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 WA, exercice n°105 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Vendredi 23 mars 2012 à 00:07:32
Voici un exercice destiné aux auteurs hypersensibles qui se prennent d'affection pour leurs personnages; ce n'est pas un défaut en soi, sauf si ça finit par perturber l'intrigue.
Vous allez imaginer une histoire avec plusieurs personnages, en vous attachant à la description d'un Monde cohérent, dans le genre de votre choix. Puis vous allez faire mourir un de ces personnages, mais pas le Méchant! Il faut que ce soit un personnage sympathique et attachant - et faites en sorte que z653z ne devine pas qui c'est dès la première ligne, ça lui gâcherait son plaisir. Ce peut être le héros, mais ce n'est pas obligé. Rien ne vous contraint à employer la première personne du singulier, mais si vous le faites, le narrateur ne sera pas celui qui meurt... parce que dans trois semaines, il vous faudra trouver une suite à cette histoire, qui donnera tout son sens à cette mort. Car si vous vous amusez à tuer des gens sympa pour le plaisir, le lecteur va vous en vouloir...
Bon courage! Vous avez trois semaines, jusqu'au jeudi 12 avril.
Je rappelle aux oiseaux de passage que tout le monde peut participer, et que tous les textes seront commentés par ordre d'arrivée. Lancez-vous! De toute façon vous publierez sous un pseudo, et si je mordille un peu parfois c'est en toute amitié!
Narwa Roquen,qui a planqué ce cadavre dans mon placard?


  
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Réponses à ce message :
z653z  Ecrire à z653z

2012-04-04 17:13:54 

 le narrateur ne sera pas celui qui meurtDétails
Mais les morts parlent parfois pendant une longue période après leur trépas...
Et une suite peut aussi nous projeter dans le passé.

z653z a trouvé la paix

Ce message a été lu 6971 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-04-05 14:31:06 

 Hier nous étions au bord du gouffre...Détails
... aujourd'hui nous avons fait un grand pas en avant...
Et puis d'abord faire parler les morts, ça revient à limiter le genre au fantastique ou à la rigueur à la fantasy. Evidemment il y a eu "La voix des morts " de Scott Card, qui est de la SF, mais c'est déjà fait!
Et puis ensuite je souhaite que cette mort ouvre de nouveaux horizons, pas qu'elle soit l'aboutissement du passé.
Et puis après, t'as qu'à en écrire des consignes, toi, scrogneugneu, au lieu d'essayer de mettre le bazar dans les miennes!
Narwa Roquen, qui défend son os!

Ce message a été lu 6723 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-04-09 20:39:07 

 WA - Participation exercice n°105Détails
Un texte qui respecte formellement la consigne. La suite sera rude. Je vous invite à écouter la bande son...
Par ici...

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EX VOTO


Le TGV filait vers Marseille à trois cents kilomètres à l’heure. Il était installé dans un fauteuil de première classe. Il avait choisi la salle basse pour éviter la procession des pèlerins tanguant vers la voiture-bar. Il avait réservé un siège isolé pour ne pas être importuné par un voisin. Il n’avait pas rabattu la tablette. Il n’avait rien à y poser. Dès le départ, il avait enfoncé dans ses oreilles des intra-auriculaires qui filtraient remarquablement les bruits extérieurs.

Quelques heures plus tôt, quand le Boeing avait viré sur l’aile pour s’aligner face à la piste d’atterrissage, derrière le hublot, il pleuvait sur les toits luisants de la capitale. Des nuages bas et un ciel gris. Il n’avait pas eu le temps de monter au Sacré-Coeur. Le RER l’avait déposé à la station Gare de Lyon. Plus haut à la surface, le TGV attendait. Il voyageait léger. Juste sa fidèle Samsonite qui portait encore les stickers d’American Airlines apposés par l’employé de Dallas Fort Worth. C’était encore l’hiver en France. La neige s’amoncelait aux abords de l’aéroport Charles-de-Gaulle. Mais il rentrait à la maison. Le pays de son enfance comme chantait le poète, où vivaient ses ancêtres les Gaulois. Cela faisait combien de temps? Vingt cinq ans ? Vingt sept ans exactement, à deux mois près. Il revenait dans le même état d’esprit qu’un dormeur tiré d’un rêve agréable par une main surgie du passé. Il avait laissé la maison au bord du lac et la forêt silencieuse pour rentrer en France. Il avait calculé au plus juste, emportant le strict minimum. Deux jours. Il avait pris ses dispositions avant de s’envoler du Texas. Sa vie était là-bas maintenant, plus ici. Et cela serait encore plus vrai quand son avion redécollerait de Roissy samedi. Il ne pouvait rester plus longtemps. Une histoire à terminer des deux côtés de l’Atlantique.

La voiture 3 était presque vide. Dans ses oreilles, la musique de Crossbreed déversait son énergie syncopée et industrielle. Cette musique lui vidait la tête. Il ferma les yeux et le présent s’estompa. Il n’avait pas sommeil. Il ne dormirait pas. Toujours aux aguets. Il se précipitait à plus de trois cents kilomètres à l’heure vers la ville où il était né. Marseille la rebelle. Marseille et ses villages. Marseille et sa Bonne Mère. La Canebière. Le Pharo et le Prado. Le Port et ses quais. L’atmosphère particulière qui régnait dans cette ville ne pouvait être comprise nulle part ailleurs. Il fallait avoir marché dans ses petites rues, du côté du Panier ou de la Porte d’Aix, pour commencer à percevoir cette qualité si spéciale. Il était fier d’être Marseillais même s’il avait perdu son accent chantant et s’il ne mettait plus de chaîne voyante autour du cou.

Il revenait pour quarante huit petites heures. Il n’avait aucun compte à régler et tous ses souvenirs s’étaient transformés en fantômes depuis bien longtemps. Depuis qu’il avait fui il y avait vingt sept ans. Une seule raison pouvait le pousser à acheter un billet d’avion. Il avait reçu une lettre. Une simple lettre “ Air Mail ” dont l’adresse n’était en réalité qu’une boîte postale anonyme dans la banlieue de Big D. Avant de fuir la France, il avait laissé ses coordonnées à une personne en qui il avait toute confiance. Quand il avait déchiré l’enveloppe, une feuille de papier s’était échappée et avait glissé au sol. Elle comportait un texte aussi concis qu’un télégramme. Cinq lignes suivies d’une adresse et d’un numéro. Une fois lue, il avait regardé vers la porte menant à la cave, évaluant la situation. Toute la nuit, il avait mis de l’ordre dans ses affaires. Au matin, quand l’aube s’était levée sur le lac Roberts, il avait sorti la Samsonite du placard et y avait fourré quelques affaires.

Son passeport en poche, il s’était assis au volant de la Patriot pour gagner l’aéroport. Cinquante six miles. Une balade d’une heure et demie. Avant le premier tournant de la route blanche, il avait jeté un dernier regard dans le rétroviseur. La maison au bord du lac s’éloignait. Il n’avait pas terminé. Il lui adressa une promesse muette. Il reviendrait vite. Puis il avait accéléré et le lourd 4X4 avait bondi goulûment sur le chemin rempli d’ornières. Après le virage, il avait commencé à redevenir tout doucement français. Il avait quatre vingt dix kilomètres à faire avant d’atteindre l’aéroport.

Peu avant Marseille, le train pénétra à toute vitesse dans un tunnel. Il ouvrit les yeux. Derrière la vitre, l’obscurité était rythmée par des tirets lumineux qui se succédaient régulièrement. Ses regards se perdirent peu à peu dans ce défilement hypnotique, sans cesse renouvelé. C’était comme s’il évoluait dans un univers organisé qui se refermait sur lui-même et refusait de se laisser corrompre. Une sourde inquiétude monta alors en lui. Il eut l’impression dérangeante que ce tunnel n’avait pas de fin et que le train filait droit vers l’Enfer. Car il ne doutait pas qu’il pouvait en aller autrement. L’Enfer l’attendait. Avec ses flammes et ses démons. Ses tourments et ses remords. L’impression persistait et le tunnel n’en finissait pas, sautant de seconde en seconde. Dans le compartiment, les visages ne reflétaient aucune émotion particulière. Certains lisaient l’Equipe en tournant bruyamment les pages. D’autres étaient plongés dans l’adoration de leur ordinateur portable. D’autres encore sommeillaient, la tête appuyée contre la vitre. Au dehors, les traits de lumière continuaient de découper des tranches de ténèbres, sans jamais donner le sentiment que l’extrémité du tunnel se rapprochait. Sans s’en rendre compte, il interrogeait cette nuit d’où le train tentait de s’échapper sans y parvenir. Brusquement, une pensée s’imposa à lui. Il ne verrait jamais Marseille. Il demeurerait, pour l’éternité, prisonnier de ce TGV filant vers l’inconnu sur des rails maudits qui ne rejoignaient aucune gare. Il était peut-être mort sans le savoir et son âme voyageait à bord de ce train infernal en compagnie d’autres damnés qui l’ignoraient aussi. La logique et la raison le désertèrent. Il arrêta de respirer. Comme si le fait de suspendre ce réflexe lui accordait une sorte de temps supplémentaire. Comme dans une partie de flipper. Extra time. Il sentit la panique gagner progressivement ses sens. Ce tunnel ne finirait-il donc jamais ? C’était impossible. Il était en 2012 et il était assis dans un fleuron de l’industrie française des transports. Rien ne lui arrivait. Juste une relation au temps peut-être inhabituelle.

