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 WA-Exercice 18 - 3 Personnages - A et C Voir la page du message Afficher le message parent
De : Onirian  Ecrire à Onirian
Page web : http://oneira.net
Date : Mardi 2 juin 2009 à 17:55:19
Deuxième texte et donc deuxième visite, avec un personnage bien différent du premier.
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J'avais quitté la banlieue pour m'approcher du centre. Je faisais face à un immeuble d'au moins huit étages, et évidement, mon hôte occupait le dernier. Le bâtiment semblait solide, mais déjà défraîchi, une de ces constructions que l'on enchainait dans les années quatre-vingt, carré, formaté, sans saveur. Il se trouvait au milieu d'une forêt de ses congénères, tous aussi hideux les uns que les autres.
J'entrai sans problème notable dans le hall et remarquai de suite une pancarte sur l'ascenseur : En panne. Vu l'état de saleté du bout de carton, cela ne devait pas dater d'hier. Je soupirai, plus par habitude que par véritable soucis à vrai dire, mon corps ne ressentait plus la fatigue de la même manière qu'avant et huit étages ne représentaient tout au plus qu'un léger contretemps sans conséquence.
Je m'engouffrai donc dans la cage d'escalier et entrepris de gravir les marches. Huit fois vingt pas plus loin, j'arrivai sur un palier désert qui donnait sur deux portes condamnées et une renforcée. En m'approchant de cette dernière, je ressentis un malaise étrange, comme si une voix me murmurait de partir, en posant ma main sur le bois, l'impression se renforça. Je passai outre et entrai. Je vis de suite une caméra qui me filmait tandis que des myriades d'attrape-cauchemars, de crucifix et autres talismans couvraient les murs de cette entrée. La plupart ne dégageaient aucun pouvoir, mais, dessiné sur la porte que je venais de franchir, un pentacle orné de runes pulsait en rythme régulier. L'impression de malaise venait essentiellement de lui, mais seul, il n'avait la capacité de m'arrêter. Alors que je m'apprêtai à faire un pas, une subite intuition me fit baisser les yeux. Des fils traversaient la pièce au ras du sol, prêt à se briser au moindre faux pas pour témoigner de mon passage.
Un paranoïaque.
Soigneusement, j'avançai donc, tout en évitant les pièges. Je pris tout de même le temps de poser ma main sur la caméra afin d'effacer mon image de la pellicule. L'appartement s'étendait visiblement sur tout l'étage, d’où les portes condamnées. La première pièce que je croisais fut une salle de bain aseptisée. Plusieurs bouteilles de détergents trônaient sur les étagères dans un ordre qui ne devait sans doute rien au hasard. Je passai mon chemin. Vint ensuite la cuisine. Avant d'y poser le pied, je l'observai avec attention et y détectai un système d'alarme artisanal mais ingénieux. Mis au courant du danger, je l'évitai sans peine et pénétrai dans ce lieu. Les placards étaient rangés avec une méticulosité qui me fit presque frémir. Seule la nourriture blanche avait droit de cité, sel, sucre, farine, bocaux d'asperges ou d'oignons, lait et riz se tenaient parfaitement alignés, triés par ordre alphabétique et date de péremption. Le réfrigérateur était un écho fidèle des meubles à conserves, avec ses plats préparés à l'avance, blancs de poulet, blanquettes de veau, porcs, un pot de sauce béchamel, crèmes à la vanille, toujours rangés avec cette précision exagéré. Autant mon hôte précédent m'avait paru d'emblée agréable, autant celui-ci me révulsait ; le marquer ne me serait pas aisé.
Tout l'appartement était à l'avenant de ces pièces. Je faillis par deux fois faire tomber un précaire, mais travaillé, empilement d'objets, judicieusement placé au sortir d'un couloir. Je vis des protections contre tout et n'importe quoi, du ridicule pentacle en plastique jusqu'à des offrandes sanglantes posées sur un autel en pierre.
Plus je visitais le lieu et plus le malaise s'installait en moi, et plus je luttais pour reprendre le contrôle, plus ma nervosité s'intensifiait. Je me résolu finalement à sortir de l'appartement. D'un coup mon calme revint. Mon hôte faisait feu de tout bois, mais l'ensemble était redoutablement efficace. Cependant, maintenant que mon esprit était de nouveau au clair, je compris mon erreur. J'avais lutté contre mon environnement au lieu de le comprendre. Armé de cette idée, je franchis à nouveau le seuil, et avant d'avoir pu subir la moindre influence je posais directement ma main sur le pentacle de la porte.
