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 WA, exercice n°92 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 7 avril 2011 à 22:34:09
Un seul mot d'ordre: action! Descriptions minimales, rebondissements, rapidité, efficacité... Mais bien entendu, il faut que cela ait du sens, que l'on puisse s'attacher aux héros, l'action est une technique, pas une fin en soi. Vous n'êtes pas obligés de faire couler l'hémoglobine! Guerres, luttes, combats, certes... mais aussi aventures, explorations... Tous les genres s'y prêtent, thriller, SF, heroïc fantasy, et fantastique, bien sûr.
Et si jamais nous arrivons à la WA n° 100, je recevrai avec joie toutes vos suggestions pour qu'elle soit exceptionnelle!
Vous avez trois semaines, jusqu'au jeudi 28 avril, juste après Pâques.
Que les cloches vous inspirent!
Narwa Roquen,silence...clap! Moteur...


  
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Réponses à ce message :
Netra  Ecrire à Netra

2011-04-07 23:14:54 

 Déjà ??? Détails
Et moi qui viens de finir la 89 (et cette fois c'est pas un premier jet, c'est le fruit de relectures en plus)... En plus l'action c'est chouette !!! Veux jouer !!!

Bref, y'a du level, y'a du boulot...
Netra, première session d'enregistrements J-11...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2011-04-30 18:08:33 

  WA - Participation exercice n°92 (edit - forcément)Détails
GYRUSALEM



« Je me trouve à bord de l’hélioptère de Capitale News Network, la seule chaîne d’information en continu qui vous plonge au coeur de l’Acte-Tue! Vous êtes là où vous avez toujours rêvé être, sans risquer le moindre de vos derniers cheveux! Comme vous pouvez le constater nous survolons le fleuve en aval du port fluvial. C’est dans cette zone qu’un trespectateur a signalé avoir aperçu quelques Marionnettes et deux ou trois membres de la Compagnie Créole. C’est une zone idéale avec ses longs hangars ouverts et remplis de diverses marchandises, ses portiques géants et ses installations métalliques. Sans oublier les quais où sont amarrées les super-péniches qui descendent d’Anvers ou d’Hambourg. Selon ma fiche, que je tiens scrupuleusement à jour, il y a déjà eu une...

Holà, attendez ! Je vois du mouvement sur la droite. Oui, là, regardez ! Derrière les sablières... c’est bien une Marionnette. Vous voyez le foulard rouge noué autour de son cou? Philippe, notre pilote aujourd’hui, va essayer de nous rapprocher! Doucement, doucement Philippe! T’es plus sur le front du Sud. Ouais, l’angle de vue est meilleur! Vous devez en avoir plein les yeux dans votre canapé non ? J’espère que vous êtes l’heureux possesseur d’une installation 3Domo de dernière génération! Si c’est le cas, vous êtes en ce moment aux premières loges. Je compte quatre, non cinq Marionnettes. Vous les reconnaissez avec leurs fripes bariolées et leurs cheveux gominés? Je distingue le Gendarme qui balance son bâton et Gnafron qui se tient à côté de Madelon. C’est bien elle qui nous regarde avec sa robe fleurie et son petit bonnet. La petite amie de Guignol, le chef. C’était un bon tuyau. Grâce à lui, notre fidèle trespectateur va empocher une coquette prime. Branchez vos synthés d’ambiance, ça va chauffer sous peu. Vous pouvez zapper ma voix si vous le désirez. Un simple contrôle D sur votre clavier et vous serez plongés en immersion profonde, sans aucune autre perturbation. Pour l’instant, la Compagnie Créole se fait discrète. Restez bionnectés. Je reviens juste après la pub et le spot de notre annonceur. A tout de suite ! »

* * *


Putain, je suis verni. La poisse. Je touchais presque au but. Pour rejoindre le centre ville, il me restait le fleuve à traverser puis la ligne de démarcation. Un jeu d’enfant sans cette tuile. Je reviens de la périphérie profonde où vivent les paumés et les travailleurs déclassés. Merde! Dire que le fleuve est si près! Et pourtant si loin. Evidemment pas l’ombre d’une guêpe. Mon transpondeur aurait pu accrocher son hameçonar. Putain de restrictions budgétaires. Le maintien de l’ordre entre les mains des comptables et des contrôleurs financiers c’est Bagdad pour la racaille! Enfin, j’ai eu de la chance que les pantins à Guignol ne m’aient pas repéré les premiers. C’était moins cinq. Je ne suis pas vraiment équipé pour affronter une bande de cet acabit sur ce type de terrain. Mes petites épines n’auraient servi à rien.

Je suis coincé sur le toit de cet élévateur industriel. Dre que j’avais presque réussi à larguer les zoukmen. Maintenant me voilà entre le marteau et l’enclume. Avec les honneurs de la télé en plus. J’ai reconnu l’hélioptère de C2N avec ses bulbes ventraux renfermant les équipements de retransmission 3D. M’en faudrait un tout pareil, agile et furtif. Le pilote est un pro. Vétéran sans doute. Un de ces kamikazes qui flirtent avec les missiles sol-air sur le front du Sud. Vu sa technique, c’est un bon. Il doit être payé à prix d’or. Si je pouvais bricoler mon transpondeur pour établir une connexion avec son appareil, je suis sûr qu’il n’hésiterait pas à faire un touch and go sur le toit du hangar. Mais je n’ai pas les doigts suffisamment longs et fins pour traficoter mon port lombaire. Et je ne peux prendre le risque d’alerter un satellite. Trop facilement identifiable pour les enfoirés qui me serrent de près. Pas les zoukmen. Non, les autres.

Tiens, Guignol pénètre dans le hangar, avec sa donzelle. Je pourrais aisément le dézinguer. Un tir ajusté en pleine tête. Un trou de la taille d’une tête d’épingle. Mais Guignol n’est qu’un titre, une sorte d’emblème. Je suis sûr qu’il n’aura pas le temps de refroidir avant qu’un successeur ne noue son foulard rouge et embrasse sa nouvelle Madelon. Ils sont interchangeables. C’est la force jusqu’à présent de toutes les confréries urbaines. Qu’est-ce qu’ils font ? Ils ne vont quand même pas baiser sous mes yeux ? Non, ils ne sont pas seuls, d’autres les suivent. Je me fais tout petit, arrêtant jusqu’aux battements de mon coeur. Une petite technique bien utile quelques fois. Le Père Coquart, barbe grise et calvitie précoce, tient un scanner à main. Fabrication chinoise on dirait. Je ferais bien de rabattre ma capuche pour devenir complètement invisible. Les systèmes de détection des Marionnettes ne me verront pas. Aucune signature, ni thermique ni biologique, grâce aux implants greffés pendant mon stage à l’Ecole Inter Polices à Stuttgart. Une technologie directement dérivée des derniers développements militaires et jusqu’à maintenant efficace. C’est déjà ça. Je suis à quelques mètres au-dessus de leurs têtes. J’ouvre un canal d’enregistrement tout en réfléchissant à ce que ferait le Duke dans une telle situation ?

Ouais, je suis un fan inconditionnel du grand John Wayne. J’ai tous ses films. Les versions originales et les versions restaurées, y compris celles réenregistrées en VRL « Fort Apache », pas le meilleur western sans doute, ni le meilleur du Duke mais quelle claque quand la cavalerie US charge avec la mort pour horizon. C’est le seul film dans lequel je ne choisis pas d’incarner le Duke. Je me bionnecte toujours sur un cavalier anonyme qui se précipite vers son destin. Je me tiens dans la ligne des cavaliers prêts à charger sur l’ordre stupide de cet arriviste de colonel. A leurs côtés je vais m’élancer dans la gueule du loup, sabre au clair. L’adrénaline sature mon sang quand débute la chevauchée fantastique, hallucinante et héroïque, vaine et tragique. La poussière de la piste, les décors majestueux de la Monumental Valley, le vacarme des sabots des chevaux lancés au triple galop, le cliquetis des armes et par dessus tout les appels du clairon qui décuple notre énergie et notre aveuglement. Sur les flancs du canyon attendent les apaches avec leurs fusils pointés droit sur nos poitrines. C’est dans ma nature. J’ai toujours préféré les troyens aux achéens. Sinon pourquoi aurais-je intégré le service public ?

