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 WA, exercice n°52 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Dimanche 4 janvier 2009 à 23:08:38
En forme? Le dernier chocolat a été digéré? L'esprit est redevenu clair, sagace et imaginatif? Fort bien , car voici un joli challenge... Vous allez écrire un conte pour enfants; pour simplifier, nous dirons que votre cible est un enfant de 7 à 10 ans, donc qui sait lire et possède un peu de vocabulaire. Il vous faut juste une histoire simple, cohérente, sans violence extrême, et avec une morale, que vous n'êtes pas obligés d'expliciter ( il ne faut pas prendre les enfants pour des imbéciles!). Le thème, bien sûr, doit faire partie des préoccupations habituelles de l'enfance.
Pour ceux qui penseraient que c'est un art mineur, je rappellerai que Michel Tournier (Académie Goncourt) pense qu'il n'y a rien de plus difficile, et que parmi les prix Nobel de littérature, nous trouvons R. Kipling en 1907, S. Lagerlöf en 1909, W. Golding en 1983...
Pas de panique! Pour ceux qui manqueraient d'inspiration, demandez-vous simplement quelle histoire vous auriez aimé lire quand vous étiez enfant...
Vous avez un peu plus de deux semaines, jusqu'au jeudi 22 janvier. Et je vous garantis une évasion totale pendant que vous écrirez, mieux qu'un billet d'avion pour les Seychelles ( où d'ailleurs on tranpire, on attrape des coups de soleil, il y a des moustiques etc...)
Narwa Roquen


  
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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-01-21 13:28:52 

 WA 52 : participation 1/2Détails
Les ptits chiffres renvoient au lexique en bas...
Edit pour corrections suite aux remarques de Narwa, Z et Elemm'.

Tsuki no shijo
(1)




Il y a bien longtemps, dans la province d’Izumo, vivait un guerrier du nom d'Asano Miyatori. Il était droit, loyal à son seigneur et ne connaissait pas la peur. Il gouvernait un petit village, dans une vallée entourée de montagnes escarpées. Ses sujets étaient des gens simples et tranquilles, cultivant le riz et vivant au rythme des saisons. Asano était vieux et il aurait pu poser les armes et consacrer ses derniers jours à la culture des bonsaïs. Mais son coeur ne connaissait pas la paix.

En effet, chaque année, à la même époque, une troupe de démons attaquait la vallée. A trois reprises, ils étaient venus, menés par leur chef, une créature blafarde et décharnée du nom de Hyoro. A trois reprises, Asano Miyatori avait revêtu son armure d’écailles, laquée de rouge et décorée de son emblème : le pinson. Il avait réuni ses samouraïs et ils avaient affronté la horde grimaçante. Ils avaient repoussé l’ennemi mais à quel prix ? Les samouraïs n’étaient plus désormais que neuf et Asano, bien que déterminé à lutter jusqu’à la mort, tremblait pour son peuple. Il sentait sa fin prochaine et se désolait de n’avoir jamais pris femme et de n’avoir point de fils pour continuer le combat en son nom.

Un jour, il fit appeler tous ses guerriers. Ils entrèrent un à un et s’inclinèrent respectueusement. Ils avaient fière allure, avec leur kimono, leur hakama, le pantalon large des samouraïs et les geta, les sandales de bois traditionnelles. Tous portaient leurs cheveux relevés sur le sommet du crâne, étroitement serrés en chignon. Asano garda un instant le silence, puis, il déclara :
« Honneur à vous, qui m’avez fidèlement servi. Voici venir un nouveau combat car dans trois mois, les étoiles s’aligneront de nouveau et les yokai (2) seront là. Quelle que soit notre détermination, je sais que nous ne pouvons l’emporter. »
L’un des samouraïs, un solide gaillard, l’oeil droit barré d’une cicatrice, s’avança alors et dit :
« Honorable shomyo (3), nous ne connaissons que la victoire ou le trépas. Chaque matin, nous nous réveillons en souriant à la mort prochaine, comme le dicte la voie du guerrier. Nous vous suivrons. »
Asano sourit et répondit :
« Comblé est le maître qui possède des serviteurs tels que vous. Mais si nous mourons tous, le village sera sans défense et je ne puis m’y résoudre. Je vais aller dans la montagne et implorer l’aide des dieux. »

Il partit le lendemain à l’aube, muni seulement d’un bâton de marche et d’une gourde d’eau claire. Pendant une semaine, il erra dans la montagne, jeûnant et purifiant son âme au contact de la nature. Puis, il invoqua Amaterasu, la radieuse déesse du soleil. Il pria de toutes ses forces pendant un jour entier et finit par s’effondrer, épuisé. Amaterasu, dans sa demeure céleste, entendit ce mortel. Impressionnée par son courage, elle fut sensible à sa requête. Elle alla trouver son frère, Tsukuyomi et le pria de bien vouloir descendre sur Terre. Celui-ci prit alors une forme humaine.

Asano s’éveilla à la nuit tombée et s’assit. Soudain, à deux pas de lui, un éblouissant rayon de clarté frappa le sol. Une femme d’une merveilleuse beauté descendit de l’astre lunaire et se tint devant lui. Elle était vêtue de la soie la plus fine et son épaisse chevelure caressait ses chevilles. Elle parla et sa voix était douce et grave :
« Je te salue, shomyo de la vallée. Je suis venue exaucer ton souhait. Sois mon époux pour cette nuit et à ton réveil, tu trouveras réponse à tes prières. »

Ainsi fut fait et, quand Asano ouvrit les yeux au matin, il trouva à son chevet deux jeunes hommes qui le veillaient. Tous deux avaient le teint de nacre et en tous points la même figure. Leurs corps étaient souples et solidement bâtis. L’un avait les cheveux aussi pâles qu’une averse de neige et un kimono opalin.
« Père, dit-il, je suis le premier fils que tu as eu de la Lune. Je suis né de ses rayons éclatants et je me nomme Hikari (4). »
L’autre avait une chevelure de ténèbres et un kimono aussi sombre que la nuit.
« Père, dit-il, je suis le second fils que tu as eu de la Lune. Je suis né de son nimbe d’obscurité et je me nomme Hikage (5). »
Asano se sentit empli de joie et de reconnaissance en les voyant et il les ramena promptement au village.

Là, il commença à leur enseigner les armes. Il leur apprit l’art du yumi, l’arc long du samouraï, et celui du katana. Les jumeaux se montrèrent merveilleusement doués et, avant que sept jours se fussent écoulés, ils étaient devenus aussi forts que leur père. Ils avaient également le plus heureux caractère, se montrant vertueux, serviables, et ne s’octroyant nul repos durant leur entraînement. Hikage était cependant le plus calme des deux et Hikari le plus dynamique. Ils étaient inséparables dans tout ce qu’ils entreprenaient, buvant à la même tasse et dormant sur le même futon.

Cependant, dans le monde des morts, les monstres s’assemblaient autour de leur chef. Celui-ci était grand et si maigre que les côtes lui sortaient par endroits de la poitrine. Sa chair était blême et ses cheveux aussi rouges que le sang. Les monstres s’adressèrent à lui en grognant :
« - Hyoro, nos ventres sont vides. Nous avons faim de chair humaine !
- Patience, car le temps ne sera plus long où je pourrai ouvrir la porte vers le monde des vivants. »

Asano, ayant enseigné tout ce qu’il savait à ses fils, les convoqua et leur dit :
« - Votre bras est puissant. A présent, pour éduquer votre esprit, vous irez trouver le Maître de la Montagne aux Pêchers, l'être le plus sage de toute la province. Voyez-vous ces montagnes au loin ? Il réside au sommet de la plus haute d'entre elles.
- Quel est son nom ?
- Je ne le connais point.»

Les deux jeunes guerriers s'inclinèrent devant leur père, prirent leurs arcs et s'en furent d'un bon pas. Ils longèrent la vallée et les paysans, penchés sur la boue des rizières, se relevèrent pour les saluer. Puis, ils commencèrent de gravir la montagne. Plus ils montaient et plus la végétation était rare. Bientôt, il ne resta que quelques pins aux troncs tordus, accrochés aux rochers. Et plus ils montaient, plus il faisait froid. La bise les mordait cruellement et les bourrasques menaçaient de les jeter au sol. Hikage trébucha le premier et sa volonté faiblit. Alors, son frère revint en arrière et lui dit :
« Gambatte (6) ! »
Et Hikage se releva et avança à nouveau. A présent, la neige tombait serrée et les mains des fils de la Lune étaient tout ensanglantées par l'escalade. Hikari tomba à son tour et demeura sans forces. Son frère vint à ses côtés et lui offrit son bras. Finalement, ils rallièrent le sommet et là - Ô merveille - une chaleur printanière baignait un verger de pêchers en fleurs. Les deux guerriers s'avancèrent sous une pluie de pétales roses mais ils ne purent trouver le Maître. Le seul habitant du verger était une vieille tortue terrestre, à la carapace couverte de cratères. Agacé, Hikari dit :
« Nous perdons notre temps ! Il n'y a pas de sage ici.»
Alors, la tortue releva la tête et déclara :
« Malavisé est celui qui se fie à l'aspect des choses.»
Confondu, Hikage demanda poliment :
« - Sumimasen (7), êtes-vous le Maître de la Montagne aux Pêchers ? Nous ne connaissons
point son nom.
- Je le suis et je ne possède rien, pas même un nom.»

Ainsi commença la formation des deux frères avec la tortue. Elle leur enseigna la méditation et cela ne fut pas aisé car ils étaient jeunes et impétueux. Elle leur révéla leurs pouvoirs, celui de la lumière pour Hikari et celui des ombres pour Hikage, et ils apprirent à les invoquer. La tortue parlait peu et souvent par énigmes. Elle pouvait voir toutes les époques et maints lieux en même temps mais n'en disait jamais rien. Un soir, le maître et ses disciples se concentraient en silence sous un pêcher aux branches chargées de fleurs. La tortue demanda :
« Quel est le but de votre vie ? »
Et les deux frères de répondre ensemble :
« La victoire, sensei (8 ). Nous avons hâte d'aller au combat !
La tortue resta un instant silencieuse puis, elle souffla par les narines et dit :
« La vraie sagesse est parfois dans l’immobilité. »
Les semaines passèrent et l'heure de la bataille approchait. Hikage avait le front soucieux tandis que Hikari marchait de long en large. Ils interrogèrent leur maître :
« Sensei, vous qui connaissez le passé et le futur, nous direz-vous comment l'emporter contre nos ennemis ? »
La tortue allongea son cou ridé et répondit :
« La plus grande révélation est le silence. »
Et ils n'en eurent pas un mot de plus.

Quand elle les jugea prêts, la tortue leur dit :
« Vous êtes à présent maîtres de votre mental. Je vais vous indiquer où vous trouverez deux katana qui vous sont destinés. Ces lames sont des parties de vous. Dans peu de temps mais il y a des années, je les cacherai derrière une cascade. »
Elle leur enseigna le chemin et ils partirent après l'avoir remerciée pour tout. Ils redescendirent la montagne et, comme ils arrivaient à l'orée d'une clairière, ils virent une étrange créature. Grande comme un homme et debout sur deux pattes, elle ressemblait à un chat aux longues moustaches. Mais elle possédait deux queues et était habillée d'un kimono de brocard pourpre. Reconnaissant un esprit, les fils de la Lune encochèrent aussitôt une flèche à leur arc. Mais l'enseignement de la tortue leur revint et ils y regardèrent à deux fois. L'esprit-chat ne portait pas d'arme et faisait paisiblement chauffer de l'eau sur un petit feu. Ils rangèrent alors leurs arcs et s'avancèrent entre les arbres :
« - Konnichi wa (9), honorable voyageur. Nous permets-tu de partager ton repos ?
- Tout le plaisir sera pour moi, nobles samouraïs. Puis-je vous offrir une tasse de mon humble thé ? »
Le chat les servit dans des tasses d'or fin. Puis il se lissa la moustache et reprit :
« - Je suis Kuchisama, le roi des bakeneko du sud.
- Nous sommes Hikari et Hikage Miyatori, de la vallée.
- Pardonnez mon indiscrétion mais j'ai ouï dire que des yokai allaient incessamment attaquer votre village.
- C'est exact, seigneur Kuchisama. Et nous allons les combattre.
- Alors que les dieux vous aident dans votre entreprise. »
Les deux frères s'inclinèrent pour le remercier puis ils prirent congé.


