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De : Estellanara  Ecrire à Estellanara
Page web : http://estellanara.deviantart.com/
Date : Jeudi 20 mars 2008 à 13:58:13
Avertissement !!!
Texte explicite. Lecteurs sensibles, s'abstenir !
Ceci est une histoire de fiction et ne constitue en aucune façon une apologie du suicide ou un encouragement au suicide


Bon, c'est pas complètement épistolaire mais c'est le même genre.
Je n'en finis plus de remonter les cadavres en draguant les eaux noirâtres de mon inconscient...

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Dans les bras du néant



Mercredi 31 mai :

Je suis finalement revenue à la maison. Encore. J’ai dans les bras les trous des perfusions et sur la peau la colle des pansements. C’est ma cinquième TS. Je pense que je recommencerai. Quand je ne pourrai de nouveau plus supporter tout ça, quand j’aurai trop mal. Peut-être qu’un jour, je ne reviendrai pas. Quelle importance ? Tout le monde s’en fout.
Je n’ai pas vu la lumière. Quand j’étais morte et que je me détachais progressivement du monde, je n’ai rien vu. Ils disent que j’aurais du entendre de la musique et que des gens morts auraient du me sourire. Ma grand-mère ou quelqu'un comme ça. Mais je n’ai vu personne. Il n’y avait que l’obscurité. La lumière, c’est seulement dans les films.
Et il n’y avait pas d’anges non plus. De toutes façons, je ne crois plus en Dieu depuis le cathé. Le monde est tellement moche. La vie, quoi. Si Dieu existe et permet tout ça, il doit être sacrément moche lui aussi. J’ai pas besoin de lui. Je n’ai besoin que d’une chose, c’est qu’on me foute la paix.
Mon beau-père m’a obligé à venir manger avec les autres. Je n’avais pas faim, je lui ai dit mais il a levé la main et je suis allée m’asseoir. Son connard de fils ricanait tout le temps en me regardant. Il s’amusait bien. Il aurait voulu que je crève, ça je le sais. Il me l’a dit tellement souvent. Ma mère a servi les pâtes. Elle n’osait pas me regarder. Elle s’est assise en silence, recroquevillée sur son siège comme elle fait toujours. Mon beau-père lui a jeté un regard méchant et il a dit : « Elle rate toujours tout, ta fille. Elle a même raté sa mort. »
Ma mère est devenue toute blanche et elle se tordait les mains. Le fils a éclaté de rire, comme à une bonne blague. Je lui ai balancé mes spaghettis à la figure et je me suis enfermée dans ma chambre. Je l’ai écouté rugir à travers la porte pendant que son père lui disait de la fermer parce qu’il n’entendait pas le match. Ma mère est venue elle aussi et avec sa petite voix, elle m’a demandé de dire pardon à mon frère. « C’est pas mon frère ! », je lui ai balancé sans ouvrir la porte.
Ensuite, j’ai pris des somnifères. Les médecins m’ont dit que je n’avais pas le droit et ma mère a jeté mes cachets mais j’en avais planqué un peu partout. Le sommeil me gagne. Mes sentiments s’estompent. La colère me semble bien loin. Je flotte dans un brouillard douillet. Bientôt, je sombrerai dans l’oubli total. Jusqu’à demain. C’est drôle. D’être morte si souvent donne des sensations bizarres. A chaque nouvelle tentative, c’est plus fort. Je me sens de plus en plus détachée de la réalité. Comme si je la voyais de loin. Que j’observais une fille qui n’est pas vraiment moi...

Jeudi 1er juin :

