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 WA, exercice n°32 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 21 fevrier 2008 à 18:29:35
Cette fois je vous convie à un exercice de style. Tout le monde connaît l’Arlésienne, celle dont on parle toujours et qu’on ne voit jamais.
Vous allez tracer le portrait d’un héros qui ne sera jamais présent. Différentes personnes donneront leur avis sur lui (ou elle), avis complémentaires ou contradictoires. Vous pouvez vous glisser dans la peau d’un de ces personnages, si cela vous tente. SF, fantasy ou monde réel, je vous laisse le choix. Nul besoin de documentation, votre imagination peut s’envoler librement.
Ce n’est pas très difficile. Cela demande juste un peu de finesse.
Vous avez deux semaines, jusqu’au jeudi 6 mars.
Etonnez-nous, intriguez-nous... amusez vous !
Narwa Roquen,qui contrairement à l'Arlésienne, est toujours là...


  
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Netra  Ecrire à Netra

2008-02-21 20:00:48 

 WA-participation-exercice n°32, je reprends du serviceDétails
"Il m'énerve, il m'énerve, il m'énerve !"
De rage, Swall décocha un grand coup de griffes dans la table, y laissant la marque de trois de ses cinq doigts. Dol, impassible, avala une belle gorgée de sa chopine d'hydromel.
"Il ne te sert de rien de t'énerver, Swall" fit-il négligemment remarquer. "J'ai déjà choisi, et ai annoncé ma décision au Conseil."
"Belle décision ! Me préférer cet avorton, ce sale petit prétentieux dont tout le monde n'attend que le jour où il crèvera ! Je suis ton petit-fils, oui ou non ?"
"Nous sommes d'accord, tu es mon petit-fils. Il n'empêche que j'ai choisi Kwarell. Et je sais que tu peux le tuer d'une seule gifle. Mais il est plus intelligent, plus perspicace et plus vif que tu ne le seras jamais. Tu n'as pas l'étoffe d'un Médecin de l'Ordre, Swall. Kwarell, si."
"Il a tout, quoi ! Evidement ! Dis plutôt que ta vanité est flattée de devenir le maître du plus jeune Korrigan qui ai jamais réussi le Concours des Apprentis !"
"Et bien, tu vois ! Tu admets toi-même qu'il t'a battu !"
"Il m'a déconcentré, avec son air de masque peint en blanc !"
Swall fut coupé par trois coups nets contre la porte. Sur l'invitation de Dol, une Korrigane de l'âge de Swall, c'est à dire quelques deux cent quarante ans, pénétra dans la pièce, un sourire lumineux soulignant la douceur de ses immenses yeux de nocturne.
"Bonjour, San. Heureux de voir que tu es rétablie."
"Vos soins ont été efficaces, Maître Dol." dit calmement San en ouvrant son sac. "Je suis venue vous offrir mon cadeau de guérison. Ceci vous plaît-il ?"
Elle tira de son sac un tonnelet d'hydromel de dix ans, une gerbe de fleurs de Lune et un pot de miel de bruyère.
"San ! Voilà qui est bien trop !" s'exclama Dol.
"Oh, non, j'avais envie de vous faire plaisir. A vous et à Kwarell, puisqu'il sera demain votre Apprenti, si la rumeur est juste."
"Elle l'est." confirma Dol sans prêter attention aux grommellements de son petit-fils.
"Êtes-vous satisfait du résultat du Concours ? Car beaucoup ont critiqué la jeunesse de Kwarell..."
"Qu'importe, puisqu'il est prêt. Ce choix te semble-t-il juste, à toi ?"
"Ya, Maître Dol. Je connais peu Kwarell, quoique personne, semble-t-il, n'obtient de confidences de sa part. Mais je sais que c'est un petit Korrigan honnête, poli et très intelligent. Bien sûr, il y a toujours le problème de sa maladie..."
"Laquelle ? L'asthme ou l'hémophilie ?"
"Ah ? J'ignorais qu'il était asthmatique. Mais tout le monde connaît l'histoire de son grand-père..."
Dol but une seconde gorgée d'hydromel. Il regrettait encore ce qui s'était produit ce jour-là. Ils étaient jeunes, la mère de Kwarell venait tout juste de naître. Et puis, il avait glissé, un jour qu'ils se promenaient ensemble au bord des falaises. Et le grand-père de Kwarell, pour lui sauver la vie, l'avait rattrapé. Et s'était entaillé le bras. Il en était mort. Son petit-fils avait malheureusement hérité de la maladie. Etait-ce par dette qu'il prenait à présent Kwarell pour Apprenti, au lieu de Swall, qui n'avait certes fini que second, mais avait dépassé les deux siècles théoriquement imposés par l'Ordre pour se présenter au concours ?
Non.
Kwarell n'avait certes que quatre-vingt trois ans mais il était réellement brillant. Et puis, Dol devait bien se l'avouer, le courage et l'audace de ce petit l'avaient impressionné.
Il se rappelait encore nettement la scène. Le premier jour du Concours, neuf jours après l'ordination de son dernier Apprenti, les prétendants à l'Apprentissage s'étaient rendus devant chez lui. Ils avaient chacun fait leur demande. Au début, tous croyaient que Kwarell était là simplement poussé par la curiosité, qu'on lui savait insatiable car la bibliothèque devait acquérir régulièrement de nouveaux livres pour son seul usage. Aussi, lorsqu'à son tour il s'était avancé et avait récité, avec un grand sérieux, sa demande, prétendants et maître étaient restés bouche bée. Dol était si stupéfait qu'il ne pu que bredouiller un vague "Tu n'as pas l'âge..."
Et ce petit Korrigan, qui ne lui arrivait pas à la taille, lui avait récité l'article de la Charte concernant le Concours. De fait, les deux cent ans traditionnellement requis n'étaient que destinés à écarter ceux qui mépriseraient le Concours, mais n'apparaissaient nulle part. Dol, impressionné, avait accepté sa demande. Et à la surprise générale, Kwarell avait gagné le Concours.
Histoire, anatomie, astrologie, psychiatrie, aromathérapie, logique, observation, calcul, expression, il avait tout, il savait tout. Il était le meilleur, et de loin. Dol, comme tous les membres du Conseil, avait été estomaqué. Ils avaient décidé de convoquer Kwarell pour un entretient exceptionnel, afin d'acquérir la certitude que l'enfant savait ce à quoi il s'engageait.
Il savait. Plus encore, il comprenait ce que sa condition d'Apprenti, puis de Médecin de l'Ordre impliquait. Ce petit n'était pas surdoué, il tenait du génie.
"En tout cas, quelque part, je le plains" dit San, interrompant involontairement les pensées de Dol. "Depuis qu'il est né, il n'a jamais pu jouer avec les autres, ni courir, sauter... Mon petit frère, Tenday, est déjà intervenu une ou deux fois pour empêcher des enfants plus jeunes de se moquer de lui. Du coup, il ne sourit jamais, ne rit jamais, et parle si peu que certains le croient muet. Chaque fois qu'il est venu chez nous pour porter un message de ses parents, il se montrait toujours poli, et donnait parfois un conseil très avisé pour son jeune âge. Pourtant, j'ai entendu son père dire à ma mère qu'il avait honte d'avoir un fils... et bien... faible. Perpétuellement malade, ni joyeux ni triste..."
"Tu parles !" explosa Swall. "C'est surtout un petit prétentieux qui se croit le meilleur parce qu'il est choyé, dorloté, pauvre petit chéri malade !"
"Swall ! Comment peux-tu prononcer des mots aussi laids, aussi indignes de ma maison ?" gronda Dol. "Sors d'ici, et va donc pleurer dans les jupes de ta mère ! Ne remets les pieds chez moi que quand tu seras redevenu censé !"
Swall baissa la tête, et sortit. San était un peu gênée.
"Assieds-toi," proposa Dol, "et sers-toi à boire. J'ai envie de compagnie, si tu veux bien..."
"A votre disposition, Maître Dol."

(à suivre...)
MorgaNetra, vive les vacances !!!

