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De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 2 septembre 2010 à 23:25:18
SINGULIER PLURIEL





« Le tyran est mort ! »
La foule surexcitée se mit à hurler sa joie devant le palais. Ce fut comme une immense vague qui souleva le peuple de Mora. Nous étions tous heureux, délivrés, libres ! Un homme avait crié au balcon, et le soleil était plus lumineux, les arbres plus verts, l’air plus pur. La vie reprenait ses droits, le Mal était terrassé, la mort d’un seul homme avait changé le monde ! Qu’importait à présent la richesse ou la pauvreté, la jeunesse ou l’âge mûr, nous étions tous frères dans le bonheur. Les gens s’embrassaient, se congratulaient, parlaient haut et fort, s’invitaient mutuellement pour fêter l’évènement. Les voisins qui se détestaient depuis des lustres projetaient de marier leurs enfants. Les frères ennemis voulaient travailler ensemble, les patrons donnaient congé aux ouvriers avec une pièce pour aller boire... Plus de rancune, plus de haine, plus de mépris, c’était un vrai miracle ! Comme si les Dieux pris de pitié pour nos longues souffrances avaient déversé sur nous des torrents d’amour et de bonté. Nous étions fiers d’appartenir à la nation de Latinia qui avait triomphé d’une longue lignée de despotes et offert la gouvernance à ses citoyens. Un monde nouveau s’ouvrait à nous, où nous serions tous libres et égaux, maîtres de notre destin, debout et unis quoi qu’il arrive. Plus de privilège, plus de prison, un impôt juste et des dirigeants issus du peuple et au service du peuple. Plus d’un solide gaillard en avait les larmes aux yeux.
Un gamin me tira par la manche.
« C’est toi Xérias le Poète ? Monte au palais. Béotius veut te voir. »
Je me frayai non sans peine un chemin à travers la foule bruyante. Béotius était encore au balcon, acclamé sans relâche. Dans la pièce, au pied d’un simple fauteuil en bois, gisait encore la dépouille ensanglantée du Roy, une épée grossière plantée dans la poitrine. Je ne lui jetai qu’un bref regard, n’ayant guère d’attirance pour le sang, et quelque chose me sembla étrange sans que je discerne quoi. Je n’avais guère le temps d’y réfléchir.
« Xérias ! Tu es bien poète ?
- Tel est mon métier.
- Je veux que tu écrives une Ode à la Liberté, qui sera chantée et colportée dans tout l’univers civilisé, et qui traversera les âges... pour... »
Je réalisai qu’un homme de petite taille, humblement vêtu de gris, lui soufflait les mots à l’oreille.
« ... pour qu’on célèbre à travers les siècles... la grandeur de Latinia, qui la première entre toutes les Nations... a immolé l’injuste pouvoir sur l’autel de la ... Liberté... pour que son... peuple soit à jamais souverain ! »
Béotius me regardait, très fier de lui. Je bredouillai :
« Merci... Merci... Grand Béotius. Je m’acquitterai de cette noble tâche avec toute mon énergie. Sois remercié pour ce grand jour que tu as offert au Peuple. Je chanterai ton courage et ta force, pour ta plus grande gloire !
- C’est bien, c’est bien. »
Il se tourna à nouveau vers la foule qui ne se lassait pas de l’applaudir. Quelqu’un murmura près de moi :
« Mon gars, ta fortune est faite ! »


Ma fortune était peut-être faite, mais je ne savais pas par où commencer. Les idées se bousculaient dans mon esprit troublé. Mon Maître Dargon de Massila m’avait toujours répété : « Ecris selon ton coeur, mon garçon, mais si tu parles de faits, vérifie-les un par un. Il nous faut parfois mener une véritable enquête avant de commencer à écrire, mais c’est la dignité de notre profession. Nous devons servir la vérité, jusque dans les moindres détails. Nous pouvons faire s’envoler les métaphores les plus emphatiques, mais nous n’avons pas le droit de mentir ! »
Il me fallait un plan.
Commencer par la scène du meurtre – non, de l’exécution. Non, de la justice. Des mots forts, bien choisis, qui marquent les esprits. Puis montrer la foule en liesse, j’y étais, ça serait facile. Et après ? Le récit des longues années d’oppression. Je les avais connues. Par scrupule extrême, interroger quelques habitants de Mora, commerçants, ouvriers... Un couplet patriotique pour finir et le tour était joué.


