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 WA, exercice n°108 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Vendredi 1 juin 2012 à 00:53:51
Que diriez-vous d'un exercice d'actualité? C'est surtout un exercice de style, en fait. Vous allez écrire un discours politique, en restant bien sûr totalement dans le domaine de la fiction. Parmi les difficultés que vous aurez à affronter, il y aura le style ( persuasif, entraînant, destiné à enthousiasmer les foules, mais pas forcément sincère), la nécessité de donner une identité à votre orateur et de placer ce discours dans un contexte - si vraiment vous étiez en peine, je vous autorise quelques lignes d'introduction, mais c'est tout.
Je ne suis pas sûre que ce soit facile, mais je pense qu'au niveau de la maîtrise du langage ( et du double langage, comme il se doit), cela peut être intéressant.
Vous avez trois semaines, jusqu'au jeudi 21 juin - l'été!
Au moins, vous n'aurez pas de mal en ce moment pour trouver de la doc. Et n'oubliez pas de vous amuser!
Narwa Roquen,vive la Faërie! Vive le Cercle!


  
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Réponses à ce message :
Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2012-06-12 19:59:50 

 Un p'tit bonjour en passant!!Détails
Pfiou pfiou pfiou, en passant en courant devant l'antre faërienne, mes comptes-rendus neuropsy dans une main, mes disques pour mes patients dans l'autre, je vois de la lumière, j'entends Narwa proposer le nouveau sujet et je passe la tête par la fenêtre juste pour vous dire que j'vous aime toujours (et c'est pas de la langue de bois!). Et quand j'serai grande, je jouerai avec vous! Promis......

Pouf pouf pouf, hop hop au p'tit trot...

Ce message a été lu 6497 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2012-06-18 14:59:49 

 Coucou Elemm' !!Détails
Je fais moi aussi mon passage annuel et vlà que je t'aperçois ! (^-^)
Ça va, ma belle ? T'as l'air à fond !
Moi c'est pareil, je garde toute mon affection à ce fofo et à tous ces habitants, notre sorcière bien-aimée, l'amoureux des miroirs, Z le laconique, mon hermaphrodite bleu et tous les autres... sans oublier évidemment le magicien à l'envers !
J'ai terminé vendredi soir mon année de cours du soir et depuis, je louche sur la WA100 que j'ai juré d'écrire et même commencée. Arriverai-je à prendre le temps ? C'est ce que vous saurez au prochain épisode !

Est', à fond à fond à fond.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-06-21 22:40:43 

 WA, exercice n°108, participationDétails
Le roi des Plongeurs




Peuple des rues, des toits et des caves ! Peuple des chasseurs, des rôdeurs, des sans-peur ! En ce jour d’élections royales, je suis devant vous pour changer votre vie ! Donnez-moi la victoire, et je vous offrirai plus que la victoire, je vous apporterai un triomphe !
Du calme, du calme... La plupart d’entre vous me connaissent. On me nomme Grosbis, parce que mes muscles – oui, mes biscotos, si vous voulez – sont très développés. Le poil luisant, la moustache alerte, la queue frémissante et droite... Je suis bien nourri car je suis un... Plongeur ! Oui ! Et les Plongeurs sont tous des... vainqueurs ! Bien sûr ! Tout le monde le sait !
Mais pourquoi les Plongeurs seraient-ils mieux nourris que les Renverseurs, demanderont certains ? Je vais vous le dire, oui oui, je vais vous le dire. Et comme vous êtes tous très intelligents, vous allez comprendre tout de suite. Que se passe-t-il quand vous renversez une poubelle ? On va pas se mentir ! Premièrement, le bruit peut attirer les bipèdes. Et là, adieu festin ! Deuxièmement, nos petits amis les rongeurs – si, si, nous les aimons beaucoup, surtout quand ils sont gras et peu rapides – nos petits rongeurs adorés s’échappent ! Et une partie de nos agapes aussi ! Et le pire, le pire, ah oui, j’en vois parmi vous qui font triste mine... Vous avez tous le souvenir cuisant d’une course éperdue, haletante, éreintante, d’une course pour la survie avec derrière vous le martèlement sauvage de lourdes pattes sur le pavé, les hurlements grossiers de ces monstres sales et hirsutes, l’haleine fétide qui souffle sur votre queue un enfer pestilentiel, juste là, tout près... Oui, vous avez pu vous échapper en sautant sur le rebord d’une fenêtre – bloqué là, pendant des heurs, dans le froid et la pluie, avec à vos pieds une meute cruelle et bruyante. Ou pire, pire, vous avez plongé tête baissée dans une bouche d’égout – ah la triste chute pour le chasseur intrépide, le poil mouillé, taché, avili par une odeur infecte, et la menace permanente du Peuple aux Deux Dents, abjects, sans pitié, et plus nombreux que les étoiles dans une nuit d’été... Et tous ceux, tous ceux d’entre nous qui n’ont pas eu la chance de s’en sortir, et dont la dépouille éventrée, déshonorée, a servi à engraisser nos pires ennemis... Je vous le dis, Peuple Libre : plus jamais ça ! Nous sommes des prédateurs, nous ne sommes pas des proies ! Nous ne devons jamais être des proies ! Jamais, plus jamais, plus jamais !
J’entends d’ici les Renverseurs, stupides et lâches par nature, tenter d’argumenter contre mon raisonnement limpide et franc. « Oui, c’est bien joli de Plonger », disent-ils, ces suppôts de canidés, ces vendus aux Deux-Dents, qui seraient prêts dans leur incommensurable bassesse à aller quémander auprès des bipèdes, quitte à accepter de dégradantes caresses ! Vous ne le croyez pas ? Je l’ai vu de mes yeux ! Des caresses ! Ces contaminations avilissantes, consenties contre un bout de lard même pas frais ! Un bout de lard rance ! Et que viennent-ils nous dire, ces prostitués indignes, ces dégénérés de la Noble Race, traîtres à leur sang, impurs et méprisables ? Ils veulent nous donner des leçons de morale ! « Oui, Plonger, c’est ne jamais partager, le partage est généreux, c’est l’égalité et la fraternité... » Mais qui a dit que nous étions contre le partage ? Qui a dit, qui a pu oser dire que nous n’étions pas égaux et fraternels ? O Sainte Ramina qui veille sur nous, foudroie-moi si je mens ! Suis-je foudroyé ? Queue nenni ! Parce que nous ne sommes pas des égoïstes, nous ne sommes pas des individualistes forcenés, comme certains voudraient le faire croire. Nous sommes pour le partage, mais le partage choisi ! On peut Plonger à plusieurs ! On peut Plonger à tour de rôle ! Mais on Plonge avec son frère, son égal, on partage la sardine, la couenne et le pilon, mais avec une gueule propre, saine, digne, qu’aucune odeur humaine n’a même frôlée ! Avec un semblable qu’aucune compromission au Noble Idéal n’est venue souiller !
Nous avons le devoir sacré de perpétuer la pureté de notre race, qui est le garant de notre force et de la pérennité de nos valeurs. Nous ne nous laisserons pas affaiblir par une propagande douteuse, dont l’objectif inavoué est de nous transformer en objets innocents, brossés, coiffés, dégriffés, obèses, ayant perdu tout instinct et toute indépendance, esclaves mutilés de monstres géants anosmiques, malvoyants et maladroits !
Merci, merci... S’il vous plaît... Là... Bien. Qu’en est-il maintenant d’une autre question qui vous préoccupe tous ? Je le sais. Je vous ai observés, je vous ai écoutés, pendant des nuits et des nuits. Je sais à quel point cette préoccupation essentielle hérisse vos moustaches et fait battre de perplexité le bout de votre queue. Je veux parler des rafles. Oui, vous feulez, bien sûr ! C’est une pratique odieuse, qui démontre à quel point les bipèdes sont cruels et insensés, et pourquoi la moindre approche de ces énergumènes repoussants nous met en danger. Certains d’entre vous ont vécu ce supplice. L’enlèvement, la douleur, le lourd sommeil, et au réveil... cette horreur sans nom... Je sais tout cela. J’ai recueilli patiemment les témoignages des victimes. Pas un, vous m’entendez, pas un, qui n’eût préféré mourir que de se voir privé de sa dignité virile ! Pas une, vous m’entendez, pas une, qui n’eût préféré mourir que de se voir privée de sa fécondité rayonnante !
Mais que pouvons-nous faire, me direz-vous, face à cette force aveugle et toute-puissante, que pouvons-nous faire, si inférieurs en poids et en technologie que nous sommes ?
Je vais vous le dire.
Oui, je vais vous le dire.
Non, nous ne sommes pas impuissants. Non, nous ne sommes pas condamnés à l’extinction inéluctable de notre noble Race. Nous sommes un Peuple, nous sommes une Nation ! Nous avons survécu depuis la nuit des temps, nous nous sommes adaptés et nous avons prospéré malgré tous les égarements de l’engeance bipède ! Nous sommes des Vainqueurs ! Nous sommes des Plongeurs !
Moi, votre Roi, j’organiserai des rondes de surveillance. La Machine à Enlèvement, nous la verrons venir, et nous serons à l’abri bien avant qu’elle ne nous atteigne. Moi, votre Roi, je formerai des milices qui traqueront sans pitié les porteurs de cages et de filets. Et nos vaillants espions, et nos braves soldats, nous les nourrirons, nous veillerons sur leur sommeil et sur leur progéniture – eh quoi ! Nos femelles ne sont pas des potiches ! Nos femelles sont rusées, impitoyables, vicieuses... et c’est pour cela que nous les aimons ! Et elles auront leur digne place parmi nos guerriers, parce que nous les respectons et nous les honorons, elles qui sont l’incarnation de notre déesse Ramina, et comme elle aussi lascives qu’héroïques !
Peuple Libre, moi, votre Roi, nous prospérerons et engraisserons à loisir ! Nous serons craints et révérés comme des dieux ! Nous serons tous les rois du monde ! Et cela nous l’obtiendrons par notre courage, notre détermination et notre intelligence ! Par notre union, notre solidarité et notre volonté indéfectible ! Nous sommes des Plongeurs ! Nous sommes des Vainqueurs ! Nous sommes les maîtres de notre destin ! Votez pour moi ! Je vous aime !
Narwa Roquen, nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts!