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-02-22 20:34:56 

 WA n°32, ParticipationDétails
"Vous en voulez? C'est cool, c'est de l'eucalyptus. Ca vous tuera pas. ...Ouais, donc, Paul. Paul c'est pas son genre, c'est n'importe quoi, la presse, comme d'habitude. C'est de la manipulation, ça fait vendre de faire peur aux bourgeois avec les histoires de jeunes qui déconnent. Comme toujours, mais si ils le connaissaient... Paul c'est pas le genre de gars à faire des conneries, tu vois, il est bien dans sa tête, original ouais mais bien, c'est un mec bien. Le vol, c'est pas son truc.
Oui, c'est ça, y a trois ans on a partagé un appart', avec deux trois autres potes, et puis Paul était perdu à ce moment-là, affectivement je veux dire, à cause de sa nana, une histoire compliquée. Nous on l'a accueilli, simplement, on pose pas de question, tant qu'il a été bien là il est resté, et puis bon, après il est parti faire sa vie, c'est bien pour lui. Mais ça, non, c'est n'importe quoi. Bah d'façon les journaux disent toujours n'importe quoi. Je dis pas ça pour vous, hein. Je vous ai contacté justement pour qu'on dise des choses vraies, pour une fois. Et puis bon, un peu d'argent de poche moi ça me fait pas de mal.
Non, pas que je sache. Enfin comme je vous dis, moi ça fait longtemps que j'ai pas vu Paul, mais bon je sais qu'il se débrouillait toujours, un petit taf, un pote qui te dépanne, puis je crois que sa mère le chouchoutait pas mal aussi! Eh ouais, tout le monde n'a pas la merveilleuse chance d'avoir des parents en taule comme moi! Enfin bref, je le vois très mal dans ce rôle-là, Paul. Allez voir sa mère, tiens, elle habite pas loin, si ça se trouve c'est chez elle qu'il est retourné crécher, va savoir!"

"Oui, entrez... Ah, asseyez-vous, ne faites pas attention... J'n'ai plus le coeur à tenir ma maison, vous savez, de toute façon je n'reçois jamais. Ah.... Je, je ne sais pas trop par où commencer, euh...
Oui, bien sûr, oh... Si vous saviez, ça fait vraiment drôle de lire le nom de son enfant dans le journal. Je me suis sentie toute... Enfin ça fait... Oh pardon excusez-moi, je recommence! Je suis une vraie fontaine en ce moment, c'est... Oui, j'veux bien merci. ...Bon. ...C'est que, je... je sais plus ce qu'on disait, pardonnez-moi...
Ah oui. Bon mais vous savez, je, je sais qu'il ne me racontait pas tout, il attendait parfois plusieurs mois avant de me parler de ses petites amies, ou... par exemple la dernière il a jamais voulu me la présenter, je sais pas pourquoi, il disait "C'est mieux maman", "C'est mieux"... Mais bon, on a toujours conservé des liens forts et, il avait sa vie de jeune homme c'est normal, mais s'il avait eu besoin de quoi que ce soit il savait qu'il n'avait qu'à demander, mon fils n'est pas un sot, j'comprends pas ce qui a pu le mener à faire une chose pareille... C'est pas possible, je... Voilà, quand j'ai lu son nom dans le journal, je m'suis dit, c'est pas possible. C'est pas Dieu possible. Il a dû se faire embobiner par une bande de sacrés sales types, pour qu'ils l'obligent à faire ça, de lui-même il ne l'aurait jamais fait, c'est sûr. Ca a toujours été un bon garçon, honnête et droit, un peu original mais sérieux, et puis il avait un bon travail, il n'y avait pas de raison qu'il ait des ennuis... Enfin il a bien dû en avoir, puisqu'il a fait ça... Dieu seul sait où il est en ce moment, oh, mon fils... Je prie qu'il ne lui soit rien arrivé, c'est... Moi j'suis sûre que c'est un coup monté, un truc du genre, quelqu'un l'a fait chanter pis l'a obligé, peut-être qu'il a eu des ennuis au travail ou, je sais pas enfin, il fréquentait pas grand monde quand même, c'était pas un fêtard. Je sais pas, son, ses collègues de travail, ils vous ont dit quoi? Vous les avez vus?"

"Julie, tu peux prendre mon poste cinq minutes? Merci ma belle, ouais, t'as gagné un café va. Bon, je vais pas vous parler trop longtemps, le boss est dans les parages et je crois pas qu'il vous ait autorisé, hein? Pensez-vous, c'est un requin le boss, y a que le fric qui l'intéresse, l'humain c'est pas sa tasse de thé! Bon alors, Paul, vous y croyez vous à cette histoire? Forcément vous y croyez, c'est vos collègues qui l'ont écrite, hein, entre collègues on se soutient je suppose. Enfin bon, ben moi je vais vous dire, je m'y attendais. Qu'il lui arrive une broutille un jour. Je lui avais dit, Paul, tu perds pieds là, occupe-toi plutôt des gonzesses, même ça c'est moins risqué! Bon, je vous lâche l'info mais vous le gardez pour vous, hein, mon pote: Paul, c'était un accro de Poker. Il allait jouer tous les soirs, même que sa dernière conquête l'a largué à cause de ça. Je lui avais dit, Paul tu joues trop gros, fais gaffe, les mecs c'est pas tous des chic types comme toi, un jour y en a un qui va te planter! Mais bon, Paul il est têtu comme un âne, c'est un gars à part vous savez, un peu... spécial, quoi, original. Il répondait même pas, il souriait tout seul et il se remettait au boulot. Je sais même pas pourquoi il me racontait ses parties, vu qu'il écoutait pas les conseils. Pour se faire mousser sûrement. Seulement, le truc c'est qu'il s'était pas ruiné, Paul. Au contraire, il s'était fait un bon paquet de fric, il en avait mis une partie de côté pour faire plaisir à sa mère, un séjour en thalasso je crois ou un truc comme ça. Enfin bon, au Poker vous me direz, le vent tourne vite, mais Paul était prudent quand même, je crois pas qu'il aurait tout joué sur un coup de tête. Et même, s'il s'était fait plumer il aurait pas disparu comme ça dans la nature après un coup pareil. Ou alors, ha ha ha! Bah là chapeau le Paul, parce qu'il a plumé tout le monde à son tour! Non, sérieusement, ce mec a jamais manqué un seul jour de boulot depuis deux ans qu'il est dans la boîte, c'est pas le genre à disparaître sans laisser un arrêt maladie! Croyez-moi, à mon avis ça sent le sapin pour lui, pis si on lit encore son nom dans le journal ça sera pas pour des bonnes nouvelles. Ah, sa pauvre mère va en user des psys après ça. Merde, revoilà le boss. Bon j'vous laisse, bon article mon vieux! Eh, pssst! Sortez par là, c'est plus discret!"

"Excusez-moi, c'est bien vous que j'ai eu au téléphone? Bon je, je sais que vous avez déjà parlé à sa famille, aux employés de son travail, mais, je ne crois pas qu'on vous ait donné une bonne image du vrai Paul. Je me confie à vous parce qu'il faut bien que les gens sachent, et puis peut-être ça aidera à comprendre, à le retrouver. Parce que malgré tout, je souhaite qu'on le retrouve... Qu'il soit sain et sauf... ... ...Bon. Paul et moi, ça fait quatre ans qu'on se fréquente. On s'était séparés, et puis on s'était remis ensemble pour de bon. Il y a sept mois. On voulait un bébé. Et ça s'est fini il y a quinze jours de ça, parce que, il buvait et puis, il jouait beaucoup aussi. Il avait beaucoup perdu. Une fois, il m'avait parlé de faire vendre la maison de sa mère, en me disant qu'elle ne lui refusait rien, vous vous rendez compte? Pauvre femme. S'il avait pu la vendre elle aussi, il l'aurait peut-être fait. Enfin, j'étais amoureuse vous savez, je le suis toujours, mais, Paul avait deux facettes... Il savait être très doux, très affectueux, parfois il était faible et ça me faisait fondre, moi, quand il était tout fragile. Et puis parfois, pouf!, une transformation, il devenait morose, il me tenait à distance sans rien me dire, et plus j'essayais de le comprendre et plus il était froid et cynique. Il se moquait de moi, c'est un jour comme ça qu'on s'est quittés, j'essayais de le calmer après une dispute, je pleurais et je le suppliais, j'aurais tout fait pour le garder, vous savez comment c'est, quand une femme aime... Et lui il m'a regardé comme ça en riant et a... aboyé, et haleté comme un chien. "Mais oui, t'es un bon toutou", qu'il m'a dit. Et il se marrait. "Allez, viens chercher la ba-balle, hein! Fais la belle, t'auras ton su-sucre.". Quand il était dans ces humeurs-là, il me traitait vraiment comme ça, comme un chien, et je me sentais trop conne de rester. Enfin bon, bref, voilà... J'ai tout fait pour que ça marche, j'ai essayé de m'intégrer à sa vie, je voulais rencontrer sa mère, avec qui il avait des liens très forts, mais il n'a pas... enfin, on n'a jamais eu l'occasion quoi. Et puis, bon. Voilà, avant-hier soir, il m'a appelée. Il était tard, je dormais déjà alors je ne sais pas l'heure exacte, mais il devait être au moins une heure. Il avait bu, il n'arrivait même plus à articuler. Il avait l'air triste, il a essayé de m'expliquer quelque chose, il a parlé de bateau, de, d'un lieu où il devait aller. Bon, moi je dormais et je n'avais pas très envie de l'entendre dans cet état, alors, je lui ai dit d'aller se faire voir, et j'ai raccroché. Et puis ce matin, j'ai appris la nouvelle. Voilà, c'est tout ce que je peux vous dire. Avec Paul, il faut s'attendre à tout. Peut-être qu'il vogue vers des îles paradisiaques à l'autre bout du monde, peut-être qu'il dort dans son vomi au coin d'une ruelle. En tout cas, avec ce qu'il a volé, il a de quoi partir vers les îles... Enfin, je suppose, il paraît que c'était une belle somme, hein. Enfin, j'espère qu'on le retrouvera sain et sauf, malgré tout j'aimais bien son bon côté. Il va me manquer, le bon Paul..."

