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De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Samedi 7 mars 2009 à 22:07:13
L'histoire se développe. il y aura un autre épisode, au moins... bon courage.

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UN MOMENT D’EGAREMENT

2


« Bonsoir, dit André en s’accoudant sur le comptoir de la réception. Ma voiture est tombée en panne sur la départementale et je voudrais savoir si je pouvais téléphoner afin d’obtenir de l’aide. J’ai une réunion extrêmement importante demain à X... «

Les yeux du réceptionniste s’arrondissent encore plus au-dessous des sourcils qui s’arquent presque comiquement. Il fait mine de fermer le grand registre, interrompt son geste puis en se raclant la gorge, répond à André :
« Bonsoir monsieur. C’est avec plaisir que je vous aurais aidé mais malheureusement, nous n’avons pas de téléphone. »
« Pas de téléphone ? Et ça ? S’étonne André en désignant un antique combiné téléphonique, mélange rococo de cuivre rutilant et de vieil ivoire, posé à l’extrémité du comptoir.
« Heu... heu... bredouille le réceptionniste. Oui, celui-là.... En fait, il ne convient pas, il n’est pas raccordé au réseau téléphonique... il est inutilisable pour appeler l’extérieur! »
« Comment ça pas raccordé ? Vous n’allez pas me faire croire qu’il n’y a pas d’autre téléphone dans tout l’hôtel ? » Réplique André gagné par l’énervement.
« Vous n’êtes pas non plus dans un hôtel... enfin... pas au sens traditionnel. C’est plutôt un club privé dont l’accès est strictement réservé. Et pour répondre à votre question, non... ceux qui viennent ici n’en ont pas réellement besoin!»
« Mais... mais...comment je vais faire pour appeler une dépanneuse ou un taxi ? » André sent la situation lui échapper. Et il a horreur de ce qu’il ne peut maîtriser.
« Tout n’est pas aussi sombre que vous le craignez monsieur ! » Le réceptionniste lui décoche un sourire assez forcé. « Si vous retournez sur la route, et que vous faites environ trois kilomètres vers X..., vous allez tomber sur un vrai hôtel-restaurant, le «Rendez-vous des chasseurs ». Là-bas, vous trouverez de l’aide. »

André réfléchit. Trois bornes, ce n’est pas le bout du monde. Il en a pour combien, même pas une heure en marchant vite. Il consulte sa montre. Il sera là-bas avant minuit. Rien n’est perdu. Evidemment, sous la pluie, mais c’est mieux que rester planter là. A cet instant, dans son dos, une autre voix, plus grave et plus ferme, l’interrompt dans ses réflexions.

« Il n’en ai pas question ! Monsieur sera notre invité pour cette nuit et demain matin très tôt, nous trouverons une solution pour que vous soyez à l’heure à votre rendez-vous. »

André se retourne vivement et se retrouve face-à-face avec un autre personnage, aux tempes grisonnantes, aux yeux profonds et lumineux, vêtu également d’un uniforme strict, gris souris. Il tient une sorte de canne de cérémonie dans une main, une canne au pommeau ciselé et au bout ferré.

« Laissez-moi me présenter, dit-il en s’adressant à André, je suis le concierge et il m’appartient d’apporter la meilleure réponse aux exigences des clients ! »
« Mais monsieur n’est pas... il n’est pas un de nos membres, intervient le réceptionniste, ennuyé. Il est ici parce que sa voiture est en panne au bord de la route! Je pense qu’il vaut mieux pour lui qu’il puisse rejoindre X.... cette nuit. Je lui ai conseillé d’e rejoindre le Rendez-vous des Chasseurs ...».
« Attendez, le coupe assez sèchement le concierge, il y a une place pour chaque chose et un temps pour tout. Il entre clairement dans mes prérogatives de prendre en charge nos clients, pas dans les vôtres. Donc votre conseil est mal venu. Je vous rappelle que nous sommes mercredi et que c’est le jour de fermeture du Rendez-vous. »

André est perplexe. La scène est assez surréaliste. Le ton catégorique du concierge a ébranlé sa confiance toute neuve. Si l’autre hôtel est fermé, il va marcher pour rien et perdre beaucoup de temps. Il interroge à nouveau son mobile. Aucun signal.

« Est-il possible que vous puissiez m’emmener jusqu’à X... maintenant, tout de suite ? » dit-il sur un ton impatient.
« Hélas, cela ne se peut... en aucune façon... voyez-vous. Mais demain matin, une heure avant l’aube, j’attends une livraison. Vous pourrez repartir avec le livreur. Vous serez avant 8 heures à X... et jusque là, vous pourrez vous reposer tranquillement et gracieusement dans l’une de nos chambres. Qu’en dites-vous ? » Le concierge s’est approché tout près, vissant son regard dans celui d’André.