Je vis un homme, la trentaine avancée, crâne rasé, le regard fiévreux, entrain de dessiner le motif en forme d'étoile. Il marmonnait sans cesse des paroles inconstantes qui évoquait "la personne qui viendra" ou le fait "qu'il ne la laisserai pas faire". A la vérité, cet homme là était tout simplement terrifié. Se pourrait-il qu'il ait prémédité ma venue ? Dans cette vision, je voyais l'appartement en travaux : les murs nus étaient recouverts de symboles kabbalistiques dessinés avec soin. J'ôtai ma main de la porte, et me retrouvai à nouveau dans la pénombre. Les murs étaient désormais recouverts d'un papier peint moucheté, neutre, mais maintenant que j'en avais conscience, je pouvais percevoir en filigrane ce murmure qui me disait de fuir. Mon hôte avait conçu ce lieu comme une forteresse. Pourquoi ?
Chaque fois que je touchais quelque chose en me concentrant, les visions qui me venaient étaient parcellaires : je ressentais la peur, je percevais la fonction de tel ou tel instrument dans le grand dessein protecteur de l'appartement mais rien de plus. Il me faudrait explorer directement les songes de l'homme que je devais marquer.
Je rejoignis sa chambre qui ne contenait que son lit, placé exactement au centre de la pièce. Des dizaines de courbes dessinées aux murs, au sol et au plafond formaient un motif familier aux allures géométriques que j'eu du mal à identifier au premier abord, avant de comprendre l'évidence : un attrape-cauchemar géant. Je tentais de m'infiltrer dans l'esprit de l'homme endormis face à moi, mais en vain, la protection semblait puissante. Il me semblait étrange qu'un simple humain, je ne percevais aucun pouvoir particulier en lui, en sache autant sur ce genre de pratiques. D'une main, j'effaçai une portion de ligne et retentai l'expérience.
Je fus projeté dans un monde noir, empli de cris. Au centre, conséquence du fait que j'avais brisé la protection de l'attrape-cauchemar pour passer, mon hôte subissait manifestement une violente attaque de démons et les maintenait à distance en psalmodiant, un peu plus loin, une jeune fille, rictus mauvais au visage, vêtements en lambeaux, du sang au coin des lèvres et avec des marques de strangulation autour du cou, exhortait ses créatures à dévorer l'âme du monstre. Avec cette limpidité nouvelle pour les choses de l'esprit qui me caractérisait désormais, je compris instantanément ce qui c'était passé. Cet homme était mauvais, il avait violé et tué la fille, mais celle-ci maîtrisait visiblement l'usage de nombreux arcanes mystiques et se vengeait, usant de tout le poids de son esprit et de ses connaissances pour pallier à son absence de corps. C'est ainsi que mon hôte avait appris la magie, en la combattant nuit après nuit. Il en était devenu complètement paranoïaque. Je compris que je pourrai lui apporter la paix et, ce faisant, la jeune fille l'obtiendrait également. Je n'avais pas besoin d'en savoir plus. Je sortis du rêve et me retrouvai dans sa chambre.
Alors que je m'apprêtai à faire un pas, pour toucher la joue de l'homme, celui-ci se réveilla, ses yeux injectés de sang fusillèrent les miens, il me pointa du doigt :
- Vous... je...
Je savais exactement comment gérer ce genre de cas. Je lui présentai ma paume et murmurai :
- Rendors-toi, je ne suis qu'un rêve, tu te réveilleras au matin, et je n'aurai jamais existé.
Ses yeux s'écarquillèrent, luttèrent un instant, mais rendirent les armes tout de même. Il se rallongea, plongeant dans un sommeil protégé de toute pensée. Depuis combien de temps n'avait-il pas eu une nuit sereine ? Je ne pu réprimer un frisson, j'abominai son crime, mais ne le comprenais que trop bien. Je m'approchai doucement de lui pour caresser sa joue, la même vague blanchâtre que pour le vieil homme parcouru son corps. L'oeuvre était accomplie, il était marqué.

Au suivant.

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Onirian, petit kopate.


  
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3 Commentaire Onirian, exercice n° 18, texte n°2 - Narwa Roquen (Lun 8 jun 2009 à 23:23)


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