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 WA, exercice n°69 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 15 octobre 2009 à 23:50:46
Allez, quelque chose de facile, pour changer, qui vous demandera juste un peu de réflexion... A moins que, ayant vécu une situation similaire, vous n'ayez qu'à faire appel à vos souvenirs...
Votre héros est obligé, du fait de circonstances extérieures à sa volonté ( nous avons déjà travaillé la problématique du choix sur la WA 42) de changer radicalement de mode de vie. Je vous demande de mettre l'accent sur ses efforts d'adaptation, qui seront couronnés de succès ou non, à votre guise; mais, vue la conjoncture actuelle et les tristes pensées habituelles que charrie l'automne avec sa baisse de luminosité et les premiers frimas ( sans parler des taxes diverses...), je souhaiterais qu'à la fin votre héros ne se suicide pas!!
Vous avez trois semaines, jusqu'au jeudi 5 novembre.
Imagination, logique, cohérence... Rien qui ne vous soit étranger!
Narwa Roquen,quand reviendra l'automne, cette saison si triste, je vais m'la passer bonne, au point de vue artiste


  
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Réponses à ce message :
Maeglin  Ecrire à Maeglin

2009-10-17 12:05:42 

 SpécialDétails
Moi je dis juste que pour le WA-69, on aurait pu avoir quelque chose d'un peu plus affriolant, voire tout à fait indiqué pour faire oublier l'automne.
Ce message a été lu 5783 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-10-17 13:18:04 

 Si tu as une idée...Détails
... affriolante pour le 70, ne te gêne pas, je suis tout ouïe!
Narwa Roquen, ouverte à toutes les propositions

Ce message a été lu 6047 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-10-17 15:42:59 

 Effectivement...Détails
... pis les scènes chaudes, c'est super dur à écrire et néanmoins, ça peut servir pour nos prochains best sellers.

Est', qui écrit et qui dessine.

Ce message a été lu 6476 fois
Maeglin  Ecrire à Maeglin

2009-10-18 10:49:12 

 Ane et érotiqueDétails
... les idées ne manquent pas, ceci dit je fanfaronne mais rien de bien précis ne s'impose. "Ecrire une scène érotique impliquant des objets incongrus" me fait rire, mais pourquoi pas quelque chose finalement d'assez ouvert, une des consignes étant d'éviter la pornographie (même si André Breton nous dit que la pornographie, c'est l'érotisme des autres)?
A creuser...

Ce message a été lu 5907 fois
Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-10-18 21:03:27 

 WA 69, participation (action, réaction!)Détails
Pour une fois, hop hop hop, je suis là ^^

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La chance appartient à tout le monde


Douze, pour l’Aveyron, ma terre. Quarante-neuf, mon âge, huit, celui du petit, trente-sept, celui d’Émilie, et seize, celui de mon aîné. Le deux, je ne sais pas pourquoi, je l’ai coché au hasard.


Changer quoi, pour quoi faire ?
Émilie, ses seins chauds et ses petites colères-éclair qui passaient comme des averses. Les enfants, Kévin qui se battait à l’école et Jules qui séchait le lycée. Ma vieille 19 qui tenait le coup, le foot le dimanche après-midi, les vacances à Biscarosse. Ma mère qui m’emmerdait, et celle de ma femme avec sa gentillesse, son coq au vin et ses contes pour les gosses. L’usine, le froid dehors quand je fermais la porte doucement à 5h30 avec juste un café dans le ventre, les copains de galère, la bière, le PMU, les clopes avec ce vieux Gégé qui taxait tout le monde. Les rues en pente de Rodez, putain c’était ça le bonheur mais comment le savoir quand t’as le nez dans la merde... Tu crois que t’as rien parce qu’EDF se gave sur ton dos et que la pintade des infos t’annonce encore une nouvelle taxe. Émilie te dit qu’elle aimerait voir les îles et tu rêves avec elle que c’est ça, le bonheur... Alors qu’il était là, sur ses seins chauds.

12-49-8-37-16, et numéro complémentaire, le 2. J’étais là comme un con au café, et je gueulais pour faire taire les collègues :
« Oh ! Oh ! Putain les gars, j’ai gagné ! J’ai gagné, bordel !
– Ouais, c’est ça, nous aussi on a gagné, on est tous millionnaires...
– Les mecs, je déconne pas, je les ai je vous dis ! ».
Comme une rasade d’alcool, un envol vertigineux, enivrant et en même temps, complètement abstrait. J’étais comme un gosse, j’ai payé le champagne et je me suis dit un moment que si je m’étais planté, Émilie allait sacrément faire la gueule que je boive du champ’ comme un bourgeois le 25 du mois.
Mais je m’étais pas trompé, et Émilie m’a serré fort avant d’appeler les enfants en criant. Elle avait l’air fière quand elle leur a annoncé que papa avait gagné, Kévin a souri en découvrant sa gencive avec un trou à la place des dents de devant, et Jules a fait comme il faisait toujours, il a marmonné « Ah cool » et est retourné dans leur chambre écouter sa musique. Ce soir-là, j’ai fait l’amour à Émy et elle a joui deux fois, comme si le bonheur commençait déjà. En fait, il se finissait.

On a arrêté de travailler tous les deux, j’ai fait un gros pot de départ avec les collègues, foie gras, traiteur, champagne à volonté, je voulais partager ça avec eux, la joie, la fin des galères, mais dans les yeux de certains j’ai vu comme un malaise, la jalousie qui s’installe. Jojo est venu le premier me demander de l’aide. Avec l’arrivée du petit dernier, et Mégane sans boulot, c’était pas facile de joindre les deux bouts. Je lui ai fait un chèque de 2000€, ça me paraissait si dérisoire par rapport à tout ce qu’on avait. Et puis chacun a trouvé une raison, aucun ne mentait vraiment, on va pas à l’usine par plaisir, on était tous dans la même merde, j’y étais avec eux deux semaines avant... Émilie m’a engueulé de signer à tour de bras, elle n’avait pas tort, même ceux qui m’avaient jamais adressé la parole, même Ducade le petit sous-chef venait me lécher les bottes, comme des vautours autour d’un cadavre, et on n’a pas voulu rester la charogne qui se fait dépecer. On a décidé de partir. Après tout, 49 et 37 ans à Rodez, on avait fait le tour. On a laissé la maison à sa mère pour qu’elle fasse la vente. Elle nous a regardés avec un air un peu triste, elle a soupiré et m’a dit « Fais bon usage de cette chance, Michel, l’argent n’est pas un bonheur comme les autres, méfie-toi de lui... ». Je l’ai à peine écoutée et l’ai embrassée plein de joie, aveugle et sourd.

J’ai offert une Ferrari à Émilie, qu’elle n’a jamais conduite ; des manteaux de fourrure, des bijoux, au début elle a porté les diamants et aimé les restaurants et puis un jour, je l’ai vue pleurer. Kévin pissait au lit la nuit, il ne nous parlait presque plus, je pensais qu’il fallait juste du temps pour qu’il s’habitue à notre nouvelle vie mais la maîtresse a demandé une consultation avec la psychologue pour lui, et la psy nous a parlé dans son charabia professionnel, elle nous a dit que le petit était secoué par ses camarades à cause de ses origines modestes et que le mieux était peut-être de le changer d’école. Jules a encore moins fréquenté le lycée de Cannes que celui de Rodez. Il a installé une serrure sur la porte de sa chambre et est devenu incontrôlable. Il n’était presque jamais là, Émilie essayait de lui parler mais ça se soldait toujours par une porte claquée.

Émilie m’a quitté. Elle est repartie avec eux à Rodez. Je l’ai suppliée de me laisser venir avec eux, reprendre notre maison, on la rachèterait à prix fort aux nouveaux occupants, elle s’est remise à pleurer. « Tu n’es plus toi-même, Michel, tu as changé, tu es méconnaissable, regarde-toi, tes montres en or et tes chemises de grand patron et les voitures et cette... cette baraque immense, trois fois trop grande pour nous, on est seuls ici, on est perdus, on n’est pas chez nous, et moi je suis seule sans mon mari qui ne voit plus que par l’argent et sans mes fils qui ne me parlent plus, qui vont mal, qui n’en ont rien à foutre de ton fric ! Je suis comme eux, Michel, je n’ai jamais demandé tout ça, j’aimais notre vie d’avant, j’aimais mon mari d’avant, et je veux retrouver ce qui n’est pas encore perdu avant qu’il soit trop tard... Je ne t’aime plus, Michel, laisse-nous, laisse-nous vivre comme... comme des pauvres gens mais des gens honnêtes, qui méritent le peu qu’ils ont, qui se serrent les coudes dans les coups durs, qui n’ont pas besoin d’acheter et acheter et acheter encore ! Je ne suis pas moi dans les fourrures, dans la soie, dans le grand vin et dans la cuisine immense, quand je fais un gâteau ça sent même pas dans la maison, ça sent même pas dans la cuisine tellement elle est trop grande, je veux une vie à taille humaine, tu comprends... Laisse-nous partir. »

J’ai mis du temps à comprendre que c’était vraiment fini. J’ai pensé tout donner à une association humanitaire, mais j’ai pas pu, je voyais encore les possibilités qu’offrait cet argent, je me disais que je l’avais mal utilisé mais qu’il était un don du Ciel et que j’allais apprendre à en tirer du bon. J’ai essayé de reprendre contact avec les copains de l’usine, ceux qui ne me claquaient pas la porte au nez me réclamaient le prix à payer pour leur pardon. J’ai reçu des lettres d’anciennes connaissances, des camarades d’école pas vus depuis vingt ans, et toujours la même demande. J’ai rencontré d’autres femmes, et dans leurs sourires je ne voyais que la cupidité. Peut-être qu’une d’entre elles était sincère, je ne sais pas, je suis devenu méfiant, jaloux, suspicieux, le monde entier ne me voyait que comme une fontaine à fric et je n’étais plus que ça. J’ai payé des femmes, des prostituées de luxe. J’ai chialé dans leurs bras comme un orphelin, elles n’avaient même pas pitié de moi, elles se dégageaient avec froideur et demandaient la facture. Je me suis saoûlé au Château Margaux. J’ai passé mes nuits blanches seul, seul comme un chien, mais dans la chaleur tamisée d’un loft de 300m2. J’ai envié les chiens errants, les chiens galeux, qui crèvent de faim et de froid mais contre le flanc de leur femelle.

Et puis ce matin, ma mère est morte. Sans avoir accepté de me parler depuis trois ans, depuis que je l’ai laissée tomber, depuis que je l’ai méprisée avec ses petits maux de vieille râleuse. Quand je suis arrivé à l’hôpital où elle résidait, j’ai essuyé les regards accusateurs des soignants à qui elle avait dû rabâcher mon histoire. J’ai vu son vieux corps décharné sur le lit. À côté d’elle, ses mains autour de la main glacée de ma mère morte, Émilie. Elle portait un gros pull en laine, usé, déformé, et dessous, ses deux seins chauds que j’ai perdu.




Elemm', ben quoi, y se suicide pas! Vous avez demandé du bonheur, ne quittez pas...

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Netra  Ecrire à Netra

2009-10-18 21:18:00 

 Ben tu vois, quand tu t'y mets...Détails
T'écris pas mal du tout !!! J'aimerai bien que tu participes plus souvent, avec tes histoires souvent moins tordues et moins "hard" que la moyenne faërienne, mais pas moins sympathiques pour autant !!!

Bref, une histoire chouette, qui respecte la consigne sans avoir pour autant la happy-end désirée par Narwa, et nous parle d'un rêve qui tourne vite au cauchemar, comme quoi tout n'est pas toujours chibisounours dans le monde d'Elemm'...
Netra, toi aussi t'as sauté dans l'eau ???