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Antarès  Ecrire à Antarès

2012-06-22 00:00:39 

 WA exercice 108 participation AntarèsDétails
Post-mortem Politicus



Mes amis, l'urgence est désormais totale ! Voter est devenu un acte de résistance. Voyez comment nos ennemis essaient d'étouffer notre combat : les médias aux ordres nous accolent les étiquettes de fanatiques et de sectaires, qualifiant notre mouvement de groupuscule extrémiste ! Savent-ils seulement ce qu'il en coûte de défendre la voix de celles et ceux qui ne peuvent en user ?! Bien sûr que non, la noblesse n'a pas son poids en or !

Demain sera le jour où pour la première fois dans l'histoire des siècles, les ombres sortiront dans la lumière. Pour la première fois, le passé reprendra ses droits. Pour la première fois, les mémoires jailliront des caveaux !

Je me présente devant vous, chers frères et soeurs pour cet ultime scrutin.

Moi Charles Aiguefauxl, né à Shéole, de père vivant et de mère survivante. Moi qui connais le monde et l'arrière-monde. Moi qui ai su prévenir les hommes de l'inéluctable fusion des deux espaces-temps, je vous demande, solennellement, de me confier le sceptre de la domination pour que vie et survivance soient préservées du chaos. Sceptre en main et fort de votre appui indéfectible, Nous chasserons le Chancelier Régent de son trône de porphyre et l'ordre naturel s'épandra dans les deux mondes. Les crises successives auxquelles vivants et survivants ont dû faire face sont révélatrices de la faiblesse pitoyable de gouvernants illégitimes et boursouflés par la médiocrité et l'acceptation vile et servile de maîtres économiques ! Seul un nouveau souverain, doté d'une légitime emprise sur ses sujets est à même d'inspirer crainte et respect à nos ennemis. Le trône est depuis trop longtemps vacant : voilà maintenant sept ans que Sa Majesté Théodore le Troisième est portée disparue. En aucun cas, les Signes n'ont mentionné l'avènement d'un retour. Une nouvelle dynastie doit donc voir le jour ! Ce n'est pas un premier ministre ou un Chancelier qu'il convient de choisir, mais un Monarque puissant ! Un Monarque juste, béni par Thémis et acclamé par la Céleste Assemblée aux confins du septentrion !

Est-il utile encore de rappeler que de nombreux agents ont été démasqués ces dernières lunes ! Et pour qui travaillaient-ils ? Toujours les médias, les mêmes qui ont financé la campagne de l'actuel Chancelier, les mêmes qui ont camouflé l'implication de la Banque Rouge-Blason dans l'affaire de canons à particules "nanodestructives" ! Les mêmes qui refusent de voir leurs privilèges remis en question, quitte à sacrifier ceux qu'ils prétendent informer !

Nos lois sont pourtant claires : nous avons le devoir absolu de lutter contre les agresseurs extérieurs et intérieurs, et se soustraire à pareille obligation est passible de désintégration astrale ! Preuve est faite, depuis maintenant trop longtemps de leur nuisance manifeste !

Mes amis, l'éveil des consciences est désormais indispensable. Ma parole sera vectrice de libération universelle. Je saurai me montrer digne de vos aspirations ! N'attendez pas davantage de preuves pour vous décider : celles-ci pourraient être la signature de notre fin à tous ! Je ferai don de ma personne pour assurer votre protection, j'en fais devant vous, aujourd'hui jeudi 21 juin 2012 à Montombeau, le serment immuable !

>>EDIT après relecture et conseils de Maedhros & Narwa Roquen<<

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Antarès  Ecrire à Antarès

2012-06-22 00:25:57 

 helloDétails
Bonsoir à toutes et tous ! Je me suis lancé avant de dire bonsoir car le temps manquait et je voulais terminer avant l'heure fatidique mais mister bug m'a joué un sale tour à 23h59 ! Voilà voilà ! J'envisage de participer davantage aux exercices !
Et pardon pour l'icône mal choisie du dessus, je viens de réaliser leur utilité ! :dingo:

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-06-23 20:24:51 

 WA - Participation exercice n°108Détails
Bien. Je n'ai pas respecté la consigne en introduisant et en concluant le discours proprement dit. Cela dit, il y a bien un discours... en le relisant, je me suis aperçu qu'il sentait le soufre! Ah bon?

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LES FEUX DE LA RAMPE



Il réfrène son envie de jeter un dernier coup d’oeil sur ses petites fiches. Il a refusé le micro-implant auriculaire que d’autres trouvent si pratique. L’heure approche. C’est le grand soir. Le soir où tout se gagnera ou se perdra. Le meeting est le bouquet final d’une très longue campagne électorale, épuisante à la fois nerveusement et physiquement. Il sent l’excitation monter délicieusement en lui comme à chaque fois. Un cocktail euphorisant qui lui tourne la tête. Il est si près du but. La consécration est à portée de main. Il a tellement attendu ce moment. Ses conseillers se sont éclipsés, le laissant seul pour se préparer comme une de ces rock stars mythiques qui déchaînaient les passions. Il est là, dans les coulisses, caché aux yeux des milliers de partisans qui ont payé leur obole en sang, en larmes ou en monnaie sonnante et trébuchante pour faire partie du public conquis d’avance.