Celui-ci hausse finalement les épaules. Quelles sont les autres alternatives ? Il acquiesce en opinant du chef.
« J’ai une valise dans le coffre avec mes effets personnels... » interroge-t-il.
« Je m’en occupe... si vous me donnez les clés de votre voiture. » Le concierge ouvre la main, paume ouverte. De l’autre côté du comptoir, le réceptionniste est de plus en plus mal à l’aise. André fouille ses poches, extirpe la clé de l’Audi et la tend au concierge. Celui-ci n’esquisse aucun geste pour s’en saisir. André hésite puis la dépose sur la paume tendue. Le concierge referme lentement la main, sans quitter André du regard.

«Ainsi soit-il ! murmure-t-il. Puis il se retourne et s’adresse au réceptionniste, avec une certaine emphase dans la voix : « Je vous confie notre hôte. » Il sort par une porte latérale. Le réceptionniste a l’air accablé. En poussant un long soupir et il saisit une clé accrochée au tableau derrière lui.

« Bien, cela est dit. Je vais vous donner la 8. Elle dispose d’une petite salle d’eau. Un chasseur viendra vous y conduire dès qu’elle sera prête.» Il appuie sur un bouton invisible pour André. Celui-ci souffle un petit peu : après toutes ces péripéties, la perspective d’une bonne nuit de repos est tentante. Il ignore les questions qui le démangent. Au contraire, il prend le temps d’apprécier le marbre blanc veiné de gris des colonnes qui forment une sorte de péristyle le long de la circonférence de la vaste pièce. André n’est pas un amateur de vieilles pierres mais il ne peut qu’admirer les lignes épurées des frises géométriques qui courent sur tous les murs. Le hall de réception lui paraît grand, bien plus grand que... il chasse encore cette pensée dérangeante. Le mobilier, les profonds canapés et les moelleuses méridiennes, est d’une facture classique et raffinée que André se hasarde à qualifier d’inspiration belle époque. Quelques plantes vertes grimpantes encadrent une petite fontaine qui chante au centre d’un bassin entièrement recouvert de petits carreaux de faïence multicolores, aux teintes marines et chatoyantes. André est sous le charme qui se dégage de cet endroit, bercé par une atmosphère apaisante et confortable La tension a disparu et il se sent parfaitement détendu. S’il n’était pas attendu demain...

«Monsieur... ! » Le réceptionniste tousse discrètement pour attirer son attention. « Ecoutez bien ce que je vais vous dire. Cette nuit, quoi qu’il se passe, quoi que vous entendiez... restez dans votre chambre. N’en sortez pas. Dans votre chambre vous ne risquez rien ! »

André se prépare à répondre quand un parfum lourd et opiacé flatte ses narines. Une silhouette s’avance vers le comptoir. C’est une femme élancée et aérienne, une femme d’une grande beauté. Ses vêtements sont à son image, vaporeux et précieux. André pense à une de ces gravures de mode, une de ces icônes de grand couturier. Balenciaga ou Yves Saint-Laurent auraient pu signer ces pièces de tissu qui volent autour d’elle, rehaussant la fluidité de son corps et l’élégance de son maintien. Elle est habillée si habilement qu’elle pourrait être nue. André est fasciné. Il n’a jamais croisé dans sa vie une telle femme. Son visage est un masque impassible et distant qui effleure les objets et les êtres, détails insignifiants et vulgaires. Une forme de détachement énigmatique. Sur sa gorge satinée, un collier fleuri de feuilles d’or draine les regards d’André. C’est le genre de bijou qu’il a pu contempler sous les châsses abritant les collections égyptiennes au Grand Palais. En fait, il se trompe mais ce n’est pas grave : Sumer n’est pas si éloignée que ça d’Alexandrie, sur une mappemonde au 1/200.000. L’apparition parvient à hauteur d’André. Elle ne lui accorde qu’un seul et impénétrable regard tandis que lui, éperdu, quémande encore mais les paupières soulignées de khôl se sont déjà détournées.

A cet instant, une envie irrésistible de se jeter à ses pieds le submerge. Il est prêt à lui offrir son corps et sa vie... sa liberté et sa condition... devenir son esclave éternel... et au diable les réunions et les projets. Une ombre voile son coeur et il se retrouve près d’une très jolie inconnue qui saisit la clé que lui tend le réceptionniste. Sans un mot, elle emprunte l’escalier monumental qui mène aux étages, tendu d’une épaisse moquette de velours cramoisi. Sur chaque marche, une barre de métal dorée maintient le tapis étroitement contre le bois aux reflets acajou. Pour André, l’inconnue paraît flotter tant son pas est léger et gracieux. Avant de disparaître, elle marque un bref arrêt et lui coule un regard dans lequel brûlent sans rémission les mondes et les pauvres coeurs humains. Un sourire hante ses lèvres et André devine qu’il lui est destiné. Puis, la magie s’estompe aussi vite qu’un rêve au réveil et elle n’est plus.

Par une curieuse association, les paroles de la chanson dans la voiture s’impriment dans son esprit :

There she stood in the doorway;
I heard the mission bell
And I was thinking to myself,
’this could be heaven or this could be hell’
Then she lit up a candle and she showed me the way
There were voices down the corridor,
I thought I heard them say...


Mais aucune voix ne s’élève du fond du couloir.

M


  
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