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 WA, exercice n°112 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 18 octobre 2012 à 23:07:00
Et si on fêtait Halloween? Avec de bonnes grosses citrouilles, des masques, des bonbons... et un bon petit texte bien horrible? Mais cette fois je voudrais de l'horreur... en finesse. Suggérez plutôt que de montrer, faites grincer les parquets et gémir les portes qui s'ouvrent, jouez avec les ombres et les brumes, envoûtez l'imagination du lecteur... Et pour corser le tout, vous avez l'interdiction de montrer une seule goutte de sang!
Vous avez le choix du genre et du narrateur.
Rendez-vous dans trois semaines, le jeudi 8 novembre. Amusez-vous bien!
Narwa Roquen, même pas peur!


  
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Onirian  Ecrire à Onirian

2012-11-06 16:19:17 

 WA-Exercice 112 - Horreur toute en finesseDétails
Finesse... Le mot n'est pas forcément le plus approprié. Mais il n'y a pas la moindre goutte de sang, promis.

--
La pesée.


Le hurlement est terrible, je me prends la tête pour ne plus l'entendre, mais c'est encore pire, il pénètre jusqu'à mon âme. Me terrifie.
C'est moi qui crie.
J'arrête.
Je me réveille.
Où suis-je ?
La pièce est nue et chaque mur me renvoie mon propre reflet. Des miroirs partout. Même au sol et au plafond. Bordel, qu'est-ce que je fais ici ?

Derniers souvenirs...
J'ai signé les papiers du divorce, la fin d'une dizaine d'années de ma vie. Une fin qui avait commencé en bons amis, avant de déraper au moment du partage. Connards d'avocats. Ensuite... Une cuite, la première de ma vie, une bien sévère. Il me reste quelques flashs, une fille en rouge, des oiseaux, un barman étrange.
Qu'est-ce qu'ils m'ont fait ?
Je n'ai pas mal. Pas l'impression d'avoir les idées embrouillées... Mais j'ai peur. Putain, je suis mort de trouille. Et ce n’est pas seulement cette cage avec ces murs qui me multiplient à l'infini.
La pièce... Pas de porte, pas de fenêtre, juste un cube parfait, pour autant que je puisse en juger.
- Il y a quelqu'un ?
Ma voix sonne étrangement, je n'arrive pas à déterminer s'il y a de l'écho ou si le son est assourdi au point d'être presque inaudible.
- Est-ce que je rêve ?
Je n'ai jamais rien entendu de pareil.
- Sortez-moi de là !

Aucune réponse. J'ai envie de m'approcher des murs, mais j'ai peur. Ils me font peur. Je me fais peur. Je ressemble à un fou sur ces murs. Et ces images de moi qui rebondissent à l'infini... Ça me rappelle cette vieille question que je me posais étant gamin. Dans le noir absolu, on met deux miroirs parfaits exactement face à face, puis on allume la lumière. Que reflètent-ils ?
Rien, du noir, du blanc, une image de dieu, tout, autre chose.

Je choisis un mur au hasard et décide de l'affronter. Je m'approche et mon image grandi. Barbe de trois jours, cheveux en bataille, vêtements froissés. La première étape vers le clodo. Après tout, je n'ai plus de maison, merci chérie. Connards d'avocats. Quelques pas. Je voudrais toucher ce mur... Quand ma main s’approche, son reflet vient à sa rencontre. Mais juste avant l'instant du contact le reflet surgit d'un coup et m'attrape le bras, serre. Je plonge.

* * *


Le hurlement est terrible, je me prends la tête pour ne plus l'entendre, mais c'est encore pire, il pénètre jusqu'à mon âme. Me terrifie.
C'est moi qui crie.
J'arrête.
Je me réveille.
Où suis-je ?
L'endroit me semble familier. Une pièce nue, cubique, intégralement composée de miroirs. Je suis effrayé. Oh dieux, c'est pire que ça. Ces murs me terrifient, et mon reflet...
Mon reflet...
Je suis famélique, comme si j'avais oublié de manger durant plusieurs jours, mais je n'ai pas faim. Ni soif. Je veux sortir. J'ai peur. Par les dieux, est-ce possible d'avoir si peur ?
Des centaines de mois réagissent à mes mouvements. Lorsque je tremble, c'est toute la pièce qui tremble, des millions d’ondulation qui se répètent à l’infini.
- Au secours !
Je n'ai jamais rien entendu de pareil, c'est comme si ma voix était à la fois étouffée et démultipliée.
Qui a pu me faire ça ? La fille en rouge ? Le barman. Ils étaient... différents. Je ne sais plus de quoi on a parlé. Est-ce que j'ai baisé la fille ? Je ne sais plus. Je ne sais rien. Au fond de moi, un éclat de raison se débat. Bouge. Oui, bouger... Je choisis un mur au hasard et je m'approche.
Il n'y a moins de trois mètres à faire pour atteindre ce mur, mais j'avance avec des pas si petits qu'il me faut bien une éternité avant d'être assez près pour le toucher. Le mur me renvoie l'image d'un fou. J'ai les yeux injectés de sang, et ma barbe a bien une semaine. C'est en approchant ma main du miroir que j’aperçois enfin les bleus sur mon poignet. Je n'ai pas le temps de me reculer que mon reflet se jette sur moi et m'entraine, de l'autre côté.

* * *


Le hurlement est terrible, je me prends la tête pour ne plus l'entendre, mais c'est encore pire. Il pénètre jusqu'à mon âme. Me terrifie.
C'est moi qui crie.
Je n'arrive plus à m'arrêter.
Le temps passe. Est-ce des pleurs, des gémissements, un chant funèbre ? Est-ce moi ou mes semblables ? Je suis allongé dans une pièce cubique, avec des miroirs sur chaque paroi. La pièce tourne, à moins que ce ne soit ma tête. Les murs, le plafond, le sol, tout est si semblable. J'ai peur. Non, je suis terrifié, terrorisé. Je n'ose pas bouger. J'ai mal partout. Mes mains sont cadavériques, mes ongles longs, et sur le sol, quand je me vois, une barbe fournie me donne l'impression d'être un autre.
Je n'ai pas faim, pas soif, je veux juste que ça s'arrête, je veux arrêter d'avoir peur. Je veux sortir d'ici.
- Pitié...
Je n'ai jamais rien entendu de tel. Mon murmure était assourdissant, comme si les milliers d'autres mois qui pleurent dans les murs avaient murmuré ce pitié à l’unisson. Je n'arrive plus à rassembler mes idées. Je vois un oiseau, une femme en rouge, et un barman. Ils me parlent, me proposent quelque chose, je ne sais pas quoi. Je rampe vers un des murs. Au fond de moi, j'ai l'impression qu’il va fondre sur moi, et m'entrainer vers la fin. Je rampe malgré tout, je ne sais pas pourquoi, je ne sais plus, je ne sais rien, je ne veux rien savoir. Juste oublier. Tout oublier. Jusqu’au rouge qui sort de cette femme parce que cet homme à trop bu. Et oublier l’oiseau qui a tout vu, qui sait.
Arrivé à proximité, alors que ma main s'avance pour rejoindre sa jumelle, tel un diable, son image sort du mur et me soulève pour m'emporter. Loin... A jamais.

* * *


- Pourquoi s’inflige-t-il ça ? Et il est là dedans depuis combien de temps ?
- De son point de vue, de quelques minutes à quelques heures à chaque fois, mais depuis plusieurs semaines.
- Mais pourquoi ?
- Il en a besoin, pour ne pas commettre les mêmes erreurs, dans sa prochaine vie. Il grave son âme, sa chair.
- Mais il a déjà tout oublié, nous y compris ! Est-ce que je ressemble vraiment à un barman ?
- Qu'importe les images qu'il a pu placer sur nous. Si elles existent, c'est qu'elles sont nécessaires pour lui. Tu es une jeune recrue, tu comprendras avec le temps.
- Et le corbeau ?
- A-t-il jamais parlé de corbeau ? Tu vois, toi aussi tu places des images sur ce que tu ne comprends pas.

* * *


- Dis-moi... Y prends-tu plaisir, démone ?
- Et toi, mon ange ?

--
Onirian, ni ange ni démon.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-11-07 19:44:19 

  WA - Participation exercice n°112Détails
BIRD’S DAY



La bande-son

Je suis celui qui vit en bas. Ici, dans la cave. Tout seul. Je n’ai pas le droit de sortir. Maman me l’a dit à de nombreuses reprises. C’est interdit. J’écris ces lignes sur mon journal intime. Celui que m’a offert maman quand j’ai appris à écrire sur ses genoux. Elle m’aime ma maman. Pas autant que moi je l’aime c’est sûr, mais elle m’aime. Elle descendait me voir chaque fois qu’elle le pouvait. J’entendais tourner la clé dans la serrure et les gonds grincer quand la porte s’ouvrait.

Je suis celui qui vit dans la cave. Je ne me plains pas. J’ai plein d’amis. Ils sont tous là, bien alignés sur les étagères qui tapissent les murs. Ce sont les livres que m’a achetés ma maman. Des livres qui parlent de paysages sans limite sous un ciel bleu où brille un soleil de feu. Je les ai tous lus. Certains plusieurs fois. J’aime les mots. J’aime les images qui se forment dans ma tête quand je les lis. Des images que vous ne comprendriez sans doute pas. Des images qui peuplent mes rêves. Quand j’en ai parlé à maman, elle a ouvert de grands yeux et m’a dit tout bas, en posant doucement ses doigts sur ma bouche : « Chut, chéri. Chut, que dis-tu là ? ». Alors j’ai fait ce qu’elle m’a dit et j’ai arrêté de lui confier mes rêves les plus secrets. Mes rêves couleur d’encre noire, comme l’encre d’imprimerie avec laquelle sont faits les mots dans les livres que je lis. Vous comprenez ?