La douleur explose. Terrible et soudaine. Tout se met à tourner follement autour de moi. La douleur est indescriptible et submerge instantanément mes dispositifs automatiques de résistance qui rompent comme une digue face à un tsunami. Je lutte pour conserver un peu de lucidité mais rien n’y fait. Vraiment pas eu de chance aujourd’hui. Quelque part au-dessus de moi, l’ombre d’un bâton décrit une nouvelle parabole. Celle-ci sera fatale. C’est un Gendarme qui le manie à deux mains et inexplicablement cela m’évoque le geste du golfeur qui va frapper la balle. Je ferme les yeux. Pas de chance de revoir...

* * *


Brighella me suit comme mon ombre. Non, plutôt comme un fantôme dans ses amples vêtements blancs striés de vert. Brighella, c’est mon deuxième moi, mon frère querelle. Son tabaro flotte derrière lui. Masqués comme il se doit, nous nous glissons entre les colonnes pseudo-doriques qui délimitent façon péplum, le vaste quartier commercial. Brighella m’adresse un clin d’oeil complice. Nous détonons c’est sûr, parmi les francs et honnêtes citoyens qui déambulent tranquillement en cette fin de semaine à la recherche de la meilleure promotion. Les nuages ont déserté le ciel. C’est un signe que nous ne dédaignons pas. Nous, les Comédiens, les fils naturels de la Divine Comédie. Je me présente. Arlequin pour vous servir. Mes ancêtres, comme tous ceux de ma confrérie, ont foulé le sol de notre antique patrie transalpine. J’ai du sang italien qui coule dans les veines. Pur ou mêlé qu’importe. De nos jours qui peut se vanter de n’avoir jamais été transfusé? Au moins une fois. Qui ? Peut-être les Anges qui nous administrent du haut du ciel, bien à l’abri dans leurs stations orbitales géantes. Et encore.

Dans ma main, je tiens une batte. Une batte qui n’a plus rien à voir avec le gourdin théâtral de carton-pâte dont se servaient nos illustres devanciers. C’est une véritable batte de base-ball américaine, puissante et maniable. Je m’en sers quand il le faut. Comme aujourd’hui. Brighella me pousse du coude. Un représentant des forces de l’ordre est planté au carrefour. La partie supérieure de son visage est invisible, cachée sous l’interface cybernétique. Un robocopte, l’armure kitsch en moins, la soutane blindée en plus. Impressionnant pour les honorables citoyens. Peut-être mate-t-il une vidéo porno sur son écran? Peut-être demande-t-il des renforts en nous voyant arriver? Mais tant que nous ne faisons que passer, nous ne faisons rien de répréhensible. Je lui décoche mon plus beau sourire. Ne suis-je pas Arlequin, le roi de la fantaisie? Mes papiers sont en règle. Demain, j’aurai quinze ans. Demain autant dire dans une éternité.

J’aperçois d’autres compagnons. Il faut avouer que nos costumes de bateleurs se remarquent de loin. Il y a là, assis à la terrasse d’un troquet, Pantalon, en rouge et noir qui devise avec Pulcinella. Malgré la douceur de l’après-midi, Pantalon a conservé sa noire zimara. Il caresse sa barbe en sirotant une boisson. Pulcinella me fait toujours penser à Pierrot dans ses habits blancs de farinier. Mais il est d’une tout autre farine, plus à mon goût. Il est fait pour les plaies et les bosses. A l’autre bout de l’avenue, je reconnais les chapeaux à plumes du Capitan et de Coviello.

Où est ma Colombine ? Elle m’avait promis de me rejoindre avant les festivités? Ah les femmes ! Ma jolie Colombine ! Elle a attaché mon coeur avec son ruban de bonheur. Je la soupçonne d’avoir été aidée dans son entreprise par une fée ou une sorcière. Mais qu’importe ! Arlequin ne peut pas vivre sans sa Colombine. Ainsi va la vie ! Et tant que le monde tournera autour du soleil, il en sera ainsi. Les règles de théâtre sont intangibles. Je suis Arlequin, alors j’aime Colombine. Au fait, Pierrot aussi. Mais il n’est pas assez fou pour oser me braver ouvertement. Il se contente de se lamenter sur sa mauvaise fortune et soupirer en silence auprès de ma belle. Je le tolère. Il a d’autres qualités. Il sait parler aux juges et aux hommes de loi. Et puis il espère. Il espère me voir mort pour revendiquer ma place dans la confrérie et conquérir sans coup férir ma Colombine. Il ignore qu’il ne pourra jamais sentir les douces cuisses de ma belle lui ceindre tendrement la taille. Jamais.

Au diable ces pensées macabres. Aujourd’hui nous allons nous battre. Nous allons nous sentir vivre. A coups de bâton et à grand renfort de cris. Les bateleurs arrivent citoyens ! Garez vos miches et allumez vos biocams. Vous en aurez pour votre argent, enfin celui qui vous reste après les impôts et les taxes. Nous allons jouer une pièce de notre répertoire. Une de nos fameuses représentations. Le sang va couler et les larmes aussi. Sous le regard bienveillant des Anges Administrateurs.

La halle couverte s’élève devant nous, immense aile de verre et de béton, aérienne et gracile, tout en arches fluides et ramures délicates. Elle abrite jardins et bassins, kiosques à musique et bosquets d’arbres rares. J’aime à croire qu’il s’agit de la scène d’un antique théâtre de verdure. Pourquoi ramener ce qui va se passer à des considérations bassement triviales, à un conflit de territoire, à une vénale dispute pour des parts de marché? Nous n’allons pas affronter une bande rivale pour accroître notre zone de chalandise et y écouler plus de marchandise.

Nous allons nous donner en spectacle devant un public comme au temps jadis. Nous allons y mettre tout notre coeur et toute notre énergie. Tout notre art aussi. Dans nos veines coule un sang précieux car nous sommes nés comédiens. Nous mourrons sur scène comme un antique Saint Patron et notre personnage est plus grand que ce que nous sommes dans la réalité. Je suis Arlequin et je mourrai Arlequin. Nous ne serons pas enterrés avec les nobles citoyens mais incinérés pêle-mêle, par tombereaux entiers. Alors qu’importe la vraie vie ! Elle est triste et sans saveur. Je suis jeune et fort et je n’ai aucune envie d’aller me battre sur les murs dans le sud. J’ai envie de me dresser aux côtés de mes compagnons, leur donner la réplique sur la scène que j’ai choisie car je suis Arlequin, le balancier de la vie !

Les Italiens sont là. Ils sont venus au son du tambour et du pipeau des faubourgs ouest et sud. Pantalon est juste derrière moi et Brighella est à ma droite. Là est leur place. Les autres se sont déployés, s’égayant dans les allées, gagnant leurs positions. Nous sommes trois troupes, quelques trente acteurs rassemblés pour en découdre.

« Arlequin ! »

C’est Colombine qui accourt vers moi. Ses joues rosissent sous l’effort. Elle est d’une beauté romaine et opulente. Une blancheur d’albâtre et des proportions idéales. Je l’attends. Elle me rejoint et m’enlace tendrement, déposant un baiser léger sur mes lèvres scellées. Sous son corsage à rayures je sens son coeur battre tout contre le mien.

« N’y va pas ! »

Elle murmure ces mots à voix basse au creux de mon oreille. Elle me serre un peu plus fort comme pour souligner l’importance de son propos. Elle coule ses regards dans les miens. C’est comme si je contemplais la surface houleuse d’un lac de montagne. Le lac de Côme ou le lac Majeur. Rien que d’y penser, le parfum de la verveine sauvage emplit mes narines.

« Colombine, très chère Colombine de mon coeur, pourquoi ce ton funeste et cette mine déconfite? Ce n’est pas la première fois que nous battons l’estrade ! Nous sommes suffisamment rompus à ce genre d’exercice ! »
« Mon tendre seigneur, j’ai l’âme troublée par le discours que m’a tenu Pierrot dans la Cour des Miracles ! »
« Pierrot ! Cet impénitent pleurnicheur ! Il est pareil au Squonk de la fable! Si on l’enfermait dans un grand sac, il se répandrait en eau ! »
« Il a parlé à un juge du Présidium ce matin pour une affaire en cours. Trouvant le magistrat fuyant et pressé, il l’a habilement questionné. Le juge a eu vent de notre représentation. Pas en détail bien sûr mais dans les grandes lignes. Pierrot m’a confié ça quand je lui ai dit que je me joignais à la troupe! Tu sais son attachement pour moi! »
« Colombine, le monde est transparent. Rien ne peut être celé bien longtemps. Bien sûr que notre scénette est parvenue aux oreilles toujours aux aguets ! »

La préciosité du langage fait partie de notre patrimoine, notre façon d’être. N’est pas comédien qui veut. Posséder un vocabulaire anachronique et fleuri est indispensable à la crédibilité du personnage que l’on veut incarner.