"Pardon Monsieur! Votre travail, c'est de trouver le meurtrier de Paul, hein, c'est ça? Moi aussi je veux faire ça quand je serai grand, mais mon père il dit que je suis trop nul en français.
Oui, Paul et papa avaient des réunions le soir ensemble. Et des fois, Paul il venait à la maison parler sous avec papa.
Mon papa? Il travaille dans une banque, mon papa. Il aide les gens à garder leur argent, il leur explique ce qu'il faut faire pour rester riche, et comment bien le dépenser. Comme avec moi, il me dit qu'il vaut mieux que j'économise pour acheter une console avec mes sous, au lieu d'acheter plein de bonbons que je vais manger et qu'il me restera rien après, ni sous ni bonbons.
Ben, oui, Paul il avait plein de sous! Il était bizarre comme monsieur, mais moi je l'aimais bien, papa disait que c'était un original, mais un gentil original. Mais son amoureuse, elle l'embêtait beaucoup. C'est pour ça que je suis venu vous voir. Je crois que c'est elle qui l'a tué!
Ben, si il était pas mort, il serait venu à mon anniversaire hier. Il avait promis qu'il viendrait. Et quand il promet, il tient parole, Paul! Sauf quand son amoureuse l'empêche. C'est une sorcière, son amoureuse. Elle veut tout le temps plein de choses, et Paul il dit toujours oui. Moi je dirais pas oui si j'étais lui. La dernière fois, Paul m'a dit qu'il allait offrir un château de contes de fées à sa princesse. C'est plutôt une vieille maison toute pourrie de sorcière qu'il lui faudrait! Mais papa avait l'air de dire qu'il avait pas assez d'argent, et il a dit comme moi, qu'il fallait que Paul dise non. Ben Paul nous a pas crus.
Je sais pas. Mais je suis triste qu'il soit pas venu hier à mon anniversaire... Je suis triste que Paul soit mort, vous savez. Vous allez l'arrêter, maintenant, la vilaine mégère?
Ah bon? Mais c'est le métier à qui alors?
Ben moi quand je serai grand, je serai journaliste ET policier, comme ça j'arrêterai les méchants quand j'aurai trouvé que c'est eux!"


La voix du Chalutier, édition du 15 octobre.
Le corps de Paul Tourain a été repêché hier, en fin d'après-midi, dans les eaux du port. Son ex-compagne, Audrey Delfort, principale suspecte dans cette affaire, a été mise en examen pour homicide.


Elemm', qui s'essaie (doucement) au fait divers! :s

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-02-22 20:51:23 

 J'ai joué, j'ai joué, maintenant je peux lire! Chouette chouette chouette! :DDétails
Mh, voilà qui promet!! Contexte et scénario bien plantés, personnages intéressants, vivement la suite!!!
Deux trois petites fautes d'orthographe de rien du tout, cependant:
-le courage et l'audace de ce petit l'avaiENt impressionné.
-prétendants et maîtres étaient restés boucHe bée (ou bien c'est un jeu de mots que je n'ai pas compris?)
-Mon petit frère, Tenday, est déjà intervenu une ou deux fois pour empêcher des enfants plus jeunes DE se moquer de lui.
-Swall baissa la tête, et sortiT.

Allez allez, au boulot, au boulot, j'veux la suite, j'veux la suite!! ;)

Elemm', qui de ses vacances n'a plus assez d'un Faërium pour s'occuper!

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Netra  Ecrire à Netra

2008-02-23 14:55:25 

 De fait...Détails
Milles excuses pour ces erreurs (heu, en fait c'est deux fautes de frappe et deux d'inattention, je ne fais pas d'erreurs pareilles quand je suis réveillé, mais là c'était la phase de léthargie pré-vacances...)
Pour ce qui est de la suite, elle arrive, elle arrive... en fait le Kwarell en question est un autre personnage de la saga que j'ai commencé avec Riv ha Tan (décidément !) et dont vous aurez bientôt la suite, j'ai presque fini maintenant. Je peux déjà vous dire qu'il y aura des aiguilles, mais pas de bottes de foin. Mouahaha suspense !!!


PS : Pour "traduire" les âges korrigans en âges humains, divisez par douze...
MorgaNetra, chibi blue warrior enfin en vacances

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Netra  Ecrire à Netra

2008-02-23 15:15:27 

 Et...Détails
C'est amusant, le journaliste qui va de relations en relations... D'autant qu'elles s'enchaînent logiquement, un peu moins peut-être dans le cas de la voix de l'enfant. Petite critique au passage, la plupart des voix sonnent juste, mais l'emploi de l'expression "vilaine mégère" par un enfant qui doit avoir à tout casser dix ans accroche un peu.
Elle ne paraît pas très naturelle en fait.
A part ce détail...
MorgaNetra, chibi blue warrior enfin en vacances