Ma mère voulait que je reste à la maison quelques jours pour me reposer. Mais à la maison, il y a l’autre connard qui glande toute la journée devant sa console. Je préfère aller au bahut.
Et puis, au lycée, il y a Gaëlle. Elle ne m’a pas posé de questions. Elle ne m’a pas demandé si j’allais bien, elle. Elle sait que je ne vais pas bien. Elle est comme moi, Gaëlle : bousillée. Elle avait l’air encore plus fragile, encore plus pâle qu’avant. « J’ai encore perdu deux kilos... » elle m’a dit. Et dans sa voix, il y avait comme une victoire. J’aurais voulu l’aider, lui dire « Ne fais pas ça. » mais je n’arrive déjà pas à m’aider moi-même. Souvent, les yeux dans le vague, elle me parle et ses mots sont des brûlures, des plaies à vif. Elle dit : « Tout cela, c’est inéluctable, Florence. Le flux d’information est de plus en plus dense et les relations humaines de plus en plus diffuses. La pression qu’on nous impose est si forte qu’elle nous asphyxie. Il faut qu’on soit beaux, qu’on soit en bonne santé, minces, bronzés. Et puis riches aussi, et célèbres. Il en faut toujours plus. On ne s’arrête jamais. Et pour nos parents, il faut qu’on aie de bonnes notes, qu’on réussisse ce qu’ils n’ont pas réussi eux. Il faut qu’on se trouve, qu’on soit heureux. On veut nous obliger à être heureux.
Et tout ça pourquoi ? Il n’y a pas de travail, les banlieues brûlent, le Proche-Orient croule sous les bombes, la Terre est polluée... On me pousse, on me contraint. A quoi bon ? Je ne vais nulle part. Il n’y a aucun avenir pour nous. C’est la fuite en avant, je ne possède rien, je ne maîtrise rien. A part mon propre corps... »
Je pense à ce qu’elle a dit en regardant tomber la pluie. Pourquoi son père ne fait-il rien ? Ne voit-il pas sa fille en train de se détruire ? Peut-être qu’il ne sait pas quoi faire. Je presse mon visage contre la fenêtre de ma chambre. Les gouttes rebondissent sur le balcon, à quinze étages au dessus du sol. La ville pleure sa grisaille et sa laideur.

Mardi 6 juin :

Je me suis enfermée dans la salle de bain avec mon journal et mes cachets. J’ai serré mes mains l’une contre l’autre pour qu’elles s’arrêtent de trembler. Il est parti maintenant. Acheter du vin. Sur le carrelage, des gouttes de sang. Je suis hypnotisée par leur couleur. C’est mon sang ? Je ne me souviens plus bien de ce qui s’est passé. Il m’a frappée. Plusieurs fois. Je dois m’en souvenir. Je dois me souvenir de tout ce qu’il me fait. Il le paiera. Ecrire pour me souvenir.
Mon beau-père. Il voulait que je lui amène de l’alcool. Mais il n’y en avait pas. Il avait déjà tout bu. Il m’a insultée et puis, il a levé son énorme bras au dessus de moi. Toute la figure me brûle. Il m’a attrapée par les épaules et il m’a balancée contre le mur. Après, je ne sais plus. Une tâche de sang sur mon journal. Merde ! Ca fait mal, les larmes sur ma figure. Je ne vois même plus ce que j’écris. Que quelqu'un m’aide. Que quelqu'un vienne m’aider. Pitié. Que quelqu'un m’aide. Que quelqu'un m’aide...

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là-dedans. Je crois que j’ai du devenir folle un moment. Je me balançais d’avant en arrière en répétant la même phrase. Et puis, j’ai émergé. Et je l’ai vu.
C’était dans le coin de la pièce. Comme une ombre mais en plus épais. Comme un brouillard noir. Noir comme l’oubli. Sombre comme la désespérance. Et ça avait des yeux comme des trous de lumière, comme quand on regarde le soleil du fond d’un puit. Ca n’avait pas vraiment de forme, des contours vagues et mouvants. Une tête large et deux grands bras peut-être. Mais ça changeait d’apparence, comme de la fumée qui rampe sur le sol. Je pouvais voir au travers. Et ça me regardait.
J’ai fermé les yeux mais je sentais toujours que ça m’observait. Je percevais une présence. Je me suis détournée. J’avais la trouille. Ca ne pouvait pas être vrai. C’était mes yeux qui me jouaient un tour. J’avais pris un coup trop fort sur la tête. Je me suis penchée au dessus du lavabo et j’ai regardé dans le miroir. Mon visage était tout violet. Du sang caillé encroûtait mes cheveux d’un côté. « Il ne m’a pas ratée », j’ai dit. Ma voix m’a parue étrange. J’ai louché sur le côté du miroir et c’était encore là, un amas obscur qui semblait émerger du mur. Et je sentais ce regard posé sur moi, lourd. Je me suis forcée à ne pas regarder.
J’ai désinfecté ma figure et je suis allée dans ma chambre. J’avais toujours cette impression, comme une chair de poule, la nuque qui vous démange, l’envie de se retourner pour vérifier. Mais pour vérifier quoi ? Ce n’est pas possible. Ca n’existe pas. La douleur m’aura fait délirer. Je me suis quand même retournée et il n’y avait rien. La peur me crispait le ventre. J’ai enlevé mes vêtements pour mettre mon pyjama et à travers le tissu, j’éprouvais la sensation d’être observée. Je me suis cachée sous les couvertures mais ça me voyait au travers. J’ai allumé toutes les lumières sans rien trouver. Je respirais vite et mes yeux cherchaient dans les coins à toute vitesse.
C’est parti à présent. Je me suis levée pour écrire. Je ne sais pas ce que c’était. Etait-ce réel ?

