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De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Lundi 9 avril 2012 à 20:39:07
Un texte qui respecte formellement la consigne. La suite sera rude. Je vous invite à écouter la bande son...
Par ici...

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EX VOTO


Le TGV filait vers Marseille à trois cents kilomètres à l’heure. Il était installé dans un fauteuil de première classe. Il avait choisi la salle basse pour éviter la procession des pèlerins tanguant vers la voiture-bar. Il avait réservé un siège isolé pour ne pas être importuné par un voisin. Il n’avait pas rabattu la tablette. Il n’avait rien à y poser. Dès le départ, il avait enfoncé dans ses oreilles des intra-auriculaires qui filtraient remarquablement les bruits extérieurs.

Quelques heures plus tôt, quand le Boeing avait viré sur l’aile pour s’aligner face à la piste d’atterrissage, derrière le hublot, il pleuvait sur les toits luisants de la capitale. Des nuages bas et un ciel gris. Il n’avait pas eu le temps de monter au Sacré-Coeur. Le RER l’avait déposé à la station Gare de Lyon. Plus haut à la surface, le TGV attendait. Il voyageait léger. Juste sa fidèle Samsonite qui portait encore les stickers d’American Airlines apposés par l’employé de Dallas Fort Worth. C’était encore l’hiver en France. La neige s’amoncelait aux abords de l’aéroport Charles-de-Gaulle. Mais il rentrait à la maison. Le pays de son enfance comme chantait le poète, où vivaient ses ancêtres les Gaulois. Cela faisait combien de temps? Vingt cinq ans ? Vingt sept ans exactement, à deux mois près. Il revenait dans le même état d’esprit qu’un dormeur tiré d’un rêve agréable par une main surgie du passé. Il avait laissé la maison au bord du lac et la forêt silencieuse pour rentrer en France. Il avait calculé au plus juste, emportant le strict minimum. Deux jours. Il avait pris ses dispositions avant de s’envoler du Texas. Sa vie était là-bas maintenant, plus ici. Et cela serait encore plus vrai quand son avion redécollerait de Roissy samedi. Il ne pouvait rester plus longtemps. Une histoire à terminer des deux côtés de l’Atlantique.

La voiture 3 était presque vide. Dans ses oreilles, la musique de Crossbreed déversait son énergie syncopée et industrielle. Cette musique lui vidait la tête. Il ferma les yeux et le présent s’estompa. Il n’avait pas sommeil. Il ne dormirait pas. Toujours aux aguets. Il se précipitait à plus de trois cents kilomètres à l’heure vers la ville où il était né. Marseille la rebelle. Marseille et ses villages. Marseille et sa Bonne Mère. La Canebière. Le Pharo et le Prado. Le Port et ses quais. L’atmosphère particulière qui régnait dans cette ville ne pouvait être comprise nulle part ailleurs. Il fallait avoir marché dans ses petites rues, du côté du Panier ou de la Porte d’Aix, pour commencer à percevoir cette qualité si spéciale. Il était fier d’être Marseillais même s’il avait perdu son accent chantant et s’il ne mettait plus de chaîne voyante autour du cou.

Il revenait pour quarante huit petites heures. Il n’avait aucun compte à régler et tous ses souvenirs s’étaient transformés en fantômes depuis bien longtemps. Depuis qu’il avait fui il y avait vingt sept ans. Une seule raison pouvait le pousser à acheter un billet d’avion. Il avait reçu une lettre. Une simple lettre “ Air Mail ” dont l’adresse n’était en réalité qu’une boîte postale anonyme dans la banlieue de Big D. Avant de fuir la France, il avait laissé ses coordonnées à une personne en qui il avait toute confiance. Quand il avait déchiré l’enveloppe, une feuille de papier s’était échappée et avait glissé au sol. Elle comportait un texte aussi concis qu’un télégramme. Cinq lignes suivies d’une adresse et d’un numéro. Une fois lue, il avait regardé vers la porte menant à la cave, évaluant la situation. Toute la nuit, il avait mis de l’ordre dans ses affaires. Au matin, quand l’aube s’était levée sur le lac Roberts, il avait sorti la Samsonite du placard et y avait fourré quelques affaires.

Son passeport en poche, il s’était assis au volant de la Patriot pour gagner l’aéroport. Cinquante six miles. Une balade d’une heure et demie. Avant le premier tournant de la route blanche, il avait jeté un dernier regard dans le rétroviseur. La maison au bord du lac s’éloignait. Il n’avait pas terminé. Il lui adressa une promesse muette. Il reviendrait vite. Puis il avait accéléré et le lourd 4X4 avait bondi goulûment sur le chemin rempli d’ornières. Après le virage, il avait commencé à redevenir tout doucement français. Il avait quatre vingt dix kilomètres à faire avant d’atteindre l’aéroport.