Comme pour me remercier, elle a déposé un baiser sur mon front et m’a serré fort contre elle. Elle sent bon. Elle sent maman. Depuis que je suis tout petit, j’ai grandi avec ce parfum, léger et floral. Ne me prenez pas pour un idiot. Je ne le suis pas. Je dis floral à bon escient, parce que cela me rappelait les fleurs coupées avec lesquelles maman garnissait les vases en chantonnant des refrains populaires. Des fleurs aux couleurs vives au début. Je préférais de loin les teintes dont elles se paraient juste avant que maman ne les jette dans la poubelle. Ces couleurs fanées. Ces couleurs passées au parfum cotonneux.

Je sais bien que personne ne lira ces lignes. Jamais. Je fais comme si vous étiez en face de moi, tout en sachant parfaitement que je me parle à moi-même en fait. Maman n’ouvrira pas ce journal intime. C’était un de ces cadeaux puérils pour petit garçon sage. Je l’avais rangé au fond d’un tiroir et je ne m’en étais jamais servi auparavant. Elle l’aurait lu, c’est sûr. A présent, je n’aurai pas besoin de le cacher. Je ne refermerai pas le verrou de pacotille qui fait semblant de le protéger. Il sera là, bien en vue sur la commode près du lit. Il attendra. Il m’attendra en vain. Il vous attendra peut-être.

Vous auriez beau chercher, il n’y a aucun miroir là où je vis. D’ailleurs, à bien y regarder, iI n’y a aucune surface suffisamment réfléchissante pour laisser apparaître une image. Le seul visage que je vois, c’est celui de Maman. Mais elle, elle ne compte pas, n’est-ce pas ? Oh, je sais que la télévision existe. Le cinéma aussi. Tout est dans les livres. Mais si j’en connais le principe, je n’en ai jamais fait l’expérience. Maman me disait que ce n’était pas bon pour moi. Cela devait être vrai puisqu’elle m’aimait. Alors, je me contentais de les reconnaître au gré des histoires qui me parlaient du monde du dessus. Je les considérais comme des éléments d’un paysage étranger, aux fonctions identifiées mais incongrues. Attention, je ne suis pas non plus un de ces personnages platoniciens qui croient voir la réalité au fond d’une caverne alors qu’ils ne voient que la représentation de celle-ci sur le mur, le reflet renvoyé par les flammes qui brûlent derrière eux, hors de leur portée.

Maman m’a souvent répété que les livres étaient mes meilleurs amis. Elle m’en a offert régulièrement. La plupart sont restés sur les rayonnages. Les autres sont repartis. Ceux-là portaient, au fil des pages, le tampon circulaire de la bibliothèque municipale, à l’encre violette à demi-effacée. Il est facile de reconnaître les miens. Ceux de la bibliothèque avaient des couvertures où les jeux abstraits de couleurs le disputaient aux paysages anonymes, ne laissant apparaître que le titre et l’auteur. Des formats de poche. Les miens avaient la fâcheuse habitude d’avoir perdu leur couverture. Arrachée. Envolée. Disparue. Une déchirure propre et régulière, chirurgicale, comme un coup de cutter. Pour le reste, ils étaient absolument neufs. Aucune page n’était écornée et quand je les approchais de mes narines, je pouvais sentir le léger parfum d’imprimerie qui se dégageait des feuilles non ouvertes, inviolées. Mes amis mutilés pour la bonne cause. Comme des oiseaux sans ailes. Ils me donnaient leur coeur mais aucun moyen de m’échapper de ma condition.

Bien sûr, j’ai mes favoris. Ne les cherchez pas du regard. Ils ne sont pas rangés ensemble, ce qui serait pourtant logique. Plus jeune, j’avais fait ça une fois. Maman avait été très en colère. Elle les avait tous repris et jamais ne me les avait rendus. Alors maintenant, je retiens leurs titres en silence dans la tête. Je vous en citerai simplement trois. Juste trois. D’abord, celui d’un écrivain Français, Alexandre Dumas, un roman de cape et d’épée hanté par un homme au visage caché derrière un masque de fer. Ensuite, celui de Théodore Sturgeon qui parle de l’enfant du placard. Maman ne l’a pas lu. Sinon, elle ne l’aurait pas acheté. Je me sens si proche de Horty. Enfin, le roman de William Wharton. Encore des oiseaux en cage. Des oiseaux qui rêvent de liberté et de fuir une horreur passée. Ce roman a fait naître en moi un désir caché. Un désir secret. Un désir qui a fait pleurer Maman. Je sais. Un désir qui a grandi en moi jour après jour, même si dans la cave, le soleil ne s’y lèvera et ne s’y couchera jamais. Même si dans la cave, les nuits sont obscures, aucune étoile n’y brillera jamais.

Je vous ai parlé de mon père ? Je ne l’ai pas connu longtemps. Il est parti, m’a dit Maman. J’ai appris de façon précoce à cette occasion la signification du mot « euphémisme ». Elle m’a dit que, de toute façon, là où il était, il veillait sur moi. Elle me parlait souvent de lui. A chaque fois, elle était à la fois joyeuse, comme si l’amour refleurissait en elle et inquiète, se mettant à chuchoter et à fixer le mur du fond. Maman a une âme slave. Une âme fantasque et passionnée.

Papa est né quelque part en Europe, dans une petite ville de Russie. Il s’appelait Fyodor. Il a fait des tas de métiers avant d’échouer, un matin d’hiver, à Brighton Beach. Désormais, un océan le séparait de sa chère terre natale. Il rencontra ma mère à Little Odessa, le quartier russe de New-York, dans un restaurant qui servait les meilleurs pelmeni du coin. Ils s’aimèrent dès le premier regard, m’a confié Maman, les yeux brillants. A cet instant, il m’avait semblé que le vieux voleur se recroquevillait loin d’elle, comme repoussé par une vive lumière. Soudain, Maman était plus jeune, plus... belle aussi... sans doute. Elle avait posé la main contre sa poitrine pour calmer son pauvre coeur qui s’emballait. Puis ses yeux s’étaient embués de larmes. Papa était mourant, un mal inconnu s’était déclaré peu après leur rencontre, un mal qui le rongeait en dedans. Un mal qu’il avait emmené avec lui, passager clandestin de son propre corps, quand il avait émigré. Un mal pernicieux et irrémédiable. Les docteurs lui avaient annoncé qu’il ne lui restait que peu de temps à vivre.

Alors elle s’était dépêchée de lui donner un fils parce qu’elle l’aimait par-dessus tout. Moi. Papa n’était plus là quand je suis né. Maman m’a simplement dit, quand je fus en âge de comprendre, qu’il avait rejoint ses compagnons. Elle m’avait alors parlé de Tchernobyl où Papa avait été un liquidateur volontaire. Un de ces héros inconnus qui avaient donné leur vie pour déblayer, entre les dents de la Mort, les myriades de débris radioactifs qui jonchaient le toit de la centrale moribonde. Le ciel était gris perle, avait-il confié à sa femme, un gris luisant où les nuages semblaient cloués tellement ils étaient immobiles. Et là, sur ce toit qui ressemblait à l’Enfer, mon Père avait entendu distinctement le rire moqueur du Diable. Et ce cliquetis démoniaque, cruel acouphène, n’avait jamais quitté ses oreilles.

J’ai compris très tôt. Bien avant d’avoir dix ans. J’ai compris, sans jamais avoir contemplé mon reflet. Maman ne compte pas. Une mère aime son enfant. Toujours. Maman n’avait pas eu à s’expliquer. Pour le sous-sol. Pour les miroirs. Pour les couvertures de livres. Pour tout ça et le reste. Je ne peux lui en vouloir. Elle croyait me protéger. Et puis, elle a eu raison dans un certain sens. Les livres ne mentent pas. Les histoires ne mentent pas. Ils m’auraient enfermé. Ils m’auraient étudié. Ils m’auraient fait... mal ! Maman aurait eu très mal aussi. Elle aurait pleuré. Et ça, je ne voulais pas !

Je suis vraiment différent. Je ressens des choses, des choses inexprimables avec les mots qui peuplent les livres. On dirait qu’ils ont atteint la limite du dicible. Des choses étrangères. Il y a des vagues qui montent en moi et qui me suffoquent. Des marées qui obéissent à toute autre chose qu’à la course d’une lune invisible dans un ciel absent. Quand j’ai voulu en parler à Maman, elle a pâli d’un coup. Elle a mis sa main fraîche contre mes lèvres et m’a dit tout bas : « Chut ! ».

J’ai serré les dents. Fort. J’ai serré tellement fort pour m’empêcher de désobéir à Maman que j’ai senti quelque chose de chaud couler dans ma gorge. Je n’ai pas eu mal. C’était mon sang. Comme celui du petit chien que m’offrit Maman pour mon neuvième anniversaire. Un petit chien blanc et noir. Maman n’a pas aimé ce qu’elle a vu un matin. Elle a crié. Beaucoup. Elle a frotté longtemps le sol et le mur, agenouillée près du seau. Elle m’a fait la leçon. Mais je n’ai rien compris. C’était plus fort que moi. J’ai crié aussi et elle a fait un pas en arrière, une lueur inquiète s’était allumée dans ses yeux. J’ai arrêté de hurler et j’ai tendu les bras vers elle :

« Maman, tu m’aideras? Dis-moi que tu m’aideras Maman ! Tu m’aimes n’est-ce pas?»