Mais tout de même il me fallait parler de Béotius, l’homme qui avait porté le coup fatal. Et si je ne voulais pas mentir, je devrais au moins omettre ce que chacun savait, qu’il ne savait pas aligner deux phrases, que son intellect était lent comme la plus lourde des péniches, et qu’il n’avait sûrement pas été l’instigateur de la révolte. Au dernier moment, on avait dû lui mettre une épée entre les mains... Or sans une préparation soigneuse et des complicités internes, personne n’aurait pu s’introduire dans le château, et a fortiori assassiner le Roy de bon matin... Sans compter que l’organisation du nouveau gouvernement – on en parlait sur le marché, ce matin-là – semblait se mettre en place très vite, comme si elle avait été prévue de longue date. Devais-je laisser dans l’ombre les véritables auteurs de notre libération ? Cela aurait été malhonnête, et pire, injuste. Où avaient pu s’ourdir des plans tortueux et des complots secrets ? Dans les ruelles du quartier chaud, à n’en pas douter, dans les tavernes et les tripots, dans les arrière-salles obscures embrumées de fumée de tabac et empestant la bière renversée. Ce serait amusant de retracer l’historique du mouvement. Et peut-être une occasion de se faire offrir à boire... Ce soir-là je m’endormis enthousiaste comme si le monde m’appartenait. J’avais vingt-cinq ans. Au plus tard dans un an je serais riche et célèbre... Quel homme pouvait rêver d’une meilleure vie ?


En parcourant les rues de Mora, la capitale du royaume, je commençai machinalement à chercher mes premiers vers.
« Il faut bien commencer », disait mon Maître Dargon, « mais tu verras que souvent tu réécriras le début après avoir achevé ton dernier vers... »
«Béni soit ce jour-là, auréolé de gloire,
Où le peuple damné recouvra son bonheur...
»
Ce n’était pas bon. « Ce jour-là», ça sentait le pied manquant. « Ce matin» ? Mais c’est toute la journée qui avait été glorieuse, et... Je devais me calmer. Trop d’impatience, comme toujours. Allons, si je voulais écrire un chef-d’oeuvre, je devais garder la sérénité de l’esprit.
Démétrius le boulanger était dans sa boutique.
« Tiens, poète, goûte-moi ce pain au sésame : divin, n’est-ce pas ? La liberté me donne du génie ! Puisse l’âme maudite d’Altérius brûler dans les Sept Cercles des Enfers pour toute l’éternité ! Il nous a piétinés, affamés, terrifiés ! Il faisait des sacrifices humains, à chaque nouvelle lune, pour se concilier les Dieux ! De jeunes vierges, immolées comme des animaux, dont il buvait le sang encore tiède... C’est mon cousin qui me l’a dit, il le tenait de la femme d’un soldat, avec qui il avait... un certain commerce... Et tu l’as vu, à la moindre rébellion, que dis-je, au moindre soupir de travers, ses soldats tranchaient les têtes, violaient les femmes, incendiaient les maisons... On raconte même qu’ils ôtaient leurs uniformes pour aller piller des villages et faire croire à l’oeuvre de brigands... Qui ? Mais tout le monde le sait, demande autour de toi, tiens, demande à Martius le boucher, demande à Angus le cordonnier... Il y a deux ans, tu t’en souviens, l’année de la grande sécheresse... Ah, tu étais à Massila ? Ici le bétail mourait de soif, les récoltes séchaient sur pied, les puits étaient à sec, et le Roy s’était fait remplir deux piscines, dont il changeait l’eau tous les jours... Ca ne s’invente pas ! Il menait ses chasses à travers les champs de blé, avant la moisson, avec une véritable armée pour escorte, et quand le pauvre paysan ne pouvait pas payer l’impôt, il lui faisait couper le bras droit ! Si je l’ai vu ? C’est arrivé au père du meilleur ami de mon neveu, à Perséa ! Et l’hiver du Grand Gel, il y a quatre ans, quand le peuple mourait de froid et de faim... »
Un homme massif comme une montagne, vêtu d’un grand tablier bleu, entra dans la boutique.
« Tiens, justement... Dis-lui, toi, Martius, tu t’en souviens, il y a quatre ans...
- Ah oui », répondit le colosse à la figure rougeaude en serrant des poings capables d’assommer un boeuf, « l’année du Grand Gel ! Le Roy nourrissait ses chiens de viande fraîche, et faisait chauffer ses écuries avec trois grands poêles, quand les gens se battaient pour une branche morte ou un bout de lard, et que les enfants mouraient dans leur sommeil...
- Demande aux mères dont il a enlevé les filles pour les jeter en pâture à ses soudards », reprit Démétrius, « demande aux fils dont il a fait tuer les pères parce qu’en vieillissant ils n’étaient plus utiles ! Demande... »


« Oui, ma fille, ma petite Soria. Ils l’ont enlevée... Je ne l’ai jamais revue... »
« Mon père s’était foulé la cheville. Un soldat l’a vu boiter et lui a tranché la gorge. Et j’ai... j’ai dû le remercier de m’avoir ôté cette charge... J’ai été lâche, Xérias, mais j’avais ma famille à nourrir... que serait devenue ma femme sans moi ? Et mes quatre enfants ? »
« Maudit ! »
« Maudit ! »
« Maudit ! »