La scène est immense et le pupitre si petit. Mais bientôt le rideau va se lever sur le dernier acte public de la campagne. Il a été porté par une vague géante qui a déjoué les pronostics et les sondages. Son dessein est plus grand que lui. Sa vision s’étend plus loin qu’aucune autre. Ils l’ont suivi, peu au début puis, au gré du long chemin depuis Freyming, un matin de printemps de l’année précédente, ils furent de plus en plus nombreux, de plus en plus fidèles, de plus en plus séduits.

Certains médias l’ont rapidement comparé au joueur de flûte de Hamelin, ce personnage inquiétant du conte des frères Grimm. Une connotation peu flatteuse. Ses adversaires furent d’abord amusés, puis désorientés et enfin affolés quand les instituts de sondage peinèrent à expliquer les raisons de son succès et à prédire sa marge de progression.

Il est un homme sans âge, ni jeune ni vieux. Son visage est carré et harmonieux mais quelque chose dérange sans qu’on puisse réellement en déterminer la cause. Son teint est pâle, la couleur de ses yeux indéfinissable. De longs cheveux blonds ondulent jusqu’à ses épaules mais toute sa personne est empreinte du soleil méditerranéen. Les femmes disent tout bas en rougissant qu’il possède ce charme slave qui les rend folles quand il les couve du regard. Les hommes respectent la force animale qui se dégage de lui, ce côté viril et boisé qu’ils attendent de celui qu’ils reconnaissent comme un chef naturel. Il n’appartient pas au Nord. Il n’appartient pas au Sud. Il ne vient pas de l’Est et il ne vient pas de l’Ouest. Mais quand les cellules des auto-caméras se sont braquées sur lui, tous ont su qu’il avait été toujours là, avec eux et au milieu d’eux. Il aurait pu être le voisin qui promène son chien, le beau-frère qui leur rend visite le dimanche ou la femme qui passe sur le trottoir et sur laquelle on se retourne sans trop savoir pourquoi.

C’est une étoile qui s’est levée dans l’épaisse nuit qui recouvre ce siècle. Une étoile si brillante qu’elle en éclipse toutes les autres, enfin, toutes celles qui se croyaient au firmament alors qu’elles n’étaient que d’insignifiantes lucioles voletant dans les sous-bois. Elle brille et dans sa lumière, ils ont redressé la tête qu’ils tenaient baissée depuis si longtemps. Certains murmurent qu’il est le fils tant attendu de la Providence et d’autres se signent sur son passage. Il ressemble à n’importe lequel d’entre eux mais quand sa voix s’élève, puissante et mélodieuse, elle parle directement à leurs coeurs. Tous savent, comme une évidence, qu’il dit la Vérité. Que ses mots sont justes.

Il tripote encore ses fiches. Ses conseillers sont restés dans les loges. Il leur a interdit de se glisser dans l’immense arène du complexe omnisports. Il les a choisis un à un. Tous issus de corps prestigieux, il les a sélectionnés méticuleusement comme un chirurgien vérifie les instruments qu’il utilisera pour pratiquer une intervention à haut risque.

Chacun a été retenu pour une fonction bien précise et un usage bien déterminé. Il ne s’est pas trompé. Ils donnent chair à sa vision et traduisent en mots intelligibles les concepts qu’elle embrasse. Au début, ils étaient treize. Un s’est détourné et a gravi le flanc de la montagne. Mais ceci est une autre histoire.

L’heure est venue. Il s’avance vers le pupitre, déclenchant immédiatement une tempête d’éclairs. Les crépitements des flashes saturent la profonde scène. Une énorme clameur monte des gradins. Son peuple est là. Il ouvre les bras et les tend vers eux. Ce n’est pas un geste de triomphe. Ce n’est pas un geste martial. Non. Il écarte largement ses bras comme un amoureux qui aperçoit au loin celle qu’il aime et qui accourt vers lui après une longue séparation. Des drapeaux tricolores incongrus, confectionnés pour l’occasion, s’agitent en tous sens comme les vagues d’une mer démontée. Des vagues aux reflets bleus. Aux reflets blancs. Aux reflets rouges. Un torrent d’énergie se condense en un tourbillon d’écume invisible pour converger vers lui. C’est comme s’il recevait une décharge de cent mille volts. Ses reins se creusent pendant que l’électricité inonde son corps.

Les lumières d’ambiance ne se sont pas encore éteintes. Les milliers de visages rassemblés ce soir expriment des émotions proches de l’hystérie. Il sourit. Il en veut plus. Beaucoup plus. Toujours plus. C’est normal, il est prêt à leur donner en échange tout ce qu’il est. N’en a-t-il pas toujours été ainsi ?

Le pupitre est au centre de la scène tendue de bleu. Au-dessus du simple pupitre de plastique transparent, deux discrets micros tendent vers lui une bouche grillagée. Il pose tranquillement ses notes sur le plateau. Les lumières baissent d’intensité, plongeant progressivement la salle dans le noir. Le noir ? Non. Car à ce signal, les feux de la rampe s’allument Il se tient au centre d’une éblouissante clarté, baigné dans cette atmosphère chaude et baroque qui estompe le réel. Là où naissent les ombres chinoises. Il est face à leur destin. Seul. Comme il l’a toujours été. La lumière l’habille. Elle ne l’a jamais vraiment quitté. Il tapote doucement sur les micros et interroge du regard le technicien dans les coulisses, harnaché comme une créature tubulaire. Celui-ci lève son pouce. Tout est OK. Il peut commencer.

Un silence de cathédrale s’est formé comme d’habitude. Les médias ont ironisé sur ce recueillement presque religieux qui caractérise ses prises de paroles. Les manchettes des journaux dans les kiosques virtuels ont remis au goût du jour l’une des plus célèbres prophéties de Nostradamus. Etait-il ce Grand Homme qui devait relever le Pays avant la fin des temps ? Il avait souri de cette candeur désarmante. Un Grand Homme lui ?

“ Mes chers amis... ”

Il débute ainsi chacun de ses discours. Il chauffe sa voix. Il établit le contact. En trois mots. Il n’éprouve nul besoin de consulter la page posée devant lui. Pourtant ses Plumes ont écrit pour lui des centaines de lignes. Des discours construits et mis en mots pour répondre à ce qu’attend son auditoire en fonction des thèmes d’actualités et de ceux de son programme. Ses Plumes. Deux femmes et un homme. Jeunes. Très jeunes. Il les a recrutés pour leur style flamboyant, inimitable et exaltant, quel que soit le sujet. Ils ont cette faculté rare de pouvoir écrire sur tout avec une élégance constante et une efficacité redoutable. Il les a repérés sur les bancs de leurs prestigieuses écoles où ils meurtrissaient leurs chairs et leur intelligence à passer sous les fourches caudines des enseignements impériaux. Rentrer dans le moule. Devenir ce que l’on attendait d’eux. Il leur a révélé son Dessein et la Voie de lumière qui y menait. Ils furent conquis. Subjugués. Envoutés. Ils lui ont offert leur âme et leur jeunesse. A ses yeux, c’était bien plus important que tout le reste.

Avant le meeting, ils espèrent. A la fin du meeting, ils désespèrent. Il y a toujours un tel écart entre leurs mots et les siens! Ils ont pourtant le sentiment d’avoir escaladé une très haute montagne. Toujours plus élevée que la précédente. Mais quand en ils atteignent, essoufflés et exaltés, le sommet, ils s’aperçoivent qu’il est encore au-dessus d’eux, sur un autre sommet à tutoyer les étoiles.

