concentre. Ecrire, avec le dictionnaire à côté, c’est plus facile que de parler. Il a l’impression qu’il ne sait plus un mot de terrien...
« Xiotl... pas Xiotl. Enfugué, danger de mort, fausse... carte... Difficile dire... »
Il lève un regard suppliant de chaton presque noyé, que Thérèse reçoit en plein coeur. Elle s’accroupit près de lui (d’elle ?), recouvre ses épaules, lui caresse la joue.
« Bon. Tu vas tout raconter à maman Thérèse, depuis le début. Tu sais, j’ai des enfants, et les mamans protègent toujours les enfants, même ceux des autres. Et Jean-Paul est très gentil et très fort, il te protègera aussi. Raconte-moi tout, et après nous irons voir les autres. »



Thérèse a retrouvé un jogging rose qu’elle portait quand elle avait vingt ans. Il lui est trop juste maintenant, mais pourtant Xiotl flotte dedans comme un voyageur en apesanteur. Elle est si menue, si chétive... Est-ce qu’elle mangeait à sa faim, là-bas ?
« Jean-Paul, salon ! Avec les gosses ! Ferme la porte à clé, et pas de vannes ! Ca urge et c’est important.
- Qu’est-ce qui... »
Thérèse est en haut de l’escalier, suivie par quelqu’un qui devrait être Xiotl et qui pourtant ne lui ressemble plus du tout.
« André, Valentine, au salon tout de suite, assis et sans un mot ! »
Thérèse installe Xiotl dans le canapé, une grosse couverture relevée jusqu’au menton et une tasse de camomille brûlante.
« Avant que je vous explique, Valentine : tu veux que je te traite en grande fille ou en petite ?
- Grande.
- OK. Tu vas entendre des choses étranges. Peux-tu me promettre de ne rien raconter, jamais, à personne ?
- Je promets.
- Maman ! Elle a quatre ans et demi, comment tu peux te fier...
- A une gamine de quatre ans et demi qui a 155 de QI et qui te bat régulièrement aux échecs, toi qui n’as que 142 ? Je te le demande !
- Assez ! », intervient le père. « J’ai dit sans un mot ! Thérèse, on t’écoute.
- Alors voilà. En montant porter les serviettes, j’ai trouvé notre Xiotl tout bouleversé ; il a réussi à me raconter son étrange histoire. Vous seriez aimables de réserver vos commentaires pour plus tard. Si tu veux ajouter quelque chose ou si je me trompe, tu m’arrêtes, Xiotl, d’accord ?
- Sss...
- Ca veut dire oui », précise Valentine
- « Je le sais, banane, j’ai eu 18 au test de kxaxien.
- Pfui... Moi j’ai eu 20...
- Vos gueules les gosses ! », hurle Jean-Paul. « Je me fiche de savoir que vous êtes des génies ! Si vous n’êtes pas capables de mettre votre égo dans la poche pour venir en aide à un être en détresse, pour moi vous êtes de gros nuls ! »
Silence. Picasso en profite pour décocher quelques coups de langue. Thérèse regarde son mari avec reconnaissance. Une fois de plus, elle se dit qu’elle a bien fait de le choisir, lui. Il ne la laisse jamais tomber.
« Donc », reprend-elle, « Xiotl vient de Kxax. Ca, c’est vrai. Il n’a pas sept cycles mais neuf. Et cette année il a passé le dernier test médical avant l’AA, sorte d’examen de fin d’études, un peu comme notre bac, qui délivre « l’aptitude à être adulte » et donc l’accès au travail. Xiotl a toujours été un individu très curieux et très sociable, chose qui n’est pas très bien vue sur Kxax, surtout que son génome le prédestinait à être, non pas conducteur de navette, mais milicien. Un de ses amis est venu le chercher, quelques heures avant le résultat officiel. Le bulletin disait : « Erreur fondamentale. Inaptitude pour fonction programmée. Destruction. » Le référent de Xiotl (son parent adoptif, si vous voulez) étant lui-même un des chefs de la Milice, Xiotl a pensé qu’il ne l’aiderait pas. Des amis l’ont caché, ils lui ont trouvé de faux papiers et l’ont embarqué sur une navette pour Terra. Dans ses courriers à André, il a essayé de se montrer le plus conforme possible pour ne pas attirer l’attention. D’après ce qu’il m’a dit, il y a peu de chances que les autorités de Kxax le poursuivent. En général, ils sont plutôt contents que les gêneurs émigrent. En revanche, notre politique d’accueil sur Terra est très restrictive. Je pense néanmoins qu’il est de notre devoir de l’aider à s’intégrer ici. Si vous êtes d’accord, bien sûr.
- Evidemment ! », s’exclama Valentine.
- « Absolument », ajouta André.
- « Bien entendu », conclut Jean-Paul. « J’ai de bons amis au service d’immigration, je pense pouvoir faire quelque chose. Je suppose que Xiotl n’est pas ton vrai nom, n’est-ce pas ?
- Exact, sss. Vrai nom...
- Ne le dis pas ! Xiotl ira très bien. Par prudence, je te trouverai une identité d’une autre planète que Kxax. Voyons... tu as la peau claire, et avec un peu de maquillage on peut atténuer tes reflets bleutés... Tu pourrais passer pour un émigrant d’Alès III... Mais... sur cette planète, tous les habitants sont... comment dis-tu... déterminés ?
- Sss...
- Prends ton temps. Quand tu auras choisi ta ... détermination, je lancerai la procédure.
- Tu vas être une fille, c’est génial ! », s’exclama Valentine, toujours hyper réactive.
- Je peux te montrer ce qu’est une femme », déclara calmement Thérèse.
- Mais être un homme, c’est pas mal non plus ! », intervint André qui se rasait depuis deux semaines.
- « Prends ton temps, mon ami. Ce choix.... Eh bien... le plus simple, ce serait qu’il soit définitif. On peut toujours s’arranger, mais...
- Xiotl compris. Xiotl choisi...ra. Xiotl fatigué... Bruits... Mu... sique ? Musique ! Beaucoup... jxeeks... boule...
- Boulevard ?
- Bouledogue ?
- Mais non, idiots ! Bouleversement !
- Sss... boule... versement... »