Apparu sans crier gare, Polichinelle se penche vers moi. C’est le chef de mes unités spéciales. Sa bosse lui confère une stature menaçante et tordue, accentuée par une bouche cruelle que domine un masque sinistre au long nez crochu. A sa large ceinture pend une épée dont il se sert avec l’habileté consommée du spadassin. Polichinelle est le chef de mes tueurs. Nul ne songe jamais à se moquer de sa vareuse blanche et de son haut bonnet sans bord. Il rit rarement et celui qui entend son ricanement entend rire la Camarde.

« Arlequin, les Rowling Stones nous attendent déjà. En majorité des Griffonniers et des Charmeurs de Serpents, comme de bien entendu. Prêts à en découdre, coiffés de leurs ridicules chapeaux pointus et armés de leurs baguettes magiques!»
« Tu as pu voir qui les dirige cette fois !? »
« Un de mes éclaireurs a repéré Ronald le Roux ! »
« Si le Renard est là, Hermione n’est pas bien loin! Il faudra doublement se méfier! Veille à écarter les chevaucheurs de balai. Je n’apprécie pas beaucoup leurs facéties aériennes. Tes hommes sont avertis ? »
« Pas de balai motorisé. Les artistes attendent avec impatience que résonnent les trois coups et qu’enfin se lève le rideau ! »
« Bon. Que le rideau s’écarte sur la première scène du premier acte ! Colombine ma douce, charge-toi d’Hermione ! Fais gaffe à son bout de bois. Elle s’en sert comme une démone ! »
« Je suis de taille à me défendre et jamais à court de ressources ! » De ses deux mains, elle lisse ses jupons.
« Pantalon, attrape le Capitan plus trois hommes et suit Colombine ! »

Les angliches sont des emmerdeurs de première classe. Ils veulent étendre leur domination trop loin de leurs bases. On aurait mieux fait de liquider cette racaille quand il était encore temps. Juste après la destruction du tunnel. Ou les renvoyer sur leur île à grands coups de pied au cul. Et qu’importe que leur île soit devenue inhospitalière. Maintenant, ils tiennent quelques baronnies en Artois et en Calaisie. C’est de là-bas que viennent les Rowling Stones, rapides et sournois. Ils se livrent à des raids pour faire main basse sur des zones mal gardées. Ils ont filé une sacrée rouste aux Frères Karamasov. Il paraît qu’ils ont réussi à liquider Pavel et Dmitri la même nuit. Ils les ont tatchérisés comme ils disent.

Leurs baguettes n’ont rien de magique mais elles sont armées de lames extractibles particulièrement redoutables. Leurs balais, dont ils tirent une immense fierté, sont dotés de petites dynamos qui créent un champ répulsif suffisamment puissant pour les faire voler sur de courtes distances mais pas assez pour attirer les foudres des Régulateurs ou pire, des Anges qui veillent sur nous à quarante kilomètres au-dessus des nuages. Ces engins volants leur confèrent un avantage indéniable et malgré tous nos efforts, nous n’avons pas été en mesure de développer une technique aérienne. Quand les comédiens volent sur la scène, ils sont pendus au bout de filins, ce qui est assez risible, il faut en convenir.

Mais aujourd’hui, ils nous ont défiés ostensiblement. Si nous ne réagissons pas, nous risquons d’être en butte aux appétits voraces des autres confréries, celle d’Ali Baba, celle des Rong Chiens ou celle de Basile, pour ne citer que les plus proches. Nous devons régler ça aujourd’hui comme nous savons le faire et l’avons toujours fait. Comme tous les Arlequins avant moi. Par le saut et le fer, la danse et l’épée, le rire et la mort.

Colombine a disparu. Je reste avec mes deux plus fidèles compagnons. Il y a une statue qui nous observe de ses yeux de pierre. Elle porte un masque. Comme nous. Un bon présage. Je suis vivant et je respire à pleins poumons. Je soupèse ma batte bardée de métal. Des silhouettes se dressent soudain non loin, barrant l’allée. Des silhouettes vêtues de larges robes aux tons vert et argent. Des hommes serpents, armés de longues baguettes aux lames dénudées. Ils n’esquissent aucun mouvement. J’en compte douze à la volée. Peut-être plus.

Brighella se ramasse en posture de combat, son bâton tendu à l’horizontale devant lui. Il n’éprouve aucune émotion. La peur lui est inconnue. Polichinelle se retourne vivement.

« Il y en a d’autres derrière nous ! »

Je jette un regard en arrière. Une autre ligne de bad boys est apparue. Vêtus d’or et de sang. Les dresseurs de Griffons, les plus farouches combattants des Rowling Stones. Armés de la même façon. Ils sont beaucoup trop nombreux pour nous. Je ne vois aucun leader parmi eux mais ils sont vraiment beaucoup même pour nous.

« Les accrochages ont commencé. Hermione et le Renard Rouge ont joué les leurres. Ils maintiennent nos hommes à distance. Aucune aide à attendre ! »

Brighella a beau garder une voix neutre et plate, il ne parvient pas à me masquer totalement une pointe d’inquiétude naissante. La situation est mal engagée. La comédie semble vouloir virer à la tragédie. Les Italiens n’excellent pas dans ce genre de rôle contrairement aux anglais. Tenter une percée est voué à l’échec. C’est un piège pour alouette. Nous nous mettons épaule contre épaule pour former une espèce de triangle défensif. Cela nous laissera une poignée de secondes supplémentaires. Quelques secondes qui permettront d’espérer une aide providentielle. Je ne dis rien à mes compagnons mais je crains que Harry VolteMort, leur chef, soit également présent et qu’il attende patiemment de nous voir assez affaiblis pour porter l’estocade finale.

En fait, c’est un beau jour pour mourir. Oui sans doute. Au-dessus de nos têtes, très haut, la voûte forme de respectables cintres. Le rideau s’est levé sur le premier acte qui manifestement sera également le dernier. J’ai la chair de poule. A l’unisson, les deux remparts humains se rapprochent peu à peu. Derrière les chapeaux pointus s’avancent également d’autres silhouettes reconnaissables, plusieurs Gilderoy et quelques Rogue particulièrement bas de mine. Ce sont les traine-patins habituels de la bande du Petit Binoclard, ses séides et ses exécuteurs des basses oeuvres. Redoutables et sans pitié. Cela confirme mes craintes. Le petit zébré n’est pas loin.

J’assure ma prise sur la batte. Je connais toutes les répliques de mon jeu d’acteur. Celles qui font mouche à tout coup, fulgurantes et foudroyantes. Entouré de mes amis je veux bien mourir, le bâton à la main, comme sur des tréteaux italiens. De toute façon, c’est vraiment la même histoire. Tout ça c’est pour de faux. Du postiche. De la dérision. Comme ce monde qui se délite et s’effrite, comme cette bonne vieille Europe qui se claquemure derrière ses remparts dérisoires. Comme cette société qui fait semblant de vivre mais qui vit en fait par procuration. Comme ces bons citoyens qui passent comme des ombres et qui sont aussi creux et inconsistants.

Les deux vagues ne sont plus qu’à quelques pas. Aucune émotion sur les visages. J’abats ma batte sur le premier assaillant à portée, faisant gicler le sang d’une pommette arrachée. Pas assez rapide l’apprenti sorcier! Du coin de l’oeil, j’entr’aperçois Polichinelle qui se fend d’une attaque vicieuse vers le ventre exposé d’un petit serpent. Celui-ci lâche un cri quand la lame pénètre les chairs et il s’effondre en essayant de retenir ses tripes qui dégueulent de la plaie béante. Sacré Polichinelle. Puis tout devient trop rapide. Je me concentre pour parer un tourbillon de lames. Brighella ne cesse de rire, d’un rire tonitruant, gargantuesque, presque délirant. Il est euphorique. Se battre le rend aussi ivre que s’il avait bu des litres de gnôle. Je ne peux plus détourner mon attention des vestes émeraude qui m’assaillent de tous côtés mais nous devons être terribles à voir, nous mouvant au même rythme, attaquant et défendant sur le même tempo. Devant nous, les Rowling Stones semblent moins irréductibles, moins sûrs de leur victoire.