“ Mes chers amis, nous voici rendus au dernier soir de cette longue marche. A minuit, la campagne s’achèvera et dimanche se décidera le sort de notre Nation. Vous m’avez donné votre confiance et cela je vous le rendrai au centuple.

J’ai parlé. J’ai beaucoup parlé. J’ai débattu des heures durant et mes adversaires ont pu mesurer la force de mes propos et la justesse de mes convictions. L’Histoire s’écrit demain. Je veux être celui qui ouvrira un nouveau chapitre de l’histoire éternelle de notre beau pays. Le pays des Lumières et des Droits de l’Homme. Avons-nous oublié ? Avez-vous oublié ? Moi, je me suis souvenu.

Il y avait autrefois un pays qui s’appelait la France ! Vous voyez, je n’ai pas peur de prononcer son nom haut et fort. La France, terre de nos ancêtres, patrie de tant d’hommes légendaires ! Patrie, c’est encore un mot qui n’existe plus que dans les encyclopédies qu’il faut exhumer des archives impériales. Moi, aujourd’hui, je veux encore vous parler de la France ! Je veux vous dire combien il était doux de vivre en France. Ne vous laissez pas berner par les arrangements politiquement corrects des livres d’histoire dûment approuvés et par les fariboles véhiculées par une propagande délétère. La France a existé. Je le sais.

Je vais vous parler d’elle comme on parle de celle ou de celui qu’on aime. Personne ne me bâillonnera plus pour m’empêcher de vous en parler. Encore et encore. Si je suis élu dimanche, je veillerai à restaurer ce qui a été perdu. J’irai à Francfort et je parlerai devant les Consuls. J’irai à New-York et je parlerai devant les Gouverneurs. J’irai à Lacus Spei et je parlerai devant les Sénateurs. Ils m’écouteront. Ils m’entendront. Car je parlerai en votre nom.

Je suis né dans une minuscule communauté socio-économique du Bailliage de Lothringe. Bien avant la CSE, il y avait autrefois une petite ville appelée Freyming, située dans un territoire appelé Moselle qui tenait son nom du fleuve qui y coulait au milieu. Tous ces noms ne vous rappellent rien, c’est bien normal, ils ont été effacés lors des Réformes Territoriales Globales en 28. Ils étaient pourtant familiers à l’époque dont je vous parle, au début du vingtième siècle. Je vous fais grâce de la conversion avec notre calendrier actuel mais cela remonte à bien longtemps.

C’est là où Jozef, un jeune homme, fraîchement arrivé de sa Cracovie natale (une terre située plus à l’Est, actuellement quelque part dans le Duché Polane), a épousé Maria, une jeune et belle ressortissante Italienne qui avait fui son pays natal. L’Italie était bien plus étendue que le Bailliage du Piémont actuel. Elle se prolongeait presque jusqu’au Conglomérat Insulaire Médéen. A l’époque, il n‘y avait que trois îles du reste. La dernière, la plus grande, est née de la submersion de la partie centrale de la péninsule italienne. Freyming tirait sa richesse du charbon, un minerai qui a permis l’essor des économies locales. Il était extrait des veines de la Terre grâce à des mines qui s’enfonçaient loin sous la surface. Jozef était mineur et il descendait chaque jour dans les entrailles du monde pour arracher cette roche noire et salissante. Mais le charbon se vengea. Il s’incrusta sur son visage, le rendant méconnaissable quand il remontait à l’air libre. Il s’insinua profondément en lui, rongeant son corps et l’usant chaque jour un peu plus. Il a chèrement payé cette violation des royaumes obscurs. Il mourut jeune, victime expiatoire d’un terrible coup de grisou, une explosion au coeur de la mine. Maria était enceinte. Avant terme, elle mit au monde un fils qui dut lui aussi lutter pour survivre dans un monde impitoyable. Il survécut et devint le chef d’une lignée généalogique dont je suis le fruit le plus tardif. Je n’ai pas oublié.

Vous vous demandez pourquoi je vous raconte tout ça ? Vous vous demandez quel est rapport avec le combat politique que je mène actuellement ? Vous avez parfaitement raison. Aujourd’hui, le passé ne compte plus. Notre Culture a aboli les obligations mémorielles. Le présent n’existe pas puisqu’il ne se conjugue pas. Le futur est compromis puisque les Portails des Grandes Destinations ont été fermés sur la décision sans appel des Stellarques. La Terre vacille sur son axe. Les Seigneurs de la Lune qui nous gouvernent sont impuissants. Ils se lamentent et s’arrachent les cheveux. Les autorités planétaires se querellent pour des futilités, laissant brûler sans discontinuer les terres ravagées par le dernier séisme magmatique. C’est une période dangereuse que nous vivons, une période sombre qui annonce des temps troublés et difficiles. L’Alliance des Duchés Marchands va renouveler son Grand Electeur au sein du Triumvirat, organe exécutif du Royaume de l’Aigle et des Fleurs. Si les libres citoyens m’élisent dimanche à cette fonction, alors une voix nouvelle s’élèvera, claire et forte, portant fièrement vos aspirations et votre idéal.

Je me souviens de chaque jour de cette campagne. Mes adversaires, dans le meilleur des cas, font preuve à mon égard d’une condescendance blessante. Ils parlent droits d’usage et taxes de suzeraineté, d’intégration physico-économique, de schémas de déplacements semi-orbitaux et de déréglementation interplanétaire des échanges commerciaux équitables, des mesures autoritaires de correction comportementale, individuelle ou collective et du gel des budgets financiers des tours opérateurs culturels. Bref, ils vous parlaient de tous les sujets dont on vous gave toute l’année ! Leurs visages sont tous semblables ne trouvez-vous pas ? C’est frappant ! Le même regard, le même style de coiffure, les mêmes cyber-implants à la fois discrets et griffés à la marque à la mode. Ils utilisent les mêmes mots à quelques nuances près. Ils sont incollables sur les chiffres, les statistiques, les holocourbes et les biographiques. Ils sont si convaincants! Ils appartiennent tous à la caste équestre et n’ont jamais vécu au-delà des murs d’enceinte de leur Parsurbana (1) d’où ils dirigent les affaires de ce monde. De votre monde. Ils sont prompts à faire voter des textes qui réduisent les conditions minimales de vie au grand bénéfice des taux d’activité et de rentabilité!

J’ai été le premier à parler de vous ! A exprimer vos doutes et vos désillusions. A partager votre souffrance et votre exaspération. Oui. je n’ai plus peur de le dire. J’ai été le premier à réemployer un terme tombé en désuétude. J’ai été le premier à parler d’identité ! Je suis sûr que mes adversaires, qu’ils soient de l’Union Adventiste des Carrousels, des Protecteurs Autarciques ou du Mouvement Progressiste des Champs Hanséatiques ! Oui, oui, je vois que vous comprenez de quoi je veux parler! Je suis sûr qu’ils sont tombés de leurs sièges. Identité ? Ils pensaient certainement aux niskans (2) d’identification . Non, je parle d’un ancien concept selon lequel nul n'existe indépendamment de ses appartenances, qu’elles soient culturelles, ethniques, religieuses ou sociales. J’ai été emprisonné deux mois pour avoir osé prononcer cette définition. La Haute Autorité de la Régulation Sociale avait visiblement peu apprécié l’emploi de mots non autorisés par les référentiels officiels. J’ai intenté des procédures et à leur grande stupeur, les Automates Arbitraux, dans leur Palais de Valhalla , là-haut sur Callisto, m’ont donné raison. Je peux remettre au goût du jour des termes que les Grandes Convulsions ont effacés.