Et si l’Enfer l’avait finalement convoqué? Il avait été croyant. A l’époque, chaque fois qu’il le pouvait, il se rendait à la Basilique sur la colline de la Garde pour contempler les ex-voto accrochés aux murs. Tous ces remerciements à la Sainte Vierge l’étourdissaient, l’enveloppaient dans leur bénévolence sacrée. Mais il s’était éloigné d’Elle irrémédiablement. L’ombre envahissait peu à peu son coeur. Il cherchait en vain une réponse, allumant des cierges en vain. Ils se consumaient sans lui apporter réconfort et paix.

Il se força à détacher ses regards de l’obscurité qui défilait et changea de répertoire sur son Ipod. Il programma un album bourré d’énergie communicative. Une musique légère et dansante. Une voix féminine et bronzée, agréablement chaude et sensuelle. Ce putain de tunnel allait-il se terminer bientôt?

Comme en réponse à sa question, la lumière du soleil inonda brusquement la voiture et le train déboula vers la Méditerranée, miroir d’argent dans le lointain. Il laissa derrière lui les cavernes sombres et oppressantes. Le poids sur son âme s’évanouit. Il se sentit alors plus léger. Il était du bon côté de la voiture et le paysage sublime de la Provence s’offrit à ses yeux éblouis. Il n’aurait jamais imaginé que cela le toucherait autant après toutes ces années. Il reconnut les couleurs du ciel et de la mer. Cette lumière intense qui miroitait et palpitait, ce ciel si bleu qu’il en devenait profond et infini, ce vent qui couchait les arbres et dispersait les nuages. Ce vent qui faisait naître des couleurs si magiques. Nulle part il ne les mariait aussi bien qu’ici, en cette belle terre de Provence. Il avait vécu presque trente ans à des milliers de kilomètres de sa terre natale et il suffisait qu’elle se découvre à lui et c’était comme s’il n’était jamais parti. Il était chez lui.

Il passa sa main droite sur le haut de son bras gauche, là où il avait ressenti un picotement. Sous le chandail et la chemise, il y avait un vieux tatouage, près de l’épaule. Un tatouage presque délavé maintenant. Il représentait une modeste étoile nautique aux branches bicolores. Une partie sombre et une partie claire. Il était entré dans la petite échoppe quand la lumière de la Bonne Mère s’était éteinte dans sa vie, le laissant perdu et impuissant, seul sur un océan d’émotions inconnues. Et cela lui faisait si peur! Il avait fait tatouer sur sa peau cette étoile pour le guider et regagner la terre ferme.

Elle l’avait guidé, ça oui ! Mais il n’avait jamais retrouvé le chemin du port. Il était devenu une sorte de bateau fantôme rôdant sur une mer de cauchemar où des vents contraires l’avaient poussé hors des routes connues et des havres sûrs. Il avait navigué trop loin, beaucoup trop loin et il avait exploré des parages interdits. Mais sur son épaule, l’étoile le guidait. Il avait suivi sa route sombrement lumineuse. Jusqu’à aujourd’hui. Il rentrait.

Marseille apparut et la magie sublima sa perception. Cette ville était belle et blanche, comme une madone agenouillée au bord d’une mer au bleu presque noir, une mer fouettée par le Mistral qui repoussait les moutons blancs de l’écume vers le large. La réverbération du soleil sur la pierre nue arrachait des éclairs brûlants au fur et à mesure que le TGV s’approchait de l’Estaque. Plus loin, le port dressa ses portiques et ses grues le long des quais immobiles où étaient arrimés les ferries et les cargos débarquant passagers et conteneurs. C’était à bord de l’un d’eux qu’il s’était faufilé, passager clandestin, voici presque trente ans.

C’est à ce moment qu’il nota les différences. Une tour de verre majestueuse s’élançait très haut dans le ciel, tel un phare antique, à l’entrée de la Joliette. Une tour immense qui n’était pas là quand il était parti. Il remarqua aussi la disparition de la hideuse passerelle autoroutière qui défigurait les docks. C’était toujours Marseille mais elle avait subtilement changé. Du regard, il chercha et trouva bien vite la silhouette de la Bonne Mère. Elle veillait toujours au-dessus de la cité phocéenne. La basilique était peut-être plus éclatante, moins grise que dans son souvenir. La sainte Vierge qui tenait dans ses bras l’enfant divin, resplendissait d’un or qui semblait ruisseler. Puis le TGV pénétra dans les faubourgs, la gare était toute proche à présent. Les autres passagers s’ébrouèrent et rassemblèrent leurs affaires, annonçant l’imminence de Saint-Charles. Il n’esquissa aucun geste. Il avait le temps. Parmi les multiples émotions qui l’assaillaient, il n’y avait ni joie ni soulagement. Il venait pour une toute autre chose. Une histoire à refermer de ce côté-ci de l’Atlantique.

Saint-Charles. Quand le train s’immobilisa, il attendit à sa place que les autres voyageurs aient tous quitté la voiture. Il se leva lentement. Empoignant son bagage, il se dirigea vers la porte. Tant qu’il était dans le train, il avait l’impression d’être toujours hors du présent, de ne pas interférer avec le cours des évènements. Il ne faisait pas encore partie du décor. Un sentiment de légèreté et d’insouciance, une forme de décalage horaire personnel. Il n’appartenait pas à la flèche du temps. Mais à la seconde où son talon se posa sur le quai, il sut que plus rien ne serait désormais comme avant. Le temps avait repris son cours et il l’emportait sans qu’il puisse s’y opposer. De spectateur, il devenait au mieux acteur, au pire objet. Les choses allaient arriver, enclenchées par un processus irrémédiable. Des choses désagréables et inévitables.

La gare avait aussi changé. Moins sinistre, moins glauque. Cela n’était pas dû à la lumière qui se déversait à grands flots. Une aile nouvelle avait été édifiée, moderne et spacieuse avec boutiques et esplanade. Au bout de celle-ci, il devina la lourde façade de la faculté des sciences. Il repéra les pictogrammes qui indiquaient l’accès au métro. L’interminable escalier mécanique s’enfonçait lentement vers la station de métro, sa pente toujours aussi vertigineuse. Il acheta quelques titres de transport aux machines automatiques. Il descendit encore d’un niveau pour atteindre le quai de la ligne 1. Les rames de la RTM étaient comme dans son souvenir. Les gens autour de lui aussi. Il y avait une telle diversité culturelle. Ils étaient tous différents et pourtant ils étaient tous Marseillais, qu’ils fussent blancs, blacks ou beurs. C’était une façon d’être, une façon de se tenir. Il était parti depuis près de trente ans mais ici, dans le ventre de Marseille, le temps semblait s’être arrêté. Castellane. A Marseille, on ne pouvait guère se perdre, le métro ne comportant que deux lignes. Il nota que la ligne 1 avait été rallongée. Elle poursuivait sa course jusqu’aux Caillols à présent. Il s’arrêterait avant. A la Timone. Telle était sa destination.

Il n’avait informé personne de sa venue même si certains devaient l’espérer. Ou la craindre. Il était sur ses gardes même si le temps avait passé et qu’il n’avait aucun compte à régler. C’était vrai. Pourtant, il n’était pas le seul dans cette histoire. Beaucoup étaient morts. De mort violente. Leurs corps étaient allongés dans un caniveau avec deux balles de gros calibre. Une dans la tête, une dans le ventre. Une signature. Pendant un temps, il avait suivi l’actualité marseillaise de loin.

Les fantômes ne faisaient de mal à personne. Sauf dans les cauchemars mais il suffisait alors de se réveiller pour les faire aussitôt disparaître. Ils ne lui avaient jamais fait peur. Il n’était pour rien dans ces morts même s’il n’avait pas versé une seule larme sur leur sort. Aujourd’hui, il ne devait pas rester beaucoup de survivants de ces années de plomb.

Il avait dix-sept ans. Les ailes noires n’avaient pas encore poussé dans son dos. Il faisait partie d’une bande de potes d’enfance. Ils avaient commencé à se tailler une petite réputation dans le prolétariat du milieu en écumant le port et les petites stations balnéaires, Cassis, La Ciotat, Carry-le-Rouet, à la bonne saison. Des petits casses qui ne rapportaient pas grand-chose mais qui avaient permis d’attirer sur eux l’attention de certains commanditaires plus sérieux. Ils avaient pris des galons et les flics de l’Evêché avaient commencé à punaiser leurs exploits sur le tableau des enquêtes en cours. Taciturne, il faisait son boulot sérieusement mais sans plus. Il lui manquait quelque chose. Rapidement, leurs casses de plus en plus sophistiqués ne le faisaient plus frissonner. Il avait l’impression de n’être pas si différent des caves qui se levaient chaque matin pour aller pointer au chomdu. Il avait de l’argent, une belle moto et des filles. Oui et alors !

En 1985, une maladie encore mystérieuse avait fait son apparition, importée des Etats-Unis. Une maladie qui semblait être le fléau de Dieu punissant les impies et les sodomites. Lui, il se sentait à l’abri, protégé par la Bonne Mère. Chaque dimanche, il montait à la basilique où il récitait une courte prière face à l’autel illuminé. Avant de ressortir, il s’arrêtait devant les ex-voto de la chapelle Saint-Pierre. Tous ces navires luttant contre les vagues déferlantes de mers monstrueuses semblaient l’appeler. Il lui avait fallu un peu de temps pour déchiffrer leur appel.