J’ai enjambé plusieurs corps et nous avons franchi une bonne dizaine de mètres vers un endroit moins exposé. Les sbires du Petit Binoclard nous enveloppent et essaient vainement de traverser notre défense. Je suis quasiment en apnée, le monde autour de moi se résumant à des figures abstraites, à des images fugaces. La réalité se focalise autour des moulinets de ma batte. C’est une ronde hypnotique, hantée par des fantômes verdâtres qui gesticulent derrière des éclairs de métal. Je plie le jarret, je me fends, je taille et referme aussitôt ma garde. J’arpente une scène où je danse avec dextérité. Un liquide chaud coule sur ma joue et poisse mes cheveux. Je ne quitte pas des yeux les trajectoires compliquées des parades et contre-parades. Je suis Arlequin mais dans mon ombre grandit Alex. Les triangles que je porte sont rouges, bleus et verts. La couleur orange est étonnamment absente. Alex le Lubrique. Encore un fils de la perfide Albion, un fils fantasmé et hyperbolique. Je suis Arlequin et je ne suis qu’un faquin, un laquais, un larbin italien.

Je pousse du pied un autre cadavre encombrant quand se dressent deux immenses Rogue, sinistres dans leurs tenues fuligineuses. Ils se jettent sur moi en poussant un grand cri et je prends conscience que leur assaut sera irrésistible. Je parviens à détourner leurs premières tentatives mais mon sang coule plus fort, inondant ma poitrine. Je mets un genou à terre, repoussé par le déluge de coups qui s’abat sur moi. Un autre Rogue se joint à la partie. Je suis en grande difficulté. Brighella s’est tu. Il halète bruyamment, aux prises avec des Gilderoy. Son bras gauche pend le long de son flanc. Lui aussi est au bord de l’asphyxie. Polichinelle résiste bien mieux. Mon fier spadassin ! La bosse que tu portes sur le dos ne paraît nullement te gêner. A ses pieds s’écroule une autre robe rouge, les mains plaquées contre sa gorge. Les Serpentins ont disparu et les derniers Griffonniers s’écartent en silence.

Le silence se forme. Cela a duré quelques secondes ou quelques minutes au plus. Les Rogue et les Gilderoy resserrent leurs rangs. Les survivants en livrées vertes ou rouges tirent les corps sans vie, libérant la scène pour les dernières répliques de l’acte.

Harry VolteMort est là. Il a toujours la tignasse en bataille et un air d’éternel collégien. Il paraît satisfait. Il sent la victoire toute proche. A portée de main.

« Arlequin, je te laisse choisir. Toi ou Colombine ? »

Je ne dis rien, me contentant de chercher un peu d’air pour rafraîchir mes poumons en feu. Le masque que je porte me brûle, aussi je le retire et le jette à terre, sur les graviers blancs et noirs de l’allée. Je ne suis plus vraiment Arlequin. Brighella s’agenouille, tête basse, son vêtement blanc maculé de sang. Il ferme les yeux. Une seconde plus tard, son bâton heurte le sol. Mon frère n’est plus. Je voudrais qu’il pleuve en signe de deuil mais il ne peut pleuvoir sous l’aile de verre, sauf si les Anges en décident autrement. Je ne peux pleurer non plus. Polichinelle colle son dos contre le mien. C’est un roc indestructible. Les éléments et les hommes ne peuvent rien contre lui.

« Tu veux savoir où est ta Colombine ? Je vais te le dire. Entre les mains d’Hermione ! Tu vois bien que le choix est simple. Ta vie ou celle de Colombine. Tout a une fin en ce bas monde. Tout sauf ce que nous représentons n’est-ce pas ? Qui sera le prochain Arlequin ? Pierrot ? »

A ces mots, je laisse choir mon bâton.

« Accorde grâce à... Colombine! » Je me retourne vers Polichinelle. « Mon ami, mon brave ami, veille bien sur elle. Ne tente rien d’autre. Veille sur elle et de temps en temps, pense un peu à moi! Maintenant pars, c’est mon dernier ordre non, ma dernière requête. Exauce-là s’il te plaît ! »

Il me donne une forte accolade sans dire un mot. Il a conservé son masque. Je sais que sous celui-ci je ne verrais qu’un autre de mes visages. Il range son bâton et sa dague et il se fend d’une profonde révérence. En effectuant une dernière pirouette, il quitte la scène à reculons et s’éclipse comme seul il sait le faire.

Harry murmure alors deux mots. Sa voix est à peine audible. J’ai l’impression qu’il les prononce avec un indéfinissable regret. Il joue son rôle comme je joue le mien. Qu’on en finisse. Les étoiles ne s’arrêteront pas de tourner et la Terre demeurera orpheline au sein de cette immensité hostile.

« Avada Kedavra ! »

La lame brillante d’un Rogue ferme brutalement le rideau devant mes yeux.

* * *


Quand je rouvre les paupières, la pièce est plongée dans la pénombre. Je suis finalement rentré chez moi. Les objets ont retrouvé leur place familière. Mon tour de veille approche. Le quart où je serai sur le pont. Seul parmi les étoiles, je veillerai sur cette bonne vieille Terre et m’assurerai que les forces du chaos ne l’engloutiront pas. Je suis un Ange. Ni homme ni femme, je n’ai plus de corps, juste des interfaces qui me relient au monde physique. Je suis un Administrateur. Un pur esprit.
Oui, je suis un Ange Administrateur de notre planète nourricière, ou de ce qu’il en reste. Je suis un de ses protecteurs. Moi et mes semblables, nous représentons le summum de l’évolution humaine, affranchis des contingences biologiques. Mais rien ne nous protège des atavismes profonds qui hantent notre cortex cingulaire. Nos jambes et nos bras fantômes nous démangent jusqu’à la folie. Nous en sommes venus à envier ces infimes créatures qui se débattent sous les nuages, qui naissent, vivent et meurent de façon si dérisoire.

Alors nous commettons jour après jour la plus exécrable des abominations. Nous investissons leurs corps et dominons leur libre arbitre. Nous vivons à leur place. Sentir la chair et les membres, emplir nos poumons d’oxygène, revivre même par procuration est une drogue dont nous ne pouvons nous passer. Alors hors de nos périodes de quart, nous passons notre temps à rêver et à vivre à votre place. Qu’importe si le corps meurt. Il y en a tellement d’autres à notre disposition. Il nous faut bien meubler notre éternelle immobilité.

Nous flânons parmi vous, vêtus comme vous. Je suis peut-être la femme que vous embrassez ou peut-être votre plus proche ami. Nous avons l’embarras du choix. Il paraît que selon une ancienne croyance, les Anges descendaient sur Terre pour accomplir des actions prodigieuses. Nous ne sommes pas si ambitieux. Les cieux sont infiniment vides et pour tout dire emmerdants !

M

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z653z  Ecrire à z653z

2011-05-03 16:31:53 

 Deux débuts -- Un milieu -- Une finDétails
Les deux premières parties servent à planter le décor et manquent un peu de rythme.
Le coup du Gendarme qui tue un représentant des forces de l'ordre est bien trouvé.
L'affrontement en lui-même ne dure qu'un dixième de l'histoire. J'aurais préféré qu'il dure plus longtemps.
Et la conclusion résonne agréablement avec les deux premières parties.
Très bien construite (quoiqu'avec un peu trop de descriptions... CF "Descriptions minimales" de la consigne), l'histoire tient en haleine.
Des tas de références toujours aussi recherchées.
Enfin, un détail : "celé bien longtemps". Je découvre un nouveau verbe.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2011-05-03 19:40:01 

 Dix cours fleuves...Détails
Je suis un adepte invétéré de la longueur et de la description.