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z653z  Ecrire à z653z

2009-10-20 12:56:45 

 trucsDétails
"J’ai offert une Ferrari à Émilie, qu’elle n’a jamais conduite ; des manteaux de fourrure, des bijoux, au début elle a porté les diamants et aimé les restaurants et puis un jour, je l’ai vue pleurer." -- Il manque un point quelque part.

"on est seuls ici, on est perdus" -- sans s

"J’ai pensé tout donner à une association humanitaire, mais j’ai pas pu, je voyais encore les possibilités qu’offrait cet argent, je me disais que je l’avais mal utilisé mais qu’il était un don du Ciel et que j’allais apprendre à en tirer du bon." -- Phrase un peu trop longue.

"seins chauds que j’ai perdu." -- avec s

Sinon, cette histoire agréable se lit rapidement et le ton est bien trouvé.

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Maeglin  Ecrire à Maeglin

2009-10-26 16:01:57 

 WA, exercice n°69, participationDétails
Ô vie heureuse des bourgeois


En quittant la salle du trône, je n'ai pas pu m'empêcher de leur dire que j'étais « extrêmement déchu » par leur décision. L'Angely s'est esclaffé, a récupéré ses effets puis m'a suivi en feignant de grotesques sanglots. Mon pauvre bouffon! Le pitre a pleuré pour de bon lorsque nous avons été recrutés comme charbonniers dans ce village des Marches Brunes.

Ah il faut le voir suer à chaque coup de pelle! « Mon bon Roi! Mon bon Roi! Qu'avons-nous fait pour mériter une telle humiliation?». Avec ses larmes qui creusent un sillon clair le long de ses joues noires, le bougre continue à me faire rire comme au temps du Palais. Je dois être le seul à me souvenir des cocasses broderies enfouies sous sa chemise sale et nous ressemblons désormais tous deux à des gueux dépenaillés, mais L'Angely reste ce qu'il est: un fantasque tragédien de cour au service de son roi.

Ce qui nous a évidemment plongé dans toutes sortes de situations délicates et incongrues. Lorsque l'abolition des privilèges a été votée à l'unanimité par le Conseil des Pairs du Royaume -qui s'est de facto dissout dès la promulgation du décret- le tout nouveau citoyen L'Angely a expressément tenu à faire porter à chacun de ses membres deux lettres portant mon sceau: l'une se morfondait sur le funeste destin prêt à bondir sur le pays privé de ses plus brillantes élites, et l'autre s'épanchait en insultes furibondes sur le ramassis de traîtres à la solde des meutes paysannes que la fine fleur du Royaume était devenu.

J'eus beau lui expliquer que mon sceau ne valait désormais que son poids en argent et qu'il nous servirait une dernière fois pour payer notre gîte, il ne s'est pas démonté et a passé sa nuit à haranguer la taverne où nous avions pris nos maigres quartiers, en passant en revue de manière bruyante les insidieux méfaits de la lubie démocratique dont s'était amouraché notre pays. Éberlués, les quidams qui venaient de passer la lune précédente à fêter l'instauration de la nouvelle république l'ont même applaudi et lui ont offert plusieurs bolées de cidre, rendant ainsi un hommage décalé à ses inextinguibles talents d'humoriste. Aussi paradoxal que cela eut pu paraître, L'Angely parut flatté de ces attentions et se convainquit même d'un possible retour en grâce d'ici l'été suivant.

Bientôt trois années... Ce sont de petites choses, mais il continue d'ouvrir les portes avant moi et goûte systématiquement le brouet du midi avant que je n'y porte la main. A chaque fois que nous arrêtons le travail, je me sens obligé de sourire aux douteux calembours mondains – que je connais par coeur – dont il ponctue ses rengaines. Il insiste d'ailleurs pour me conter régulièrement une « savoureuse et croustillante anecdote toute fraîche » sur d'anciens nobles désormais morts, en exil ou ayant connu le même sort que nous. Au fil des jours, j'ai abandonné l'idée qu'il puisse réellement s'adapter aux substantiels changements de notre époque.

Pour moi? Et bien j'imagine que ma situation n'est pas pire que celle de mes concitoyens. Plutôt meilleure, dans le sens où j'ai grassement profité quelques années de faste. Mais le coeur n'y était plus. Toutes ces histoires de Droit Divin, plus personne n'y croyait depuis des lustres. Les trente officiers de cour sur le pied de guerre de l'instant où j'ouvrais l'oeil jusqu'à celui, le plus heureux, où je m'endormais, les applaudissements de mes médecins à chacune de mes selles, je m'en suis passé plutôt facilement. Le pouvoir? Principalement symbolique, quelques breloques dorées pour incarner un jour l'Armée, l'autre la Justice, le surlendemain la Nation... les bourgeois ont pris le véritable pouvoir depuis une dizaine de générations, en refusant intelligemment les relents désuets et nauséabonds des majestés consanguines qui forniquaient entre cousins à travers le continent depuis des siècles pour perpétrer jusqu'à l'absurde le privilège de se sentir au dessus de leur condition.

Ma chance fut d'être un bâtard, de ceux dont il est bienvenu qu'ils accèdent aux trônes pour barrer la route de tel ou tel ambitieux. Le droit des affaires a supplanté le droit du sang... Qu'ils s'en débrouillent désormais! L'Angely a assez de rancune pour nous deux. Je suis encore en bonne santé, et bon gré mal gré mes précepteurs m'ont inculqué quelques bribes de savoir dont ils étaient à des lieues de se douter qu'elles puissent m'être utiles un jour. Alors quand le charbonnier ira s'installer l'hiver prochain dans l'autre vallée, j'essaierai de reprendre l'exploitation du village avec l'aide des paysans. L'Angely fulminera, évidemment, mais il ne me quitterait pour rien au monde. Ici, j'apprends chaque jour un peu de ce à quoi on m'a soustrait durant ces années: la sensation d'être en vie... Parfois dans la douleur et souvent dans la misère, mais j'ai confiance en l'idée de faire partie d'une histoire qui nous dépasse. Naïf? Sans doute, mais le peu d'espoir qu'il nous reste à tous s'épanouira toujours plus au grand air que dans les alcôves intrigantes des châteaux, et je demeure le mieux placé pour tenter de vous en convaincre.

Il est un peu tôt, bien sûr, mais il faudra un jour ou l'autre régler le sort des négociants qui ont investi l'ancien royaume. Vous n'avez fait que la moitié du chemin. Demain, les bourgeois en demanderont encore et c'est vers le peuple qu'ils tourneront leurs griffes. Nous devrons être vigilants et nous organiser. Je me proposerais peut-être: le projet séduira L'Angely, il y verra certainement un regain d'ambition de ma part.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-10-31 17:46:09 

  WA - Participation exercice n°69Détails
ORA PRO NOBIS



Quelque part, très loin, il entend sonner l’Angélus. Planté au milieu d’un champ en jachère, il observe les douces collines de cette campagne, jadis grasse et riche, qui montent jusqu’au ciel au bout de l’horizon. Il est seul. Le temps a passé. Les siècles se sont écoulés. Ce monde est différent. Le visiteur apporte un message. Il n’y a que ça qui n’ait pas changé finalement. Là où il se tient, la terre aride et dure est maillée de crevasses profondes et stériles. C’est une maladie purulente, une lèpre biochimique qui s’est répandue entre ces mottes desséchées. Elle a bu toute la sève dont se nourrissaient les sols. Une impression de malaise se dégage de cette ligne d’arbres couchés, aux formes tourmentées qui découpent la lumière jaunâtre de la fin du jour. Quatre flèches lumineuses, autant de lignes parallèles, déchirent les basses couches de l’atmosphère à très grande vitesse, beaucoup trop rapidement pour que l’oeil humain puisse n’y voir autre chose que des traits incandescents au rugissement métallique. Lui n’en a cure. Il est étranger à ce monde et à ses convulsions. Il ne lui appartient pas de juger. Ce n’est pas son rôle. D’autres le feront plus tard. Lui vient murmurer quelques mots aux oreilles qui pourront les entendre. De ces quelques mots dépend le salut de ce monde. Des mots banals, maintes fois répétés, sur tous les tons et dans toutes les langues. Il faut donc croire qu’ils n’ont jamais été compris.

Une pleine volée de cloches succède aux trois séries de tintements. Il n’a pas courbé la tête à l’appel du clocher, attentif aux derniers échos mélodieux qui s’évanouissent lentement. Il a un message à délivrer et il ne lui est pas permis d’attendre. Il secoue tristement ses longues boucles cuivrées. Il sait pertinemment qu’aucune cloche n’a réellement résonné, qu’il a imaginé ce qui aurait pu être. Ce qui fut. Avant. Maintenant, seul demeure le silence sur cette terre ensevelie sous un immense suaire poussiéreux. Tel un monstre réveillé des profondeurs, la fin de toutes choses approche inexorablement. Il lève les yeux vers le ciel assombri, cherchant une réponse qui ne viendra pas. Il se résigne à quitter ces lieux qu’il a chéris par-dessus tout. Rien ne le retient plus désormais. Alors, baigné par une lumière éclatante, il déploie ses ailes blanches et puissantes pour s’élever majestueusement dans les airs. Sans effort apparent, harmonieux et délié, il atteint rapidement le firmament et disparaît peu à peu vers l’est où règne déjà la nuit.


* * *



Elle est jeune, très jeune. L’enfance n’a pas encore déserté l’ovale de son visage. Elle a tout juste vingt ans. Ses vêtements en toile grossière proviennent des stocks de récupération. Elle est jeune et pourrait être belle. Malheureusement elle se retrouve aujourd’hui là où elle ne devrait pas être. Quand elle a fui son pays, chassée par la guerre, elle avait des rêves plein la tête. Ils ont volé en éclats au contact de la réalité, des barbelés et des courses folles pour échapper aux projecteurs et aux patrouilles. Elle n’a pas de nom. En fait elle n’a plus de nom. Elle a jeté ses papiers pour qu’on ne puisse pas identifier son pays natal. Elle ne parle à personne pour réduire encore les risques.

Elle est devenue un fantôme, une ombre presque transparente qui s’accroupit quand le bruit d’un moteur retentit sur le chemin de terre battue et qui accourt quand les bénévoles de l’association viennent distribuer quelques maigres rations de survie. Elle ne sourit pas en buvant la soupe épaisse et fumante. Elle se contente de fixer de ses grands yeux bleus le conducteur du camion qui lui adresse un timide sourire. Elle le voit chaque soir, à l’heure de la distribution. Il la cherche du regard, parmi tous les clandestins qui se regroupent autour du camion. Il espère quelque chose, quelque chose qu’elle reconnaît instinctivement mais qu’elle ne peut lui donner. Elle n’a plus confiance. Tout ce qu’elle espère, c’est traverser la frontière. Car au-delà, il y a la promesse d’un paradis, loin des bombardements et des attentats aveugles, loin des milices barbares qui dévastent l’Europe, loin des horreurs de la guerre sans cesse renouvelées.

