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 WA, exercice n°99 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 27 octobre 2011 à 23:10:16
Un petit exercice ludique pour se mettre en train avant le n°100. Un exercice qui tient autant des mots croisés que du sudoku et où l'imagination devra s'accompagner de rigueur et logique. C'est pourtant presque une plaisanterie...
Il s'agit d'écrire un texte, dans l'ambiance qui vous convient, comportant le plus possible de mots commençant par la lettre c.
Sont exclus du compte les noms propres, les démonstratifs, les répétitions, et bien sûr les grossièretés. Affubler un personnage d'un défaut de prononciation serait bien entendu une tricherie. Les mots obsolètes ou techniques sont autorisés. Et l'histoire doit avoir une intrigue et un sens.
Vous avez trois semaines, jusqu'au jeudi 17 novembre.
Et pendant que vous maudirez mes idées sottes et grenues, songez que je suis en train de transpirer avec d'aussi grosses gouttes que les vôtres...
Narwa Roquen, après les confitures, les confits de canard et les foies, comme il convient


  
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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-11-17 22:20:53 

 WA, exercice n°99, participationDétails
CHAPEAU BLANC



« Cannelle, cardamome, curcuma, cumin... et coriandre ! », sourit Delizia en se léchant les lèvres. « Et un peu de gingembre frais pour corser le tout. »
Elle remua le contenu du grand chaudron de cuivre avec sa longue cuiller en bois de cerisier, et redressa d’un index machinal son chapeau blanc qui avait toujours coutume de glisser sur son front.
« Alors... pour commencer, la mousse de citrouille aux cèpes et les oeufs ; le civet de cuisse de dragon aux épices, et en dessert glace à la corne d’auroch et aux cerises confites... »
Elle jeta un oeil sur la grande pendule qui surmontait le confiturier, et gémit :
«Déjà ! Mais où est-ce qu’ils caracolent encore ? Nom d’un cochon confit, les mulots, ici tout de suite ! »
Une dizaine de petites souris entrèrent aussitôt au pas de course, portant toutes un minuscule chapeau blanc entre les oreilles.
« Pardon, Delizia...
- C’est Pendragon...
- Il nous barrait le chemin !
- Il voulait nous croquer !
- On l’a un peu chahuté...
- On espère qu’il a compris ! »
Delizia fronça le sourcil, en contemplant les mulots qui grimpaient sur la grande table et se mettaient en rang au garde à vous. Elle disposa devant chacun une grosse pomme de terre épluchée, et méfiante, demanda :
« Vous n’avez pas tué le chat ?
- Heu... probablement...pas... »
Elle bondit dans la cour, courut à l’ancien abreuvoir, où le matou se débattait dans un fond d’eau croupie, incapable d’accrocher le bord. Elle le souleva par la peau du cou.
« Te voilà propre ! C’est consternant ! File te sécher devant la cheminée, et je te préviens, la prochaine fois que tu touches à un seul de mes cuistots, je te transforme en confit de canard ! »
Les souris étaient toujours immobiles.
« Et vous, qu’est-ce que vous attendez ? Creusez ! Vous avez cinq patates chacun ! Concentration, constance et célérité ! Le premier qui cancane ou qui conteste je le confie à Pen’ ! »
Les marmitons s’attaquèrent vaillamment à leur tâche ; au fur et à mesure la cuisinière disposait les pommes de terre creusées dans deux grands plats et y répartissait la farce : foies de cygnes, carottes et céleris hachées menu, baies de canneberge et noix de cajou. Une bonne mesure de cannabis, trois pincées conséquentes de yohimbine, une petite cruche de vin cuit d’Archalasie, et... ah oui, une cuiller à soupe de piment d’Estafette.
« Allez, allez, on s’active ! Après, vous avez cinq kilos de cerises à dénoyauter ! Les gnomes, le couvert ! Les Sylphides, remplissez les carafes d’eau, allumez les cheminées, préparez le cocktail ! Quoi ? NON ! Je vais te couper les oreilles, Frénéa ! Un tiers de liqueur de caïman, un tiers, pas un quart ! C’est pas compliqué ! Et n’oublie pas le curaçao et l’extrait de capucine ! Alors, les griottes, ça vient ? Garris, les serviettes ! Doram, le couteau se met à droite, sauf pour Maître Fulgur qui est gaucher. Où il se met ? A sa place, bien sûr ! En bout de table, côté Sud. C’est la coutume ! N’essaie pas de me faire craquer ! Si tu me cherches, je te chaufferai le cul du bout de mes bottines en cuir de chevreau ! Et tu pourras chouiner que ça n'y changera que couic!»
La cuisine s’immobilisa dans un silence consterné. Même le feu sous le chaudron hésita à brûler encore, mais craignant la colère de la maîtresse queux s’il s’éteignait, se cantonna à une combustion discrète et silencieuse. Maîtresse Ouragane, Grande Capitaine du Consortium du Nord, venait de pénétrer dans l’antre culinaire, dans un bruissement continu de longues étoffes noires et parfumées.
« Eh bien, Delizia ? Tout est prêt ? Nos invités seront là dans une heure !
- Ca suit son cours, votre Grâce. Je serai à l’heure.
- Bien. Je peux connaître... le menu ? »
Delizia secoua la tête.
« Votre Grâce, vous savez bien que ce n’est pas possible. C’est le Secret des Cuisines, l’honneur de notre Confrérie...
- Je sais, je sais... », marmonna la Sorcière en tentant de cacher et sa déception et le chatouillis voluptueux qui agaçait ses narines. « Mais le règlement aurait pu changer... »