Dimanche 11 juin :

C’est revenu aujourd’hui. J’étais au fond du trou. Vraiment mal. Assise par terre contre le mur, je regardais le papier peint, fixement. Je me sentais vide de tout à part de la souffrance. Je n'avais envie de rien à part que ça s'arrête. J'aurais voulu me claquer la tête dans le mur, assez fort pour être assommée. Quelques heures de répit... si seulement ! J'entendais les cris stridents de ma mère pendant que mon beau-père la tabassait. Et ses grognements à lui et les insultes dont il l'inondait. Et la musique à fond dans la chambre de l’autre connard.
Prostrée sur la moquette, je me demandais s'il me restait suffisamment de somnifères pour m'endormir pour toujours. Et être libérée de tout ça. Je me sentais atrocement seule. La douleur était insupportable. Au delà des larmes. Au delà même des cris. Je regardais mes bras nus, couturés de cicatrices parallèles. Je regardais l'ange aux ailes noires sur le poster et je le suppliais silencieusement de m'aider.
Soudain, comme un nuage qui cache le soleil, comme un filet d'eau glacée qui descend le long du dos, c'était là. Ca s'est détaché des ombres de la pièce et ça a rampé vers moi. Ca paraissait plus solide que la première fois et il y avait comme un courant sous la surface obscure. Les contours en étaient plus nets. Ca se rapprochait doucement en me fixant de ses yeux sans regard. J'ai reculé le long du mur. Je ne voulais pas que ça me touche. J'ai essayé de crier mais je n'avais plus de voix. La terreur m'a sapé le peu de forces qui me restaient. Je me suis effondrée sur le sol. Je ne pouvais plus bouger. Et je pleurais.
Ca a avancé un bras vers moi et ça m'a effleuré la jambe. J’ai sursauté, anticipant la douleur. Mais c'était doux. Comme du coton ou un léger courant d'air. Et tout à coup, je n'avais plus mal. Je ne ressentais plus ni la tristesse, ni la fatigue, ni le désespoir. Je ne ressentais plus rien. Le néant. Et c'était bon. J'avais oublié ce que ça fait quand on ne souffre pas. J'avais l'impression de respirer librement après qu'on m'a maintenu longtemps la tête sous l'eau. Tous mes muscles se sont détendus et je ne savais même pas qu'ils étaient contractés. J'ai poussé un soupir. C'était toujours là, comme une brume noire et ça m'observait. "Merci", j'ai dit à l'ombre. Ca semblait si étrange de lui parler. Pendant un instant, j'ai eu l'impression que ça souriait, même si ça n'avait pas de bouche. A présent que j’écris, je me demande si j’ai rêvé tout cela.

Mardi 13 juin :

Je suis allée voir Gaëlle chez elle, aujourd'hui. Elle est devenue trop faible pour venir au lycée. Je ne lui ai pas parlé de l'ombre. Je ne sais pas pourquoi. Elle avait du mal à respirer et souvent, des spasmes la secouaient. Elle m'a pris la main et elle m'a dit qu'elle espérait que ce ne serait plus long à présent. Elle a dit que nous ne nous reverrons pas. Nous nous sommes regardées longuement. J'aurais voulu lui dire plein de choses mais les mots sont restés coincés. Ce n'est pas grave. Gaëlle est ma soeur d'âme. Elle sait tout ce que je pense.
Quand je suis rentrée, je pensais sans cesse à elle. Pendant la nuit, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour qu'elle ne souffre plus. Qu'elle soit apaisée. Alors, j'ai pensé à lui. Et à comment il m'avait touchée. Presque aussitôt, j'ai senti qu'il était là. Ca ne me fait plus peur. C'est une présence amicale, rassurante. Il vient quand j'ai besoin de lui. Il est là pour moi. Et il est le seul. Cela fait-il de lui mon ami ? En ce moment, il se tient dans le coin du mur, énorme et sombre, pareil à un gros nuage d'orage. Ses yeux regardent à l'intérieur de moi. "Aide mon amie," je lui dis "Je t'en prie".