Peu avant Marseille, le train pénétra à toute vitesse dans un tunnel. Il ouvrit les yeux. Derrière la vitre, l’obscurité était rythmée par des tirets lumineux qui se succédaient régulièrement. Ses regards se perdirent peu à peu dans ce défilement hypnotique, sans cesse renouvelé. C’était comme s’il évoluait dans un univers organisé qui se refermait sur lui-même et refusait de se laisser corrompre. Une sourde inquiétude monta alors en lui. Il eut l’impression dérangeante que ce tunnel n’avait pas de fin et que le train filait droit vers l’Enfer. Car il ne doutait pas qu’il pouvait en aller autrement. L’Enfer l’attendait. Avec ses flammes et ses démons. Ses tourments et ses remords. L’impression persistait et le tunnel n’en finissait pas, sautant de seconde en seconde. Dans le compartiment, les visages ne reflétaient aucune émotion particulière. Certains lisaient l’Equipe en tournant bruyamment les pages. D’autres étaient plongés dans l’adoration de leur ordinateur portable. D’autres encore sommeillaient, la tête appuyée contre la vitre. Au dehors, les traits de lumière continuaient de découper des tranches de ténèbres, sans jamais donner le sentiment que l’extrémité du tunnel se rapprochait. Sans s’en rendre compte, il interrogeait cette nuit d’où le train tentait de s’échapper sans y parvenir. Brusquement, une pensée s’imposa à lui. Il ne verrait jamais Marseille. Il demeurerait, pour l’éternité, prisonnier de ce TGV filant vers l’inconnu sur des rails maudits qui ne rejoignaient aucune gare. Il était peut-être mort sans le savoir et son âme voyageait à bord de ce train infernal en compagnie d’autres damnés qui l’ignoraient aussi. La logique et la raison le désertèrent. Il arrêta de respirer. Comme si le fait de suspendre ce réflexe lui accordait une sorte de temps supplémentaire. Comme dans une partie de flipper. Extra time. Il sentit la panique gagner progressivement ses sens. Ce tunnel ne finirait-il donc jamais ? C’était impossible. Il était en 2012 et il était assis dans un fleuron de l’industrie française des transports. Rien ne lui arrivait. Juste une relation au temps peut-être inhabituelle.

Et si l’Enfer l’avait finalement convoqué? Il avait été croyant. A l’époque, chaque fois qu’il le pouvait, il se rendait à la Basilique sur la colline de la Garde pour contempler les ex-voto accrochés aux murs. Tous ces remerciements à la Sainte Vierge l’étourdissaient, l’enveloppaient dans leur bénévolence sacrée. Mais il s’était éloigné d’Elle irrémédiablement. L’ombre envahissait peu à peu son coeur. Il cherchait en vain une réponse, allumant des cierges en vain. Ils se consumaient sans lui apporter réconfort et paix.

Il se força à détacher ses regards de l’obscurité qui défilait et changea de répertoire sur son Ipod. Il programma un album bourré d’énergie communicative. Une musique légère et dansante. Une voix féminine et bronzée, agréablement chaude et sensuelle. Ce putain de tunnel allait-il se terminer bientôt?

Comme en réponse à sa question, la lumière du soleil inonda brusquement la voiture et le train déboula vers la Méditerranée, miroir d’argent dans le lointain. Il laissa derrière lui les cavernes sombres et oppressantes. Le poids sur son âme s’évanouit. Il se sentit alors plus léger. Il était du bon côté de la voiture et le paysage sublime de la Provence s’offrit à ses yeux éblouis. Il n’aurait jamais imaginé que cela le toucherait autant après toutes ces années. Il reconnut les couleurs du ciel et de la mer. Cette lumière intense qui miroitait et palpitait, ce ciel si bleu qu’il en devenait profond et infini, ce vent qui couchait les arbres et dispersait les nuages. Ce vent qui faisait naître des couleurs si magiques. Nulle part il ne les mariait aussi bien qu’ici, en cette belle terre de Provence. Il avait vécu presque trente ans à des milliers de kilomètres de sa terre natale et il suffisait qu’elle se découvre à lui et c’était comme s’il n’était jamais parti. Il était chez lui.

Il passa sa main droite sur le haut de son bras gauche, là où il avait ressenti un picotement. Sous le chandail et la chemise, il y avait un vieux tatouage, près de l’épaule. Un tatouage presque délavé maintenant. Il représentait une modeste étoile nautique aux branches bicolores. Une partie sombre et une partie claire. Il était entré dans la petite échoppe quand la lumière de la Bonne Mère s’était éteinte dans sa vie, le laissant perdu et impuissant, seul sur un océan d’émotions inconnues. Et cela lui faisait si peur! Il avait fait tatouer sur sa peau cette étoile pour le guider et regagner la terre ferme.