« Répète après moi : je suis un terrien.
- Suis terrien.
- Non. Je...
- Jeu... Amusement ?
- Non, Xiotl », le reprit patiemment Valentine. « Je. Quand Valentine parle pour Valentine, elle dit : « je ». Je suis une fille. Je t’apprends le terrien. Quand Xiotl parle pour Xiotl, il dit « je ».
- Je... suis Xiotl. Je... viens de Kxax. Juste ?
- C’est juste ! Je sais que vous ne dites pas « je », et pour toi c’est difficile. Mais c’est bien, tu y arrives !
- Xiotl compris.
- Non ! »
Xiotl sourit.
« J’ai compris, Valentine. Je... plaisanterie...
- Je plaisante, je me moque, je ris, je blague ! Oui, c’est ça, génial !
- Xiotl ? »
Thérèse entra, portant dans ses bras une brassée de fleurs du jardin.
« Tu veux voir comment on fait un bouquet ? »
C’est alors qu’elle remarqua le t-shirt qui tirait franchement sur les épaules, alors que le buste musclé était terriblement plat.
« Oh oh... Voilà du changement... André ? Tu fais quoi ?
- Je suis dehors, maman, je mets des paniers. Xiotl, tu veux venir ? Je vais t’apprendre le basket ! Alors tu vois, c’est facile, tu cours, tu contrôles le ballon... et tu tires.
- Raté ! », s’esclaffa Valentine
- « Bon, je ne suis pas très en forme aujourd’hui. Allez, à toi. »
Xiotl fait rebondir la balle plusieurs fois, il s’arrête, recommence. Puis il démarre en trombe, esquive André qui tente de le bloquer, et tire.
« Bravo ! », applaudit Thérèse.
« A quoi sert ?
- A rien, c’est du sport... c’est un jeu...
- Je ?
- Non », corrige Valentine. « Jeu. Amusement, distraction, loisir... Ce n’est pas du travail, quoi.
- Pas travail ? Jamais fait pas travail sur Kxax. Exercices pour apprendre, pour courir, pour lutter si milice, mais exercice. A quoi sert... jeu ?
- Ca sert à rien », reconnaît Valentine. « Mais tout le monde aime ça, ça... fait plaisir. Comme... écouter de la musique, regarder un beau tableau... ou un coucher de soleil... »
Xiotl se trouble.
« Plaisir ? Sur Kxax Centres de Plaisir, pour adultes seulement.
- Ah... Ce n’est pas ... hum ... la même chose... L’amusement... c’est pour tout le monde... Ca fait... hum... des petits plaisirs », répond Thérèse, embarrassée.
- « Il n’y a pas que le sexe dans la vie », déclare sentencieusement Valentine. « Mais si ça t’intéresse, je peux te montrer...
- Valentine !
- Quoi, maman ? « La sexualité racontée aux enfants », je peux, non ? C’est toi qui l’as installé sur ma tablette !
- Chérie ? Je suis rentré ! Regarde, j’ai disposé en bouquet les fleurs que tu as cueillies, pas mal, hein ? »
Thérèse soupire. Comment donner des repères fiables à ce pauvre... kxaxien ? C’est elle qui conduit le glisseur, Jean-Paul adore cuisiner, André fait de la couture et Valentine... Valentine est intrépide, remuante, bricoleuse... et douée en math !