La grand salle se remplit d’un coup. Vingt et un sorciers et sorcières du Nord, vingt et un sorciers et sorcières du Sud. Réunis, après tirage au sort sur le lieu du colloque, pour négocier la possession d’une petite île qui venait de surgir des flots à égale distance des deux continents. En les observant par la porte entrouverte afin de faire son entrée au moment propice, tandis que les Sylphides servaient l’apéritif, Delizia se disait qu’ils étaient, quoique ennemis depuis toujours, relativement peu différents. Oui, les femmes du Nord laissaient leurs cheveux libres alors que celles du Sud les nouaient de diverses manières. Certes, les hommes du Sud portaient sur leur tunique des ceintures hautes et cloutées, tandis qu’au Nord la mode était de laisser les vêtements retomber sans contrainte. Mais leurs grands chapeaux noirs étaient en tous points semblables, et les uns comme les autres étaient persuadés d’être les plus puissants. Une gorgée, deux gorgées, quelques regards explorant l’alentour... C’était le moment. Elle souleva le grand plateau couvert d’amuse-gueules et prit une profonde inspiration avant de pousser la porte avec son dos.
« Bonsoir, Vos Seigneuries ! Pour agrémenter le cocktail de bienvenue et réveiller vos papilles avant le dîner, voici quelques mignardises de mon crû : queues de scolopendres confites sur canapé, brochettes de scorpion à la sauge et au romarin, coupelles de cervelle de caméléon au caramel d’animelles de castor, crumble de crabe aux courgettes et à la coriandre fraîche et petites saucisses tièdes de croupe de girafon... »
Des « oh », des « ah », des sourires concupiscents, quelques applaudissements de ceux qui savaient comment laisser leur verre en suspension. Quelle que fût l’issue des âpres discussions, il n’y aurait pour elle que bienveillance et compliments – sauf si elle avait été trop sotte pour les mériter. Une fois de plus elle se félicita d’avoir suivi cette carrière. C’était toujours elle qui avait la meilleure part.
Son coeur s’emballa un instant quand son regard croisa celui de Firmamis, le bras droit de Maître Fulgur. Delizia n’était pas une cane blanche. Elle savait bien que son charme ténébreux, ses longues boucles brunes, ses yeux immensément céruléens et l’aura que lui conférait son pouvoir incontesté avaient fait chavirer toutes les femmes qu’il avait convoitées et dont il se jouait impunément. Le sourire câlin qu’il lui adressa en prélevant une coupelle de son plateau semblait être une invitation muette, presque une promesse. Semblait. Presque. Delizia esquissa un soupir, et se concentra sur sa tâche. Il en est de certains hommes comme de certains fruits. Leur aspect est des plus tentants, mais quand on les ouvre ils sont pourris au coeur et leur consommation est toujours néfaste.
« Allons, je vais m’occuper des entrées. »
Maîtresse Ouragane fit asseoir les convives, et les Sylphides commencèrent à emplir les verres. Fulgur, en connaisseur, huma le bouquet du liquide citrin.
« Hum... Saute-Ernest... Six ans d’âge... Un bijou... »
Delizia, le torse bombé, précéda la cohorte des serveuses qui portaient les assiettes.
« En entrée, cassolette de mousse de citrouille aux cèpes et brouillamini d’oeufs de griffon aux truffes noires du Père Igor. Permettez-moi de souhaiter à Vos Seigneuries un bon appétit et une digestion légère, et que ce modeste repas inspire vos échanges de la plus douce des manières.
- Merci, Delizia », rétorqua Maîtresse Ouragane manifestement contrariée.
- Merci, chère Delizia », ajouta Maître Fulgur avec une malice cordiale. « Nous te sommes tous reconnaissants de la peine que tu as prise, autant qu’admiratifs de ton art incomparable. »
Un sourire, un signe de tête, s’éclipser. Son Maître Bocusias avait toujours insisté sur ce point.
« De la dignité, de la courtoisie, mais jamais un mot de trop. Ils sont venus dîner, pas écouter ta conversation. »
Néanmoins, elle amplifia son audition pour entendre ce qui se disait dans la salle.
« Toutes mes excuses », maugréa Maîtresse Ouragane. « C’est une excellente cuisinière, mais elle est un peu trop cérémonieuse.
- Mais c’est un cordon-bleu hors pair », répondit courtoisement Maître Fulgur. « Et une sommelière de grande classe. Si vous vous en lassez, je ne serais que trop heureux de lui proposer un contrat.
- C’est divin ! », soupira une sorcière du Sud. « Si délicat, si parfumé...
- Extraordinaire !
- Jamais dégusté une telle perfection...
- Et ce vin... Du bonheur liquide ! »
Puis le silence tomba, rompu par le cliquetis des couverts, les grognements satisfaits et le tintement des verres.
« S’ils se taisent », professait Maître Bocusias, « c’est que c’est bon. »
Delizia brandit le poing en signe de victoire et retourna à son ragoût.


« Mes chers amis », grinça Maîtresse Ouragane, du ton avec lequel elle aurait pu dire « bande de crapules maléfiques », « je pense qu’il est temps de commencer notre discussion. L’île innominée, qui vient d’émerger entre nos territoires, est certes équidistante des deux, néanmoins son vent dominant vient du Nord, et il me semble donc, sans contestation possible...
- Pet de coucou! », contre-attaqua Maître Fulgur dont les yeux lançaient des éclairs. « Le sable qui en orne les côtes est le même que celui de nos dunes. Les grèves du Nord sont couvertes de galets !
- Mais on y trouve des cèdres, des chênes et des cyprès... Pas de cactus ni de cocotier !
- Voilà une contre-offensive des plus cocasses !», constata Firmamis avec un rictus carnassier, lui dont les cancaniers disaient qu’un de ses maîtres était un cobra aux crochets venimeux.
- « Je ne me laisserai pas conspuer sous mon propre toit ! », clama Maîtresse Ouragane.
C’est le moment que choisit Delizia pour quitter les communs, un sourire candide aux lèvres, et les convives aussitôt calmés se concentrèrent sur l’évènement capital du dîner : le plat principal.
« Civet de cuisse de dragon aux épices et pommes de terre farcies aux foies de cygne, avec une petite salade de cornette au vinaigre de cachalot...
- Du dragon ! Par le Cornu ! Mais comment...
- J’ai l’insigne bonheur d’avoir un frère chasseur...
- De la cornette ! Ce n’est pas possible, elle ne saurait croître sous nos climats !
- Hem... Mon Maître Bocusias, que la Magie ait son âme, avait su constituer un réseau commercial extra-planétaire... »
Murmures, exclamations, le ballet des Sylphides, le vin rouge égayant le deuxième verre, Maître Fulgur claquant de la langue :
« Par les Sept Cercles ! C’est du Côtes d’Eclair ! Mon vin préféré ! J’en suis le principal éleveur du Sud... Mais par toutes les Furies de toutes les Vengeances, le mien n’a pas autant de corps !
- Votre Seigneurie m’honore », s’inclina Delizia en battant en retraite, l’oeil courroucé de Maîtresse Ouragane braqué sur elle.
- « Du dragon ! C’est inouï !
- Prodigieux ! La cuisson de la chair est parfaite, et ce parfum capiteux...
- Des foies de cygnes... Tant pis, demain j’aurai pris un kilo, mais pour une caisse d’or je ne renoncerais pas à ce bonheur exquis !
- Ni moi pour une tonne de diamants !
- De la cornette ! Une folie ! Cette douceur croquante avec le moelleux du ragoût... Cette fille est géniale, géniale... »
Delizia se trémoussa de plaisir.
« Ca a marché ! », exulta-t-elle. « Bon, attention, maintenant il ne faut pas rater le final... »