Depuis les restrictions imposées par l’Impérium sur les échanges commerciaux, d’abord dans les quotas attribués à notre système planétaire et ensuite avec la fermeture des portails, les conditions de vie se sont précarisées un peu plus chaque jour. L’indice des restrictions a bondi de trois points en une année. Trois points. Combien de repas sautés sur la semaine ? Combien de coupures d’énergie endurées durant la saison humide ? Combien de jours chômés et non payés ? J’ai les chiffres. Ceux des autorités et les vrais. Vous ne dites rien. Vous ne dites jamais rien. Savez-vous combien de décès entraînés par les overdoses de Vie Augmentée ont été recensés sur les douze mois écoulés ?

C’est si facile. Brancher la prise neuronale et oublier tous les soucis en vivant par sublimation. Forcer la dose, pousser le curseur jusqu’à la zone rouge. Jusqu’à la zone noire. Ne plus vouloir revenir et tant pis si les neurones se consument dans le brasier cybernétique. J’ai vu leurs visages. Aucune souffrance ne s’y peignait. Un sourire béat, l’expression d’un bonheur de renoncement. Ils avaient fui ce monde où l’horizon ne veut plus rien dire et où les routes du ciel ont été fermées par les Anges derrière les nuages. Les Stellarques. Ils dirigent notre destinée sans que jamais on ne puisse voir leurs traits.

Il parait que nous sommes les citoyens bienheureux d’un puissant royaume. Celui de l’aigle couronné de la rose et du lys. Mais éprouvez-vous quelque attachement à cette terre ? Je veux dire un attachement viscéral, forgé dans le feu, le sang et les larmes ? Non. Si je suis élu Grand Electeur, je mettrai toute mon énergie à réformer en profondeur notre système économique et social. Je serai en mesure de reconstruire ce qui a été détruit. Fort de votre soutien, je soulèverai des montagnes. Il y a tant à faire. J’ai aimé cette terre. Vous connaissez mon histoire. Un mal inconnu coulait dans mes veines, corrompant mon sang et menaçait ma vie. A l’aube de mon onzième anniversaire, sans aucune explication, le mal a reflué. J’étais guéri. Cette épreuve a été une sorte de catalyseur qui m’a donné cette volonté et a fait naître en mon coeur cette soif insatiable de connaître mes origines, mes racines. Oui, j’aime votre réaction. Plus fort, encore plus fort. Que votre légitime aspiration monte comme une flèche, droit vers les Stellarques qui vous toisent en silence. Ensemble nous vaincrons. Il y a en nous bien plus qu’ils veulent le reconnaître. Il y a en nous un héritage qui se réveille et qui revendique ses droits. Il y a en nous une dignité qui a été refoulée trop longtemps. Une dignité incorruptible qui se drape dans les couleurs de ces drapeaux que je vois onduler comme le feuillage d’une immense forêt. Ils sont ceux de la France. La couleur rouge pour le sang que l’on partage, la couleur blanche pour la pureté de notre âme et la couleur bleue pour l’avenir radieux qui s’ouvre devant nous.

J’ai fait un rêve.

Je marchais au sein d’une profonde forêt. L’air était vif et piquant et le sol couvert d’une pelouse douce sous mes pieds nus. C’était une majestueuse forêt, aux arbres imposants et solennels. Leurs troncs puissants s’élevaient comme les colonnes élancées d’un temple sacré. Bien loin au-dessus de ma tête, leurs feuillages s’amoncelaient comme des nuages vivants qui laissaient filtrer une lumière tamisée de reflets émeraude. Ces arbres me parurent aussi anciens que le monde lui-même. Je n’éprouvais nulle crainte pourtant. Un sentiment de paix régnait en mon âme. J’étais chez moi. Comme jamais je ne l’avais ressenti avant. J’étais de retour chez moi. Mon exil avait pris fin. Je ne me sentais pas perdu bien que, de tous côtés, les fûts s’alignaient sans limite. Instinctivement, j’ai effleuré l’écorce granuleuse du tronc le plus proche et une vision s’imposa à moi. Un rêve dans le rêve.

J’ai vu soudain disparaître la pénombre boisée et parfumée pour me retrouver au-dessus d'une plaine inconnue où deux armées s’affrontaient près d’un moulin. L’un des camps portait, qui à son chapeau, qui au revers de sa veste, une cocarde aux mêmes couleurs que vos drapeaux. Sans en comprendre la raison, je fus submergé par un sentiment exalté. J’aurais voulu courir sus à ces ennemis que je ne connaissais pas mais qui, je le devinais confusément, attentaient à ce que j’avais de plus cher. La Liberté. J’ai retiré la main de ce tronc vénérable et la vision disparut. Je me retrouvais dans la forêt magique. Les arbres m’observaient. Oui. Ils m’observaient avec des regards familiers, comme de longs échos qui de loin se confondent dans une ténébreuse et profonde unité. La forêt était vaste autour de moi, comme la nuit et comme la clarté. Les parfums, les couleurs et les sons se répondaient.

J’ai fait encore quelques pas et je me suis approché d’un autre arbre, bien plus haut, bien plus fier. Ses branches ployaient sous l’effort. J’ai effleuré sa chair boisée et creusée de mille canaux figés.

Je fus emporté par une nouvelle vision. Le ciel était déchiré d’éclairs discontinus et le sol tremblait sous la violence de milliers d’explosions qui faisaient pleuvoir des chairs et des mottes de terre tout autour de moi. L’air était irrespirable, des nuées jaunâtres envahissant l’étrange tranchée où s’abritaient, agenouillés, des soldats masqués et terrorisés. J’ai cru qu’il s’agissait de la fin du monde. Mais quand un officier brailla un ordre que je ne compris pas, les soldats mirent la baïonnette au canon de leurs fusils. Un ordre claqua encore. Nous nous préparâmes. Le déluge d’acier s’interrompit soudain et dans cette accalmie, qui me parut tout aussi inouïe que l’orage qui l’avait précédée, nous escaladâmes le talus de la tranchée pour charger à travers un dédale de fils barbelés et de trous d’obus.

Horrifié, j’ai détaché ma main du tronc. Je transpirais, sentant encore cette odeur rance et moite de la tranchée, mélange de peur, de sang et d’urine. Dans mes oreilles j’entendais toujours les râles de ceux qui tombaient à côté de moi, fauchés en pleine course. Je me souviens de ces parfums, corrompus, riches et triomphants. Mais ce dont j’étais intimement convaincu, c’était la nécessité de tenir et de ne pas céder.

Je compris bientôt que j’étais au coeur d’une forêt symbolique dont les arbres n’étaient en aucune façon les colonnes d’un temple. Ils étaient les châsses immortelles qui gardaient précieusement des témoignages sacrés de l’essence même qui constituait la France éternelle. Chaque nuit, quand je m’endormais, j’avais hâte de rejoindre cette forêt où j’appris tant et tant. Des trésors me furent révélés, des trésors inimaginables, des trésors qui brillaient dans l’obscurité. Je connus de grands hommes dont l’intelligence et la clairvoyance illuminèrent mes ténèbres. J’embrassai des destins tragiques ou héroïques, des évènements grandioses ou misérables, qui étincelaient comme des gemmes arrachées à la gangue terrestre. C’était la France. Ils étaient la France. Tous ces rois, illustres ou lâches, tous ces génies, fous ou visionnaires, tous ces héros anonymes qui ont donné leur vie pour que survive une certaine idée, ils étaient tous la France et j’en tombai éperdument amoureux

Au matin, quand je me réveillais, ces rêves se transformaient en souvenirs impérissables. Inoubliables. Cette forêt me transporta, nuit après nuit, l'esprit et les sens. Mon engagement politique fut scellé lorsque, flânant en rêve, sous ces feuillages mythiques, j’entendis des bruits s’élever à proximité. Une sourde inquiétude naquit en mon coeur. Je me pressai vers l’origine des coups qui se répétaient à un rythme régulier. Je remarquai les tressaillements qui agitaient les feuillages des grands arbres autour de moi. La température semblait chuter au fur et à mesure que je progressai. Alors que je n’en avais jamais rencontrée auparavant, je m’arrêtai au seuil d’une large clairière.