(1) tsuki no shijo : les enfants de la lune
(2) yokai : esprit-monstre
(3) shomyo : seigneur mineur
(4) hikari : lumière
(5) hikage : ombre
(6) gambatte ! : continue ! n’abandonne pas !
(7) sumimasen : s’il vous plait
(8 ) sensei : maître, professeur
(9) konnichi wa : bonjour

Est', à suivre...

Ce message a été lu 6253 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-01-21 19:32:25 

 WA 52 : participation 2/2Détails
La suite !! Et pour un coup, chuis à l'heure. Incroyable...
Edit pour correction suite aux remarques de Narwa, Elemm' et Z.

----------------------------------------------------------------

Ils marchèrent pendant plusieurs jours, sans s'accorder de repos, et ils traversèrent un désert de pierres, puis une forêt peuplée de spectres terrifiants, et enfin une plaine de cendres parcourue de tornades. Mais aucune de ces épreuves ne les arrêta et bientôt, ils trouvèrent la cascade et derrière elle, une grotte profonde. Sur une pierre plate, reposaient deux épées de la plus belle facture. L'une avait une poignée blanche et l'autre noire. Hikage aux noirs cheveux prit l'épée la plus sombre et son frère fit de même pour l'autre. Mais leur intuition leur souffla que ce n'était pas ce qui convenait, aussi échangèrent-ils. Aussitôt qu'ils tinrent l'épée de la couleur opposée à la leur, ils se sentirent chacun envahi d’un grand pouvoir et d’un sentiment de plénitude. Hikari fendit l’air de sa lame et une onde blanche en jaillit. Elle traversa la caverne et alla fendre en deux l’eau de la cascade de sorte que, pendant un instant, la montagne alentours fut visible.

Reprenant la route, ils se hâtèrent vers leur village. Quand ils y arrivèrent, ils trouvèrent tout le monde en grande affliction car le seigneur Asano reposait sur son lit de mort. Les deux frères vinrent s'agenouiller à ses côtés et lui prirent chacun une main. Asano releva alors sa tête chenue et dit :
« Mes fils, je sens que vous êtes devenus très puissants et que vous me ferez honneur. Je pars tranquille. Je ne regrette que de ne point pouvoir combattre à vos côtés.»
Et sur ce, il mourut le sourire aux lèvres. Les fils de la Lune furent bien affligés mais il n'avaient guère le temps de pleurer leur père car les démons arrivaient. Ils mandèrent donc les neuf samouraïs et partirent s'équiper. Puis, tous les onze chevauchèrent vers l'ennemi. Les armures, de plaques articulées, décorées de brillantes couleurs, étincelaient au soleil. Chaque guerrier avait un épais couvre-nuque en sus de son casque et un masque grimaçant lui couvrait le visage. Les deux frères allaient devant. Leur plastron était décoré d'un croissant de lune et ils portaient d'un côté leur katana et de l'autre un wakizashi (10) plus court.

Comme la troupe longeait la forêt, des bannières pourpres en sortirent et un contingent de bakeneko aux fourrures bigarrées marcha à leur rencontre. Kuchisama s'avança. Il lissa sa moustache et héla Hikari et Hikage :
« - Vous me feriez honneur en me permettant de combattre avec vous.
- Arigato gozaimasu (11). C'est nous qui sommes honorés de t'avoir pour allié.»
Tous reprirent leur route et il furent bientôt en vue de l'armée des démons, qui était fort nombreuse. La plupart des yokai portaient des robes blanches et dissimulaient la paume de leurs mains dans leurs manches. Certains flottaient mollement dans les airs et présentaient des blessures atroces. D'autres avaient des faces de monstres.

Le combat s'engagea. Les samouraïs poussèrent un cri de guerre et se jetèrent sans peur dans la mêlée. Les bakeneko qui, grâce à leurs deux queues, possédaient le don de métamorphose, commencèrent sur le champ de changer de forme. Ils devinrent des serpents gigantesques ou de redoutables sangliers et firent grand ravage dans les rangs ennemis. Hikari faisait de larges mouvements de son katana, fauchant maints démons mais n'en achevant aucun. Hikage, de son côté, portait peu de coups mais très précis, visant à chaque fois un endroit mortel. Souvent, ils combattaient dos à dos et ils étaient alors bien plus puissants que séparés. Les lignes yokai s'éclaircissaient rapidement mais quatre samouraïs gisaient déjà morts sur le champ de bataille. Sur une colline, Hyoro, le démon pâle encourageait ses troupes. Hikari s'éloigna pour porter secours à Kuchisama qui était encerclé. Hikage chercha des yeux un adversaire et une démone s'avança devant lui. Elle se nommait Kumoko. Elle était mince comme un roseau et jolie de figure, humaine à l'exception des pattes d'araignée qui dépassaient de son flanc. Hikage la regarda dans les yeux et ils tombèrent aussitôt amoureux. Elle lui tendit la main et il partit avec elle.

Les démons, décimés, se débandaient et fuyaient en désordre. Cependant, Hikari cherchait son frère et il le vit qui suivait la démone vers la porte du monde des morts. Il en conçut une grande horreur et se lança à leur poursuite.
« - Oniisan (12) ! cria-t-il. Où vas-tu ?!
- Je me rends dans le monde des morts, là où est désormais ma place.
- Ta place est ici, à défendre le village de notre père !
- Non pas, car Kumoko a parlé à mon esprit et m'a révélé la part d'ombre qui réside en mon coeur.
- Je ne te laisserai pas partir !
- Alors, il te faudra m'arrêter par les armes. »
Et à ces mots, ils tirèrent l'épée l'un contre l'autre et engagèrent le combat. Leurs katana voltigèrent de droite et de gauche, si vite que des yeux d'homme ne pouvaient les suivre. A chaque fois qu'ils se heurtaient, des gerbes d'étincelles jaillissaient. Mais ils ne pouvaient se blesser car ils étaient exactement aussi forts l'un que l'autre. Et ils n'osaient utiliser leurs pouvoirs. Sans cesser de se fendre et de parer, Hikari dit :
« - Il ne peut y avoir de vainqueur dans ce combat car nous sommes les deux moitiés d'une même âme. Tu dois venir avec moi.
- Je ne le puis car l'obscurité est en mon coeur.
- Le vrai guerrier est le maître de sa part d'ombre. »
Hikage vit que cela était vrai et il rengaina son arme. Il se tourna alors vers Kumoko et lui demanda de l'accompagner pour être sa femme. Comme elle avait pour lui les plus doux sentiments, elle brisa ses pattes d'araignée et, de ce fait, devint humaine.

Il y eut grandes réjouissances ce soir-là au village et les bakeneko burent le sake avec les humains en l'honneur de la victoire et du mariage. Et ils jouèrent de la flûte et dansèrent.

Une année se passa. Kumoko donna le jour à un garçon, humain hormis pour le glyphe noir, en forme d'araignée, gravé sur son front. Un jour, la démone alla trouver son mari et lui dit :
« - Ô mon époux, le temps est proche où les yokai vont revenir.
- Pourtant, nous les avons presque tous tués.
- Certes mais leur chef, Hyoro, a survécu. Les monstres sont aussi nombreux dans le monde des morts que les gouttes de pluie dans le ciel. Hyoro les rassemblera et ouvrira à nouveau le portail. C'est lui que tu dois tuer pour briser la malédiction.
- Ma chère femme, je ferai selon ton conseil. »

Les fils de la Lune se préparèrent donc à la bataille avec les cinq samourais. Quand ils furent sur le point de partir, ils virent le Maître de la Montagne aux Pêchers franchir lentement la porte du village. Ils se portèrent à sa rencontre et le saluèrent :
« Sensei, lui dirent-ils, votre présence nous honore. Etes-vous venu nous prêter assistance ? »
La vieille tortue souffla par les narines et répondit :
« Le fort se doit d'être le rempart du faible. »
Cependant, l'armée des yokai arrivait et cette fois, ils vinrent jusqu'aux rizières. Beaucoup flottaient dans l'air. Leurs larges mâchoires claquaient et leurs yeux roulaient hors de leurs orbites. Hikari et Hikage ordonnèrent à Kumoko et aux samourais de défendre le village et ils s'avancèrent.
« Démons et esprits, que votre chef se montre ! »
Hyoro sortit des rangs. Il était immense et blafard, avec une tresse couleur de sang qui tombait jusqu'au sol et, à sa ceinture, les cheveux de nombreux samourais.
« Salut à toi, Hyoro, Roi des monstres, reprirent les deux frères. Nous sommes Hikage et Hikari Miyatori, fils de Asano Miyatori, les shomyo de la vallée. Nous avons l'honneur d'être tes adversaires.»
Le démon parla à son tour. Sa voix sifflante et comme désincarnée semblait murmurer directement à l'oreille de chacun :
« Je vous attends, mortels. Vos cheveux pendront bientôt à ma ceinture et les yokai se repaîtront de votre chair. »
Et il s'élança contre les deux frères.

Hikari invoqua une lumière étincelante pour aveugler son ennemi et lui porta un coup de son katana mais Hyoro para facilement de sa main griffue. Hikage fit alors apparaître une brume sombre pour l'asphyxier mais le démon la dissipa d'un seul souffle. D’un revers, Hyoro jeta les fils de la Lune au sol mais ils revinrent aussitôt. Le combat continua ainsi pendant fort longtemps et toujours, l’avantage était au démon. Les deux frères saignaient par maintes blessures et leurs vêtements étaient déchirés. De nouveau, ils mordirent la poussière. Leur souffle était court et la douleur déformait leurs traits. Mais seule la victoire existait pour eux et, encore, ils se relevèrent.

Cependant, Kumoko et les cinq samourais repoussaient les yokai aux portes du village. Un spectre réussit à entrer et agita ses immenses bras. La vieille tortue le désigna alors de sa patte en disant :
« Ame torturée, sois en paix. »
Et l’esprit disparut dans une gerbe d’étincelles d’or.

Les deux frères vacillaient, à bout de force, mais ils ne renonçaient pas. Brandissant son katana, Hikari appela à lui son pouvoir. Un éclair blanc jaillit de sa lame et alla frapper Hyoro mais un gros oeil noir s’ouvrit sur son torse et absorba la lumière. Hikage le frappa à son tour d’un trait de ténèbres. Hyoro ouvrit de nouveau son oeil magique mais celui-ci était blanc et absorba le rayon obscur. Hikage comprit alors ce qu’il convenait de faire et il cria à son jumeau :
« Attaquons-le ensemble ! »
Rassemblant toute l’énergie qui lui restait, Hikari pointa son épée et projeta son pouvoir. Son frère fit de même de son côté et l’ombre et la lumière jaillirent en même temps et se mélangèrent pour former un faisceau scintillant. Hyoro ouvrit une troisième fois l’oeil de sa poitrine et lutta pour absorber l’attaque. Mais il n’y parvenait pas et sa peau commença à noircir. Les deux frères maintinrent leur assaut, puisant jusqu’aux tréfonds de leur volonté. Leur visage se crispait sous l’effort et le bras qui tenait le katana –le droit pour Hikari et le gauche pour Hikage- , parcouru par le flux de magie, fumait de plus en plus. Hyoro poussa un terrible cri et il se consuma tout entier. Au même instant, la porte vers le monde des morts se dissipa et tous les yokai disparurent. Les samourais crièrent :
« Yokatta (13) ! Nous sommes victorieux ! »

Les fils de la Lune, d'épuisement, s'effondrèrent à genoux et, de chacun, le bras qui tenait l'épée tomba sur le sol, carbonisé. Le Maître de la Montagne aux Pêchers vint alors sur le champ de bataille. Il prit les deux bras et les transforma en deux katana, l'un avec une poignée blanche et l'autre noire. Et il les emporta avec lui. La paix revint au village et plus jamais on ne revit les monstres. Les deux frères furent soignés et ils régnèrent avec sagesse durant de longues années. A leur mort, le fils de Hikage et de Kumoko devint le protecteur de la vallée.


Fin


(10) wakizashi : épée courte servant à décapiter l’ennemi
(11) arigato gozaimasu : merci beaucoup
(12) oniisan : frère
(13) yokatta ! : Dieu merci ! quelle joie !