Elle a fondu en larmes et m’a ouvert ses bras où j’ai couru me blottir. Ce fut tacite entre nous. Elle a fait disparaître ce qui restait du petit chien. Elle n’en reparla plus jamais. J’eus droit en revanche à des tranches de viandes plus épaisses, bien moins cuites. J’en raffolais. C’était succulent. Maman était contente en me voyant rassasié.

Au Noël suivant, Maman me fit un cadeau insolite. Cette période de l’année était l’occasion pour elle de déplier un petit sapin de plastique et de l’orner d’une guirlande de loupiotes lumineuses. Après le repas que nous avions partagé dans les ombres complices de la cave, elle remonta quelques instants. A son retour, elle transportait dans ses bras un objet volumineux, enveloppé dans un luxueux papier rouge et argent. Sans un mot, elle le posa sur la table. Fébrilement, j’ai ouvert l’emballage et j’ai découvert une magnifique cage à oiseau en forme de cloche, munie de délicats barreaux dorés. Je distinguai un ravissant abreuvoir fixé sur le sol de la cage et même une baignoire remplie d’eau. Et, sur un joli perchoir mobile accroché aux cintres par des chaînettes d’orfèvrerie, une perruche me fixait, immobile, de ses grands yeux étonnés. Son ventre était d’un vert lumineux. Sa calotte et sa gorge étaient d’un or tendre et frissonnant, parsemée par endroits, de légères touches beiges. Ses plumes, plus sombres, étaient finement ourlées d’un liseré jaune pâle, lui dessinant comme les écailles d’un poisson du ciel. Mais ce qui attira mes regards fut la partie supérieure du bec de l’oiseau, là où naissaient deux renflements circulaires d’un bleu intense. J’ai appris depuis que cette partie du bec des perruches s’appelait la cire. Une petite carte m’informa qu’il s’agissait d’une perruche ondulée, originaire d’Australie.

J’étais décontenancé. L’oiseau exotique ne bougeait pas et pourtant il se dégageait de lui une impression de vie imminente. Maman vint comme d’habitude à mon secours :

« C’est un oiseau empaillé mon chéri. Il ne perdra jamais ses belles couleurs. Si tu aimes, je t’en offrirai un à chaque Noël. Chut, ne me réponds pas tout de suite. »

Moi, je me contentais de regarder la porte de la cage. Elle était fermée par un minuscule verrou de laiton. La perruche ne cilla pas quand je touchai les barreaux d’un doigt hésitant mais son oeil de verre sombre sembla accompagner mon geste.

J’ai obéi à Maman. Je n’ai pas répondu tout de suite. Elle m’a aidé à fixer un crochet au plafond où je suspendis la merveilleuse cage. Le petit oiseau aux couleurs féériques devint mon ami. Un ami silencieux et loyal, gardien de mes secrets. Ce fut un Noël vraiment particulier que celui de mes neuf ans. Oui, ce fut un Noël vraiment réussi même si Ded Moroz, celui vous appelez le Père Noël, n’est jamais descendu dans mon sous-sol.

Je vais vous dire la vérité. Il est plus que temps. La nuit va tomber dehors. C’est mon anniversaire aujourd’hui. C’est aussi ce que, à la surface, vous appelez la fête de tous les saints. Je vais écrire les mots qui vont briser le silence. Je vais écrire les mots que Maman ne voulait pas entendre. Je vais écrire afin que vous puissiez lire ces mots. Mais, sans doute, pas comprendre. Maintenant cela n’a plus beaucoup d’importance.

Les années ont passé. Je n’ai pas grandi comme vous, comme ceux qui marchent à la surface. Comme ceux qui vivent dans les livres. Nul besoin de miroir pour ressentir les changements qui ont poussé sous ma chair et sur mon corps. Nul besoin de miroir pour sentir que Maman mettait trop de parfum quand elle descendait me voir. Cela sentait le jasmin. Cela empestait la violette. Cela puait les parfums lourds et persistants.

Nul besoin de miroir pour m’apercevoir que mes mains ne ressemblaient pas à celles de Maman. Non. Des ongles plus épais, plus jaunes. Des doigts plus crochus, plus noueux. Je ne me suis plus déshabillé devant elle depuis que j’ai deviné ce qu’elle tentait maladroitement de me cacher au fond de ses regards aimants. J’ai pleuré tout seul dans le noir. Maman! J’ai appelé Maman. Mais pour la première fois, elle n’est pas venue. Ou alors j’ai oublié ! Ou j’ai cru que je l’avais appelée. Ou bien j’ai rêvé que je pleurais. Qu’importe !

Ma silhouette a continué de changer. Mon nez est presque plat et ma bouche n’est pas comme celle de Maman. Quand je frôle ma lèvre supérieure, je sens la présence d’une sorte de fente verticale, comme celle du petit chien ! Oh, Horty... Horty... !

J’ai lu dans les livres que l’adolescence était la période où une chimie étrange altérait les rapports entre parents et enfants. Cela a été vrai pour moi aussi. Maman n’ignorait pas les serpents qui se lovaient entre ces lignes. Des serpents qui se tortillaient. Comme ce qui se réveillait sous les draps quand j’essayais de m’endormir. Maman n’a rien dit. Elle s’est contentée de changer les draps plus souvent. J’avais besoin d’autre chose. Les livres ne m’apportaient plus aucun réconfort. Au contraire, j’avais l’impression que tous les passages qui augmentaient mon désarroi et ma frustration se donnaient le mot pour me sauter aux yeux quand j’ouvrais un volume. Une houle faisait naître dans mon ventre, une impérieuse nécessité. Je tournais dans la cave comme un oiseau en cage. Je criais. Maman a cédé.

Une nuit, j’ai eu le droit de sortir. Une seule nuit par an. Celle de mon anniversaire. Avant, Maman m’avait maquillé un peu et m’avait vêtu d’habits fantastiques, cape et chapeau pointu, faux nez crochu et balai de sorcière. Sous ce déguisement, mes difformités étaient acceptables. Presque fréquentables. La première fois, Maman m’accompagna discrètement. Je me mêlai à des hordes de petits êtres criards et excités, aussi grimés que moi, aussi laids que possible, qui me firent bien plus peur que celle que j’inspirais. Je criai comme eux sur le perron des bâtisses du quartier : « Trick or Treat » (tu paies ou je te jette un sort !). Et les bonbons plurent dans mon escarcelle. En riant, je courus avec les autres enfants. Je n’étais pas plus grand qu’eux mais j’étais habité par d’autres envies. Bien plus charnelles ! J’avais quinze ans ! J’ai couru longtemps, traversant parcs et jardins, bientôt hors d’haleine. J’ai salué la lune penchée au-dessus des immeubles. J’ai senti des parfums étranges en longeant la clôture d’une fête foraine, des effluves mystérieuses et sucrées en passant devant une vitrine illuminée où s’entassaient des pâtisseries rose bonbon couronnées de crème Chantilly. J’ai sauté au-dessus des geysers de brume expirés, à travers une grille de fer, par un géant prisonnier sous la terre . J’ai entendu son souffle grondant me remuer les tripes. J’ai vu tellement de choses ! Toutes ces choses dont parlaient les livres mais pourtant si différentes. Extraordinairement différentes.

Et puis, je l’ai vue. Elle. Snegourochka, la jolie petite fille de Ded Moroz, coiffée d’un diadème éblouissant. C’était bien elle, nattes blondes et fossettes juvéniles, habillée comme le petit chaperon rouge du conte de Grimm. J’avais si souvent rêvé d’elle quand la cave était plongée dans le noir. Je l’ai suivie, attendant le bon moment. Il y a toujours un bon moment. Elle est venue à moi sans crainte. D’une petite voix flûtée, elle me demanda comment je m’appelais. Maman regarda ailleurs.

Avant que minuit ne sonne, je dus rentrer. Maman l’a exigé. Elle avait raison. J’ai ressenti à cet instant ce qu’a dû ressentir Cendrillon en fuyant le bal du Prince. C’est si dur de renoncer à son rêve ! Mais j’emportai avec moi un soulier de vair, comme pour me prouver que tout cela s’était réellement déroulé, que ma princesse avait vraiment existé.

Quand je réintégrai ma cave, Maman exigea que je prenne une longue et méticuleuse douche. Elle se campa derrière la porte pour vérifier que je m’exécutais. Des veines pourpres glissèrent le long de l’émail blanc quand l’eau ruissela sur mon visage, mes bras et mes mains. Je frottai longtemps avec du savon et une brosse dure. Mais quelque chose demeura incrusté dans ma chair, invisible et tenace. Avant de me coucher, le corps rassasié et l’esprit libéré, j’ai ouvert la porte de la cage où guettait la chouette effraie. Ses yeux ronds comme des soucoupes ne me quittèrent pas tout le temps que je déposai délicatement mon précieux souvenir. Quand j’ai refermé la cage, la chouette ne bougea pas mais un reflet traversa fugitivement ses iris sombres. J’étais fatigué, je dormis comme une souche. Un sommeil sans rêve.