Une lumière sale et jaune descendait du ciel et ce que je vis là, dans cet espace anormalement dégagé, me glaça le sang. Plusieurs dizaines d’hommes s’affairaient. A l’aide de scies ou de haches, ils s’attaquaient aux troncs encore debout au milieu de la clairière. Ils étaient tous vêtus de la même façon et je reconnus bien évidemment la combinaison grise et jaune des Stellarques. Ils travaillaient sans parler, aussi mécaniques que des androides. Accompagné par de sinistres craquements, un arbre pencha lamentablement avant de se coucher au sol dans un grand fracas. Aussitôt, d’autres hommes commencèrent à débiter ses branches. Le tronc était si massif que plusieurs d’entre eux purent s'y tenir debout sans se gêner. Mon coeur saignait devant ce spectacle. Je courus dans l’espoir de faire cesser cette tragédie.

Des gardes me rattrapèrent avant que je puisse atteindre celui qui paraissait superviser ce massacre. Ils me maintinrent fermement, une arme pointée sur ma tempe. Leur chef s’avança à petits pas vers moi. Il avait ce visage anguleux des outre-mondiens, affichant un air suffisant et méprisant. Il s’arrêta juste devant moi et en ricanant, il me dit :

« Je te reconnais. Crois-tu que nous ignorons ceux qui agissent contre nous ? Regarde. Je vais raser cette forêt comme tant d’autres avant elle. Il faut faire place nette et préparer l’avenir. L’ordre doit régner et l’ordre n’a pas de passé. Cette clairière est le premier cercle. Il y en aura huit autres après et quand j’aurai terminé le neuvième alors plus aucun arbre ne se dressera sur cette jachère.

Ensuite d’autres viendront. D’autres comme moi. Ils répandront du sel pour que jamais plus rien ne pousse ici. Maintenant laissez-le partir. Il ne peut rien contre nous comme nous ne pouvons rien contre lui en ces lieux. »

Quand je me suis réveillé au matin, en sueur et profondément troublé, je m’aperçus que certains souvenirs s’étaient dissipés. Je compris le grand danger dans lequel je me trouvais. Si je ne voulais pas que toutes les merveilles que j’avais découvertes à l’ombre des arbres magiques soient aussi effacées, il fallait que je sème à mon tour dans un terreau préparé. Le jour même, j’entamai ma longue marche qui m’a conduit devant vous ce soir !

Il est temps. Je vous le dit. Il est temps que nous revendiquions ce qui nous appartient. La route sera difficile et exigeante. Les obstacles seront nombreux et nos adversaires déterminés. Je vous le dit. Il faut secouer ce joug stellaire qui nous condamne à la passivité. Il n’y a plus d’émotions dans nos vies. Assisterons-nous sans protester à la lente agonie de notre patrie ? Assisterons-nous à la confiscation silencieuse de notre patrimoine éternel ? Je ne vous entends pas ? Non, je ne vous entends pas ? Oui, c’est mieux. Beaucoup mieux ! Il faut qu’ils vous entendent même s’ils se bouchent les oreilles et regardent ailleurs. Il faut refuser ce monde aseptisé et sans relief. Ils ont banni les dieux et les démons. Ils ont exilé les compétitions sportives pour éloigner le spectre de l’identification. Il n’y a plus de crime sur ce monde parce qu’il n’y a plus de passion. Nous ne sommes plus des hommes, tout juste des machines humaines dotées d’organes inutiles. Je veux un autre dessein pour vous, pour la France. Etes-vous avec moi ? ETES-VOUS AVEC MOI ?

Je ne doute pas que je vais gagner dimanche. Et je ferai renaître une ancienne ambition. Nous marcherons sur Francfort pour réclamer notre liberté. D’autres l’ont fait avant nous et ont réussi contre des forces bien supérieures. Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition. Ne sommes-nous pas Français ? Et il est écrit qu’impossible n’est pas français !

Ensemble, nous allons faire de grandes choses ! »

Il salue la foule en délire, transportée par son charisme surnaturel. Il a beau sucer des pastilles à la menthe pour masquer son haleine fétide, il ne peut dissimuler le parfum sulfureux qui se dégage de lui quand il s’échauffe.

M

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Netra  Ecrire à Netra

2012-06-23 21:42:33 

 *-*Détails
Kyuuuuuu vous deux ^^

Moi je passe plus souvent qu'une fois l'an mais je vous aime tous très fort aussi ^^

Et là c'est la saison et promis l'année prochaine j'essaie de trouver des concerts dans le sud, le nord, fin bref pas que en Bretagne pour vous voir ^^
Netra, Living for passion...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-06-24 12:16:36 

 Allons enfants de la chatterie!Détails
Les aristochats font leur révolution. Deux camps s’affrontent sur la manière de piller les poubelles, plonger dedans ou les renverser pour accéder plus facilement à leur contenu. Le brave Grosbis revendique la suprématie des plongeurs sur les renverseurs, en enrobant son discours d’une bonne couche de miel, en appelant aux éternelles valeurs félines fondamentales et en brossant un tableau particulièrement menaçant, l’univers de ces chats et les périls auxquels ils sont confrontés.

Le texte est truffé de clins d’oeil et de références. Sainte Ramina (est-ce un lien avec la sorcière Grabouille ?), le peuple des Deux Dents (pour les rongeurs) et les hommes qui chassent et/ou corrompent les félins (jolie, l’allusion aux méthodes radicales empêchant la reproduction de ces chasseurs nocturnes). J’ai appris un mot : anosmie qui veut dire être souffrir d’une incapacité olfactive.

La consigne a été remplie. Le discours obéit aux canons du genre. La flatterie, le réflexe communautaire, la communauté comme rempart à l’agression extérieure, la promesse que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Le ton est également bien rendu, avec un choix de mots étudié qui parcourt toute la gamme des émotions. Bref, c’est un excellent discours politique, au-delà de la fantaisie et de la légèreté de l’histoire. Mais en retouchant un peu le contexte et les protagonistes, je suis sûr qu’il serait assez aisément transposable dans la société humaine. Vous avez parlé de bravitude ?

Au rayon des bricoles, une broutille :

-bloqué là, pendant des heurs : sauf si tu voulais parler des aventures (un autre sens de « heur », je pense qu’il manque un « e »

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-06-26 18:55:45 

 Kermesse votive. Détails
J’ai dans la tête la ritournelle de Ghostbusters qui tourne en boucle. C’est le canon à particules nanodestructives qui m’a fait d’un coup revenir en mémoire le légendaire canon à protons qui a dézingué le grand GOZER ! Mais bon, je m’égare, comme on dit à la SNCF. C’est donc une histoire d’urnes... et pas funéraires cette fois-ci. Non, des urnes de vote tout ce qu’il y a de plus banal ! Et gare à la contrepèterie !

Alors que d’habitude, quand les morts votent, c’est assez louche, on dit que c’est un bourrage des urnes (ne cherchez pas !), dans cette histoire délirante, les morts réclament le droit de vote pour faire entendre leurs voix (d’outre-tombe bien sûr).