« Il est certain qu’une concertation serait plus profitable qu’un conflit », proféra Maîtresse Ouragane, déjà moins catégorique.
- Je suis sûr que nous pourrions coopérer confraternellement pour en exploiter les ressources de concert, et en retirer de confortables dividendes...
- Un consensus serait complètement à notre honneur, Maître Fulgur », ajouta Firmamis dont les yeux commençaient à cligner sans aucun contrôle.
- Mais on dit qu’hormis du sable et des palmiers...
- Ouragane, ma très chère, c’est un challenge que nous aurons en commun, clairement une chance que nous devons chérir ! Nous pourrions... allons, mes chers collègues, c’est le moment de croire à vos chimères !
- Un parc d’attractions !
- Un centre de remise en forme !
- Un élevage de chevaux !
- Une réserve d’animaux sauvages, avec des chameaux !
- Le plus haut gratte-ciel du monde !
- Une école de chorégraphie !
- Un cimetière pour chiens !
- Un cirque !
- Un complexe touristique ! »...


« Quel changement depuis le début du repas ! », se congratula Delizia. « Ils ne se crêpent plus le chignon, ils sont à deux doigts de se cajoler sans aucun cynisme ! Voyons si je peux gagner mon dernier combat... »
La cohorte des Sylphides changea les assiettes, tandis que les accents d’un cha-cha-cha coquin rythmaient en sourdine leurs gestes gracieux.
« Pour votre dessert, Mes Seigneurs, je vous propose l’alliance du feu et de la glace : sorbet de corne d’auroch au coulis brûlant de cédrat, parsemé de cerises confites, sous une pluie de pétales de campanules et de fleurs de clémentines... avec bien entendu ma célèbre cascade de champagne ! »
Les applaudissements firent trembler les murs de l’immense château. Qui n’avait jamais vu la cascade de Delizia n’était qu’un cossard calamiteux ! A mi-chemin entre la table et le plafond, en une suspension parfaitement contrôlée, dix jéroboams déversaient un flot continu du précieux vin pétillant, importé par le Diable seul savait comment – et par les soins de la Chapeau Blanc ; la merveille liquide, qui se teintait au passage de toutes les couleurs de l’arc en ciel, rebondissait en chantant sur la pyramide de coupes du cristal le plus pur, qui carillonnait en harmoniques divines, emplissant la communauté d’une admiration aussi exaltée qu’euphorique. Souvent contrefaite mais jamais égalée, cette invention spectaculaire avait fait classer sa créatrice en tête du top cinquante des cuisiniers des deux territoires depuis plus de dix ans. Et qui avait jamais imaginé de déguster une glace à base de corne d’auroch, réputée pour ses vertus stimulantes et aphrodisiaques ? Delizia, qui avait longuement étudié le sujet, savait pertinemment que la corne d’auroch n’était qu’un leurre. Mais en revanche la poudre de cantharide qui entrait dans la composition de son dessert était constamment efficace, mais ça, c’était sa touche personnelle, son secret jalousement conservé...
L’art de la cuisine s’apparente à l’alchimie, à la peinture, à l’architecture, à la médecine et au jeu d’échecs. Il faut marier les saveurs, les couleurs, les textures, les volumes, connaître les effets de chaque ingrédient sur les organismes, et ménager ses effets de surprise, organiser ses diversions comme un stratège chevronné pour cueillir chaque consommateur dans la faille de son armure. Mais après tout, les victimes sont consentantes, et leur douce reddition ne leur apporte que du plaisir.
Bien sûr, l’éclat de la cascade ferait passer au second plan la qualité du dessert. Mais en contrepartie, ayant baissé leur garde, les convives n’en seraient que plus merveilleusement confondus. Faisant mine d’arranger un bouquet sur une commode, elle observa du coin de l’oeil Maîtresse Ouragane, toujours dépitée quand le service d’un nouveau plat lui volait momentanément la vedette. Mais elle connaissait ses civilités, et par devoir plus que par envie, plongea sa cuiller dans le chaud et froid. L’instrument de métal resta dans sa bouche plus que de nécessaire. Ses yeux se fermèrent et une demi-larme pointa à l’extrémité d’un cil.
Eh oui... Le cédrat, la clémentine... Delizia était sûre que ces fragrances la combleraient. C’était écrit en toute clarté dans la conjonction astrale de la Grande Sorcière, et elle ne négligeait jamais de se documenter sur ses clients, à plus forte raison quand il s’agissait de ses employeurs. Le pari était gagné, il ne restait plus qu’à préparer le café, qui serait servi au salon, dont les coussins rebondis avaient été parfumés par ses soins de musc et de cataire : c’était sa dernière cartouche.