L’escalator le ramena à la surface. De l’autre côté des grilles, l’hôpital de la Timone se dressait comme une citadelle imprenable. Elle était là. Elle se cramponnait encore un peu à la rampe. Elle l’attendait. Il était venu pour elle. Il pénétra dans l’imposant bâtiment. Il interrogea un panneau indicateur pour se repérer dans le labyrinthe hospitalier. Le service d’oncologie. L’étage. Il se dirigea vers un groupe d’ascenseurs. Il n’était pas le seul à attendre. Des visages éteints. Des visages anonymes. Des yeux qui évitaient de croiser son regard. La porte de l’ascenseur, qui tenait plus du monte-charge industriel, s’ouvrit en brinquebalant. La cabine les avala d’une seule bouchée, s’affaissant légèrement sous leur poids. Le tableau de commandes s’illumina comme un sapin au fur et à mesure que les doigts enfonçaient les touches. Bonne pioche, l’étage auquel il voulait se rendre faisait partie des gagnants. Il évitait ainsi de toucher les boutons trop patinés par des mains inconnues. Il ne portait pas de gants de latex aujourd’hui. Il les avait laissés au Texas. Il se retira dans le fond, ce qui lui permit de n’avoir aucun angle mort. Vieille habitude. Les parois étaient couvertes de graffitis plus ou moins bien nettoyés. Après une secousse qui souligna la fatigue ou l’exaspération de la machine, l’ascenseur entama sa course à une lenteur toute pachydermique. Chaque arrêt était également accompagné d’une forte trépidation. L’ascenseur se vida peu à peu. Finalement ils ne furent plus qu’une poignée. Deux voyants étaient encore allumés. Le prochain arrêt était le sien. Combien allaient le suivre ?

La porte coulissa et s’escamota dans la cloison. Un homme assez jeune pour être son fils sortit rapidement. Il lui emboîta le pas pour se retrouver dans un large couloir badigeonné d’une peinture blanc cassé ou beige très passé. Une fois dehors, il attendit encore, faisant mine de se plonger dans la lecture du panneau listant les spécialités et les numéros des chambres. La porte se referma en chuintant. Personne d’autre ne l’avait imité. Le couloir était désert.

Chambre 669. Il n’allait pas donner dans le mystique ou l’irrationnel. Elle aurait porté le numéro 666 que cela ne lui aurait fait ni chaud ni froid. C’était juste un nombre. Mais elle était là. A l’attendre. Elle n’avait plus beaucoup de temps désormais. La lettre avait été impersonnelle mais factuelle. Il lui restait moins de jours qu’une main avait de doigts. Et le premier n’était pas hier. Ni avant-hier. Le service d’oncologie était tout au fond du couloir. De façon guère surprenante, il était aussi désert que silencieux. La proximité de la mort et de la douleur sans doute. Un panonceau suspendu au plafond l’avertit qu’il pénétrait dans l’antre de la bête. Cette bête qui l’avait déjà à moitié dévorée. Cette bête qui lâchait rarement sa proie quoiqu’en disaient les docteurs et jamais quand ses mâchoires se refermaient sur vos tripes.

La porte 669 était fermée. Dans sa poitrine, son coeur avait vingt cinq ans. Il en avait cinquante deux mais devant cette porte toute blanche, les pulsations de son coeur le ramenèrent vingt-sept ans en arrière. Sa main hésita. Il compta cinq battements supplémentaires et, abaissant la poignée, il poussa le battant. La pièce était plongée dans la pénombre. En face de lui, des machines cliquetaient et clignotaient autour d’un lit médicalisé. Une forme allongée était presque ensevelie sous le drap. Il devina plus qu’il ne les vit, les tuyaux, les sacs de perfusions, les appareils qui pompaient et qui aspiraient, les écrans affichant des points lumineux à la course erratique et verdâtre. Et puis il perçut une respiration assourdie, mi-organique mi-mécanique. Un râle si discret qu’on aurait dit qu’il ne voulait pas déranger. Elle était là. Elle était là.

Il avait l’impression d’être Edmond Dantès qui revenait d’entre les morts. Mais ce n’était pas ça. Il n’était animé par aucune envie de vengeance. Plutôt le contraire. Et ce n’était pas Mercedes qui gisait sur ce lit de douleur. Non. C’était sa mère. Sa mère ! L’image la plus proche de sa conception de la divinité. Quand il était adolescent, il allait zoner du côté de la Pointe Rouge, à regarder la mer. Il jetait des galets dans les vagues mais là n’était pas l’important. De l’autre côté de la baie, à une très grande distance, le port hérissait l’horizon de ses portiques. Le Port. Leur caverne d’Ali Baba. A l’époque, il appartenait à la bande des quarante voleurs. Ce n’était pas grave puisque du haut des cieux, veillait sur eux la Bonne Mère.

Il s’approcha du lit. Un squelette de métal brillant supportant un corps presque translucide. Celui de sa mère. C’était à cause d’elle qu’il s’était enfui. Pas à cause des flics. Ni à cause des mecs du Zodiaque. Ni à cause des règlements de comptes qui avait décimé le milieu marseillais lorsque les jeunes loups s’attaquèrent au clan Zampa moribond. Il s’était enfui à cause de la seule personne au monde qui n’aurait pas manqué de se rendre compte du changement s’opérant en lui. La seule qui aurait compris au tout premier regard. Celle qui l’avait enfanté. Sa mère.

Oh, elle n’aurait pas critiqué les petits casses et les histoires du même tonneau. Sa mère était Corse. Elle avait épousé un homme qui venait de son village natal. Un homme qu’elle avait aimé toute sa vie. Toute sa courte vie car il avait été abattu par la police au terme d’une course poursuite à proximité des Arnavaux. Sa mère avait une conception de la morale qui aurait sans doute désorienté les psychiatres et les juges d’instruction. Si elle lui avait inculqué le respect de bien des valeurs, elle avait légèrement décalé la ligne séparant le bien du mal par rapport à la norme habituellement admise. Mais quand les ailes noires poussèrent dans son dos, quand ses visites à la basilique ne lui apportèrent plus aucun réconfort, il comprit que sa mère ne devait jamais savoir. Elle en aurait eu le coeur brisé. Elle se vêtait de noir depuis la mort de son mari mais elle marchait la tête haute dans la rue. Elle savait bien que son homme n’avait transgressé aucune des lois auxquelles elle croyait, même si la justice des hommes n’était pas du même avis. Or, la chose qui grandissait en lui, la chose qu’il nourrissait en son sein, était à des années lumière de son entendement. Elle aurait eu honte. Elle se serait recouverte la tête d’un voile noir qui aurait fait d’elle un fantôme. A la Major, elle se serait agenouillée devant Sainte Véronique, sa sainte patronne, pour y prier une rédemption impossible.

Sa mère avait les yeux clos et un masque dissimulait le bas de son visage. Sa peau diaphane était cruellement tirée sur ses pommettes. La maladie suçait sa moelle petit à petit. Elle semblait si frêle et si menue que le lit de l’hôpital en paraissait gigantesque. Elle avait l’air d’un enfant. Un enfant immensément vieux et fatigué. Les ailes noires s’ébrouèrent dans son dos, emplissant toute la chambre. Heureusement que sa mère ne put le voir en cet instant car elle aurait vu une créature ténébreuse assombrir la lumière du jour.

Quelqu’un toussa discrètement derrière lui. Il se retourna pour découvrir une jeune femme. Dans le trouble qui s’empara de lui, il remarqua simplement qu’elle était très jeune. Qu’elle avait de longs cheveux châtains, des yeux clairs et une bouche finement dessinée. Tout le reste de son corps était comme nimbé d’un halo vaporeux. Elle était à la fois proche et distante. Elle lui sembla jolie. Une beauté primitive, pas du tout sophistiquée. Il respira une petite bouffée d’Amérique quand les ailes noires tressaillirent, essayant de se déployer. Le sentiment habituel. Il aurait pu l’inviter dans la maison près du lac, au fond de la forêt. Comme les autres.
Cependant, pour une raison inconnue, les ailes noires se refermèrent presque aussitôt. La vision du lac endormi s’évanouit, emportant avec elle les parfums doucereux des arbres penchés au-dessus des eaux sombres et calmes. Un souvenir tenta de se frayer un chemin à travers sa mémoire profonde.

La voix de la jeune femme rompit le charme :

« Elle ne va plus souffrir très longtemps heureusement ! » dit-elle en se levant gauchement, comme intimidée par le grand gaillard qui avait fait irruption en bousculant l’ordre et la quiétude de la petite pièce mortuaire.

Il la regarda sans vraiment la voir. Bien sûr, il savait que le terme approchait sinon il n’aurait pas traversé l’Atlantique. Il n’était pas venu pour être pardonné. Il n’avait que faire d’un pardon. Ni de sa mère ni de personne d’autre. Il n’avait nul besoin de s’expliquer ou de se justifier. Il était venu parce que la lettre était formelle. Elle partait. Ses jours étaient comptés. Les médecins lui accordaient cinq jours. Dans quarante heures, ce délai aurait expiré. Selon toute vraisemblance, elle était dans le coma. Il savait décrypter les informations affichées par les instruments autour du lit. Phase terminale. Soins palliatifs. Il aurait pu détailler les composants chimiques entrant dans le protocole de la perfusion. Principalement des doses massives d’anti-douleurs. La bête mangeait les entrailles de sa mère. Elle terminait son festin et ne laisserait aucune miette. Déjà le corps allongé sur ce lit ressemblait à peine au souvenir qu’il gardait de sa mère. Aujourd’hui, elle ressemblait à une ombre. A une illusion. C’était une enveloppe charnelle à moitié vide.

La jeune femme reprit, toujours debout devant son fauteuil :

« Vous êtes de la famille? Il y a comme un air de ressemblance entre vous et Isolina. C’est pourtant la première fois que je vous vois!»

Isolina. Ses oreilles n’avaient pas entendu ce prénom depuis des lustres. Isolina. Un prénom rare et précieux. Un prénom prédestiné qui reflétait parfaitement le caractère de cette femme, secret et volontaire. Isolina. Il ne lui avait jamais dit qu’elle avait un si joli prénom.