« Tiens, passe-moi le persil, Xiotl. Ah, tu l’as ciselé, c’est bien.
- Je t’ai vu faire souvent.
- C’est bientôt prêt, papa ? Je meurs de faim ! J’ai fait deux heures de vélo ce matin !
- Chéri, ça y est, j’ai changé la lampe du garage. André, c’est quoi ce pantalon ?
- J’ai fini de le coudre hier soir. Il te plaît ?
- Ce jarret de veau est juste fondant, vous m’en direz des nouvelles. Je mets le riz à cuire...
- Et c’est quoi, le dessert ?
- Le dessert, c’est Xiotl qui l’a fait.
- C’est quoi, c’est quoi ?
- C’est un dessert que tu aimes beaucoup... de Xiotl qui t’aime beaucoup aussi !
- Des éclairs au chocolat ? Et tu as fait la pâte à choux ?
- J’ai fait.
- Hein, nous avons tous bien travaillé, en trois mois. Xiotl parle parfaitement le terrien, il cuisine comme un chef...
- Il m’a battue aux échecs, et ça l’a beaucoup fait rire !
- C’est lui qui a changé la batterie du glisseur, et il a réglé aussi l’allumage !
- Et tu verrais la veste qu’il est en train de coudre, c’est lui qui a créé le modèle !
- Et le portrait qu’il a fait de moi sur mon vélo, il n’est pas magnifique ?
- Et...
- Stop ! Je ne vais pas laisser brûler ma marmite ! A table ! »



