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 WA, exercice n°97, suite et fin Voir la page du message Afficher le message parent
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Dimanche 9 octobre 2011 à 23:34:44
Le Trèfle. Des hommes verts aux cheveux roux, venus de la planète Eyra, faite de landes, de rochers et de mer. Buveurs de bière, mangeurs de mouton, réputés pour leur jovialité et leur tempérament farceur. Mais aussi intrépides, endurants, têtus. L’expression « ne rien lâcher » avait due être inventée pour eux. Même avec quatre hommes à terre, ils éructaient des plaisanteries vaseuses tout en se battant comme des morts de faim. Depuis deux ans, ils avaient un nouveau Souffleur, le redoutable Ogara, qui alliait la puissance d’un homme des cavernes à la roublardise élégante d’un financier de haut vol.
Novetz avait rassuré ses troupes.
« Le Trèfle, on l’a toujours battu. Que de la gueule. »
Mais quand les deux équipent entrèrent sur le terrain, il croisa les doigts de ses deux mains, en regrettant de n’avoir pas la souplesse nécessaire pour en faire autant avec ses orteils. Rapides comme des comètes, les Trèfles gagnèrent la Butte. Le combat s’engagea, et les Eyriens cédaient du terrain, mais ils reculaient de travers, entraînant les Dragons sur le côté et laissant les deux plateaux face à face. Le plateau du Trèfle chargea. Les Hommes Verts étaient un peu plus grands que les Lagoniens, ils avaient plus d’allonge. Massos et Servatz, respectivement en Nord et Ouest, combattaient comme de beaux diables, mais ils étaient en contrebas, et la lutte des épéistes s’éternisait.
« Tournez ! », leur cria Kallhydra. « Tournez, relayez-vous, je ne tomberai pas ! »
Massos comprit tout de suite. Il bondit sur sa gauche, obligeant le plateau à décrire un quart de tour. Lakafix, qui était derrière lui, se retrouva face à l’adversaire. Il échangea quelques coups, puis sauta de côté à son tour. Le plateau se mit à tourner de plus en plus vite, et à chaque tour il gagnait du terrain vers le haut. Avant que les Trèfles ne se décident à les imiter, le plateau du Dragon était sur la butte et le combat se terminait, cinq Verts à terre pour trois Dorés.
« Soufflez ! »
Le Trèfle s’épanouit, émeraude liquide mouvante et chatoyante, tige gracile et frêle portant trois feuilles palpitantes. Le petit Dragon doré lui fit face, sa gueule dessinant un sourire ravi, l’oeil en amande semblant vouloir aguicher son ennemi. Brusquement des ramifications innombrables surgirent de la tige, enlaçant l’encolure et le corps du Dragon, s’enroulant tels des serpents étrangleurs pour étouffer leur proie. Toujours souriant, le Dragon grandit un peu et glissa sa patte dans une protubérance sur son flanc droit qui ressemblait à... un sac ? en bandoulière ? Il en sortit une paire de ciseaux d’or pur, et après avoir hésité un instant à se tailler une griffe, il coupa à la vitesse de la lumière toutes les branches suffocantes, tout en grandissant encore et encore...
Ogara éclata de rire et abaissa son Trèfle. Autour de lui, son équipe s’esclaffait à qui mieux mieux et au milieu de l’hilarité générale on entendit à peine l’arbitre proclamer la victoire du Dragon.
« La tournée est pour nous ! », brailla Ogara. « Vous êtes les plus forts, mais ce soir on va vous noyer dans la bière !
- Aoh ! On aurait dû en planquer sur le plateau », ajouta son Capitaine. « On crève de soif, ici ! »
Alors le Dragon ressortit de la vasque, et se déployant au dessus des deux équipes, il les arrosa d’une gerbe continue de gouttelettes fraîches... bientôt rejoint par le Trèfle dont les feuilles se penchèrent vers le sol pour ajouter de l’eau à la douche improvisée. Les joueurs dansaient et chahutaient comme des enfants en vacances, et ils quittèrent le terrain bras dessus bras dessous dans une cacophonie joyeuse de chants entremêlés, sous les applaudissements de la foule survoltée.
« Ah la Dragonne, trop cool !
- En plein combat, se tailler les ongles !
- Et le petit sac... génial !
- On parie sur vous, les Dragons !
- Longtemps qu’on avait pas autant rigolé ! Ca, c’est du Jeu ! »