Dans le lointain, les contreforts des hautes montagnes ferment l’horizon. Elles forment une barrière formidable qui se dresse entre elle et ses espoirs. Beaucoup ont tenté de les franchir par leurs propres moyens. Peu ont survécu à l’altitude, à la neige, au froid, au brouillard et aux pièges implacables qu’elles dissimulent sur leurs pentes vertigineuses. Et parmi les rescapés ayant réussi à déjouer ces sentinelles minérales, rares sont passés entre les mailles des filets tendus par les contrebandiers. Ces marchands d’humains mettent des chaînes aux pieds de leurs infortunées victimes. Ils en font des esclaves qu’ils vendent aux seigneurs des champs de pavot de l’autre côté des montagnes, au fond de vallées sans nom d’où ils ne reviendront plus. Les moins téméraires attendent le bon vouloir des passeurs, payés à prix d’or et souvent peu scrupuleux. Ceux qui n’ont pas suffisamment d’argent doivent trouver un moyen d’en obtenir, jusqu'au plus ignoble.

Elle n’a pas d’argent et refuse de se vendre. Elle attend. Elle attend qu’une mesure de clémence entrebâille pour un moment les portes du paradis. Cela arrive de temps en temps, au gré des discussions interminables des diplomates peu pressés qui négocient à l’ombre des palmiers des îles artificielles de l’Antarctique, siège de l’organisation mondiale des nouveaux territoires. En attendant, il lui faut échapper aux gardes-frontières qui organisent régulièrement des rafles pour capturer les clandestins et les renvoyer vers l’ouest, confinés dans les compartiments verrouillés de trains à bestiaux. Cela fait partie des règles du sinistre jeu.

Alors, quand elle le peut, elle va prier dans la petite église délabrée près du pont qui n’enjambe plus qu’à moitié une rivière solitaire aux eaux vives et glacées. C’est une petite église orthodoxe désaffectée, reconnaissable à sa construction en croix, à la coupole et aux ouvertures cintrées qui abritaient les cloches. Il n’y en a plus depuis longtemps. Nul ne se souvient des raisons qui avaient présidé à son édification, dans ce pays où les communautés chrétiennes sont si peu nombreuses. Elle se réfugie à l’intérieur. Il ne reste rien des fresques sur toile tendues derrière l’abside. Il ne reste rien du mobilier liturgique en bois précieux. Du haut de la coupole éventrée descend une lumière magiquement fragmentée qui modèle son visage de madone. Presque miraculeusement, l’humble iconostase a été préservée. La jeune femme pénètre toujours par les portes royales, les portes centrales, pour accéder au sanctuaire où elle se sent à l’abri sous la protection de deux puissants archanges. Ce sont ses protecteurs, ceux en qui elle a placé son adamantine foi.

Elle s’agenouille au pied de l’autel dénudé et prie avec la passion des innocents, avec la rage de ceux qui ont tout perdu, avec la ferveur de ceux qui se sentent orphelins sur ce monde de ténèbres. Elle n’a pas renoncé à prier même si ses prières sont emportées par des vents malicieux qui les dissipent comme les feuilles mortes au coeur de l’automne. Elle espère qu’il y en aura une, une seule, qui ne retombera pas en lents tourbillons jusqu’au sol mais qui, portée par l’amour et la foi, défiera les lois de la gravité. Elle s’élèvera de plus en plus haut, comme une étoile montante à la robe fauve, arrachant par son extraordinaire destin, la pitié d’un ciel fermé. Oui, elle prie pour que l’une de ses prières trouve la route pour se faufiler jusqu’à Dieu. Mais sur ce bout de terre oublié de tous, hommes ou dieux, qui se soucie de la prière d’une enfant réfugiée au fond d’une église en ruines?

Il fait nuit et la température chute rapidement. Comme toutes les nuits.


* * *



Il s’appelle Mukunda. Il est né à Allâhâbâd, une ville où le sacré et le mythe forment la trame impalpable d’un tissu délicat aux mailles multicolores et ensorcelées. Ce tissu vibre d’une force singulière tous les douze ans quand, venus de loin, les pèlerins se pressent en nombre pour assister aux cérémonies de la Kumbhamela.

La ville est bâtie au confluent de la Yamunâ et du Gange, deux des sept rivières sacrées de l’Inde. Dès son plus jeune âge, Mukunda a été fasciné par l’appel secret des lointaines montagnes qui se dressent au nord. Avant même de parler, il rêvait des heures entières, le regard perdu sur la vaste plaine où miroitaient les eaux mêlées des deux fleuves. Avant qu’il ne sache compter, il voyait bien plus que deux rivières se rejoignant à proximité de ce lieu saint. Quand il apprit les mots pour appeler les choses, il découvrit que ce qu’il voyait n’était pas forcément ce que voyaient tous les autres.

Il convainquit ses parents de le laisser étudier auprès des plus puissants brahmanes. A leurs côtés, sous leur férule, il récita, encore et encore, les stances du Rig Veda jusqu’à ce que la force de ses paroles finisse par déployer la splendeur et le pouvoir des numineux. Il compléta ensuite sa formation sur les bancs des meilleures universités de la péninsule indienne durant de longues années supplémentaires.

Et puis arriva l’instant où il comprit que sa quête était achevée. Il avait presque trente ans. Il revint alors à Allâhâbâd. Au grand étonnement de ses proches, il partit aussitôt pour la plaine. Là où il n’y avait rien, il s’assit dans la poussière, fixant le vide devant lui. Il resta six jours ainsi, au beau milieu de nulle part. Six jours sans boire ni manger. On le traita de fou et de mystique. Des médias s’emparèrent du sujet puis les feux de l’actualité se détournèrent bien vite et il fut oublié. Lui ne dit pas un seul mot, respectant son voeu de silence. Seul parmi les aveugles, il demeura assis sur la berge d’un immense fleuve qui jaillissait à quelques pas, après avoir parcouru une très longue distance sous la terre. Un immense fleuve. La plus magnifique des sept rivières sacrées. La plus mystérieuse. La plus symbolique. La rivière Sarasvatî. Pendant six jours, il ne dit mot. Pendant six jours, il écouta. La voix du fleuve.

Le matin du septième jour, Mukunda se leva et s’engagea dans les rangs d’une organisation non gouvernementale qui venait en aide aux réfugiés accourus de l’ouest lorsque les guerres commencèrent à déchirer l’Europe. Il devint chauffeur et partit pour le Nord, vers les contreforts de l’Himalaya où les réfugiés s’agglutinaient autour des quelques corridors de franchissement des montagnes. La voix du grand fleuve guidait ses pas. Cette voix dans sa tête qui ne le quittait plus. La route fut longue pour atteindre Rishikesh où les saints hommes ne se comptent pas. La voix de la rivière l’avait accompagné tout ce temps. Il avait longé le Gange sans discontinuer, remarquant que l’eau devenait pour lui essentielle, un sang pur et bleu, le vrai sang des montagnes supportant le toit du monde.

Les réfugiés restaient à l’écart des villes et des axes trop fréquentés. Au volant de son camion Tata, avec deux autres humanitaires, il quittait régulièrement la route principale pour bifurquer sur des voies secondaires et cabossées mettant à rude épreuve les essieux du camion sans âge aux couleurs estompées. Ce fut au cours d’un de ces épuisants périples qu’il l’aperçut pour la première fois. Une ombre voûtée et craintive qu’il n’aurait sans doute pas remarquée si un rayon de soleil, un rai de lumière tombé du ciel nuageux, n’avait enflammé sa chevelure d’or. Il tressaillit devant cette vision, sans vraiment savoir pourquoi. Elle avait disparu avant qu’il ne pût stopper le lourd véhicule. Ses compagnons n’avaient rien vu, trop absorbés par leur partie de cartes acharnée.

Avant que la voix du fleuve ne retentisse dans sa tête, il sut que c’était elle. Il revint chaque fois qu’il le put. Il la vit à plusieurs reprises et tenta maladroitement de l’apprivoiser. Rien n’y fit. Alors, il patienta. Les choses devaient suivre leur cours et contrarier leur ordre naturel était inutile. Il attendit.


* * *



On pense à rien. On prie que tout se passe bien. On se dit qu’on a été préparé pour ça. Six semaines en fait. On regarde le dos du mec devant qui disparaît happé par le néant. Dehors il fait nuit, il fait froid et il fait peur. J’ai peur. Nous avons tous peur. Putain de guerre. Putain de vie. J’ai mon nouveau numéro tatoué sur la nuque façon code-barres. Ce numéro tiré au sort. Putain de loterie. Encore trois qui attendent devant moi. Trois. Une poignée de secondes.

C’est fou ce qu’on peut avoir comme pensées débiles avant de sauter. Plus qu’un. Merde, c’est déjà mon tour. Lumière rouge, lumière verte. Je saute en fermant les yeux. Enfin, je me laisse tomber comme une bouse. Allez, je suis dans le grand bain. Combien existe-t-il de chances d’atterrir vivant sur une LZ chaude ? Mettons 2 sur 5 à peine. J’entends rien sinon le vent qui souffle et qui m’aspire vers le bas. Il paraît que les parachutes préhistoriques autorisaient une certaine forme de hasard. Plus maintenant. Quelqu’un, dans les nuages ou sur la lune, sait exactement où je vais poser mon cul au dixième de centimètre près. Si une mine a été posée là par les mecs d’en face, je remonte aussi sec au paradis des parachutistes. En feu d’artifice. Un touch an go d’enfer.

Aux échecs, on reconnaît vite les débutants. Ils ne font pas vraiment attention aux pions de la première ligne. Peu de valeur, peu de pouvoir. J’ai la furieuse impression que c’est pareil pour nous. Dispensables. Les veinards de la loterie. Le contingent supplétif. On sert à saturer la zone de combat point barre. Les vrais pros viendront après nous, attendant que le jeu s’éclaircisse. Les seigneurs de la guerre. Bon, d’après ce qui circule sur le réseau, les fous sont plus nombreux que les rois et les reines baisent les cavaliers mais à part ça, qui avance à découvert avec une marge de manoeuvre réduite à sa plus simple expression et le trouillomètre à zéro? Les pions. Nous. Moi.

Tout ça à cause de cette saloperie de loterie hebdomadaire. Il y a les gagnants qui empochent les euros. D’accord. Mais ils ont trouvé que cela manquait de vrais perdants. Perdre sa mise ne leur paraissait plus suffisant. Pourquoi ne pas inventer quelque chose de vraiment pervers ? Pourquoi ne pas obliger quelques perdants à gagner une place pour le grand carrousel? Dix places pour vivre la dernière aventure humaine avec plus de chances d’y rester que de revenir sain et sauf. Même cette épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes n’a pas dissuadé les joueurs. La preuve moi. J’ai joué comme les autres pour décrocher le jackpot. Raté. Par contre, j’ai tiré le gros lot des perdants. Une place au premier rang des troupes d’assaut. Fini le confort douillet de la plateforme off-shore au large d’Aigues Mortes. Fini, le spectacle magnifique des marées vertes derrière la verrière de la salle de repos.

Place à la vraie vie. Retour sur le continent. Place à la sueur et à la peur. J’ai gagné le droit de faire partie des largués du Bounty. Le Bounty, c’est le nom du transport de troupes sub-orbital qui a décollé de Bordeaux. Le Bounty... j’ai pas eu l’ombre d’une chance, dans la coursive taguée et à moitié éclairée, d’y rencontrer Fletcher. Trop court aussi pour organiser une rébellion. De toute façon, au-dessus des nuages, c’est dur de localiser Tahiti! Et puis le commandant n’a rien d’un schizophrène. Les conditions étaient acceptables. Enfin, jusqu’à maintenant.

