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 WA - Participation exercice n°32 Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Lundi 3 mars 2008 à 23:02:04
LA PORTE DU PLACARD


Bonjour,

Etonnant, je me sens bien. Je suis déjà venu ici non ? Votre voix me dit quelque chose mais cela se brouille un peu dans ma tête. Je vous connais non ? C’est ça, cela va me revenir. Oh, vous me connaissez... quoique cette notion soit réversible. Je vous connais, vous me connaissez, cela semble naturel ! Oui, je garde les yeux fermés.

Je suis là depuis longtemps ? Ah, le temps importe peu ! Bon, si vous le dîtes. Moi, cela ne me dérange pas plus que ça. Oui, je me concentre sur ma respiration. C’est quoi déjà votre nom ? J’ai dû le zapper la dernière fois... oui, je retiens mon souffle et je le libère doucement. C’est un état qui m’apaise. Les tensions se relâchent et je me sens moins oppressé. Vraiment. J’ai hâte de venir vous voir. Il n’y a que vous qui me comprenez quand je raconte l’enfer de ma vie. J’aime bien vos silences. En fait, vous parlez peu, et c’est ça qui me plaît en vous. Oui, je fixe la couleur bleue. Elle envahit tout le champ de ma perception. Je plane dans un grand ciel bleu infini. Je me sens de mieux en mieux. Vous n’êtes jamais bien loin. Le bleu devient rouge. Rouge comme non...non...orange, oui, le monde est une belle orange bleue. Qui a dit ça ? Je vogue dans ses plis orangés et c’est si doux...du mohair... la couleur de l’écharpe que je lui ai offerte...une belle écharpe orange qui lui va si bien. Tiens, la couleur orange se change subtilement en un beau soleil d’un jaune éblouissant. Je tombe vers le soleil. Et c’est bon de sentir ses ailes m’entourer dans leur chaleur vibrante. Aucune flamme. Aucune douleur. Je suis concentré, n’ayez crainte. Vous êtes toujours là, n’est-ce pas ? J’ai si peur quand vous n’êtes plus là. Si peur dans le noir et l’oubli. Si peur de ne pas exister. Vous savez, je crois que sans vous, je deviendrais fou...aliéné...bon à enfermer. Comme l’autre, derrière la porte du placard. Il a peur de vous. Mais je le protège et l’éloigne de vous. Non, il ne veut pas vous voir. Pas encore.

Je connais la suite de la procédure. Le jaune devient vert et l’horizon se change en un immense pré, aux longues et douces herbes vertes qui ondulent sous un vent paresseux. Un paysage tranquille et merveilleux. J’aimerais bien rouler tout le long de cette pente émeraude jusqu’au bas de la colline. Sentir le monde tourner autour de moi. Le vert, c’est ma couleur préférée, vous savez. Non, ne dites rien. J’adore le vert, c’est la couleur de la discrétion. En photographie, on dit que le rouge avance et que le vert recule. Je pourrais rester un peu plus longtemps dans tout ce vert ? Là où je vis la plupart du temps, il n’y a jamais de vert aussi lumineux, aussi parfait ! Quand je dors, je rêve d’obscurité. Je me réveille toujours un peu plus difficilement ces temps-ci. J’ai dû mal à me souvenir de certains faits, certains détails... ma mémoire me joue des tours...

Au bureau, mes collègues me regardent bizarrement. Ils conspirent et chuchotent à voix basse. J’ai remarqué qu’ils ne changeaient jamais de vêtements. Chaque matin, quand je rentre, ils me tournent le dos. Je les entends ricaner, je vois leurs épaules tressauter. Comme la pendule, accrochée au-dessus de la porte principale, qui me nargue chaque jour un peu plus. Il suffit que je la fixe du regard et elle se fige, les aiguilles s'immobilisent dans le cadran. Cela dure tant que je ne baisse pas les yeux. Le temps s’arrête. Il suffit que je cligne une seule fois des paupières et hop...l’horloge rattrape d’un coup son retard. Etonnant non ? Ce n’est pas une illusion, surtout quand la lumière épouse la course d’un temps qui se contracte. C’est sidérant de voir les ombres se précipiter pour rejoindre leur position logique. Vous savez, c’est comme dans ces films naturalistes où une caméra fixe, réglée sur une pose longue, capture le cycle des saisons qui passent en accéléré sur un même paysage. Je ne comprends pas...Bon, il faut que je continue l’exercice? D’accord, je me concentre sur la couleur indigo à présent. Je n’aime pas cette couleur...