Je rentrai chez moi la tête bourdonnante comme une ruche, le coeur soulevé par toutes les horreurs que j’avais entendues, l’esprit agité par le flot de haine que j’avais vu déferler dans tous ces yeux quand j’avais évoqué la mémoire d’Altérius. J’avais connaissance de certaines rumeurs, mais c’est vrai que j’avais été absent de Mora pendant cinq ans, tandis que je suivais l’enseignement de mon Maître Dargon. Ce qu’on m’avait raconté dépassait en horreur tous les ragots les plus fous. Les gens avaient rompu la loi du silence. Ce qui s’était jusqu’alors murmuré sous le manteau dans la terreur de représailles sanglantes était à présent hurlé au grand jour par des survivants dont la haine enfin libérée devenait plus forte que la douleur. Etait-ce le bon chemin pour retrouver la paix de l’âme ? Je n’en savais rien. Il ne m’appartenait pas de juger. J’étais trop jeune pour avoir l’expérience de la nature humaine. J’imaginais que, le temps aidant, l’apaisement viendrait. Mais sans doute jamais le pardon.




Au matin, dans la demi brume du réveil, je repensai à tous ces témoignages unanimes sur la cruauté du tyran. Sa mort avait indiscutablement été une bonne chose et l’avenir s’annonçait radieux. Radieux... Tout à coup une image me frappa et je me dressai d’un bond, en proie à une émotion violente. L’image du Roy mort était aussi nette dans mon esprit que si je l’avais eu devant mes yeux. Et ce qui m’avait paru étrange sur le moment m’étreignait maintenant à la gorge : radieux ! Il était radieux, il avait une expression de bonheur extrême, comme si... comme si... Je dus me forcer à terminer ma pensée, tellement celle-ci était absurde : comme si c’était le plus beau jour de sa vie !
Je paniquai un instant. Je m’étais trompé, ce n’était pas possible... Ah, pourquoi étais-je si jeune et si peu expérimenté !
« La vérité, Xérias, la vérité... »
Cette tâche était trop lourde, je n’y arriverais jamais...
Je regardai le soleil se lever, confus et accablé. Quand son premier rayon me toucha, une idée me vint, sans nul doute un message d’Apollon que je priais chaque jour.
« Va voir la Reine. »
Et je suivis cet ordre sur le champ.


Dans son étroit cachot de la Tour Maudite, je fus autorisé à parler à la Reine déchue. Elle attendait la mort, digne et courageuse, en contemplant par la minuscule fenêtre un infime coin de ciel où passaient quelques rares oiseaux.
« Vous écrivez un poème ? Vanité ! Mon époux est mort, le pays est livré à des hordes sanguinaires, et vous écrivez un poème ! Que voulez-vous savoir ? Le Roy ? Vous allez déformer mes propos, vous allez insulter sa mémoire, je le sais ! Je ne serai pas complice de cette infamie !
Non... C’était un bon époux, respectueux, tendre, fidèle. Il... Je ne salirai pas sa mémoire. Mais ce que je dirai, n’est-ce pas... Tant de gens le haïssent encore, même après sa mort. Il n’a pas voulu d’enfant. J’ai pensé d’abord que mes charmes étaient insuffisants... Puis, l’ayant fait espionner et ayant appris que je n’avais aucune rivale... Je l’avoue, j’ai soupçonné que son attirance fût pour le sexe masculin. Mais ce n’était pas le cas. Nous avons été mariés selon la volonté de nos parents. Personne n’attendait de nous que nous nous aimions. Pour ma part, je devins bien vite amoureuse de ses grands yeux sombres, de son visage osseux, de ce grand corps maigre et maladroit... de cette force inouïe qui se dégageait de lui quand il restait assis devant la cheminée, silencieux et seul, pendant des nuits entières... Je ne saurais vous dire s’il m’aima un peu. Une nuit, s’éveillant à mes côtés après de chastes baisers, il hurla :
« Je mettrai un terme à tout cela. J’en mourrai, s’il le faut ! »
Effrayée, je rallumai la lampe. Ses yeux étaient pleins de larmes.
« Pardon, ma douce et tendre. J’ai fait un cauchemar. »
Il se blottit contre moi et sanglota comme un enfant.
« Il faudra que vous soyez courageuse. Il faudra que vous me pardonniez. Sans le vouloir il se peut que je vous fasse du mal. Mais je dois sauver ma patrie... et pour aussi incroyable que cela puisse être... Je suis prisonnier, Marvélia, prisonnier d’une caste, d’une Cour corrompue et avide, de Conseillers véreux dont je suis le fantoche... C’est un vrai nid de vipères... Une immense toile d’araignée, dont les ramifications s’étendent bien au-delà de nos frontières... Je vaincrai, ma douce. Vous serez fière de moi. Enfin... Pour le moins, n’ayez pas de haine envers moi, je vous en supplie, pardonnez-moi. »
Je ne comprenais rien à son discours, je pensais qu’il délirait. Je l’ai bercé longtemps sur mon coeur. A l’aube il se leva, comme à son habitude. Il ne m’en a jamais reparlé.
A dire vrai, j’ai l’impression de ne pas l’avoir connu. Vous dites qu’il était un tyran cruel. Moi je le voyais comme un être torturé et sensible.
Je sais que la mort m’attend. Ils me feront payer pour la haine qu’il leur a inspirée. Je n’ai pas peur. Je vais le rejoindre. Nous serons en paix, enfin. Mais je ne comprends pas. Je n’ai jamais été sa confidente. Et c’est la seule chose, à ce jour, que je regrette vraiment. »