Pour la description, je suis assez proche d'un auteur comme MERRITT (la nef d'Ishtar, le gouffre de la lune, les habitants du mirage...) qui possédait un style inimitable.

Pour la longueur, je suis actuellement en train de m'imprégner d'un tout nouveau super groupe de métal finlandais, Thence pour ne pas le citer dont l'album "These Stones Cry From Earth" est composé en tout et pour tout d'un seul titre qui s'étend sur la respectable durée de .... 57 minutes! C'est dire.

Pour ceux que cela intéresse, la chronique est là!

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-05-03 23:05:45 

 WA, exercice n°92, participation (édit)Détails
Pas tant d'action que ça, finalement...J'ai encore des progrès à faire...



RONDE DE NUIT




Braz arrêta l’Elue sur le seuil de la salle commune, où le repas allait être servi.
« S’il te plaît », implora-t-elle, le regard brûlant, « tu peux me remplacer cette nuit ? Terrio doit venir me rejoindre, les garçons sortent tous et Abetz... »
Liz éclata de rire.
« Abetz est toujours de mauvaise humeur... Mais dis-moi, ce Terrio, il est gentil avec toi ?
- Oui », chuchota la cadette, qui rougit un peu en ajoutant « ... et ce soir... c’est le bon moment...
- Alors, si tu dois agrandir la famille, je ne peux pas refuser. Mais sois sérieuse, nous avons besoin de filles !
- Je ferai comme tu m’as dit », promit Braz.


La Sagesse présidait la table familiale. Les deux entrantes s’inclinèrent devant elle avant de gagner leurs places, l’Elue à la droite de la Mère et près d’Abetz, la fille aînée, puis Braz. De l’autre côté siégeaient les hommes, Arek et Svell, les oncles, puis Delio, Sinak et Youl, les frères. Les enfants, que Braz avait fait manger une heure plus tôt, jouaient paisiblement devant la grande cheminée, sur l’épais tapis en peau d’ours. Il y avait la première fille de Liz, âgée de deux ans, et les trois garçons d’Abetz, douze, huit et quatre ans. La petite Vitz dormait dans son berceau.
La Sagesse marmonna la prière des Grâces, et se servit de ragoût. Puis le plat passa de place en place, les femmes d’abord, les hommes ensuite, et le repas se déroula en silence. Quand la Mère repoussa son assiette, chacun s’arrêta de manger.
« Arek, demain tu emmèneras ces deux fainéants de Youl et Sinak refaire la clôture du pré de l’ouest. Nous avons encore perdu deux chèvres hier. Svell, le marché ?
- Bien, Sagesse, bien. Les youkkis (1) se sont bien vendus, les fromages aussi, et j’ai six commandes pour la semaine prochaine.
- Delio, il y a une gouttière dans le toit de l’écurie. Braz, les enfants ?
- En bonne santé, Sagesse.
- Elue, tu verras avec Abetz les stocks de provisions pour que Svell puisse acheter ce qui nous manque à la foire des Pleines Lunes.
- Bien, Sagesse.
- Qui ronde, ce soir ?
- C’est moi, Sagesse.
- Hem... Je n’aime pas trop te voir ronder quand tu as encore une fille à nourrir. Qui plus est quand tu n’es pas là elle hurle à la mort, et Braz est incapable de la calmer.
- Je l’emmène avec moi, Sagesse, elle ne troublera pas ton sommeil. »
La Mère secoua la tête.
« C’est un bébé, elle a besoin de dormir.
- Elle a un an. Il est temps qu’elle s’habitue au pas du cheval. Si elle est trop fatiguée, elle dormira dans l’écharpe, sur mon dos. Et je pourrai la faire téter aussi souvent qu’elle voudra.
- Tu es l’Elue. Je ne peux pas contester ta décision », soupira la vieille femme dans une grimace amère, que démentait l’immense fierté de son regard. « Je me retire. Que la nuit vous soit propice. »
L’assistance se leva, le temps que l’aïeule franchisse la porte, d’un pas lourd et fatigué. Puis les plus avides se resservirent de viande, et les conversations commencèrent.
Liz alla chercher sa fille dans le berceau, l’installa dans l’écharpe sur son dos et déploya sa longue cape en laine de svak (2), afin de les couvrir toutes les deux, tout en dégageant la tête et le cou de l’enfant.
« Bonne nuit à tous ! Youl, si tu es en retard demain matin, ne compte pas sur moi pour mentir encore une fois ! »
Le jeune homme, qui venait d’avoir vingt ans et avait déjà donné six enfants à six femmes différentes, baissa le nez. Liz riait encore en ouvrant la porte qui donnait sur l’écurie. Le Chat-Gardien l’attendait, perché sur les bottes de paille.
« Prends Dolan, Ysserka est en chaleur et elle a un postérieur enflé.
- Merci, Chat-Gardien. Ta sollicitude me touche.
- Je t’ai Elue, tu es sous ma responsabilité. Et ta fille aussi. »
Liz sella rapidement le hongre et lui passa le mors. Elle vérifia les sacoches. Un long couteau, trois dagues fines, une gourde, des biscuits, une corde, un briquet. Tout était en ordre. Delio était sérieux. Il l’avait toujours été. C’était son grand frère préféré, il l’avait toujours protégée, alors que Sinak, né deux ans après lui, avait passé son enfance à lui chercher des noises. Youl était le petit dernier, celui dont on s’amuse de toutes les bêtises...
« Prends ton arc et ton coutelas.
- Chat-Gardien, c’est une simple ronde, nous n’allons pas chasser ! »
Le regard du Chat la foudroya.
« Bon, d’accord... Sens-tu du danger ?
- La nuit n’est pas sereine, cela je le sais. Je ne peux te dévoiler l’avenir, je dois respecter le Destin. Mais je dois te protéger...
- Pour un peu, tu me ferais peur ! Allez, en route ! »
Elle sortit le cheval de l’écurie, l’enfourcha et fit pivoter l’écharpe. Elle installa la petite devant elle, plaçant les menottes potelées sur le gros pommeau de la selle. Aussitôt le Chat sauta sur ses épaules, comme chaque fois qu’elle partait ronder. Elle était la seule à pouvoir lui parler, la seule qu’il accompagnait toujours. Elle était son Elue, c’était ainsi. Il était souvent bougon et peu enclin aux compliments, mais son conseil était toujours avisé et son aide indéfectible.
Le cheval partit d’un pas tranquille vers les prés de l’ouest. Il fallait faire le tour des clôtures, longer le lac, traverser le bois et revenir par le chemin entre les enclos. Une balade de quatre heures au pas. Si tout allait bien. Le premier quartier de Paz, la lune rousse, était déjà haut à l’ouest, et Triz, la lune blonde, se levait juste à l’est, demi disque doré entouré d’un halo clair – signe de vent pour le lendemain. Le chemin montait le long du pré. Liz commença à chantonner doucement, heureuse de se retrouver seule avec son bébé, loin du bruit et de l’agitation de la journée.
« Paz la rousse aux yeux de feu
Triz la blonde aux longs cheveux
Lunes gardiennes de la nuit
Protégez-nous des... »
Elle s’interrompit. Un chevrotement angoissé se répétait sans cesse à sa gauche, auquel semblait répondre un cri plus faible et plus plaintif. Rapidement, elle remit l’enfant dans l’écharpe sur son dos pour avoir les mains libres, et sauta à terre. Un petit chevreau s’était pris la patte dans le grillage, et sa mère appelait à l’aide désespérément. Elle glissa ses doigts habiles à travers les mailles distendues et libéra rapidement l’animal. Il s’éloigna en sautillant, s’ébrouant de plaisir. Par chance, il ne boitait pas.
Elle remonta à cheval, remit Vitz à sa place, déposant au passage un doux baiser sur la joue ronde. Elle n’avait pas fait cinquante pas qu’une chouette hulula deux fois. Le coeur battant, elle imita le cri trois fois. Aussitôt, un cheval sortit de la pénombre.
« Je ne savais pas que tu ronderais ce soir », déclara une voix d’homme vibrante d’émotion. « Et avec ma fille, en plus !
- Ca n’était pas prévu... Mais je suis heureuse de te voir. »
L’homme se pencha vers elle pour un long baiser amoureux.
« Je peux venir, demain soir ?
- Oui, bien sûr... je dors toujours mieux quand je suis dans tes bras... Parce que, tu sais, je serai sûrement épuisée...
- Veiller sur ton sommeil est un honneur que je ne laisserais à aucun autre... Tu me manques... Et Vitz aussi ! »
Liz posa sa main sur celle de Fral et s’apprêtait à répondre quand elle sentit les griffes du Chat-Gardien s’enfoncer dans ses épaules. Au même moment, une flèche siffla à ses oreilles. Sans échanger un mot, les deux cavaliers pressèrent les flancs de leurs montures qui se jetèrent dans un galop effréné. Au bouquet d’arbres qui annonçait le lac, Liz s’arrêta.
« Continue », murmura Fral, « je les arrêterai.
- Pas question. Et puis tu ne sais pas lequel de nous ils veulent. »
Elle mit pied à terre et coucha sa fille au pied d’un arbre. Fral fit s’éloigner les chevaux, habitués à cette pratique. La flèche encochée, l’arc bandé, les deux amants n’eurent pas longtemps à attendre. Trois cavaliers arrivaient à bride abattue sur le chemin. Fral manqua sa cible, mais un cavalier roula dans la poussière, la flèche de Liz au travers de la gorge. Les deux autres dégainèrent de longs couteaux et sautèrent au sol. Le combat fut bref et rude. Fral esquiva une fois et longea sa lame dans le coeur de son adversaire. Liz aveugla le sien d’un mouvement de cape et lui trancha le cou d’un geste précis. Puis les vainqueurs se penchèrent sur les visages des vaincus.
« Tu les connais ?
- Non. Leurs chevaux sont petits et hirsutes. Des Wallorsks ?
- Allons-nous en. Je t’escorterai, ce soir.
- Mais... tu ne rondes pas ?
- Non. Je te cherchais, à tout hasard. La Grande Lumière m’a bien inspiré, je crois. »