Mercredi 14 juin :

Quand je suis arrivée au lycée, il y avait un pion qui m'attendait à l'entrée de la salle. Les abrutis de la classe me regardaient en parlant tout bas. Je leur ai fait un doigt d'honneur et puis, j'ai suivi le pion. Il m'a emmenée chez la psychologue scolaire. Je me suis demandée ce qu'elle me voulait. Je l'avais déjà vue souvent. Une petite vieille dodue, bien habillée, avec du vernis à ongle rouge et un sourire stupide. Je la méprisais. Elle n'avait jamais été capable d'aider personne. Elle ne savait rien de ce qu'on vivait. Quand elle était jeune, ce n'était pas du tout pareil. Elle avait essayé de me convaincre que la vie était belle et que tout s'arrangerait. Jusqu'à ce que je la menace avec une lame de rasoir. J'avais été exclue une semaine. Mais je ne l'avais plus revue. Et voilà qu'elle me convoquait.
Je suis entrée dans son bureau et je me suis assise. Sur la table, il y avait une boule à neige. Une putain de boule à neige ! La psy me regardait avec un petit air gêné. Elle aurait voulu être à mille lieues et ça se voyait. Je n'ai rien dit. De toutes façons, je ne parlais plus à personne. Elle a commencé un discours sur la vie, les choses qui arrivent. Sa voix tremblait. Elle s'est tue pendant plusieurs minutes. Et puis, elle a dit que Gaëlle était morte. Comme je gardais toujours le silence, elle a ajouté que ça s'était passé cette nuit, pendant qu'elle dormait et qu'elle n'avait pas souffert. "Oh si, elle a souffert," j'ai pensé "des années".
Gaëlle c'est une fée à laquelle ce putain de monde a arraché les ailes. Je ne m'inquiète plus pour elle à présent. L'ombre l'a emmenée dans un endroit où elle n'a plus mal.

Vendredi 16 juin :

J’ai frappé un mec ce midi. Un collègue de bahut. Il avait ce sourire crétin scotché aux lèvres. Je ne l’ai pas supporté. Il n’y a vraiment pas de quoi sourire. Je l’ai frappé jusqu’à ce qu’il arrête de le faire. La vue de son sang m’a fait du bien.
On m’a renvoyée chez moi. Je ne voulais pas rentrer. Alors, j’ai traîné dans les rues toute l’après-midi. Et je suis rentrée comme s’il ne s’était rien passé. Il n’y avait personne à la maison. Ma mère devait faire des courses et les hommes la tournée des bars. Quand mon beau-père apprendra ce que j’ai fait, il me mettra une sacrée correction. Mais pour le moment, je m’en fous. Je me sens comme détachée, de plus en plus loin du monde réel.
L’ombre est là, avec moi. Je sens sa présence qui m’enveloppe. Il est parfaitement tangible à présent. Je ne vois plus à travers son corps massif. Il me tend les bras. Où m’emmènerait-il si je décidais de le suivre ? Qu'est-ce qui me retient ici ? Ma mère s'en sortira aussi bien sans moi. Je n'ai rien à attendre de cette vie. Je ne vais nulle part de toutes façons. J'avance comme dans du goudron, engluée, écrasée au sol par le poids de mes problèmes. Si je suis l’ombre, je sais que je ne reviendrai pas.

Samedi 17 juin :

Mon beau-père a su, pour hier. Mon oeil gauche est complètement fermé. Je sens ma joue qui enfle. Et la douleur qui pulse comme un deuxième coeur sous la peau. La douleur physique, on s'y fait. A la fin, ça tient compagnie. Ca aide à oublier l'autre douleur, celle qui est dans la tête et qui rend dingue. Contre celle-là, on ne peut rien. Il n'y a que lui qui arrive à la faire disparaître. Il est là, immobile. Sa noirceur flotte au dessus de la moquette. Il ne projette pas d'ombre. On dirait qu'il aspire toute la lumière autour. Il m'observe comme à son habitude. Il attend. Plus je le regarde, mieux j'ai l'impression de voir sa forme. Il devient de plus en plus net tandis que ce qui l'entoure est de plus en plus flou.
Mon beau-père s'est mis à crier. D'une voix épaisse, déformée par l'alcool. Et puis ma mère aussi a crié. Il passe sa colère sur elle, encore. Ce n'est pas un homme, c'est une sale bête. Il n'y a que de la méchanceté en lui. Je voudrais qu'il crève. L'ombre a tourné la tête. Il a fixé sur le mur ses yeux pareils à des trous de lumière. Et puis, sa masse obscure a glissé vers la paroi et l'a traversée, exactement comme si il n'y avait rien. Un gros bruit dans le salon. Il faut que j'aille voir.