J’ai bien aimé :
- Shéole : qui semble dériver de la notion de SHEOL qui renvoie au séjour des morts ! La classe !
- Le canon à particules : double sens du terme « particule », qui peut aussi être nobiliaire.
- L’éveil des consciences : un autre double sens
- L’arrière-monde : l’image est jolie !
- Quand tu parles des agresseurs intérieurs..., tu fais référence au petit peuple grouillant ?

Au rayon des bricoles :
- « Moi qui a su prévenir les hommes » : moi qui aie su....
- « Les mêmes qui refusent de voir leur privilèges » : ...leurs privilèges.

Bien joué

M

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Antarès  Ecrire à Antarès

2012-06-27 09:39:55 

 RéponseDétails
Merci et pour le ressenti et pour la correction. Je vais de ce pas rafistoler les bricoles...

En fait j'imaginais surtout le corps comme une sorte de véhicule entre des sphères d'existence. Dans la langue des oiseaux, langue des alchimistes, la mort signifie "l'âme hors". Ainsi j'ai pensé à un état intermédiaire d'un individu possédant les deux caractéristiques : "Aigue" signifiant "eau" et "faulx" la Mort.

Pour les agresseurs, je fais référence à une sorte de "terrorisme". Le mot "terroriste" ayant été inventé, si j'en crois Jacques Vergès, lors de la seconde guerre mondiale par les Allemands pour qualifier la Résistance.

Pour le canon, le double sens est fortuit !

Voilà voilà !

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Antarès  Ecrire à Antarès

2012-06-27 13:48:54 

 Mon petit grain de selDétails
Le texte est bien construit et le style propre et fluide. J'apprécie particulièrement les descriptions. Bref, techniquement, ça déchire !

L'univers est intéressant : la référence à une France qui n'existe plus interpelle et fait peur.
Du coup, j'ai eu un peu de mal avec la fin : l'orateur dépeint dans les prémices comme une figure lumineuse et qui tient de surcroît un discours emprunt de sincérité et cohérent aurait une haleine de tous les diables ?! Le contraste est trop violent à mon goût.

Voilà,voilà !

PS : J'aime beaucoup les néologismes.

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Antarès  Ecrire à Antarès

2012-06-27 16:19:37 

 "Miaous, oui la guerre !"Détails
Le titre est déroutant : au premier abord, ça fait plus penser à une histoire de pingouins qu'à un vote entre mignons petits félins.

Le style est propre et fluide, techniquement irréprochable si je puis me permettre.

Grosbis vante l'ego de ses partisans en insistant sur la noblesse de sa race. Technique classique en propagande. Il divise pour mieux régner en formant deux catégories de chats : les renverseurs et les plongeurs.

J'ai beaucoup aimé la description des femelles ainsi que celle de la castration (ça éveille chez moi quelques regrets).

Le côté grandiloquent de Grosbis en fait un démagogue facilement repérable, ce qui est peut-être un peu exagéré mais comme c'est une histoire de chats, après tout pourquoi pas ?

Bref, en conclusion ton texte est très sympathique et agréable à lire. On en redemanderait !

PS : Ton texte me rappelle cette vidéo :Gouvernement des chats au pays des souris

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-06-27 20:03:02 

 quelques petits cailloux blancs...Détails
Attention, spoiler!

 J'ai d'abord semé quelques petits cailloux qui font référence à mon M préféré (Méphisto bien sûr!) :
- sa naissance : son père travaillait au fond d'une mine... il s'appelait Joseph, sa mère Marie
- il était vêtu de lumière : Lucifer signifie en latin "porteur de lumière"
- son côté séducteur...
- la force animale,
- ses conseillers lui ont offert leur âme, et c'était le plus important...
- il regrette la disparition des émotions et des passions... 


Mais évidemment, je ne voulais surtout pas dévoiler trop tôt sa véritable nature. Après le dosage, trop ou pas assez, j'avoue que la balance n'a pas été simple et qu'elle est très subjective!

Par contre, le parti-pris de l'épilogue est totalement assumé.

Plus prosaïquement, les plus grands hommes politiques (et pas forcément les meilleurs), ceux qui ont vraiment laissé une trace dans l'Histoire, sont ceux auxquels les hommes ont cru et qu'ils ont généralement suivis jusqu'au drame, bien souvent.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-06-28 22:29:54 

 Commentaire Antarès, exercice n°108Détails
C'est un texte court mais original, aux frontières de la vie et de la mort, vues sous un angle inusité. La consigne est respectée. Sans intro ni conclusion, ton discours présente bien la situation et le personnage de l 'orateur. Il s'agit effectivement d'un discours politique: c'est rempli d'assertions, de promesses, d'appels à l'union contre les adversaires, tout ceci porté par un ego de bonne taille. Moi... Moi qui... Moi qui... C'est parfaitement observé.
Une des dernières phrases est particulièrement savoureuse: "N'attendez pas davantage de preuves pour vous décider: celles-ci pourraient être la signature de notre fin à tous." Autrement dit: "Croyez-moi sur parole"...
Le titre que tu as ajouté est le bienvenu!
Peut-être aurais-tu pu étoffer un peu ton propos avec un semblant de programme électoral, quelques promesses de plus, ça plaît toujours...


Bricoles:
- savent-il seulement: ils
- moi qui a su, moi qui aie su: perdu! c'est "ai"!
-nous avons le devoir absolu de... et que se soustraire... : ... et se soustraire (ou alors: "et chacun sait que se soustraire...)
- je saurais me montrer: saurai ( c'est une promesse, pas une supposition)
- ... digne de vos attentes! N'attendez pas... : répétition


En ce qui concerne la dernière phrase: elle est hachée, pour bien capter l'attention du public et mettre le mot " serment "en valeur. Mais le mot tout seul fait un peu flop. Il me semble qu'il serait plus emphatique d'ajouter à ce serment deux ou trois adjectifs grandiloquents, dans le genre: solennel, inaltérable, irrévocable, définitif, absolu, etc...


Bien contente de ton retour parmi nous! Cependant, il va te falloir attendre un peu pour le commentaire 109, au moins tant que je n'aurai pas écrit un premier texte... Et vu le retard que j'ai déjà pris sur les commentaires... Mais comme j'y ai déjà jeté un petit coup d'oeil indiscret, ça te laisse le temps de trouver un titre... et une suite et fin...
Narwa Roquen,un peu débordée...

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Antarès  Ecrire à Antarès

2012-06-28 23:43:02 

 WA 108 RéponseDétails
Merci beaucoup ! Décidément bien des imperfections ont passées par les mailles de mon filet...
J'ai tenu compte de tes corrections et conseils.

J'ai même développé l'intrigue. Charles prend de plus en plus le melon...

Pour le WA 109, je suis très embêté car je traîne ce texte depuis des années. Depuis des années, je n'arrête pas de le retoucher, de rajouter des morceaux de phrase, d'en amputer d'autres et pire que tout : je ne sais pas écrire de fin...
Le texte du WA 109 était censé être au départ un délire dans lequel je racontais les vies d'une amie et de moi-même en les incorporant dans un univers de fantaisie. Mais depuis que notre relation a changé de nature, il m'est très difficile de le poursuivre.

Enfin si quelqu'un a des suggestions, je suis quand même preneur !

