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 WA-Exercice 18 - 3 Personnages - A et B Voir la page du message Afficher le message parent
De : Onirian  Ecrire à Onirian
Page web : http://oneira.net
Date : Mardi 2 juin 2009 à 14:10:45
Une fois n'est pas coutume, publication en trois étapes, une pour chaque visite, et voici la première.

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Intimité


Alors j'y étais.
Je me tenais debout devant une grande maison individuelle. Une porte de garage en bois blanc emplissait un tiers de la façade du rez-de-chaussée, tandis que des fenêtres ornées de barreaux en fer forgé occupaient le reste. Un escalier extérieur barrait le bâtiment pour amener à l'étage où une grande baie vitrée donnait un aspect contrasté et presque fragile à l'ensemble. La nuit était douce, et la lune teintait les choses les plus anodines d'une magnifique lueur bleutée aux allures de magie.
Je ne savais pas grand-chose de cette première maison, ni de son unique occupant. Cette nuit était ma première, un baptême en quelque sorte. Un retraité y vivait, mes connaissances s'arrêtaient là. J'avais demandé à ce que mon premier marquage soit pour une personne âgé, il me semblait que ce serait plus facile ainsi. J'avais bien conscience de ne rien risquer, mais pourtant je ne pouvais empêcher mes mains de trembler légèrement. Minuit venait de sonner, il était temps pour moi de commencer ma besogne, d'autant plus que j'avais trois visites à faire cette nuit là.
Je pris l'escalier extérieur, des marches bétonnées et une rampe du même fer forgé qu'aux fenêtres du bas m'accompagnèrent jusqu'à une solide porte protégée par trois serrures. Souriant un instant devant la futilité de la protection, j'y posai mes mains, me concentrai, fis un pas : j'étais à l'intérieur.
Je me trouvais dans un couloir avec sur ma droite, directement une salle à manger que j'observai attentivement : l'ensemble semblait cossu avec de beaux meubles de style anglais, tout en courbe et en bois brillant, impression encore renforcée par de nombreux objets disposés avec goût, lampes, décorations, vases. La première impression était indéniablement bourgeoise, mais l'on m'avait appris à voir plus loin. Les pots étaient vides et je détectai sans peine des traces de poussière cachées au premier regard. Le parquet au sol, aurait mérité un nouveau cirage, cette maison allait doucement vers son déclin. L'homme vivait seul et ces signes accusaient une femme de ménage sans doute peu consciencieuse. Je tiquai également sur les coussins un peu trop bien rangés, témoin d'une absence notable de visite.
Tandis que je traversai lentement la pièce, une étrange impression m'envahi ; ce n'était pas exactement un viol, j'étais bien placé pour le savoir, mais il y avait du voyeurisme dans mes actes et étrangement cela me gênait un peu. La baie vitrée, voilée de rideaux soyeux légèrement grisonnant, éclairait la pièce de sa lumière fantomatique. J'aurai pu allumer, mais pour cette première fois, je désirais une certaine intimité. Une chaine hifi était cachée dans un meuble un peu trop moderne pour l'ensemble. Des disques empilés me renseignèrent sur les goûts de mon hôte. Chopin, Bach, Mozart et Vivaldi côtoyaient quelques accordéonistes plus récents, quoique d'aucuns les auraient qualifiés de vieillots. Un peu de musique m'aurait sûrement aidé... mais je me retins et passai au salon. Une immense bibliothèque occupait tout un pan de mur tandis que les autres étaient garnis de tableaux de maîtres, Manet, Degas, Gauguin, Cézanne, et même un De Vinci, un peu décalé au milieu de ses compagnons. Des copies, évidement. Deux fauteuils en cuir, dont un passablement usé, ainsi qu'un divan occupaient le centre de la pièce, regroupés autour d'une table basse sur laquelle était posée un verre quasiment vide ; à l'odeur, un excellent whisky. Je parcourus des yeux la tranches des livres, m'étonnant de ma propre capacité à lire alors même que la pénombre régnait, un autre des nombreux avantages de mon état. J'y vis le nom de grands philosophes, avec une nette prédilection pour le siècle des lumières, de Voltaire à Rousseau et de Hume à Diderot. Une encyclopédie en trente volumes aussi, et divers auteurs classiques comme Flaubert, Zola, Balzac, Hugo ou plus récent comme Eco ou Coelho ... Plus étonnant, une très large section consacrée à l'occulte. Je passai rapidement sur les ouvrages traitant des templiers ou de la franc-maçonnerie et m'attardai sur quelques vieilles éditions du Grand Albert, du Dragon Rouge ou encore de la Poule Noire, mais ce fut finalement un titre un peu moins connu qui m'attira le plus et que je pris en main. Une réédition de qualité, sobre avec sa couverture blanche ; L'Alchimie et son Libre Muet ou Mutus Liber. Une série de gravures ornaient l'intérieur, sensées cacher autant que dévoiler mains secrets. Les pages étaient usées, cornées pour certaines, parfois annotée au crayon à papier, ce livre avait été lu et relu, mieux, il avait été étudié. Je choisis une page au hasard, me concentrai et fermai les yeux.
Je vis un vieil homme, courte barbe grisonnante, un léger embonpoint, mais avec l'oeil vif. Il était penché sur une table, non, un bureau, et il faisait jour. Son doigt pointait un détail de l'image, un personnage visiblement, puis il se retourna et feuilleta d'autres manuscrits, certains semblaient assez anciens. Je pu distinguer quelques noms, Fulcanelli, Papus, Byron... Il murmura un vague "non, ce n'est pas la bonne direction...", réfléchit un instant, puis reprit son étude.
J'ouvris les yeux, à nouveau seul, dans ce salon teinté par la Lune. J'avais vu le visage de mon hôte. Je pensais que marquer quelqu'un au crépuscule de sa vie me serait plus aisé, mais tant de connaissances... Presque à mon corps défendant, j'éprouvais déjà le une certaine amitié pour lui.
Je reposais le livre exactement à sa place, quittant les lieux sans doute un peu trop précipitamment. Je me retrouvais par je ne sais quels détours dans la cuisine. Autant la salle à manger était vide de vie et le salon habité, autant cette cuisine était un véritable champ de bataille. Le vieil homme n'avait pas dut y mettre les pieds depuis des années. Des détritus s'amoncelaient, cartons de nourritures préparées, plastiques divers, vaisselle sale empilée ou encore vieux journaux étaient posé là sans égards. Mais comment vivait-il ? Je touchais le journal le plus récent, bien qu'il soit déjà vieux d'une dizaine d'année. En un flash, je vis l'homme assis à cette table, entrain de pleurer sa femme. Elle s'était suicidée. Il comprenait, mais n'acceptait pas. Cette pièce était son royaume, il n'y mettrait plus jamais les pieds. Je lâchai le papier, la vision s'arrêta instantanément. La femme de ménage le savait et utilisait probablement le lieu comme un débarras. Je m'étonnai de constater avec quel empressement ce ménage était fait, pour se contenter de donner une illusion de propre, mais sans la moindre profondeur. Je souris songeant à l'état de mon propre appartement, je n'étais pas véritablement bien placé pour lui jeter la première pierre.
Quelles étaient les consignes ? En apprendre suffisamment pour aimer son hôte. Lorsque j'avais protesté, indiquant que je risquai de rencontrer des personnages détestables à tous égards, mes maîtres m'avaient répondu que cela n'était pas, qu'il fallait simplement faire un effort supplémentaire pour mieux les comprendre. Je me rendis compte que ma sympathie pour le vieil homme lui était déjà acquise, un homme cultivé, entier, qui avait connut l'amour et reconnaissait ses propres faiblesses. Et même si ma dernière vision m'avait laissé une étrange amertume, c'était quelqu'un que j'aurai aimé devenir si j'avais pu...
Je me dirigeai donc vers sa chambre. D'autres pièces restaient évidement à découvrir, mais je n'avais pas besoin d'en savoir plus, l'important n'était pas l'exhaustivité mais la sincérité. Je trouvai le lieu de repos sans avoir véritablement besoin de le chercher. Ce sixième sens qui me guidait désormais avait encore quelques aspects déroutants. La pièce était spacieuse, de long rideaux en velours empêchaient la nuit d'entrer, et le parquet du sol, quoiqu'ancien, ne grinçait pas. Il était là, dans ce lit. Je m'approchai doucement. De son visage, plus ridé que dans mes visions, émanait une paix éphémère, le repos d'un guerrier qui sait qu'une bonne nuit de sommeil peut éviter de perdre le combat du lendemain. Je restai là, à le regarder plus qu'il n'était nécessaire, gravant son essence dans ma mémoire.
Je posais alors ma main sur sa joue. Des images fugaces de son rêve vinrent cogner à mon esprit, mais je les repoussais doucement, je voulais lui laisser cela. Le contact de sa peau était sec, un peu rugueux peut-être. Une caresse, je vis des reflets laiteux partir de ma main et parcourir le corps de mon hôte. L'oeuvre était accomplie, il était marqué.

