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 WA-Exercice 18 - 3 Personnages - A et D Voir la page du message Afficher le message parent
De : Onirian  Ecrire à Onirian
Page web : http://oneira.net
Date : Mardi 2 juin 2009 à 18:16:46
Troisième et dernier texte de la Wa.
"un petit texte facile et ouvert à tous". Tsss...

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Dernière visite de la nuit. Un nouvel immeuble, plus petit que celui d'avant, à peine trois étages, mais nettement plus vieux. Mon hôte précédent m'avait ébranlé en réveillant, sans doute bien malgré lui, de vieux souvenirs que je croyais enfoui plus profondément. Qu'importe, je chassai ces visions et m'introduisis dans le bâtiment.
Second palier, un f2. Aussitôt rentré, une angoisse sourde m'avait envahi sans que je ne puisse en déterminer l'origine ; ce n'était pas le lieu qui me rejetait, non, j'aurai même plutôt affirmé le contraire, il m'attirait, mais de façon insidieuse, comme une plante carnivore pourrait séduire un moucheron par une odeur sucrée et suave. Ignorant cet avertissement muet, j'entrai dans la salle d'eau. À la patère était accroché des vêtements noirs. Une jupe et deux t-shirt. Je frôlai ceux-ci de la main et un flash me percuta : j'avais vu mon hôte l'espace d'un dixième de seconde et elle était magnifique. Une tablette au dessus du lavabo débordait de produit de maquillage en tous genres. Ceci mis à part, la pièce n'avait rien de remarquable. Je me retournai vers le couloir, et vis deux paires de bottes, une brillante et une passablement usée. Je restai ainsi à les contempler, comprenant mon malaise. Je refusais d'y penser, de toute manière, il me fallait continuer, le travail devait être accompli, quoiqu'il en coûte.
La cuisine était minuscule, à peine assez grande pour y caser un four micro-onde, deux plaques chauffantes, une petite table, un banc de coin, et une armoire Ikea emplie d'herbes aromatiques. Le tout était arrangé joliment vu l'exigüité du lieu, mais j'avais déjà l'esprit dans la pièce suivante. Inutile de m'attarder ici ; je respirai un grand coup et allai vers la chambre, véritable coeur de l'appartement et, comme je l'avais pressenti, temple érigé à la culture g_o_t_hique.
Les murs, peints en noir, étaient recouverts de grandes affiches, images choisies de Victoria Frances, Luis Royo ou encore photographies de modèles en corset et dentelles. Mes doigts tremblaient tandis qu'au fond de ma tête, s'agitait ma vieille folie. J'évitais soigneusement de regarder en direction du lit, me concentrant sur les meubles alentours. Au mur, un miroir, et devant lui, une chaise sur laquelle un corset justement, avait été négligemment jeté. Je l'effleurai du doigt et vis mon hôte s'observer dans le miroir. Mon coeur fit un bon, qu'elle était attirante, sa taille, le contraste de l'habit sombre sur la peau blanche, les lacets d'un violet profond... Je retirai ma main aussi rapidement que si je m'étais brulé. Ma respiration devenait sifflante, le contrôle m'échappait, il me fallait regarder ailleurs, vite. Faisant face au miroir, de l'autre coté de la pièce, trônait un bureau en bois de piètre qualité, avec un ordinateur portable dernier cri et un petit coffre. J'ouvris ce dernier pour y découvrir quelques bijoux argentés. A nouveau je les touchais. Je la vit encore, Elle, cette fois ci, comme un écho à mes fantasmes enfouis : elle était nue, ne portant que quelques bagues et bracelets, dévoilant ainsi un tatouage à l'épaule représentant une fleur de pommier. J'étouffai un cri, reculant involontairement d'un ou deux pas, percuté par la force de la vision. Mes yeux se tournèrent malgré moi vers le lit. Sous une grande couette à l'effigie de Within Temptation, elle dormait paisiblement, ignorant tout du volcan qui bouillonnait en moi. Mon envie d'elle était si grande que... Non.
Résolu, je m'avançai vers elle et lui touchai la joue pour la marquer.
Sans effet.
Pas de vague blanche, pas de paix, rien, le marquage refusait obstinément de se faire. Un frisson me parcouru l'échine tandis que mon angoisse s'intensifiait. Ce genre de chose ne devrait pas arriver. Je l'aimais déjà, et probablement trop pour mon propre bien, alors pourquoi ? Je lui pris la tête avec les deux mains, fébrile, mais toujours aucune réaction.
C'est alors que je pris conscience de ma proximité avec elle.