Elle l’avait guidé, ça oui ! Mais il n’avait jamais retrouvé le chemin du port. Il était devenu une sorte de bateau fantôme rôdant sur une mer de cauchemar où des vents contraires l’avaient poussé hors des routes connues et des havres sûrs. Il avait navigué trop loin, beaucoup trop loin et il avait exploré des parages interdits. Mais sur son épaule, l’étoile le guidait. Il avait suivi sa route sombrement lumineuse. Jusqu’à aujourd’hui. Il rentrait.

Marseille apparut et la magie sublima sa perception. Cette ville était belle et blanche, comme une madone agenouillée au bord d’une mer au bleu presque noir, une mer fouettée par le Mistral qui repoussait les moutons blancs de l’écume vers le large. La réverbération du soleil sur la pierre nue arrachait des éclairs brûlants au fur et à mesure que le TGV s’approchait de l’Estaque. Plus loin, le port dressa ses portiques et ses grues le long des quais immobiles où étaient arrimés les ferries et les cargos débarquant passagers et conteneurs. C’était à bord de l’un d’eux qu’il s’était faufilé, passager clandestin, voici presque trente ans.

C’est à ce moment qu’il nota les différences. Une tour de verre majestueuse s’élançait très haut dans le ciel, tel un phare antique, à l’entrée de la Joliette. Une tour immense qui n’était pas là quand il était parti. Il remarqua aussi la disparition de la hideuse passerelle autoroutière qui défigurait les docks. C’était toujours Marseille mais elle avait subtilement changé. Du regard, il chercha et trouva bien vite la silhouette de la Bonne Mère. Elle veillait toujours au-dessus de la cité phocéenne. La basilique était peut-être plus éclatante, moins grise que dans son souvenir. La sainte Vierge qui tenait dans ses bras l’enfant divin, resplendissait d’un or qui semblait ruisseler. Puis le TGV pénétra dans les faubourgs, la gare était toute proche à présent. Les autres passagers s’ébrouèrent et rassemblèrent leurs affaires, annonçant l’imminence de Saint-Charles. Il n’esquissa aucun geste. Il avait le temps. Parmi les multiples émotions qui l’assaillaient, il n’y avait ni joie ni soulagement. Il venait pour une toute autre chose. Une histoire à refermer de ce côté-ci de l’Atlantique.

Saint-Charles. Quand le train s’immobilisa, il attendit à sa place que les autres voyageurs aient tous quitté la voiture. Il se leva lentement. Empoignant son bagage, il se dirigea vers la porte. Tant qu’il était dans le train, il avait l’impression d’être toujours hors du présent, de ne pas interférer avec le cours des évènements. Il ne faisait pas encore partie du décor. Un sentiment de légèreté et d’insouciance, une forme de décalage horaire personnel. Il n’appartenait pas à la flèche du temps. Mais à la seconde où son talon se posa sur le quai, il sut que plus rien ne serait désormais comme avant. Le temps avait repris son cours et il l’emportait sans qu’il puisse s’y opposer. De spectateur, il devenait au mieux acteur, au pire objet. Les choses allaient arriver, enclenchées par un processus irrémédiable. Des choses désagréables et inévitables.

La gare avait aussi changé. Moins sinistre, moins glauque. Cela n’était pas dû à la lumière qui se déversait à grands flots. Une aile nouvelle avait été édifiée, moderne et spacieuse avec boutiques et esplanade. Au bout de celle-ci, il devina la lourde façade de la faculté des sciences. Il repéra les pictogrammes qui indiquaient l’accès au métro. L’interminable escalier mécanique s’enfonçait lentement vers la station de métro, sa pente toujours aussi vertigineuse. Il acheta quelques titres de transport aux machines automatiques. Il descendit encore d’un niveau pour atteindre le quai de la ligne 1. Les rames de la RTM étaient comme dans son souvenir. Les gens autour de lui aussi. Il y avait une telle diversité culturelle. Ils étaient tous différents et pourtant ils étaient tous Marseillais, qu’ils fussent blancs, blacks ou beurs. C’était une façon d’être, une façon de se tenir. Il était parti depuis près de trente ans mais ici, dans le ventre de Marseille, le temps semblait s’être arrêté. Castellane. A Marseille, on ne pouvait guère se perdre, le métro ne comportant que deux lignes. Il nota que la ligne 1 avait été rallongée. Elle poursuivait sa course jusqu’aux Caillols à présent. Il s’arrêterait avant. A la Timone. Telle était sa destination.

Il n’avait informé personne de sa venue même si certains devaient l’espérer. Ou la craindre. Il était sur ses gardes même si le temps avait passé et qu’il n’avait aucun compte à régler. C’était vrai. Pourtant, il n’était pas le seul dans cette histoire. Beaucoup étaient morts. De mort violente. Leurs corps étaient allongés dans un caniveau avec deux balles de gros calibre. Une dans la tête, une dans le ventre. Une signature. Pendant un temps, il avait suivi l’actualité marseillaise de loin.