Valentine cale un peu sur le troisième éclair au chocolat. Thérèse, les yeux mi-clos, hume voluptueusement son thé bio au pain d’épices. Jean-Paul termine son café et prend une profonde inspiration.
« Xiotl, tu as rendez-vous après-demain au service d’immigration. Est-ce que tu as fait ton choix ?
- Non.
- Je ne veux pas te presser, mais c’est indispensable pour qu’on te donne une nouvelle identité.
- Je n’ai pas envie de choisir ! J’ai la chance, que vous n’avez pas, de pouvoir être les deux, et j’aime ça ! Mozart me fait devenir fille, et à d’autres moments... J’aime bien être un garçon aussi !
- Ca, c’est quand il est seul avec moi. Vous avez remarqué ? Ses seins disparaissent, sa voix devient plus grave, ses épaules s’élargissent... C’est rigolo ! »
Jean-Paul toussote.
« C’est sûrement une coïncidence, ma petite chérie. Je suis sûr qu’il y a d’autres circonstances... »
Xiotl rougit. Il est actuellement elle.
« Il s’agit seulement de choisir un genre pour l’état-civil. Après, dans ta vie, tu te comporteras comme tu veux, ta vie sexuelle ne regarde que toi !
- Mais, Papa, ça a quand même un petit rapport... si je puis dire...
- Valentine, tais-toi. Je me demande bien ce que tu peux savoir de la vie sexuelle !
- Ben quoi, je sais lire ! Et j’ai des yeux et des oreilles. Tu sais, les chats, les chiens, les petits oiseaux... et même les papillons... »
Xiotl la boit des yeux.
« Je veux garder ma double polarité. Je veux pouvoir être homme ou femme quand je veux, sans avoir à me cacher ou à faire semblant d’être quelqu’un d’autre. Je resterai Xiotl.
- Mais c’est peut-être dangereux ! Et si Terra refuse de t’accepter parce que tu viens de Kxax ?
- C’est gentil de t’inquiéter pour moi, André. Mais est-ce que tu pourrais, pour survivre, passer ta vie à te déguiser en fille, sans que ça te rende vraiment triste ? »
Ses yeux deviennent un peu trop humides quand il regarde Valentine.
« Je prends le risque. »
Cette fois, Thérèse n’a plus de doute. Mais bon, la vie est longue, les enfants grandissent, les adultes évoluent... Pourquoi rien n’est jamais simple dans cette famille ?
« Il a raison, Papa. Nous ne pouvons pas le forcer à vivre dans le mensonge. Terra finira par changer, et un jour les gens seront plus tolérants et ne tiendront plus compte des apparences. Si on regarde les deux derniers siècles, il y a eu quand même des progrès !
- André, tu es un merveilleux idéaliste... Mais même si Xiotl a une espérance de vie plus longue que la nôtre, je ne suis pas sûre qu’il vive assez vieux pour voir ce monde parfait... En revanche... Je n’avais pas décidé de l’annoncer comme ça, mais... En fait, ces deux derniers mois, comme Xiotl nous a beaucoup aidés, j’ai eu plus de temps libre... et j’ai passé le dernier module de mes études de xénobiologie, que j’avais interrompues à la naissance Valentine.
- Chérie, tu m’as caché ça ?
- Je ne savais pas si je réussirais... Reprendre des études quatre ans après... Mais ça a marché : j’ai eu mon diplôme hier ! Non, non, attendez, vous me féliciterez plus tard. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que j’ai découvert qu’il existait une autre planète dont les habitants ont la double valence : c’est une colonie lointaine de Kxax...
- Myybvo ! Pourquoi je n’y ai pas pensé ? Je l’ai appris, pourtant... il y a longtemps, sur Kxax...
- C’est une idée géniale ! », s’exclame Valentine. « Maman, tu viens de sauver Xiotl !
- Attends, attends, ce n’est pas fait. Mais effectivement, l’Immigration sera peut-être plus indulgente envers un individu émigré d’un monde lointain pour venir proposer à Terra ses capacités exceptionnelles...
- ...Sachant qu’il n’aurait pas été accueilli sur Kxax, en raison de son esprit curieux et anticonformiste qui est la source même de ses nombreux talents...
- T’es pas si bête quand tu veux, André...
- Merci, petite soeur.
- Merci à vous tous, de Xiotl. Terra n’est peut-être pas encore un monde parfait, mais il y a des gens comme vous... Merci, merci, merci, merci... Je ne vous dirai jamais assez merci !
- Bon, allez, sinon on va tous se mettre à pleurer. Les enfants, vous débarrassez. Xiotl, je vais te montrer mon doc sur Myybvo, histoire de te rafraîchir la mémoire. »



A peine a-t-elle refermé la porte du bureau que Thérèse se tourne anxieusement vers Xiotl.
« Je... n’ai rien contre l’idée, tu es un gentil... une gentille personne... Mais Valentine a quatre ans et demi ! »
Xiotl devient grave.
« Je suis adulte, et je suis responsable. Valentine sait que je suis son ami. Et c’est tout. Je suis patient. Je ne dirai, je ne ferai jamais rien qui puisse la mettre en danger, la contraindre ou l’influencer. Je sais que tu peux garder ce secret. Tu peux ? »
Thérèse acquiesce.
« Cette petite fille a bien de la chance. En fait, nous avons tous de la chance de t’avoir rencontré. Quand tu auras trouvé un travail... tu viendras quand même dîner de temps en temps ?
- Et vous viendrez chez moi aussi. Je sais faire la cuisine !
- D’accord, d’accord... Allez, on s’y met. Tu as deux jours pour tout apprendre par coeur. Où est-ce que j’ai mis ce doc ? Le voilà ! donc... Myybvo est une planète du système Karl, situé à cent millions de kilomètres de Kxax... La porte à côté, quoi... »
Narwa Roquen, qui rame toujours autant dans la SF...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2014-03-20 22:13:27 