Bon, la descente ne devrait plus s’éterniser. Trois minutes déjà que je me balance au bout des suspentes. Largage à très haute altitude. Je n’aurai pas besoin de me préparer à l’impact, le parachute pense pour moi et freinera au bon moment. Un toucher aussi doux que le baiser d’un jeune puceau. Jusque là tout va bien....merde... c’était quoi ça ? Je vois plus que dalle. Ca commence. Les leurres et les contre-mesures ne nous protègent plus. Ils nous canardent d’en bas, à grande rafales de balles traçantes et de missiles anti-personnel. Les légions teutoniques défendent bec et ongles la plaine qui s’étend autour de leur forteresse de Marienbourg. Il paraît qu’à leurs côtés se battent aussi plusieurs phalanges de Dragons de Souvorov, venus de Saint-Pétersbourg. Nos instructeurs nous l’ont cent fois répété : nous appartenons au 13ème Chapitre, la plus crainte de toutes les divisions aéroportées du Temple et nous ne reculons devant personne.

Bon, j’y suis, ça y est, j’y suis. Je ne sais pas de quoi je dois avoir le plus peur. De me prendre une bastos ou de faire dans mon froc. Voire les deux à la fois. Mais qu’est-ce que je fous ici ? Bon sang, celle là n’est pas passée loin. C’est marrant, j’ai l’impression de flotter un petit peu. Finalement tout ça n’est pas bien grave vu d’ici. Tiens, déjà le sol ? Etonnant, je suis déjà sur le plancher... comment dit-on déjà... des vaches ? Oui, c’est ça, des vaches... Tranquille. Il y a quelqu’un qui hurle dans les écouteurs mais à l’autre bout du tunnel sous la Manche. J’entends à peine sa voix... parle plus fort mec! J’ai les paupières lourdes, si lourdes.... .Maman, maman, je me rappelle d’une prière que je récitais le soir quand j’étais encore une petite fille :

Je vous salue Marie
Pleine de Grâce
Le Seigneur est avec Vous
Vous êtes Bénie entre toutes les femmes
Et Jésus, le Fruit de votre Sein est béni
Sainte Marie, Mère de Dieu
Priez pour....

...moi maintenant que sonne l’heure de ma mort...



* * *



Elle a aménagé un abri de fortune sous les basses branches d’un pin pleureur, tout près du tronc. Les branches ploient jusqu’à terre, la dissimulant aux regards. Elle a rassemblé ses maigres affaires sur la couche d’aiguilles sèches et craquantes qui tapisse le sol de la petite grotte végétale. Elle n’a presque pas froid quand elle se glisse dans le sac de couchage et déplie dessus le film de polyester de la couverture de survie. Ce n’est pas le grand luxe mais c’est supportable. Elle ne veut pas dormir dans l’église. Elle y fait trop de cauchemars et certaines ombres semblent prendre corps quand elle les fixe un peu trop longtemps. Sur le point de s’endormir, d'oublier quelques petites heures les vicissitudes qu’elle endure, elle entend des cris et des sifflets qui emplissent la forêt. Immédiatement, elle comprend. Les gardes-frontières sont venus de la ville pour se livrer à une nouvelle partie de chasse. Une chasse aux réfugiés. Un moment paralysée par l’effroi, elle n’arrive pas à réagir. Elle ferme les yeux pour essayer de conjurer le sort. Peut-être a-t-elle rêvé ? Peut-être dort-elle ? Si elle ne bouge pas, il ne se passera rien. Tout rentrera dans l’ordre.

Malheureusement, la réalité reprend vite le dessus. Les voix se rapprochent et elle entend les froissements caractéristiques des courses aveugles. Les chiens aboient. Des hurlements surexcités saturent l’air. Prise de panique, elle bondit hors de sa cachette et se précipite à l’aveuglette, droit devant elle. Les étoiles ont disparu et la nuit est profonde. Des cônes de lumière bleue transpercent violemment l’obscurité, comme des doigts blafards qui se distendent pour l’agripper. Elle ne prête aucune attention aux branches qui la giflent et la griffent cruellement sur son passage. Elle court pieds nus. Elle n’a pas eu le temps de se chausser. Le froid la mord, pénétrant les couches insuffisantes des vêtements qu’elle a conservés. Les arbres, pris dans le halo fantomatique des puissantes torches, ont des allures de géants dégingandés, comme dans ces vieux dessins animés qu’elle regardait toute petite. Elle court mais elle s’épuise. Elle ne sait plus très bien où elle est, où aller. Il ne lui faut pourtant pas relâcher son effort. Ils ne recherchent jamais la difficulté et font rarement du zèle. Il lui faut tenir coûte que coûte. Soudain, des voix derrière elle lui hurlent en mauvais anglais, l’ordre de s’arrêter. Affolée, elle jette un coup d’oeil en arrière. Deux silhouettes se découpent à quelques dizaines de mètres. Les pinceaux des torches éclaboussent son visage, l’aveuglant à moitié. Elle réprime un sanglot et avec un petit cri, se remet à courir. Elle entend fuser leurs rires gras quand elle dégringole d’un talus qu’elle n’a pas vu et se retrouve à quatre pattes au milieu d’une route forestière. Elle essaie de se relever mais pousse un cri de douleur. Elle s’est tordue une cheville. Exténuée et désemparée, elle n’ira pas plus loin. C’est fini !

Surgissant du néant, dans un crissement de roues, un camion freine brutalement à sa hauteur, tous feux éteints.

« Monte ! Vite ! »

La voix claque, impérieuse. En claudiquant et en grimaçant, elle ouvre la portière et se hisse dans l’habitacle. Elle distingue à peine le conducteur qui remet les gaz avant même qu’elle n’ait refermé la portière. Le camion bondit en avant sous les injures nourries qui tombent du sommet du talus, lancées par les deux gardes impuissants.

Le chauffeur roule à tombeau ouvert. Elle se cramponne tant bien que mal à la poignée pour se maintenir et amortir les soubresauts. Elle se demande comment il peut conduire aussi vite sans point de repère et sans phare. Elle le reconnaît néanmoins. Un homme svelte, avec un regard lumineusement sombre. En tout cas dans son souvenir. Elle se rappelle parfaitement de lui. Comment oublier son éclatant sourire. Il lui sourit chaque fois qu’ils se croisent. Elle n’a plus vraiment le choix. Il tient sa vie entre ses mains. Confusément, cela lui va bien.

Il cherche quelque chose derrière son fauteuil, farfouillant sans quitter la route des yeux.

« Mets ça. Le chauffage est mort ! » Il lui tend une veste en laine épaisse, trop grande pour elle. Elle s’empresse de l’enfiler. Le silence se reforme. De l’autre côté du pare-brise, les nuages sont moins serrés, laissant filtrer une faible clarté. Le vieux Tata dévale la route à vive allure et sans ralentir, s’engage sur une chaussée plus large. Elle devine en contrebas une rivière où dansent de milliers de poissons au dos argenté. Le chauffeur jette un coup d’oeil dans ses rétroviseurs. Pas le moindre phare à leur poursuite. Il se détend un peu. Il paraît apaisé, la tête légèrement penchée de côté, comme s’il écoutait une voix intérieure. Un rayon de lune, contrebandier du ciel, caresse l’arête de son nez, en révélant toute la force et la noblesse. Rompue de fatigue, elle ne peut résister au sommeil qui la gagne. Elle ferme les yeux et bercée par le roulis du camion sur le bitume de la grande route, s’endort comme une enfant qu’elle n’a pas cessé d’être. Elle ignore qu’un pouvoir veille sur elle.

Il écoute la voix liquide qui lui murmure ce qu’il doit faire. La rivière souterraine n’a jamais été loin. Elle coule dans son coeur depuis le premier jour de son existence. Elle est la voix qui parle dans sa tête. En fait, il y a toujours eu plus d’eau que de sang dans le corps des hommes. Pour le malheur du monde, trop nombreux sont ceux qui n’écoutent que la voix du sang. Il a un long chemin à faire même s’il ignore l’endroit où il doit se rendre. Il fait confiance à la rivière de son âme et à cette étoile qui s’est mise à briller plus fort, pulsant à un rythme lent , immobile dans le ciel, toujours devant lui. L’eau et l’étoile se sont unies pour les conduire là où ils doivent être au matin.


* * *



Elle se réveille. La nuit s’achève et les premières lueurs du jour teintent le ciel à l’est. Le camion est à l’arrêt. Seule dans l’habitacle, sous une lourde couverture aux motifs multicolores, elle se sent presque bien. Non. Finalement, pas aussi bien que ça quand la douleur monte de sa cheville blessée. Le spectacle qui s’offre à ses yeux lui arrache un hoquet d’admiration. Le camion est stationné sur une minuscule aire de service accrochée au flanc d’une gigantesque montagne. Le ruban noir de la route se poursuit jusqu’à l’horizon, s’élevant de plus en plus haut. Au-dessus de la plus haute crête, épinglée sur le velours bleu d’un ciel sans nuage, scintille une étoile solitaire, tel un diamant de la plus belle eau.

La portière s’ouvre et il grimpe sur le siège. Il lui sourit.

« Tu t’es réveillée ? » Il lui tend une thermos. « J’ai bien peur que le thé ne soit plus très chaud mais c’est mieux que rien. »

Elle le regarde droit dans les yeux sans répondre. Avec hésitation, elle saisit la thermos, dévisse le capuchon pour y verser un liquide sombre et ambré. Elle goûte d’abord prudemment. C’est bien du thé. A peine tiède, il est pourtant délicieux. Elle en boit une longue gorgée, sentant le thé parfumé lui réchauffer tout le corps.

« J’ai dû remplir le réservoir avec le dernier jerrycan ! »

Elle reste muette et il n’insiste pas.

« Bah, si je te disais pourquoi je fais ça, tu me prendrais pour un fou ! Bien, on s’arrêtera là haut ! » Il désigne le sommet qui se dresse au-dessus d’eux « Après le col, il y a un petit relais de montagne abandonné, en retrait de la route. On fera le point. Mieux vaut ne pas traîner ici, on est trop facilement visible de la vallée ! Ah oui, je m’appelle Mukunda! »

Elle lit sur son visage une franchise indéniable : il n’appartient pas aux réseaux mafieux. Elle est restée trop longtemps en marge, de l’autre côté de la limite. Il lui faudra du temps pour réapprendre à évoluer parmi les hommes. Elle acquiesce d’un léger mouvement de tête.

Il démarre. Sur la route qui épouse le flanc de la montagne, le camion peine tant la pente est raide. Mukunda joue avec la boîte de vitesses pour relancer de temps en temps le moteur qui hoquette de façon alarmante. Il surveille aussi les parois vertigineuses d’où se sont déjà détachées plusieurs avalanches de cailloux. A deux reprises aussi, il a dû contourner de gros rochers d’un poids et d’une taille respectables.

Le bleu sombre du ciel pâlit insensiblement au fur et à mesure qu’ils progressent vers le col. Il est encore tôt, le soleil n’a pas surgi au-dessus des sommets enneigés. Si le mince croissant de lune est dilué par l’aurore nouvelle, l’étoile solitaire, splendide diamant aux facettes parfaitement taillées, brille de mille feux resplendissants. Ils n’échangent aucune parole, conscients de faire, en cet instant, partie d’un dessein infiniment plus grand qu’eux.

Une fumée inquiétante s’échappe en courtes bouffées du capot avant du camion. Sur le tableau de bord, un voyant rouge s’allume par intermittence. Mukunda lève le pied, ménageant le moteur qui n’en peut plus. C’est au pas que le Tata parvient au col et le faux plat est déjà pour tous, hommes et machine, le premier signe d’une libération attendue. Reprenant de la vitesse, Mukunda soupire de soulagement.