...Vous m’avez appelé c’est ça ? Je ne veux rien vous dire aujourd’hui. Ni l’endroit où se trouvent les corps, ni pourquoi j’ai fait ça. Vous voulez une raison ? Je ne vous en donnerai pas. Ils m’ont attrapé de justesse. J’ai souvent glissé entre les mailles du filet. J’ai déconcerté leurs meilleurs limiers, leurs profileurs les plus expérimentés. Qui êtes-vous pour mettre vos doigts dans ma tête ? Otez vos doigts de ma tête. Je vous connais. Je me rappelle de vous. Pourquoi me faites-vous dormir autant. Je suis abruti par toutes les drogues que vous m'injectez pour mon bien.

Oui, je vois des couleurs...vos couleurs....bleu, vert...orange...Des couleurs qui ne riment à rien. Moi, j’aime le rouge. Une belle tartine de pain sur laquelle j’applique une bonne couche de confiture de fraise. Je savais que cette réponse vous ferait plaisir, et je l’ai fait exprès. La vérité, c’est que le sang est rouge, la douleur est rouge, la mort est rouge, la chair est rouge....le monde est rouge. J’adore le rouge... les rivières pourpres, les mers rouges, la planète rouge...les poissons rouges. Ah ah ah...les poissons rouges, cela me rappelle la petite fille...elle avait un beau tablier rouge, elle n’a pas aimé son bain...non...faut dire que l’eau était trop froide et la corde trop serrée.

Chut, non...je ne dirai rien. Vous êtes fort avec vos associations d’idées mais je suis plus malin que vous. Beaucoup plus malin. Vous avez joué au jeu de l’Oie? J’aime ce jeu. Vous lancez les dés et vous poussez le pion du nombre de cases qu’ils indiquent. Des fois, vous gagnez, des fois, vous perdez. Le jeu de l’Oie, c’est le vrai jeu de la vie. Il paraît que si l’on en sort victorieux, on parvient à la connaissance. Moi, je suis l’homme prisonnier du labyrinthe, piégé dans cette spirale infernale. Je n’ai pas atteint la dernière case, celle de la sortie, celle de la libération! Ce jeu c’est l’histoire de ma vie. J’ai rencontré la mort, on m’a jeté en prison et maintenant je suis tout seul au fond du puits.... Mais si je vous disais aussi que les corps qui vous manquent sont cachés sous certaines cases. Comprenez donc ma vie et vous trouverez les bonnes cases ! Et là sont mes trophées, mes trésors, mes jouets, ceux que vous appelez pudiquement « les disparus ».

Non, je ne veux pas encore arrêter cette séance. Je connais votre malice. Votre dessein secret. Votre entêtement délirant à libérer celui qui est derrière la porte du placard. Mais je veille et je le protège. Il a peur de vous. Il a plus peur de vous qu’il n'a peur de moi. Je lui parle certaines nuits quand nous sommes plus proches. Juste séparés par une mince cloison de bois. J’imagine que c’est du bois. Il a peur. Il me confie ses secrets. Il est lumineux dans des moments là, aussi lumineux qu’un ange. Il voudrait sortir et en même temps, il est désorienté. Il appréhende ce monde qui n’est pas fait pour lui. Je lui ai promis de ne pas vous laisser passer. Enfin, c’est peut-être ce qu’il m’a demandé ou c’est moi qui ai voulu comprendre ça. Allez savoir !

Je ne veux pas imaginer d’autres couleurs. Le rouge me va si bien ! N’arrêtez pas la séance si vite. J’ai l’impression de vivre en pointillé dans cette camisole chimique. Par intermittence. Juste réel quand je suis avec vous. Pourtant, je me souviens de chaque geste quand j’étais dehors, leurs cris et leurs prières, leurs yeux révulsés, leur bouche immensément ouverte sur un cri qui ne veut pas venir, cette terreur qui tétanise leurs muscles, leur pouls qui bat la chamade quand je referme les mains sur leur jugulaire, leurs gestes maladroits quand l’air vient à leur manquer...la moindre émotion qu’ils ont ressentie, je l’ai bue dans leur regard. Ca et la couleur rouge. Si vous vous montrez conciliant, je pourrais vous révéler certains indices... c’est comme ça qu’ils disent...pour les conduire sur leur p... de scène de crime. D’un autre côté, si je parle, ils m’attacheront sur la chaise inclinée et baisseront le grand levier...boum...mais si je meurs, il meurt aussi non ? Pourquoi la couleur indigo ? Je ne peux détacher ma volonté de votre voix... la couleur indigo...je vois un ciel indigo qui me happe...