Ils marchèrent un moment côte à côte, en silence. Les chevaux avançaient du même pas, comme à la fête de Moissons dont ils avaient souvent, depuis l’enfance, répété ensemble le carrousel. Quand ils se sourirent, en même temps, il y avait dans leurs yeux les mêmes souvenirs d’enfant et les mêmes émotions d’adulte.
Un bruit dans les roseaux. Un battement d’ailes. Ils s’arrêtèrent. Liz descendit de cheval.
« Sors de là. Nous sommes deux, et nous sommes armés. »
Un jeune garçon se redressa, tenant sous le bras un cygne qui se débattait.
« Lâche-le. Les cygnes sont sacrés, ne le sais-tu pas ? Ils appartiennent tous à notre Grande Mère Lutz, Lumière des Lumières. Que tu croies ou non, lâche-le ! »
L’adolescent libéra l’oiseau et se jeta à genoux.
« Pitié ! Nous avons fui la Terre de l’Est, mes soeurs et moi, quand nos parents sont morts sous les coups des Lutzaïti. Elles ont faim ! »
Il devait avoir treize ou quatorze ans, maigre comme un coucou, les traits tirés, les yeux cernés.
« Viens demain matin à la ferme du Grand Saule. Tu auras du travail. Tu peux amener tes soeurs si elles sont trop jeunes pour rester seules. Braz, ma soeur, s’en occupera.
- Merci, merci, Maîtresse... Je serai ton dévoué serviteur jusqu’à la mort, foi de Kriof ! Pardonne mon audace, mais... Es-tu Liz, l’Elue des Grands Saules ?
- C’est bien moi.
- Alors il faut que tu saches ! Pendant que je guettais le cygne, tout à l’heure, tapi dans les roseaux, des hommes à cheval se sont rassemblés ici. Ils ont parlé de toi. Ils veulent te tuer !
- Combien étaient-ils ?
- Je ne sais pas... Au moins une dizaine... Peut-être plus...
- Sais-tu qui ils sont ?
- Non. Mais ils parlaient ma langue. »
Fral fronça les sourcils.
« Et tu trahirais les gens de ton peuple pour une inconnue ?
- Même le plus vil des chiens ne mord pas la main qui le nourrit », répliqua le garçon d’une voix amère. « Notre terre a toujours été pauvre, mais depuis que les Lutzaïti nous ont fait la guerre, c’est la famine pour les pauvres gens. Les hommes qui émigrent chez vous n’ont souvent le choix que d’être voleurs ou assassins. Même si tu veux rester honnête, personne ne te donne du travail.
- Tu as raison », murmura Liz. « La guerre est toujours horrible et injuste, et les vieilles rancunes sont longues à s’effacer. Nous sommes tous responsables, nous qui sommes méfiants autant que ceux des Wallorsks qui deviennent criminels. Pour ma part, je te crois. »
Le Chat se pencha vers son oreille.
« Le Chat aussi te croit. Il nous conseille de leur tendre une embuscade, à l’endroit que nous aurons choisi. Rentre chez toi, petit, à demain.
- Mais je sais me battre !
- Tu ne dois pas souiller tes mains du sang de tes frères, quels que soient leurs crimes. Et ta famille a besoin de toi. »
Les paroles de Liz semblèrent le convaincre. Il acquiesça d’un air contraint.
Les deux cavaliers repartirent au galop et ne s’arrêtèrent qu’à l’orée du bois. Ils mirent les chevaux à couvert, puis Liz nourrit sa fille avant de la déposer dans l’herbe, entre les fourrés, sous la garde du Chat. Fral colla son oreille contre le sol.
« Ils seront là dans quelques instants. Ce tronc d’arbre mort me donne une idée... La nuit est claire, on y voit plutôt bien... »
A eux deux, ils soulevèrent le tronc et le jetèrent dans le lac, dans une gerbe d’éclaboussures. Puis Liz hurla :
« Au secours ! A moi ! Au sec... »
La troupe des cavaliers, qui galopait en rang par deux derrière son chef, passa brutalement au pas. Un homme tendit le bras, montrant un vêtement sombre qui flottait à la surface du lac, près de la berge. Quelques uns se mirent à rire. Le chef sembla hésiter un instant, et les hommes se déployèrent autour de lui pour entendre ses ordres. Ils étaient douze guerriers armés, presque alignés dans la lumière des lunes...
Les flèches sifflèrent. Le chef tomba d’abord, avec son compagnon de gauche. Puis deux autres, puis encore un, foudroyé dans sa fuite, entre les omoplates. Trois cavaliers tournèrent bride et s’échappèrent au grand galop. Mais les quatre restants mirent pied à terre et s’avancèrent vers le bois, accrochés à la queue de leurs chevaux qui leur servaient de boucliers.
« Deux contre un ! », gémit Fral. « Et ils ont des épées !
- J’ai vérifié mes sacoches avant de partir. Prends le couteau, je garde les stylets à lancer. J’entraînerai les miens dans le bois. Grâce au Don du Chat, j’y vois comme en plein jour ! Prends garde à toi ! »
Elle sortit de sa cachette et se montra sur le chemin en criant :
« Eh ! C’est moi que vous cherchez ? »
Les hommes se lancèrent à sa poursuite mais Fral s’interposa. Il fit de son mieux pour attaquer deux adversaires en même temps, mais un seul s’arrêta. Le deuxième esquiva et s’enfonça dans le bois derrière Liz.
« Grande Lutz, protégez-la ! », murmura Fral en s’accroupissant pour éviter l’épée qui tournoyait au dessus de lui. Son ennemi était vigoureux et Fral ne pouvait pas contrer ses coups, par manque d’allonge avec ses couteaux. Il n’avait d’autre solution que d’esquiver, encore et encore, tel un danseur de foire, en attendant que l’autre se découvre, juste un peu... Il sentait la colère monter chez son assaillant, et s’évertua à l’exciter encore en riant à chaque coup manqué. L’autre devint furieux, mit tout son poids dans chaque charge, au risque de perdre ses appuis. Alors Fral fit une pirouette qui l’amena tout près de l’homme enragé, et tandis que son genou décochait un coup violent dans le bas-ventre, sa lame s’enfonça dans la gorge offerte. L’ennemi s’écroula, le poing encore serré sur son épée immaculée et inutile.
« Liz, j’arrive ! »
Il s’élança comme un fou dans l’épaisseur du bois, mais dut bien vite ralentir tant l’obscurité était profonde.
« Liz !
- Par ici ! Ne te presse pas, ça va... »
Il enjamba un cadavre, frappé au coeur par une dague, puis un deuxième, atteint entre les deux yeux. Liz était penchée sur le dernier dont le flanc gauche saignait à gros bouillons noirs. Le Chat était assis sur sa poitrine. L’homme murmura des mots incompréhensibles, puis sa tête retomba lourdement sur le côté.
« Tu n’es pas blessée ? »
Liz secoua la tête, les mâchoires crispées, clignant des yeux un peu trop vite.
« Tu es sûre que ça va ? »
- Oui, oui », prononça-t-elle lentement d’une voix rauque. « Nous avons eu de la chance. Mais... c’est dur...
- Ma chérie...
- Non, pardon, rien. Tu n’as pas à savoir. Le Chat... comprend tous les langages.
- Et tu sais qui...
- Je sais. N’en parlons plus. Prenons leurs armes, elles peuvent servir. Et partageons-nous les chevaux que nous pourrons retrouver. Ainsi tu n’auras pas perdu ta nuit.
- Etre avec toi, quelles que soient les circonstances, est toujours un bonheur ! »
Liz eut un petit rire fatigué.
« Oui ! Mais je connais des bonheurs... plus paisibles ! »