« A deux kilomètres, sur la gauche, une piste nous mènera tout droit au relais. On fera du feu et on mangera. Il reste quelques rations à l’arrière. »

Elle ne dit toujours rien. Elle a perdu tous ses repères. La vue des crêtes himalayennes la réconforte néanmoins. Elle semble toujours être dans la bonne direction. Le paradis se trouve derrière cette chaîne de montagnes. Shangri-La, l’enclave utopique, l’île au milieu des terres, sur le toit du monde. Le merveilleux et dernier royaume où les hommes peuvent aller en paix. Shangri-La, née du rêve messianique du dix-septième Dalaï-Lama après sa victoire contre les occupants chinois. Shangri-La, qu'aucun des nouveaux territoires n'a reconnue. Shangri-La, au rayonnement spirituel si intense qu’elle attire comme un phare au milieu des ténèbres tous ceux qui espèrent frapper à la porte du paradis. C’est là qu’elle a décidé d’aller. Là qu’elle pense être le plus près de Dieu.

Le relais est un modeste chalet en pierre et en bois qui se mire dans l’eau turquoise d’un petit lac. L’étoile rebelle est immobile au-dessus du toit. Sa lumière virginale se mêle sans faiblir aux premiers rayons du soleil levant. C’est un phénomène d’une beauté stupéfiante. Quand ils descendent du camion, leurs ombres multiples les déconcertent. Ils gagnent rapidement l’auvent. Mukunda ouvre la porte avec une clé qu’il sort de sa poche. A l’intérieur, cela sent le bois et le renfermé. Il aère l’unique pièce en repoussant vers l'extérieur les lourds volets de bois, laissant pénétrer une marée lumineuse insolite, mélange d’or et d’argent, dans laquelle les poussières en suspension dansent verticalement. Elle s’assied sur l’un des tabourets qui entourent une longue table de bois sombre et rugueux. Pour elle, cet endroit est un palais des mille et une nuits où elle pourrait vivre longtemps. Très longtemps. Des siècles durant. Elle regarde Mukunda s’employer à vérifier les ustensiles de cuisine et le foyer aux cendres froides. Elle le regarde sortir pour chercher les provisions. Elle est si près de la frontière. Elle le sent au plus profond de sa chair, au plus profond de son coeur. Shangri-La attend un peu plus loin, un peu plus haut...elle saura trouver le chemin où veillent les gardes aux casques d’or.

Une lumière surnaturelle envahit la pièce, une lumière dense et vive, chaude et vibrante. Une forme se dessine dans le halo fantastique. Ce n’est pas Mukunda. Un être fabuleux se tient sur le seuil, au sein de l’orbe qui irradie un feu blanc à l'éclat presque insoutenable. Il est grand et massif. Il entre et c’est un soleil ruisselant qui s’avance vers elle. Son visage est d'une beauté parfaite. Ses yeux sont deux gouffres de miel où se lisent la puissance et la foi. Ses cheveux forment une cascade rouge qui éclabousse ses épaules carrées. Mais elle ne peut détacher ses regards des deux immenses ailes à demi repliées, avalanches jumelles de neige soyeuse et immaculée.

Alors l’ange Gabriel s’agenouille à ses pieds et pose une main large et forte sur son genou. Levant ses yeux vers elle, il commence par ces mots, comme de nombreux siècles auparavant :

« Je te salue, Marie pleine de grâce; le Seigneur est avec toi... »

M

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z653z  Ecrire à z653z

2009-11-03 11:02:00 

 changer de vieDétails
Le paragraphe qui commence par "On pense à rien" me parait perdu au milieu des autres. Il colle à la consigne et la prière de la fin est le lien avec les autres paragraphes.... mais il me semble toujours aussi perdu. Je l'aurais plus vu au tout début.
Toujours dans ce même paragraphe, on dirait que le narrateur est un homme vu que tous ses semblables sont des hommes et à la fin "quand j’étais encore une petite fille".

autres trucs :
la figure de style "bleue et violente"
"à tombeaux ouverts" -- au singulier

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-11-05 15:07:45 

 WA, exercice n°69, participationDétails
Terranova



« Non, il vaut mieux que tu voyages seule. Tu attireras moins l’attention.
- Mais... Mais... Je vais où ?
- Sur Terranova. C’est une petite planète du système Marnie. Tu as un changement à Vedoria et un autre à Balnichozador. Le capitaine est prévenu, c’est un ami à nous, il veillera à ce que tu ne manques pas les correspondances.
- Terranova ?
- C’est un monde un peu... primitif... Mais le transit y est pratiquement nul, et la population est amicale. Si... Quand... la conjoncture sera favorable, je te ferai signe. Courage, Arielle. Tu seras en sécurité là-bas. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer.
- Mais... Si je parlais à Dior... »
Je levai vers Dante des yeux suppliants et emplis de larmes. Il me prit par les épaules et me secoua gentiment.
« Arielle ! Dior est le chef de la Milice ! Et tu es parmi les condamnés ! Il a rédigé lui-même la liste ! »
Je me laissai pousser vers la rampe d’embarquement. Hébétée, je rejoignis mon siège, attachai ma ceinture et fermai les yeux.


D’intarissables larmes mouillaient mes joues en silence, sans que je fasse le moindre effort pour les contenir. Je ne touchai pas au repas. Sans cesse je revoyais Dior, si fort, si fier, si sûr de lui, me donner ce dernier baiser sur le pas de la porte.
« Ne m’attends pas. Je ne sais pas à quelle heure se finira la réunion.
- C’est quelle asso, déjà ? », avais-je minaudé en le buvant des yeux.
- Ah, ce soir, c’est l’Amicale des Astronomes. Et toi, tu fais quoi, ce soir ?
- Oh... Tessia veut que je passe voir son nouveau robot. Tu sais, c’est un Halston multifonctions... Mais je rentrerai tôt, demain j’ai une grosse journée... »
Dès que j’avais entendu démarrer l’astroscoot, j’avais appelé Dante.
« C’est bon, j’arrive. »
J’avais pris l’Askeya, le module dernier modèle tout confort que Dior m’avait offert pour mon anniversaire. Ce bijou valait une petite fortune, mais c’était justifié. Maniable, silencieux, confortable... Un tableau de bord en bois (une matière totalement exotique, avec une délicate senteur très particulière), un design novateur, une puissance phénoménale, et une consommation en énergie assez conséquente, certes, mais j’avais les moyens... J’étais joyeuse comme une enfant qui manque l’école. Ce n’était pas un mensonge, juste une omission. Je passerais voir Tessia après... J’éprouvais un plaisir frissonnant à ces petites cachotteries, alors qu’il ne me l’aurait probablement pas interdit... Mais Dior n’était pas très porté sur l’humanitaire, il trouvait cela barbant, les gens n’avaient que ce qu’ils méritaient, il y avait les gagnants et les perdants. Et moi j’adorais me pencher sur le sort de ces malheureux parias, échoués sur Prima au terme de périples longs et douloureux et condamnés au mieux à une déportation musclée, au pire à une exécution sommaire.
« Mesdames et messieurs, nous amorçons notre descente sur Vedoria. Veuillez rabattre vos tablettes et vérifier que vos ceintures sont bien attachées... »
Une hôtesse me frôla le bras à la sortie du vaisseau et me mena jusqu’à la navette pour Balnichozador.
« Le capitaine Jotter est retenu par les formalités; mais vous le verrez sûrement à l’atterrissage. »
Jotter. J’avais dû le croiser, sûrement, lors d’une réunion. Un grand blond maigre. Ou un petit barbu ? Je ne savais plus. J’avais mal au coeur, une nausée tenace me bouleversait les entrailles. J’étais si contente d’aller à cette réunion ! Les projets avançaient bien, cinq réfugiés devaient être transférés le soir même, quand la montre de Dante bipa. Il lut le message sur l’écran et pâlit.
« On nous a dénoncés. Vite, évacuation ! »
Dante m’avait prise par le bras et m’avait entraînée dans un dédale de couloirs au quatrième sous-sol, il y faisait sombre, le sol était glissant, c’était lugubre...
« Mais tu veux bien m’expliquer ? J’ai mon module dehors !
- Cours ! Je te dirai plus tard. »
Ce n’est que dans le métro aérien, en route pour l’astroport, qu’il m’avait parlé à voix basse.
« Nous sommes tous sur une liste de condamnés à mort. Quelqu’un nous a dénoncés.
- Mais nous ne faisons rien de mal ! »
Il me regarda en levant un sourcil, entre l’exaspération et la pitié.
« Arielle... tu sais très bien que le Concile désapprouve nos actions !
- Oui, mais ce n’est pas si grave... Et puis il faut en parler à Dior, il connaît des gens haut placés, il nous aidera ! »
Dante soupira.
« Arielle... Dior ne t’a jamais dit ce qu’il faisait ?
- Bien sûr que oui, il gère des associations, il est comptable...
- Non, Arielle. Ca, c’est sa couverture. En fait, il est le chef de la Milice. »
La Milice ! Je crus que mes yeux allaient me sortir de la tête. La Milice ! Cette organisation paramilitaire officiellement indépendante mais dont tout le monde savait qu’elle était l’âme damnée du Concile, et qui supprimait en toute impunité tous les opposants au régime. Ses membres étaient toujours masqués et armés jusqu’aux dents. Dior, la Milice ?
« Ce n’est pas possible, il me l’aurait dit !
- Mais tu es naïve ! »
Il me foudroyait du regard et tout à coup je me vis comme il me voyait : une jolie blonde, enfant gâtée par la vie, pour qui tout avait toujours été facile, et qui croyait tout ce qu’on lui disait. Une ravissante idiote. J’avalai une salive brûlante.
« Alors... », articulai-je avec peine, « il faut que... je parte, comme ça... que je laisse tout... Mais j’ai de l’argent sur mes comptes, et mon Askeya... »
Il soupira.
« Tu penses bien que tes comptes sont sûrement bloqués, à l’heure qu’il est, et ton module tracé... Mais si tu penses que Dior t’aime vraiment, je te laisse rentrer chez toi. »
Il avait raison, je savais qu’il avait raison. Je baissai la tête, vaincue.
« Je ne sais pas », murmurai-je. « Je n’en suis pas sûre. Et je n’ai pas envie de mourir pour le savoir. »


Il n’y avait que moi au guichet des Migrants, sur Terranova.
« Motif du séjour ? », me demanda l’homme à la peau basanée, qui parlait le Standard avec un accent épouvantable et en avalant la moitié des mots.
« Je... demande l’asile politique.
- Hum hum », toussota-t-il. « Vous avez des devises ? »
Je vidai mes poches. Sur Prima, je n’aurais pas subsisté deux jours avec ça. Il encaissa le tout, me tendit un reçu en langue étrangère.
« Je vais vous trouver un refuge. Attendez là, m’zelle. »
L’air était moite et lourd quand je sortis de l’astroport. Ma combinaison thermique, faite pour le climat froid de Prima, me collait à la peau. La nuit était tombée et j’étais dans un désert, noir comme l’Enfer, chargé d’odeurs fortes, trop fortes, presque nauséabondes. Un homme avançait devant moi, tenant à la main une lanterne comme dans les documentaires sur les Temps Reculés. Plus je m’éloignais de l’atmosphère sécurisante de l’astroport, plus j’avais l’impression de marcher vers une mort certaine. Avec un sourire presque édenté, il me montra son véhicule. Quatre planches pourries en équilibre sur quatre roues, et devant, une chose... vivante ! qui empestait, bougeait son horrible tête velue où luisaient deux yeux blancs monstrueux... Je reculai.
« Qu’est-ce que c’est ?
- Cabal, m’zelle, no se como dire... Cabal ! Jamais vu ? Gentil, gentil, bravo, regarde... »
Il caressait le monstre et me souriait. Je grimpai dans le véhicule, résignée. Mourir ici ou là, de toute façon...