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-03-03 18:49:23 

 WA, exercice n°32, participationDétails
Zéro de conduite






Debout face à la porte close, ils attendent. La femme n’a pas quarante ans, mais son visage inquiet de petite souris trahit une vie de contraintes et de privations. Elle serre très fort contre elle son petit sac à main en tissu, en regardant le bout de ses ballerines plates. L’homme à ses côtés doit avoir le même âge, mais il est plus rond et plus jovial. Il garde les mains dans les poches de sa veste en velours marron.
Tout à l’heure une jeune femme est sortie de la pièce, le regard flamboyant de colère, les joues empourprées, une larme retenue au bord des cils ; ses talons ont martelé le carrelage du couloir avec une agressivité victorieuse.
A l’intérieur, une voix d’homme a dit quelque chose comme :
« Complètement hystérique ! Il faut faire un signalement à la DDASS ! »
Puis plusieurs voix ont conversé plus bas. La même voix d’homme a appelé :
« Dossier suivant ».
La porte s’ouvre, tenue par une femme brune qui les introduit avec un sourire las et leur montre deux chaises de l’autre côté de la grande table ronde. Puis elle reprend sa place, un peu à l’écart des trois personnes présentes, et se prépare à prendre des notes en sténo. L’homme face à eux arbore la cinquantaine maigre ; des lunettes à la monture dorée chevauchent son nez aquilin. Plutôt petit, il porte un costume gris de bonne coupe et une cravate grise. Il pianote sur le clavier de son ordinateur portable extra plat. A sa gauche est assise l’institutrice de Baptiste. Ils lui sourient ; ils sont contents de la voir. Leur fils l’adore, et elle leur a dit qu’il était très mignon. A la droite de l’homme se tient une femme blonde, mince et sèche, les cheveux relevés en chignon ; ses doigts portent de nombreuses bagues et le vernis de ses ongles rouges impeccables est assorti à la couleur de son rouge à lèvres. Son tailleur strict lui donne pourtant un petit air masculin. Une pile de dossiers est posée devant elle. C’est elle qui prend la parole.
« Monsieur et madame Couderc... Merci d’avoir pu vous libérer... Nous avons à l’Inspection Académique suscité cette réunion, afin de prendre langue avec vous à propos de votre fils... » (Elle jette un oeil sur le dossier) « ...Baptiste, c’est ça. Vous savez que votre enfant présente des troubles du comportement qui ont alerté son enseignante. Monsieur le Professeur Charcot, psychiatre, est descendu tout exprès de Paris pour nous faire bénéficier de sa grande compétence en la matière. Nous souhaitons mettre en place pour votre enfant, suivant en cela les directives du Ministère de la Santé et de la Prévention, une prise en charge adaptée multidisciplinaire s’inscrivant dans un projet individualisé, avec l’objectif d’assurer l’optimisation de son développement psychomoteur et de son sens moral, dans un cadre exemplaire et structurant. »
Les deux parents échangent un regard d’incompréhension et d’inquiétude.
Le professeur parle à son tour. Son ton est froid, dogmatique, presque accusateur.
« Donc... Il s’agit d’un enfant de quatre ans, sans antécédent notable, élevé par ses parents, monsieur et madame... Couderc, qui présente un comportement asocial avec passage à l’acte violent, alternant avec des phases de repli sur soi mutique dont on peut se demander s’il s’agit d’absences de type comitial ou de traits schizoïdes. Le pronostic, en l’état actuel, est donc extrêmement alarmant. Madame Lapalu, vous avez signalé cet enfant à votre chef d’Etablissement... Voulez-vous nous en parler ? »
L’institutrice regarde les parents, visiblement mal à l’aise.
« C'est-à-dire... J’ai consigné dans le journal de la classe que quelquefois Baptiste s’est battu avec ses camarades. En classe, Baptiste est très sage, même plutôt réservé... Mais quand il se bat... il se bat... Il a eu en particulier un... différend... avec un autre élève, Aloÿs de Savigny... Le père de cet élève est venu me voir, parce que son enfant s’est plaint... Oh, juste quelques bleus, rien de grave, mais ce monsieur était très en colère... Je vous en avais parlé, monsieur Couderc...
- Oui, je m’en souviens... Je l’avais bien grondé, le petit, et il m’a promis qu’il ne le ferait plus.
- Excusez-moi... »
Madame Couderc, le visage cramoisi, se jette à l’eau.
« Il n’a pas voulu que je te le dise, Pierre, il pensait que ça te ferait de la peine... Ce jour-là il s’est battu pour toi... Oui... Le petit Aloÿs, là, il lui avait dit « ton père est un mongol », et les autres avaient rigolé, alors Baptiste a voulu le faire taire...
- Je ne savais pas ! Et même quand je l’ai grondé, il a rien dit !
- Vous voyez bien », triomphe le professeur, « intolérance totale à la frustration, repli sur soi, c’est exactement ce que je disais ! J’ai pour ma part examiné cet enfant, à la demande de l’Inspection Académique. Je vous lis mes notes.
« Attitude figée sur sa chaise, visage inexpressif. Tic de grattage de la cuisse. Répond aux questions par quelques mots, jamais de phrase construite. Ignore le vouvoiement, ce qui témoigne d’un mépris des règles sociales et d’une instrumentalisation de l’autre dans la relation. Attitude typique d’agressivité sadique passive. Difficultés de symbolisation. Tentative de manipulation par le biais d’un chantage affectif (soupirs répétés, larmes). En conclusion : sociopathie avec passage à l’acte, traits schizoïdes et pervers. »
Monsieur Couderc se permet de hocher la tête.
« Je suis pas docteur, hein, mais c’est mon fils. C’est un gentil garçon...
- Que vous faut-il comme preuve supplémentaire ? Tenez, le dessin du bonhomme ! Tous les enfants de trois ans savent le faire. Son bonhomme n’a qu’un seul bras, et c’est pareil sur ses cahiers d’école ! Cela prouve bien, il me semble, une volonté agressive et castratrice ! »
Monsieur Couderc sourit très franchement, c’est tout juste s’il ne se met pas à rire. Il lève la main pour parler.
« Pardon, monsieur le Professeur, mais... »
Il se met debout, et de sa main droite retire la manche gauche de sa veste enfoncée dans la poche ; la manche, manifestement vide, pend maintenant le long de son corps.
« Vous voyez... J’ai perdu mon bras dans un accident de moto, c’était bien avant la naissance du petit... Alors c’est normal que son bonhomme n’ait qu’un bras...
- Vous trouvez ça normal ? Est-ce que vous trouvez ça normal ? C’est un attachement excessif à la figure paternelle...
- Mais il est très gentil à la maison, monsieur le Professeur », intervient madame Couderc. « Il m’aide à écosser les petits pois, à mettre le couvert...
- Bien sûr, madame, il a un complexe d’Oedipe flamboyant, c’est pour cela qu’il veut castrer le père et remettre en cause la Loi ! Vous ne souhaitez pas que votre fils devienne un délinquant, monsieur ? Quel genre de fils souhaitez-vous avoir, monsieur Couderc ?
- Eh beh... C’est déjà un bon petit gars... Je veux lui transmettre les valeurs, bien sûr, le courage, l’engagement, l’humilité...
- L’humilité ! »
Cette réponse semble totalement incongrue au psychiatre parisien.
« Oui, vous savez, j’ai un peu joué à Montauban il y a quelques années, avant l’accident, j’étais pilier...et comme je travaille à la Mairie, maintenant, le mercredi c’est moi qui entraîne les poussins... »
L’institutrice glisse à l’oreille du psychiatre effaré :
« C’est du rugby, monsieur, vous savez, ici, dans le Sud-Ouest...
- J’avais parfaitement compris », bougonne l’autre de mauvaise foi, avant de reprendre d’un ton doctoral : « Donc comme je le disais, monsieur Couderc, le Ministère de la Santé et de la Prévention, que je représente, a conçu, en collaboration avec le Ministère de l’Intérieur et l’Education Nationale, un protocole parfaitement adapté aux enfants de quatre à dix ans souffrant de troubles du comportement. Votre enfant sera accueilli dès la semaine prochaine dans une structure fermée de trois cents lits, située en rase campagne sur le plateau du Larzac, loin des tentations des villes et de leurs banlieues chaudes. Les enfants y recevront une éducation spécialisée, un enseignement adapté à leurs capacités et toutes les prises en charge rééducatives et thérapeutiques dont ils auront besoin, ceci dans le cadre d’un projet individualisé éducatif et thérapeutique s’appuyant sur diagnostic précis, projet régulièrement remis à jour et en parfaite cohérence avec le projet d’Etablissement.
C’est une grande chance pour vous, madame, monsieur, que de telles structures existent. En quelques années votre enfant sera devenu totalement inoffensif pour la société, et de plus – et ceci vous prouve l’extrême cohérence de la démarche – s’il devait être en échec scolaire, comme la plupart des prédélinquants, il serait automatiquement placé en suivant dans un Centre Spécialisé qui le formerait sur dix ans pour qu’il puisse postuler avec succès pour un poste de travail en foyer occupationnel... Nous avons pensé à tout ! Emilie, passez-leur donc les formulaires. Nous vous demandons juste une petite signature... »
Les parents se regardent, interloqués. La mère a les larmes aux yeux.
« Vous voulez dire que le petit... doit aller en pension ? Combien de temps ?
- Pas longtemps, pas longtemps, ne vous en faites pas, ça va passer très vite ! C’est pour son bien !
- Il n’y a pas d’autre solution ? », demande le père visiblement éprouvé. « Je connais du monde à la Mairie...
- Eh bien demandez donc à monsieur le Maire », le toise le professeur. « Je suis sûr qu’il sera de mon avis. Faites-moi confiance, il s’agit de l’avenir de votre enfant ! Vous êtes un honnête travailleur, monsieur Couderc, vous êtes un bon citoyen, vous allez voter, vous payez vos impôts ! L’Etat vous offre une chance inespérée, ne la laissez pas passer ! Nos plus grands experts se sont penchés sur la question, et votre enfant bénéficiera des derniers progrès de la science ! Allez, il faut signer, maintenant, il se fait tard, j’ai un avion à prendre... »
Subjugués, les parents signent. La secrétaire leur reprend très vite le formulaire et aussitôt le psychiatre se lève.
« Ce sera tout. »
Les parents, l’esprit tourneboulé par la centaine de questions qu’ils ne poseront pas, sortent de la pièce. Dans le couloir, l’homme passe son bras valide autour des épaules de sa femme qui marche lentement, les yeux rivés au sol.
Le professeur affiche un grand sourire.
« Et de douze ! Nous avons bien travaillé ! Allez, je file, mesdames. Madame Mornay, je reviens dans trois mois, il m’en faudra encore une dizaine, je compte sur vous ! »
L’homme tout joyeux repart en sifflotant, son ordinateur portable bien à l’abri dans sa housse de cuir sur mesure.
Narwa Roquen,qui est prête à se battre pour que ceci reste de la science-fiction

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-03-03 22:25:13 

 Ah non alors!!!Détails
Quelle horreur ce texte!
Et bien-sûr, ce qui le rend encore plus horrible est que c'est tellement réaliste, tellement proche de nous... Ca fait froid dans le dos. J'en veux pas moi de ces trucs-là!! Dehors, ces faux psychiatres qui parlent à des parents de leur gosse comme d'un rat de laboratoire, incapable de se mettre à leur portée, et en débitant un amas de c********* qu'il sait ne pouvoir être remarqué par personne! C'est dégueulasse!! GRRRRRR!!!!!

Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans, Narwa! S'teuplé!

Elemm', qui espère que dans quelques jours, Narwa Roquen va retrouver Rolanya :)

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-03-03 23:02:04 

 WA - Participation exercice n°32Détails
LA PORTE DU PLACARD


Bonjour,

Etonnant, je me sens bien. Je suis déjà venu ici non ? Votre voix me dit quelque chose mais cela se brouille un peu dans ma tête. Je vous connais non ? C’est ça, cela va me revenir. Oh, vous me connaissez... quoique cette notion soit réversible. Je vous connais, vous me connaissez, cela semble naturel ! Oui, je garde les yeux fermés.