Il l'a tué. J'ai voulu qu'il meure et il l'a tué pour moi. Quand je suis arrivée dans le salon, le beau-père était allongée par terre, les yeux grands ouverts, exorbités, fixés sur le vide. Sa tête avait heurté le coin de la table basse et il y avait du sang sur le tapis. Une bouteille de vin échappée de sa main se vidait lentement. L'ombre n'était pas en vue. D'abord, j'ai eu peur. Une boule glacée s'est formée dans mon estomac. Et puis, j'ai commencé à comprendre. Il ne me frapperait plus. Il ne frapperait plus ma mère. Un immense sentiment de triomphe a grandi en moi. Et j'ai éclaté de rire. Je n'avais pas ri depuis tellement longtemps que je ne me souvenais plus du bruit que ça faisait.
Ma mère regardait le cadavre, toute blanche, les deux mains pressées sur la bouche. Un tic nerveux faisait tressauter son coude. J'ai tendu la main vers elle en riant toujours mais elle ne me voyait pas. Et puis, l'odeur du sang m'est soudain arrivée aux narines et je suis tombée à genoux en vomissant. Je me suis relevée doucement en titubant. Ma mère m'a alors vue et elle s'est jetée sur moi. Elle me griffait, elle me tirait les cheveux, elle hurlait des phrases que je ne comprenais pas. Une vraie folle. Je me suis enfuie. Dans le couloir, j’ai croisé l’autre connard. Il m’a jeté un regard niais et a refermé sa porte.
Dans ma chambre, l'ombre m'attendait. Il était devant la fenêtre ouverte, dans les rayons du crépuscule. Les rideaux volaient. Quinze étages plus bas, la ville se préparait à s'endormir. Je lui ai souri. J'ai regardé sa surface de brume, noire comme le néant. A nouveau, il a tendu les bras et j'ai décidé de le suivre.
J'en ai marre de ce monde, marre de ces gens. Maintenant que Gaëlle n'est plus là, il ne me reste personne. Je ne veux pas souffrir à nouveau. Je n'ai rien à espérer. Personne ne se soucie de moi, à part lui. Personne ne peut m'aider à part lui. C'est mon ami. Je ne sais pas où il m’emmène mais je me fie à lui. Au revoir maman. Je m'en vais à présent.


Est', c'était moins une.


  
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Réponses à ce message :
3 distanciation - z653z (Mar 25 mar 2008 à 15:13)
       4 Youplaboum - Estellanara (Jeu 27 mar 2008 à 17:45)
              5 années lycée -- 3615 je raconte ma vie - z653z (Ven 28 mar 2008 à 14:46)
                   6 3615 my life - Estellanara (Ven 28 mar 2008 à 17:42)
                       7 Raté ;) Ma vie, mon oeuvre, tome 1 - Elemmirë (Ven 28 mar 2008 à 18:19)
                          8 Bien reçu ! Merci ! - Estellanara (Sam 29 mar 2008 à 13:10)
                             9 :) - Clémence (Sam 29 mar 2008 à 16:40)
                               10 Le tour du chibi warrior - Netra (Dim 30 mar 2008 à 20:51)
                                 11 Très pittoresque ! - Estellanara (Lun 31 mar 2008 à 17:37)
3 Famille, je vous aime! - Maedhros (Dim 23 mar 2008 à 12:49)
       4 Explications : attention spoiler (bis) - Estellanara (Dim 23 mar 2008 à 21:23)
              5 Réponse au spoiler bis - Maedhros (Lun 24 mar 2008 à 15:28)
                   6 Distanciation - Estellanara (Jeu 27 mar 2008 à 17:13)
                   6 Mon impression sur ton texte - Elemmirë (Lun 24 mar 2008 à 20:08)
                       7 Distanciation 2 - Estellanara (Jeu 27 mar 2008 à 17:28)
3 Commentaire Estellanara, exercice n°33 - Narwa Roquen (Sam 22 mar 2008 à 12:12)
       4 Explications, attention spoiler ! - Estellanara (Sam 22 mar 2008 à 19:13)


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