Une femme âgée, aussi basanée que les autres, immonde de grosseur, portant une sorte de jupe informe, sale et ridicule, m’attendait dans la pièce principale d’une grande bicoque misérable, faite de planches mal jointées. Malgré la chaleur, un feu brûlait dans une niche en pierre posée contre un mur, chauffant une marmite en métal noir.
Elle me sourit en me demandant : « Faim ? »
J’acquiesçai, trop fatiguée pour essayer de me faire comprendre autrement que par signes. Elle me servit un bol du liquide pâteux qui bouillait dans le chaudron, et s’assit pour me regarder boire. J’avais faim, mais cette consistance gluante, avec d’énormes grumeaux qu’il fallait mastiquer longuement, cette odeur puissante, ce goût à m’en décaper la bouche... Une vague de terreur me submergea. Si cette femme m’était hostile, si elle me voulait du mal, si elle me faisait dévorer par le monstre Cabal... Je pris sur moi pour essayer de sourire, et je réussis à mâchouiller, au risque de m’étouffer, toute la purée brûlante. Elle me conduisit alors dans la pièce voisine, à peine éclairée par quelques rayons de lune qui traversaient des fenêtres grises de saleté. Des ronflements dissonants s’échappaient de formes humaines couchées à même le sol, sur de vagues matelas. Elle me guida jusqu’à un coin sombre. Le matelas était libre. Je grimaçai un « merci » dans l’obscurité. Je m’allongeai en tremblant, les yeux brûlants, l’estomac retourné, persuadée d’être dans un des cercles de l’Enfer. Trop d’odeurs, lourdes, collantes, grossières. Trop de bruits, grincements, craquements, ronflements. Et trop de peur, trop d’inconnu, trop de couleurs sombres... Prima était blanche et pure, propre, aseptisée, recyclée, standardisée... Ici la Mort était partout, puante, noire, triviale...


Ma première semaine sur Terranova fut sans conteste la plus éprouvante de ma vie. J’étais seule, je ne parlais pas la langue, je ne connaissais rien de leurs coutumes. Ma belle combinaison blanche était beaucoup trop chaude. Il me fallut m’habiller comme leurs femmes, de tissus mollassons et rêches qui m’irritaient la peau, sur lesquels toutes les odeurs s’imprégnaient durablement, et qu’il fallait laver ! Je m’empêtrais dans des jupes trop larges qui entravaient les mouvements, traînaient dans la boue et s’accrochaient partout, mais ici seuls les hommes portaient des pantalons. J’aurais bien tout envoyé promener, leurs habits balourds, leurs chapeaux ridicules, leur nourriture trop salée, trop épicée, trop odorante, et qu’il fallait mâcher des heures durant, à en avoir des crampes dans tout le visage. Sur Prima, il suffisait d’ouvrir un sachet préconditionné et nous avions une crème délicatement parfumée, lisse comme un baume, parfaitement équilibrée en protéines, glucides et lipides, et à la température imposée de 30°... Mais j’étais exilée, et si je les fâchais, s’ils me rejetaient...
Deux choses étaient encore pires. Ces gens vivaient dans une promiscuité répugnante, mangeant à la même table, dormant dans la même pièce, s’interpellant à grands cris devant tous les autres et se touchant en permanence le bras, l’épaule, la main, comme pour donner du poids à leur discours. Cela faisait plusieurs siècles sur Prima qu’on vivait dans le « non contact », sauf bien sûr dans le cercle des intimes. Bien entendu cela avait permis de supprimer toutes les maladies contagieuses qui ravageaient encore les mondes en voie de développement...
Et puis il y avait les non-humains. Sur Prima, planète raffinée entre toutes, il y avait les humains – blancs, minces, polis, discrets, sans contact –, et les machines – dociles, contrôlées, performantes. Sur Terranova le nombre de non-humains était dix mille fois au moins supérieur à celui des humains. Certains étaient utiles. Il y avait le cabal, le monstre puant qui tirait le véhicule. La vac, autre monstre puant mais encore plus trapu, qui donnait un liquide blanc pas trop désagréable à boire si on se bouchait le nez. Et puis tous les inutiles, avec des pattes, des ailes, des griffes, des queues, qui circulaient librement, criaient, piaillaient, couinaient, sans aucune retenue...quand ils ne vous piquaient pas pour vous voler votre sang, ne vous couvraient pas les mains de leur bave fétide et ne se couchaient pas sur votre paillasse en laissant derrière eux des traînées de poils et de boue...
Certains non-humains étaient différents. Souvent verts, parfois jaunes ou rouges, ou violets, ils vivaient dans la boue plus ou moins sèche mais ne se déplaçaient pas. On pouvait en faire cuire certains et les manger. Mais il fallait d’abord les laver, les couper, les mettre dans la marmite...
Chaque instant de cette première semaine fut une découverte. Et chaque découverte un nouveau regret, une nouvelle souffrance et une nouvelle peur.


Pas un seul robot. Ces gens accomplissaient eux-mêmes toutes les tâches ménagères, encore et encore, comme si cela avait été normal. Pour ma part je ne touchai à rien pendant quatre jours, comme on me l’avait appris petite fille et comme il seyait aux membres de ma classe sociale.
Mais le cinquième jour, la grosse Mamaya me fit comprendre dans un baragouinage laborieux que si je voulais manger, il fallait que le travaille. Je tentai de lui expliquer que j’étais ingénieur en CIG, mais elle haussa les épaules.
« La Communication InterGalactique ! », expliquai-je. Mais cela la laissa de marbre.
Il est vrai que sur Terranova le seul ordinateur que j’avais vu était une vieille bécane des Temps Reculés, dans un bureau de l’astroport.
Elle me fit asseoir autour de la grande table où trois femmes et deux fillettes s’activaient déjà, et me tendit un couteau en me demandant de faire comme les autres. Il s’agissait d’enlever l’écorce terreuse de choses rondes et fermes, d’un jaune pâle, qui devaient être mortes car elles ne hurlaient pas de douleur à être ainsi scalpées. J’observais les doigts des enfants, qui ne devaient pas avoir quinze ans à elles deux, et maniaient le couteau avec habileté et assurance. J’essayai de les imiter, mais tantôt la chose m’échappait et roulait sur le sol, tantôt le couteau dérapait et m’entamait la main... Le temps que je vienne à bout d’une seule de ces boules, qu’ils nommaient patas, chaque fillette en avait épluché plus d’une dizaine...
L’une des deux, la plus grande par la taille, frêle et osseuse mais avec un visage harmonieux, me décochait sans cesse sourires et regards encourageants. Quand la corvée fut finie, elle s’approcha de moi et me fit comprendre qu’elle s’appelait Adelia, et qu’elle aurait aimé apprendre le Standard parce que, quand elle serait grande, elle voulait voyager dans les étoiles. Pour l’instant Mamaya ne voulait pas mais Mamaya n’était jamais d’accord pour rien... Je lui répondis, en mimiques et en gestes, qu’il me faudrait apprendre leur langue ; et nous commençâmes à échanger des noms d’objets et de non-humains, même si pour la plupart je n’avais pas d’équivalent en Standard. De plus, pour dix mots qu’elle mémorisait, je n’en retenais à grand peine que deux, que j’estropiais le plus souvent en les prononçant.
Elle m’emmena avec elle ramasser du carburant pour le feu, des sortes de perches tordues qu’on cassait avec le pied. Elle ouvrit de grands yeux étonnés quand je lui expliquai qu’il n’y avait pas d’alber, pas de legnit, pas de foliès sur ma planète. Et pas de cabal, pas de vac, pas d’osel, pas de mosquès, et que les seules choses qui volaient étaient des modules, des astroscoots et des aéronefs. Tandis que nous ramassions le legnit pour le feu, un cri sauvage me cloua sur place. Je me retournai vivement et me trouvai face à un non-humain de petite taille, pourvu de quatre pattes et poilu, avec deux oreilles dressées sur le haut de la tête, de longues moustaches autour du nez et une queue dressée comme une antenne. De saisissement, je laissai tomber mon fagot. Adelia se mit à rire et alla chercher le non-humain qui avait bondi dans un alber.
« C’est Dido ! Gentil ! C’est un felis ! Il ... miam-miam les ratos ! Veni là, veni! »
Elle prit ma main et la posa sur le dos du non-humain, qui se mit à vibrer comme un moteur à bas régime. Il ferma les yeux, il avait l’air confiant et pas du tout agressif. Je n’en croyais pas mes yeux. La main d’Adelia était douce et chaude sur la mienne, et je n’avais jamais rien touché d’aussi soyeux que le pelage de ce felis...


Le soir au repas, Mamaya mit sa main sur mon bras en me demandant la carafe d’eau. Pour la première fois je ne bondis pas en arrière, je ne sursautai même pas. Elle me sourit et me caressa la joue d’un doigt.
« Bravo, bravo », me félicita-t-elle en opinant du chef.
Avec l’aide d’Adelia, j’appris rapidement à faire le ménage, laver le linge, préparer les repas, allumer le feu dans ce qu’ils appelaient le camino. Je commençais à me dire que j’allais survivre à cette épreuve, il fallait juste que je tienne jusqu’à ce que Dante me contacte, et je lui demanderais de me faire transférer sur un monde civilisé ; et tout irait bien.


Mais un matin, à peu près trois semaines après mon arrivée, je fus prise d’un malaise en me levant. Mon coeur battait trop vite, je tremblais et je claquais des dents. J’allai voir Mamaya et bredouillai « dolor ». Je n’avais mal nulle part, mais c’était un des rares mots que je connaissais. Elle mit la main sur mon front et hocha la tête.
« Febbre. »
Elle me raccompagna jusqu’à mon lit, me donna une couverture supplémentaire et m’apporta bientôt une tisane très amère.
« Febbre », répéta-t-elle.
Je ne savais pas ce qui m’arrivait, et ce coeur qui battait à tout rompre me terrifiait. Il n’y avait plus de maladies depuis longtemps sur Prima. On racontait bien que des gens mouraient d’infection dans les bidonvilles, mais Dior disait que c’était de la propagande.
Lorsque je n’eus plus froid, je fus envahie par une chaleur intense. Ma peau était brûlante, ma gorge sèche, mes tempes battantes, mon corps était perclus de courbatures comme si j’avais couru toute la nuit. Mes idées étaient confuses, mon nez bouché, mes yeux brûlants, et des quintes de toux incessantes m’amenaient au bord de l’asphyxie. J’allais mourir, j’en étais sûre. Je me mis à pleurer.
Adelia arriva alors avec un autre bol de tisane. Sur Prima, quand vous étiez blessé ou diminué, tout le monde vous fuyait. Pour vivre dignement, il fallait être toujours au maximum de ses performances. Je détournai donc les yeux à son approche, honteuse de mon état, mais elle me parla gentiment.
« Tisane. Faut boire. Malade, mais normal. Moi aussi malade quand j’étais petite. Tu pas grandi ici, alors comme si petite... »
Elle me souriait, me caressait la main. Je bus la tisane, et elle mit sur mon front un linge mouillé qui me sembla être la meilleure chose au monde. Si j’avais eu encore mon Askeya, je l’aurais donné pour ressentir encore cette fraîcheur sur mon front. Adelia ne le savait pas. Mais elle restait là, et régulièrement mouillait le linge dans une bassine d’eau, et elle babillait, et elle souriait, et probablement sans espoir de récompense.
Mais pourquoi, puisque je n’avais rien à lui donner ?
Je restai couchée plusieurs jours, buvant beaucoup, me nourrissant à peine, tenaillée par cette toux douloureuse et épuisée par leur febbre qui me faisait avoir tantôt trop froid, tantôt trop chaud. Par moments je sombrais dans un sommeil agité, peuplé de cauchemars où Dior m’abattait froidement d’une balle dans la tête, où mes parents regardaient mon cadavre en déclarant « c’est sa faute, elle l’a bien cherché ». Je hurlais, je me débattais... et à mon réveil, il y avait Mamaya, ou Adelia, ou Timku, ou Marcellus, ou Diego... Hommes et femmes, ils se relayaient tous à mon chevet, calmes et souriants, même ceux à qui je n’avais jamais adressé la parole.
Mais pourquoi ?