Est', super sympa ce thème !

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-01-21 23:55:39 

 WA, exercice n°52, participationDétails
L’équipe à Jojo



« Y avait moins de jours sans guitare que de jours sans pain
On partageait tout et on n’avait rien...
Il n’y avait jamais un copain de trop
Dans l’équipe à Jojo »
J. Dassin



Il était une fois une petite fille qui voulait toujours tout avoir. Par chance, ses parents étaient riches et pouvaient lui acheter tout ce qu’elle désirait. Poupées, peluches, dînettes, déguisements, jeux de marchande, de cuisine, de docteur, mais aussi robes, chaussures, ceintures, bijoux, et puis encore balançoire, fontaine, vélo, chien, chat, poney, perroquet, lapin nain, tortue – ils lui refusèrent le boa, mais elle n’insista pas. Quand sa chambre fut trop petite pour tout ranger, les parents ajoutèrent une pièce à la maison. On s’y serait cru dans un magasin de jouets car, comme elle n’avait pas le temps après l’école de jouer avec toutes ses possessions, les jouets restaient pratiquement neufs. Il fallut construire encore d’autres pièces au fur et à mesure qu’elle grandissait, pour loger sa garde robe, ses livres (qu’elle ne lisait pas), ses CD (qu’elle n’écoutait pas), ses DVD (qu’elle ne regardait pas), ses vélomoteurs (qu’elle n’utilisait pas), et plus tard ses voitures (que conduisait son chauffeur, car elle n’avait pas eu le temps, ni l’envie, de passer son permis). Même quand elle n’utilisait plus un objet, elle refusait de le donner, et même de le vendre.
« Parce que c’est à moi », répondait-elle simplement à ses parents.
Elle travaillait bien à l’école, et quand le temps fut venu de choisir un métier, elle décida de s’intéresser à la finance, pour gagner beaucoup d’argent et acheter beaucoup de choses.
Et c’est ce qu’elle fit.
Comme elle était intelligente, têtue et prête à tout, elle se trouva rapidement à la tête d’une jolie fortune, qui lui permit de s’offrir, outre une grande maison en ville, un charmant petit château à la campagne, avec des jardins ordonnés et fleuris, un yacht capable de traverser tous les océans, un hélicoptère, deux avions, un chalet à la montagne et une splendide villa en bord de mer, avec une grande piscine, car elle avait horreur de la mer. Elle trouvait l’eau trop salée et les vagues désagréables, car elle ne savait pas très bien nager.
Dans son enfance, elle avait toujours refusé d’avoir des amis parce qu’elle ne voulait pas prêter ses jouets. Devenue adulte, elle continua de vivre seule – mais servie par un personnel domestique en grand nombre -, pour ne rien partager de sa fortune et de ses biens.
Or voilà que vers l’âge de trente-cinq ans, âge où la plupart des femmes ont un mari et des enfants, elle fut prise d’une grande tristesse. Elle essaya les voyages (les plus hautes montagnes, la chasse au lion dans la jungle, les îles désertes), les bijoux rarissimes, le régime 3P (pomme, pain d’épice, poireaux), le régime 4C (cassoulet, chocolat, chouquettes, crème chantilly), et pour finir elle acheta un musée ; elle ne le visita qu’une fois, et les oeuvres d’art l’ennuyèrent mortellement.




Un jour, son chauffeur la conduisait dans l’immense limousine blanche pour aller à un rendez-vous où elle devait racheter une entreprise en faillite ; mais il y avait des embouteillages, et il prit un raccourci qui traversait les quartiers pauvres de la ville. Le trajet n’en finissait pas ; elle laissait traîner machinalement son regard à travers la vitre teintée, comme le pêcheur endormi laisse filer sa ligne au fil de l’eau, quand il fut attiré par un groupe d’adolescents, assis par terre sur un trottoir. L’un d’eux jouait de la guitare et les autres chantaient, en chahutant et en riant. Elle fronça le sourcil et dès le soir même elle se faisait livrer une somptueuse guitare à douze cordes. Mais à sa première leçon, elle se cassa un ongle et décréta que cet instrument était stupide. Pourtant, quelques jours plus tard, elle demanda à son chauffeur de la conduire auprès de ces mêmes jeunes ; elle fit garer la voiture et resta un bon moment à les observer rire et chanter. Ils avaient entre douze et quinze ans, tous des garçons. L’un d’eux tapait avec deux bâtons sur une caisse vide, un autre jouait de l’harmonica, un grand blond dansait en secouant une boîte de conserve contenant quelques piécettes, et il mendiait auprès des passants en faisant des grimaces, deux rouquins, probablement frères, frappaient dans leurs mains en rythme et faisaient les choeurs. Ils faisaient cercle autour d’un garçon brun aux cheveux longs, qui jouait de la guitare. Il était maigre comme un chien errant, vêtu de nippes élimées et déchirées par endroits, mais tous se tournaient vers lui avec admiration, respect et affection. Un va nu pieds, certes, mais dont le sourire illuminait la rue autour de lui.
« Si j’avais un enfant », pensa la jeune femme, « je voudrais qu’il soit comme ça.»
Cette nuit-là, elle eut du mal à trouver le sommeil. Un air de musique lui trottait dans la tête, un air ridicule avec des paroles stupides qui parlaient d’une bergère et d’un garçon qui sifflait sur une colline...
Elle passa la matinée à réfléchir, parcourant une à une les nombreuses pièces de sa magnifique maison. Vers midi, elle appela son architecte pour qu’il ajoute une chambre, une salle de bains et une salle de musique. Elle lui précisa toute la décoration qu’elle voulait, papiers peints, peintures, rideaux, tapis, meubles... Puis elle fit venir son coiffeur et sa manucure, choisit avec soin une tenue décontractée mais élégante (blouson en cuir avec un col de fourrure, jeans aux coutures serties de diamants, bottines en crocodile), et sonna son chauffeur.
Les jeunes étaient toujours là. Le coeur battant, elle descendit de voiture et se dirigea droit vers le guitariste, qu’elle interrompit d’un geste autoritaire. Le jeune garçon la regarda en souriant.
« Vous désirez, madame ?
- Comment t’appelles-tu ?
- Jo. Mais les copains m’appellent Jojo, c’est plus cool.
- Jo... J’ai beaucoup d’argent. Est-ce que tu veux devenir mon fils ? »
Jojo éclata de rire tandis que ses amis écarquillaient les yeux de surprise.
« Votre fils ? Mais pour quoi faire ?
- Tu traînes dans les rues habillé comme un mendiant et je suis sûre que tu ne manges pas toujours à ta faim. Je t’offre une jolie chambre dans ma grande maison, je te paierai de bonnes études, et... »
Jojo secoua la tête.
« Vous êtes bien bonne, madame, mais ça ne m’intéresse pas du tout. Allez, les gars, on reprend à « qu’est-ce qu’on était fou... »
La guitare se remit à sonner et le petit groupe recommença à chanter.
« Qu’est-ce qu’on était fou
Qu’est-ce qu’on s’en foutait
Qu’est-ce qu’on était bien... »
La femme riche frappa du pied, furieuse et déçue, et courut s’abriter dans sa voiture avant qu’un flot de larmes ne vienne ravager son maquillage comme une tempête sur une aquarelle.



Elle s’enferma dans sa chambre à coucher et ne voulut voir personne pendant trois jours, mangeant à peine, refusant de répondre au téléphone. Personne ne lui avait jamais rien refusé et elle ne comprenait pas comment cela avait pu arriver. Une chose était certaine : elle n’allait pas renoncer. Elle serait une mère parfaite et elle voulait pour fils ce garçon-là et pas un autre. Elle l’appellerait Joseph (c’était plus respectable), lui ferait donner des cours privés par les meilleurs professeurs, il serait diplômé de trois universités et un jour il aurait un métier prestigieux et il serait célèbre. Il serait médaillé d’or aux Jeux Olympiques, mais elle le voyait bien aussi Président de la République... ou alors il serait cosmonaute et il irait conquérir des planètes lointaines, et il deviendrait Roi de l’Univers...
Et ce n’était sûrement pas ce sale gosse qui allait l’empêcher de réaliser son rêve !
Elle téléphona à son avocat et convoqua le meilleur détective du pays. Il fallait qu’elle sache tout sur lui pour trouver le meilleur moyen de l’avoir ; elle hésitait entre dénoncer sa famille à la police pour mauvais traitements, le faire arrêter pour vagabondage (et alors elle le sauverait), ou bien... Finalement ce fut son chauffeur qui trouva la solution, car toute la maisonnée ne parlait plus que de ça. Il avait fait quelques bêtises dans sa jeunesse et connaissait encore quelques mauvais garçons qui pouvaient s’acquitter de la tâche pourvu que la récompense soit sonnante et trébuchante.



Et c’est ainsi qu’un soir, à la nuit tombée, alors qu’il marchait seul dans la rue, Jojo fut enlevé par trois malfrats et jeté de force dans une grosse voiture noire, où on lui administra un puissant somnifère. Elle le fit installer sur son propre lit, car malgré toutes ses insultes et ses menaces, la nouvelle chambre n’était pas encore finie, et attendit son réveil, heureuse comme jamais elle ne l’avait été. Enfin, il ouvrit les yeux.
« Ah, mon cher Joseph, je suis si contente que tu te sois réveillé ! Je vais te faire servir un bon repas, et ensuite nous irons faire les boutiques pour t’habiller correctement, et je pensais aussi... »
Jojo cligna des yeux, essayant de raccrocher les wagons de sa mémoire qui semblait bien avoir déraillé.
« Mais où je suis ? Et qu’est-ce que vous voulez ? »
Très étonnée, elle répondit néanmoins patiemment.
« Tu es chez moi. Et tu es mon fils. »
Jojo avait eu une vie difficile ; abandonné très jeune par ses parents, il avait vite appris à se débrouiller seul et à se sortir de situations délicates, car il ne manquait ni de courage ni de sang-froid.
« Vous êtes vraiment très aimable... mais je n’en ai pas envie.
- Tu dis n’importe quoi ! Je t’offre le confort, la richesse, et l’amour d’une mère.
- Ben oui... Mais moi c’est pas ça que je veux ; je veux continuer à vivre avec mes copains, faire de la musique et m’amuser... Et puis je vais avoir treize ans, je n’ai plus vraiment besoin d’une mère. Un père, peut-être, et encore...
- Allons, tu dis ça pour me faire enrager, mais je suis sûre que tu t’y feras très vite. Que dirais-tu d’un bon bain avant de passer à table ? »
Jojo s’assit sur le bord du lit et la fixa d’un air déterminé. Il ne souriait plus.
« Je vous ai dit non. Vous pouvez me séquestrer tant que vous voulez, vous ne me ferez pas changer d’avis. Je ne veux rien de vous. Je veux juste m’en aller.
- Il n’en est pas question ! »
Furieuse, elle se leva et sortit en claquant la porte, qu’elle ferma ensuite à clef.


Cinq jours passèrent. Jojo ne toucha pas aux repas, buvant à peine un peu d’eau. Quand la femme venait le voir, criant, tempêtant, suppliant, il regardait devant lui et restait silencieux. Il devenait de plus en plus pâle et ses yeux se cernaient d’ombres noires. Le soir du cinquième jour, elle fut bouleversée pour la première fois de sa vie devant un être vivant qui préférait mourir que de renoncer à sa liberté. Alors, laissant sans honte couler sur son visage fatigué de lourdes et longues larmes amères, elle céda.
« Très bien. Tu peux partir. »
Elle le précéda jusqu’à la porte d’entrée, qu’elle ouvrit elle-même. En le croisant, elle lui fourra quelques billets dans la main.
« Va t’acheter quelque chose à manger, quand même. »
Il hocha la tête et s’éloigna, d’une démarche chancelante qui semblait pourtant se raffermir à chaque pas, jusqu’à ce que, comme un oiseau prend son vol, il se mette tout à coup à courir comme un fou dans les rues désertes en criant « yahoo ! ». Il sautait, il bondissait comme un cabri en liberté, porté, transporté par une joie immense et légère...
Elle resta longtemps devant la porte ouverte, insensible au froid de la nuit.