« Je vis à l’étranger, loin d’ici. Aux Etats-Unis. J’ai été prévenu récemment. Je m’appelle Romain ! »

Il n’en dit pas plus. Il s’appelait Romain parce que c’était le prénom qu’avait déclaré son père à l’officier d’état-civil de la mairie. Sa mère lui avait expliqué. Elle tenait absolument que sur ses papiers, figure un prénom français en bonne et due forme, comme elle disait avec cette voix grave et mélodieuse. C’était comme prendre une assurance bon marché contre les malices du destin. En fait, son véritable prénom était Rumenzu. Son père le lui avait confié quand il avait atteint l’âge de raison. Rumenzu, l’énigmatique et l’insaisissable. Il l’avait accepté comme une sorte de pied de nez fait par anticipation aux autorités françaises et à leurs flics. Ils ne l’attraperaient pas. Ses parents ne s’étaient pas trompés puisque, jusqu’à aujourd’hui, aucune main ne s’était abattue sur son épaule.

« Romain... ! » la jeune femme déglutit. « Romain, dites-vous ? »

Elle écarquilla les yeux où se lurent, étroitement mêlées, une indicible stupéfaction et une réprobation horrifiée. Elle l’avait reconnu comme on reconnaît un pestiféré ou plus certainement un fils qui s’est détourné de l’amour de sa mère.

« Oui, je suis le fils aîné d’Isolina. » Sa voix fut plus sèche qu’il ne l’aurait souhaité. Un vieux réflexe de défense.

A ce moment, une inquiétante série de bips sonores stridula au-dessus du lit. Ce genre de bip annonciateur de malheur. Une poignée de secondes plus tard, la petite chambre fut envahie par des personnels médicaux qui leur intimèrent l’ordre de quitter les lieux. Ils se replièrent dans le couloir. La porte fut refermée. Plus aucun bruit.

« Vous voulez un café ? Il y a un distributeur à l’angle du couloir. » lui demanda-t-elle d’un air nerveux.

« Pourquoi pas ? »

Cette jeune femme ne le laissait pas indifférent. Sa forme de visage lui était familière. Il n’arrivait toutefois pas à se rappeler. Trente ans à refouler le passé érigeaient des murs bien difficiles à abattre. Elle lui plaisait mais sans cette connotation particulière qui l’attirait invariablement chez celles qu’il amenait dans la maison au bord du lac. Non. Il ne lui ferait aucun mal. Il la suivit, ses longs cheveux flottant librement sur ses épaules.

« Vous vous appelez ? » Il s’aperçut qu’il ne savait toujours pas son nom.

« Chiara ! Je ne suis pas vraiment de la famille mais je chéris Isolina autant que si elle était ma grand-mère. D’ailleurs, dit-elle en riant doucement, je n’en ai pas d’autre. Elle m’a tant appris. Petite, j’étais toujours chez elle, au grand dam de ma mère qui me laissait pourtant faire. Isolina m’a révélé les secrets qu’elle conservait et qu’elle tenait de sa grand-mère. Je me sens plus Corse que Marseillaise vous savez ? Elle m’a donné le goût de certaines choses. Des choses cachées et merveilleuses. »

Un curieux sentiment de jalousie pinça l’âme de Romain l’espace d’un battement de coeur. Elle semblait être bien plus proche de sa mère qu’il ne l’avait jamais été. Il lui envia le temps qu’elles avaient passé ensemble.

Elle glissa une pièce dans la fente de l’appareil. Romain était de plus en plus troublé, n’arrêtant pas de dévisager cette jeune femme qui lui rappelait... cela se rapprochait. Elle ressentit son trouble, rougissant légèrement. Elle passa la main dans ses cheveux comme... Cela devenait insupportable. Une ombre se détacha des ombres pétrifiées de sa mémoire et flotta vers lui, encore trop indistincte. Chiara lui tendit le gobelet contenant un liquide noir et fumant. Il le porta à ses lèvres et stoïque, en avala une courte et brûlante gorgée. Pendant ce temps, elle avait choisi pour elle. Elle sourit de son désarroi. Elle tenait son gobelet au creux de ses mains réunies en coupe et soufflait doucement dessus.

« Vous vivez où aux Etats-Unis ? »

« Au nord du Texas. Au-dessus de Dallas. Un coin reculé! »

« Et vous faites quoi ? »

« Je suis un consultant juridique indépendant. Je travaille à la prestation pour des firmes de Dallas. Des problèmes arides de droit des affaires et de contentieux commerciaux. Banal et sans intérêt mais cela paie le loyer et les taxes tout en m’assurant un maximum de temps libre. Et j’ai énormément besoin de liberté ! »

« Si vous me trouvez trop indiscrète, vous pouvez ne pas me répondre... mais votre mère ne m’a jamais parlé de vous. Je ne vous connais qu’indirectement ! »

Elle s’arrêta, presque gênée, mais il l’encouragea du regard. Elle poursuivit :

« Vous savez, comme ces planètes invisibles qu’on a découvert uniquement en présupposant leur existence grâce aux anomalies qu’elles généraient dans les orbites des autres planètes. Vous êtes absent d’une façon absolue. Nul ne parle jamais de vous et pourtant votre absence influe sur l’agencement des choses. C’est dur à décrire avec des mots. Une espèce de fantôme présent aux anniversaires, aux mariages, aux fêtes de Noël et aussi aux enterrements ! »

Chiara ne put s’empêcher de rire tout doucement. Ce n’était pas tous les jours qu’elle discutait avec un fantôme en chair et en os. Contrairement à sa réaction habituelle, il laissa couler. Ce n’était pas grave. Dans moins de deux jours, il s’envolerait à nouveau vers l’Ouest et il quitterait définitivement la France. Jamais plus il n’y reviendrait. Le fantôme regagnerait les nuages et partirait dans le soleil couchant. Comme le faisaient tous les fantômes. Alors, face à cette jeune femme qui lui rappelait une autre jeune femme, il se montra patient :

« Oh, alors vous me comparez à Pluton ? La planète la plus éloignée du Soleil. Oui, l’image est assez fidèle. Effectivement, la position de cette planète a été calculée bien avant qu’on ne puisse l’observer au télescope! »

Pendant qu’il prononçait ces mots, il s’aperçut qu’il commettait un véritable lapsus révélateur. Pluton n’était-il pas également le dieu des Enfers, l’équivalent romain de l’Hadès grec? Comme les scientifiques avant eux, il connaissait des agents fédéraux qui essayaient de déterminer sa position à l’aide des maigres indices qui parsemaient leurs enquêtes. Un plus particulièrement. Un plus perspicaces que les autres. Il avait suivi sa trace dans bien des Etats. Romain s’était pris d’une étrange affection pour cet enquêteur entêté. Il laissait à son attention de petits cailloux blancs qu’il était le seul en capacité de découvrir. Romain déposait un peu à l’écart de la scène de crime, une carte postale toute banale. Une carte achetée dans les boutiques de souvenirs des petits ports qui jalonnaient la côte Est. Une carte postale reproduisant des marines. Plus exactement des reproductions de tableaux de Winslow Homer ou d’Albert Pinkham Ryder. Ou de bien d’autres encore. Des cartes postales comme il s’en vendait des milliers chaque année aux touristes en bermudas descendant vers les Keys.

Il maîtrisa la nervosité qui l’envahit et il décida de mentir. Effrontément. Nul n’en serait peiné à présent.

« C’est une très longue histoire. Une histoire corse. Vous savez, des secrets de famille, ce genre de choses très compliquées. Une très longue et navrante histoire. J’avais mes raisons même si elles vous sembleraient sans doute incompréhensibles... »

Il s’interrompit, un frisson glacé lui parcourant le dos. Il fit un geste maladroit et renversa une bonne quantité de café qui macula le sol. Le souvenir s’imposa à son esprit. Un visage oublié se superposa à celui de Chiara. Un visage rieur et confiant. Un visage né de la poussière du passé. Un visage qui le contemplait d’un air inquiet. Non, c’était Chiara et non pas... et non pas de celui de... Il chancela sous le coup de l’émotion. Il repensa à ce que lui avait dit un jour Jimmy, à Dallas, dans le bureau climatisé qui dominait toute la ville. De sa voix traînante inimitable, Romain ne savait plus à quel propos, Jimmy lui avait lancé :

« The past that jumps out at you, like a mad cat »!

Oui, le passé lui sautait au visage comme un chat enragé ! Il la reconnaissait et un torrent d’émotions trop longtemps contenues le submergea. Il vit devant lui...

« Madame, monsieur ? »

Le médecin se tenait derrière eux. Romain se retourna vivement. Avant que le moindre mot ne fût échangé, il avait compris. Chiara triturait son gobelet vide. Elle aussi avait pressenti la triste nouvelle.

« Son coeur était trop fatigué. Elle a vaillamment lutté mais les forces lui ont manqué. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir. Je suis désolé ! »

Le médecin semblait éprouver une peine sincère. Romain pouvait deviner quand les gens en face de lui feignaient. Isolina inspirait ce genre de sentiment. Quiconque l’approchait suffisamment tombait sous son charme. Romain autorisa la larme à glisser le long de sa joue tandis que Chiara s’effondrait en sanglots dans ses bras. C’était terminé. Elle avait patiemment attendu que son fils se tienne enfin devant elle pour rendre les armes. Elle avait senti sa présence par-delà les voiles arachnéens qui emprisonnaient ses sens. Le lien unissant la mère à son enfant était bien plus fort que la douleur et la maladie.