Les fantômes ne faisaient de mal à personne. Sauf dans les cauchemars mais il suffisait alors de se réveiller pour les faire aussitôt disparaître. Ils ne lui avaient jamais fait peur. Il n’était pour rien dans ces morts même s’il n’avait pas versé une seule larme sur leur sort. Aujourd’hui, il ne devait pas rester beaucoup de survivants de ces années de plomb.

Il avait dix-sept ans. Les ailes noires n’avaient pas encore poussé dans son dos. Il faisait partie d’une bande de potes d’enfance. Ils avaient commencé à se tailler une petite réputation dans le prolétariat du milieu en écumant le port et les petites stations balnéaires, Cassis, La Ciotat, Carry-le-Rouet, à la bonne saison. Des petits casses qui ne rapportaient pas grand-chose mais qui avaient permis d’attirer sur eux l’attention de certains commanditaires plus sérieux. Ils avaient pris des galons et les flics de l’Evêché avaient commencé à punaiser leurs exploits sur le tableau des enquêtes en cours. Taciturne, il faisait son boulot sérieusement mais sans plus. Il lui manquait quelque chose. Rapidement, leurs casses de plus en plus sophistiqués ne le faisaient plus frissonner. Il avait l’impression de n’être pas si différent des caves qui se levaient chaque matin pour aller pointer au chomdu. Il avait de l’argent, une belle moto et des filles. Oui et alors !

En 1985, une maladie encore mystérieuse avait fait son apparition, importée des Etats-Unis. Une maladie qui semblait être le fléau de Dieu punissant les impies et les sodomites. Lui, il se sentait à l’abri, protégé par la Bonne Mère. Chaque dimanche, il montait à la basilique où il récitait une courte prière face à l’autel illuminé. Avant de ressortir, il s’arrêtait devant les ex-voto de la chapelle Saint-Pierre. Tous ces navires luttant contre les vagues déferlantes de mers monstrueuses semblaient l’appeler. Il lui avait fallu un peu de temps pour déchiffrer leur appel.

L’escalator le ramena à la surface. De l’autre côté des grilles, l’hôpital de la Timone se dressait comme une citadelle imprenable. Elle était là. Elle se cramponnait encore un peu à la rampe. Elle l’attendait. Il était venu pour elle. Il pénétra dans l’imposant bâtiment. Il interrogea un panneau indicateur pour se repérer dans le labyrinthe hospitalier. Le service d’oncologie. L’étage. Il se dirigea vers un groupe d’ascenseurs. Il n’était pas le seul à attendre. Des visages éteints. Des visages anonymes. Des yeux qui évitaient de croiser son regard. La porte de l’ascenseur, qui tenait plus du monte-charge industriel, s’ouvrit en brinquebalant. La cabine les avala d’une seule bouchée, s’affaissant légèrement sous leur poids. Le tableau de commandes s’illumina comme un sapin au fur et à mesure que les doigts enfonçaient les touches. Bonne pioche, l’étage auquel il voulait se rendre faisait partie des gagnants. Il évitait ainsi de toucher les boutons trop patinés par des mains inconnues. Il ne portait pas de gants de latex aujourd’hui. Il les avait laissés au Texas. Il se retira dans le fond, ce qui lui permit de n’avoir aucun angle mort. Vieille habitude. Les parois étaient couvertes de graffitis plus ou moins bien nettoyés. Après une secousse qui souligna la fatigue ou l’exaspération de la machine, l’ascenseur entama sa course à une lenteur toute pachydermique. Chaque arrêt était également accompagné d’une forte trépidation. L’ascenseur se vida peu à peu. Finalement ils ne furent plus qu’une poignée. Deux voyants étaient encore allumés. Le prochain arrêt était le sien. Combien allaient le suivre ?

La porte coulissa et s’escamota dans la cloison. Un homme assez jeune pour être son fils sortit rapidement. Il lui emboîta le pas pour se retrouver dans un large couloir badigeonné d’une peinture blanc cassé ou beige très passé. Une fois dehors, il attendit encore, faisant mine de se plonger dans la lecture du panneau listant les spécialités et les numéros des chambres. La porte se referma en chuintant. Personne d’autre ne l’avait imité. Le couloir était désert.

Chambre 669. Il n’allait pas donner dans le mystique ou l’irrationnel. Elle aurait porté le numéro 666 que cela ne lui aurait fait ni chaud ni froid. C’était juste un nombre. Mais elle était là. A l’attendre. Elle n’avait plus beaucoup de temps désormais. La lettre avait été impersonnelle mais factuelle. Il lui restait moins de jours qu’une main avait de doigts. Et le premier n’était pas hier. Ni avant-hier. Le service d’oncologie était tout au fond du couloir. De façon guère surprenante, il était aussi désert que silencieux. La proximité de la mort et de la douleur sans doute. Un panonceau suspendu au plafond l’avertit qu’il pénétrait dans l’antre de la bête. Cette bête qui l’avait déjà à moitié dévorée. Cette bête qui lâchait rarement sa proie quoiqu’en disaient les docteurs et jamais quand ses mâchoires se refermaient sur vos tripes.