On dit que les gens ne mentent pas quand ils savent qu’ils vont mourir. Mais la Reine, confinée dans son palais doré, savait-elle vraiment ce qui se passait à l’extérieur ? Elle était sûrement tenue à l’écart des affaires du royaume. Et on a vu d’autres hommes cruels adorer leur épouse... Et puis quelle foi accorder au témoignage d’une femme amoureuse ? Et comment le Roy aurait-il pu être prisonnier ? Si son entourage lui déplaisait, il n’avait qu’à s’en défaire, il avait tous les pouvoirs, il était le Roy...
Je me cherchais des arguments mais mon coeur était troublé, tant le portrait dressé par la Reine différait de celui que nous connaissions tous.
Alors que je regagnais ma petite maison en ressassant mes doutes et mes interrogations, je dus m’écarter pour laisser passer une grande procession qui traversait les rues de la ville. Les gens chantaient et dansaient en escortant une charrette où était entassée une pile de cadavres, jetés là pêle-mêle comme des rats crevés. Je me renseignai auprès d’un passant.
« Tu devrais te tenir au courant, jeune homme ! Tu es un homme libre, maintenant, et l’avenir de la Nation repose aussi sur ton opinion ! Regarde bien ces morts, et réjouis-toi : ils ne nous feront plus de mal. Il y a là le Grand Intendant, le Grand Chancelier, le Capitaine de la Garde, le Comte des Ecuries... et toute la tripotée de dignitaires qui ont si bien servi le Roy ! Ah et je crois bien que tout au fond, il doit y avoir le Roy lui-même. On va les brûler sur la place du Couronnement, rebaptisée place de la Libération ! Et demain, le Conseil des Sept commencera à gouverner.
- Le Conseil des Sept ?
- Ben oui, c’est ce que Béotius et ses deux lieutenants, Arnius et Melnon, ont décidé ce matin... Ca a été crié dans toutes les rues pendant au moins deux heures ! Où étais-tu ? Tu dormais ? »
Il me jeta un regard méprisant et se hâta pour rattraper le cortège. Bien sûr, c’était dans l’ordre des choses. Comme pendant une guerre, les ennemis avaient été tués. Mais moi que la violence a toujours rebuté, je ne pouvais m’empêcher de penser que même si la vengeance était juste, à la mort des uns s’ajoutait la mort des autres, toujours la mort, toujours la haine, toujours le pouvoir exercé jusqu’à l’extrémité fatale. Je n’assistai pas au bûcher funéraire autour duquel les gens festoieraient sûrement toute la nuit.



Je dormis mal cette nuit-là. Je rêvai de champs de bataille, de charniers putrides survolés d’infâmes corbeaux au bec sanguinolent, de fillettes hurlant de terreur et d’ombres fugitives au ricanement sardonique. M’éveillant en sueur, je m’efforçai de retrouver mon calme en composant quelques vers. Sur Béotius, par exemple.
« Le bras de Béotius porta le coup fatal.
Soutenu par l’élan de la nation entière,
Il s’avança sans peur, droit, fier et magistral
Rendant à Latinia l’espoir et la lumière.
O Liberté...
»
J’aurais dû en écrire un peu plus sur Béotius, notre Libérateur, mais il ne m’inspirait guère. Alors que le personnage du Roy, malgré tout ce que j’avais pu entendre, m’attirait irrésistiblement... Et ce sourire béat, tellement chaleureux, tellement lumineux... et tellement improbable ! J’avais dû mal voir, j’avais imaginé, j’avais rêvé... Il y avait tant de joie dans cette pièce et dans toute la ville, que j’avais confondu les images... Mais le cerveau peut toujours raisonner, quand le coeur a une certitude, il n’en démord pas.
J’avais eu le temps de consulter la Biographie Officielle à la Bibliothèque Royale. Comme tous les Princes, Altérius avait suivi l’enseignement d’un Maître hors du Royaume, pour acquérir culture et connaissances et se former au mieux à sa future tâche – telle était la coutume en Latinia. Son Maître était peut-être encore en vie... ou bien, en me rendant à Durbask, en Crévonie, je trouverais des contemporains, qui sait, un ancien camarade... Quatre jours de cheval en forçant un peu l’allure, cinq au pire... Béotius m’avait fait porter une bourse pleine d’écus pour m’encourager. J’étais un peu gêné que cela vienne de lui, mais après tout je travaillais pour le Peuple et tout travail mérite salaire : pendant que j’écrivais je n’avais plus le temps d’aller glaner quelques piécettes en déclamant des vers dans les foires ou les tavernes. Je pouvais faire quelques provisions et me mettre en chemin. Le temps était clément et je pourrais dormir à la belle étoile. J’espérais seulement ne pas avoir de souci à la frontière. Comment savoir si la nouvelle s’était répandue dans les pays voisins ? Et quelle serait la réaction des autres Roys, puisque, dans tout le monde civilisé, nous étions les seuls dans l’Histoire à avoir commis le crime majeur, le régicide, non pas au profit d’un homme qui se serait proclamé roi, ou chef suprême, mais dans le but d’abolir à jamais la royauté et l’exercice du pouvoir par un homme seul. J’envisageais que logiquement ce nouveau mode de gouvernement pouvait représenter un exemple dangereux, menaçant leur propre autorité. Cependant j’étais Poète, et les Poètes étaient par tradition bien accueillis partout. Je décidai donc de tenter ma chance.