Elle se força à partir en voyage, à visiter ses nombreuses usines, sans écouter un seul mot de ce que lui disaient les directeurs qui tremblaient devant elle. Son apparence changea ostensiblement. Elle cessa de se maquiller, ne porta plus de bijoux, s’habilla sans aucune recherche, de vêtements laids qui la vieillissaient. Sur un coup de tête, elle vendit le château, le chalet, la villa, le yacht, les avions et l’hélicoptère. Elle prit l’habitude de marcher seule, plusieurs heures par jours, en jeans et baskets, sans but précis, sans penser à rien. Et un jour, elle rentra chez elle, plus triste et plus fatiguée que jamais. A peine arrivée, elle partit marcher, au hasard des rues, comme un automate. Sans y prendre garde, elle se retrouva dans le quartier pauvre, et parce que le hasard n’existe pas, elle arriva sur le bout de trottoir où Jojo jouait encore de la guitare, entouré par ses amis. Elle s’arrêta, comme fascinée, incapable de faire un pas de plus. Quand Jojo la vit, il ressentit d’abord une grande colère, et interrompit sa chanson. Mais elle avait tellement changé, elle lui sembla si misérable... Il se leva, la guitare à la main, et s’approcha d’elle.
« Comment tu t’appelles ?
- Mé...lanie... », réussit-elle à grand peine à articuler.
- Viens avec nous, viens. »
Elle se laissa guider par la main, comme une enfant. On l’installa sur une caisse vide et Jojo se remit à chanter.
« Qu’il est long qu’il est loin ton chemin papa
C’est vraiment fatigant d’aller où tu vas... »
Et les mains de Mélanie se mirent à battre en cadence, et sa voix hésitante commença à chantonner le refrain, tandis qu’un sourire de plus en plus radieux se dessinait sur son visage. Un marchand de légumes qui aimait bien les jeunes leur porta un cageot de pommes, où ils piochèrent chacun à son tour. Et il sembla à Mélanie que c’était la première pomme qu’elle croquait de sa vie...
Narwa Roquen,je m'baladais, sur l'avenue...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-01-22 23:08:53 

 Commentaire estellanara,exercice n°52Détails
C’est une très belle histoire, originale, bien construite, agréable à lire. Mais que de violence pour un public d’enfants ! Je sais qu’ils en sont gavés par la télé et les jeux vidéo, mais est-ce une raison pour en rajouter ?
J’avais dit : « conte ». Tu as écrit une histoire de fantasy, fort brillante, irréprochable sous cette dénomination. Mais du conte, on attend une morale, quelque chose qui fasse réfléchir ou propose une solution à un problème que se pose le lecteur. La seule qui m’apparaît plausible c’est : l’union fait la force. Mais rien dans l’histoire n’est fait pour insister sur ce point ; je veux dire : cela aurait été plus net si les deux frères, rivaux et jaloux l’un de l’autre avaient compris, après plusieurs échecs de leurs actions séparées, qu’en dépassant leur conflit et en s’unissant ils pouvaient réussir.
Ou alors il y a une autre morale et je ne l’ai pas vue...
C’est une belle histoire pour les garçons, les combats, le courage, les armes... Pas sûr que les filles y trouvent le même intérêt... Bon, c’est un détail.
Le personnage de la tortue est intéressant. Il fait un peu penser à Ioda, et également à « Ca ». La tortue (ou le crapaud) est traditionnellement bénéfique en Orient. Joli, le « je ne possède rien, pas même un nom » ; très bien aussi, le « âme torturée, sois en paix ». A mon sens, ça tombe un peu à plat dans ce contexte de violence légitimée, reconnue comme normale d’après le ton de ton récit. Alors qu’il y avait, là aussi, une piste intéressante à creuser, comme quoi la compassion peut triompher de la guerre, ou comme quoi les méchants sont peut-être avant tout des gens malheureux, ou comme quoi la sagesse donne plus de force que les armes...
Je pense que tu as écrit ce texte vite, et que l’intrigue t’a emportée. Reprends-le calmement, tu peux en tirer plus. Le background est excellent, maintenant il faut lui donner du sens et de la profondeur. « I had a dream... » Qu’il ressemble à une suite de Bach, où chaque note entraîne l’autre et où on se dit que cette musique est inéluctable et qu’on n’aurait pas pu l’écrire autrement.
Dans le détail, quelques points qui accrochent :
- Asano prie la déesse du soleil ; elle demande à son frère de descendre sur terre. Et là, apparaît une jeune femme qui se révèle être la lune : le frère s’est transformé en femme ? Ce n’est pas très clair.
- « les mains ... étaient tout ensanglantées » : ici « tout » est invariable
- « j’ai ouï dire » : le sens, c’est l’ouïe
- « ils prirent congé » : les congés, c’est depuis ‘36
- « une plaine de cendres parcourue » : c’est la plaine qui est parcourue.
- « les rangs ennemis »
- « Hikage de son côté portait peu de coups précis », ou des méfaits de la concision. Tu veux dire qu’il porte peu de coups, mais qu’ils sont tous précis. Et on comprend que la plupart de ses coups sont imprécis...


Je le disais, que ça serait difficile... Le plus dur est fait ; maintenant il te reste à prendre du plaisir avec ce texte, à le ciseler, à en extraire la substantifique moelle... Ce n’est pas du temps perdu ! C’est un des rares moments où, après avoir réglé tous les problèmes matériels (intrigue, lieu, noms propres etc...), on peut se permettre de s’asseoir et de réfléchir à la question essentielle : qu’est-ce que je veux leur dire ? A quoi je veux les faire réfléchir ? Quel est le moment fort dont je veux qu’ils se souviennent, et pourquoi ?
Peu importe le jugement des autres. Quand tu as pu répondre à ces questions, c’est que du bonheur...
Narwa Roquen,toujours madame plus... pénible!

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-01-23 10:40:21 

 Commentaire WA 52 Est'Détails
J'avais tiqué comme Narwa sur le frère-femme Lune.
Au niveau de la morale, je m'étais fait la même réflexion (en moins poussée ^^) : il y a une morale cohérente par exemple dans l'aide des chats: au lieu de l'attaquer à la première rencontre, ils sont gentils avec lui, ce qui entraîne la gentillesse des Chats après. Moi la partie qui m'a choquée un peu plus, c'est cette femme Démon, qui veut entraîner le frère chez elle, et qui accepte sans problème de finalement vivre dans son monde à lui. Je trouve qu'il manque un tout p'tit quelque chose pour le justifier...
Je trouve que l'enfant du frère et de la démone comme futur chef, aurait mieux pris sa place si la symbolique de l'union entre les deux peuples avait été mieux marquée (par exemple, tu dis que le frère tombe amoureux d'elle, mais pas l'inverse: elle aurait pu accepter de le suivre chez lui pour le trahir ensuite, tu ne dis pas qu'elle "perd sa méchanceté").

Sinon, j'aime beaucoup l'ambiance, l'univers original, les deux frères ombre/lumière, la Tortue (moi aussi j'ai pensé à Yoda, et moi aussi j'ai adoré la phrase "Je ne possède rien, pas même un nom", très belle!), ...

Bravo pour ton écriture et tes idées toujours originales ;) C'est vraiment sympa quand tu participes avec nous dans le "présent", tu sais! Tu devrais rester là, laisser ta machine à remonter le temps de côté, et poursuivre la route avec nous, peu importe le passé, seuls comptent le présent et l'avenir! Ca me fait plaisir de te retrouver parmi nous :)

*Pouks pour pas que tu repartes dans les greniers poussiéreux de Faeries*

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-01-23 10:46:47 

 Commentaire WA 52 Narwa RoquenDétails
Comme toujours, un texte plein d'émotions et qui touche droit au coeur. L'écriture est impeccable, j'aime beaucoup!

Un tout petit quelque chose quand-même, je trouve la fin un poil rapide, on ne comprend pas bien son état d'esprit quand elle erre sans but, pourquoi elle cesse de se maquiller, qu'est-ce qui lui passe par la tête? Est-elle triste, est-ce qu'il lui manque, est-ce qu'elle a honte d'être ce qu'elle est?
La dernière phrase est très belle, et lui donner un prénom juste à la fin est une très bonne idée. Mais je me demande si on ne pourrait pas avoir une toute petite suite: elle va rester vivre dans la rue? Que va-t-elle faire de ses millions? Elle va ouvrir sa maison à tous les gamins pauvres pour qu'ils viennent manger à leur faim quand ils veulent? Qu'est-ce que c'est que ce chauffeur mafieux!? .......

Elemm', qui te pique la casquette "Plus", parce qu'y a pas de raison! :p

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z653z  Ecrire à z653z

2009-01-23 11:59:12 

 petits trucs en plusDétails
"de Asano Miyatori" -- c'est volontaire de ne pas mettre un "d'" ?

"Il était droit, loyal à son seigneur et ne connaissait pas la peur" --- il ne peut pas demander de l'aide à son seigneur pour combattre les démons ?

"Dans peu de temps mais il y a des années" --- ça doit être volontaire mais ça coince un peu

"bakeneko" <--- c'est quoi (oui j'ai la flemme de chercher dans google)

"ils était venus" -- "Malavisé" -- "(8 )" -- "silence.»"

katana ne prend jamais de 's' au pluriel ?

"chenue" - "nimbe d’obscurité"-- un peu soutenu pour des enfants, non ?

"Le vrai guerrier est le maître de sa part d'ombre." --- ça sonne comme une pirouette pour passer rapidement à la suite.


Même impression que Narwa : aucune morale à la fin ("ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants") et les pensées prometteuses de la tortue ne sont pas utilisées ; comme "La vraie sagesse est parfois dans l’immobilité." qui sonnait bien.

A part ça, j'ai bien été entrainé dans l'histoire même je la vois plus pour des pré-ados.

Narwa : qui est Ca ?

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z653z  Ecrire à z653z

2009-01-23 13:06:29 

 Quelques trucs en plusDétails
Même impression pour la fin, je reste sur ma faim.
J'ai l'habitude qu'à la fin d'un conte, le narrateur prenne un peu de recul pour expliciter la morale.
Et j'ai trouvé qu'il y avait un peu trop de virgules dans tes phrases.
Mais on se laisse plaisamment porter par ta partition ;)


D'autres détails :
"On s’y serait cru dans un magasin de jouets"
"elle devait racheter"
"assis par terre sur un trottoir"
"va nu pieds" -- (avec tirets ou tout attaché)
"plusieurs heures par jours"

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-01-23 15:26:34 

 Conventions du conte de féesDétails
Merci !

Que de violence ?? Mais le conte est par essence violent. Que dire de Peau d'âne où le roi veut épouser sa fille de force, de Barbe bleue avec les têtes tranchées et du sang partout, de Hansel et Gretel avec les enfants dévorés ...?? Et ce sont ceux-là que les enfants préfèrent.
La violence fait partie de la vie et la violence des contes de fées a un sens, un but précis. Bruno Bettelheim l'explique fort bien dans sa "Psychanalyse des contes de fées" (un ouvrage passionnant d'ailleurs).

Il me semblait au contraire avoir relativement bien respecté le genre, que je connais bien. Résumons-nous.
Le conte, tel que théorisé par Bettelheim, Marthe Robert et quelques autres est :
- une histoire courte,
- se déroulant dans un environnement non réaliste, avec des éléments surnaturels,
- à une époque lointaine, impossible à situer,
- comportant peu de descriptions,
- dont les personnages sont des archétypes, à la personnalité très schématique,
- ces personnages ont rarement des noms, afin que l'enfant puisse y associer qui il veut,
- tout est simplifié : on tombe amoureux au premier coup d'oeil, on se marie le jour même... On parle de choses graves et même existentielles très simplement
- le manichéisme règne en maître : un méchant est tout méchant, un gentil tout gentil, on est soit très belle soit très laide... Tout est polaire comme l'esprit du jeune enfant.
- les bonnes actions sont toujours récompensées même si ce n'est pas immédiat. Et les mauvaises sont toujours punies à la fin. car le but est de donner le sens moral aux enfants et donc de les convaincre que le crime ne paie pas.

Je n'ai que peu enfreint ces règles.