A partir de ce jour, ma vie se transforma en une longue attente. Attendre que revienne cette nuit magique. Rien ne changea entre Maman et moi. En apparence seulement. Quatre autres anniversaires se sont succédés depuis. Cinq oiseaux empaillés veillent à présent, sentinelles incorruptibles, sur les souvenirs que je rapportais de mes escapades nocturnes. Je ne grandissais pas. Sous mon déguisement de monstre urbain, personne ne se retournait sur mon passage. A plusieurs occasions au contraire, j’entendis des compliments fuser pour saluer l’extrême réalisme de mon maquillage et l’incroyable ingéniosité de mes accessoires en latex qui me transformaient en créature de la nuit plus vraie que nature. Moi, j’avais pourtant l’impression que plus les années passaient, moins Maman avait besoin de corriger ma nature. Cependant, je le voyais bien, elle se détachait progressivement de moi. Tout son être trahissait le trouble qui l’envahissait quand je rentrais un peu avant l’aube. Elle détournait les yeux pour ne pas voir ce que je tenais au creux de mes mains, enveloppé dans un mouchoir de soie vermillon. Elle réprimait un haut-le-coeur quand j’ouvrais une cage pour déposer mon si léger fardeau au pied d’un oiseau empaillé. Elle croyait que je le remarquais pas.

Cette nuit, c’est la fête de tous les saints et c’est aussi mon vingtième anniversaire. Ma silhouette a épaissi et je deviens autre chose. Ou bien cette chose devient moi. Je ne suis pas stupide je vous l’ai déjà dit. Mon corps se transforme. Les gènes que m’a transmis mon père ont été bombardés de radiations dures et ils ont bouleversé mon génome et redistribué tous mes chromosomes. Il y a un plan malicieux dans cette croissance exagérée. On dirait qu’un protocole étrange et asymétrique, codé dans mon ADN, a provoqué un développement anarchique de mes cellules pour produire ce que je suis devenu. Cherchez dans vos dictionnaires, la définition de patagium. C’est la plus visible mais la moins profonde de toutes mes modifications. J’ai envie de voler, comme un oiseau et cette envie devient irrépressible, incontrôlable. Maman ne l’a pas compris. N’a pas voulu comprendre. Alors elle est assise sur le canapé en face du mur débarrassé des rayonnages et des bouquins. Elle ne dit plus rien. Sur la table, le gâteau d’anniversaire n’est pas entamé et les bougies se consument lentement. Je ne les ai pas soufflées cette année. J’ai décidé de voler cette nuit. Maman n’a pas voulu. Alors elle est assise sur le canapé en face du mur que j’ai défoncé à grands coups de masse. Maman ne bouge pas, sa bouche est grand ouverte et ses yeux aussi. Elle ne dit plus rien. Pour l’amadouer, je l’ai coiffée du bonnet comique et bariolé qui faisait partie de la panoplie de cette année. Mais cela a été en vain.

Maman devrait être heureuse aujourd’hui. Papa est là, juste en face d’elle, de l’autre côté du mur. Il est assis, tête baissée. La peau de son visage, diaphane et terne, est tendue comme celle d’un tambour. Tourné vers sa femme, il lui fait un large sourire, fané et crispé. Il semble heureux aussi. J’ai l’impression que le squelette, visible à travers les vêtements qui tombent en lambeaux, compte bien trop d’os. Des os surnuméraires. Notamment ces plaques de cartilage translucide que je distingue derrière ses épaules.

Je veux être libre cette nuit. Libre de m’envoler. Alors, j’ouvre toutes les cages à oiseaux et j’en extirpe leurs occupants. D’abord les pauvres volatiles empaillés, fantômes inutiles et pitoyables. Cette nuit, ils seront libres, comme moi. Puis, délicatement, je sors les cinq petits coeurs séchés que j’emporterai avec moi, tout contre le mien qui battra plus vite.

Cette nuit, je ne vais pas me déguiser. Non. Cette nuit, je ne vais pas me mêler aux enfants pour quémander des friandises. Non. Cette nuit, je vais suivre le fleuve en direction des grands immeubles qui dominent la ville. Je vais me fondre dans les ombres pour grimper au sommet du plus haut d’entre eux. Et quand je serai parvenu tout là-haut, quand à mes pieds, la ville s’offrira à moi, je me déshabillerai. J’attendrai le vent propice. Alors, quand je sentirai l’air sur ma peau, je me jetterai du haut des cieux, écartant mes bras et mes jambes pour ouvrir le plus largement possible mon patagium. Alors, je volerai. Oui, je planerai comme un oiseau humain. Je serai libre enfin, même si au matin, quand je toucherai à nouveau le sol, je sais bien que vous me tuerez.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-11-10 13:55:44 

 WA, exercice n°112, participationDétails
LA GUERRE EST FINIE






Enfin ! L’armistice a été signé, nous sommes en paix, et André revient demain. Demain ! C’est le général qui me l’a annoncé. Je l’ai vu sur la webcam, il m’a dit qu’André était déjà dans l’avion. André, mon amour. Ma vie va enfin redevenir facile. André sait toujours quoi dire, quoi faire, où aller. Il prend toujours les bonnes décisions, et il n’a peur de rien. Et puis l’enfant va naître, quand il sera là. Notre enfant. Notre fils. André junior. Sa chambre est prête depuis longtemps, avec le papier peint décoré de petits soldats et la moquette vert olive. Le coffre à jouets est plein à ras bord de tanks, de mitraillettes, de poignards en plastique et de fausses grenades. Et le mobile aux cinq avions de chasse est suspendu au dessus du berceau.
André est parti depuis si longtemps, plus d’un an déjà, pour cette guerre au bout du monde où il s’est couvert de gloire. Capitaine à trente ans ! Et moi, depuis tout ce temps, je suis enceinte ; je ne me plains pas, parce que je sais que la vie d’André est bien plus difficile que la mienne. Mais un an de grossesse, c’est long !