Je suis là depuis longtemps ? Ah, le temps importe peu ! Bon, si vous le dîtes. Moi, cela ne me dérange pas plus que ça. Oui, je me concentre sur ma respiration. C’est quoi déjà votre nom ? J’ai dû le zapper la dernière fois... oui, je retiens mon souffle et je le libère doucement. C’est un état qui m’apaise. Les tensions se relâchent et je me sens moins oppressé. Vraiment. J’ai hâte de venir vous voir. Il n’y a que vous qui me comprenez quand je raconte l’enfer de ma vie. J’aime bien vos silences. En fait, vous parlez peu, et c’est ça qui me plaît en vous. Oui, je fixe la couleur bleue. Elle envahit tout le champ de ma perception. Je plane dans un grand ciel bleu infini. Je me sens de mieux en mieux. Vous n’êtes jamais bien loin. Le bleu devient rouge. Rouge comme non...non...orange, oui, le monde est une belle orange bleue. Qui a dit ça ? Je vogue dans ses plis orangés et c’est si doux...du mohair... la couleur de l’écharpe que je lui ai offerte...une belle écharpe orange qui lui va si bien. Tiens, la couleur orange se change subtilement en un beau soleil d’un jaune éblouissant. Je tombe vers le soleil. Et c’est bon de sentir ses ailes m’entourer dans leur chaleur vibrante. Aucune flamme. Aucune douleur. Je suis concentré, n’ayez crainte. Vous êtes toujours là, n’est-ce pas ? J’ai si peur quand vous n’êtes plus là. Si peur dans le noir et l’oubli. Si peur de ne pas exister. Vous savez, je crois que sans vous, je deviendrais fou...aliéné...bon à enfermer. Comme l’autre, derrière la porte du placard. Il a peur de vous. Mais je le protège et l’éloigne de vous. Non, il ne veut pas vous voir. Pas encore.

Je connais la suite de la procédure. Le jaune devient vert et l’horizon se change en un immense pré, aux longues et douces herbes vertes qui ondulent sous un vent paresseux. Un paysage tranquille et merveilleux. J’aimerais bien rouler tout le long de cette pente émeraude jusqu’au bas de la colline. Sentir le monde tourner autour de moi. Le vert, c’est ma couleur préférée, vous savez. Non, ne dites rien. J’adore le vert, c’est la couleur de la discrétion. En photographie, on dit que le rouge avance et que le vert recule. Je pourrais rester un peu plus longtemps dans tout ce vert ? Là où je vis la plupart du temps, il n’y a jamais de vert aussi lumineux, aussi parfait ! Quand je dors, je rêve d’obscurité. Je me réveille toujours un peu plus difficilement ces temps-ci. J’ai dû mal à me souvenir de certains faits, certains détails... ma mémoire me joue des tours...

Au bureau, mes collègues me regardent bizarrement. Ils conspirent et chuchotent à voix basse. J’ai remarqué qu’ils ne changeaient jamais de vêtements. Chaque matin, quand je rentre, ils me tournent le dos. Je les entends ricaner, je vois leurs épaules tressauter. Comme la pendule, accrochée au-dessus de la porte principale, qui me nargue chaque jour un peu plus. Il suffit que je la fixe du regard et elle se fige, les aiguilles s'immobilisent dans le cadran. Cela dure tant que je ne baisse pas les yeux. Le temps s’arrête. Il suffit que je cligne une seule fois des paupières et hop...l’horloge rattrape d’un coup son retard. Etonnant non ? Ce n’est pas une illusion, surtout quand la lumière épouse la course d’un temps qui se contracte. C’est sidérant de voir les ombres se précipiter pour rejoindre leur position logique. Vous savez, c’est comme dans ces films naturalistes où une caméra fixe, réglée sur une pose longue, capture le cycle des saisons qui passent en accéléré sur un même paysage. Je ne comprends pas...Bon, il faut que je continue l’exercice? D’accord, je me concentre sur la couleur indigo à présent. Je n’aime pas cette couleur...

...Vous m’avez appelé c’est ça ? Je ne veux rien vous dire aujourd’hui. Ni l’endroit où se trouvent les corps, ni pourquoi j’ai fait ça. Vous voulez une raison ? Je ne vous en donnerai pas. Ils m’ont attrapé de justesse. J’ai souvent glissé entre les mailles du filet. J’ai déconcerté leurs meilleurs limiers, leurs profileurs les plus expérimentés. Qui êtes-vous pour mettre vos doigts dans ma tête ? Otez vos doigts de ma tête. Je vous connais. Je me rappelle de vous. Pourquoi me faites-vous dormir autant. Je suis abruti par toutes les drogues que vous m'injectez pour mon bien.

Oui, je vois des couleurs...vos couleurs....bleu, vert...orange...Des couleurs qui ne riment à rien. Moi, j’aime le rouge. Une belle tartine de pain sur laquelle j’applique une bonne couche de confiture de fraise. Je savais que cette réponse vous ferait plaisir, et je l’ai fait exprès. La vérité, c’est que le sang est rouge, la douleur est rouge, la mort est rouge, la chair est rouge....le monde est rouge. J’adore le rouge... les rivières pourpres, les mers rouges, la planète rouge...les poissons rouges. Ah ah ah...les poissons rouges, cela me rappelle la petite fille...elle avait un beau tablier rouge, elle n’a pas aimé son bain...non...faut dire que l’eau était trop froide et la corde trop serrée.

Chut, non...je ne dirai rien. Vous êtes fort avec vos associations d’idées mais je suis plus malin que vous. Beaucoup plus malin. Vous avez joué au jeu de l’Oie? J’aime ce jeu. Vous lancez les dés et vous poussez le pion du nombre de cases qu’ils indiquent. Des fois, vous gagnez, des fois, vous perdez. Le jeu de l’Oie, c’est le vrai jeu de la vie. Il paraît que si l’on en sort victorieux, on parvient à la connaissance. Moi, je suis l’homme prisonnier du labyrinthe, piégé dans cette spirale infernale. Je n’ai pas atteint la dernière case, celle de la sortie, celle de la libération! Ce jeu c’est l’histoire de ma vie. J’ai rencontré la mort, on m’a jeté en prison et maintenant je suis tout seul au fond du puits.... Mais si je vous disais aussi que les corps qui vous manquent sont cachés sous certaines cases. Comprenez donc ma vie et vous trouverez les bonnes cases ! Et là sont mes trophées, mes trésors, mes jouets, ceux que vous appelez pudiquement « les disparus ».

Non, je ne veux pas encore arrêter cette séance. Je connais votre malice. Votre dessein secret. Votre entêtement délirant à libérer celui qui est derrière la porte du placard. Mais je veille et je le protège. Il a peur de vous. Il a plus peur de vous qu’il n'a peur de moi. Je lui parle certaines nuits quand nous sommes plus proches. Juste séparés par une mince cloison de bois. J’imagine que c’est du bois. Il a peur. Il me confie ses secrets. Il est lumineux dans des moments là, aussi lumineux qu’un ange. Il voudrait sortir et en même temps, il est désorienté. Il appréhende ce monde qui n’est pas fait pour lui. Je lui ai promis de ne pas vous laisser passer. Enfin, c’est peut-être ce qu’il m’a demandé ou c’est moi qui ai voulu comprendre ça. Allez savoir !

Je ne veux pas imaginer d’autres couleurs. Le rouge me va si bien ! N’arrêtez pas la séance si vite. J’ai l’impression de vivre en pointillé dans cette camisole chimique. Par intermittence. Juste réel quand je suis avec vous. Pourtant, je me souviens de chaque geste quand j’étais dehors, leurs cris et leurs prières, leurs yeux révulsés, leur bouche immensément ouverte sur un cri qui ne veut pas venir, cette terreur qui tétanise leurs muscles, leur pouls qui bat la chamade quand je referme les mains sur leur jugulaire, leurs gestes maladroits quand l’air vient à leur manquer...la moindre émotion qu’ils ont ressentie, je l’ai bue dans leur regard. Ca et la couleur rouge. Si vous vous montrez conciliant, je pourrais vous révéler certains indices... c’est comme ça qu’ils disent...pour les conduire sur leur p... de scène de crime. D’un autre côté, si je parle, ils m’attacheront sur la chaise inclinée et baisseront le grand levier...boum...mais si je meurs, il meurt aussi non ? Pourquoi la couleur indigo ? Je ne peux détacher ma volonté de votre voix... la couleur indigo...je vois un ciel indigo qui me happe...

...Il est parti ? Dites, il est vraiment parti ? Je vous crois monsieur. Il est l’heure de se coucher ? Je ne veux pas me coucher. Pas dans ma chambre. Pourquoi ? Mais vous le savez bien. Aujourd’hui, j’ai bien travaillé à l’école. La maîtresse était contente de moi. Pas une faute à la dictée. J’ai eu un A. Moi seul. Les autres étaient admiratifs. Il faut dire qu’elle était pas facile, et pas préparée. Après ça, la maîtresse a demandé de faire un beau dessin. Un dessin de la famille. J’ai pas eu une bonne note. Je me suis appliqué pourtant. Mais la maîtresse, elle a dit que c’était pas ressemblant avec toutes ces lignes rouges et noires, et ces triangles pointus. Moi, j’aimais assez mais bon, c’est elle la maîtresse.