Au suivant.

--
Onirian, un marqueur à la main.


  
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Réponses à ce message :
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-06-08 22:29:22 

 Commentaire Onirian, exercice n°18, texte 1Détails
Une ambiance doucement faërique pour ce texte tout à fait intriguant. La consigne est parfaitement respectée, tu prends le temps de faire des descriptions qui ont du sens, et tout ce qui n’est pas descriptif pique agréablement notre curiosité. Et bien sûr, on meurt d’envie de connaître la suite !
Ton mystérieux personnage attire la sympathie, même si sa démarche intrusive reste un peu suspecte. On le sent attentif, respectueux de l’autre, et son côté « débutant » s’étonnant lui-même de ses capacités, lui donne une petite note juvénile tout à fait plaisante.
Quelques remarques de style :
- maison individuelle : c’est le terme qu’emploient les vendeurs. Parce qu’en fait, une maison non individuelle, c’est un immeuble...
- impression : employé 3 fois en 10 lignes
- les pots étaient vides : quels pots ? Les vases ?
- le parquet au sol ( du sol, un peu plus loin) : en général, le parquet est au sol...
- le siècle des Lumières mérite bien une majuscule, de même que les Templiers


L’orthographe : je regroupe
- manquent de « s » : tout en courbe, rideaux grisonnant, auteurs récent, journaux étaient posé, vieux d’une dizaine d’année
- verbes : tandis que je traversais lentement (on peut dire « je traversai lentement », mais pas « tandis que je.. » ; je sais que ça a l’air absurde, mais ça ne l’est pas), m’envahit, j’aurais pu allumer, je pus distinguer, je me retrouvai, le vieil homme n’avait pas dû, je touchai le journal, je risquais de rencontrer, qui avait connu l’amour, j’aurais aimé devenir, je posai alors ma main, je les repoussai doucement
- et en vrac : une personne âgée, cette nuit-là, évidemment, la tranche des livres, maints secrets, j’éprouvais déjà une certaine amitié, cartons de nourriture préparée, en train de pleurer, je souris en songeant


Bon, et maintenant, la suite !
C’est toujours très long de te commenter, mais je m’accroche parce que tu le mérites. Fais-en autant !
Narwa Roquen,presque débordée!

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