Yboréal, le Grand Comptable de la Confrérie du Sud, transpirait à grosses gouttes. La Sorcière du Nord qui lui faisait face avait commencé par poser un pied nu sur sa cheville ; puis le pied était monté, monté, pareil à une petite bête curieuse et obstinée, vagabonde et pourtant précise, et ses va et vient le... lui... eh bien mais il était urgent que cette réunion se termine, parce que... parce que...
« Un grand complexe touristique pourrait être du meilleur rendement ; hôtels, restaurants, golf, tennis, massages, saunas... et ... » Il faillit s’étrangler dans son champagne, mais réussit à continuer. « Et musées, bibliothèques, cinémas, boîtes de nuit...
- J’y consens », soupira Maîtresse Ouragane, assaillie depuis plusieurs minutes par le regard flamboyant du Grand Maître du Sud, et qui crispait ses mains sur ses cuisses pour ne pas capituler avant d’avoir conclu cette négociation sans intérêt alors qu’il fallait absolument... rien qu’une fois... mais tout de suite... « Mais à condition que la responsabilité de la restauration soit confiée à Delizia, et à elle seule ; je ne saurais concevoir que sa compétence puisse être contestée dans notre communauté, et je ne transigerai pas sur ce point...
- Tout ce que vous voudrez, très chère », haleta Maître Fulgur, au paroxysme du désir. Par toutes les chèvres lubriques, il la lui aurait bien offerte en totalité, cette île ridicule, s’ils passaient au salon immédiatement, et si...
- Alors nous pouvons rejoindre les fauteuils et les canapés, pour un moment de détente conviviale... »


Delizia avala quelques bouchées rapides de viande encore tiède, une gorgée de vin rouge, et jeta un regard circulaire sur son domaine. Tout était en ordre. Elle pouvait aller finir sa nuit ailleurs. Malgré tout, elle ne put s’empêcher de se faufiler discrètement pour contempler en catimini les conséquences de son délicieux complot. Dans le large fauteuil près de la cheminée, elle vit se trémousser dans les airs les bottines convulsées de la redoutée Grande Sorcière, entre lesquelles le corps massif du Grand Maître s’agitait frénétiquement. Le Grand Comptable transpirait toujours, en poussant des miaulements improbables, chevauché par une intrépide cavalière sur un coin de l’épais tapis de laine. Et autour d’eux, ce n’était que corps dénudés, emmêlés et jouissants, râles et soupirs, exhortations sauvages et suppliques excitées. Vingt et un coïts débridés, en paire ou en multiples, dans tous les sens, dans tous les genres...



« Alors ?
- Bien, bien. Ca te dirait de vivre au bord de la mer ?
- Chais pas. Jamais vue... T’as l’air crevée, mon p’tit loup. Décompresse, ch’te ramène cheu nous. »
Le fouet du cocher claqua dans la nuit claire.
Le trot régulier du vieux cheval la berçait de sa cadence rassurante. Elle pouvait se laisser porter en toute confiance. Ignace n’était pas un grand causeur, mais il se serait fait couper en morceaux pour elle. Certes, elle aurait pu sans peine séduire un des Grands de ce monde. Mais Ignace était jardinier, comme son père. Il savait la patience et la joie. Il savait trimer et il savait cueillir. Et avec lui, nul besoin de gingembre ou de cantharide...
Narwa Roquen, le chrono à la main,complètement ponctuelle!

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2011-11-18 17:31:30 

 WA n°99 participation (début)Détails
C'est pas fini mais je m'en sors pas! Quel arrachage de cheveux, hhhaarrgghh!!! Bon, tu vois z, je suis pas loin, hein... :)

Calamity Clebs


« Chaque chasseur sachant chasser sait que chasser sans son chien... c’est sacrément con ! », chantait continuellement le cousin Claude quand il contait ses sorties chasse entre collègues. Je chasse pas, mais j’aime courir, ça calme. Et j’ai cru qu’un chien, ça ferait une compagnie. Comme une copine, mais en moins causant, en moins concentré aussi sur la couleur de ses chaussures quand on coupe à travers champs.
Car je crèche dans un coin de campagne, du genre carrément chiant. Une centaine de citoyens coincés entre deux clôtures, un café sinistre et un cimetière où le curé de la commune a couché mes parents. Les cocottes courent pas les chemins, justement, et le chômage et la crasse de ma vieille chaumière charment pas les coeurs. J’ai quelques copains casés, ceux qui ont plus de classe, ou un compte mieux crédité. Bon, le célibat, on en crève pas. C’est juste que ça colle le cafard certains dimanches.
Alors j’ai cru qu’un chien ça changerait mon quotidien. Une chaleur canine à mes côtés, un camarade de combat et de course. Alors j’ai choisi un chien au centre SPA.
« Un chien comment ?, qu’elle m’a questionné. Caniche, colley, cocker ? Costaud ? Chétif ? Câlin ou chahuteur ? Chien de chasse, de cirque, de compagnie ?
- Un chien classique. Avec quatre pattes. »
Je lui ai cloué le caquet et elle a cessé d’énumérer son catalogue. Elle m’a collé un clebs tout crade entre les coudes.
« Ca fait cinq ans qu’on l’a. Classique. Quatre pattes. »
Comme elle m’a dit que c’était un cavalier king Charles, je l’ai appelé Charly.

Changer mon quotidien... Ca !!... Ce crétin de clébard est un cauchemar ! Ses coussinets ont touché le carrelage de la chaumière et cinq minutes après, c’était le chaos ! Ses crocs dans mon cuir, pour commencer. J’ai contesté clairement mais j’ai compris qu’il captait pas les critiques, le clebs. Après le blouson, ça a été les chaussons, le canapé déjà crevé, le pied de ma chaise qu’il a tellement croqué qu’elle a cédé et crac !, le cul par terre dans ma cuisine ! Il s’est fait un casse-croûte de mes caleçons, a chié sur ma seule chemise chic, crottait ma couche où il laissait choir son corps collé de boue avec un contentement couillon qui me crispait au plus haut point, changeant ma chambre en chantier, les couvertures déchirées, la commode renversée ! La chair de mes cuisses était couverte de coups de griffe, car quand Charly était content, il me considérait tout à coup comme une chienne en chaleur et croyait copuler avec mes jambes...
Aller courir, pour courbaturer un peu la Catastrophe? Calembredaine ! Il cognait les chihuahuas, coursait les chats, chamboulait les rayons des commerces, chipait les côtelettes ou la chair à saucisse sur l’étal du charcutier chez qui il entrait sans crier gare, et chacun me rendait coupable du cataclysme.
Je craquais. Je chialais comme un chérubin et Calamity Clebs me contemplait, l’air con. Je l’ai rebaptisé Choléra.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2011-11-19 16:11:35 

 WA - Participation exercice n°99 (edit)Détails
Le chant de Calypso


Et la bande son...