Et puis, elle m’a dit que j’avais oublié ma maman. Oups, c’était vrai. Un petit garçon n’oublie pas sa maman. Il l’aime tellement et elle l’aime aussi beaucoup. Pourquoi j’ai pas dessiné ma maman ? Elle est si douce, si gentille avec moi. Elle me prépare toujours de bons gâteaux au chocolat et quand je pleure, elle vient me consoler. Et puis mon papa, elle a dit la maîtresse, qu’il était trop grand avec une grosse tête toute crayonnée de noir et de rouge. J’aime pas quand il crie papa. Il crie fort sur moi et sur maman. Quand il rentre, il s’assied sur le canapé et il boit des bières. Un jour, il pleuvait et il n’y avait plus de bières. Il a crié tellement fort en faisant de grands gestes que maman est partie sous la pluie lui en chercher. Et même après, il a été ronchon toute la soirée.

Mais j’ai pas dessiné ce qui me faisait le plus peur. Ca non. Vous voulez le savoir. Encore ? C’est la nuit quand tout le monde dort. Hein, la nuit, c’est fait pour se reposer et dormir. On dit la prière au Bon Dieu et on ferme les yeux pour faire de beaux rêves. Mais quelques fois, il vient me réveiller l’homme en noir. Il me secoue doucement l’épaule et m’appelle tout bas... il fait bien attention...je ne veux plus qu’il vienne dis ! Tu peux lui dire de ne plus m’embêter. J’aime pas ça. Vraiment. Il me dit de ne pas crier et de ne rien dire après.

Oui, j’entends quelqu’un pleurer dans le placard, toutes les nuits. Je ne sais pas qui c’est mais il pleure, il n’arrête pas de pleurer. Il ne veut pas sortir. Oui, je l’entends en ce moment. Vous voulez qu’il sorte ? Il ne veut pas...il crie qu’on le laisse tranquille. J’essaie d’ouvrir la porte mais il tire de son côté. J'ai pas assez de force. Je suis fatigué maintenant. Oui, je veux bien dormir si vous me promettez que vous resterez à côté de moi. Promis ? Alors comme ça d’accord.

Bonne nuit...

M

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z653z  Ecrire à z653z

2008-03-05 17:34:43 

 "tellement réaliste, tellement proche de nous"Détails
Je suis loin d'être de cet avis....
A part ça, je trouve le rythme du texte colle très bien au débit de paroles du psy.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-03-05 19:38:32 

 Commentaire MorgaNetra, exercice n°32Détails
Tu as parfaitement respecté la consigne avec cette histoire simple mais sympathique à laquelle, soit dit en passant, il manque un titre. Les personnages sont bien campés, le jeune rival dévoré de jalousie, la jeune patiente posée et raisonnable, pleine de compassion ( j’aime bien l’idée du cadeau de guérison), et le vieux sage qui ne mâche pas ses mots envers son petit-fils. Chacun apporte sa touche au portrait de l’absent.
L’histoire pose le problème de la force et de la faiblesse, de l’aspect extérieur face aux capacités réelle de l’individu, des revanches du destin peut-être aussi. C’est un classique. Le fait que ça se passe chez les Korrigans apporte une note d’originalité. Ton personnage de héros est peut-être un peu trop parfait, mais après tout c’est une légende, n’est-ce pas ?
J’aurais bien apprécié pourtant que tu enrichisses un peu le contexte, et que tu nous rafraîchisses la mémoire sur l’aspect physique des Korrigans. Tout le monde n’a pas la chance d’être breton !
Je te pardonne les 4 fautes d’orthographe mais que je ne t’y reprenne plus !
Quelques détails :
-une maladresse de rythme ( même en prose, il faut que ça coule...) : « avait récité, avec un grand sérieux, sa demande ». C’est trop haché. Ou bien tu dis « et avec un grand sérieux avait récité sa demande », ou bien tu rallonges après « sa demande » pour que le troisième tronçon soit plus long et qu’on ait le temps de respirer un peu. Lis à haute voix : ça va te sembler évident. Même chose pour « avoir un fils...faible ». Et en plus le mot est, justement, faible. Et court. Ca ne sonne pas bien.
- « il avait tout, il savait tout » : Il avait quoi ? l’histoire, l’anatomie ? Non, tu veux dire « l’intelligence, la finesse, etc... Mais tu as mis les deux phrases sur le même plan, juste après l’énumération des matières. Ca sonne bien, mais ça accroche au niveau du sens.
- « ce petit n’était pas surdoué, il tenait du génie » : « Il avait du génie », oui. « Sa trouvaille tenait du génie », ça peut se dire aussi.
- « chaque fois qu’il est venu chez nous, il se montrait... » : Tu es au milieu d’un passage au présent, donc le passé doit être un passé composé ( il s’est montré)


Allez, ce sont des broutilles ! J’ai été ravie de te lire et j’espère te retrouver bientôt !
Narwa Roquen, pour qui la Bretagne est une terre lointaine...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-03-05 19:42:18 

 Commentaire Elemmirë, exercice n°32Détails
On dirait que les scénarios se précisent ! Histoire intéressante d’homme à facettes, et c’est exactement ce que je voulais dans cet exercice : la divergence de points de vue, qui balade un peu le lecteur, parce qu’il n’y a jamais une vérité unique, et que tout est affaire de point de vue. Même quand les informations recueillies sont contradictoires, le lecteur comprend bien qu’aucun personnage ne ment. Simplement l’homme décrit ne se montrait pas sous le même jour face aux différentes personnes de son entourage, ce qui est probablement le cas de la plupart d’entre nous, attitude humaine courante et non perverse ; l’autre interagit avec le « je », et le plus souvent nous lui donnons à voir le « je » qu’il attend. Ton texte est donc parfaitement réaliste.
Ce qui fait la force de ce texte, c’est qu’il est constitué uniquement de monologues successifs, dont on comprend vite qu’ils sont en fait des dialogues fa ce qu même interlocuteur, que l’on n’entend pas parler. C’est comme si tu disais « je » sans le dire. C’est très vivant, et ça oblige le lecteur à deviner les « blancs ». C’est un procédé souvent employé dans les one-man shows ! Or tu réussis, à travers ces monologues, autant par le contenu du texte que par l’intonation et le choix des mots, à nous faire identifier tes personnages sans les avoir présentés. C’est très bien joué ! Les enchaînements d’un personnage à l’autre sont bien maîtrisés, et il y a une progression dans les informations, du plus vague au plus précis, du plus banal au plus dramatique, le suspense nous tient en haleine au fur et à mesure que le mystère ne s’éclaircit pas...jusqu’à l’arrêt brutal et sans appel de l’entrefilet définitif qui met fin à toutes les suppositions optimistes et ouvre la porte à un nouveau mystère (parce que si c'est elle, je n'avais rien vu venir!)
Tu progresses toujours ! J’ai l’impression que tu as pigé le truc, se servir de ce que l’on sait faire pour aller toujours un peu plus loin. La retranscription des monologues sent le vécu... Je crois que tu tiens le bon bout !
Euh... la prochaine fois, en plus, je veux un titre!
Narwa Roquen, clap clap clap

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z653z  Ecrire à z653z

2008-03-06 16:45:12 

 les consignes...Détails
... à chaque fois que je finis un texte de Maedhros, j'ai souvent du mal à me rappeler quelles étaient les consignes :)
Il parle de cet autre lui-même, non ?
J'aime beaucoup l'ambiance et les associations d'idées ;)

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-03-06 17:24:57 

 Commentaire Maedhros, exercice n°32Détails
Ah, Maedhros et les limites ! Maedhros et les contraintes, Maedhros et les miroirs... Et toujours cette tentation d’infini et toujours ces chemins tortueux, torturés, dans des sous-bois obscurs, pour parvenir au vertige du sommet...
Tu me rends lyrique ! Comme disait l’empereur François à son petit-fils : « Vous ne ressemblez pas aux autres archiducs. »
Donc, comme chaque fois que tu t’éclates, j’ai ramé. Je t’ai lu, relu, re-relu... Quel auteur difficile tu fais ! Envoûtant, exigeant, machiavélique... Pas question de sauter une phrase, ni même un mot. Il faut traquer les sous-entendus et les non-dits, lire entre les lignes, laisser l’instinct remplacer la logique, chercher le mot derrière le mot, ranger les pièces du puzzle, parce que s’il y a cette pièce là, c’est qu’elle a un sens... C’est peu de dire que ton idée est originale. Elle est diabolique. Ou personnelle. Ou les deux. D’une intelligence sauvage, qui dépouille tout le monde.
Tu nous entraînes dans les couleurs des chakras (suivez-moi, ayez confiance !), sur fond de méditation hypnotique – bien décrite, d’ailleurs -, mais jamais ton héros multiple n’atteint le vide de la sérénité. Comment pourrait-il ?
Nous glanons ça et là des informations partielles pour retracer la vie du héros (de préférence en remontant le temps, c’est plus simple) – toujours les mêmes vêtements, donc un uniforme (j’ai eu du mal !) , la couleur rouge, les associations d’idées...le jeu de l’Oie, très fort ! Très bien aussi, la couleur indigo : c’est la couleur du 6° chakra, le chakra frontal, encore appelé troisième oeil... Et lui, justement, ne veut pas voir !
La vérité sort toujours de la bouche des enfants. C’est ce personnage-là (ou devrais-je dire cet avatar ?) qui est le plus proche de la connaissance. Qui est enfermé dans le placard, absent à lui-même ? Qui l’a enfermé dans le placard ? Ce n’est pas du je. C’est, bien entendu, juste à côté.
Maedhros, l’Unique, roi du kaléidoscope, réincarnation de Dédale, si ce n’est pas du talent, ce que tu as...
Narwa Roquen, qui parfois aimerait bien s'appeler Ariane...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-03-06 17:29:28 

 Consignes...Détails
"Connais-toi toi même!" disait Socrate.