...Il est parti ? Dites, il est vraiment parti ? Je vous crois monsieur. Il est l’heure de se coucher ? Je ne veux pas me coucher. Pas dans ma chambre. Pourquoi ? Mais vous le savez bien. Aujourd’hui, j’ai bien travaillé à l’école. La maîtresse était contente de moi. Pas une faute à la dictée. J’ai eu un A. Moi seul. Les autres étaient admiratifs. Il faut dire qu’elle était pas facile, et pas préparée. Après ça, la maîtresse a demandé de faire un beau dessin. Un dessin de la famille. J’ai pas eu une bonne note. Je me suis appliqué pourtant. Mais la maîtresse, elle a dit que c’était pas ressemblant avec toutes ces lignes rouges et noires, et ces triangles pointus. Moi, j’aimais assez mais bon, c’est elle la maîtresse.

Et puis, elle m’a dit que j’avais oublié ma maman. Oups, c’était vrai. Un petit garçon n’oublie pas sa maman. Il l’aime tellement et elle l’aime aussi beaucoup. Pourquoi j’ai pas dessiné ma maman ? Elle est si douce, si gentille avec moi. Elle me prépare toujours de bons gâteaux au chocolat et quand je pleure, elle vient me consoler. Et puis mon papa, elle a dit la maîtresse, qu’il était trop grand avec une grosse tête toute crayonnée de noir et de rouge. J’aime pas quand il crie papa. Il crie fort sur moi et sur maman. Quand il rentre, il s’assied sur le canapé et il boit des bières. Un jour, il pleuvait et il n’y avait plus de bières. Il a crié tellement fort en faisant de grands gestes que maman est partie sous la pluie lui en chercher. Et même après, il a été ronchon toute la soirée.

Mais j’ai pas dessiné ce qui me faisait le plus peur. Ca non. Vous voulez le savoir. Encore ? C’est la nuit quand tout le monde dort. Hein, la nuit, c’est fait pour se reposer et dormir. On dit la prière au Bon Dieu et on ferme les yeux pour faire de beaux rêves. Mais quelques fois, il vient me réveiller l’homme en noir. Il me secoue doucement l’épaule et m’appelle tout bas... il fait bien attention...je ne veux plus qu’il vienne dis ! Tu peux lui dire de ne plus m’embêter. J’aime pas ça. Vraiment. Il me dit de ne pas crier et de ne rien dire après.

Oui, j’entends quelqu’un pleurer dans le placard, toutes les nuits. Je ne sais pas qui c’est mais il pleure, il n’arrête pas de pleurer. Il ne veut pas sortir. Oui, je l’entends en ce moment. Vous voulez qu’il sorte ? Il ne veut pas...il crie qu’on le laisse tranquille. J’essaie d’ouvrir la porte mais il tire de son côté. J'ai pas assez de force. Je suis fatigué maintenant. Oui, je veux bien dormir si vous me promettez que vous resterez à côté de moi. Promis ? Alors comme ça d’accord.

Bonne nuit...

M


  
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Réponses à ce message :
3 Exercice 32 : Maedhros => Commentaire - Estellanara (Lun 31 mar 2008 à 17:16)
       4 Commentaires.... - Maedhros (Mar 1 avr 2008 à 13:57)
              5 Trop fort pour mon pitit cerveau... - Estellanara (Jeu 3 avr 2008 à 17:15)
3 Commentaire Maedhros, exercice n°32 - Narwa Roquen (Jeu 6 mar 2008 à 17:24)
3 les consignes... - z653z (Jeu 6 mar 2008 à 16:45)
       4 Consignes... - Maedhros (Jeu 6 mar 2008 à 17:29)


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