Les Dragons étaient en finale. Les Eclairs de Mélan avaient facilement disposé des Tigres de Rosbiffa, 15 à 2. La presse spécialisée était unanime : les Dragons n’avaient aucune chance. Les Mélaniens avaient concédé le nul pendant les Préliminaires pour ménager leurs forces et duper leur adversaire. Une source secrète avait révélé que Novetz était très contesté, que le Président Boudjellak ne le soutenait plus, et qu’au sein même de l’équipe l’ambiance était détestable et le moral au plus bas. Novetz en profita pour surfer sur la vague.
« Je suis très fier de mon équipe », déclara-t-il en conférence de presse. « Les joueurs ont tout donné, et nous avons atteint notre objectif, nous sommes en finale. Les Eclairs de Mélan sont imbattables, et nous allons simplement essayer de donner un beau spectacle, par respect pour tous nos supporters et pour tous les spectateurs et visionneurs de toutes les Galaxies. »
Kallhydra fit la grimace, mais Dusautak lui adressa un franc sourire.
« Ce n’est pas au vieux brochet qu’on apprend à croquer le goujon ! Ils vont se croire beaux, les Noirs... Quand ils comprendront, ils auront déjà pris la marée... »



Cependant la semaine de préparation fut émaillée d’évènements désagréables. Quatre jours avant la finale Lakafix glissa dans la douche et se luxa l’épaule. Novetz le remplaça par Papetz. Le lendemain la mère du Coach fut retrouvée morte dans son sommeil dans sa petite maison au nord de Tolsa. Novetz déclara que les funérailles auraient lieu après le match, ce qui lui valut les foudres de toute sa famille. Il éteignit son téléphone, l’enferma à double tour dans un tiroir de son bureau et refusa de recevoir les journalistes.
Enfin, deux jours avant l’échéance fatidique, vingt-deux joueurs, dont Dusautak, furent pris de violents maux de ventre avec des vomissements incoercibles. Les Soigneurs étaient aux abois, courant d’une chambre à l’autre et multipliant injections et perfusions. Novetz, devant son large bureau en minolène, se tenait la tête à deux mains. Il marmonna « Entrez » sans bouger d’un pouce quand on gratta à sa porte.
« Coach... »
Kallhydra se tenait devant lui, détendue et souriante. Il se sentit insulté, ouvrait déjà la bouche pour hurler sa colère...
« Si vous permettez, Coach... J’ai ramené deux bidons d’eau du lac Perle. Les joueurs seront sur pied après-demain. Si vous m’autorisez... »
Tout autre qu’elle se serait fait agonir d’injures. Il soupira.
« Pour quoi faire ? »
Elle expliqua. L’eau, l’Energie. Et ajouta :
« Si je peux faire une suggestion... Prenons tous nos repas en commun jusqu’au match. Et que la cuisine soit préparée par des gens de confiance. Des protéines nobles, beaucoup de sucres lents, de la sauge, du thym, des bananes et du cacao... Et des noix, aussi. »
Il n’aurait pas ouvert les yeux plus grands si elle s’était transformée en sirène.
« Allô, chérie... J’ai besoin de toi... »
Et c’est ainsi que Galla, la femme du Coach, et leur fille Talia se mirent aux fourneaux dans l’enceinte même du Centre d’Entraînement, avec pour marmitons trois gaillards qui devaient se baisser pour passer sous les portes, tandis que les quatre autres rescapés convoyaient Kallhydra pour assurer l’approvisionnement. Lakafix, malgré son bras en écharpe, avait insisté pour être du nombre.


Le Coach observait ses hommes dévorer à belles dents la viande rouge et saignante et les pommes de terre rissolées saupoudrées de thym et de sauge. Ils avaient tous l’oeil vif et l’air enjoué, la mine fraîche et la voix joyeuse. Dusautak se leva, son verre d’eau à la main.
« Les gars, je voudrais qu’on remercie très fort les Soigneurs, Galla et Talia... et bien sûr notre bonne fée Kallhydra, grâce à qui le Dragon est à nouveau prêt à rugir ! »
Les applaudissements firent trembler les murs.
« Et Coach... On s’est tous mis d’accord pour donner une prime au personnel de l’entretien. Ils nous ont aidés à déménager les lits. Ce soir on dort tous ensemble dans la salle de conférence. Et ton lit est déjà prêt, Coach ! Comme ça ta femme va pouvoir se reposer ! »
Des hurlements de rire accueillirent cette remarque. Novetz en tremblait. De fatigue, sans doute.