Mon héros souffre d'un trouble dissociatif de l'identité. C'est un fou quoi... (mais ça c'est assez habituel non?).

Dans ce trouble, cohabitent plusieurs identités qui peuvent successivement "posséder" le malade. Et chaque identité développe ses propres schémas mentaux et son propre univers, complètement étanche par rapport aux autres.

La vraie personnalité est emmurée vivante derrière tous ces reflets (le placard...). Comment mieux tenter de la décrire qu'en renvoyant l'image de ses autres identités?

Mais bon, je n'ai pas choisi la voie la plus aisée!

M

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Liette  Ecrire à Liette

2008-03-06 19:31:40 

 Première participation ! Exercice n°32Détails
Enfin je me lance ! Merci Elemmirë de m'avoir fait connaître le Cercle de Faeries ! Et que tout le monde me pardonne pour les erreurs et maladresses de cette toute première participation...


C'est l'histoire d'un mec...


« Moi ? Oh, j'ai connu Quentin il y a bien longtemps ! Nous n'étions que des gamins à l'époque... Le genre à faire les quatre cent coups, vous voyez ? Je me rappellerais toujours de nos jeux de gosses, en particulier la cabane que nous avions construite dans un petit bois non loin de chez nous. Nous y passions des heures entières à discuter, à nous inventer des mondes merveilleux peuplés de chevaliers courageux et autres princesses en détresse ! Et quand raconter des histoires ne nous suffît plus, nous nous mîmes à les vivre... Moi en princesse rebelle aux genoux écorchés, et lui en chevalier armé d'un bâton : Peut-on parler d'amour entre deux enfants ? Je me suis longtemps posé la question vous savez... Cependant, s'il ne consistait qu'en de de timides baisers bien chastes, l'amour que nous partagions était bien réel et tellement pur, comme le sont les sentiments ressentis à cet âge...
Nous étions très complices, mais restions profondément différents. J'étais la plus imaginative, je pense pouvoir le dire, à toujours trouver de nouvelles idées pour tourmenter une vieille voisine, risquer de nous casser un bras ou nous ouvrir la lèvre dans de stupides jeux... Lui, au contraire, s'abreuvait de mes paroles, et me suivait dans mes folles entreprises. Je le soupçonne d'avoir toujours été fasciné par les fortes personnalités, rêvant peut-être un jour de l'être lui-même... Je veux dire que ça ne m'étonne pas tellement, ce qui arrive aujourd'hui.
Enfin bon, il déménagea alors que nous allions rentrer au collège, et si nous sommes restés en contact par des lettres, ou que nous nous sommes rendus l'un chez l'autre pour les vacances dans les premières années de séparation, notre affection s'étiola et de mon côté, la puberté et ses frasques m'attira bientôt vers d'autres types de relations... Les princes et les princesses, ça ne m'intéressait plus beaucoup, vous voyez l'idée ! »

« Tiens justement, c'est à ce moment-là que j'ai connu Quentin. Il venait d'arriver au collège Victor Hugo, tout comme moi, ce qui nous a rapproché je crois... La plupart des autres élèves se connaissaient depuis le primaire, comme c'est souvent le cas dans les petites villes. Enfin nous sommes très vite devenus amis... Il me parlait beaucoup de vous, vous savez ! Combien de fois ne l'ai-je pas écouté me raconter les exploits de la parfaite Léa ! Il vous admirait profondément, c'était évident. Les années passant, notre amitié se transforma en un amour adolescent, gauche et maladroit... C'est assez comique quand on y repense, la gêne qu'il ressentait à m'enlacer, à m'embrasser avec la langue, copiant sans doute des films ou des magazines piqués à son grand-frère... Heureusement, son jeune âge ne lui fit pas venir à l'esprit l'idée d'aller plus loin dans l'imitation ! Cela aurait brisé la magie de ces premières caresses, et des petites attentions très romantiques qu'il me portait : Il n'y avait pas une semaine sans qu'il m'offrît quelquechose, que ça soit un poème, une fleur, toujours accompagné d'un « ma Sophie chérie, ma belle, mon coeur... » C'était étrange d'ailleurs, car il ne le faisait que lorsque nous n'étions que tout les deux. Il avait honte des manifestations de sa tendresse peut-être ? Avec ses copains de l'époque, j'imagine que le récit de ses exploits devait être bien plus crus ! Déjà il se comparait aux autres hommes, à vouloir leur faire sentir sa supériorité...
Mais il ne cessa jamais d'être doux avec moi, ce qui me lassa au bout d'un moment... Vous savez, le genre « collant-toujours-là-pour-toi »... Il a souffert de cette séparation, mais j'ai vite su qu'au lycée il était retombé dans d'autres bras. »

« Mmmh, vous devez sans doute parler des miens... Sophie, c'est ça ? Je l'ai connu au lycée Jules Ferry en effet... Il ne m'a guère parlé de ces précédentes expériences je dois dire... Il était trop absorbé par ce que nous vivions à mon avis. Enfin, je dis ça sans orgueil ! Pour moi, ça n'était la première fois mais lui... Il en était tout chamboulé ! Découvrir le plaisir de la chair, c'est toujours une grande étape... Et je m'amuse que vous mentionniez ses premiers films pornos, et autres magazines ! Il avait dû s'en procurer et bien les potasser, vu ce à quoi nous nous amusions... Il n'était jamais à court d'idées. Je ne vais pas tout vous raconter dans les détails, mais je sais que c'est grâce à lui que j'ai pris goût au sexe, je veux dire, au plaisir que l'on peut se donner l'un l'autre sans autre objectif que ressentir des sensations... Intenses. Enfin vous voyez !
Nous fûmes séparés par l'Université... Lui ne savais pas trop dans quelle voie engager sa vie et de mon côté, j'avais depuis longtemps décidé que je serais architecte et je partis pour Paris, où j'entrais aux Beaux-Arts. Et s'il avait adoré ce que nous faisions ensemble, il ne portait pas le même attachement à ma propre personne... Du moins c'est ce que je croyais. Et dès lors que le sexe ne nous liait plus, nos conversations s'épuisèrent vite et la séparation devint évidente pour nous deux. Enfin, pour moi surtout. Lui, il avait du mal à imaginer que j'offre mon corps à d'autres que lui. »

« Ah c'était vous ! Je veux dire, j'ai rencontré Quentin en deuxième année de licence, et on a commencé à se fréquenter parce qu'on manquait de... Bon, vous voyez de quoi je veux parler... chaleur humaine ! Et je me rappellerais toujours de la bourde qu'il fit un jour, alors que je lui proposais des câlins sous la douche : « Ben c'est pas nouveau... Ah ? Euh... C'était pas avec toi ? ».
Hihi, cet air gêné qu'il avait ! Je sais de qui il se rappelait maintenant... Ne rougissez pas Clara, on est entre adultes, y'a pas de malaise.
Je dois dire d'ailleurs qu'il était insatiable notre Quentin... Une journée ne pouvait passer sans que nous ne le fassions au moins une fois ! Je me rappelle, il est même arrivé que nous abandonnions l'étude passionnante du système juridique byzantin au XIIe siècle pour aller chez lui, assouvir nos désirs. Ce que je prenais comme un jeu, une transgression enivrante des codes moraux et puritains de mes parents, lui l'interpréta comme l'Amour, vous savez, celui avec un grand A. Chaque acte était pour lui quasiment sacré, manifestation d'une puissance qui nous dépassait, une passion faite pour durer toujours, la communion de deux âmes soeurs... La totale quoi ! J'ai peur de vous paraître cynique... Mais je n'ai vite plus supporté le piédestal sur lequel il me plaçait. Je l'ai quitté, oui... Je lui ai dit que je ne l'aimais plus, ce qui n'était pas tout à fait exact, car je l'aimais, mais d'un amour charnel, tendre, sans prétentions... Et comme j'ai rapidement retrouvé quelqu'un après notre rupture, il est resté persuadé que je le fréquentais déjà avant notre rupture, et que je lui mentais depuis le début. »