Je ne bougeais plus. Je m'imaginais l'embrasser, caresser ses cheveux noir. D'un geste, je repoussai délicatement la couette, pour dévoiler son corps ; elle dormait nue, sur le dos. Ma folie était désormais pleinement réveillée et guidait mes mouvements. Au fond de moi, ma raison hurlait et se débattait, en vain. J'étais si proche d'elle, tellement attiré que je pouvais évoquer des visions de sa vie sans même toucher quoique ce soit. Je la voyais mettre de la musique dans une chaine hifi que, troublé, je n'avais même pas remarqué, je la contemplais, jupes et corsets, bas et dentelles, maquillages et piercings. En écho à mes désirs, ma folie me murmurait : tu as le pouvoir de le faire... Elle ne se souviendra de rien... Mieux, tu peux l'obliger à répondre à tes caresses... Pour cette nuit, elle pourrait être tienne... Je posai mes doigts sur son ventre, puis, lentement, ma main remonta vers son sein droit, dressé comme une offrande, m'invitant à la tentation, invoquant dans ma tête une multitude d'images et de plaisirs. Mes lèvres s'approchèrent des siennes, jusqu'à moins d'un centimètre, lorsque trois mots surgirent au milieu de mes pensées tumultueuses.
Je te vengerai.
De toutes ses forces, ma raison tenta de s'y accrocher, mais ma main, toujours posée à quelques centimètres de la poitrine de ma victime, la fit dériver à nouveau.
Non, je ne céderai pas. Un regard aux alentours, dans un brouillard mental, je vis la chaine hifi et l'impressionnante pile de cd, je distinguai de nombreux livres en tas dans un coin, mais le fait même de voir chacun de ces objets provoquait autant de vision qui tourbillonnaient en moi. Je serrai les poings, puis en amenai un jusqu'à ma bouche. Je mordis dedans de toutes mes forces, déclenchant une insoutenable douleur. Le sang coulait à flot, me faisant ressembler aux vampires qui ornaient les murs. Je serrai encore les dents, jusqu'à entendre de sombres craquements. La douleur atteint alors un seuil d'intolérance suffisant pour me faire recouvrer la raison, au moins pour quelques instants. Si j'étais au service des Marqueurs, c'est parce qu'il y a de nombreuses années j'avais violé et tué une fille ressemblant beaucoup trop à celle-ci. J'avais échappé à la justice des hommes, mais pas à celle de l'au-delà. J'arrachai mes dents de mon poing ensanglanté. Avant que le soleil ne se lève, il serait guérit, mais en attendant, je pouvais garder la douleur en point de mire, comme un îlot auquel accrocher ma raison.
Je te vengerai.
A nouveau ces trois mots, mais mon esprit était clair désormais, et ma folie contenue. Je fermai les yeux, me concentrant sur eux. Je vis... une chambre, un lit, une fille, les poignets attachés. Mon hôte ? Non, elle lui ressemblait, sa soeur. Un silhouette s'approcha, indistincte, elle ne savait pas qui était le coupable. Je senti la haine emplir ma vision. J'aurai du ouvrir les yeux, avant de me laisser submerger, mais je devais comprendre. Alors, tel un raz-de-marée, la violence de la peine m'envahi. Je m'attendais à une haine sans borne, mais c'est la tristesse de la perte qui me submergea. Je souffris avec mon hôte, partageant, pour un instant au moins, toute sa douleur.
J'ouvris les yeux, pour voir son corps nu qui me faisait face. Elle me regardait d'un air étrangement résigné, presque suppliant.
- Vous êtes venu vous venger ?
- Non, je ne te ferai rien, rendors-toi, je n'existe pas.
Elle se rendormit. Je remis délicatement la couette en place. D'un geste, je fis également disparaitre les tâches de sang qui maculaient le sol. Ma main ne me faisait déjà plus mal, même si des marques rouges la zébraient encore, mais je n'avais plus besoin de douleur. Je savais que cela ne suffirai pas à expier mon crime, mais un pas avait été fait. J'avais résisté à la tentation et partagé la souffrance qu'il pouvait provoquer. Je déposais un baiser sur le front de mon hôte. Une vague laiteuse parcouru son corps un instant. L'oeuvre était accomplie, elle était marquée.

A Demain, pour le meilleur ou le pire.

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Onirian, men in black.


  
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3 Commentaire Onirian, exercice n°18, texte n°3 - Narwa Roquen (Ven 12 jun 2009 à 21:00)


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