Je m’agite dans mon lit, incapable de m’endormir. Je suis trop excitée ! André sera là demain ! Et puis dehors le vent souffle furieusement. André m’avait dit de faire changer la fenêtre de la chambre, qui ferme mal et laisse passer un courant d’air glacial. Mais c’est tellement compliqué, je ne savais pas comment faire, alors que pour André, tout est si facile ! La lumière dans la rue clignote par moments. Le vent est si fort qu’il doit faire trembler les réverbères. Je ne tire jamais les rideaux, j’ai horreur de l’obscurité totale. Ici, au cinquième étage, nous n’avons pas de vis-à-vis, c’est bien commode. En face, il y a le cimetière, c’est calme. Tiens, l’ascenseur de l’immeuble s’est mis en marche. Sa cage est juste derrière le mur de la chambre, on l’entend tout le temps, c’est très mal isolé. Mais nos voisins mènent une vie rangée et sortent rarement la nuit. L’ascenseur s’arrête. Ici ? Nous sommes les seuls sur ce palier. André ? Je sors du lit aussi vite que me le permettent mes vingt kilos supplémentaires et transitoires, comme aime à le préciser André, qui tient à ce que je retrouve au plus vite ma silhouette de jeune fille. Pas question d’allaiter. Ca ne ferait que prolonger cette obésité dégradante, et en plus, c’est dégoûtant. Et puis c’est dangereux. J’ai lu quelque part que si le bébé pince trop fort il peut arracher le bout du sein ! Et certains viennent au monde avec des dents, et il paraît que les dents de naissance sont tranchantes comme des lames de rasoir... Et...
J’arrive à la porte d’entrée et je regarde par l’oeil de boeuf. Le palier est obscur.
« André ? C’est toi ? »
Pas de réponse.
J’attends un peu. Toujours le silence. D’ailleurs André a ses clefs, et ce n’est pas le genre d’homme à les oublier, et encore moins à les perdre. Et puis le général a dit qu’il rentrait demain. J’ai dû me tromper. L’ascenseur a dû s’arrêter un étage plus bas.
Je retourne me coucher. Je compte les hippopotames. Un hippopotame, deux hippopotames... Clonc. L’ascenseur redémarre. Le bruit de son moteur s’éloigne.
Et revient.
Clonc. On dirait bien que c’est à notre étage.
Mais c’est absurde.
Et si j’avais raison ? Qui peut s’amuser avec un ascenseur en pleine nuit ? Sûrement pas les habitants de l’immeuble. Des voyous ? Mais il y a un digicode à l’entrée. Et le code change tous les mois. Des voleurs, des terroristes ? Non, je m’effraie pour rien. Ces gens-là ne font jamais de bruit...
J’ouvre les yeux. Je n’ai pas fermé la porte de la chambre. J’ai horreur des portes fermées. Il y a de la lumière dans le couloir. Pourtant je suis sûre d’avoir éteint. Mais depuis que je suis enceinte, je suis tout le temps distraite, étourdie et négligente. Je ne le fais pas exprès ! J’accumule les bourdes, les gaffes et les erreurs d’inattention. Mon médecin dit que c’est les hormones. Heureusement qu’André n’est pas là. Il froncerait les sourcils et me dirait « Enfin, concentre-toi, que diable ! Tu n’es plus une enfant ! »
Je ne peux pas laisser cette lumière allumée toute la nuit, André n’aimerait pas ça. Je me relève. Ce simple mouvement m’essouffle déjà, Dieu que les hommes ont de la chance de ne pas porter les bébés ! La lampe de chevet a des ratés. Elle émet une lumière faiblarde, s’éteint, se rallume en brillant beaucoup plus que d’habitude... Ca doit être le vent qui bouscule les lignes électriques. Et l’ascenseur qui n’en finit pas d’aller et venir... Tout ceci est plutôt inquiétant, mais ça n’a pas l’air d’affecter mon petit, qui dort tranquille au fond de mon ventre. Il a beaucoup bougé, à un moment, et ça me faisait mal, alors je lui ai demandé de se tenir tranquille. Il a obéi. Depuis au moins trois mois, je ne le sens plus, quel bonheur ! Tiens, oui, c’est depuis que je suis allée à la clinique pour le contrôle, les docteurs disaient que c’était le moment, mais je savais bien que non. Je n’ai pas l’intention d’accoucher avant le retour d’André, c’est pourtant simple ! Est-ce qu’ils l’ont effrayé avec toutes leurs machines, je n’en sais rien, mais depuis, il est sage.
J’éteins le couloir, mais il y a aussi de la lumière dans la cuisine. Ces problèmes d’électricité, c’est à vous rendre fou ! Quand j’entre dans la cuisine, la machine à expresso verse de l’eau dans le vide, le mixer tourne à plein régime, de la fumée sort du grille-pain, la machine à laver est en mode essorage maximum, et les quatre feux à gaz de la cuisinière sont allumés. L’électricité je veux bien, mais le gaz !
« Il y a quelqu’un ? Si c’est une farce, ce n’est pas drôle ! André ?... Mélissa ? »
Mélissa est ma meilleure amie. Elle a les clefs. Elle est vive et enjouée, mais elle ne ferait pas ce genre de blague, pas dans mon état... Je fonds en larmes en criant :
« Arrêtez, pour l’amour du ciel ! Vous me faites peur ! Ce n’est pas bon pour mon bébé ! »
Personne ne me répond. En tremblant de tous mes membres et en claquant des dents (j’ai peur, j’ai peur !), je me force à débrancher tous les appareils et à fermer le gaz. L’appartement est silencieux. J’entends juste le vent qui souffle dehors, mais ce n’est que le vent, c’est déjà arrivé souvent, il n’y a pas de danger. Je suis vraiment très essoufflée, j’ai mal au ventre, j’ai froid... Je n’arriverai pas à dormir de toute façon, et je suis trop bouleversée pour lire quoi que ce soit. Je m’affale sur le canapé, devant la télévision, et je zappe. Un documentaire sur les inondations en Inde, non merci. Un policier... Un volcan qui explose... J’ai la chair de poule... Ah, « La petite maison dans la prairie » ! J’ai dû voir chaque épisode au moins vingt fois, mais justement, je sais qu’il n’y a rien d’effrayant. Je me roule en boule avec un soupir de bonheur. Dès que je me serai calmée, j’irai me coucher. André revient demain, il faut que je sois en forme !
Je pousse un cri de terreur quand le téléviseur explose sous le choc d’un objet qui a fracassé l’écran. Je me tourne malgré moi vers la porte, pétrifiée de stupeur.
« An... André ? Tu ... C’est toi ? Tu... m’as...fait peur ! »
André s’assied sur le fauteuil en face de moi.
« Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi ?
- Mais... je n’ai rien fait, mon amour, je t’attendais... Je regardais juste un peu la télé parce qu’il y avait du vent et ... »
Je réalise tout en parlant que ce que je dis n’a aucun sens.
« Je suis désolée, je...Je voulais dire...
- Mais non tu n’es pas désolée ! Tu n’es pas désolée ! », hurle André en proie à une colère terrible. « C’est toi qui m’a convaincu de partir, moi je ne voulais pas, je voulais rester près de toi ! Pourquoi tu as fait ça ? »
C’était il y a plus d’un an, il faudrait que je me souvienne...
« Mon chéri... Tu as l’air épuisé... Tu veux un bon café ? Ou une tasse de thé vert ? Il me reste des sablés... »
Je fais mine de me lever, mais il me foudroie du regard.
« Reste assise ! Je n’ai plus besoin de rien ! Dis-moi seulement pourquoi, nom de Dieu ! »
Il doit être vraiment très en colère. Je ne l’avais encore jamais entendu jurer. Je fronce les sourcils en essayant de convoquer ma pauvre mémoire.
« Eh bien mais... Il me semble que c’était... parce que tu en retirerais une grande gloire, n’est-ce pas... Un soldat, c’est fait pour gagner des guerres... et puis notre pays avait besoin de toi, et tu avais juré de protéger et servir... Ah oui ! Mais si, bien sûr ! Tu t’en souviens sûrement aussi, mon chéri, fais un effort ! Ils avaient promis une prime de six mois de solde, tu t’en rappelles, non ? Avec ça on pouvait prendre un crédit pour acheter une grande maison blanche avec une balançoire... et tu m’avais promis un collier de perles... et une domestique... et une petite voiture...Mais le plus important c’était la maison, bien sûr, parce que pour Junior c’était vraiment le mieux... Eh bien, André, tu m’écoutes ? »
Il fixe le tapis persan, tête baissée, et on dirait... Mais c’est moi qui vois mal, ses épaules sont secouées de soubresauts...Il pique un fou rire, bien sûr, il ...
« Comment as-tu pu ... » Sa voix est rauque, déchirée. « Je t’avais dit que je ne voulais pas y aller. Je sentais... je savais...
- Oh, une petite année, mon amour... Et puis c’est fini, maintenant, tu es rentré, tu vas vite oublier, et nous...
- Oui, c’est fini, exactement, c’est fini ! »
Il hurle encore. Je ne sais pas pourquoi. Il doit être fatigué. Avec les manoeuvres et tout ça, il n’a pas dû assez dormir. Je me penche sur la télécommande pour éteindre le poste dont j’avais juste coupé le son. Quand je me retourne vers lui, il n’est plus là. Il n’est pas dans la chambre non plus. Ni dans la salle de bains. En fait, il n’est plus là. Et je n’ai pas entendu la porte d’entrée. Il a dû aller marcher un peu pour se calmer. On me l’avait dit, que quand les gars reviennent de la guerre ils sont un peu pénibles au début. Bon, ce n’est pas grave, je vais me coucher.



On sonne à la porte. C’est un militaire, qui m’offre de m’accompagner en voiture.
« Pour aller où ? Mon mari est rentré hier soir... »
Il a l’air un peu déboussolé.
« Bien sûr, madame...Mais... il y a une cérémonie, vous devez venir avec moi... »
Je trouve ça totalement absurde, d’autant qu’André a passé la nuit dehors, ce n’est pas très aimable de sa part. Je soupire en enfilant mon manteau. Je ne suis pas rancunière de nature.
A l’arrière de la voiture, une douce somnolence m’envahit. J’ai si peu dormi la nuit dernière...Je suis bien au chaud, je flotte entre deux eaux... J’étais comme ça quand les médecins sont venus me parler. Je ne me souviens plus de ce qu’ils ont dit. C’est toujours compliqué avec les médecins, on ne comprend jamais ce qu’ils racontent... Je crois me souvenir qu’ils voulaient que je reste, mais je me sentais bien, je suis partie.
Je n’ai rien vu du trajet. Le soldat me guide dans un grand bâtiment très solennel, avec du marbre partout. Normal, pour une cérémonie. Nous prenons l’ascenseur. Il y aura sûrement des ministres, peut-être même le Président ! Zut, je n’ai pas eu le temps de me maquiller, je vais avoir l’air de quoi sur les photos ? Il y aura sûrement la presse... Nous débouchons dans un couloir aux murs de ciment gris, comme ceux des parkings. C’est pas trop la classe, je sais que cette guerre nous a coûté cher et qu’il y a des restrictions de budget, mais quand même... Je suis toujours mon chauffeur dans une immense salle emplie de drôles de coffres oblongs, rangés côte à côte dans un ordre parfait. Des... cercueils ? Quelle drôle d’idée... En même temps, c’est bien d’associer les morts à la célébration de la victoire, mais... un peu macabre quand même... Les militaires sont les rois du mauvais goût, il n’y a qu’à voir leurs uniformes. Tout au bout d’une rangée, un gradé plein de décorations me serre la main chaleureusement. Je crois bien que c’est lui que j’ai vu sur la webcam.
« Chère madame... Je vous prie d’accepter toutes mes condoléances... »
Il a vraiment une gueule d’enterrement. Qu’est-ce qu’il dit ? Tombé au champ d’honneur, une fin glorieuse et digne de nos plus grands patriotes... Il doit se tromper de personne, André est rentré hier soir ! Il soulève le couvercle d’un cercueil. Un peu gênée, je jette un oeil au pauvre soldat mort pour la patrie, en me demandant où est passé André. Je recule d’un pas sous le choc. André est couché là, il ouvre les yeux, ses grands yeux bleus si beaux... Il me sourit, il me murmure quelque chose que je n’entends pas. Il est pâle, son front est recouvert d’un bandage épais. Il a fermé ses paupières, et sa bouche s’est crispée dans un rictus douloureux.
« Il va falloir être courageuse, madame. Il n’y a rien de plus terrible que la mort inattendue d’un être cher... »
Qu’est-ce qu’il a dit ? « Mort inattendue »... Non, il ne parle pas d’André, non. Mais ça me revient... Ces médecins... « Mort inattendue »... « Votre enfant est mort, il faut déclencher l’accouchement... » Mon bébé est mort ! J’ai un bébé mort dans mon ventre depuis trois mois ! Une espèce de cadavre putréfié et visqueux au plus profond de moi ! Je regarde le général avec son air compassé de cérémonie officielle. Et je hurle :
« Faites quelque chose ! Il est mort, là, là ! Il faut le faire sortir, tout de suite, tout de suite ! »
André ouvre les yeux et me fait un clin d’oeil. J’ai l’impression qu’il ricane en me voyant déchirer ma tunique de soie, griffer encore et encore cette peau distendue qui abrite une horrible chose suintante sûrement pleine de microbes, et sûrement pleine aussi de vers grouillants qui vont me dévorer de l’intérieur... Je me débats entre les bras du général qui ne comprend rien.
« Vite, un médecin ! Elle fait une crise de nerfs, il faut lui administrer un sédatif ! Calmez-vous, madame, calmez-vous ! »
Je ne veux pas me calmer ! André ricane toujours dans son cercueil. Il n’est pas si mort que ça, il m’en veut toujours, il se venge ! Je sens une piqûre vive dans mon épaule. Ils vont me faire dormir, et pendant ce temps... Je rassemble mes dernières forces.
« Enlevez-le, enlevez-le ! »
Le général rabat le couvercle du cercueil.
« Voilà, madame, voilà. C’est fini. Vous allez vous reposer maintenant... »
Narwa Roquen, à peine un peu en retard... coincée dans l'ascenseur...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-11-11 23:29:10 