Une morale ? Mais le conte n'en a pas. Quelle morale mets-tu sur Peau d'âne ? Sur Les trois cheveux d'or du diable ? Sur Cendrillon ? Sur La jeune fille sans mains ?
Le conte fait passer des valeurs, certes. Je me suis amusée à coller aux trois valeurs qui prévalent dans les shonen mangas : amitié, victoire et persévérance. Et puis aussi, qu'il ne faut pas juger selon les apparences.

Les deux frères représentent le yin et le yang. Je ne sais pas si cela se voit beaucoup...

En effet, c'est plutôt une histoire de garçon puisque j'ai collé aux codes du shonen (garçon) manga.

La vieille tortue montre justement qu'il n'y a pas que la force brute pour triompher.
Et la violence des combats est en effet légitime puisqu'il s'agit de lutter contre le Mal. Encore un thème classique du conte.

Tu écris "les méchants sont peut-être avant tout des gens malheureux". Pas dans les contes, justement ! Bettelheim écrit que les méchants des contes symbolisent les mauvais aspects de la personnalité, qu'il faut combattre.
Et puis, le Mal existe. On le rencontre partout, dans la vie comme dans les contes. Nier son existence et refuser de le voir ou de le mettre en scène ne le fera pas disparaitre... Le conte de fée montre aux enfants que le mal existe et doit/peut être vaincu.

Certes, j'ai écrit vite, pour publier à temps car les délais sont courts. Je reprendrai au moins la seconde partie, que je juge plus faible que la première.

Merci pour l'orthographe et ta lecture attentive.

Est', hop hop hop.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-01-23 15:32:31 

 Je note, je noteDétails
Merci de m'avoir lue !!
Ce thème m'a vraiment inspirée car j'adore les contes de fées et je m'y intéresse énormément.

OK, je note pour la Lune et la démone. Tu as raison. Le temps m'a manqué pour peaufiner mais je le ferai.

Pour la tortue, j'ai lu beaucoup de Lao Tseu car je voulais qu'il parle comme un vieux sage oriental.

Rhâââ, je sais je sais pour le retard et les critiques six mois après mais je tiens à le faire quand même, tout en manquant de temps. Là, j'ai rattrappé le retard de WA et il me reste celui de concours... Le truc, quand je joue à la WA, c'est que je n'avance pas mes concours. Enfin, faut choisir.

Est', hop hop hop.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-01-23 15:43:44 

 HopDétails
Pour le "d' ", je ne savais pas trop quoi mettre en fait... Je me suis pris les pieds dans le tapis du japonais.

Hihihi !! On va dire que son seigneur fait la guerre de son côté et est très occuppé. OK ? (punaise, mais il a raison le Z...)

"Dans peu de temps mais il y a des années" : ouais c'est volontaire car les katanas que les jumeaux trouvent sont ceux que la tortue va créer avec leurs bras à la fin. C'était pas clair ??

Bakeneko, c'est un esprit en forme de chat qui change de forme. C'est tout. Pas grand chose de plus que ce que j'explique dans l'histoire.

(8 ) c'est parce que sinon, le site pense que c'est un moche smiley avec des lunettes. Donc, je dois mettre un espace.

J'ai préféré ne pas accorder les mots japonais. Je ne connais pas la règle.

Dans les contes classiques, le vocabulaire est très soutenu et les tournures très anciennes. les enfants ont leur parent sous la main pour demander ce que signifie un mot. Ne leur pré-machons pas le boulot.

Ben non, c'est pas une pirouette, c'est juste que tout est très concis dans les contes. On peut y lire des trucs du genre "ils vécurent ainsi durant vingt ans" ou "le roi lui donna sa fille à marier et la noce fut célébrée sur l'heure"...

Pourquoi devrait-il y avoir une morale ?
Ils gouvernèrent sagement et il y eut la paix. c'est déjà bien, non ?

Grand merci pour ta lecture !

Est', hop hop hop.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-01-23 16:03:10 

 CorrectionsDétails
J'ai rajouté une tite phrase dans la partie un pour dire que c'est bien le dieu de la lune qui prend l'apparence d'une femme.
Et un bout aussi dans la partie deux pour confirmer que la démone devient gentille.
Tu pourras me dire ce que tu en penses quand tu auras un moment ? Si c'est plus clair ?
Merci !

Est', qui croque un bisounours tous les matins pour écrire des trucs moins glauques.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-01-23 17:26:24 

 Exercice 52 : Narwa => CommentaireDétails
Jolie la citation !

Nous ne nous accordons manifestement pas sur la définition du conte. Je tire la mienne des auteurs ayant fait l’analyse de contes célèbres ainsi que de mes constatations personnelles sur les contes que j’ai lus. D’où vient la tienne ?
En effet, je pensais avoir respecté les conventions et tu me dis que ce n’était pas un conte que j’ai écrit. A la lecture de ton histoire, je me dis à mon tour que ce n’est pas un conte.

En effet, ton méchant n’est pas vraiment méchant. Ces subtilités de la psychologie sont bien inaccessibles aux enfants. Et surtout, ton méchant n’est pas puni à la fin pour le mal qu’il a fait. C’est, du point de vue du conte, très immoral. Cela encourage l’enfant à penser qu’on peut faire de mauvaises actions (enlever un gosse et le séquestrer) sans être puni et même en finissant heureux. Aïe aïe aïe !

Et puis, l’époque n’est pas celle du conte et le décor non plus. Et il n’y a rien de surnaturel.

Est', overdose de bisounours.

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-01-23 18:14:13 

 Comm' correctionsDétails
J'aime beaucoup mieux cette version-là pour l'histoire avec la démone :)
Pour le frère de la déesse qui devient femme.... Why not, même si ça m'aurait semblé plus logique qu'il soit une déesse aussi, mais bon, tu sembles tenir à ton dieu masculin, soit! :)


Elemm', le bisounours au p'tit dej', c'est très bon, surtout recouvert de nutella :D

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-01-23 18:50:40 

 Ben c'est pas ça mais...Détails
J'ai repris fidèlement le folklore japonais et dedans, la Lune est un homme. Mais bon, c'est des dieux, ils peuvent prendre la forme qu'ils veulent (^_^).

Est', hop !

PS : je me suis achetée une belle tablette graphique pour mon noël, faut que je la branche ! Chouette !

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-01-23 22:52:40 

 WA - Participation exercice n°52 (Edit)Détails
En retard...

__________

Encapsulation



Je ferme les yeux...

Dehors, la nuit est tombée. La fenêtre n’a pas de volets. La lune baille derrière le gros arbre qui se dresse dans le jardin. C’est une silhouette de géant, noire et tordue, qui griffe le ciel de ses bras décharnés. Je ne l’aime pas après le coucher du soleil. Il n’est plus mon ami. On dirait qu’il m’épie et attend de moi quelque chose. J’ai l’impression qu’il est toujours un peu plus près de la vitre. Un peu trop près.

« Tu veux que je raconte une histoire, mon chéri ?»

Maman est là, douce et prévenante. J’ai posé ma tête sur l’oreiller à côté du Capitaine Flam qui bondit entre les étoiles, son laser à la main. La lampe de chevet jette une pâle et jaunâtre lumière. La grande pièce sous les toits a pris des proportions fantastiques. Les ombres envahissent déjà les coins les plus éloignés. Je n’aime pas cette vieille ferme. Elle est loin de tout dans la campagne berrichonne. A plusieurs kilomètres d’Issoudun. Très loin de Bordeaux. J’aime bien mes grands-parents mais je redoute l’épreuve de la chambre sous les toits. Surtout je redoute le moment où maman va quitter définitivement la pièce. J’entends les autres, en bas, rassemblés dans la grande salle où crépite un bon feu ! J’ai peur du moment où je vais me retrouver seul. Je suis l’unique petit garçon et je dois me coucher avant les grands. C’est injuste mais la justice semble n’avoir pas cours dans la famille! Et quand tout devient noir et silencieux, je me tiens aux aguets, le drap remonté jusqu’au menton. Le courage de l’intrépide Capitaine n’est pas d’un grand secours. Juste bon à me recouvrir la tête quand cela devient insupportable.

« Bon, je vois que tu as fait un sort aux croquets aux amandes de ta grand-mère ! » dit en souriant Maman en découvrant la coupelle vide où quelques miettes de biscuits racontent leur tragédie.

Maman est attentive. Elle est toujours proche de moi et n’oublie jamais que je suis son petit garçon. Elle est si belle et ses cheveux ressemblent à ceux d’un ange. Elle me prête quelques fois son peigne en nacre pour que je lui démêle ses longues mèches blondes aux reflets d’argent. Elle m’a dit que c’étaient les cendres de l’amour qui les avaient rendus ainsi. Bien sûr, je n’ai pas compris. A dix ans, il y a beaucoup de choses pas faciles à comprendre. Mais j’aime bien l’image. Je la conserve précieusement dans ma mémoire. Les cendres de l’amour. Ces mots vont bien ensemble.

Les voix venant du bas diminuent peu à peu d’intensité jusqu’à se confondre avec le bruit de fond, sourd et diffus. Je suis suspendu aux lèvres de ma mère qui vont me dévoiler l’histoire du soir. Maman n’a pas besoin de livre pour raconter des histoires mille fois plus intéressantes que celles qu’on achète. Elle trouve des idées sans effort juste en fronçant au début ses sourcils. Elle prend son temps pour planter le décor et décrire les personnages. Elle a le chic pour semer des fausses pistes qui ne mènent nulle part. Je suis fasciné par son timbre de voix. Une voix douce et mélodieuse qui sait rendre, rien qu’en appuyant légèrement sur un mot ou sur une simple syllabe, toute l’intensité d’une situation où la princesse est en danger! Elle me lance ce long regard complice, le signal habituel entre nous.

C’est le moment magique. Le moment où les volutes du récit vont s’enrouler tout autour de moi. Je frémis d’impatience. Plus rien n’existe autour. L’arbre aux branches menaçantes peut bien cogner au carreau, la brume peut bien se lever au-dessus de l’étang, l’orage peut bien déchirer le ciel, rien n’est en mesure d’écorner ma félicité. J’ai les yeux rivés à ceux de ma mère. Elle va commencer.

«C’est l’histoire d’un petit garçon. Il a à peu près ton âge, peut-être un peu plus jeune cependant. Il habite une ferme, un peu comme celle-ci. Une vieille ferme, abandonnée au bout d’un très long chemin plein d’ornières. Il a perdu ses parents et il a été recueilli par ses grands-parents paternels. C’est une histoire d’automne et de feuilles mortes. Une histoire joliment triste au début mais qui recèle des merveilles à la fin!

Ce petit garçon s’appelle Léo. Il ne connaît pas l’électricité et les automobiles. Je ne te parle pas des disques ou des cassettes. Il vit dans un autre temps bien différent de celui-ci. Le monde pour lui est immense. Toute une vie ne serait pas suffisante pour en faire le tour. C’est déjà tout un périple pour rejoindre la capitale où habite le Roi en son palais. Malgré la disparition de ses parents, Léo n’est pas malheureux. Passé les premiers chagrins, il continue son bonhomme de chemin. En ce temps-là, la vie n’avait pas la même valeur qu’aujourd’hui. La mort était plus proche des gens et ils vivaient avec. Ou si tu veux, ils admettaient leur sort et ne se révoltaient pas contre un destin malheureux. Mais ceci est une autre histoire.

Léo est un petit garçon aventureux. Il aime battre la campagne environnante, une fois les travaux de la ferme terminés. L’été est finissant mais les jours sont encore longs vers le soir. Alors il traverse le grand champ où quelques semaines auparavant, les épis de blé mûr se couchaient devant le cheval attelé à la charrue. Il gagne le petit bois perché sur une butte aux formes douces où se distinguent les grands chênes et les majestueux châtaigniers aux feuilles dentelées. Ce n’est juste qu’un petit bois mais pour Léo, c’est un monde immense et inconnu, un royaume enchanté où pépie un joli cours d’eau aux boucles paresseuses. »

J’écoute religieusement la voix intérieure qui me berce. Que de souvenirs enfuis remontent en moi en cet instant. Des senteurs familières trop longtemps oubliées, des images vieillies de courses vers l’étang, de couchers de soleil au-dessus des collines arrondies, d’animaux de la basse-cour accourant pour picorer les grains que je jetais avec hésitation. Je ferme les yeux pour mieux m’immerger dans cette réminiscence mémorielle. Mon attention est attirée vers la périphérie où une sorte d’ombre commence à s’insinuer, un filet d’encre de chine qui s’écoule peu à peu. Drainant mon attention... Non ! Je fais un effort pour revenir en arrière.