La porte 669 était fermée. Dans sa poitrine, son coeur avait vingt cinq ans. Il en avait cinquante deux mais devant cette porte toute blanche, les pulsations de son coeur le ramenèrent vingt-sept ans en arrière. Sa main hésita. Il compta cinq battements supplémentaires et, abaissant la poignée, il poussa le battant. La pièce était plongée dans la pénombre. En face de lui, des machines cliquetaient et clignotaient autour d’un lit médicalisé. Une forme allongée était presque ensevelie sous le drap. Il devina plus qu’il ne les vit, les tuyaux, les sacs de perfusions, les appareils qui pompaient et qui aspiraient, les écrans affichant des points lumineux à la course erratique et verdâtre. Et puis il perçut une respiration assourdie, mi-organique mi-mécanique. Un râle si discret qu’on aurait dit qu’il ne voulait pas déranger. Elle était là. Elle était là.

Il avait l’impression d’être Edmond Dantès qui revenait d’entre les morts. Mais ce n’était pas ça. Il n’était animé par aucune envie de vengeance. Plutôt le contraire. Et ce n’était pas Mercedes qui gisait sur ce lit de douleur. Non. C’était sa mère. Sa mère ! L’image la plus proche de sa conception de la divinité. Quand il était adolescent, il allait zoner du côté de la Pointe Rouge, à regarder la mer. Il jetait des galets dans les vagues mais là n’était pas l’important. De l’autre côté de la baie, à une très grande distance, le port hérissait l’horizon de ses portiques. Le Port. Leur caverne d’Ali Baba. A l’époque, il appartenait à la bande des quarante voleurs. Ce n’était pas grave puisque du haut des cieux, veillait sur eux la Bonne Mère.

Il s’approcha du lit. Un squelette de métal brillant supportant un corps presque translucide. Celui de sa mère. C’était à cause d’elle qu’il s’était enfui. Pas à cause des flics. Ni à cause des mecs du Zodiaque. Ni à cause des règlements de comptes qui avait décimé le milieu marseillais lorsque les jeunes loups s’attaquèrent au clan Zampa moribond. Il s’était enfui à cause de la seule personne au monde qui n’aurait pas manqué de se rendre compte du changement s’opérant en lui. La seule qui aurait compris au tout premier regard. Celle qui l’avait enfanté. Sa mère.

Oh, elle n’aurait pas critiqué les petits casses et les histoires du même tonneau. Sa mère était Corse. Elle avait épousé un homme qui venait de son village natal. Un homme qu’elle avait aimé toute sa vie. Toute sa courte vie car il avait été abattu par la police au terme d’une course poursuite à proximité des Arnavaux. Sa mère avait une conception de la morale qui aurait sans doute désorienté les psychiatres et les juges d’instruction. Si elle lui avait inculqué le respect de bien des valeurs, elle avait légèrement décalé la ligne séparant le bien du mal par rapport à la norme habituellement admise. Mais quand les ailes noires poussèrent dans son dos, quand ses visites à la basilique ne lui apportèrent plus aucun réconfort, il comprit que sa mère ne devait jamais savoir. Elle en aurait eu le coeur brisé. Elle se vêtait de noir depuis la mort de son mari mais elle marchait la tête haute dans la rue. Elle savait bien que son homme n’avait transgressé aucune des lois auxquelles elle croyait, même si la justice des hommes n’était pas du même avis. Or, la chose qui grandissait en lui, la chose qu’il nourrissait en son sein, était à des années lumière de son entendement. Elle aurait eu honte. Elle se serait recouverte la tête d’un voile noir qui aurait fait d’elle un fantôme. A la Major, elle se serait agenouillée devant Sainte Véronique, sa sainte patronne, pour y prier une rédemption impossible.

Sa mère avait les yeux clos et un masque dissimulait le bas de son visage. Sa peau diaphane était cruellement tirée sur ses pommettes. La maladie suçait sa moelle petit à petit. Elle semblait si frêle et si menue que le lit de l’hôpital en paraissait gigantesque. Elle avait l’air d’un enfant. Un enfant immensément vieux et fatigué. Les ailes noires s’ébrouèrent dans son dos, emplissant toute la chambre. Heureusement que sa mère ne put le voir en cet instant car elle aurait vu une créature ténébreuse assombrir la lumière du jour.