 Commentaire Onirian, exercice n°112Détails
Comm Onirian, ex n°112






Que voilà un texte riche et complexe, sous son apparente simplicité d’horreur étrange et infernale ! Ce huis clos très sartrien nous promène entre mythologie et psychanalyse dans les profondeurs de l’âme humaine, avec une sobriété redoutablement efficace. Le mythe égyptien de la pesée des âmes est ici conjugué au mythe de Sisyphe, condamné à la répétition éternelle d’un geste inutile et épuisant. Et le miroir ! Ce miroir qui interroge sur l’ego, la conscience de l’être, l’illusion du moi et le « connais-toi toi-même ».
La construction en répétitions obsédantes, tandis que l’être visible semble se dégrader petit à petit, donne l’effet paradoxal et troublant d’une immobilité éternelle où un certain temps ( le temps de l’ego) est encore en mouvement. C’est très fin. Le titre, en clé de voûte et clé de compréhension, ne se déguste qu’à la fin, quand le puzzle se complète, et l’on ne peut qu’admirer la maîtrise subtile qui nous guide, par petites touches, jusqu’à la conclusion. Tu restes un peu flou sur le factuel, mais ce n’est pas ça qui compte. Le Bien et le Mal, images officielles générées par leur proie humaine, ne sont que spectateurs du sujet qui s’objectise lui-même, à la fois juge, bourreau, condamné et victime. Si ce n’est pas de l’existentialisme !
J’ai bien aimé le tremblement qui se répercute à la pièce tout entière. C’est une belle image pour décrire la confusion intérieur/ extérieur, self/non self, expérience de dépersonnalisation qui nous renvoie à une forme d’angoisse archaïque, bien avant l’amorce d’une structure de la personnalité. Reste la signification de cette peur ( « Je me fais peur », qui aurait pu s’écrire aussi « Je me fait peur », pour pousser le paradoxe dissociatif). Et je suppose que par delà les images-écran de la fille, des oiseaux et du barman, probables souvenirs retouchés à l’aune du symbolisme, il y a la peur existentielle d’un ego défaillant et déstructuré qui se refuse à lâcher prise.
Alors que tout le monde sait que le Tao est un point, et que ça n’a rien d’effrayant !


Bricoles :
- flashs : flashes est plus puriste ( c’est un mot anglais), mais flashs est accepté aussi
- mon image grandi : grandit
- cet homme à trop bu : a


C’est une très belle réalisation, sophistiquée et concise. Du travail d’artiste !
Narwa Roquen, clap clap clap

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-11-12 20:10:30 

 Apesanteur!Détails
C’est une histoire prenante et très bien construite. Le titre, tout d’abord, l’illustre fidèlement et il claque bien. J’ai apprécié bien évidemment les références à la mythologie égyptienne mais aussi à la tradition chrétienne (la balance de Saint Augustin), et tu connais mes goûts en la matière !

En outre, c’est un texte très visuel, presque cinématographique. Le décor est dépouillé à l’extrême mais il se construit à l’infini sur une même image qui se transforme insensiblement. Au début, on pourrait penser à « Cube », le film où les protagonistes étaient aussi enfermés dans des cubes. Il y a également des petits côtés à la « Inception » dans cette façon de sauter de réalité en réalité ! Deux belles références. Oui, cette histoire est très graphique. Le côté miroir est renforcé par les répétitions volontaires du début des paragraphes où le héros se perd pour mieux se reconstruire.

J’aime aussi son intemporalité et sa liberté, sans amarre au concret. Tu brodes à partir d’un drame qui n’est pas évoqué ou très incidemment. Cela permet justement de mieux se focaliser sur cette ivresse de la dépossession. J’ai songé à ces peaux de lézards dont l’animal se débarrasse une à une. Pour moi, c’est comme ça que fonctionnent ces reflets. Ils tirent la couche superficielle du héros et l’oblige, à chaque fois, à recomposer son identité. Les reflets lui retirent toutes ces pelures d’oignon pour le laisser, à la fin des fins, vierge et innocent, au sens premier des termes.

La fin justement est également bien trouvée avec l’apparition de ces deux « juges ». Ils donnent d’abord tout son sens au titre et ensuite ils jouent encore une fois avec les reflets. Le Bien et le Mal ne sont-ils pas en quelque sorte eux aussi des reflets? La femme en rouge est un fantasme de l’attraction ou de l’attirance féminine, qui en a mené plus d’une au bûcher. Cela colle bien à son côté démon! J’ai plus de mal avec le barman, apparemment angélique, mais les deux juxtaposés, cela marche ! L’oiseau, qui complète la trinité, est souvent le messager qui annonce l’augure et qui est envoyé par les Dieux. Le fait que cela soit l’Ange qui le transforme en corbeau (oiseau de mauvaise augure) est aussi bien trouvé.

En définitive, c’est un très bon texte que tu nous as livré là, fluide dans sa narration et puissant dans ses fondements, enveloppé d’un voile de mystère réussi. Le titre est idéalement choisi et fait honneur au texte. Oui, c’est un sacré bon texte... que j’aurais aimé écrire.

Au rayon des bricoles :

- Personnellement, je n’aurais pas mis « moi » au pluriel.
- Des millions d’ondulations.
- Il n’y a moins de trois mètres : il y a moins de trois mètres...

Ah oui, j’allais oublier. La consigne est parfaitement respectée !

M

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Onirian  Ecrire à Onirian

2012-11-16 10:37:35 

 WA 112 - Commentaire MaedhrosDétails
L'histoire est très classique, le monstre enfermé à la cave, celui qu'on ne montre pas. Ça me rappelle une nouvelle que j'ai lu il y a quelque temps où c'est la mère d'une famille qui était devenue monstre et enfermée à la cave.
Histoire classique donc, mais bien amenée, avec un décors dépeint en petite touche. Et la fin, me plait bien, à la fois résignée et sereine.

On avait dit pas une goutte de sang, tu triches un peu avec des coeurs, mais rien n'est décrit, hors sujet évité de peu ^_^.

Mais le plus important c'est que ton texte, même si j'ai assez vite compris où il allait, m'a attrapé pour ne plus me lâcher jusqu'à la fin: mission accomplie !

Ps : chouette musique.

--
Onirian, qui n'est pas un monstre.

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2012-11-16 19:57:50 

 Mais BEURK!!!!Détails
Maaaaiiiiiiii-eeeeeuuuuuhhhhh!!! C'est 'achement glauque ton histoire!!
Y'a que des trucs dégoûtants là-dedans, l'amour de la guerre, la soumission au mari, la grossesse transformée en cercueil, l'ignorance jusqu'à la folie, les angoisses nocturnes... moi qui passais par là pour me détendre, groumpf!!!

Bon ok, c'est bien écrit. Au fond j'adore l'idée de la femme qui ne veut pas accoucher pour attendre son mari, c'est bien trouvé, glauque à souhait. Médicalement, une question: quand le foetus est mort le corps ne l'expulse pas à terme? Techniquement c'est vraiment possible de garder un bébé plus de 9 mois? Non mais c'est juste pour ma culture personnelle... pour changer de sujet sur ton histoire qui fait froid dans le dos...

Elemm', qui s'en va mettre un pull!

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2012-11-16 20:18:03 

 Commentaire MaedhrosDétails
note pour la prochaine fois : attendre après une bonne nuit de sommeil pour lire du Maedhros.

Oui, l'histoire est classique mais ce qu'on en sait avance à pas de fourmi, tu distilles les informations petit à petit et évidemment, on ne peut rien lâcher avant la fin. Certaines formules sont vraiment belles (le poisson du ciel, j'aime bien!), enfin bref c'est toujours aussi bien écrit... Je mets un "like", quoi! Après, personnellement je n'ai pas tant perçu l'horreur que ça, mais peut-être que je suis plus sensible à l'horreur psychologique (genre Narwa) qu'à l'horreur fictionnelle du monstre enfermé dans la cave. Ou alors, encore, c 'est que j'ai pas tout compris. Mais ça, je le saurai si je relis ton texte demain (car oui, il me manque une bonne nuit de sommeil!)

Elemm', qui va se coucher!

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2012-11-16 20:31:45 

 Commentaire OnirianDétails
ouhla, 3 commentaires le même jour... attention il va pleuvoir!!

Commentaire subjectif et non constructif : j'ai kiffé grave ton texte. J'adore la répétition sans fin, l'absence de sens, c'est comme une peinture abstraite, on peut y voir ce qu'on veut, de la mythologie, des contes, de la psychanalyse, du cinéma, mais au final ce qui compte c'est que c'est surtout de l'émotion pure. Et tu disais que la finesse n'était pas le bon mot? C'est un texte extrêmement fin, élégant, poétique, mystérieux, qui se suffit à lui-même et n'a pas besoin d'être sensé pour exister.