Ma mère poursuivait le récit.

« Il connaît un endroit caché où la source a creusé la pierre tendre jusqu’à former une sorte de petit bassin entouré de fougères et de longues herbes aux feuilles étroites aux couleurs sienne et mauve qui effleurent la surface d’une eau étale et sombre. L’eau n’est pas stagnante, un mince mais vif courant l’entraîne sous un gros rocher pour qu’elle puisse jaillir un peu plus loin. Les grands arbres délimitent une minuscule clairière de leurs colonnes brunes et droites tandis que leurs feuillages serrés modèlent une lumière déjà déclinante. De profonds buissons d’épineux se pressent entre les troncs, encerclant la clairière et renforçant ce sentiment de forteresse cachée qui plaît tant à Léo. Il a entendu les anciens conter les légendes qui courent sur le bois. Les flammes de l’âtre, dans le dos des conteurs, pétaradaient d’escarbilles quand ils évoquaient les créatures extraordinaires qui s’étaient réfugiées dans le bois lorsque les serviteurs de la Vraie Croix avaient converti les paysans et chassé leurs coutumes païennes. Léo l’Intrépide, comme il s’était rebaptisé, s’était enfoncé de plus en plus profondément sous les ombres des grands arbres pour découvrir, par hasard, une trouée peu visible qui s’infiltrait à travers les buissons formidables et apparemment impénétrables, pour déboucher dans la clairière de la fontaine. Le coeur de son Royaume où il s’est autoproclamé le Roi Caché. Il règne ainsi sur un vieil hérisson qui s’est peu à peu habitué à sa présence, un couple de lapins au pelage clair et soyeux et quelques écureuils qui bondissent dans les basses branches, tendant leur tête et agrippant l’écorce, toujours prêts à disparaître en un clin d’oeil quand il fait mine de s’approcher. Léo est un roi heureux qui veut le bonheur de ses sujets. Alors il les laisse tranquilles. Il s’allonge dans l’herbe fraîche et rêve en regardant les nuages qui passent dans le trou du ciel, bien au-dessus des têtes feuillues des plus grands arbres. Et le temps coule sans heurt.

Impossible de savoir l’heure, les montres n’existent pas. Quand Léo entend les échos, assourdis par la distance, de la cloche de l’église de Saint-Rémy qui appelle les fidèles pour le dernier office des vêpres, il reprend le chemin du retour. Jamais son grand-père ne l’a interrogé sur ses escapades depuis qu’il lui a avoué qu’il explorait le bois enchanté. Son grand-père est un homme bourru et travailleur mais au coeur d’or, qui ne sait pas exprimer ses sentiments. Les ans ont courbé son dos mais n’ont pas réussi à émousser sa vitalité. Pourtant, la vie n’a pas été tendre avec lui. Ses deux plus grands fils sont partis à la guerre, recrutés par les sergents du Roi et n’en sont jamais revenus. Trois autres de ses enfants ont été emportés par la maladie l’année même de leur naissance. Enfin, ses yeux se sont emplis de larmes quand son fils préféré, celui à qui il avait montré tous les secrets de la moisson, a succombé, avec son épouse, sous les coups impitoyables de bandits de grands chemins qui ont fait main basse sur le maigre trésor, quelques pièces d’or cachées derrière un moellon du manteau de la cheminée. Léo s’était réfugié dans une meule de blé d’un champ tout proche. Il n’avait pas cinq ans. Il a fini par oublier et voue désormais un amour quasi filial à ses grands-parents. »

Ces mots résonnent longuement en moi et je m’évade à nouveau du rythme apaisant de l’histoire. La ferme est silencieuse. Encadré par la fenêtre sans volet, l’arbre solitaire s’est doucement approché. Il me semble qu’il se penche vers la vitre comme s’il voulait aussi écouter le récit. Une grosse lune pâle s’arrondit à présent dans le ciel piqué d’étoiles brillantes. Le temps semble s’étirer à l’infini. Un pont aligne ses arches jumelles entre rêve et réalité. Je sens que je me tiens précisément au milieu et que le moindre mouvement rêvé ou réel risque de faire voler en éclats cet instant miraculeux. Je garde précautionneusement les yeux bien clos pour ne pas altérer le souvenir qui se développe délicatement autour de moi. Il devient difficile de maintenir ma concentration. Si je perds le fil de l’histoire, des choses horribles ne manqueront pas de survenir. Je ne veux pas me retrouver seul dans la ferme abandonnée à scruter les obscurités noirâtres où finiront par apparaître les fantômes familiers. Il ne faut pas que je perde pas le fil de l’histoire...

Dans le contre-jour nocturne, le profil du visage maternel se détache en ombre chinoise. Un halo d’argent danse sur ses cheveux. Pendant une fraction de seconde, elle semble si loin de moi. Si loin qu’elle paraît se dissoudre dans la clarté lunaire qui se déverse par la fenêtre. Il faut que je reste concentré sur l’histoire. La clé est cachée là.

«Léo est tranquillement allongé sur l’herbe rase. Un lapin sort des fourrés pour s’asseoir à quelques pas du petit garçon. Il attend. Léo tire doucement de sa poche quelques petits bouts de carotte qu’il lance vers son sujet aux grandes oreilles. Le lapin pince plusieurs fois ses narines avant de s’approcher prudemment des rondelles finement coupées. Ne quittant pas son seigneur des yeux, il commence de grignoter son festin, rejoint bientôt par madame Lapin qui attendait sagement en arrière. Un éclair roux dévale un haut tronc d’arbre. C’est un écureuil qui trottine sur une basse branche. Sa queue en panache fouette l’air derrière lui. Un à un, tous ses sujets sont rassemblés, jusqu’au vieil hérisson qui se pelotonne à un pas de Léo. Celui-ci extirpe encore de ses poches quelques friandises qu’il distribue à ses sujets. Le Roi Caché ne peut faire moins. Curieusement, Léo n’a jamais parlé à ses petits amis de la forêt qui, en retour, respectent son silence. Léo aime par-dessus tout le silence. C’est un trait de caractère qu’il partage avec son grand-père.

Soudain, un frémissement ride la surface étale du bassin, tirant Léo de sa rêverie. Ce n’est pas le vent. Aucun vent n’a jamais réussi à s’engouffrer dans le Royaume Caché. Ce n’est pas la pluie non plus. Léo observe attentivement. Le frémissement s’amplifie. Quelque chose semble se réveiller sous l’eau. Léo connaît la légende de la Dame de la Source, une de ses légendes préférées. Elle serait d’une grande beauté et elle surprendrait le chasseur qui s’aventurerait dans le bois après les feux de la Saint-Jean. Elle pose une question et malheur s’il ne peut répondre. Elle l’entraîne aussitôt avec elle au plus profond de la rivière pour en faire un serviteur docile. Quelque chose comme ça. Il y aussi des détails qui semblent beaucoup amuser les grandes personnes mais Léo n’a pas bien compris. Pas plus que les allusions qu’elles s’échangent avec force clins d’oeil entendus. Mais pour Léo, la Dame des Eaux est devenue la Reine Cachée. Léo n’a pas peur. Le Roi Caché ne peut avoir peur de la Reine Cachée, c’est évident. Alors, il attend.

A présent, la surface est agitée par de gros remous sonores. Une créature émerge progressivement sous les yeux ébahis de Léo. C’est une femme d’une merveilleuse beauté vêtue d’une longue tunique aux reflets moirés qui ruisselle de perles d’eau glissant en longs chapelets. Ses cheveux, du plus bel argent, tombent librement sur ses épaules et descendent jusqu’à sa taille. Sous son front orné d’un mince cerceau de métal poli, ses yeux sont clos. Léo s’attarde sur les délicates oreilles curieusement effilées. Il note aussi que le teint de l’apparition est aussi pâle qu’une lune d’hiver. Une force mystérieuse élève sans effort la créature au-dessus de l’eau jusqu’à ce que ses pieds en effleurent à peine la surface. Tout autour d’elle volent de minuscules créatures ailées, brillant d’un éclat presque insoutenable.

Une sourde inquiétude étreint maintenant Léo que la créature domine de toute sa taille. Elle finit par ouvrir les yeux , également d’une extrême pâleur, où se lit une insondable tristesse. C’est ce que ressent Léo. Elle semble s’apercevoir de sa présence car elle esquisse un léger sourire. Les petits animaux ne semblent pas effrayés. Au contraire, ils se sont même rapprochés. »

Maman reprend sa respiration. Elle me sourit fugitivement. Je voudrais me redresser pour la saisir dans mes bras mais le drap est lourd comme du plomb. Comme elle ressemble à la fée du conte. Aussi belle et mystérieuse. Je n’ose l’interrompre. Un enchantement singulier nous unit étroitement.. Elle est assise au pied du lit qui se creuse légèrement sous son poids et je n’aurais qu’à tendre la main pour toucher son bras. Je n’ai jamais été aussi proche d’elle Je n’avais jamais remarqué les rides au coin de ses paupières. Maman ne peut pas vieillir, c’est sûr, tant que je serai un petit garçon! Je serai toujours son petit garçon n’est-ce pas ? Toujours ! Maman tourne légèrement la tête vers la porte de la chambre mansardée comme si quelqu’un l’appelait d’en bas. Mais je n’entends rien. Elle esquisse un mouvement, prête à se lever. Puis elle se ravise et me regarde à nouveau et j’ai la sensation qu’elle voit profondément en moi.

« Ce n’est rien mon chéri. Laisse moi continuer. Tu aimes ça les histoires. Tu sais, je te raconterai de belles histoires tant que tu le désireras. Parce que tu seras toujours mon petit garçon!». Une indicible mélancolie m’étreint. Une main de glace passe dans mon dos et je frissonne malgré moi sous le drap et la couverture.



Heureusement, maman continue.

« La Dame de la Source était bien sûr une fée vivant là. Elle avait longuement observé Léo à chacune de ses visites. Dans ce bois, elle était la dernière de son espèce, une race belle et ancienne qui avait régné sur le monde avant l’avènement des hommes. Ces créatures aimaient la musique et le chant, la lune et les étoiles, les sciences et la poésie. Leurs demeures diaphanes et aériennes réconciliaient la nature et l’architecture. Leurs palais rivalisaient d’audace vertigineuse et d’harmonie gracieuse. Mais leur beauté était éphémère. Les inimaginables constructions auprès desquelles nos sept merveilles feraient fait pâle figure, disparurent sans laisser la moindre trace, la moindre empreinte poussiéreuse, le moindre vestige archéologique. Les matériaux reprirent leur destination initiale, gypse et porphyre, granit et marbre veiné, libérés des forces magiques qui les maintenaient sous la forme souhaitée. Non belliqueuses, les fées durent fuir devant la brutalité des premiers hommes pour se réfugier au plus profond des bois, au plus profond des eaux ou sur les corniches enneigées des plus hautes montagnes. Et les fées aimèrent la neige et la glace car elles leur permirent de construire à nouveau des merveilles froides et bleues, translucides et tout aussi éphémères, qui miroitaient sous le soleil d’altitude. Là haut, sur les toits du monde où dans les contrées hyperboréales, les royaumes des fées ont duré plus que nulle part ailleurs.

Mais, dans les vallées et les campagnes, pourchassées par les hommes qui domestiquaient violemment la nature, les fées qui ne voulurent pas quitter leurs belles demeures, se couchèrent et moururent. On dit que chaque fois qu’une fée disparaît, une étoile filante tombe du ciel. Certaines nuits, elles sont tellement nombreuses qu’il semble que toute la voûte céleste se couvre d’innombrables et fugitives rides luminescentes.