Quelqu’un toussa discrètement derrière lui. Il se retourna pour découvrir une jeune femme. Dans le trouble qui s’empara de lui, il remarqua simplement qu’elle était très jeune. Qu’elle avait de longs cheveux châtains, des yeux clairs et une bouche finement dessinée. Tout le reste de son corps était comme nimbé d’un halo vaporeux. Elle était à la fois proche et distante. Elle lui sembla jolie. Une beauté primitive, pas du tout sophistiquée. Il respira une petite bouffée d’Amérique quand les ailes noires tressaillirent, essayant de se déployer. Le sentiment habituel. Il aurait pu l’inviter dans la maison près du lac, au fond de la forêt. Comme les autres.
Cependant, pour une raison inconnue, les ailes noires se refermèrent presque aussitôt. La vision du lac endormi s’évanouit, emportant avec elle les parfums doucereux des arbres penchés au-dessus des eaux sombres et calmes. Un souvenir tenta de se frayer un chemin à travers sa mémoire profonde.

La voix de la jeune femme rompit le charme :

« Elle ne va plus souffrir très longtemps heureusement ! » dit-elle en se levant gauchement, comme intimidée par le grand gaillard qui avait fait irruption en bousculant l’ordre et la quiétude de la petite pièce mortuaire.

Il la regarda sans vraiment la voir. Bien sûr, il savait que le terme approchait sinon il n’aurait pas traversé l’Atlantique. Il n’était pas venu pour être pardonné. Il n’avait que faire d’un pardon. Ni de sa mère ni de personne d’autre. Il n’avait nul besoin de s’expliquer ou de se justifier. Il était venu parce que la lettre était formelle. Elle partait. Ses jours étaient comptés. Les médecins lui accordaient cinq jours. Dans quarante heures, ce délai aurait expiré. Selon toute vraisemblance, elle était dans le coma. Il savait décrypter les informations affichées par les instruments autour du lit. Phase terminale. Soins palliatifs. Il aurait pu détailler les composants chimiques entrant dans le protocole de la perfusion. Principalement des doses massives d’anti-douleurs. La bête mangeait les entrailles de sa mère. Elle terminait son festin et ne laisserait aucune miette. Déjà le corps allongé sur ce lit ressemblait à peine au souvenir qu’il gardait de sa mère. Aujourd’hui, elle ressemblait à une ombre. A une illusion. C’était une enveloppe charnelle à moitié vide.

La jeune femme reprit, toujours debout devant son fauteuil :

« Vous êtes de la famille? Il y a comme un air de ressemblance entre vous et Isolina. C’est pourtant la première fois que je vous vois!»

Isolina. Ses oreilles n’avaient pas entendu ce prénom depuis des lustres. Isolina. Un prénom rare et précieux. Un prénom prédestiné qui reflétait parfaitement le caractère de cette femme, secret et volontaire. Isolina. Il ne lui avait jamais dit qu’elle avait un si joli prénom.

« Je vis à l’étranger, loin d’ici. Aux Etats-Unis. J’ai été prévenu récemment. Je m’appelle Romain ! »

Il n’en dit pas plus. Il s’appelait Romain parce que c’était le prénom qu’avait déclaré son père à l’officier d’état-civil de la mairie. Sa mère lui avait expliqué. Elle tenait absolument que sur ses papiers, figure un prénom français en bonne et due forme, comme elle disait avec cette voix grave et mélodieuse. C’était comme prendre une assurance bon marché contre les malices du destin. En fait, son véritable prénom était Rumenzu. Son père le lui avait confié quand il avait atteint l’âge de raison. Rumenzu, l’énigmatique et l’insaisissable. Il l’avait accepté comme une sorte de pied de nez fait par anticipation aux autorités françaises et à leurs flics. Ils ne l’attraperaient pas. Ses parents ne s’étaient pas trompés puisque, jusqu’à aujourd’hui, aucune main ne s’était abattue sur son épaule.

« Romain... ! » la jeune femme déglutit. « Romain, dites-vous ? »

Elle écarquilla les yeux où se lurent, étroitement mêlées, une indicible stupéfaction et une réprobation horrifiée. Elle l’avait reconnu comme on reconnaît un pestiféré ou plus certainement un fils qui s’est détourné de l’amour de sa mère.

« Oui, je suis le fils aîné d’Isolina. » Sa voix fut plus sèche qu’il ne l’aurait souhaité. Un vieux réflexe de défense.

A ce moment, une inquiétante série de bips sonores stridula au-dessus du lit. Ce genre de bip annonciateur de malheur. Une poignée de secondes plus tard, la petite chambre fut envahie par des personnels médicaux qui leur intimèrent l’ordre de quitter les lieux. Ils se replièrent dans le couloir. La porte fut refermée. Plus aucun bruit.

« Vous voulez un café ? Il y a un distributeur à l’angle du couloir. » lui demanda-t-elle d’un air nerveux.