« Oui... Je l’ai bien connu... C’était il y a longtemps, nous étions si jeunes ! Nous avions encore le visage lisse comme des jeunes filles, la voix fluette et le mollet maigrichon ! Pourquoi voulez-vous que je vous parle d’Altérius ? »
Maître Lucilus était un Mage au faîte de sa puissance. Il avait des mains fines aux longs doigts agiles, une prestance qui forçait le respect et surtout un regard gris d’acier qui semblait pouvoir transpercer le moindre de mes secrets. En quelques mots je lui fis part des évènements récents à Mora. Il m’écouta en silence et son visage s’assombrit d’une tristesse sincère.
« Mon pauvre ami... Mais pourquoi ? Je n’avais plus de nouvelle depuis cinq ans... »
Je lui narrai les témoignages que j’avais recueillis, omettant à dessein les rumeurs dont je n’avais pas confirmation. Il hochait la tête, écarquillait les yeux, se pressait les mains.
« Ce n’est pas possible », répétait-il à voix basse. « Pas possible... entendez-moi bien, jeune homme », commença-t-il quand j’eus fini mon récit. « Je vous crois. Je suis sûr que vous n’avez pas fait tout ce chemin pour venir me dire du mal de mon plus cher ami, alors que vous cherchez justement à en savoir plus sur son compte... Mais ce que vous m’apprenez est tellement... étrange ! Je sais que les hommes peuvent changer, que le pouvoir les corrompt et les déshumanise... Mais Altérius... C’est peu de dire que je ne comprends pas ! Tout mon être s’insurge contre votre vérité, comme si vous me disiez à l’instant que cette table de bois est en marbre, ou que ce verre de vin n’est que de l’eau... Altérius...
Oui, je l’ai bien connu, et je suis sûr de l’avoir bien connu. C’était un être singulier, c’est cela, c’est exactement cela, singulier. A la fois solitaire, unique en son genre et parfaitement original... différent... à la limite de l’étrange. Pourtant des choses étranges, croyez-moi, mon jeune ami, j’en ai vues... Nous étions étudiants chez Maître Sartorius, un vieux savant qui connaissait aussi bien l’astrologie, la prophétie, la poésie, la psychologie, la médecine... que la magie. C’était un Mage, en fait, mais un Mage érudit, que le pouvoir n’attirait pas. Il avait fondé une petite école où il recevait pour quelques années des fils de bonne famille, pour parfaire leur éducation. Altérius et moi avions le même âge. J’étais venu étudier la médecine, selon le désir de mes parents... Et puis j’ai découvert que j’avais un don pour la magie. Maître Sartorius m’a pris comme apprenti, je suis resté avec lui jusqu’à sa mort. Ce furent des années... merveilleuses. Même sur son lit de mort, il était encore curieux de tout, il s’enthousiasmait de tout, il se dégageait de lui une... luminosité joyeuse, comme si la vie, malgré toutes les horreurs et toutes les peines, était sans cesse une occasion de se réjouir. Altérius... Il n’est resté que sept ans. Puis sa famille l’a rappelé, son père se faisait vieux, il voulait l’initier aux secrets du Royaume pour qu’il lui succède dignement. Il m’a écrit pendant de longues années. Il appréhendait la lourdeur de sa tâche mais il voulait changer les choses, abolir les privilèges, améliorer le sort des pauvres gens... Altérius, un despote, un tyran sanguinaire ? Comment cela serait-il possible ? Il ne m’aurait pas menti, et d’ailleurs pour quoi faire ? Je suis persuadé qu’il a toujours été sincère avec moi. Il était souvent silencieux, mais il n’était pas hautain. J’ai mis des mois à l’apprivoiser, à gagner sa confiance, mais ensuite... Il n’avait pas de secret pour moi...
Je me souviens... Il était longiligne, presque maigre, et il pouvait rester debout pendant des heures à contempler un arbre, une fleur ou une étoile. Et puis il se tournait vers moi, l’oeil enflammé, et il se mettait à parler... Et alors, c’était comme un oiseau qui s’envole, majestueux dans le ciel clair. Je l’avais surnommé le Héron. Altérius le Héron. C’est tellement beau, un héron en plein vol, sa large envergure fendant l’azur avec une grâce divine... Alors que c’est tellement maigre, perché sur une patte, avec ce cou stupide... C’était vraiment lui...
Il était fasciné par la mort. Avait-il rêvé qu’à force d’étudier un jour il pourrait la vaincre ? Il était brillant, très brillant, d’une intelligence pure, intuitive, flamboyante... Et une mémoire... Mais il n’était jamais satisfait de lui-même, il voulait toujours faire mieux, apprendre plus vite, comme si le temps lui avait été compté... Comment disait-il, déjà ? « Je ne dois pas mourir avant d’avoir accompli ma tâche.
- Tu seras un grand Roy », lui répondais-je alors, mais il secouait la tête.
- Non, non, ce n’est pas ce que je veux être. Il y a une force en moi qui me pousse... Cela m’effraie parfois... Tout ce que je sais, c’est que j’ai une mission à remplir, et que la Mort sera ma compagne... »