La Fée des Eaux dort le plus clair du temps tout au fond de la fontaine enchantée. Elle rêve à la gloire disparue de son peuple, aux horizons libres d’entrave, aux chants sous la lune et surtout à celui qu’elle aimait. Il l’aimait en retour mais la quitta malgré tout pour fuir avec ceux qui prirent les routes de l’exode. Cette fée n’est qu’amour. Régulièrement elle jaillit de sa couche marine et hante le bois pour constater amèrement qu’il n’est pas revenu. L’espoir du retour de son amant l’a maintenue en vie durant des siècles car les fées peuvent vivre mille ans sans vieillir d’une seconde. Elle est persuadée qu’il reviendra pour elle. Elle l’attend donc sans impatience. Quelques fois, elle rencontre un chasseur téméraire ou imprudent perdu au milieu des illusions enchantées que la fée tisse entre les arbres. Elle ne pense pas à mal, elle pense à son amour absent. Les sortilèges qu’elle dispose sur les chemins secrets du bois sont destinés à le conduire jusqu’à elle. Mais ces enchantements sont trop puissants pour de simples mortels. Hypnotisés par des apparitions féériques, ensorcelés par des chants captivants, subjugués par une musique délicieuse, ils courent à leur perte. Attirés sous la surface de l’eau, ils se noient irrémédiablement. La fée se désole mais ne se résigne pas à défaire ses sortilèges. Alors elle prend grand soin des noyés. Elle les allonge dans des conques de cristal qu’elle aligne dans le lit de la rivière, à l’abri des charognards et des outrages du temps. Leurs corps restent parfaitement conservés et le seront à jamais. Ou jusqu’à ce que la fée, fatiguée, décide de mettre fin à ses jours. »

C’est une histoire belle à pleurer que me raconte Maman. Elle ne m’a jamais raconté une histoire aussi longue. Elle ne fait plus attention à l’heure tardive. Je n’entends plus aucun bruit provenant de la grande salle d’en bas. La lune est énorme et la fenêtre ne parvient plus à la contenir toute entière. L’arbre élance ses branches dénudées qui strient la pâleur de l’astre nocturne. Il vient me chercher. Maman, protège-moi. Tant que tu racontes l’histoire, je suis invulnérable. Il ne peut m’atteindre. Il faut que j’arrive à m’endormir juste à la fin pour ne pas me retrouver seul et éveillé. Dans le sommeil, il ne m’atteindra pas. Maman, continue, je t’en supplie, continue...

Comme une bénédiction, elle reprend heureusement son récit.

« Bien qu’elle ne cesse de lui sourire, l’apparition de la fée paralyse Léo qui sent ses forces l’abandonner. Un petit cri s’étrangle dans sa gorge. La nature des fées ne leur permet pas d’enfanter et les enfants leur sont donc étrangers. Pourtant, la fée a conçu un étrange sentiment qu’elle a longtemps bercé. Un sentiment de possession qui a transcendé le sentiment amoureux. Elle a décidé que l’enfant serait sien. Aujourd’hui, elle vient le chercher pour l’emmener avec elle dans son palais sous-marin. Elle a tout préparé et il ne se noiera pas comme les autres. Elle a aménagé une chambre de cristal où il pourra respirer grâce à un ingénieux système de pompes et de tuyaux. Une fois qu’il se sera habitué à son nouvel environnement et qu’elle l’aura définitivement charmé, elle l’autorisera, de temps en temps, à jouer à l’air libre dans la clairière secrète.

Elle ne prononce aucune parole. Les fées n’utilisent aucun langage pour communiquer. Cela se passe à un niveau purement émotionnel et organique qui surpasse les pauvres limites du vocabulaire. Léo penche la tête, ressentant confusément le désir de la fée. N’en comprenant pas le sens, il lui substitue l’image de sa mère disparue. Devant ses yeux abusés, il la voit qui l’appelle, mélange de joie et de pleurs. Sa maman. Elle est revenue pour lui. Elle est là, à quelques pas à peine. Il pousse un autre petit cri, de bonheur cette fois. Son coeur bat la chamade. Sa maman. Le flot de souvenirs qui afflue, achève de troubler ses sens. Il se redresse vivement et fait un pas hésitant en direction de la berge. Planant au-dessus de l’onde étale, la fée tend ses bras vers lui tandis que s’élève un chant pur et vibrant, à la profonde harmonie. Sur le visage impénétrable de la fée, le sourire n’a pas disparu mais la concentration creuse ses traits sous l’effort qu’elle fait pour maintenir le contact mental et investir totalement l’esprit du jeune garçon.

Léo fait un second pas, au comble du ravissement. Il ne quittera plus sa maman qui le protègera à jamais. Plus rien ne les séparera et ils resteront ainsi jusqu’à la fin des temps. Ils vivront dans un palais magnifique. Léo n’aura plus à retourner dans la ferme inconfortable où il partage la paille et l’odeur forte des animaux. Il sera vêtu de riches vêtements et n’aura plus jamais ni faim ni froid. Encore un pas et il tombera dans les bras de sa mère. Un dernier souvenir le gêne quelque peu. Et ses grands-parents? Ne pourraient-ils pas venir également vivre dans le palais avec lui? Bien sûr, croit-il percevoir, mais un peu de temps sera nécessaire pour tout bien préparer mais en attendant...

Un pied déjà au-dessus de l’eau, en équilibre précaire, Léo va basculer.

- LEO !

La voix forte et grave interrompt le geste du jeune garçon. Son grand-père se dresse à l’orée de la clairière, le visage griffé par les épines des buissons gardiens, la chemise lacérée où le sang perle par endroits. Mais rien en ce monde n’aurait pu l’arrêter. Pas même la magie et les sortilèges de la fée.

En s’immobilisant, Léo secoue la tête comme pour chasser un mauvais rêve. Il se retrouve brutalement dans la clairière où le fantôme de sa mère laisse à nouveau la place à l’inquiétante présence de la créature des eaux. Il recule vivement. Instantanément, une froide colère déforme les traits de la fée qui lève les bras en un geste lourd de menace. Le vieil homme se place devant Léo :

- Prends-moi à sa place et laisse le repartir. Il est innocent et n’a pas mérité le sort que tu lui réserves. Je connais les rites anciens. Tu ne peux entraîner celui qui refuse de te suivre volontairement ou qui s’est libéré de tes enchantements. Léo a rompu le charme. Tu peux te venger sur lui mais il t’est définitivement inaccessible. Il ne t’accompagnera pas dans ta demeure sous-marine. Je te propose un marché. Je veux bien te suivre librement si tu le laisses repartir sain et sauf en faisant en sorte qu’il mettre tout ceci sur le compte d’un mauvais rêve! Qu’en dis-tu ?

La fée plonge ses regards liquides dans ceux du vieil homme. Elle soupèse les termes du marché. Un calme irréel plane sur la clairière. La fée n’est plus aussi puissante qu’au temps de sa gloire mais le pouvoir qui lui reste est suffisant pour déchaîner les éléments de façon très localisée. La foudre pourrait frapper à l’endroit même où se tiennent le garçon et son grand-père et les réduire en cendres. Une tornade irrésistible pourrait les disloquer comme des pantins ou les emporter comme des fétus de paille. Une vague monstrueuse pourrait s’abattre sur eux et les noyer en une fraction de seconde. Elle n’a qu’un geste à faire et tout sera dit.

Mais quelque chose dans les yeux du vieil homme retient son attention. Une flamme qu’elle croyait disparue. Une étincelle de fierté et de force qu’elle connaît bien. Cela ne peut être celui qu’elle attend depuis des siècles, la vieillesse n’a aucun sens pour la race des fées. Elle dirige ses pensées vers le vieil homme, scrutant les couleurs qui composent son âme. Certaines lui sont étrangement familières mais en proportions si faibles qu’elles en deviennent difficilement discernables. Le vieil homme ne répond à aucun des signaux subliminaux qu’elle lui adresse. Il n’est pas celui qu’elle attend mais il détient une parcelle de son essence éternelle et infalsifiable. Elle ne comprend pas la nature de ce prodige mais sa décision est prise.

Léo se couche lentement dans l’herbe rase. Il s’endort profondément et sa respiration devient calme et régulière. Son grand-père pousse un soupir de soulagement et sourit à la fée. Il s’avance rapidement vers elle et la suit quand elle s’enfonce sous les eaux. Au bout de quelques instants, la quiétude est revenue dans la clairière. Quelque part au-delà du bois, le soleil disparaît derrière l’horizon. »

L’histoire est terminée. Je le sais. Maman s’est tue. Comme à chaque fois. Je vais m’endormir tranquillement. Une odeur saumâtre flotte dans la pièce. Une odeur d’étang et de roseaux. Une odeur de brume et de vase. Cette odeur m’est familière. Un souvenir ennuyeux. Un goût d’eau grasse dans la gorge me fait déglutir péniblement. La sensation est très désagréable. Je ne veux pas me rappeler. Il faut que je m’endorme vite pour ne pas rester seul avec l’arbre au clair de lune. L’odeur devient persistante. Ma maman se lève et ses yeux sont rougis de larmes. Pourquoi pleure-t-elle? L’histoire se finit bien non? Le petit garçon est sauf. Maman regarde une dernière fois la chambre silencieuse avant d’appuyer sur l’interrupteur. La lampe de chevet s’éteint et la clarté lunaire envahit toute la pièce. Entre mes paupières qui deviennent lourdes, j’aperçois Maman, immobile dans l’encadrement de la porte. Elle pleure encore. Puis elle referme doucement la porte et je plonge dans le néant miséricordieux.

Je reviendrai. Dans un an exactement.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-01-24 20:44:32 

 PrécisionDétails
Ce n'est pas une échappatoire... Mais j'avais dit "conte pour enfants". Cela peut être un conte de fées, mais pas forcément; je voulais seulement que le texte soit adapté à un certain public, et j'avais imaginé, parce que je raisonnais comme ça quand j'inventais des histoires pour mes enfants, que ça ne serait pas trop violent et que ça pourrait les faire réfléchir à quelque chose, leur être utile tout en restant ludique.
C'est peut-être une conception personnelle du conte, je ne sais pas. Ton avis est tout à fait respectable, et Bettelheim est un grand monsieur. Mais Boris Cyrulnik n'est pas mal non plus, et le dalaï lama...
Narwa Roquen,pour qui aucun carcan théorique n'égale la vérité du vécu

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z653z  Ecrire à z653z

2009-01-25 02:35:55 

 blablaDétails
Je doute vraiment qu'un enfant puisse comprendre ce conte facilement, il faudra que la personne qui raconte réponde aux questions que l'histoire ne manque pas de susciter.
Pas de morale non plus ou peut-être qu'il ne faut pas se fier aux premières impressions.
C'est très long avec plein de descriptions pour un conte pour enfants (ou alors je ne me souviens que de ceux que j'ai appréciés).

En tant qu'adulte, j'ai bien aimé l'ambiance et le glissement très progressif vers la "réalité".

Quelques erreurs de frappe :
"Enfin, ses yeux se sont ’étaient emplis de larmes quand son fils préféré"- "garçon. .Il attend." - "Il ne se noiera pas noyé comme les autres"


Petit ajout :
Après relecture, les consignes sont respectées : c'est une histoire simple, cohérente, sans violence extrême, et avec une morale, que vous n'êtes pas obligés d'expliciter... et il y a aussi les préoccupations de l'enfance.

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-01-26 18:44:42 

 Commentaire Wa 52 MaedhrosDétails
On sens que tu as vraiment essayé de respecter les critères. Le vocabulaire est d'abord simple, mais... chassez le naturel et il revient au galop !

Maedhros a dit :

Leurs demeures diaphanes et aériennes réconciliaient la nature et l’architecture. Leurs palais rivalisaient d’audace vertigineuse et d’harmonie gracieuse. Mais leur beauté était éphémère et les inimaginables constructions, auprès desquelles nos sept merveilles auraient fait pâle figure, disparurent sans laisser la moindre trace, la moindre empreinte poussiéreuse, le moindre vestige archéologique. Les matériaux reprirent leur destination initiale, gypse et porphyre, granit et marbre veiné, libérés des forces magiques qui les maintenaient sous la forme souhaitée par les fées. Non belliqueuses, ....



Ne sachant pas moi même à quoi ressemble la "porphyre", je doute qu'un enfant en aie la moindre idée.
Régulièrement tu reviens pour essayer de ressimplifier ton vocabulaire et ton style et systématiquement tu reparts dans un texte plus profond et complexe.

Assez paradoxalement cependant, cela crée un mouvement de balancier qui, associé au passage entre l'enfant qui s'endort et le rêve qui prend de plus en plus de place rend le texte presque hypnotisant.

