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De : Elemmirë  Ecrire à Elemmirë
Page web : http://lemondedelemm.canalblog.com
Date : Dimanche 30 mars 2008 à 20:54:35
Seuls



« Chéri, s’il te plaît...
- Allons Seyla, nous en avons déjà parlé. Il va mieux, c’est tout ce qui compte. Regarde-le, depuis combien de temps n’avait-il pas souri ? Que veux-tu de plus ?
- Je... je sais mais... Je voudrais comprendre... Ce n’est pas possible tout ça, et ça me fait peur. Les médecins d’Ayelba, et ceux d’Orïn, ils disaient tous...
- On se fiche des médecins ! Ils ne savent rien ! Ils étaient incapables de le soigner, et quelqu’un d’autre l’a pu, voilà tout. Appelle ça un miracle s’il te faut un mot.
- Quelqu’un d’autre ? Mais qui, Tëyb ? Ne me dis pas que tu prends au sérieux cette histoire d’amie imaginaire ! Vô n’existe pas, Tëyb, Vô est un symptôme de... C’est pire qu’une obsession, et ça m’inquiète autant que son autre... que sa maladie a pu le faire... Këalin a de plus en plus de mal à rester dans la réalité, il parle d’elle sans arrêt, elle est son seul centre d’intérêt, c’est effrayant ! On ne peut pas le laisser croire qu’un produit de son imagination lui a sauvé la vie. Et on ne pourra pas l’aider tant qu’on ne pourra pas lui expliquer ce qui se passe vraiment. Tout ça est tellement... tellement...
- Irrationnel ? Que sait-on de la réalité ? Que sait-on de la maladie ? Que sait-on de cette présence dont il parle ? Qui sommes-nous pour juger du réel ou de l’imaginaire ? Seyla, notre connaissance du monde est partielle, nos sciences ne sont qu’un point de vue basé sur nos sens et sur les capacités restreintes de nos cerveaux. Tant de réponses nous manquent ! Il y a cent ans, on ne communiquait pas à distance. Que ferons-nous dans les siècles à venir ? Këalin est intelligent, exceptionnellement sensible, et il a toujours été différent des autres enfants, à l’écart. Peut-être que sa solitude est une chance, après tout. Peut-être qu’elle lui a permis de jeter un autre regard sur les choses, de ne pas fermer toutes les portes ? Peut-être qu’il perçoit des choses que nous...
- Arrête, Tëyb, je t’en prie. Këalin est malade, il est fragile, il souffre énormément, il est tellement seul, il...
- Këalin va mieux. Notre fils va mieux ! Notre fils sourit, notre fils mange, notre fils vit ! C’est tout ce qui m’importe. Et si c’est à de l’irrationnel, à de l’inconnu qu’on le doit, alors béni soit ce qu’on ne peut comprendre. »