 Commentaire Onirian, exercice n°128Détails
Comm Onirian ex n°128



C’est une histoire courte ( 63 lignes), mais complète et cohérente. Le héros est présenté, l’intrigue se déroule, on sait le comment et le pourquoi. En trois mois il a appris le français de manière approximative mais efficace. Etonnant que son anglais soit impeccable... J’ai adoré « je cours pour que ils cherchent là où moi pas ».
L’intérêt du texte ( outre le respect de la consigne) tient dans la cohérence du raisonnement du héros, et dans la comparaison de deux civilisations à travers leur conception de la justice. J’adore ce genre de texte, riche de sens, qui appelle à l’empathie et à la tolérance.
Je conteste un peu ton usage des articles, parce qu’il n’est pas toujours cohérent. Tu dis le justice, et plus loin la. Parfois il n’y a pas d’article, et ça sonne d’ailleurs plus juste. Les erreurs de genre (le/la) sont toutes au profit du masculin.
Tu ne mets aucune apostrophe, OK ( je aimerai, le air, le eau...)... mais quand même « quelqu’un, même s’il pas être le vrai, l’image de l’eau, je m’approche »...
Le mort est d’abord le fils de l’ambassadeur, puis l’ambassadeur...
Une bonne relecture, parfois...
Bon, tu as peu travaillé, mais tu as bien travaillé, et c’est le plus important.
Narwa Roquen, c'est le printemps!

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Onirian  Ecrire à Onirian

2014-03-21 10:16:39 

 Le articleDétails
Rhaaa, je savais que j'aurai du laisser reposer ce texte un peu. Au bout d'un moment avec la relecture, on ne distingue plus les erreurs volontaires de celles qui ne le sont pas !

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Onirian, content quand même ^^.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2014-03-23 20:15:35 

  WA - Participation exercice n°128 - IIDétails
Bien, voici la suite... la fin arrive bientôt... bon courage Narwa...

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Le Trésor était un caisson de bois précieux. Les premières analyses, non invasives, avaient déterminé qu’il s’agissait d’une essence primitive ayant essaimé dans le sillage des conquistadors des étoiles. Ces guerriers qui franchirent le pont des étoiles, un foudroyeur dans une main et un sac de graines génétiquement modifiées dans l’autre. Cette essence était la lointaine parente des conifères géants, aux fûts rouges et noueux, à la ramure hérissée et persistante, qui peuplaient les versants ensoleillés des planètes façonnées à l’image sublimée de l’ancien berceau de l’Humanité. Le coffre était un assemblage de lourds panneaux taillés dans une seule pièce de bois tendre aux tons doux et à la patine presque féminine. Ils étaient parcourus de veines blondes et lumineuses qui semblaient avoir été méticuleusement dessinées par un artiste. Elles racontaient, chacune, une histoire différente. L’ensemble constituait un cube parfait d’une toise de hauteur. Un homme cube.

Chaque face comportait un motif gravé si finement qu’il n’était discernable que lorsque une lumière réglée sur une longueur d’onde bien spécifique le frappait selon un angle très rasant. Alors naissaient sous le regard augmenté des chercheurs une équerre, un fil à plomb, un compas, une équerre, ciseau et un maillet, pulsant doucement d’une lueur irisée. Ces symboles ésotériques éveillèrent des échos inquiétants parmi les congrégations millénaristes qui attendaient la déchirure des cieux et l’invasion des monstres du Chaos.

Des vecteurs quantiques furent suscités dans la profondeur de l’hexaèdre régulier. Des rayons éphémères, qui n’existèrent dans la même dimension temporelle que le temps d’un silence musical, balayèrent le graphe hexaédrique. Ils révélèrent la présence de tubes de métal rangés selon un plan pyramidal dont la base comprenait neuf unités. Quarante-cinq tubes d’or massif flottaient à l’intérieur du cube sans jamais perdre leur ordonnancement géométrique, même lorsqu’ils furent soumis aux plus fortes contraintes. Ils étaient maintenus par une énergie non mesurable et d’origine inconnue. Les rayons fantômes se firent alors plus inquisiteurs et rien ne put échapper à leurs investigations. Il fallut cependant dériver vers les concentrateurs qui les alimentaient la quasi-totalité de la production énergétique du réseau interplanétaire. Chaque seconde d’analyse engloutissait la consommation annuelle d’une cité de plusieurs millions d’habitants. Ce prix exorbitant était cependant dérisoire au regard du mystère à percer. Mais les tubes résistèrent au rayonnement, la matière dont ils étaient composés se révélant totalement étanche.

Sur les planètes lointaines, agglutinés sur les agoras, les pèlerins, en foules compactes, ânonnaient les mantras de conjuration, reprenant à perdre haleine le rituel scandé par les prêtres blancs qui se balançaient d’avant en arrière. Derrière des véhicules anti-émeute, les Unités Singes se tenaient immobiles, sanglées dans leurs uniformes noirs, les visages cachés sous des masques simiesques.