Mon cheval est repassé au pas et je n’ai pas eu le coeur de le relancer. Je suis bien dans ce balancement chaloupé qui me réconforte. Le pas d’un cheval, c’est comme le bercement d’une mère, dévoué, chaleureux, vivant... Nous ne remercierons jamais assez nos chevaux pour le soin qu’ils prennent de nous, pour leur gentillesse, pour leur générosité... Je suis troublé, mon cheval le sent, il me donne l’occasion de réfléchir, il me porte. Humble compagnon fidèle, il me donne ce qu’il peut pour soulager ma peine. Je gratte son garrot de trois doigts reconnaissants, et il se contente de cette marque de gratitude, alors qu’il est sur les routes depuis presque une semaine, talonné par mon impatience égoïste. Quel humain, même ami, sera aussi prévenant, aussi altruiste ?
Je me sens petit, stupide, sans valeur. Je suis perdu. Toutes ces pensées contradictoires... Mais qui était donc Altérius ? Qui dois-je croire ? Pourtant, sa tyrannie, sa cruauté, j’y ai assisté, c’est une réalité ! Quelque chose me dérange et je ne sais pas quoi. Sa femme, son ami... ils ont pu être abusés, il aurait pu mentir, il aurait pu changer... J’essaie de me persuader que le blanc est blanc et que le noir est noir. Et j’ai comme l’impression de me mentir à moi-même.
Très bien. Je ne vais pas devenir fou à me poser des questions sans réponse. Prenons le problème sous un autre angle. La révolte. Comment est-elle née ? Qui en fut l’artisan ? Je sais bien que ce n’est pas Béotius.
La ville basse. Ses tripots, ses ruelles sombres. Sa population trouble et fuyante. C’est là que je vais chercher des certitudes. Au pays des joueurs, des menteurs et des escrocs. Peut-être suis-je vraiment en train de devenir fou.


« Je peux t’en parler, maintenant, poète. Tu écriras tout cela, n’est-ce pas ? Nous avons si longtemps vécu dans le silence ! Je ne suis qu’un vieil ivrogne, mais j’ai tout vu, tout entendu. Qui se méfierait d’un pochard endormi sur une table ? Le début... C’était il y a cinq ans, l’année des sauterelles... Un étranger vêtu de noir est arrivé un soir. Il a commencé à parler à voix basse, à chacun d’entre nous... Il avait de l’argent, mais ceux qui ont tenté de le voler en ont été pour leurs frais ! Il savait se battre. Il nous disait de nous unir, que nous pouvions résister, que nous pouvions vaincre... Un soir, je m’en souviens, il fut pris dans une rixe, et quelqu’un lui arracha le capuchon qui dissimulait son visage. Par les Dieux ! Nous avons tous reculé, horrifiés ! C’était le visage du Roy !
Il nous a confié son terrible secret : il était le frère jumeau du Roy, confié à sa naissance par son père au Capitaine de la Garde, pour qu’il le fasse disparaître. Un seul héritier était suffisant. Mais le soldat, pris de pitié, l’amena chez des paysans, près de la frontière. Sur son lit de mort, son père adoptif lui révéla son étrange destin.
C’était un homme étrange. Il était intelligent et persuasif. Il avait été élevé par des paysans, mais il parlait comme personne ! Il prêchait la révolte et la liberté, mais il ne voulait pas prendre le pouvoir. Il nous insufflait le courage et la volonté, il savait rassembler les hommes, donner des ordres, choisir ses lieutenants, mais il restait dans l’ombre. Il nous avait dit que lorsque nous serions prêts à renverser le Roy pour nous gouverner nous-mêmes, il disparaîtrait. Et c’est ce qu’il a fait.
- Comment s’appelait-il ?
- Son père le Roy ne l’avait pas nommé, nous disait-il. Nous, on l’appelait « l’Ombre ». Tu devrais aller voir Lilia, la serveuse. Je crois bien qu’ensemble ils ne parlaient pas que de révolution, si tu vois ce que je veux dire... »
Il appuya son allusion d’un clin d’oeil grivois.