« Allez allez, commençons messieurs, j’ai à faire. Këalin T., 8 ans, hospitalisé en neurologie en Janvier l’année dernière suite à des migraines fulgurantes et des pertes de connaissance inexpliquées. Scanner et IRM révèlent un processus expansif encéphalique extrêmement diffus. La biopsie atteste qu’il s’agit d’un astrocytome de grade IV, de ce fait inopérable. Les images réalisées à l’époque sont là, là et encore ici. Le pronostic vital est pessimiste, quelques mois à peine, je ne vous apprends rien. On engage un protocole 47, radiothérapie sur un mois qui ne donne pas de résultats, et chimiothérapie au Byrlen sur six mois. Le traitement ne permet pas de régression, mais les examens intermédiaires ne voient pas non plus d’évolution négative : jugez-en par vous-même. En fait, ce sont des copies exactes des précédents, comme si le gliome s’était figé. Pas une cellule ne semble avoir bougé. Les symptômes persistent identiquement. On arrête la chimio en Août pour une pause thérapeutique de trois mois, avant décision de reprise ou d’abandon selon évolution. Novembre, bilan : scanner et IRM toujours identiques. On propose une nouvelle chimio au Onzder, très mal supporté par l’enfant et qui ne permet toujours pas de régression. On stoppe le traitement à la demande de la famille en Janvier. Février, Mars, bilans toujours strictement identiques. Et le gamin revient ce mois-ci, on apprend que les migraines ont disparu, les imageries sont réalisées et re-contrôlées à deux reprises, et tenez-vous bien : plus rien. L’enfant présente un portrait strictement normal d’enfant de huit ans. Plus rien. Rien du tout. Pour ma part, je n’ai pas la moindre explication médicale plausible et je ne crois pas en Dieu. Si personne n’a rien à dire, je pense donc...
- Est-on sûrs qu’il s’agit du même enfant ? Pardon Professeur, mais, la famille a-t-elle été suivie ? Je veux dire, la perte d’un enfant aurait pu entraîner, même chez des gens tout à fait sains comme vous et moi, je ne sais pas, un enfant croisé dans la rue qui lui ressemble assez et...
- J’y ai pensé aussi, bien sûr, mais les analyses ADN réalisées après les dernières imageries prouvent bien qu’il s’agit du même individu, même un jumeau aurait été identifié. La relecture des lames a été réalisée par deux autres laboratoires, il n’y a pas d’erreur d’anapath possible, cet enfant avait bien une tumeur incurable, il était condamné, et le voilà en pleine forme. Quant au suivi psychologique, puisque nous avons apparemment du temps à perdre, Docteur Deyl, je vous en prie, éblouissez-nous !
- Hem. Les parents ont refusé le suivi psychologique d’accompagnement proposé pour eux lors du traitement. Mais la mère l’a sollicité pour l’enfant en Août , ce dernier est donc suivi depuis. Ses parents sont un couple discret, qui semble stable et non pathogène. Le niveau socio-culturel est élevé, le père est astrophysicien, la mère chercheur en agronomie dans un grand laboratoire d’Orïn. Tous deux travaillent cependant beaucoup, l’enfant est donc livré à lui-même la journée, mais il refuse le contact avec la baby-sitter et semble apprécier cette solitude. Déscolarisé depuis sa maladie, il ne reçoit pas de visite de ses anciens camarades, et les parents eux-mêmes reçoivent très peu, pour ne pas dire jamais. L’examen et le suivi de l’enfant sur les huit derniers mois révèlent une personnalité réservée, taciturne, mais hypermature et qui ne présentait pas, au départ, de trouble psychique notable. Son intelligence est très au-dessus de la moyenne, avec une passion pour les sciences en général, physique, médecine, mathématiques. Il lit beaucoup, et ne semble pas souffrir de la pauvreté de son environnement social. Ou plutôt, il ne paraissait pas en souffrir jusqu’à il y a deux mois. Là, il a évoqué lors d’une séance une rencontre qu’il aurait fait, dont l’objet est demeuré très flou. Il parle d’une amie, une sorte... d’ange gardien, mais ses parents n’ont pas connaissance de quelconques visites extérieures auprès de l’enfant. D’après eux, il s’agirait d’une amie imaginaire, omniprésente dans l’univers de l’enfant. Il passerait plusieurs heures par jour en méditation à l’appeler, ne parle plus que d’elle, et l’aurait nommée Vô. Et il pense... que c’est elle qui l’a guéri.
- Ben voyons ! Nous vous remercions grandement, Docteur, grâce à vous tout s’explique.
- Soyez raisonnable, Professeur, je ne crois pas plus que vous à cette hypothèse. La force du mental est importante, mais ne peut suffire à guérir une tumeur aussi avancé. La localisation peut cependant provoquer certaines hallucinations, c’est pourquoi je pense que cette création n’est qu’un symptôme neuropsychiatrique, fruit d’une lésion encore bien présente, d’une façon ou d’une autre, et d’un isolement socio-affectif important chez un jeune dont le psychisme est trop bien vérouillé pour l’exprmier autrement. Ne trouvez-vous pas surprenant qu’il ne paraisse pas souffrir de son extrême solitude ?
- Bien ! Nous avons donc à présent une hallucination bienfaisante, une tumeur invisible et non mortelle, et toujours pas d’explication digne d’être entendue ! Quelqu’un d’autre ? Personne ? Eh bien, je perds patience. Leyla, transmettez donc le dossier au Professeur Bïkot. Lui qui se targue de tout expliquer, je lui souhaite bien du courage. Merci messieurs, fin de la réunion. »