Je connaissais la couleur des cartes. Celle des coeurs brisés et des carreaux cassés. J’étais un comédien conspué. Un colporteur de cigarettes de contrebande. Un coupable condamné par contumace. Oui, je connaissais la couleur des cartes.

Dans le cabaret, j’ai allongé sur le comptoir de grosses coupures. J’ai commandé des cannettes de cognac, de calva et de champagne pour boire jusqu’à l’ivresse. Et quand les brumes cotonneuses de l’alcool m’eurent suffisamment mis dans le coltard, elle me souriait comme avant. Quand elle me charriait. Quand elle me charmait. Quand elle me câlinait. Combien de fois depuis ai-je cru qu’elle comprendrait ? J’ai perdu le compte.

A la table de poker, j’ai complété le cercle des joueurs, alignant devant moi mes derniers crédits. J’ai perdu. Aucune conséquence. J’ai encore perdu. Sans colère. A la dernière main, j’ai crié :

“ Tapis! ”.

Plus rien à cirer. Ce soir, il fallait bien que tout cela cesse. D’une façon ou d’une autre. J’ai misé ma chemise et mon chapeau, ma chaîne en or et mes cothurnes de cuir, ma ceinture en croco et ma chevalière.

J’ai claqué la carte au centre du tapis. Le valet de carreau quand je voulais la dame de coeur. L’autre joueur a contré. Carré de cinq. Il a ramassé le pot et a attendu le reste. Je n’ai pas pu couvrir. Dans la courette, ils m’ont cogné. Ils m’ont cassé le nez et deux ou trois côtes à grands coups de cannes plombées et de chaussures ferrées. Ils m’ont craché dessus. J’ai couru dans les coursives pour semer les crocs de leurs chiens monstrueux.

Comme une évidence, je suis entré dans la petite chapelle. Des chandelles étaient censées se consumer sur leurs candélabres. Le chapelain a tourné ses regards vers moi, sa lecture du chapitre contrariée. Sa capuche camouflait ses traits cireux. Il n’a pas recueilli ma confession. Il ne connaîtra jamais mes regrets et mes remords. Il y avait aussi ce coupable sur sa croix. Lui aurait pu me comprendre. A cause de la couronne d’épines qui ceignait son crâne et des clous qui le crucifiaient. Je ne suis pourtant pas catholique. Ni chrétien. Pas même croyant.

J’ai consenti à lui jeter : “ Je vais à la crypte ! ”
Cela n’appelait aucune discussion.

La crypte, plutôt une cave, était creusée dans la carlingue du cargo, sorte de renflement sous la coque intérieure. J’ai longé un corridor conduisant au sous-sol. La petite salle était basse et voûtée, ornée de colonnes corinthiennes. Des flaques de cire artificielle formaient d’artistiques motifs. Dans la clarté glauque des cristaux de veille, une collection impressionnante de cercueils de corail reposait sur d’étroits catafalques. L’un d’eux contenait son corps.

J’étais un chevalier. Son chevalier. Un calicot de coton à son chiffre contre mon coeur. Un putain de chevalier de contrefaçon, armé d’un cimeterre en carton. Pour elle, je chapardais à la cambuse. Pour elle, je chipais des confiseries. Pour elle, je cueillais des coquelicots dans les champs hydroponiques qui parsemaient la carène. Pour elle, je combattais les chimères et toutes les créatures du Chaos. En récompense, elle me coinçait sans crier gare au coin d’un couloir et m’attirait dans une cabine clandestine qu’elle seule connaissait. Elle avait les cheveux coupés courts et les yeux cyans qui lui conféraient une curieuse allure d’androgyne. Ses courbes et ses lèvres capiteuses créaient une magie sensuelle qui me faisait chavirer à chaque fois.

Tout ça, c’était le passé. Avant la contagion céruléenne. La Mort Bleue qui a fauché le convoi au beau milieu des cieux, décimant les citoyens, vivants ou endormis dans leur sommeil catatonique. Elle a cassé les codes cellulaires, provoquant convulsions et comas, carcinomes et crises cardiaques, confondant les meilleurs chercheurs du Chapelet, l’essaim en croisière vers la constellation du Cocher. Sa cible est un système solaire proche de l’étoile Capella. Il comportait trois planètes déclarées ouvertes à la colonisation par le consortium du commerce, de la construction et de la coopération planétaire. Une course de plus de cinquante ans pour la flottille composée de caravelles aux lourds bulbes concentriques où s’entassaient les compartiments de stase cryogénique dans lesquels dorment les futurs colons et de cargos pachydermiques aux cales pleines de containers et d’engins de génie civil. L’un d’eux, l’Arche, aux flancs alourdis par d’innombrables cuves cylindriques, convoyait une précieuse cargaison. Là étaient conservées, congelées dans un bain d’azote liquide, les cellules souches de toutes les espèces, animales ou végétales, qui seront clonées pour peupler les mondes terraformés. Une poignée de corvettes et deux croiseurs militaires complétaient le convoi et formaient son escorte.