Alors, il fallut prendre quelque risque. On convoqua une petite machine zéro conscience. Sa carapace segmentée, ses graciles pattes d’araignée, ses antennes de télécommunication et ses pinces préhensiles la faisaient ressembler aux crustacés carnassiers qui peuplaient les hauts fonds bordant le continent austral de Jodelle, l’une des sept planètes jumelles du système de la Pléiade. D’abord, elle découpa au laser d’or, un regard guère plus épais qu’un cheveu où elle glissa lentement un long filament moléculaire. Celui-ci se tortilla en boucles ordonnées qui envahirent peu à peu tout l’espace disponible tout en le scannant en continu. Le coffre et les tubes demeurèrent inertes. L’énergie inconnue ne s’échappa pas dans la salle de confinement hautement sécurisée creusée au plus profond du satellite artificiel stabilisé à l’extrême limite de l’horizon des évènements d’un trou noir acheminé pour l’occasion.

A des centaines de milliers de kilomètres du satellite, un cybergardien, dénué de tout sentiment humain, était prêt à désarrimer le satellite de ses ancres énergétiques pour le faire basculer irrémédiablement dans le puits gravitationnel au fond duquel bouillonnait une singularité moirée. Il n’y avait que des avatars biochimiques qui s’affairaient dans les salles souterraines. Des pantins hors de prix, animés à distance. Seul le personnel technique du satellite était humain.

Une ouverture plus importante mutila le panneau de bois. Cette fois, la petite machine s’introduisit lentement à l’intérieur du coffre. Ses antennes frémissaient comme si elle ressentait une émotion impossible. Des bruits métalliques qui roulèrent en cascade s’élevèrent peu après. Ce n’était que les tubes qui tombaient sur le sol. L’énergie mystérieuse qui les suspendait dans le vide s’était brutalement évanouie. La petite machine attendit les ordres, ses longues antennes orientées vers la découpe du panneau. Elle avait esquivé deux cylindres qui avaient roulé jusqu’à elle mais ne put s’écarter de la trajectoire d’un troisième. Il cogna durement contre sa carapace segmentée, la repoussant contre le bois. Elle ne réussit pas à se dégager, bloquée par les tubes qui s’amoncelaient devant elle. Une diode se mit à clignoter sous son ventre. Une diode rougeoyante. La petite machine appelait à l’aide. Mais qu’était-elle? Un petit amas de rouages et de technologie aisément remplaçable. Heureusement, elle ignorait tout cela. Alors, elle suivit les instructions de son programme. Qu’elle soit ou non sauvée l’importait peu, pourvu que le code fut respecté.

L’Empereur s’impatienta. Son temps était précieux. Plus précieux que la valeur de tout ce que contenait le satellite. Plus précieux que cet étrange legs de la planète-mère désertée. Il donna ses ordres.

Le panneau mutilé fut ouvert sans autre forme de procès par une escouade de petites machines zéro conscience. Les tubes furent emmenés vers une autre salle, encore plus profonde, encore plus sécurisée. Les consignes et les procédures ont ceci d’admirable qu’elles sont bien plus puissantes à la fin que ceux qui les avaient prescrites. Bien sûr, personne ne remarqua que la diode rouge de la petite machine prisonnière s’était éteinte. Ses longues antennes frémirent à nouveau de façon inexplicable. Mais cela passa totalement inaperçu dans le feu de l’action. Personne ne compta la cohorte de petites machines qui transportaient les tubes en une longue procession le long de couloirs immaculés. Il y avait pourtant une unité surnuméraire. Aucun cylindre n’était visible entre ses pinces puisque le code n’avait pas été mis à jour. Alors pourquoi suivait-elle ses semblables en l’absence de tout ordre donné en ce sens? En observant plus attentivement sous son ventre, on aurait pu remarquer que la minuscule diode s’allumait encore par intermittence. Une couleur chatoyante où dansaient l’ambre et le carmin, le fauve et le cyan. Une couleur inédite. Une couleur étrangère. Une couleur impossible à produire par les frustres circuits de la petite machine.