Jeux de lumière. Branches des chênes entremêlées. Souffle de vent chaud, parfum ambré et humide. Bois, mousse, terre. Vibrations concordantes. S’enroulant autour des troncs, embrassant l’air, humant la sérénité ambiante, celle que le petit Këalin a nommé Vô se gonfle et s’épure, se lisse et se ravive, puisant à l’Origine sa consistance et sa teneur. Elle s’étire et rayonne, forte de ce merveilleux dialogue établi, qui la différencie de toutes les autres. Vô, de par cette expérience unique, n’est plus divisible, dissoluble parmi les Siens. Elle s’arrondit comme une bulle parfaite à l’évocation de cette rencontre, et découvre l’inconcevable voyage de s’unir sans se confondre, de partager sans se perdre. La concrétude de la chair de Këalin, qu’elle apprend à traverser et envelopper pour en ressentir la chaleur, contraste avec l’étendue inthermée de son esprit, que le petit humain semble ignorer. Et ce sidérant miroir ne cesse d’intriguer l’Energie, plus pleine et plus ronde après chaque rencontre.
Vô sent la présence d’une semblable. Celle-ci est affaiblie, et, s’approchant, se dissout pour mieux fusionner avec elle. Vô se contracte et se verrouille. Elle ne veut partager ces instants avec aucune autre parcelle des Siens. Elle ne veut pas risquer de n’être plus tout à fait la même pour pénétrer l’esprit du garçon.
L’Autre étincelle de surprise. Un courant magnétique traverse les branchages. Elle s’offusque et envoie à Vô une infinité de signaux, questionnements, raisonnements, cercle des Grandes Évidences. Elle met Vô en garde contre les illusions d’unité et d’unicité, évoquant l’appartenance fluide et inconsistante de Toutes à l’Énergie Infinie. Vouloir s’individualiser n’a pas de sens : comme l’eau se mêle à l’eau, l’Énergie se dissout et rejoint l’Énergie.
Vô lance son nom dans les airs. Vô ! Un souffle secoue les chênes, accentuant quelques instants les ombres sous les arbres. Désormais, je ne suis plus une simple parcelle. Désormais, je suis Vô. L’Infinie ne sait pas. Je veux comprendre, je veux savoir, je veux ressentir. Pourquoi leurs peaux, leurs passions, la force de leurs étreintes ? Pourquoi leurs douleurs, leurs maux et leur faiblesse ? Pourquoi méconnaissons-nous cela ?
Elle envoie dans ses ondes le respect, la curiosité, l’attachement que l’enfant éveille en elle. Il est seul parmi les siens, et pour le comprendre, Vô se veut distincte des Siens à son tour.
Perdre ma place dans l’Énergie Infinie, pour ressentir, pour partager, ce n’est rien. Je ne peux plus me confondre, je suis un Tout depuis qu’il m’a nommée. Laisse-moi.

Dans un frisson imperceptible, l’Autre quitte le champ de Vô, sans une onde de plus.


Elemm', vieux motard que j'aimais!


  
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Réponses à ce message :
3 Exercice 32 : Elem’ => Commentaire - Estellanara (Mer 7 mai 2008 à 17:39)
       4 Vi ^^ - Elemmirë (Mer 7 mai 2008 à 18:27)
3 Je n'avais pas lu le 1er épisode... - Liette (Mer 23 avr 2008 à 00:02)
3 Commentaire Elemmirë, exercice n°32, 2° partie - Narwa Roquen (Ven 4 avr 2008 à 16:55)
       4 Eh oui, satané contexte...! - Elemmirë (Sam 5 avr 2008 à 10:43)


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