Je survécus. Ils accueillirent mon retour faible et trébuchant à la table des repas avec des applaudissements sincères. Je ne savais pas que l’on pouvait pleurer de joie. Comme mon regard abasourdi cherchait une réponse dans les yeux d’Adelia , elle me glissa :
« Tu es de notre famille. Familia, ici on dit. Alors, tous ensemble, on aide. Normal. »


Familia. C’est le plus joli mot de Terranova.
Je me mis à regarder les gens différemment. Il y avait de la beauté dans chacun d’eux. Mamaya était la plus chaleureuse de tous, Timku était le plus fort, Marcellus le plus drôle...
Je pouvais travailler aussi bien que n’importe qui, mais j’avais un savoir qui restait inemployé. Sur mon temps libre, je parvins à bricoler le vieil ordinateur de l’astroport pour entrer en contact avec la planète la plus proche, Beldrak. Six mois plus tard, nous leur vendions des fructos et des legumi, à des prix exorbitants pour mes compagnons, mais que je savais être plus que concurrentiels. Et le commerce s’étendit – plus nous vendions loin, plus nous vendions cher... Il fut possible de créer une école pour les enfants, d’importer des produits de luxe qui changèrent notre vie : livres, ordinateurs, matériel agricole... La demande augmentant, nous fîmes profiter de l’aubaine les villages voisins, et en quelques années tout un réseau routier sillonnait la planète, où roulaient chaque jour des centaines de charrettes lourdement chargées. Bien sûr, si nous avions eu quelques astronefs... Non. C’était stupide. Je savais maintenant que les cabals n’étaient pas des monstres. Et j’avais compris que la technologie pouvait priver l’humain de sa plus grande richesse, la fraternité. Terranova devait rester un monde pur.


Bien des années ont passé. Dante ne s’est jamais manifesté. De toute façon, je ne serais pas repartie. Je me suis mariée avec Noello, et nous avons quatre enfants qui savent tous lire et écrire. Nous vivons avec les deux filles de Mamaya, qui nous a quittés, Timku et sa femme, Adelia et son mari. Le soir à table, c’est une belle familia.
Narwa Roquen,et le mythe du bon sauvage...

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-11-05 18:04:33 

 Commentaire Narwa n° 69Détails
Eh oui, il est sympa ce mythe du bon sauvage!
Le monde rural et simple que tu décris est bien sympathique, même vu à travers les yeux horrifiés (au départ) du personnage.

On aurait voulu en savoir un peu plus sur son monde d'origine, sur Dante et sur Dior, mais bon elle les a quittés alors...

Elemm', pas contrariante :)

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-11-05 21:40:47 

 Commentaire Elemmirë, exercice n°69Détails
Voilà un récit rondement mené, sans temps mort. Tu es vraiment dans le style de la nouvelle, concis, précis, alerte, allant à l'essentiel.
Le thème est classique, mais il est traité avec justesse, réalisme et acuité. La présentation des personnages, intriquée avec le début de l'action, est astucieuse. Mention spéciale pour la manière dont tu fais parler ton narrateur, à croire que tu as passé ton enfance à Rodez dans l'arrière-salle d'un bistrot... Ou alors, c'est de l'empathie à l'état pur, une grande qualité pour un auteur.
Tu décris bien la progression de la tentative d'adaptation à l'état de nouveau riche. L'homme qui se coupe petit à petit de sa vie d'avant, le regrette mais ne peut pas revenir en arrière, la femme qui, comme toujours ou presque, privilégie sa famille et n'hésite pas à renoncer à la facilité de l'argent.
Deux points sont un peu surprenants sur le plan de la cohérence:
- 300 m²: et pas de personnel de maison?
- l'adolescent suit sa mère sans discuter alors que la veille encore il lui fermait la porte au nez. Pourquoi pas, mais une petite phrase d'explication serait la bienvenue.


OK, je chipote. C'est un texte excellent: un autre! Un autre!
Narwa Roquen,clap clap clap!

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z653z  Ecrire à z653z

2009-11-06 11:27:27 

 pas de contactsDétails
Même le capitaine qui a veillé à ce qu'elle arrive sur la bonne planète ne donne plus aucune nouvelle de Dante.
Et le fait qu'elle devienne une grande commerçante aurait pu attirer l'attention de Dior.
Sinon ça se lit très bien.

Quelques mots dont j'aurais aimé avoir la traduction :
alber (arbre ?)
foliès (forêt ?)
osel
mosquès

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-11-06 18:32:25 

 RéponsesDétails
alber = arbre
foliès = feuilles
osel = oiseau
mosquès = mouches

Il n'y a pas de liaison régulière entre Terranova et les autres planètres, donc le capitaine n'a jamais eu l'occasion de revenir...
Et ce n'est pas en son nom qu'elle fait du commerce, mais au nom de la planète, (elle dit:"nous", donc personne ne sait qu'elle est là... Et puis qui sait ce qu'est devenu Dior? Personne, même pas moi, et je m'en fiche...
Narwa Roquen, qui avait pensé à tout!

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-11-06 22:54:31 

 Commentaire Maeglin, exercice n°69Détails
Le roi qui ne voulait pas être roi... Voilà un point de vue original et politiquement incorrect, comme je les aime.
C'est un texte court, mais agréable à lire. Le roi narrateur survole son destin avec une placidité qui frise l'indifférence. Cela donne au texte un ton décalé, éthéré, désincarné, à la limite du superficiel. Par chance, il y a l'autre côté de la médaille, le fou, beaucoup plus humain, qui transpire, qui pleure, qui proteste, qui s'accroche à sa fonction comme la moule à son rocher, pour ne pas perdre le sens de sa vie. Qui est le héros de l'histoire? Mon côté romantique choisirait bien le fou...
On ne peut pas dire que le roi s'adapte. Il traverse les jours sans s'impliquer, sans laisser la vie l'atteindre. Le fou refuse de s'adapter. Il suit son maître, comme un chien fidèle. J'ai comme l'impression que la consigne a été un peu biaisée...
De même, l'humanité n'est pas dans le "je", elle est dans le "il". Chassez le naturel... Bon, je reconnais que tu as fait un louable effort... tu as trempé tes pieds! C'est un début courageux, et je t'en félicite!

Quelques bricoles:
- enfouies sous la chemise sale: si j'ai bien compris, la chemise était brodée. Le raccourci gêne le sens. "Enfouies sous la crasse de sa chemise" (par exemple), est plus clair
-qui s'est de facto disssout: dissous
- que cela eût pu paraître, L'Angely parut: répétition
- où j'ai grassement profité quelques années de faste: de quelques années


Vu de l'extérieur, le texte est bien écrit, original et plaisant, drôle et caustique à la fois, et délicieusement provocateur. Pourquoi ai-je l'impression que tu tournes autour du pot? Je sais que tu peux faire plus. Mais j'applaudis à ta loyauté. Je suis sûre que comme nous tous, tu vas te bonifier avec le temps...
Narwa Roquen,telle le vigneron dans sa cave...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-11-11 16:07:32 

 Commentaire Maedhros, exercice n°69Détails
Chacun cherche Marie, et Marie cherche le salut... C’est l’histoire presque optimiste, sur fond de guerre mondiale, d’une lumière dans la nuit. A travers trois personnages ( ou quatre ?), le destin tisse sa toile parmi des heures sombres, comme si, là-haut, il y avait Quelqu’un.
L’archange rêve de l’Angélus. Logique. Lui n’a pas à s’adapter, il survole, et de toute façon il est en mission. La jeune fille a fui la guerre et prie en espérant rejoindre un jour le paradis sur terre, un horizon perdu miraculeusement recréé (ça, c’est de la Fiction !!). Tu nous décris sa vie de bête traquée (un thème qui t’est cher), et sa manière à elle de garder l’espoir, en priant. A-t-elle vraiment changé de vie, de la guerre dans son pays à la clandestinité au pied de la frontière montagneuse ? Est-ce que prier pour sa survie est une forme d’adaptation au désespoir ? Ma consigne, un peu à l’étroit, se tortille pour essayer de se glisser entre tes lignes...
Et puis il y a le sage, qui tel un roi mage a suivi l’Appel d’un fleuve sacré, confirmé un jour par une étoile mystérieuse. Il est le seul à avoir choisi son destin. Il est celui par lequel le miracle arrive.
Et je me suis cassée les dents sur le parachutiste, et ce n’est pas faute d’avoir lu et relu ce texte, avec Google à mes côtés... Lui voulait vraiment changer de vie, tenter sa chance, et il a tiré un mauvais numéro. Il ou elle ? Aucun participe passé ne vient à mon secours. Il y a cette « petite fille », à la fin du paragraphe, qui suggère « elle ». Mais qui est-ce ? Une vie précédente de l’Ange, qui va à l’assaut de la ville de Marie ? Un épisode mouvementé de la vie de la jeune fille (mais on ne voit pas le lien) ? Ou un autre personnage, qui ne fait que traverser l’histoire, une autre Marie qui ne sera pas sauvée, une Marie cinéphile qui a vu « Les révoltés du Bounty », et qui nous égare un peu plus avec ses souvenirs...
La prière de Marie a été entendue, et tout va pouvoir recommencer. Peut-être.

Ce texte est le fidèle reflet de ton propos, comme une nuit étoilée. Au milieu de la tristesse, de la violence, du désespoir, surgissent de petites étoiles brillantes. « Un immense suaire poussiéreux », « des îles artificielles de l’Antarctique », « quand il apprit les mots pour appeler les choses », « dispensables » : ça, je suis jalouse de ne pas l’avoir trouvé !, « des cônes de lumière comme des doigts blafards », « un rayon de lune, contrebandier du ciel », « deux immenses ailes..., avalanches jumelles de neige soyeuse ».
Mention spéciale pour le paragraphe sur l’Inde, presque une histoire dans l’histoire. Et quant à Shangri-La... la trouvaille est bluffante... le Dalaï-Lama triomphant des chinois... A côté de ça, les voyages intergalactiques sont d’une banalité...


Quelques bricoles :
- un champ en jachères : sans s
- il n’a pas courbé la tête, ... attentifs... : sans s
- « arrachant par son extraordinaire destin, la pitié d’un ciel fermé » : la virgule unique me gêne ; j’aurais dit soit : « arrachant, ....destin, », soit pas de virgule du tout. Deux autres passages semblables : « il récita encore et encore, les stances du Rig Veda », « elles lui hurlent en mauvais anglais, l’ordre »
- à leurs côtés, sous leur férule : j’aurais harmonisé en « à leur côté, sous leur férule »
- sur le point de s’endormir, oublier..., elle entend : d’oublier ?
- elle ne sait plus très bien où elle est, où aller : ça ne sonne pas bien.
- « Une étoile, tel un diamant de la plus belle eau » : le problème c’est que tu répètes la même comparaison plus loin : « l’étoile solitaire, splendide diamant aux facettes... »
- « Shangri-La, reconnue par aucun des nouveaux territoires » : c’est concis mais un peu bancal ; je crains qu’il ne te faille faire une phrase : qui n’est reconnue par aucun... mais qui possède un rayonnement ...