Vitz se réveilla au moment où ils la rejoignirent. Liz la fit téter longuement, tandis que Fral cherchait les chevaux. A son retour, la petite fille, baignée de clair de lunes, lui adressa un sourire radieux et l’appela « Papa ! », tandis qu’un filet de lait s’écoulait encore du coin de ses lèvres.
« Mon ange, ma princesse, ma beauté ! », roucoula-t-il en la prenant dans ses bras. Sans quitter Liz des yeux, il embrassa la joue tendre et le menton humide, puis murmura dans un souffle ému :
« Et si on faisait un garçon, pour une fois ? Tu as déjà donné deux filles... »
Liz frissonna du désir partagé, du plaisir à venir...
« Je vais y réfléchir. Mais... pourquoi pas ? Allez, homme de mes nuits, il se fait tard, et nous devons rentrer... Et puis tu risques de prendre froid, sans ta cape !
- L’amour qui me brûle est plus chaud que le soleil...
- Vitz, ma belle, ton père est un poète. Mais un poète enrhumé éternue aussi fort qu’un homme quelconque ! »


Liz termina sa ronde au pas, seule avec sa fille qui dormait sur son dos, fatiguée et repue. Le Chat avait parlé aux chevaux, et les quatre qu’elle ramenait suivaient sans histoire. La fatigue faisait monter les larmes aux yeux de la cavalière, et la respiration régulière de l’enfant augmentait encore son émotion. Elle avait risqué la vie de sa fille, par deux fois, ce soir. Et si Fral n’avait pas été là ? Et si elle n’avait pas eu la chance de triompher de ses ennemis, que serait devenue Vitz ? Et tous ces hommes morts, mercenaires miséreux que pleureraient des femmes et des enfants... Ce monde était dur... C’était ce qu’elle allait laisser à ses enfants, aux enfants de ses enfants, un monde où la mort est partout présente, où elle peut vous cueillir brusquement, que vous soyez dans la force de l’âge ou encore nourrisson... Changer le monde, moi toute seule... et je vais faire comment ? Tant de haine, tant de haine...
Et c’est pourquoi les larmes coulaient, lentement, ruisseau mélancolique et pur sur les joues de l’Elue.


Ils étaient déjà tous dans la cour quand elle atteignit la ferme. Delio se précipita, ne posa aucune question, lui sourit tendrement et s’occupa des chevaux. Braz débarbouillait les enfants près du puits, et lui adressa de loin un signe joyeux. Du coin de l’oeil elle vit Youl rentrer du bois pour le feu, et Svell et Arek qui partageaient leur première pipe du jour en bavardant à mi-voix. Près de la barrière se tenait Kriof, raide et implorant, avec ses trois soeurs. Liz héla Sinak, qui sortait des écuries, et lui confia la petite famille.
Sur le seuil de la maison se tenait Abetz, qui la dévisagea d’un air horrifié. Liz se redressa et braqua son regard noir dans les yeux de sa soeur, tandis que le Chat sur ses épaules couchait les oreilles et battait de la queue.
« Je vais bien, Abetz. C’est peut-être injuste, mais je vais bien. »
Sa soeur s’effaça par réflexe pour lui laisser le passage, et Liz entra, souriant à la Sagesse qui se tenait dans la pénombre au pied de l’escalier. Puis tout alla très vite. Le Chat feula, Liz fit demi tour en une fraction de seconde, juste à temps pour bloquer le poignet d’Abetz, le tordre, lui faire lâcher le couteau...
Elle s’était jurée de garder son calme. Elle voulait ne rien dire, comprendre, pardonner...
« Dans mon dos ! Ma fille, Abetz, MA FILLE ! »
Abetz recula, horrifiée, incrédule. La Sagesse précipita ses pauvres forces pour se camper devant l’Elue et faire face à sa fille aînée.
« Va-t-en. Maintenant. A tout jamais. Seule.
- Mais... mes enfants...
- Tes enfants font partie de la famille. Toi, tu ne reviendras jamais. Même après ma mort. Jamais. Je te laisse la vie, c’est plus que tu ne mérites. »
Abetz s’enfuit en courant, sous le regard médusé des autres, qui convergèrent aussitôt vers la maison.
« Va te reposer, ma fille », murmura la Mère. « Tu n ‘es pas responsable de la jalousie de ta soeur. Le Chat m’a parlé par la pensée – il le fera avec toi aussi, plus tard, quand tu seras Sagesse. Je t’ai suivie toute la nuit, je sais tout. Ta bonté est une bénédiction pour nous tous, et une malédiction si les assassins ne sont pas punis. Laisse-moi rendre la justice. A chacune sa charge. Mon enfant... »
La vieille main ridée caressa la joue de l’Elue.
« Ma vie aurait été brisée si tu ... Allons, je radote. Va dormir deux heures. Après, ton travail t’attend. Il te faudra remplacer Abetz à la cuisine, le temps que je trouve quelqu’un. De toute façon, il était temps de sevrer Vitz. Et tous ces enfants que tu nous as ramenés... Va dormir, va. Je vais parler à Braz. Elle attend une fille, n’est-ce pas ? Je sais que même de loin tu l’as senti. Eh bien ! Si ça continue, je n’aurai plus qu’à me mettre aux fourneaux moi-même ! Et toi...Un garçon, oui, pourquoi pas... tu l’as bien mérité... Mais travailler encore, à mon âge... »





(1) youkki : sorte de pomme de terre
(2) svak : mammifère aux longs poils, de la taille d’un boeuf
Narwa Roquen, victime d'un gros gros coup de fatigue, désolée...
Narwa Roquen, victime d'un gros gros coup de fatigue, désolée...
Narwa Roquen, victime d'un gros gros coup de fatigue, désolée...

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z653z  Ecrire à z653z

2011-05-04 16:13:43 

 mauvaise humeurDétails
Pour faire plus court et avec moins de descriptions, il y a des détails sur le repas familial et la structure familiale qui aurait pu être résumés. Et le bébé ralentit le rythme.
Sinon les scènes d'action sont bien courtes surtout celle où l'élue se débarrasse de trois guerriers.
Et la fille aînée seule contre sa soeur me parait étrange ; peut-être que Braz aurait pu être complice.
"Abetz est toujours de mauvaise humeur" et on ne l'entend jamais parler, sauf à la fin. C'était un gros indice.

Deux détails :
"onze guerriers armés" --- le chef n'est pas armé ? c'est ambigu.
"le temps que trouve quelqu’un"

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-05-05 14:12:34 

 Douze, ils étaient douze!Détails
Bon sang mais c'est bien sûr! Rien n'échappe à ton oeil de lynx! Merci!
Narwa Roquen, 0 + 0 = la tête à Toto!