D’abord méfiante, Lilia accepta enfin de me parler quand elle sut que j’écrivais un poème à la gloire de la Liberté. Il me sembla qu’elle avait les yeux bien brillants.
« Il avait dit qu’il partirait... Et il est parti... L’Ombre... Il disait qu’il n’avait pas de nom, parce que son père le lui avait refusé. Qu’il aurait dû être mort, de toute façon. Que la mort était sa compagne fidèle et sa seule amante. Ca... ce n’était pas tout à fait vrai. C’était un homme étrange... singulier... silencieux, comme habité par un feu qui le dévorait... Un homme d’une grande douceur, généreux, respectueux, tendre... Mais on aurait dit que la tendresse lui coûtait... comme s’il se l’interdisait, par pudeur... ou par crainte, peut-être... comme si elle pouvait le mettre en danger. Il y avait chez lui une immense solitude, comme une charge lourde à porter, un secret effrayant... J’aurais... »
Lilia fondit en sanglots convulsifs.
« J’aurais... donné n’importe quoi pour le garder... »
Je la pris dans mes bras, comme un grand frère, et je la laissai longtemps déverser sa peine liquide sur mon épaule. Puis le patron l’appela, et elle se détacha de moi à contrecoeur, me sourit à travers ses larmes et retourna travailler en reniflant.



Je n’étais pas plus avancé qu’avant. Bien au contraire, le mystère s’épaississait, grâce à ce nouveau personnage que je doutais fort de pouvoir jamais retrouver. Sa mission accomplie, il avait tenu parole, et en homme calculateur et intelligent, il avait dû trouver une retraite impossible à découvrir.
Il me restait à rimailler une histoire sur une révolution agencée par un inconnu énigmatique et disparu, portée à son terme par une brute épaisse et stupide, révolte qui avait déchu et assassiné un roi tyrannique et cruel, que certaines personnes décrivaient néanmoins comme un être sensible et généreux, quoiqu’un peu singulier.
Singulier. Ce mot-là me trottait dans la tête. Lui aussi avait un double sens, une double perspective, une ambiguïté trouble, comme tous les personnages de mon poème, que j’aurais voulu dithyrambique et lumineux, clair comme un chant de trompette... Au lieu de ça, j’étais dans les accords complexes d’une harpe nordique, à la limite de la dissonance...



Pour ajouter encore à mon trouble, alors qu’assis sur le pas de ma porte je raturais, déchirais et griffonnais encore l’improbable début de l’oeuvre de ma vie, je fus interrompu par la visite d’une femme très âgée, appuyée sur une canne. Vêtue de noir du fichu aux bottines, elle était presque penchée en deux et marchait à petits pas timorés. Arrivée devant moi, elle releva la tête, et si son visage était parcheminé de rides profondes et innombrables, ses yeux verts avaient gardé leur éclat et leur vitalité.
« C’est toi le poète ? », demanda sa voix fatiguée, presque rauque.
« C’est moi. Xérias, pour te servir. Que puis-je faire pour toi ?
- J’ai à te parler. »
Je la fis entrer dans la maison, lui offris mon fauteuil le moins délabré et un verre de limonade qu’elle sirota à petites gorgées en faisant des mines comme une petite fille.
« On dit que tu écris un poème sur la révolution ?
- C’est vrai.
- Est-ce que tu parles du Roy ?
- Un peu... Oui, bien sûr... Quand même...
- Les Dieux gardent son âme, pauvre Altérius... et bien entendu tu dis que c’était un tyran, et qu’il a bien mérité son sort ?
- Je suis poète, je n’ai pas à juger. Mais nous avons tous vécu sous le joug de ses brutalités, de ses injustices... »
Elle haussa les épaules d’un air agacé.
« Tu ne sais rien. Il ne faut pas écouter les gens. Il y a eu des soldats cruels, des intendants cupides, des serviteurs malhonnêtes... »
Je n’en croyais pas mes oreilles.
« Tu n’es pas en train de me dire que le Roy n’était responsable de rien, tout de même !
- Non, non, je n’ai pas dit ça. Mais, jeune homme, ce que tu dois savoir, c’est que j’ai passé ma vie au service des Roys. J’avais trente ans quand Altérius est né, je l’ai nourri, je l’ai élevé... et puis quand mon corps n’a plus été capable de servir, il m’a laissée garder ma petite chambre, au même étage que lui. Il venait tous les jours, et encore la veille de sa mort, vois-tu... Il posait sa tête sur mes genoux, il me disait qu’il m’aimait. Mes propres enfants m’ont oubliée, mais Altérius était là tous les jours, il veillait à ce que je ne manque de rien, et il y avait toujours des fleurs fraîches dans ma chambre. Il me disait « Alma, je sais que les gens disent du mal de moi. Je ne veux pas que ça te fasse de la peine. J’ai été obligé de faire... certaines choses... mais c’est pour leur bien...Je n’ai pas trouvé d’autre moyen pour qu’ils comprennent... Mais tu verras, il y aura une fin heureuse... »
Mille idées se bousculaient dans ma tête, mille questions contradictoires. Quand tout à coup un mot parmi d’autres dans le discours de l’aïeule fit écho dans ma mémoire.
« Nourri ? Tu l’as nourri ? Tu étais sa nourrice ? Tu étais là à sa naissance ?
- Oui, bien sûr. J’ai été la première à le toucher, à le porter, à lui sourire.
- Et le jumeau ? Raconte-moi ! Comment ça s’est passé ? Son père le Roy l’a confié au Capitaine des Gardes, c’est ça ?
- Un jumeau ? Quel jumeau ? Altérius n’a jamais eu de jumeau !
- Mais si ! Tu as dû oublier ! »
Les yeux verts se plantèrent dans les miens.
« Jeune homme, mon dos est en ruines et mes jambes ne valent guère mieux, mais j’ai encore toute ma tête. Je te dis qu’Altérius était fils unique. Mais c’est vrai que quand il était enfant, il s’était inventé un frère imaginaire, qui le conseillait, qui n’avait jamais peur de rien, qui le rassurait... Mais un jumeau, non, jamais ! »