Les tubes étaient munis d’un couvercle vissé à une extrémité. Une fois l’opercule retiré, le tube révéla qu’il contenait de fines feuilles dont la texture rappelait le papier. Elles formaient un rouleau très serré qui comprenait plus de mille feuillets numérotés. Chaque feuillet était recouvert de nombreuses lignes d’une écriture serrée et régulière. Une fois tous les cylindres ouverts, près de cinquante mille feuillets jonchaient le sol, mis en tas par les petites machines zéro conscience. Elles exécutaient les ordres des avatars agglutinés de l’autre côté de la vitre blindée de la salle d’exploration, eux-mêmes commandés depuis une base en orbite autour de la plus proche planète.

L’Empereur parla à nouveau.

Les avatars pénétrèrent dans la pièce où les tubes étaient éparpillés sur le sol. Les techniciens humains pâlirent un petit peu plus et leurs pensées se tournèrent vers le cybergardien qui avait leur destin entre les mains. Quand l’avatar en chef essaya de lire le premier feuillet qui tremblait dans sa main reconstituée, il renonça très vite. C’était une langue parfaitement inconnue. Une langue morte plutôt. Une langue originelle qui n’avait plus cours dans l’Empire. Dix mille ans. Les flots du temps avaient englouti le passé. Dix mille ans. Le Jugement et ses attendus avait effacé toute trace du système rebelle. L’évolution naturelle avait fait le reste. Les mots qui étaient formés sur ce papier synthétique étaient incompréhensibles.

Les machines de traduction semi-conscientes refusèrent de répondre aux sollicitations et aucune autorité, même l’Empereur, ne put réduire leur résistance. Le Jugement était irréfragable, supérieure à la plus haute norme, fut-elle impériale. Avaient-elles dans leur mémoire profonde un espace réservé aux langues pré-Barrière ? Elles ne répondirent pas non plus sur ce point là. Les procédures et les consignes. C’était toujours la même vieille histoire.

Cependant, la nature humaine est ainsi faite qu’elle ne renonce jamais. C’est sans doute sa plus grande force et l’origine de ses plus grandes erreurs. L’Empereur réunit un groupe d’experts et les enferma au sommet de la plus haute tour du palais impérial, sous la garde d’une unité entière de Singes. Il leur mit un marché en main. Il ne les libèrerait que lorsqu’ils auraient décrypté cette langue disparue. Aucune visite ne fut permise. Aucune distraction. Plusieurs devinrent fous et se précipitèrent du haut de la tour qui culminait à plus de huit kilomètres au-dessus du niveau de la mer. Ils moururent bien avant d’avoir heurté le sol.

Les autres s’attelèrent au travail, redécouvrant l’art ancestral de la traduction. L’exercice n’était pas à proprement parler de traduire une langue totalement étrangère. Les langues véhiculaires de l’Empire dérivaient des langues originelles de la planète-mère mais le chemin avait été très long. Les experts firent notamment appel à la psychotypologie de l’apprenant pour évaluer la distance typologique entre la langue morte et les langues vivantes. Cette technique mobilisait toutes les connaissances lexicales, grammaticales et phonologiques disponibles pour identifier les ressemblances permettant de relier un mot de la langue cible avec un mot d’une langue de référence. Et, à défaut d’un mot entier, au moins un phonème, un graphème voire un morphème. Les dimensions flexionnelles de la langue à décrypter furent également une lutte de tous les instants.

Il fallut aux experts, aidés par quelques machines zéro conscience forcément très limitées mais dévouées et non inhibées, démêler les subtilités des langues fléchies, des substantifs déclinables ou non, qui marquaient ou non le genre qui, lui, pouvait découler parfois du déterminant mais parfois du lexème. Sans compter tous les autres pièges qui faisaient s’écrouler des constructions élégantes et prometteuses mais in fine inconsistantes ou qui menaient les travaux dans des impasses stériles et chronophages.

Ce fut un travail de fourmi compte tenu de l’énorme distance qui séparait les langues véhiculaires de l’Empire et la langue disparue. Le labeur du groupe d’experts dura près de dix ans. L’Empereur les avait avertis. Le groupe devait fournir une traduction fiable et fidèle des cinquante mille feuillets. La moindre incohérence serait sanctionnée par le saut de la Foi. Jeté du haut de la Tour, celui qui survivrait à la chute serait gracié. Aussi, les traducteurs impériaux remirent encore et encore leur ouvrage sur le métier. Ils ne s’aperçurent jamais qu’une petite machine zéro conscience leur avait donné, aux moments stratégiques, le petit coup de pouce nécessaire qui leur permit de faire progresser significativement leur travail. Une petite machine qui cachait sous son ventre une diode s’illuminant de temps à autre d’une couleur chatoyante.