Bref : un 3ème "like" (faut vraiment que j'arrête facebook!!) et j'éteins la lumière. Mais si je la rallume sur deux miroirs face à face... alors ça, d'ailleurs, sacré questionnement qui est pour moi le clou du texte! Merci pour ton ouverture d'esprit.

Elemm', qui se demande si elle osera rallumer la lumière après tout ça...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-11-16 23:24:44 

 Techniquement...Détails
... je ne pense pas qu'un foetus mort puisse rester longtemps en place sans un certain nombre de troubles... Mais c'est une fiction, et le pouvoir de l'esprit sur le corps autorise peut-être certaines exceptions... Je n'ai pas cherché à être réaliste, juste à horrifier les lecteurs... surtout les lectrices, en fait... Ca a l'air d'avoir marché...
Narwa Roquen, yerk yerk...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-11-16 23:27:16 

 Commentaire Maedhros, exercice n°112Détails
Comm Maedhros, ex n° 112


Si tu n’avais pas signé ce texte, je crois que j’aurais dit en le lisant « Tiens, on dirait du Maedhros »... Tu as le talent pour dépeindre des monstres et nous les rendre sympathiques et attachants, malgré toute l’horreur de leurs crimes ! L’idée est originale, ancrée dans le réel. Tu n’inventes rien, tu pousses juste un peu le bouchon... Scott Card aimerait bien, je pense, c’est tout à fait dans sa logique, de même que la manière de présenter les choses, qui fait qu’on a du mal à condamner et le fils et la mère, parce qu’on se sent proches d’eux. L’intrigue est d’une logique implacable. Le personnage de la mère est à mon avis la grande réussite de ce texte. Son apparente rigidité et en même temps sa grande faiblesse complice sont tout à fait cohérentes. Elle ne veut pas voir et elle laisse faire, parce que cette situation est profondément injuste ( pourquoi l’amour engendrerait-il le malheur ? ), et qu’elle a elle-même assez de chagrin pour n’avoir plus trop de compassion disponible. C’est très bien vu, et cela questionne le lecteur. Quand en lisant un texte on se demande « qu’est-ce que j’aurais fait à sa place ? », c’est gagné pour l’auteur !
Le récit est habilement mené, attirant d’abord la pitié envers cet enfant séquestré, pour basculer ensuite dans l’horreur quand le tableau se précise. La trouvaille des oiseaux empaillés sonne juste, et le contexte d’Halloween est bien exploité. Le jeu de mots du titre est aussi cruel qu’incontestable. Et j’ai bien aimé aussi « le vieux voleur » pour désigner le temps.



Bricoles :
- Quelques problèmes de concordance des temps. Le 1° paragraphe commence au présent et se finit à l’imparfait. Ce serait justifié si c’était écrit après la mort de la mère, mais cette hypothèse ne colle pas avec les paragraphes suivants. « parce que cela me rappelait » : cela me rappelle ( je dis floral à bon escient) ; « d’une petite voix flûtée, elle me demanda... Maman regarda... » : elle m’a demandé... Maman a regardé... ; « je dus rentrer » : j’ai dû ; « j’emportai » : j’ai emporté.
- J’ai fais ce qu’elle m’a dit : fait
- Un roman de cap et d’épée : cape
- Agenouillé près du seau : agenouillée
- Quand je touchais les barreaux : touchai
- Comme ce qui réveillait sous les draps : se ?


Pourquoi la mère enlève-t-elle la couverture des livres? Est-ce pour signifier que l’apparence extérieure n’a pas d’importance au regard du contenu ?
Tu as presque respecté la consigne... A part le mot « sang » qui apparaît une fois (« c’était mon sang »)
Est-ce qu’il y a un lien entre l’envie de voler et le vol des coeurs ? ( à part le double sens...)
Pourquoi tue-t-il sa mère ? Est-ce parce qu’il pense qu’elle ne le laissera pas partir, ou pour lui éviter de souffrir encore ?
C’est un récit prenant, où le désir s’acharne à persister (parce que pour paraphraser Dolto, tant qu’on n’est pas mort on est vivant) au plus profond de la misère humaine. Et c’est peut-être le plus extraordinaire de cette histoire, c’est qu’ici, le désespoir n’existe pas !
Narwa Roquen, questionnée

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Netra  Ecrire à Netra

2012-11-17 14:08:03 

 Glaaaaaaaaaaaaaaauque !!!Détails
Wah je plussoie avec Elemm', c'carrément crade ton truc !!!

Bien écrit, certes, mais à vomir tellement c'est...

Ah quoi...

Un cadavre de foetus en décomposition dans l'utérus depuis 3 mois...

*part aux toilettes*
Netra, music your life !

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Netra  Ecrire à Netra

2012-11-17 14:13:45 

 Je ne suis pas un ange... Détails
Psychéééééééééé

ça c'est le genre de texte à pas lire trop fatigué si on veut comprendre !!!

J'adore le style déstructuré et le message dessous. Et le coup du barman.
Netra, music your life !

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-11-18 17:05:38 

 Cinquième colonne.Détails
Dis donc, quand tu t’essaies à la verve martiale, cela donne un résultat plus que convaincant ! Le contexte est bien planté, un conflit lointain, une famille possédant forte une tradition militaire (ah, la peinture vert olive, le mobile d’avions de guerre...), le retour des héros, verticaux ou horizontaux.

Et puis, il y a cette femme, cette épouse, cette future jeune maman très perturbée, qui espère le retour de son beau capitaine. Alors tout tangue, tout bascule dans une dimension chaotique, où les fantômes rôdent dans l’obscurité (bien vu les va-et-vient de l’ascenseur, élément incontournable dans les scènes de suspense).

Car le retour de son mari va l’obliger tôt ou tard à affronter la réalité. Celle qu’elle a niée avec acharnement, elle qui rêvait une vie idéale : la maison, le jardin, la balançoire, et évidemment, le fils, l’héritier de la lignée de militaires de la famille... Mais tout ça, elle le sait confusément mais sans jamais l’avoir verbalisé, allant jusqu’à nier le fait qu’elle porte un petit fantôme dans son ventre, comme elle ne reconnaît pas le fantôme qui s’invite dans son salon. Tu parsèmes ton récit de références cliniques qui illustrent l’état mental dans lequel se trouve cette jeune femme. Je ne suis pas suffisamment calé en ce domaine, mais je suis sûr que ses symptômes feraient les délices d’un psy (notamment les évènements inexplicables que je crois qu’elle a elle-même provoqués)! Il me semble qu’elle déambule dans un appartement qu’elle a saccagé mais qu’elle voit toujours impeccablement rangé.

Cette gestation « post-mortem » est particulièrement horrible. Elle illustre la farouche volonté de cette femme à nier complètement ce qui ne correspond pas aux canons de sa réalité. D’ailleurs, quand elle rencontre André, son mari (cela m’a fait penser à ses légendes grecques où l’âme des trépassés apparaissait une dernière fois pour regretter le sort qui s’était acharné sur eux et se lamenter sur les vivants), celui-ci ne l’appelle jamais par son prénom. Et s’il lui dévoile la vérité, elle ne veut toujours pas la comprendre !

Au cours de la cérémonie, le voile de confusion finit pas se lever. Quand son esprit se résout à comprendre comprend la situation, c’est parce qu’il ne peut plus y avoir aucune échappatoire. D’un coup, cette femme se retrouve aux prises avec ses fantômes qu’elle n’a pu exorciser. La scène finale est apocalyptique et seule la folie semble un asile confortable. Bien vu.

Une histoire comme je les aime. Inéluctable. Violente et désespérée. La narration rend honneur à cet esprit malade et brisé, heurtée et nerveuse, elle colle bien à la situation. Et puis, la consigne est respectée. Aucune goutte de sang n’est versée, du reste elle n’a peut-être même pas perdu les eaux...

Au rayon des bricoles :
-le terme oeil-de-boeuf m’a un peu étonné, j’aurais plutôt utilisé celui de « judas » ! En plus, cela n’aurait pas dépareillé dans le décor !

M

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z653z  Ecrire à z653z

2012-11-24 17:39:36 

 barman jugeDétails
Excellent texte même si à la 3e répétition (tu aimes le 3 décidemment), j'ai eu peur qu'il y en ait une 4e qui aurait été de trop.
J'ai bien aimé le côté Cube où on observe le fond de l'âme.

"Mais il a déjà tout oublié, nous y compris ! Est-ce que je ressemble vraiment à un barman ?" Pour le coup, c'est toi qui aime les bars (rappelle-toi la WA 105).

Par contre, l'épilogue a un côté clin d'oeil un peu superflu.

PS : le titre est vraiment superbe.

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z653z  Ecrire à z653z

2012-11-24 18:39:52 

 L'enfant du placardDétails
Au début, j'ai cru qu'il y avait une 3e personne vivante dans la maison, qu'elle serait présentée plus tard et qu'elle justifiait l'enfermement.
Finalement, c'est le père qui est mort.

Un petit reproche, on sait trop tôt que sa mère va mourir et on se doute que c'est lui qui la tue.
Et un autre, mais c'est le même à chaque fois, je m'impatiente toujours autant de lire la fin des tes histoires.

« Trick or Treat » (tu paies ou je te jette un sort !)
La traduction c'est plutôt l'inverse : Farce ou Friandise

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z653z  Ecrire à z653z

2012-11-26 15:11:42 

 Enlevez-le ! ...Détails
...Ce double sens est bien trouvé.