Le calicivirus mutant se déclarait d’abord par une petite cloque au creux du cou, une sorte de calice virant à une vilaine couleur bleu clair. Abcès et excroissances se multipliaient, couvrant rapidement tout le corps. Les cheveux cédaient la place à des calvities calleuses. Les chairs corrompues s’amollissaient, béant en larges crevasses cutanées. Beaucoup furent contaminés. Ils agonisèrent plusieurs cycles sur les couches des compartiments de confinement avant de clamser dans un ultime crachat de caillots hémorragiques. Leurs cadavres congestionnés furent catapultés par les sabords dans le cosmos aux changements de quart. Tous sauf elle. Car je l’ai cachée dans un cercueil tout au fond de la cave. Les crypto-catholiques considèrent qu’il faut une sépulture chrétienne et consacrée pour leurs chers défunts. Leur Cardinal a l’oreille complaisante du Commandant en chef. Aussi nul ne les contredit impunément. Pas même le Consul et ses Custodiens chargés de combattre le crime et de châtier les comportements déviants.

Au fond de la crypte, elle attendait. Elle m’attendait comme autrefois. Je le savais. Elle me l’avait confié pendant le premier quart nocturne qui avait suivi sa mort. Elle m’était apparue douce comme la caresse d’une ombre céruléenne.

Depuis, le long des coursives, elle chuchotait à mon oreille, collée tout contre moi. J’avais ressenti bientôt l’impression de cheminer au sein d’un cortège de soupirs. C’était comme un flot continuel de clameurs contenues. Au début, j’avais cru que c’était ma conscience qui me culpabilisait. Puis j’ai compris que c’était elle, elle qui convoitait quelque chose. Qui nourrissait un ultime dessein. Je commençais à perdre la raison! Jusqu’à ce que je pénètre dans la pénombre climatisée du centre culturel.

De dimensions modestes, il était situé sous le château arrière du cargo. Dès que j’avais franchi le seuil, les voix de cauchemar avaient été chassées comme des feuilles mortes dans un cyclone. Le vacarme sous mon crâne cessa d’un coup. Mon chagrin s’apaisa. Je recouvrai mon calme et quelque courage. J’en cherchai la cause. Je compris rapidement. La Musique.

Je devins un habitué compulsif de ces lieux. Yeux clos, je me laissais bercer par les oeuvres les plus connues des compositeurs les plus célèbres. Certes les musiciens n’étaient que des cyborgs et les conques musicales devant eux ne ressemblaient à aucun instrument. Cependant, j’accourais à chaque concert.

Je préférais de loin les concertos et les cantates classiques aux cacophonies modernes. Et les cordes aux cuivres. J’appréciais les chants grégoriens de la chorale crépusculaire dont les choeurs majestueux me faisaient frissonner. Mais ce qui me captivait au plus haut degré était le charme ambigu d’un castrat humain. Sa voix de contralto établissait une mystérieuse et troublante communion avec ce que je gardais captif en moi. Il avait les cheveux très courts et les yeux ni vraiment bleus ni vraiment verts. Je continuais à entendre son chant bien après la fin de sa prestation et il repoussait les voix dans ma tête.

J’ai découvert aussi le Cirque. Il était dressé dans une cale aux proportions de caverne monumentale, à côté d’une cohorte de caravanes où campaient forains et comédiens. Sous la toile, les chuchotements d’outre-tombe se taisaient également. Je m’émerveillais devant les acrobaties des trapézistes casse-cous aux costumes chamarrés, voltigeant sous les cintres du chapiteau. Loin au-dessous, sur la piste circulaire, les contorsionnistes et les cracheurs de feu se livraient une compétition acharnée. Les équilibristes dansaient sur leurs cordes et les jongleurs s'échangeaient couteaux et cerceaux. Je tremblais d’une crainte enfantine quand le dompteur, dans la cage aux barreaux d’acier, faisait claquer son fouet sonique pour tenir en respect les fauves cybernétiques. Mais mon numéro favori était sans conteste celui des clowns aux visages crayeux. Heurtant d’invisibles obstacles à cause de leurs chaussures beaucoup trop grandes pour eux, ils culbutaient comiquement cul par-dessus tête. Mais il se dégageait de leurs pitreries et de leurs cabotinages une rare poésie, universelle et rédemptrice. Et mon coeur se pinçait quand je devinais l’amour infini du Pierrot, couvant des yeux la jolie écuyère qui se cambrait en arrière sur la croupe du cheval caparaçonné.

Mais les commandements de ma nymphe devinrent plus pressants et les moments d’accalmie se firent moins nombreux. Jusqu’à ce soir où j’ai capitulé sans condition.

J’étais Pierrot et elle était ma Colombine. Pierrot aimait Colombine. Alors j’ai repoussé le couvercle du cercueil. Elle gisait là et elle me parut aussi belle que dans mon souvenir, le temps l’avait à peine effleurée.

« Nous allons faire un dernier jeu de cache-cache ma chérie ! »

Délicatement, je l’ai prise dans mes bras et je l'ai libérée de sa chrysalide. Elle était aussi légère qu’une gerbe de chrysanthèmes. Elle me faisait confiance désormais, sûre de sa victoire. Le murmure s’est converti en un chant lent et obsédant. En me cachant, en empruntant des couloirs de service et des canalisations interdites, j’ai regagné ma cabine. Là, je l’ai couchée dans un caisson anti-grav pour plus de commodité. Je me suis dirigé vers la soute abritant les ponts d’envol. J’ai commuté certains circuits et j’ai configuré ma carte d’accès. Les sentinelles en faction, gros coléoptères dans leurs combinaisons complètes de combat, ont avalé sans commentaire le baratin que je leur ai servi avec conviction. J’ai ouvert le sas ventral de la chaloupe et, à l’aide d’un chariot élévateur, j’ai hissé le caisson dans l’appareil.

J’ai composé la séquence de décollage et la chaloupe a jailli du cargo par une écoutille cyclopéenne. Dehors, les étoiles complices clignotaient sur le coussin velouté de l’espace. J’ai pris le contrôle de l’appareil et les commandes sont devenues fermes dans mes mains. Je n’ai pas tenu compte des conseils de Colombus, le résordinateur de classe C qui veillait sur le convoi. J’ai coupé le signal en abaissant un interrupteur, court-circuitant les communications avec le cargo. Une corvette a bien corrigé sa trajectoire pour m'intercepter mais je me suis mis à couvert dans un champ d’astéroïdes. Une chaloupe ne vaut pas la perte d’une corvette. Alors les chasseurs ont lâché leur gibier. Nous étions enfin seuls. Le convoi s’éloignait rapidement, sa vitesse de croisière approchant celle de la lumière.