Les Noirs entrèrent sur le terrain, le torse bombé et le sourire aux lèvres. Les Dorés marchaient lentement, traînant la jambe, les yeux au sol. Kallhydra se fit aider pour grimper sur le plateau.
« Ils veulent de l’intox ? », leur avait suggéré Novetz dans les vestiaires. «On va leur en donner. »
Et pendant qu’il se lamentait haut et fort sur la méforme de son équipe devant les caméras de multivision, son quinze clopinait tant bien que mal jusqu’au bout de la pelouse, Kallhydra assise sur le plateau et s’accrochant désespérément au rebord de la vasque – tout en continuant à souffler doucement sur la surface horizontale.
« A mon commandement ! », cria l’arbitre. « Pour la Butte... Allez ! »
« Contrôle antidopage ! Il faut un contrôle antidopage ! », glapit Henru, le Coach des Mélaniens, quand le plateau du Dragon gagna la Butte avec cinq secondes d’avance sur sa dernière course. Furieux, Cartru, le Souffleur invaincu, haranguait ses troupes qui, dans le contrebas, étaient balayés par le raz de marée bleu et or.
« 5 à 0 », hurla l’arbitre, « avantage aux Dragons. Fin du combat. Soufflez ! »
Kallhydra prit une profonde inspiration. Désormais, tout reposait sur elle. Elle sentait quatorze regards braqués sur elle, elle s’autorisa, une fraction de seconde, à chercher le soutien de deux yeux noirs... Il lui sourit. Son visage se détendit. Elle monta son Dragon, plein, brillant, la gueule ouverte. En face, d’immenses nuages noirs sortaient de la fontaine ennemie, traversés par des éclairs sauvages qui rugissaient avant de bondir. Le stade semblait pétrifié dans un silence de mort. Même les journalistes restaient bouche bée devant leurs micros. Alors le Dragon déploya ses ailes et ouvrit sa gueule encore plus grand tout en gonflant son poitrail, encore et encore... La foule d’en bas partit d’un seul long cri unanime et médusé :
« Ooooh... »
Les nuages, les affreux nuages Noirs étaient aspirés irrémédiablement dans la gueule ouverte. Cartru se débattait, s’époumonait, acculé et impuissant. Le Dragon enflait, se dilatait, devenait gigantesque, obscurcissait le ciel de sa dorure magnifiée, jusqu’à ce qu’il n’y eut plus, autour de lui, que du bleu, du Bleu et de l’Or... Alors son Souffle titanesque recracha sur le Souffleur Noir une trombe d’eau étincelante dont la puissance le jeta à bas du plateau...
La foule hurla, couvrant presque le verdict de l’arbitre essoufflé qui, la gorge nouée, réussit à articuler :
« Vic... victoire... incon...testable... du Dragon de La... gona ! 15 à 0 ! »
Jamais le Stadium Paradis n’avait résonné d’autant de hurlements surexcités. Même les supporters des Mélans applaudissaient à tout rompre. Novetz était en larmes. Boudjellak répétait comme un cube enrayé « je le savais, je le savais, je leur ai toujours fait confiance, je le savais... ». Cartru s’était relevé et regardait Kallhydra comme un enfant devant le lever du soleil. Dusautak avait sauté sur le plateau et avait monté Kallhydra sur ses épaules. Elle tendit les bras vers le ciel et ferma les yeux, tandis que la chaleur des mains de son Capitaine, posées sur ses jambes, irradiait dans son corps tout entier.
« La première victoire est inoubliable », lui avait dit Akt. « Surtout quand tu sais avec qui la partager. »
Narwa Roquen,on a gagné...


  
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Réponses à ce message :
5 3 mois après - z653z (Ven 6 jan 2012 à 14:13)
5 L’Eden donne dans la farce! - Maedhros (Lun 10 oct 2011 à 21:08)


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