J’ai posé mes feuilles sur la table et rempli mon encrier. Je m’en veux un peu de ne pas avoir deviné tout seul. Mais cette vérité est tellement... singulière ! Quand j’aurai fini d’écrire, je serai probablement banni. La prise du pouvoir par le peuple est trop récente pour que nos nouveaux dirigeants soient dans le calme et la sérénité. Ils m’ont commandé un poème épique à leur gloire et je vais leur servir la réhabilitation d’Altérius ! Adieu honneurs, adieu fortune ! Cela me fait sourire. Que vaut la vanité humaine face au flamboiement sublime de la Vérité ?
J’irai chanter mon poème sur les routes. Pour qu’Altérius repose en paix.

Je chante le combat d’un héros singulier,
Un homme courageux, consumé par la flamme
Sacrée qui le mena, sans peur, à sacrifier
Son bonheur et sa vie, avec pour oriflamme
La bannière éclatante de la Liberté !
Hommes ! En son honneur, posez genou à terre,
Glorifiez sa mémoire et ceints d’humilité,
Ecoutez en silence son histoire entière :
Altérius fut son nom. Il aurait pu régner,
Egoïste et puissant, comme le fut son père.
Mais généreux et droit, il choisit de lutter
Dans le plus grand secret, dans l’ombre et le silence,
Se condamnant lui-même à être détesté
Pourvu que Latinia ose la dissidence !
Il est mort. Pour nous tous. Et pour nous enseigner
Que la démocratie est la seule exigence
Et que l’homme de Bien n’a pas à justifier
Ses actes quand il a l’aval de sa Conscience !
Hommes, n’oubliez pas.On a pu l’accuser
De cruauté, de tyrannie ou de démence :
Mais Altérius vous a offert la Liberté !



La lune est haute dans le ciel. Les oiseaux se sont tus. La nuit est profonde, je suis peut-être le seul encore à veiller, dans cette ville ignare qui se réjouit à contresens et se délecte d’une haine qui devrait n’être que reconnaissance. Comprendront-ils jamais ? Je me battrai pour ça, pauvre Héron, sublime Héron, dont la générosité me laisse émerveillé et ravi. Altérius, je suis ton disciple, ton ami, ton parent. Tu m’as donné la chance de pouvoir consacrer ma vie à la plus juste cause qui soit : la Vérité.
Narwa Roquen,plongée dans le grand feuilleton de l'été de Vous-savez-qui, un challenge à écrire, un challenge à commenter...


  
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Réponses à ce message :
3 WA 81 - Commentaire Narwa Roquen. - Onirian (Lun 27 sep 2010 à 12:06)
       4 même impression - z653z (Jeu 4 nov 2010 à 17:53)
              5 Est-ce possible? - Narwa Roquen (Jeu 4 nov 2010 à 22:54)
                   6 Je n'aime la construction - z653z (Ven 5 nov 2010 à 12:34)
       4 De l'inconvénient... - Narwa Roquen (Lun 27 sep 2010 à 14:59)


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