Enfin, lors d’une belle soirée printanière, quand le soleil dardait ses nouveaux rayons sur une nature renaissante, embrasant les collines qui moutonnaient au pied du Palais Impérial, une audience exceptionnelle fut organisée. Les Hauts Seigneurs des Régions Etoilées furent convoqués. Venus en grand nombre, ils se pressaient sur la galerie qui ceignait la salle des Honneurs, collections scintillantes de vêtures multicolores et de perruques poudrées. Un Ambassadeur plénipotentiaire des Gnomes Forgerons avait également été convié, reconnaissable à sa haute stature et à ses longs cheveux blancs qui ruisselaient sur ses épaules. Il portait avec prestance une cuirasse d’apparat annelée et sur sa hanche, le pommeau ouvragé d’une épée dépassait d’un fourreau damasquiné. Il se tenait sur le premier degré du Trône monumental qui resplendissait d’une aura bleutée et glaciale.

La vision de l’Empereur était terrifiante pour celui qui n’y était pas préparé. Son statut divin écrasait ses adorateurs qui ne pouvaient que s’agenouiller à ses pieds pour ne pas défaillir à sa vue. Ses traits étaient parfaits. Il ne pouvait en être autrement. Sa taille était celle d’un géant et sa force celle d’un titan. Son esprit était pénétrant et il pouvait, par la pensée, toucher d’autres esprits, même à très grande distance. Il avait une voix de stentor et ses mots retentissaient comme le tonnerre. C’était l’Empereur. C’était un Dieu.

Devant le Trône, une estrade avait été installée. Sur cette estrade, un pupitre en verre avait été installé, entouré de part et d’autre par deux rangées de sièges. Sur le rebord antérieur du pupitre affleurait la bouche grillagée d’un micro. Cramponné à la tablette se tenait le porte-parole du groupe d’experts. Ses collègues étaient assis sur les sièges. Ils faisaient bonne figure mais leur teint était assez pâle.

Quand le soleil frôla l’horizon, la voix de l’Empereur résonna dans l’hémicycle :

« Il est temps de lire, Traducteur ! »

(à suivre)

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2014-04-09 22:31:18 

 Commentaire Maedhros, exercice n°128, I et IIDétails
Partie I
Ouaahh, c’est du lourd ! De la SF pure et dure ! L’idée est originale, simple, limpide, et c’est une des forces du texte. Mais l’autre force, qui déchaîne mon admiration, c’est la puissance du vocabulaire qui nous scotche à notre fauteuil comme une accélération de 10 G ! Il n’y a rien d’incompréhensible pour le lecteur moyen de SF, mais je reste les yeux écarquillés comme un gamin à son premier Noël. Nom d’une comète ! C’est fort !
Bricoles :
- J’ai adoré le paragraphe « Grâce aux effets conjugués... » et celui « Les trous noirs n’avaient pu être directement la cause... »
- ...dans de nombreux systèmes de bras spiralé : s
- L’heure de la libération avait enfin sonnée : é
- Résonnances : résonances
- Avant que le soleil eut : eût

C’est admirable. L’intervention de la petite machine est très sympa. Un petit hasard pour une grande découverte : mais le hasard existe-t-il ? Cependant ce détail parle au coeur des humains dans un monde au sens propre déshumanisé...


Partie II

Re-ouaahh ! C’est encore plus fort ! Pas un instant de faiblesse, pas un instant de répit pour nos pauvres cerveaux surmenés. Les informations pleuvent, s’intriquent et s’emmêlent, le vocabulaire explose, la construction des phrases se fait plus dense. La palme de la phrase ardue revient à:
« L’énergie inconnue ne s’échappa pas etc... »
La petite machine poursuit son bonhomme de chemin et ça devient vraiment génial, parce qu’inattendu, irrationnel, improbable, impossible ! Comment la conscience peut-elle s’éveiller dans une machine ? Le lecteur haletant, déchiré de questions existentielles, s’accroche aux lignes du 2° chapitre en espérant qu’il y en ait un 3°... Oui, ouf !

Bricoles : rien !

Certes, la traduction se fait attendre. Mais on n’est pas déçus du voyage ! Et tradition ou pas, ce récit est exaltant, questionnant, époustouflant !
Narwa Roquen, bluffée...

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