Mais cela n’était pas suffisant. Il y avait encore trop de matière entre nous. J’ai éteint les moteurs. J’ai quitté mon siège, et flottant dans la carlingue, j’ai revêtu le scaphandre spatial. J’ai ouvert le caisson et, embrassés l'un contre l'autre, nous sommes sortis dans l’espace. Toi, tu m’encourageais constamment, saturant ma conscience de ton irrépressible désir. Nous avons dérivé un moment, arrimés au cordon de sécurité qui nous reliait à la chaloupe éloignée de plusieurs centaines de mètres. Mais tu n’étais pas encore convaincue. J’ai enfin compris ta dernière prière et je vais aussitôt l'exaucer.

Oui, rien ne nous séparera plus avant que toutes les étoiles ne se consument comme les cendres de cierges épuisés. Regarde! J'ôte de ma ceinture le crochet de la ligne de vie et lentement, je relève complètement la visière de mon casque pour laisser pénétrer le vide et le froid absolus. Tu es enfin... contente.


M

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2011-11-20 08:49:26 

 Commentaire Narwa Roquen, WA 99Détails
Mmmmmh, on en a l'eau à la bouche!!! Moi aussi je veux goûter tout ça!!

Super chouette texte, qu'on ne peut pas quitter au milieu évidemment (qui partirait au milieu d'un festin pareil?) et dont la fin est, oh!, surprenante!! Hé hé :)
C'est étrange moi quand je cuisine ça fait pas le même effet à mes convives... Peut-être parce que je suis la seule personne au monde capable de rater la purée de carottes et le velouté de potiron...

Elemm', ce matin c'est foie gras, mais je me fais aider d'une copine, j'aurai peut-être plus de chances!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2011-11-20 18:02:19 

 La grande abbuffata (*)Détails
Un conclave de noirs sorciers doit arbitrer les deux factions qui revendiquent la possession d’une nouvelle terre. Il se déroule sous l’égide des chapeaux blancs comme d’autres contestations territoriales, bien réelles, sous celle des casques bleus.

Grâce aux ingrédients redoutablement choisis et à la technique consommée de la délicieuse cuisinière, au lieu de s’étriper comme cela était inévitable, les sorciers se tournent vers d’autres frictions beaucoup plus câlines celles-là. Le pugilat tant redouté se transforme in fine en corps à corps tout à fait pacifique !

La consigne est éminemment respectée, dans une approche thématique assez succulente. Les personnages principaux sont tous bien brossés : la Délizia en tête bien sûr, la sorcière du palais qui n’ignore pas que les jardiniers savent tout faire croître ! Et puis Fulgur et Ouragane, les rivaux irréductibles qui, ne pouvant décider entre la mer et la terre, s’envoient en l’air ! Sans oublier l'ineffable petite bande d'aide-cuistots (cela m'a fait penser un peu à Ratatouille!)

Mention spéciale pour le paragraphe où tu définis l’art de la cuisine. C’est vrai que la cuisine est un condensé de bien d'autres domaines ! Bien vu ! Mention spéciale également pour tous ces plats qui possèdent des noms puissamment évocateurs et diablement exotiques. Ils mettent tous l’eau à la bouche ! Il y a une débauche exquise à la Vatel dans ce foisonnement culinaire qui rend palpable l’abondance des mets, l’harmonie de leurs couleurs et leurs saveurs, sucrées, salées ou épicées !

La sarabande finale des sorciers est particulièrement jouissive.

M

(*) clin d’oeil à l’ami Marco !

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-11-20 21:11:11 

 Commentaire Elemmire, exercice n°99Détails
Excellent! Bref et inachevé, mais une profusion de c comme consigne, un humour grinçant et inextinguible qui réjouira tous ceux qui ont un jour goûté à la joie d'avoir un chien... Perso, ça m'a beaucoup fait rire, quoiqu'un peu jaune...

Bricoles:
- juste un petit problème de temps à partir de "chemise chic": tu étais au présent / passé composé, cohérent, et tu dérapes d'un coup sur l'imparfait. Donc: "a chié sur ma seule chemise chic, crotté sur ma couche où il a laissé choir son corps... qui m'a crispé... La chair de mes cuisses s'est couverte..."
Après, tu peux laisser l'imparfait, ça passe.
- coups de griffe: griffes; plusieurs par patte...

J'ai hâte de lire la suite! Le maître va-t-il trouver un vaccin contre le Choléra? Ou sera-t-il contraint d'aller coucher sur le coussin de la niche en abandonnant son confort casanier aux crocs carnassiers de la canine créature?
Cool! Faudrait pas que ça devienne un tic compulsif!
Narwa Roquen,contente...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-11-20 23:12:22 

 Commentaire Maedhros, exercice n°99Détails
Comm Maedhros, ex n°99

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... Tu adores revisiter les mythes, et dans ce dernier périple la folie emporte le héros séduit par une jolie nymphe, non pas pour dix ans, mais pour l’éternité.
La SF, c’est ton domaine, tu y navigues avec une aisance de cap-hornier, et tu nous fais visiter tous les recoins du grand vaisseau, promeneur intersidéral et concentré de toutes les passions humaines. Le jeu, la maladie, la mort, la religion, la science, la musique, le cirque, les grands projets de l’humanité et l’obsession d’un homme. La nymphe, telle une sirène, a une voix puissante. Il la fuit et en même temps elle est tout ce qui lui reste. With or without you... L’impossible choix.
Bricoles :
- sa capuche lui camouflait ses traits : le « lui » est inutile
- j’acourrais : j’accourais (imparfait)
- elle me parût : parut
- je l’ai prise dans mes bras et je la libérai : je l’ai libérée
- idem : les commandes devinrent fermes : sont devenues (le texte est au passé composé)