Il devait rentrer chez lui maintenant. Cette ville lui était aussi étrangère que s’il venait de la Lune. Il devait rentrer chez lui mais il ne le pouvait plus. La femme qu’il tenait maladroitement entre ses bras n’était pas Chiara. N’était plus Chiara. Il était à nouveau ramené vingt sept ans en arrière. Il tenait une femme également dans ses bras. Une femme en pleurs. Une femme qui ne voulait pas croire les mots très durs qu’il avait prononcés. Des mots définitifs et aussi coupants qu’une lame de rasoir. Un visage baigné de la clarté lunaire s’était levé vers lui. Elle n’avait pas compris la peur qui l’étreignait. Les ailes noires bruissaient, menaçantes, dans son dos. Il ne voulait pas lui faire de mal. Il devait partir. Ce visage ressemblait furieusement à celui de Chiara. C’était celui de Claire. Il avait enfin réalisé, sans comprendre comment, qu’il tenait entre ses bras... sa fille !

Pendant ce temps, en provenance de Dallas, un Falcon 900 atterrissait à Marignane. C’était un avion spécialement affrété par le gouvernement fédéral américain. Il avait fait une escale technique ultra-courte pour franchir les 7.600 kilomètres séparant les deux villes. Il se gara devant un entrepôt à l’écart des terminaux commerciaux. Un homme athlétique et bronzé apparut sur la passerelle. Il regarda le ciel qui tirait vers le crépuscule. Il venait à Marseille pour trouver des réponses. Il tenait un attaché-case. Celui-ci contenait un curieux jeu de cartes. Au lieu des trèfles ou des piques, des carreaux ou des coeurs, les cartes représentaient des marines. Une voiture grise et banale attendait au pied de la passerelle, conduite par un homme du RAID en civil.


A suivre (dans le WA 106...)


M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-04-12 23:04:59 

 WA n°105, participationDétails
LES TROIS PROMESSES







« Trégranpa ! Trégranma ! Nous voilà ! »
Altekh et Altya, les jumeaux de Verskya, sautèrent à bas du chariot. Pendant la longue semaine de voyage depuis le camp d’été, ils n’avaient cessé de rire en évoquant ce moment, et les beignets de Trégranma, et les jouets en bois que sculptait Trégranpa... Roskh était leur fils et le Chef du clan, et jamais ils ne l’auraient appelé Granpa, tant il inspirait à tous l’admiration et le respect.
« Doucement, les enfants ! », répéta une fois de plus Verskya. Les aïeuls qui avaient gardé le camp d’hiver pendant la période de transhumance étaient réunis devant les tentes, et partout c’était des cris, des embrassades et le bonheur des retrouvailles.
Roskh se tourna vers ses fils.
« Sihtin, tu t’occupes des bêtes. Renyo, va aider ta tante à décharger. Korh, quand tu auras installé ta famille, tu inspecteras le camp. Demain nous répartirons les travaux avant les premières pluies. »
En homme habitué à être obéi, il n’attendit pas de réponse et commença à décharger les sacs de peaux et les bottes de foin.


Les femmes avaient préparé le repas et tout le clan se réunit, comme de coutume, sur la place centrale, pour le premier dîner en commun. Au centre, les brasiers étaient disposés en cercle, et Roskh, cerné par le feu, entama la Cérémonie du Retour. Il porta au-dessus de sa tête, à bout de bras, le Plateau Sacré, où étaient disposés des morceaux de viande crue.
« Je remercie au nom du Clan Alvarra de la Lumière et Monoto de l’Ombre. Je remercie au nom du Clan Palaya de la Terre et Doss du Feu. Je remercie au nom du Clan Eok des Voyageurs et Phinn du Temps. Et vous, Esprits bien-aimés qui formez le Bouclier Blanc de la Terre, vous qui êtes le Début et la Fin, que notre offrande soit le témoin du respect de nos Promesses. Par le Bouclier Blanc, que nul ne reste dans le Clan s’il ne les respecte pas ! »
Les hommes, les femmes, les enfants levèrent les bras au ciel. Et aussitôt, surgis de nulle part dans la pénombre claire du crépuscule rose, une nuée d’oiseaux blancs survola le campement en formation serrée, picorant au passage un morceau de la viande offerte et s’élevant à nouveau pour regagner le ciel. Un tout petit tendit la main vers eux en riant.
« Hasko », lui murmura sa mère. « Répète : Hasko.
- Ko !
- C’est bien, mon fils. Ce sont les Esprits de nos ancêtres, et les Esprits de nos enfants à venir. »
Le banquet commença. Roskh alla s’asseoir près de son deuxième fils, Renyo, qui un peu à l’écart de la famille, contemplait le feu d’un air triste.
« Nous avons de la chance ! Il y aura peu de réparations à faire avant l’hiver. Dès demain tu pourras commencer à monter ta propre tente. Enfin... si ton ami Essinn est toujours d’accord pour la partager...
- Tu veux bien ? »
Le jeune homme faillit s’étrangler d’émotion.
« Tu viens d’avoir vingt ans, non ? Tu es donc libre de choisir ta vie. Allez, file le lui dire, je suis sûr que ça va lui rendre le sourire, à lui aussi. »
Eclatant de bonheur, Renyo posa à terre son assiette encore pleine et détala comme un ânon à la vue d’un champ de trèfle.
Roskh sentit la main légère de sa femme se poser sur son épaule.
« C’est bien de le lui avoir permis. Après tout un été passé avec son compagnon, j’avais peur qu’il ne se laisse mourir de chagrin.
- Allons, Idhoa, c’est un homme fort !
- Est-ce qu’un homme amoureux est vraiment un homme fort ?
- Encore plus fort, ma tendre beauté !
- Oui, s’il est heureux...
- Et je souhaite qu’il le soit comme nous l’avons été depuis le premier jour, toi et moi. »



Roskh traversait le camp dans le petit matin brumeux ; Sihtin avait rapporté la veille que deux ânes boitaient, et il voulait vérifier que le traitement avait été efficace. Devant l’entrée d’une tente, un garçonnet hurlait, à plat ventre dans la poussière, en martelant le sol de ses petits poings rageurs. L’entendant approcher, l’enfant leva la tête. Roskh détourna le regard et s’écarta du chemin. Les enfants devaient apprendre le plus tôt possible à respecter la Première Promesse : la colère doit être maîtrisée. La sanction habituelle pour un manquement était l’éloignement, d’autant plus long et lointain que l’enfant était plus grand. Roskh se rappelait très bien les nombreuses fois où son père l’avait exclu de la tente, et il en gardait encore un souvenir de terreur mêlée d’impuissance. Les adultes étaient tous solidaires dans l’éducation des enfants, et manifester de la sollicitude envers un petit coléreux n’aurait fait que retarder son apprentissage. Il sourit en pensant aux regards noirs qu’il devait adresser à Idhoa pour l’empêcher de raccourcir les punitions. Grâces soient rendues au Bouclier, ses trois fils étaient devenus des hommes calmes et forts, et sa fille élevait les jumeaux dans l’observance des Règles. C’était toujours plus facile avec les filles, par nature moins portées à la violence. Encore que la petite Altya, quand son jumeau se mettait en rage, était rarement de reste... Certes, ils n’avaient que quatre ans, le temps qui bonifie et la patience qui guide feraient leur oeuvre pour que la tradition soit perpétuée.


Il était tout près de l’enclos quand des cris lui firent rebrousser chemin.
« Arrêtez ! Arrêtez tout de suite !
- Je n’en ai pas fini avec lui !
- Lâchez-moi ! Je vais le tuer !
- Assez ! »
La voix de Roskh ramena le calme. Au milieu d’un attroupement désolé et inquiet, plusieurs hommes ceinturaient deux adolescents dont ils avaient interrompu le combat. D’un côté Artass, le fils de Doness, les yeux injectés de sang comme une bête enragée. Et de l’autre Sihtin, son propre fils, son fils cadet, la lèvre fendue, et qui se tortillait comme un beau diable au milieu des hommes qui le retenaient.
« Lâchez-les. Venez ici, vous deux. Vous avez enfreint la Deuxième Promesse en laissant libre cours à la violence. Vous serez bannis pendant un jour et une nuit. Disparaissez ! Et que personne ne vous vienne en aide ! »
La tête basse, les deux jeunes gens s’éloignèrent sans se retourner, portant sur leurs épaules le poids des regards réprobateurs. Il n’y eut pas un mot de prononcé, et chacun reprit sa tâche.
A peine hors de vue du campement, bien à l’abri sous les ombrages de la forêt, les deux garçons échangèrent un regard complice et éclatèrent de rire.
« On les a eus !
- On est les plus forts ! Viens te laver au ruisseau, tu saignes encore, je suis désolé...
- Ce n’est rien ! Attends, j’ai caché les arcs par là hier soir. Tu as pris des provisions ?
- Oui ! Elles sont dans le hêtre près du ruisseau. Et j’ai de la liqueur de genièvre ! Tu crois qu’elles viendront ?
- Je l’espère bien », répondit Sihtin dans un large sourire vermillon. « Je suis sûr qu’elles en ont aussi envie que nous !
- Il me tarde d’être à ce soir !
- On va chasser un peu, préparer le feu... et ensuite, sieste ! Une journée de repos avant de faire la fête... Ca, c’est une vraie punition !
- Pourvu qu’elles viennent ! »