« Pourquoi pas ? »

Cette jeune femme ne le laissait pas indifférent. Sa forme de visage lui était familière. Il n’arrivait toutefois pas à se rappeler. Trente ans à refouler le passé érigeaient des murs bien difficiles à abattre. Elle lui plaisait mais sans cette connotation particulière qui l’attirait invariablement chez celles qu’il amenait dans la maison au bord du lac. Non. Il ne lui ferait aucun mal. Il la suivit, ses longs cheveux flottant librement sur ses épaules.

« Vous vous appelez ? » Il s’aperçut qu’il ne savait toujours pas son nom.

« Chiara ! Je ne suis pas vraiment de la famille mais je chéris Isolina autant que si elle était ma grand-mère. D’ailleurs, dit-elle en riant doucement, je n’en ai pas d’autre. Elle m’a tant appris. Petite, j’étais toujours chez elle, au grand dam de ma mère qui me laissait pourtant faire. Isolina m’a révélé les secrets qu’elle conservait et qu’elle tenait de sa grand-mère. Je me sens plus Corse que Marseillaise vous savez ? Elle m’a donné le goût de certaines choses. Des choses cachées et merveilleuses. »

Un curieux sentiment de jalousie pinça l’âme de Romain l’espace d’un battement de coeur. Elle semblait être bien plus proche de sa mère qu’il ne l’avait jamais été. Il lui envia le temps qu’elles avaient passé ensemble.

Elle glissa une pièce dans la fente de l’appareil. Romain était de plus en plus troublé, n’arrêtant pas de dévisager cette jeune femme qui lui rappelait... cela se rapprochait. Elle ressentit son trouble, rougissant légèrement. Elle passa la main dans ses cheveux comme... Cela devenait insupportable. Une ombre se détacha des ombres pétrifiées de sa mémoire et flotta vers lui, encore trop indistincte. Chiara lui tendit le gobelet contenant un liquide noir et fumant. Il le porta à ses lèvres et stoïque, en avala une courte et brûlante gorgée. Pendant ce temps, elle avait choisi pour elle. Elle sourit de son désarroi. Elle tenait son gobelet au creux de ses mains réunies en coupe et soufflait doucement dessus.

« Vous vivez où aux Etats-Unis ? »

« Au nord du Texas. Au-dessus de Dallas. Un coin reculé! »

« Et vous faites quoi ? »

« Je suis un consultant juridique indépendant. Je travaille à la prestation pour des firmes de Dallas. Des problèmes arides de droit des affaires et de contentieux commerciaux. Banal et sans intérêt mais cela paie le loyer et les taxes tout en m’assurant un maximum de temps libre. Et j’ai énormément besoin de liberté ! »

« Si vous me trouvez trop indiscrète, vous pouvez ne pas me répondre... mais votre mère ne m’a jamais parlé de vous. Je ne vous connais qu’indirectement ! »

Elle s’arrêta, presque gênée, mais il l’encouragea du regard. Elle poursuivit :

« Vous savez, comme ces planètes invisibles qu’on a découvert uniquement en présupposant leur existence grâce aux anomalies qu’elles généraient dans les orbites des autres planètes. Vous êtes absent d’une façon absolue. Nul ne parle jamais de vous et pourtant votre absence influe sur l’agencement des choses. C’est dur à décrire avec des mots. Une espèce de fantôme présent aux anniversaires, aux mariages, aux fêtes de Noël et aussi aux enterrements ! »

Chiara ne put s’empêcher de rire tout doucement. Ce n’était pas tous les jours qu’elle discutait avec un fantôme en chair et en os. Contrairement à sa réaction habituelle, il laissa couler. Ce n’était pas grave. Dans moins de deux jours, il s’envolerait à nouveau vers l’Ouest et il quitterait définitivement la France. Jamais plus il n’y reviendrait. Le fantôme regagnerait les nuages et partirait dans le soleil couchant. Comme le faisaient tous les fantômes. Alors, face à cette jeune femme qui lui rappelait une autre jeune femme, il se montra patient :

« Oh, alors vous me comparez à Pluton ? La planète la plus éloignée du Soleil. Oui, l’image est assez fidèle. Effectivement, la position de cette planète a été calculée bien avant qu’on ne puisse l’observer au télescope! »

Pendant qu’il prononçait ces mots, il s’aperçut qu’il commettait un véritable lapsus révélateur. Pluton n’était-il pas également le dieu des Enfers, l’équivalent romain de l’Hadès grec? Comme les scientifiques avant eux, il connaissait des agents fédéraux qui essayaient de déterminer sa position à l’aide des maigres indices qui parsemaient leurs enquêtes. Un plus particulièrement. Un plus perspicaces que les autres. Il avait suivi sa trace dans bien des Etats. Romain s’était pris d’une étrange affection pour cet enquêteur entêté. Il laissait à son attention de petits cailloux blancs qu’il était le seul en capacité de découvrir. Romain déposait un peu à l’écart de la scène de crime, une carte postale toute banale. Une carte achetée dans les boutiques de souvenirs des petits ports qui jalonnaient la côte Est. Une carte postale reproduisant des marines. Plus exactement des reproductions de tableaux de Winslow Homer ou d’Albert Pinkham Ryder. Ou de bien d’autres encore. Des cartes postales comme il s’en vendait des milliers chaque année aux touristes en bermudas descendant vers les Keys.