J'ai trouvé que l'allusion aux adultes ("force clins d'oeil") inutile et encore une fois presque hors sujet. Typiquement, là on voit l'effort que tu fais pour se mettre à la place de l'enfant, mais si tu décales un tout petit peu ton point de vue pour te mettre à la place du conteur (genre une vraie maman qui raconte ca à son vrai enfant irl), eh bien ce conteur se retrouve à parler d'allusion que ni l'enfant-personnage, ni l'enfant-irl ne peuvent comprendre sauf que l'enfant qui écoute, il va falloir lui expliquer en terme clair ;-)

En fait, je crois que tu frises également parfois la caricature d'enfant (la maman qui est si jolie ou la remarque juste au dessus). Tu cherches un équilibre pas facile à trouver.

La morale n'est pas explicite, c'était permi, mais j'aurai tendance à dire que là elle est carement cachée. La notion du sacrifice des parents pour leurs enfants mise en paralelle avec le départ de la mère, ok, mais sans prendre les enfants pour des imbéciles, je doute que ca puisse se comprendre, dit en ces termes, à 8 ans. Tu le dis toi même d'ailleur : "Pourquoi elle pleure ? L’histoire se finit bien non ?".

Bref, c'est un superbe (faux) conte pour enfant à destination non pas de l'enfant, mais de l'adulte qui lit. Peut-être peut-on voir ca également comme un conte qui pourra être relu par l'enfant une fois devenu adulte (ou disons "plus grand"), qui comprendra alors plus de chose. A ce titre le "Je reviendrai. Dans un an exactement." est assez prémonitoire dans l'idée d'un entremelement entre les conteurs et les personnages de toutes les niveaux (irl, histoire, et histoire dans l'histoire).

En fait, plus j'y repense et plus je me dis que si ce double niveau de lecture avait pu être atteint sans gypse et sans porphyre d'un coté et sans clichés d'enfants de l'autre, ce conte aurait pu être une pure merveille.
(Enfin, ne t'y trompe pas, j'ai vraiment aimé ^^)

--
Onirian, enchanté.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-01-26 23:25:52 

 Commentaire Maedhros, exercice n°52Détails
Quelle merveille de poésie que ce long texte construit sur plusieurs dimensions, comme des matriochka savamment emboîtées... Tu arrives à rendre poétiques des choses épouvantables, et d’un drame horrible tu fais une rêverie mélancolique. C’est un récit tout en brumes argentées, une aquarelle d’une infinie délicatesse où l’émotion est à la fois pudique et innocente ; il y a de la magie là dedans... La fin tombe comme un couperet, coup de lumière crue qui brise le rêve, souffle court, frisson d’horreur... Mais tu nous as tellement bien bercés auparavant qu’on arrive à accepter l’inacceptable. C’est alors qu’il faut absolument relire le texte, depuis le début, parce qu’avec un autre éclairage on lit un texte totalement différent, encore plus beau, encore plus fort, et on peut prendre le temps d’admirer la maîtrise du non-dit, du double sens, de la confusion dans laquelle tu nous gardes, entre rêve et réalité, entre vie et mort...
Alors, oui, effectivement, c’est un texte difficile pour un enfant, non seulement au niveau du vocabulaire (réminiscences mémorielles, signaux subliminaux...), mais aussi du fait même de son extrême subtilité. Pas insurmontable, mais difficile. Pour moi il s’agit bien d’un conte (et même de deux en un), qui témoigne que l’amour est plus fort que la mort, et c’est ce qui le rend non seulement tolérable, mais réconfortant. Il est comme les Sombrals de Harry Potter, accessible seulement à ceux qui ont côtoyé la mort, mais pour ceux-là il peut être secourable.
J’aime beaucoup la description du petit bois, et surtout le passage sur les fées dans la neige. Les émotions du petit garçon sont rendues avec beaucoup de justesse, et à la deuxième lecture c’est franchement troublant.
Le titre me gêne un peu. Il est juste, mais ce mot est un peu trop matériel pour un texte aux limites volontairement floues. Je suis sûre que tu peux faire mieux.

Quelques petites fautes de frappe :
« La justice (ne) semble n’avoir pas cours... »
- « ma mère poursuivait son récit » : étrange, cet imparfait isolé dans un texte au présent
- « un hérisson... un lapin..., et à quelques écureuils... »
- « Ses yeux se sont étaient emplis de larmes...)
- « Léo n’a jamais parlé à ces... amis... » : j’aurais dit « ses », mais pourquoi pas
- « dans les vallées et les campagnes, pourchassées..., les fées... »
- « elle l’est là, à quelques pas à peine... »
- La fée n’est plus aussi puissante qu’elle le fut », sans ^.


Merci pour ce moment de pur bonheur, fait de sourires, de larmes et de rêve – comme la vie.
Narwa Roquen,sous le charme...

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-01-29 15:10:04 

 Exercice 52 : Maedhros => CommentaireDétails
Ton texte est très long mais très fluide. Pauvre consigne... repose en paix. On est bien loin du conte. Il y en a un, certes, dans cette nouvelle mais la nouvelle elle-même en est bien éloignée avec son vocabulaire et ses méandres. Pas de serial killer, ça me fait plaisir !
J'ai trouvé la première description du bassin un peu trop chargée en adjectifs. Le flou entre l’histoire et les pensées du gamin est intéressant. Ça m’a rappelé le film «l’histoire sans fin » où un enfant lit une histoire qui est en fait réelle et dans laquelle il est de plus en plus impliqué.
L'adoration de l’enfant pour sa mère est peut-être un peu outrée. Tu rends bien la peur du noir et de la solitude.
J'ai trouvé curieux que la fée s'énerve, elle qui était si calme et rêveuse.
Par contre, je n'ai rien compris à la fin. Pourquoi ce goût d'eau croupite ? Pourquoi dans un an ? Tu pourrais m'expliquer ? Etant la seule à écrire que je ne comprends pas la fin (et cela m'arrive fréquemment avec tes histoires), je me fais l'effet d'être formidablement crétine, mais tant pis !

J'ai relevé des ptits trucs qui m'ont paru bizarres :
« pour que je démêle ses »
« et sur quelques écureuils »
répétition entre « contre-jour lunaire » et « clarté lunaire »
« Ils sont également d’une extrême pâleur et on y lit une insondable tristesse. »
« dégringolent par terre » : familier...
« un ingénieux système de pompes et de tuyaux » : j’aurais plutôt vu un sortilège
« Elle est là, à quelques pas à peine »
« Fais en sorte qu’il mette tout ceci sur le compte d’un mauvais rêve »
« L’odeur devient plus persistante » : intense, profonde, forte... mais persistante, c'est si on cherche à s'en débarasser, me semble-t-il.

Est', en pleine lecture.

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-01-29 16:54:20 

 D'une explication.Détails
N'aie pas peur Estellanara, j'ai eu du mal a saisir la fin aussi et c'est en y réflechissant pour dire dans mon post que je n'avais pas compris que j'ai finalement eu l'illumination ^^

En fait, la derniere phrase est dite par la mère, elle va partir pendant un an (d'ou les pleurs, elle est triste). Et le conte, y fait écho par le biais du grand père qui se sacrifie pour le bien du gamin.
La maman, comme le grand père, se sacrifie "pour le bien de l'enfant". C'est en tout cas ce qui est suggéré, c'est plus ou moins la morale.
Enfin j'espere, sinon j'ai encore moins compris que toi ^_^

--
Onirian, explicationnateur amateur.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-01-29 17:55:02 

 L'inacceptable...Détails
...on s'en défend, tellment qu'on se refuse à le voir... C'est l'enfant qui a un goût d'eau croupie dans la bouche. C'est lui qui ne veut pas voir autre chose que sa mère, dont l'amour le rend encore vivant, lui qui restera toujours son petit garçon, lui qui reviendra dans un an, comme reviennent les fantômes... Oui, je sais, c'est épouvantable. Mais si on l'accepte, c'est tellement bien écrit...
Narwa Roquen, la vérité en face

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-01-29 19:34:29 

 Oui...Détails
C'est effectivement un petit fantôme qui parle!

D'abord j'ai corrigé l'histoire à la suite de vos observations et j'ai modifié quelques phrases aux tournures perfectibles. Ce fut compliqué de gérer les deux dimensions et pressé par le temps, j'ai laissé passer pas mal d'erreurs! Merci pour vos remarques et conseils. J'en ai tenu compte!

J'avais bien en tête l'idée d'un double récit reposant, comme l'a dit Narwa, sur la force de l'amour pour vaincre la mort.

Dès le départ, il était clair que le petit garçon était un fantôme qu'un lien étrange unissait à sa mère mais j'ai essayé de ne pas trop appuyer sur ce thème.

Le conte proprement dit est plus une légende (mais les contes ont été souvent adossés à des légendes) comme il en existait beaucoup dans les campagnes quand le monde était plus grand que maintenant. A cet égard, le Berry, où se déroule l'action, est une région très fertile (un lien sympa...

Pour le titre, eh bien, je n'ai pas réussi pour l'instant à trouver mieux mais je continue d'y réfléchir. C'est vrai qu'il fait très matérialiste!

Pour les pompes et les tuyaux, j'avais imaginé que ces fées étaient douées pour les sciences, d'où...

Persistante : dans le sens de : durer, continuer... en fait dans le sens de : devenir pérenne et présente.

...poursuivait son récit : je me suis aussi posé la question du choix du temps... un imparfait orphelin dans un texte largement au présent. Mais il m'a semble (peut-être abusivement) que cela obéissait au fait que durant un bref moment, le petit garçon a décroché et son attention s'est dirigée ailleurs... il s'en aperçoit et revient au récit et remarque que sa mère le poursuivait, dans le sens où elle l'avait poursuivi sans l'attendre. Et ayant tenté de le remplacer par un présent, cela m'a paru moins coulé. Capillo-tracté?


M

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-01-30 10:38:32 

 Visions.Détails
Gasp, un fantôme qui parle.
Je dois l'avouer, je suis passé à coté. Du coup ca explique l'allusion aux "cendres de l'amour".
J'ai bien pensé que le môme allait mourir, voir qu'il était carement entrain de mourir cette nuit et qu'il se fesait accompagner par sa mère pour ce dernier voyage, mais pas qu'il était déjà mort "avant".
Ca rend l'entremellement de point de vue encore plus tordu ;-))
Je veux dire, on se place dans l'oeil d'un gamin qui grosso modo n'existe plus que dans l'imaginaire de la mère qui refuse la mort de son fils (ou encore c'est un vrai fantôme qui revient parce que sa mere raconte une histoire, mais c'est presque annecdotique comme point de détail finalement).

Cette fois ci, c'est officiel, les consignes ont été jetée au feu et tant pis pour elles, na !

--
Onirian, point de vue.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-01-30 14:36:47 

 Evidemment !Détails
Merci Narwa !
Au contraire, l'histoire s'éclaire d'un intéret nouveau avec cette histoire mélancolique. Mais oui, ça se tient ! Chuis pas vive, moi parfois...
L'enfant ne sait pas qu'il est mort alors ?
Ca explique des allusions que j'avais trouvées étranges, comme "Pendant une fraction de seconde, elle semble si loin de moi."
Ca explique pourquoi il ne peut pas la toucher aussi. Et pourqui il s'étonne qu'elle vieillisse.
Et tant qu'elle raconte, le fantôme reste là.
"je plonge dans le néant miséricordieux." prend un autre sens.
L'enfant se sera noyé dans l'étang. Et le conte que raconte la mère propose une autre fin, celle qu'elle aurait voulue. Donner sa propre vie en échange de celle de l'enfant.
Tout simplement génial !!

Est', enthousiasmée.

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z653z  Ecrire à z653z

2009-01-30 17:31:19 

 fantôme ?Détails
J'avais plus pensé qu'elle maintenait son esprit (mais aussi son corps) en vie en lui racontant cette histoire tous les ans et que le reste du temps, il dormait dans "une chambre de cristal". Et qu'il pouvait respirer sous l'eau dans son sommeil annuel grâce à un sortilège.

Ce qui me gênait un peu, ce sont les bruits dans la salle d'en bas qui faisait interrompre la fée... certainement un souvenir de l'enfant quand sa vraie mère lui contait une histoire un peu longue.

bref, je croyais avoir tout compris mais finalement non... :)

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