La lune sortit lentement de derrière un nuage, jetant un chemin lumineux à travers le camp endormi, révélant des ombres claires et des ombres obscures, et l’étrange incertitude que donne l’espace flou dans un temps sans mesure.
Il y eut d’abord des cris d’oiseaux, des appels alarmés passant comme des éclairs au-dessus des tentes silencieuses. Roskh se dressa sur sa couche.
« Les Hasko ! Par le Bouclier ! »
Une angoisse fébrile lui martela le coeur quand il entendit des pas précipités et deux voix juvéniles qui criaient leur terreur.
« Alerte ! Alerte ! Des cavaliers armés, ils viennent par ici, ils arrivent ! »
Roskh fut le premier dehors.
« Combien ?
- Une cinquantaine... Ils viennent du nord. Vite !
- Que chacun prévienne ses proches voisins. Sihtin, avec moi, on va lâcher les bêtes. Portez les enfants et les vieillards. Ne prenez que les vêtements et les couvertures. A la grotte de l’Ours. Courez ! »
En un clin d’oeil le village était déserté. Roskh et son fils ouvrirent les enclos des ânes, des chèvres et des moutons. Puis ils revinrent se cacher sur les branches d’un des trois grands chênes qui protégeaient la place centrale. Par chance, ce n’était pas encore l’hiver, et la frondaison était aussi touffue qu’en été. Ils se calèrent dans les embranchements et guettèrent en silence. Ils avaient à peine repris leur souffle que des cris guerriers retentirent à l’abord du camp, suivis par le martèlement des sabots des chevaux. Sihtin avait vu juste, ils étaient au moins cinquante, la peau blafarde recouverte de peintures rougeâtres au clair de lune, vêtus de fourrures à peine retaillées, chevauchant jambes nues et l’épée au clair. Sans doute étonnés de ne trouver personne, ils s’interpellèrent dans un dialecte que Sihtin ne connaissait pas, les chevaux piaffant et renâclant de cet arrêt soudain. Puis les cris reprirent de plus belle, dans le fracas de tentes éventrées et renversées, bruits de chaudrons bousculés, lueurs de braises répandues, caquètements de poules effrayées, piétinements de chevaux énervés, glapissements furieux des hommes déçus de leur maigre butin.
« Ils détruisent tout ! », chuchota Sihtin.
- « Tais-toi ! », lui intima son père en serrant fort son bras.
Les deux hommes assistèrent impuissants au saccage insensé. Puis de même que le raz de marée ravageur finit toujours par refluer vers la haute mer, ainsi les pillards se retirèrent en un galop maudit dont l’écho se perdit enfin loin dans la nuit. Ca et là quelques feux s’étaient allumés.
« Va chercher une vingtaine d’hommes. Rassure ta mère. Dis-leur de dormir là-bas cette nuit. »
Seul, Roskh commença à piétiner les braises, à vider les seaux qu’il trouva encore pleins sur les départs de feu. Sans mot dire, les hommes se joignirent à lui. Une chaîne se forma depuis la rivière. Les incendies furent maîtrisés. Une dizaine de tentes gisaient à terre, dont trois totalement détruites. Quelques unes furent aussitôt relevées, mais soudain la lune disparut derrière les nuages, ne laissant qu’une obscurité profonde et désolée.
« Assez pour ce soir. Allons dormir un peu. Nous aurons du travail demain. »



Mais Roskh ne trouva pas le sommeil. Il n’avait pas le souvenir que le camp eût jamais été attaqué, même dans son enfance. Il faudrait qu’il demande à son père. Même à la foire de printemps où les clans Migrants rencontraient les clans Sédentaires pour échanger l’excédent contre l’indispensable, personne n’avait jamais parlé d’une agression semblable. Depuis la Grande Mort, trois générations auparavant, les clans vivaient en paix. Puisqu’ils respectaient les Promesses. Mais ces étrangers... Ils parlaient un dialecte barbare... Etait-ce un peuple de l’est ? Il avait rencontré un marchand, l’année où était né Sihtin, qui avait le même accent râpeux... Par le Bouclier, ça faisait quinze ans !
Pour cette fois, ils avaient eu de la chance. Trois tentes, quelques poules, rien d’irréparable. Et le Clan était sauf.
Et s’ils revenaient ?
Ils avaient pu constater par eux-mêmes qu’il n’y avait pas grand-chose à voler. Cela suffirait-il à les dissuader ?
« Allons », se gourmanda-t-il lui-même, « voilà que je m’inquiète comme une vieille femme. Le Bouclier nous a toujours protégés, et cette fois encore. Un orage ou une averse de grêle auraient pu faire plus de dégâts, et ça ne m’empêcherait pas de dormir. »
Il se tourna une fois de plus sur sa couche. Que se serait-il passé si Sihtin et Artass ne les avaient pas prévenus ? Aurait-il fait évacuer le camp sur la seule alerte des Hasko ? Lui faudrait-il désormais poster des sentinelles ? Et si l’attaque avait eu lieu en été ? Ou quand les hommes étaient à la chasse ?
Il s’efforça de faire silence en lui. Les questions sans réponse sont comme les battues sans gibier, épuisantes et inutiles, disait souvent Mahkto, à qui il avait succédé à la tête du Clan dix ans auparavant. Mahkto serait peut-être de bon conseil, malgré son âge avancé. Tellement de choses à faire... et déjà tellement de fatigue...
Mais le sommeil se refusa à lui comme une vierge effarouchée.



La pluie n’était toujours pas venue. Le soleil dardait comme en plein été, et une brume de chaleur montait de la rivière dans l’après-midi finissant. Les enfants étaient agités, énervés comme des troupeaux assaillis de taons, et Verskya proposa d’aller les baigner pour les rafraîchir et peut-être les calmer. Elle entraîna avec elle Lyossa et sa fille Dia, Brahel et ses trois fils, Edry et son nourrisson qui marchait à peine, ainsi que Pradeya, la soeur de Roskh, qui depuis la mort de son mari ne se réjouissait qu’à la vue des enfants – et sa propre fille n’accoucherait pas avant le printemps. Les femmes relevèrent leurs jupes de laine et se mouillèrent les bras et le visage, faisant cercle autour des enfants nus qui s’éclaboussaient en criant. Le vacarme de leurs piaillements parvenait jusqu’au camp où Roskh taillait quelques nouvelles flèches pour la prochaine chasse. Bienheureuse insouciance des petits ! Rien n’était venu troubler ni les jours ni les nuits depuis plus d’une semaine, et pourtant Roskh gardait en son coeur une inquiétude sourde. Renyo avait sa nouvelle tente, le camp était prêt à affronter l’hiver, les réserves de foin et de grain étaient à l’abri, les enclos consolidés, et ils avaient même eu le temps de construire un nouveau poulailler. Les autres années, il aurait loué les Dieux, envisagé l’avenir avec sérénité. Mais il sentait en permanence planer une menace inédite, comme un fantôme maudit, comme une entité maléfique dont il ne pouvait ni percer les intentions ni conjurer le dessein funeste. La flèche lui tomba des mains et tout à coup la peur lui mordit les entrailles. Les femmes étaient seules à la rivière... Il s’élança, silencieux et rapide, et le présent que lui offrit sa vue perçante était aussi empoisonné qu’un champignon vénéneux.
Surgi de nulle part, un homme à cheval, vêtu de peaux de bêtes, galopait dans l’eau basse. Il essaya d’enlever Brahel à bras-le-corps, mais elle cria, se débattit, lui résista. Alors Cayeskh, son fils aîné qui venait de fêter ses onze ans, se jeta à la tête du cheval. L’animal se cabra, le cavalier tomba dans l’eau, le poing brandi serrant un poignard dont la lame scintilla au soleil en un éclair unique. Cayeskh s’écroula tandis que l’homme s’échappait à bride abattue. Roskh percevait encore l’odeur fauve du fuyard tandis qu’il soulevait l’enfant dont la poitrine ensanglantée était convulsée de spasmes violents. Brahel hurlait, les autres femmes tentaient d’écarter les enfants, les membres du clan arrivaient à la course, interrogeant, s’exclamant, invoquant. Roskh ne distinguait qu’un brouhaha confus ; il s’agenouilla sur la plage, soutenant la tête brune de l’enfant agonisant. Brahel se pencha pour embrasser le front pâle, et Cayeskh ouvrit les yeux. Il sourit à sa mère et son regard heureux se perdit dans ses yeux trop effrayés pour libérer des larmes. Roskh serra les dents.




(à suivre)
Narwa Roquen,pouf pouf...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-04-15 20:18:51 

 Commentaire Maedhros, exercice n°105Détails
C’est un long texte qui semble ancré dans la réalité – mais faut-il se fier aux apparences ? On dirait que tu t’es baladé la caméra sur l’épaule, tant le côté visuel est privilégié.
Le début est en forme de litanie. En quelques phrases volontairement descriptives, anodines comme l’aspect que le héros veut se donner, nous apprenons que c’est un solitaire fortuné et organisé, qui aime garder le contrôle. Plus l’histoire avance, plus ce héros attentif à ne pas laisser de traces se révèle inquiétant, non point tant par ses activités, que l’on devine souterraines et illicites, que par son comportement calculateur et glacial, comme s'il s'était surentraîné à toujours rester maître de lui. D’un égocentrisme parfait, il ne retient de la réalité que ce qui l’arrange : le souvenir de sa mère adorée plutôt que le corps à l’agonie qui ne lui arrache qu’une larme « autorisée » (pas un mouvement, pas un mot pour elle), ses décisions sans appel vis-à-vis des deux femmes qui ont compté dans sa vie – pour ce que lui estime être leur bien. La ville de Marseille suscite en lui presque plus d’émotion que la mort de sa mère ou la découverte d’une fille ! En mélangeant souvenirs et présent dans un style résolument factuel, tu as parfaitement réussi à présenter ton personnage comme une espèce de monstre – le summum étant atteint quand il considère la mort de sa mère comme un évènement prévisible à quelques heures près, dont il n’envisage même pas qu’il puisse ne pas s’intégrer à son timing personnel. Heureusement pour son capital-sympathie, le fait de se découvrir père au moment même où il n’est plus l’enfant de personne semble avoir fait tomber un pan du mur derrière lequel il avait enfermé son passé...