Il maîtrisa la nervosité qui l’envahit et il décida de mentir. Effrontément. Nul n’en serait peiné à présent.

« C’est une très longue histoire. Une histoire corse. Vous savez, des secrets de famille, ce genre de choses très compliquées. Une très longue et navrante histoire. J’avais mes raisons même si elles vous sembleraient sans doute incompréhensibles... »

Il s’interrompit, un frisson glacé lui parcourant le dos. Il fit un geste maladroit et renversa une bonne quantité de café qui macula le sol. Le souvenir s’imposa à son esprit. Un visage oublié se superposa à celui de Chiara. Un visage rieur et confiant. Un visage né de la poussière du passé. Un visage qui le contemplait d’un air inquiet. Non, c’était Chiara et non pas... et non pas de celui de... Il chancela sous le coup de l’émotion. Il repensa à ce que lui avait dit un jour Jimmy, à Dallas, dans le bureau climatisé qui dominait toute la ville. De sa voix traînante inimitable, Romain ne savait plus à quel propos, Jimmy lui avait lancé :

« The past that jumps out at you, like a mad cat »!

Oui, le passé lui sautait au visage comme un chat enragé ! Il la reconnaissait et un torrent d’émotions trop longtemps contenues le submergea. Il vit devant lui...

« Madame, monsieur ? »

Le médecin se tenait derrière eux. Romain se retourna vivement. Avant que le moindre mot ne fût échangé, il avait compris. Chiara triturait son gobelet vide. Elle aussi avait pressenti la triste nouvelle.

« Son coeur était trop fatigué. Elle a vaillamment lutté mais les forces lui ont manqué. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir. Je suis désolé ! »

Le médecin semblait éprouver une peine sincère. Romain pouvait deviner quand les gens en face de lui feignaient. Isolina inspirait ce genre de sentiment. Quiconque l’approchait suffisamment tombait sous son charme. Romain autorisa la larme à glisser le long de sa joue tandis que Chiara s’effondrait en sanglots dans ses bras. C’était terminé. Elle avait patiemment attendu que son fils se tienne enfin devant elle pour rendre les armes. Elle avait senti sa présence par-delà les voiles arachnéens qui emprisonnaient ses sens. Le lien unissant la mère à son enfant était bien plus fort que la douleur et la maladie.

Il devait rentrer chez lui maintenant. Cette ville lui était aussi étrangère que s’il venait de la Lune. Il devait rentrer chez lui mais il ne le pouvait plus. La femme qu’il tenait maladroitement entre ses bras n’était pas Chiara. N’était plus Chiara. Il était à nouveau ramené vingt sept ans en arrière. Il tenait une femme également dans ses bras. Une femme en pleurs. Une femme qui ne voulait pas croire les mots très durs qu’il avait prononcés. Des mots définitifs et aussi coupants qu’une lame de rasoir. Un visage baigné de la clarté lunaire s’était levé vers lui. Elle n’avait pas compris la peur qui l’étreignait. Les ailes noires bruissaient, menaçantes, dans son dos. Il ne voulait pas lui faire de mal. Il devait partir. Ce visage ressemblait furieusement à celui de Chiara. C’était celui de Claire. Il avait enfin réalisé, sans comprendre comment, qu’il tenait entre ses bras... sa fille !

Pendant ce temps, en provenance de Dallas, un Falcon 900 atterrissait à Marignane. C’était un avion spécialement affrété par le gouvernement fédéral américain. Il avait fait une escale technique ultra-courte pour franchir les 7.600 kilomètres séparant les deux villes. Il se gara devant un entrepôt à l’écart des terminaux commerciaux. Un homme athlétique et bronzé apparut sur la passerelle. Il regarda le ciel qui tirait vers le crépuscule. Il venait à Marseille pour trouver des réponses. Il tenait un attaché-case. Celui-ci contenait un curieux jeu de cartes. Au lieu des trèfles ou des piques, des carreaux ou des coeurs, les cartes représentaient des marines. Une voiture grise et banale attendait au pied de la passerelle, conduite par un homme du RAID en civil.


A suivre (dans le WA 106...)


M


  
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3 Commentaire Maedhros, exercice n°105 - Narwa Roquen (Dim 15 avr 2012 à 20:18)


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