Commenter un texte de Maedhros, c’est s’embarquer sur le Black Pearl... L’aventure est garantie... Il y a un peu de piraterie, d’ailleurs, dans le mélange mysticisme- anticipation – merveilleux, non pas au sens négatif, mais au sens de l’anticonformisme rebelle aux valeurs établies... Engagez-vous, rengagez-vous, qu’y disaient... Pour ma part, j’ai signé.
Narwa Roquen,au port pour quelques jours, holà tavernier, du rhum pour tout l'équipage!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-11-14 18:27:51 

 Le syndrôme de Midas.Détails
Comme ce roi mythologique l’a cruellement éprouvé, l’or n’est pas le meilleur véhicule pour les amours simples et le bonheur quotidien. Incapable de gérer cette soudaine abondance, le couple naguère uni et heureux s’est déchiré jusqu’à la rupture.

Les consignes sont parfaitement respectées.

Le récit est vivant, dense, sans temps mort, nourri de nombreux petits détails qui renforcent la précision du propos (le choix des numéros du loto, les évènements prosaïques, les réactions de l’entourage, les mirages de l’omnipermission, l’incapacité à dépasser une condition initiale, la culpabilité jusqu’à cette morale qui emballe tout le propos : l’argent ne fait pas le bonheur et celui-ci se révèle souvent dans le rétroviseur. Le texte a parfois des accents très « zoliens », si cela se dit, comme un polaroïd de la condition ouvrière.

J’ai l’impression également que tu as quelques fois laissé filer ta plume, emportée par le fil d’une idée. Je connais ça.

« Le petit sous-chef venait me lécher les bottes, comme des vautours autour d’un cadavre, et on n’a pas voulu rester la charogne qui se fait dépecer » : on comprend ce que tu as voulu dire mais ainsi formulé cela coince un petit peu !

«... seul comme un chien (...). J’ai envié les chiens errants (...)qui crèvent de faim et de froid mais contre le flanc de leur femelle... » : là aussi, la juxtaposition des 2 phrases souligne leur apparente contradiction.

Au rayon des bricoles :
- « Elle avait l’air fière... » : elle avait l’air fier.


M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-11-14 19:19:00 

 Tiens Manant... (1)Détails
Pour ma part, je pense que la consigne est bien respectée.

Un roi, fatigué de son état, est déchu (il le dit) de ses attributs divins et devient un citoyen lambda voire même sub-lambda puisqu’il repart visiblement au plus bas de l’échelle. Il subit l’abolition des privilèges et s’accommode de son nouveau statut sans se plaindre, avec philosophie et stoïcisme. Et puis, il se met enfin à rêver de remonter la pente...

Le style est franchement impeccable, maîtrisé, avec une élégance recherchée du vocabulaire pour épouser le caractère du personnage principal.

Tu as insufflé dans ce récit un ton bien particulier, une forme de distanciation plaisante, une façon d’être sans être, un badinage qui est tout sauf superficiel, apanage des âmes bien nées, caractérisant une époque et une caste privilégiée. La façon de s’exprimer était d’ailleurs l’une des barrières dressées par les aristocrates pour se distinguer du bas peuple et même des bourgeois.

Le second personnage, l’Angély (cousin très éloigné du bouffon de Louis XIII ?) apporte une vision tragicomique au propos. C’est l’exutoire qui permet aux émotions « vulgaires » que l’ex-roi ne peut se permettre d’avoir, d’être ressenties, comme par procuration. C’est un effet théâtral utilisé notamment par Molière.

Un bon texte.

Au rayon des bricoles :
- l'autre s'épanchait (...) que la fine fleur du Royaume était devenu : ... était devenue.

M

(1) jeu de mots vaseux

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-11-15 18:03:41 

 L’enfer est un cercle…Détails
Une histoire qui m’a furtivement rappelé Witness, cet excellent policier où un flic qui évolue dans les rues glauques d’une grande métropole est brusquement plongé malgré lui au sein d’une communauté Amish dont les membres vivent selon des préceptes très stricts et rejettent la société de consommation.

Tu ne t’étends pas trop sur les prémisses de l’histoire. Tu ébauches une description d’une planète étant parvenue à un très haut degré de technologie et tu esquisses encore plus sommairement les personnages (Dior, Dante, Tessia...). Une planète où Big Brother a connu de beaux jours et où les étrangers semblent promis à un avenir contrariant.

Chassée malgré elle de ce cocon douillet, Arielle va échouer sur un terminus des étoiles, sur une planète reculée et agricole. Cela te permet de jouer sur le décalage entre la sophistication d’Arielle et la rusticité de la planète d’accueil, entraînant pour l’héroïne une disparition de ses repères. Tout lui est étranger ou presque, jusqu’à la langue qui a conservé une bonne part d’expressions archaïques vraisemblablement empruntées au dialecte des premiers colons.

Bien vu l’épisode de la fièvre qui est, à mon avis, le rite de passage entre l’ancienne et la nouvelle Arielle. La fièvre qui la purifie en quelque sorte, une forme de renaissance, comme si son corps et son esprit avaient fini par renoncer à regarder en arrière et accepter leur nouvel environnement. A partir de ce moment Arielle va vivre à l’unisson des autres et découvrir les charmes de cette vie paisible et bucolique.

Mais tu as mis Dante dans ce récit, et tu as même évoqué l’Enfer (normal)... alors je crois que l’Enfer est vraiment un cercle car en semant les graines du développement, il me semble qu’Arielle a mis le ver dans le fruit. Et tout n’est qu’un éternel recommencement !

Au rayon des bricoles :
- D’intarissables larmes mouillaient mes joues (...), sans que je fasse (...) : j’aurais mis le subjonctif à l’imparfait.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-11-16 22:15:29 

 Dante et les autresDétails
J'aurais pu me lancer dans l'imparfait du subjonctif; le présent appartient plus au langage parlé, mais il se développe de plus en plus une certaine tolérance, qui relègue l'imparfait du subjonctif au style précieux, soutenu en tout cas. J'ai voulu rester simple.
J'ai adoré "Witness": Harrison Ford dans toute sa splendeur...
Arielle tente le diable, c'est vrai. Mais la tentation était forte, et sans doute avait-elle besoin de reconnaissance; je lui souhaite de garder tact et mesure dans ses décisions, mais effectivement on peut penser qu'après elle les choses vont déraper. C'est probablement l'évolution normale des civilisations. Zimmer Bradley arrive, non sans peine, à conserver les valeurs fondamentales de Ténébreuse... et comme elle n'est plus là pour écrire la suite, on peut tout imaginer...
J'étais sûre que le nom de Dante ne passerait pas inaperçu. Pour moi il est surtout l'occasion d'une réflexion sur la condition humaine...
Narwa Roquen, qui n'arrive pas à renoncer à l'espoir

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-12-17 15:30:51 

 Exercice 69 : Narwa => CommentaireDétails
Rien que le titre annonce déjà le déracinement de ton héroïne. Bien vu le bois, matière originale sur ce monde de plastique. Je trouve que tu aurais dû insister d’avantage sur le fait qu’Arielle ne savait pas qu’elle avait une activité interdite. Son ami aurait également pu la mettre en garde, la sachant si naïve.
L'attachement à son module montre bien son caractère enfantin. Elle accepte un peu facilement de s’expatrier. C'est quand même une chose incroyablement lourde de conséquences. Et elle accepte aussi très facilement le fait que son mari veuille la tuer. Cela ne me parait pas crédible.
Bien vu les odeurs trop fortes de Terranova, les animaux, le salmigondis qu’ils parlent. Cela crée un réel dépaysement. On s'imagine bien, du même coup, le monde de Prima dont elle vient. La phrase « Prima était blanche et pure, propre, aseptisée, recyclée, standardisée... » en devient même superflue, puisqu'on peut déduire ses aspects de Prima des réactions d'Arielle.
Bien vu les vêtements qu’il faut laver, la nourriture qu’il faut mâcher, les non-humains (dont des légumes !). Il n’y donc aucun végétal ni animal sur Prima ? Mais de quoi vivent-ils alors ? J'avoue avoir du mal à imaginer cela. Que respirent-ils ? Une description du monde, serait-ce depuis la fenêtre du vaisseau qui emporte Arielle, aurait été bienvenue. Et puis, elle aurait pu jeter un dernier regard à son monde.
Ok pour le changement d’attitude après la maladie, qui sert de transition entre les deux états mais j'ai trouvé ce changement est très brutal. Et la fin est drolement expédiée.
J'avoue avoir du mal à adhérer, comme toujours, aux histoires pleines de bon sentiments, constatant chaque jour que mes prochains en sont dépourvus. Pareil pour les contes qui finissent par "et il eurent beaucoup d'enfants", à une époque où réduire la population humaine est le seul espoir de sauver ce qu'il reste de la planète (personne ne semble en prendre conscience et malheureusement Cousteau est mort).

Est', en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2010-01-06 16:29:41 

 Exercice 69 : Maedhros => CommentaireDétails
Dans la série « j’apprends le latin d’église avec Maedhros », aujourd’hui, "priez pour nous" !
Le style de ce texte est plutôt chargé en adjectifs et métaphores baroques. Je ne suis pas vraiment cliente pour les histoires sur la foi chrétienne.
J'ai appris le mot « iconostase ».
La consigne est survolée de très haut avec ce post-apocalyptique mystique. Certes, des gens changent de vie mais tu n'expliques pas ce qu'ils ressentent, en quoi consiste le changement...
J'ai un souci avec ton personnage qui a perdu à la loterie. Qui est-ce ? Une femme, un homme ? La "petite fille" est déstabilisante. Et quel rapport entre ce personnage et les autres du texte ?

Est', rentrée littéraire.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2010-01-06 16:40:11 

 Exercice 69 : Maeglin => CommentaireDétails
Très joli le premier paragraphe. Tu amènes ton histoire et tes personnages avec une grande économie de moyens. J'apprécie.
Ce texte est court et bien sympathique. Cela dit, tu n’exploites pas assez le changement pour le roi. Il va sans doute connaitre la fatigue physique, la saleté, la faim... Le bouffon vit d'avantage le changement et constitue un joli personnage.

Est', rentrée littéraire

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2010-01-06 16:48:29 

 Exercice 69 : Elemm’ => CommentaireDétails
Indubitablement mon texte préféré pour cette consigne. Consigne que tu exploites parfaitement, d'ailleurs. L’histoire du gars qui gagne à la loterie et découvre que l’argent ne fait pas le bonheur peut sembler éculée mais tu t’en tires magistralement grâce à ta façon de raconter qui fleure bon le vécu. Tes personnages sont crédibles. On s'y croirait.
Ton premier paragraphe est un modèle du genre : tu résumes la vie simple de ton héros tout en démarrant l'histoire. C'est efficace.
Mention spéciale pour les « seins chauds » qui ouvrent et cloturent ton récit.
Tout s’enchaine avec logique, crédibilité. Le style est simple et vivant. En effet, comme le dit Netra, pas besoin d'empoigner les alambics pour écrire un bon texte, agréable à lire.
J'ai trouvé la descente un rien brutale. On ne voit le comportement du héros que dans le discours de sa femme quand elle le quitte. L'a-t-il délaissée ? A-t-il vraiment changé ? J'aurais bien aimé un paragraphe de plus à ce moment-là.
Joli « les chiens galeux, qui crèvent de faim et de froid mais contre le flanc de leur femelle ».

Est', rentrée littéraire.

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