Bricoles :
- sans lui apporter réconfort et paix : grammaticalement, ce serait plutôt « réconfort ni paix ». Mais mathématiquement, si on considère « réconfort et paix » comme un ensemble...
- elle se serait recouverte la tête : recouvert. « Lorsque le pronom est le complément d’objet indirect du verbe, le participe passé ne s’accorde ni en genre ni en nombre avec le sujet, sauf si un complément d’objet direct est placé avant le verbe ». Exemple : « elle secoua la tête qu’elle s’était recouverte »
- elle tenait absolument que sur ses papiers : à ce que


J’aime beaucoup le passage du tunnel ; l’effet stroboscopique provoque un mini délire très bien décrit et qui de plus nous met la puce à l’oreille : ce gars-là a-t-il vraiment la conscience tranquille ?
De même les descriptions de Marseille sont très plaisantes, et elles ont l’avantage d’ancrer l’histoire en un lieu précis. J’ai apprécié particulièrement le paragraphe sur les changements de la ville, qui te fait gagner la confiance du lecteur, ce qui te permettra de l’embarquer ensuite plus facilement.


Bien des questions devront trouver leur réponse dans le 2° épisode :
- qui est enfermé(e) dans la cave ?
- comment cet ancien petit voyou, qui n’a pas trop dû s’attarder à l’école, est-il si savant en astronomie et en mythologie ?
- comment va-t-il évoluer, entre la police à ses trousses et cette fille tombée du ciel ?

Je m’en pourlèche les babines à l’avance...
Narwa Roquen,impatiente!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-04-16 17:26:10 

 Little Big Mânes!Détails
Ce récit m’a fait penser à une tranche de vie de la nation amérindienne. D’ailleurs, des images du célèbre film « Little Big Man » me sont venues spontanément à l’esprit quand j’ai lu ces lignes. Tu as une manière particulièrement adroite de brosser des tableaux criants de vérité. Tu dois avoir du sang nomade qui coule dans tes veines ! Cela m’a rappelé également une autre histoire, correspondant à la WA n°97, « Ronde de Nuit ! ». Une même atmosphère règne dans ces deux histoires. D’ailleurs, pendant un bref instant, j’ai cru que cela pouvait en être une sorte de préquel (quel néologisme !).

C’est certes un texte assez court mais ses couleurs et ses paysages sont très bien posés : un contexte historique estompé (la grande Mort) qui l’ancre dans une fantasy peut-être post-apocalyptique, des rituels toujours particulièrement soignés, à ton habitude (les clans tutélaires) et des notions de parentalités très imaginatives : Tregranpa et Tregranma ! Il y a une foule de détails sur les coutumes et le mode de vie de ces chasseurs nomades qui mis bout à bout, donnent une vraie consistance à la construction narrative du monde que tu décris. Tu as un sacré oeil d’anthropologue!

La consigne est évidemment respectée et l’on attend que la suite vienne éclairer l’intrigue. Toutefois, j’y apporterai, si tu le veux bien, un tout petit « Votre Honneur... ! ». En effet, tu demandais à ce que le personnage devant mourir soit un personnage sympathique et attachant d’une part, et que z653z ne le devine pas dès le début, d’autre part.

Pour le coup, z653z aura bien du mal à revêtir son costume de Sherlock Holmes, le jeune et malheureux Cayeskh n’apparaît qu’au dernier paragraphe et ce juste pour sauver la vie de sa mère avant de trépasser!

Au rayon des bricoles :

- Et aussitôt, surgis de nulle part (...), une nuée d’oiseaux blancs (...) : personnellement, j’aurais accordé « surgie » à la « nuée ».

Ah oui, le cavalier inconnu tombe dans l’eau, frappe le jeune Cayeskh et s’échappe ensuite à bride abattue : doit être fortiche pour s’être remis en selle aussi sec ! (joke)!

J’attends la suite pour connaître la réaction du clan et ce que signifie les trois promesses. On n’en connaît la deuxième : le non recours à la violence (entre membres du même clan) !

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-04-17 14:32:57 

 Que d'os, que d'os!Détails
... anthropologue, ça me fait penser à "Bones"... C'est vrai que les civilisations primitives me fascinent: souvenir d'une vie antérieure?
Quant aux nuées, c'est le casse-tête habituel du "sujet collectif": écrit-on "une foule de visiteurs se précipita" ou "se précipitèrent" ? Bescherelle dit que les deux sont possibles.
Contrairement à ton histoire, dans la mienne, la mort a pas mal rôdé autour du camp avant de choisir sa victime; je trouvais toujours une bonne raison pour épargner le personnage... Mais celui-là, je sais pourquoi je l'ai choisi...
J'ai dévoilé deux Promesses: "la colère doit être contrôlée", et "on ne doit pas laisser libre cours à la violence". La troisième coule de source, dans le crescendo, et nous en reparlerons, puisque toute l'histoire est là.
Narwa Roquen,rien sur le papier, mais tout dans la tête!

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Onirian  Ecrire à Onirian

2012-04-19 11:53:29 

 WA-Exercice 105 - Mort d'un personnageDétails
Un texte différent de ce que je fais d'habitude, notamment dans le jeu des points de vue. Et pas de titre, il viendra avec la suite.

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Paire de gants, paire de bottes, paire de claques.
- Je vais buter ce sale con.
Cassie était sur les nerfs. Une colère comme elle n'en avait pas éprouvée depuis longtemps. Depuis lui en fait. Elle avait beau chanter à qui voulait l'entendre qu'elle était indépendante, qu'elle se refusait à vivre au crochet (sentimentalement parlant) de qui que ce soit, elle s'était fait avoir. Encore.
- Et il me largue par sms en plus. Je vais le buter.
Elle sorti, furieuse, pour aller lui demander des explications en face, pour comprendre, pour souffrir un peu plus. Ou le faire souffrir ? Fichue confusion.
- Julie. Faut que j'appelle Julie, elle saura quoi faire, elle sait toujours quoi faire.
Un appel et deux cappuccinos plus tard, Julie était là. Rendez-vous au poste de commandement, "Chez Roger", un bar nettement moins miteux que son nom ne le laissait supposer. Echange de mots sans importance, l'éternelle ritournelle de la belle blessée par un cruel. Les verres défilèrent, une petite bière pour commencer, la même en plus grand, un gin, un whisky-cola, un autre sans cola, et laissez-la bouteille, merci.

* * *


Julie (comme ce fils de chien de John ?) était une fille simple. Pas qu'elle soit bête, simplement, la plupart des nuances du monde semblaient lui échapper ; les gens étaient gentils ou méchants, beaux ou laids. Elle même était triste ou gaie, amoureuse ou pas. En l'occurrence, amoureuse, elle l'était. Et triste. Et belle. Et méchante. John était un sale con, Cassie voulait lui arracher les yeux. Tant mieux, bon débarras.
En quête d'argent pour payer les consommations, avant de ramener Cassie chez elle, (officiellement, soutient entre copines), Julie mis la main dans son blouson. Un contact métallique et froid la dégrisa. Elle sorti une arme et la posa sur la table.
- Eh ? Qu'est-ce que tu fous avec ça ?
- T'as pas dit que tu voulais le buter ?
Une blague, juste ça, tout à fait innocent.
- Range-ça tout de suite.
L'arme disparait, et sur un signe le garçon de café ramène une nouvelle bouteille. Cassie ne sait pas quoi en penser. Bien sûr, elle a vraiment dit qu'elle allait le tuer, s'est vue le faire, sans honte ni regret, mais c'était de la colère, comme quand on lâche un juron après s'est pris un coin de table (les petits doigts de pieds ont été programmé par le diable).
D'où vient le pistolet ? Aucune idée. Aucune idée ? C'est le blouson de Marc. Marc ? Tu t'es remise avec lui ? Il est passé cette nuit, je sais même plus pourquoi. Et tu portes son blouson ? La ferme. C'est son flingue ? C'est pas le mien en tout cas.
Tuer John. Pourquoi l'idée est-elle si séduisante ? L'est-elle autant que le sourire de la salope qui me l'a piqué ?
- Embrasse-moi Cassie.
- T'es cinglée ?
- Oui, et bourrée.
Elles partirent, sans s'être embrassée, chez Julie, soutient entre copine, officiellement.

* * *


John, téléphone en main, faisait les cents pas dans son appart. Pourquoi avoir envoyé ce sms ? Cassie lui tapait sur les nerfs parfois, c'est vrai, mais la larguer, et comme ça. Tout ça pour quoi ? Une fille à peine croisée sur un forum. Il ne savait même pas à quoi elle ressemblait. Son avatar représentait une héroïne de manga, du genre "Fan service", seins en avant, sourire kawaii. N'empêche, même s'il savait que c'était idiot, il avait associé cette image à Katy. Go mec, je suis célibataire. Elle va faire la gueule, un peu, mais c'est pas si grave. Et puis elle dit toujours qu'elle ne dépend de personne, qu'elle est libre. Rien d'affolant. Des tas de gens se quittent tous les jours.