Un déluge de c ! Une apocalypse ! En multipliant les découvertes sur le vaisseau, tu réussis à aborder divers domaines, avec chaque fois une avalanche de mots en c. C’est habile ! Et la folie de ton héros peut même rendre tout cela crédible, puisqu’elle se nomme Calypso...
Le résultat est une écriture particulièrement dense et donc prenante. La description de l’épidémie est royalement terrifiante. Le cirque est un autre temps fort, virevoltant et inattendu.
J’ai adoré « le coussin velouté de l’espace ».
Je ne vais pas me jeter des fleurs, puisque c’est toi qui les mérites, mais je trouve que si tu as bien réussi la consigne, en contrepartie la consigne t’a réussi. Ton style a gagné en force et en concentration et avec une intrigue toute simple tu fais un texte choc qui emporte le lecteur dans un délire puissant. Les Voies de l’Ecriture sont impénétrables...
PS: je viens de découvrir la bande son. Tu as vraiment le chic pour ça aussi et l'idée d'associer texte et musique est novatrice et diablement intéressante. Fais-la breveter ou publie avant que quelqu'un te la pique, parce que c'est vraiment un plus qui n'appartient qu'à toi...
Narwa Roquen,à chacun ses héros, moi Police ou Toto...

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2011-11-25 12:55:47 

 Commentaire Maedhros WA n°99Détails
Pendant que je m'arrache les cheveux pour trouver une chute à mon histoire, d'autres écrivent des textes remplis de mots en "c" avec une fluidité déconcertante, comme si la consigne ne perturbait en rien ta pensée. Comme s'il t'avait suffit d'entrer la donnée "mots en C" dans ton ordinateur-cerveau, et hop, c'est fait. C'est un peu rageant... mais diablement efficace, le vocabulaire est beau, précis, choisi, l'histoire est poétique, les étapes pleines de symbolique (le poker, le cirque, ...), bref... Encore une fois, et comme toujours, j'ôte mon chapeau et je me courbe devant ton génie.

Elemm', qui cherche et cherche encore comment conclure!!

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Onirian  Ecrire à Onirian

2011-12-02 17:08:11 

 WA-Exercice 99 - mots commençant par cDétails
Un petit poème en prose sans prétention, parce que visiblement, c'est ça qui me vient quand je contrains les sons ;-)

--
Oh, cruelle.

Commencement, ce cercle, comprimés. Ces cils criant, chantant ce que le cerveau cache.
Choeurs, cécité aux causes, cause commune au clair de ciel, couple chevauchant la chance.
Charmé, cessant de combattre, clamant chérie ! Chaînant mon coeur.
Cambré, son corps collé par mes cuisses capturé. Chaleur, caresse, câlin censuré.
Carmin, chairs coloriées, crépuscule croulant, croquant son cul, calant son con.
Cajolé, contre sa coque, le cosmos en chambre, certain de croire aux comètes.
Commué, complicité cassée, comédie captivante, cocu comme couplet,
Chute, caillou dans la cendre, colosse castré sans comprendre,
Catin, calcul conscient, cupide charogne, client dont on se cogne.
Cigüe, camarde conviée. Cruel coeur caché. Oh combien je l'aimais.

--
Cnirian.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-12-04 14:22:58 

 Commentaire Onirian, exercice n°99Détails
C'est un très joli poème en prose; trois rimes, de préférences coupées, et ça aurait fait du Brassens. Là, c'est tout à fait toi, et je me dis que ça correspond bien à ton pseudo...
Une juxtaposition de mots pour résumer une histoire, ça donne un effet à la fois décalé et violent. C'est forcément court, mais rien à dire, c'est efficace. A classer dans la rubrique "exercices de style". Ou comme dirait Jo Dassin, "festin de roi sur le zinc d'un buffet de gare".
Narwa Roquen,il a foutu le camp, le temps du lilas...

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z653z  Ecrire à z653z

2012-05-16 00:11:02 

 c'est très court...Détails
...mais c'est complet et ça raconte une histoire et c'est déjà très bien.
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z653z  Ecrire à z653z

2012-05-16 00:16:13 

 du début jusqu'à la finDétails
Une avalanche de mots, et l'histoire est belle.
C'est bigrement bien écrit. Les phrases sans mots en c sont presque choquantes.

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z653z  Ecrire à z653z

2012-05-16 00:19:12 

 L'histoire est complèteDétails
Pas besoin d'en rajouter. Je penses que tu es allée trop loin dans la consigne, tu aurais du te ménager des pauses dans le texte qui aurait permis de l'aérer et de l'allonger. Mais il est bien comme ça.
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z653z  Ecrire à z653z

2012-05-16 00:30:28 

 chapeau basDétails
Ce texte est très beau. Même s'il est long, on ne s'ennuie pas. Même s'il manque parfois de mots en c ("depuis plus de dix ans", j'aurais mis cinq), on retrouve assez vite de beaux enchaînements. Tu as du écrire la plupart des noms de fruits, légumes, animaux, arbres,... pour éviter soigneusement les répétitions.
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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2012-05-17 14:30:03 

 Déluge!Détails
Quand tu te mets à lire, c'est comme l'autan d'ici, c'est en rafales! Que dis-je, c'est une inondation, un raz de marée, un tsunami! Mais au nom des quelques auteurs qui survivent dans cette WA, reçois nos remerciements sincères...
Narwa Roquen, décoiffée!

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z653z  Ecrire à z653z

2012-05-17 21:37:21 

 En faitDétails
J'avais déjà lu la plupart des textes au fur et à mesure et, pour ceux-là, j'ai préféré les relire avant de commenter.
Moi aussi, je vous remercie pour votre persévérance.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2012-05-18 10:53:50 

 Equipier...Détails
... à part entière de nos traversées quelquefois mouvementées.

Et respect pour l'obstination dont tu fais preuve à chroniquer/critiquer (au bon sens du terme) tous nos textes.

A titre personnel, j'apprécie beaucoup la concision et le deuxième (voire plus) degré qui caractérisent tes avis et/ou humeurs.

M

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