L'histoire est tellement lisse au début qu'on attend avec impatience le moment où tout va déraper (qui arrive heureusement très vite).
Et presque tout le texte est au présent ce qui renforce le rythme.
Le coup de la télévision qui explose et qui est intacte après le passage du mort est bien trouvé.

un détail : "Quand je me retourne vers lui, il n’est plus là. Il n’est pas dans la chambre non plus. Ni dans la salle de bains. En fait, il n’est plus là."
Pourquoi cette répétition ?

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-11-27 14:50:22 

 Tu as raison!Détails
J'aurais dû dire: " Quand je me retourne vers lui, il n'est plus dans la pièce. Il n'est pas dans la chambre non plus. Ni dans la salle de bains. En fait il n'est plus là du tout."
J'ai écrit ce texte un peu à la bourre...
Narwa Roquen,et ce n'est pas mieux pour le suivant!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-12-02 10:41:20 

 Quand on roule à gauche...Détails
Merci pour ta lecture.

La traduction littérale et séquentielle de l'expression "Trick or treat" est effectivement "un sort ou un bonbon".

Mais je pense que pour respecter la construction française, sinon latine, il vaut mieux inverser les termes : tu me donnes un bonbon ou je te jette un sort.

Un peu comme "la bourse ou la vie"!

J'ai cherché sur mon ami Google, c'est très partagé.

Par exemple, regarde-là!

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-12-02 11:11:51 

 Les vaisseaux brûlent…Détails
Avec un peu de retard, voici quelques les éléments (subjectifs) de réponse :

Pourquoi la mère enlève-t-elle la couverture des livres? Est-ce pour signifier que l’apparence extérieure n’a pas d’importance au regard du contenu ?

Son fils ayant été victime d’une mutation génétique, son aspect est vraiment différent des standards de la race humaine. Sa mère l’a reclus dans la cave non pour le punir ou le maintenir enfermé mais au contraire pour qu’il grandisse à l’abri du regard des autres. Elle n’a installé aucun miroir pour qu’il ne croise pas son image. Les couvertures des livres arrachées procèdent du même souci. La mère, dans son obsession maternelle, a voulu éviter que son fils ne tombe sur des photographies ou des dessins représentant des hommes ou des femmes. C’est pourquoi, les seuls livres empruntés à la bibliothèque sont ceux ayant des couvertures avec des motifs abstraits.

Est-ce qu’il y a un lien entre l’envie de voler et le vol des coeurs ? (à part le double sens...)

Non, je n’avais pas consciemment établi de lien entre les 2. Son envie de voler, à mon sens, est un désir nourri par un captif, quelle que soit la nature de sa captivité (ici, par amour). C’est pourquoi il a lu et relu « Birdy », ce roman où un traumatisé de guerre rêve de devenir oiseau pour s’envoler loin des contingences terrestres. Par contre, il y a un parallèle entre les oiseaux empaillés (qui ont également participé à nourrir l’obsession du garçon dans la cave) et les coeurs embaumés, une sorte d’intemporalité, de vie suspendue...

Pourquoi tue-t-il sa mère ? Est-ce parce qu’il pense qu’elle ne le laissera pas partir, ou pour lui éviter de souffrir encore ?

Il tue sa mère presque par amour car il ne reconnait pas son geste. Il refuse de lui faire la moindre peine et il sait qu’il doit s’envoler et ne plus revenir (en vie). Il doit aussi lui prendre les clés pour ouvrir la porte de la cave. Et ces clés, elle ne les lui aurait pas données, toujours par amour. S’il partait en sachant qu’elle était en vie, il savait qu’elle l’attendrait et qu’elle souffrirait. Alors il n’aurait pas été pleinement libre. C’est une forme de parabole : il ne peut être totalement libre qu’en coupant définitivement le cordon ombilical.

M

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2013-06-14 15:37:22 

 Commentaire WA 112 : NarwaDétails
Curieuse, cette chambre d'enfant décorée sur le thème de la guerre... M'enfin, j'ai toujours trouvé curieux (et moche) qu'on offre ce genre de jouets aux enfants, comme pour les encourager à la violence et leur apprendre à en aimer les symboles.
Un an de grossesse ?? Houla, y a un truc.
Intéressant personnage, que cette femme complètement dépendante de son mari et à moitié dingue (le coup des dents de naissance, ne pas accoucher avant le retour).
Je commence à flairer quelque chose d'horrible avec l'histoire du contrôle à la maternité.
L'apparition subite du mari n'est pas très normale non plus. Serait-ce un fantôme ? Ce texte serait-il fantastique ?
Horrible, le fait que le mari soit parti à la guerre pour l'argent ! Cette femme n'était déjà pas nette avant, si elle a envoyé son mari à la guerre pour du pognon !
Tiens, elle n'avait pas explosé, la télé ?
Le discours de ton héroïne, avec ses quelques expressions familières et fautes de français, fait naturel.
Brrrr, quelle histoire ignoble ! Ca confirme le côté fantastique, puisque la nénette aurait succombé depuis longtemps à une septicémie ! Et de toutes façons, le corps aurait expulsé le foetus. Berk ! L'idée qu'elle ait pu garder un cadavre en son sein me retourne l'estomac ! Pas étonnant qu'elle ait sombré dans la folie. Du coup, je me demande si ce n'est pas l'annonce de la mort de son mari qui lui a fait perdre son bébé.
J'aurais peut-être détaillé un peu plus la fin, que je trouve rapide, quoique efficace.

Au final, une histoire agréablement glauque, bien fichue, avec un personnage à la folie bien rendue.

Trucs et bidules : rien de particulier.

Est', en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2013-06-14 15:42:55 

 Commentaire WA 112 : MaedhrosDétails
C'est con mais, vu que je vous lis au bureau pendant mes pauses, je ne peux pas mettre les bandes son... Raison pour laquelle je n'en parle jamais.
Ahem ! Ben tu fais pas dans la dentelle toi ! Comme tu dirais toi-même, c'est du lourd, du bronze, ce texte. (^-^)
Reprenons dans l'ordre.
"Je ne me plains pas." : héhé, ça sous-entend qu'il sait qu'il aurait des raisons de se plaindre et qu'il s'en rend compte, tout de même.
Intéressant personnage qui aime l'ombre, les couleurs fanées...
Je n'ai pas bien compris pourquoi sa mère découpe la couverture des livres alors que les couvertures de la bibliothèque, qui comportent elles aussi des images de l'extérieur, restent.
Bien vu, Cristal qui songe ! Un de mes bouquins préférés. D'ailleurs, je vais me le relire, tiens.
Elle est jolie, ta description du toit de la centrale. Le style du texte entier est joli, élégant et poétique.
Brrr, quelle horreur, le coup du chien ! Et plus il grandit ton héros, plus il devient inquiétant.
Je trouve qu'il manque un paragraphe la première fois où il sort de la cave. Ne devrait-il pas avoir peur ? Etre pétrifié par toutes ces choses nouvelles, étrangères, sans doutes différentes de ce qu'il imaginait en lisant. En tous cas, je pense que sa première sortie devrait lui faire un effet d'enfer.
Bien joué, le coup de la douche, avec le sang qui coule. (même s'il ne devait pas y en avoir dans ce thème, crois-je me souvenir)
Ils ne pourrissent pas, ses "souvenirs" ?
Arf arf arf ! J'ai cherché dans mon dico patagium. J'avais oublié ce que c'était ! Je trouve ça poétique, à un certain niveau, cet être prisonnier d'une cave, collectionnant des oiseaux morts, et à qui il pousse de véritables ailes. C'est de la poésie macabre, ce texte.
Je n'ai pas compris le coup du père derrière le mur. Il est empaillé lui aussi ou quoi ?
Superbe phrase de fin.

Au final, une histoire glauque et tragique, très bien écrite, où se mèlent une critique discrète du nucléaire, les thèmes de la différence et de l'amour filial, et qui dégage une sombre beauté.

Trucs et bidules : rien de particulier. Je me relâche en ce moment, je crois. Je ne trouve plus rien.

Est', en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2013-06-14 15:47:04 

 Ca fait sens...Détails
... et ça répond à la plupart de mes questions.

Est', la WA c'est le bien.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2013-06-14 15:52:06 

 Ben pour le coup...Détails
... de l'horreur psychologique, il y a en a à la brouette !
Le directeur de la centrale qui a envoyé des gens nettoyer des déchets hautement radioactifs, la mère qui donne un enfant au père mourant irradié, la mère obligée de séquestrer son fils, obligée d'assister à ses meurtres, le fils qui ne contient pas ses sombres instincts sanguinaires, le fils encore qui rêve de la surface qui lui est interdite, qui rêve de jeunes filles qu'il tue pour garder symboliquement leur coeur, le fils encore qui tue sa mère pour ne pas lui infliger la douleur d'être seule, le fils qui goûtera un unique instant de liberté sublime au prix de la vie...
Je ne sais pas ce qu'il te faut, hihihihi !

Est', horrifiée mais ravie.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2013-06-18 09:27:56 

 Commentaire WA 112 : OnirianDétails
Oh, quel titre énigmatique !
Moi aussi, étant enfant, je me suis posé la question des miroirs face à face !
Tiens, c'est pas souvent que je le vois, le mot "famélique" !
Très étrange, cette scène qui se répète...
Euh........ ok. Là, c'est officiel : j'ai rien compris à la fin !
Au final, ben j'ai pas tout compris alors j'ai pas trop d'avis... Vu le titre, j'imagine que l'ange et le démon sont en train de juger le type qui est mort. C'est souvent zarbi et mystérieux, ce que tu écris, n'empêche...

Trucs et bidules :
"Des centaines de mois" j'aurais laissé "moi", quand même. Ca me fait bizarre, là.

Est', lecture, lecture !

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