* * *


Quand Cassie s'éveilla, elle était nue, dans un lit qui n'était pas le sien. Un mal de tête horrible lui vrillait le crâne.
- Oh merde...
Le monde tanguait à mesure que ses souvenirs refluaient. Le sms de John, le bar, le flingue, l'alcool, Julie. Julie. JULIE !?
- Salut ma puce, j'espère que ta tête va mieux que mienne. Tiens, je t'ai préparé du café.
Aucun souvenir. On a baisé ? Cassie ne savait plus. Julie l'embrassa, sur la bouche. Elle ne se débattit pas, ne cria pas, ne fut même pas vraiment gênée. Deux secondes s'écoulèrent. Le baiser était bon, on a baisé. Le café était infect par contre, trop serré. Julie avait un grain de beauté sur le sein gauche. John en avait un dans la même zone. Elle l'embrassait parfois.
Ici, l'appart, c'était une cuisine, une salle de bain, et une grande pièce qui suivant l'heure devenait salon, salle à manger, bureau ou chambre. Le pieu, c'était le centre du monde, ou presque. C'était lumineux, meublé façon loft, et sur la table, second centre du monde, il y avait le flingue.

* * *


- Katy, salope, je vais la buter.
John tremblait, Katy, c'était Julie, et une Julie qui embrassait Cassie à pleine bouche, lui caressait les seins et faisait un doigt d'honneur à la caméra-smartphone. « See you chez Roger, le naze ». A qui en voulait-il le plus ? Celle qui avait tout manigancé ou celle qui s'était faite avoir ? Sur la table, une bouteille de vodka. D’où venait-elle ? Il s'en tapait, il bu au goulot. Ça lui brula l'oesophage, ça lui fit chaud dans le corps, un jet d'alcool sur un départ de feu. Il s'embrasa. Petite pute. Il attrapa son blouson, bizarrement lourd, bu encore un coup, et parti attendre miss manga au QG-Roger.

* * *


Qu'est-ce qui déconnait ? Cassie regardait ce flingue depuis une éternité. Elle l'attrapa et se le posa sur la tempe. Bam, elle imaginait l'explosion. Je vis en pleine confusion, ma cervelle éclatée sur le poster de Muse, juste à côté. Julie va faire la tronche, il est cool ce poster. Faudrait que je tire, c'est le truc à faire. A la place, elle s'imagina tuer John, et ca lui donna des frissons d'excitation. En une nuit, alcoolique, lesbienne et serial killeuse, bien joué ma fille. Un rail de coke avant la fin du monde ?

* * *


Julie était aux anges, elle l'avait eue, enfin. Et cette petite vidéo Bullshit for Johnny, dans ta face gros porc, quand j'imagine tes sales pates sur ses petits seins, je voudrai t'étrangler. Et ce flingue, d'où il vient d'abord ? Sa tête lui faisait mal, et elle devait aller voir Roger, avec sa Julie. Pas envie de sortir, juste retourner sous la couette, refaire l'amour, en boucle, oublier tout. C'est ce qu'il faudrait faire. Cassie était assise à table, elle dit « bam ». Sale pressentiment, tant pis, go to Roger, ca fera passer les idées noires. Et elle lui mettrait la main aux fesses dans la rue, pour jouer avec quelques idées rouges.

* * *


Chez Roger, elles sont là, et lui aussi. Trois paires d'yeux, des crânes façon marteau-piqueur, de l'alcool tout neuf dans le sang, et un truc bizarre dans l'air. Julie avait la main dans la poche de son blouson, le contact métallique la rassurait. C'est presque sexuel un flingue, on le branle et la camelote sort d'un coup. Personne ne disait rien, l'air était électrique.
Cassie avait l'impression d'être devant un immense précipice, et l'envie de faire un grand pas en avant était forte, bien trop forte. Elle en tremblait.
John aussi tremblait. Il sorti son portable, play, et Cassie redécouvrit sa nuit. Fini les doutes, elle était consentante et visiblement, elle avait apprécié la ballade.
- Salope, tu m'as fait boire pour me baiser et tu m'as filmée ?!
- Alors connard, jaloux ?
- Je vais te buter.
Et il sorti un flingue. Cassie s'étonna, c'était le même modèle que celui de Julie, qui d'ailleurs sorti le sien aussi sec. Cassie ne savait plus quoi faire. Elle mit la main dans la poche, et tomba sur un objet métallique. Elle ne sut pas comment il était arrivé là, s’en fichait, et savait exactement ce que c'était, fallait juste se décider, je vise qui ?
Le monde était suspendu, tous avaient envie de tirer. Pour quoi ? Des conneries. Cassie voulait les voir morts, tous les deux, sans raison, et elle aussi. Bam bam. Y a un truc qui clochait.
Elle sorti le pistolet, et se le colla juste sous le menton.
- Rangez les vôtres ou je tire.
Les regards rebondissent, flash, cadrage rapproché, ping pong. John baissa son arme, Julie tremblait. Elle avait gagné, pourquoi tirer ? Mais son regard restait vide.
- Julie...
Elle baissa son arme.
L'instant avait vécu, personne ne mourrait.
Pourtant, deux secondes plus tard, Julie écarquilla les yeux.
- Marc ? Qu'est-ce que tu fous ici ? Et sapé en serveur ?
- Ta gueule. Et Cassie, fait un effort bordel. Faut que ca vienne de toi, merde.
Lui aussi avait un flingue, le même modèle que tous, super promo à l'hypermarché du coin sans doute. Il le leva, et tira une balle dans la tête de Julie. Gerbe de sang. Un regard vers Cassie. Il n'était pas effrayé, juste contrarié.
- Grouille putain.
Sans ciller, dans la seconde, il posa le canon sous son menton, et tira.

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Onirian, bam bam.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-04-22 23:45:02 

 Commentaire Onirian, exercice n°105Détails
Comm Onirian 105

Nom d’une patate chaude ! Ca commence comme une histoire cucul, eau de rose revisitée djeunz... et ça vire au délire surréaliste, façon cauchemar-après-journée-pourrie. Manque plus qu’un psychanalyste chauve en charentaises qui demande « quelqu’un a vu le chat ? »
Reprenons. L’alternance des points de vue est intéressante. Dans le 2° paragraphe, tu mélanges les points de vue de Julie et de Cassie. Si c’est pour commencer à semer le désordre dans la pensée du lecteur, c’est réussi. J’aime bien le dialogue rapide entre les deux filles, sans alinéa, réduit à l’essentiel et parfaitement clair. C’est rythmé et vif, et c’est bien dans le ton du texte. J’aime bien aussi la progression des alcools et « laissez la bouteille », sans guillemets, c’est bien enlevé.

Bricoles :
- D’abord, les répétitions :
elle sortit une arme... il sortit son portable... il sortit un flingue... qui d’ailleurs sortit le sien... elle sortit le pistolet
Il ne savait même pas à quoi elle ressemblait... même s’il savait que c’était idiot
Il but au goulot... but encore un coup...
Elle en tremblait... John aussi tremblait... Julie tremblait...
Elle ne sut pas comment il était arrivé là... et savait exactement


- Ensuite, les temps des verbes : dans l’ensemble, le texte est au passé (imparfait et passé simple) . Dans le 2° paragraphe, tu passes au présent, le passage se fait via une phrase sans verbe et une phrase de dialogue, ça passe bien. Un passage au présent, c’est comme un gros plan sur un moment fort, OK, c’est licite. Mais le retour au passé simple pour la dernière phrase du paragraphe est plus dur, sans transition !
Idem, dans le paragraphe « chez Roger... », « elles sont là », et tout est au passé jusqu’à « les regards rebondissent » et ensuite tout au passé.


- « ... après s’est pris un coin de table (les petits doigts de pied ont été programmés par le diable) » : je suppose que c’est « après s’être » ; un coin de table, normalement , c’est un peu plus haut que les pieds ; le « petit doigt de pied », je suppose que c’est le 5° orteil ? « petit orteil » devrait suffire, par analogie avec le petit doigt.


- Orthographe :
elle sorti : sortit ; soutient entre copines : soutien ; Julie mis : mit ; doigts de pieds ont été programmé : doigts de pied ont été programmés ; sans s’être embrassé : embrassées ; celle qui s’était faite avoir : fait avoir ; il bu : but ; brula : brûla ; et parti attendre : partit ; tes sales pates : pattes ; je voudrai t’étrangler : voudrais ; fini les doutes : finis ; la ballade : balade ( il s’agit d’une promenade, pas d’un poème) ; fait un effort : fais .


Je ne suis pas sûre d’avoir compris la fin. Qui dit « Grouille, putain », c’est Cassie ou c’est Marc ?

Deux morts pour le prix d’un ! On avait dit « personnage sympathique et attachant »... Julie, bof... Marc, on ne le connaît pas assez. Mais peut-être ne nous as-tu pas tout dit, et on découvrira dans la suite que c’étaient des anges !
Je suis curieuse de savoir comment tu vas te tirer de ce méli-mélo... et j’espère sans recourir à une pirouette ( cauchemar ou scénario de film). Surtout en donnant du sens à la mort de Julie, qui est censée être le pivot de l’histoire. Donner du sens à une histoire comme ça... Cool ! Tous mes voeux t’accompagnent ! Et le pire, c’est que tu serais bien capable de réussir !
Narwa Roquen,bizarre comme le thé peut donner mal à la tête...

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z653z  Ecrire à z653z

2012-05-24 15:20:36 

 deux petits trucs en plusDétails
"avec sa Julie" -- Je crois qu'il faut lire "avec sa Cassie" vu que dans ce paragraphe, c'est Julie qui parle.

soutient entre copine, officiellement -- répétition

La fin est ambiguë. On ne sait pas qui tire sous le menton de qui (j'écarte le suicide). En même temps, ça donne envie de lire la suite.
On sait juste que c'est Marc ou John qui tire ("il posa").
Soit c'est Marc qui tue John (le seul à peu près attachant avec Cassie).
Soit c'est Marc (ou John) qui tue Cassie mais alors cette phrase "Et Cassie, fait un effort bordel. Faut que ca vienne de toi, merde." est incongrue.
Sachant que je vois mal Marc mourir alors qu'il vient de lancer un rebondissement.

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