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-06-30 14:44:09 

 Beaucoup mieux!Détails
Ca commence à ressembler à quelque chose! Très bien, le Nous royal.
Juste deux bricoles:
- en aucun cas les Signes ont mentionné: n'ont mentionné
- doit donc voir jour: voir le jour



Quant à ton problème pour la 109, ce ne sont pas les solutions qui manquent.
D'abord il faut remarquer ( et Orson Scott Card le rappelle dans "Personnages et points de vue") qu'inclure dans nos histoires des personnages trop ressemblants à nos proches est le meilleur moyen de se fâcher avec eux... Mais, outre cela, quand l'auteur est trop impliqué affectivement avec un de ses personnages, il ne jouit plus de sa liberté pour faire évoluer l'intrigue.
Donc... je te conseille d'examiner ce qui, dans ton histoire, vaut le coup d'être raconté. Un personnage intéressant, un Monde original, une situation particulière... en te posant toujours la même question: "qu'est-ce que je veux dire au lecteur?" Le lecteur est marqué par un texte où il se demande " qu'aurais-je fait à la place du héros? Comment aurais-je survécu dans ce Monde? Est-ce que je suis d'accord avec la thèse défendue par l'auteur?"
Si tu trouves un élément pour lequel tu as envie de te battre, tu réécris tout en te centrant sur lui. J'entends par là repartir à zéro devant ta page blanche, sans chercher à garder une phrase. Si la phrase est juste, elle reviendra.
Si au contraire ce n'est finalement qu'un joli souvenir... eh bien mais nous avons tous dans nos tiroirs des histoires qu'on prend plaisir à relire pour soi tout seul mais dont on sent bien qu'elles n'intéresseraient personne d'autre...

Et puis quelquefois, après dix ou vingt ans, le détachement vient... et l'histoire mêlant souvenir et fiction s'écrit presque toute seule...
Narwa Roquen,au four et au moulin...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-07-02 22:43:45 

 Commentaire Maedhros, exercice n°108Détails
Ce texte me rappelle un peu l’histoire d’un certain chanteur de folk d’un genre assez spécial, dans la WA 95.
Tu as écrit une intro et une conclusion. La conclusion est effectivement incontournable car elle apporte l’élément qui fait tout basculer de manière définitive ( avant, on n’avait que des doutes), élément qui doit rester ignoré du public, donc du discours.
Mais je pense qu’on peut contester l’intro, qui par ailleurs est longue. Alors certes, il y a le paragraphe sur les Plumes, qui vaut son pesant d’or. Certes, il y a la description physique ( indispensable ?), celle de son charisme ( évident dans le discours), et les références à Jésus Christ, destinées à nous embarquer sur une fausse piste (certaines pourraient sans doute être incluses dans le discours). Je ne dis pas que ce soit désagréable à lire, loin de là. Tout comme un certain joueur de flûte, tu sais nous envoûter par ta petite musique au point qu’on en oublierait la consigne, pourvu que le texte continue encore et encore... Tu n’enlèveras pas de ma vieille caboche têtue l’idée que tu pourrais faire encore plus fort ! De plus, tout l’intérêt de la consigne était là, dans le tripatouillage des pièces du puzzle, pour qu’elles tiennent à l’intérieur du discours. Pas que mon ego s’offusque en quoi que ce soit qu’on prenne des libertés avec le thème, mais je reste persuadée qu’il existe mille et une manières de raconter une histoire, et que s’exercer à changer de manière c’est enrichir sa palette.


Le background futuriste est, comme à ton habitude, parfaitement léché et suffisamment précis pour être ( hélas !) plausible. Là, par contre, tu l’a bien amené au milieu du discours, et pourtant c’était beaucoup plus difficile. J’ai connu un cheval qui ne commençait à s’intéresser aux barres que quand elles dépassaient le mètre. En dessous, il les fauchait allègrement...
Tu décris bien les réactions de la foule, de manière indirecte mais efficace, et aussi la manière dont l’orateur sait les provoquer et les entretenir. Il connaît toutes les ficelles et il s’en sert ! Quitte à convoquer Martin Luther King et le moulin de Valmy ( qui sait ce qu’il symbolise, de nos jours ?), avec cette petite allusion, dans l’intro, à un homme « normal ». Tes arbres du souvenir me font penser au derniers tomes du « Soldat Chamane », de Robin Hobb, et ta symbolique du drapeau tricolore à celle, inoubliable, d’Edmond Rostand : « ... ce drapeau/ Plein de sang dans le bas et de ciel dans le haut / - puisque le bas trempa dans une horreur féconde / Et que le haut baigna dans les espoirs du monde... ».
La terre a connu bien des bouleversements autant géographiques que politiques, et si la domination est extraterrestre, ce sont, une fois de plus, les instances économiques qui ont le dernier mot... Quand je disais que c’était plausible...
Au rang des jolies choses :
- « le présent n’existe pas puisqu’il ne se conjugue pas ». Le paragraphe suivant, concernant le futur, est vertigineux !
- Les overdoses de Vie Augmentée !! Très fort ! Le concept de droguer la population pour la rendre docile n’est pas nouveau, les Romains y avaient pensé avant nous. Mais ta description fait froid dans le dos...
- « L’ordre n’a pas de passé »... et débouche sur les neuf cercles de l’Enfer... Bien vu...


Bricoles :
- un matin de printemps... ils furent de plus en plus nombreux : ils ont été
- en fonction des thèmes d’actualités : d’actualité
- envoutés : envoûtés
- sa Cracovie natale... fui son pays natal
- un minerai qui a permis le l’essor
- ils parlent droits d’usage et taxes de suzeraineté, d’intégration... culturels. Dans ce paragraphe, déjà ardu ( mais impressionnant !) par le vocabulaire et les différents concepts juxtaposés, il y a un grand nombre de « de » en cascade, qui fait trop forcer l’attention. Si je ne me suis pas perdue en route, « droits d’usage », « taxes » et « intégration » sont sur le même plan, ainsi que « schémas », « mesures » et « gel ». Je me demande si le plus simple ne serait pas d’enlever les « de » comme tu l’as fait pour « droits d’usages » et « taxes ».
Reste « schémas... de déréglementation interplanétaire des échanges... », où tu peux remplacer « des échanges » par « concernant les échanges », pour nous faire souffler un peu...
- Bref ils vous parlaient : tout le paragraphe est au présent
- Nul n’existe pas indépendamment : sans « pas »
- Un mal inconnu... coulait... corrompant... et menaçait : menaçant serait mieux
- Il y a en nous bien plus qu’ils veulent : qu’ils ne veulent
- Bien que ... les fûts s’alignaient : après « bien que » c’est le subjonctif
- J’ai effleuré l’écorce : le paragraphe est au passé ( imparfait, passé simple)
- J’ai vu soudain... j’ai retiré la main : idem, et idem pour le petit paragraphe suivant
- La température semblait chuter au fur et à mesure que je progressai : progressais
- Il est temps. Je vous le dit : dis
- Je ne vous entends pas ? ( 2 fois) : pourquoi « ? » et pas « ! » ?


Et voilà encore une bien belle histoire où une fois de plus, surtout en t’en sachant l’auteur, il ne fallait pas se fier aux apparences... Même quand les miroirs sont absents physiquement, la problématique de l’image apparaît toujours. Tous les auteurs ont ainsi leur terrain de jeu favori, c’est ce qui les rend particuliers. Et quel que soit le thème imposé, ils arrivent toujours à vous amener en douce exactement là où ils veulent... Mais quand le voyage a été agréable, qui s’en plaindrait ?
Narwa Roquen,avec toutes mes excuses pour le retard

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z653z  Ecrire à z653z

2012-07-24 14:29:49 

 Petit coucou à vous 3Détails
Moi je passe au moins une fois par semaine.
Mais vu que je lis les messages dans l'ordre, j'ai un peu de retard (un peu comme une voiture-balai).

PS : je laisse infuser mes commentaires pour la WA 107.

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z653z  Ecrire à z653z

2012-07-24 15:12:33 

 RaminagrosbisDétails
C'est un personnage inventé par Rabelais dans le Tiers Livre d'après mes souvenirs rafraîchis grâce à wikipédia.
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