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-05-07 22:05:49 

 Commentaire Maedhros, exercice n°92Détails
Hou la là ! Que de monde ! Des marionnettes, des musiciens, Dostoïevski, la bande à Potter (ah les Rowling Stones, cool !), John Wayne, sans oublier cette pauvre Margaret... Mais le gagnant est... Orange Mécanique, pour la similitude d’atmosphère – l’ultraviolence, cette espèce de pureté apocalyptique.
Le background est celui d’un futur que je ne nous souhaite pas. Le voyeurisme médiatique a fait des progrès, les spectateurs peuvent maintenant s’immerger dans le ressenti des acteurs – jolie trouvaille que la bionnection. La perversion ultime, cependant, c’est que le vulgum pecus et les Immortels ont trouvé le même remède à l’ennui – vivre la vie (et la mort) des autres. Ca fait un joli foutoir, mais c’est classe !
J’ai quand même quelques questions :
- c’est quoi les petites épines ?
- où se situe l’action ? J’ai eu beau chercher, même en imaginant quelques catastrophes climatiques entre Anvers et Hambourg, je n’ai pas trouvé. A moins que ce ne soit une nouvelle ville, nommée Gyrusalem, Salem, la Ville Sainte, silence on tourne...
- les Rong Chiens ?


Bricoles :
-où vous avez toujours rêvé être : d’être
- votre canapé non : VIRGULE !
- Dre que j’avais presque réussi : dire
- les apaches avec leurs fusils : Apaches
- id : les Troyens aux Achéens
- les règles de théâtre sont intangibles : du
- les bateleurs arrivent citoyens : VIRGULE !


J’ai adoré la transfusion comme cause de sang mêlé ; le policier tué par un Gendarme, aussi. La scène de combat est très bien menée et nous tient en haleine ; tu te moques gentiment du super gentil sorcier en le transformant en loubard cruel !
Le début est accrocheur, Arlequin est parfait, la fin relance tout et nous bouscule.
Pour l’imagination c’est 30 e lodi ( en français : 20/20 et les félicitations du jury).
Pour l’ensemble il y a un truc qui cloche ; c’est peut-être au niveau de la construction :ça manque un peu de liant, l’histoire du flic est trop longue, le couplet sur John Wayne est sympa, ça explicite la bionnection, mais comme ça, ça tombe un peu à plat. Peut-être faudrait-il faire intervenir deux fois le journaliste, ou mélanger le combat du flic avec celui d’Arlequin, je ne sais pas. C’est ça le problème avec toi : tu as tellement de talent que ça foisonne de partout, et la chatte a du mal à retrouver ses petits ! Comme chacun de nous, tu manques de temps, mais vu que nous n’avons toujours pas trouvé de mécène...
Néanmoins le texte mériterait d’être retravaillé, densifié, ciselé. Le diamant est encore un peu brut. Mais tu as l’expertise suffisante pour le tailler à merveille.
Narwa Roquen,qui est très en retard mais qui s'accroche

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2011-05-08 10:32:38 

 Petits cailloux...Détails
Voici les éléments d'explication. Bon, tu connais mon goût pour les jeux de piste!

- Les petites épines : ce sont simplement les armes dont dispose l'agent spécial rentrant de mission.

- Lieu de l'action : selon moi, c'est bien Paris. Anvers et Hambourg sont reliés à Paris par des voies navigables (i.e. : futur canal Seine Nord Europe).

Par contre, le titre de l'histoire est un jeu de mot à double sens :

> Gyrus : est le terme médical signifiant une circonvolution du cerveau humain. Cela fait référence aux anges administrateurs qui ne sont plus que ça !
> Salem : selon wiki, prénom arabe signifiant : "esprit saint dans un corps sain". Ce qui est ironique dans le cas de cette histoire où les brillants esprits n'ont pas de corps !

Le tout (Gyrusalem) renvoyant bien sûr à Jérusalem, mais la Jérusalem céleste (les stations géantes orbitales), celle visée dans l'apocalypse selon Saint-Jean :

« L'Esprit se saisit de moi et l'ange me transporta au sommet d'une très haute montagne. Il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, envoyée par Dieu, resplendissante de la gloire de Dieu. »


- les Rong Chiens : ah, les Rong Chiens. C'était un peuple connu des Chinois depuis l'époque des Shang (vers -1200), localisé à l'ouest et au nord-ouest de la Chine. De caractère guerrier, les Rong-Chiens se livraient en Chine à de fréquentes incursions et déprédations.

Une page pour en savoir plus ici...

Merci Google!

Voili voilou pour quelques explications.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-05-08 13:59:11 

 Nom d'un Petit Poucet!Détails
!!!!!!!!!!! * sourire de Kermit la grenouille*
Narwa Roquen,qui va se remettre à manger du poisson, il paraît que ça rend intelligent...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2011-05-08 20:07:28 

 By the light of the moon, leur compte est bon!Détails
Voilà une histoire que Jack Vance aurait appréciée. Lui qui aimait décrire ce type de société, toujours exotique mais suffisamment proche de nous pour demeurer familière. Tu as réuni des ingrédients savoureux : un monde aux nuits baignées par le clair de deux lunes, une société matriarcale, un chat (forcément) tutélaire, des mercenaires décidés et une trahison intime... que tu lies avec ton habileté coutumière de conteuse !

S’agissant des consignes, elles sont juste approchées mais j’ai fait de même au grand désespoir de z653z ! Alors !

Ton récit est par contre plus rythmé que le mien avec des rebondissements qui l’émaillent jusqu’au dénouement. En relisant le texte, j’ai moi aussi quelques menues questions :

- Si l’Elue est si importante (elle succèdera à la Sagesse non ?), le fait qu’elle remplace sa soeur, avec son bébé en plus, et parte seule est à mon sens périlleux non ?

- La ronde est une surveillance a priori sans grand danger (Liz ne s’arme que sur l’avis pressant du chat). Or, sans l’aide de celui-ci, la soeurette n’aurait pas eu beaucoup de chances de réchapper aux deux traquenards tendus par les mercenaires ! Quelle est donc la nature de cette ronde ?

- La soeur ainée est « horrifiée» quand Liz survient. Le seul motif qui m’est venu à l’esprit pour expliquer sa réaction, c’est qu’elle pensait que sa soeur ne reviendrait pas. Aurait-elle payé des étrangers (elle les côtoie) pour tendre une embuscade à Liz? Mais dans ce cas, comment a-t-elle pu anticiper le fait que Braz cède son tour à Liz ? Bref, ce n’est pas clair pour moi !

Mais l'histoire coule harmonieusement et les digressions apportent quelques couleurs supplémentaires.

M

PS : j'ai mieux = 110 e lode
Private joke

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2011-05-08 22:25:16 

 PrécisionsDétails
Effectivement, l'Elue succèdera à la Sagesse; néanmoins elle participe à la ronde, comme tous les adultes de la famille, parce qu'il faut laisser sa place au Destin; la Mère n'aime pas trop ça, mais en même temps elle est fière du caractère intrépide de sa fille. Et puis elle sait que le Chat l'accompagne toujours, justement parce que sa vie est précieuse.
Normalement les rondes sont sans danger; il faut vérifier les clôtures, chasser quelques éventuels voleurs de bétail, éventuellement détecter les incendies ou autres menaces. Tout le monde porte un coutelas à la ceinture, et il y a du matériel de secours dans les sacoches.
L'expression horrifiée d'Abetz, la soeur aînée, est bien l'indice de sa trahison; c'est elle qui a payé les mercenaires. En fait, elle a entendu Braz dans l'après-midi demander aux garçons s'ils pouvaient la remplacer, et connaissant Liz, elle était sûre que celle-ci allait accepter. Mais quand tu penses qu'il m'a suffi de dire "Abetz est toujours de mauvaise humeur" pour que notre z653z-Holmes la suspecte... Si j'avais donné plus de détails, il aurait ouvertement ricané!
Narwa Roquen,qui jure de ne jamais jouer au Cluedo avec z653z!!

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z653z  Ecrire à z653z

2011-05-09 12:11:11 

 suspicionsDétails
J'ai surtout tendance à mettre rapidement des étiquettes sur les personnages en fonction de leur présentation par l'auteur.
Et je suis parfois perdu si le nombre d'étiquettes à retenir est trop important.
Enfin, je suis souvent les fausses pistes des narrateurs et j'aime d'autant plus les retournements de situation finaux.

Abetz aurait pu accepter (ou dire je ne suis pas contre) le changement de tour de garde pour se voir moins suspectée.
Et son ultime tentative est désespérée car elle se fait devant témoins qui de toutes façons l'auraient exclue du clan.

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