« Ah, je comprends mieux... Je comprends pourquoi il était si possessif... Toujours à épier mes conversations téléphoniques, lire mes mails ou textos... Je ne voyais rien à y redire, je l'aimais tant ! Je vois tout à fait ce que vous vouliez dire Delphine, en parlant de « piédestal », c'est exactement la façon dont je le considérais. Je sortais d'une histoire difficile et lui me paraissait si beau, si fort, et au lit... Ah, vous le savez pour la plupart, c'était un vrai bonheur ! Je tremblais qu'il puisse un jour m'abandonner et lui, torturé par l'idée que je puisse l'abandonner comme toute les autres avant moi, était toujours à douter de ma fidelité. Il ne supportais pas qu'un autre homme m'adresse la parole, persuadé de voir dans de simples échanges de banalités les pires sous-entendus. Et lorsque, en de très rares occasions, je le lui faisait remarquer, il devenait tout sucre tout miel, me câjolais, m'appelait « mon unique », me promettais qu'il changerait, mais que la peur de me perdre prenait le pas sur sa raison et qu'il m'aimait, qu'il m'aimait... Et moi, gourde que j'étais, je le croyais, je continuais à le vénérer, à tolérer ces manques de respect à mon intimité, allant jusqu'à les prendre pour les manifestations de l'amour qu'il disait me porter.
Il m'étouffait, et je me réjouissais de manquer d'air...
Heureusement pour moi, ma meilleure amie, qui ne supportait plus de me voir ainsi, réussit à me convaincre de l'abandonner. Et quand il vint hurler au bas de son appartement où je m'étais réfugiée, frappant à sa porte comme un dément, menaçant de détruire mes affaires, de me faire du mal, de tuer mon amie, puis s'écroulant en pleurs, de jurer de se suicider, je compris que j'avais fait le bon choix. Et ce pourquoi nous sommes ici ne fait que conforter mon impression du moment. »

« Mesdames, s'il vous plaît, veuillez gagner la salle d'audience, le banc des témoins du Ministère Public est à droite, voilà... »

Ainsi s'ouvrit le procès de Quentin Favoreu pour le meurtre de sa compagne Agnès Salvador, décédée de la suite de ses blessures, dues aux coups reçus de la main de l'accusé devenus de plus en plus fréquents, et de plus en plus violents depuis le début de leurs deux années de vie commune.

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z653z  Ecrire à z653z

2008-03-07 13:06:14 

 la première impression que j'ai eue....Détails
.. c'est qu'il était mort...
Puis qu'il les avait toutes tuées et qu'elles parlaient entre elles dans le monde des morts.
Ce n'est qu'à la lecture du dernier paragraphe que j'ai commencé à me douter de la fin... bien joué ;)
Je trouve que c'est très bien construit, chacun des paragraphes étant équilibrés avec de belles transitions.

Merci et bienvenue ;)

PS : Je m'attendais quand même aux prénoms des deux dernières.

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Liette  Ecrire à Liette

2008-03-07 14:18:11 

 Ah, tiens...Détails
Cela me surprend beaucoup que tu dises t'être attendu aux choix des prénoms des différentes filles... J'ai personnellement eu l'impression de les choisir complètement au hasard (oups, c'est un aveu de non-professionalisme ça, non ?) !
Pourrais-tu m'expliquer le lien que tu as vu entre ces prénoms ?
Ah là là, si mon inconscient se met à écrire à ma place, j'suis pas sortie de l'auberge !

Merci pour tes autres remarques ! Et ça me fait plaisir de voir que j'ai réussi à t'induire en erreur, enfin au moins un moment ^^

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-03-07 14:48:27 

 Youpi!!Détails
Bienvenue ici, ma chère Liette!
Ravie de te voir oser, et de te voir participer comme promis!
Alors, bon, va falloir que je m'applique sur les commentaires, crébondiou! Sur les prénoms, je n'ai pas vu de lien, moi, tu nous expliques, z?
Ma première réaction a été de trouver étrange cette situation où toutes ces ex se retrouvent pour papoter du garçon, depuis l'amoureuse d'enfance jusqu'à la plus récente. J'avais du mal à comprendre comment des filles qui ne se connaissaient pas pouvaient étaler comme ça leurs commentaires sexuels, mais la fin rend le tout très cohérent!

Après, l'idée qu'un homme qui porte au fond de soi de la violence, puisse être un excellent amant, me laisse dubitative, mais bon, les poux et les couleuvres... ^^

L'ensemble est cohérent, bien écrit, intéressant. Deux trois remarques sur la forme:
"la puberté et ses frasques m'attira bientôt vers d'autres types de relations"--> la puberté et ses frasques m'attirèrent
"Avec ses copains de l'époque, j'imagine que le récit de ses exploits devait être bien plus crus !"--> cru sans "s", c'est le récit
"Et comme j'ai rapidement retrouvé quelqu'un après notre rupture, il est resté persuadé que je le fréquentais déjà avant notre rupture"--> la répétition de rupture n'est pas très jolie et pourrait être évitée
"Et lorsque, en de très rares occasions, je le lui faisait remarquer"--> faisaiS
"menaçant de détruire mes affaires, de me faire du mal, de tuer mon amie, puis s'écroulant en pleurs, de jurer de se suicider"--> "de" jurer fait référence à "menaçant de jurer de se suicider": un peu lourd ;)
"Agnès Salvador, décédée de la suite de ses blessures, dues aux coups reçus de la main de l'accusé devenus de plus en plus fréquents, et de plus en plus violents depuis le début de leurs deux années de vie commune."--> la formulation me titille un tout petit peu. Je trouve la phrase un peu trop longue; et la formulation "devenus de plus en plus violents depuis le début" me gêne, j'aurais dit "au cours de" ou "durant", mais l'instantanéité de "depuis le début" ne colle pas avec la progression "de plus en plus", tu vois ce que je veux dire?

Bon, eh, tout ça c'est des p'tits détails, mais oh que chuis contente que tu joues avec nous! Chouette chouette chouette!! Une nouvelle copine de plume!!! J'espère que mes petites remarques ne te décourageront pas, et qu'au contraire, tu vas nous pondre de bien belles choses pour l'exercice suivant encore! cool!! :D

Elemm', ravie ravie ravie :)

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-03-07 19:08:03 

 Commentaire Liette, exercice n°32Détails
Sois la bienvenue parmi nous !
Ta première participation respecte parfaitement la consigne. Elemmirë a déjà commenté la forme avec brio ( je souscris à toutes ses remarques, en y ajoutant juste que le titre... disons que ce texte méritait mieux!), donc il ne me reste qu'à parler du fond, de loin le plus agréable (merci Elemm'!)

J’ai été un peu intriguée ( c’est bon signe !) par la succession de témoignages féminins – pourquoi seulement des filles ? Et bien sûr tout s’est éclairé à la fin. Tu retraces bien la progression de la vie affective de ton héros, que l’on devine plutôt sensible pour un garçon, un peu passif, et probablement assez fragile. Je trouve ce texte emblématique de l’évolution des moeurs. De plus en plus de nos jours ce sont les femmes qui partent, ce qui n’était pas le cas il y a cinquante ans. Je ne soulève pas de polémique ! Je dis simplement que c’est une tendance...
Je ne dirais pas que c’est une excuse au comportement violent du héros, mais ce peut être une explication partielle. L’autre explication ( à mon avis beaucoup plus prégnante) serait à rechercher dans le type d’attachement qu’il a construit dans son enfance, à sa mère en particulier (comme diraient les psychologues...). Là, tu nous laisses un peu sur notre faim, mais il est vrai que ce n’était pas le propos.
Deux petits détails pour te permettre d’avancer : tes jeunes femmes parlent comme on écrit... mais c’est du langage parlé... Et elles parlent à peu près toutes de la même façon, ce qui fait qu’on ne peut pas trop découvrir leur personnalité propre...
Bon sang mais c’est bien sûr !
Ceci dit, tu peux être contente de toi, c’est bien écrit, agréable à lire, cohérent, et bien mené puisque la curiosité est en éveil jusqu’au bout.
Il me tarde de lire ton prochain texte !
Narwa Roquen, c'est l'histoire d'une sorcière...

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z653z  Ecrire à z653z

2008-03-07 23:16:23 

 je me suis mal essprimé...Détails
... dans mon PS... je voulais dire :
Tu as prénommé toutes les femmes sauf les deux dernières qui racontent leur aventure. Je m'attendais à ce qu'elles aient elles aussi un prénom.

:)

PS : je crois que personne ne se considère comme pro de l'écriture ici ;)

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Netra  Ecrire à Netra

2008-03-08 11:03:44 

 Sur les prénoms...Détails
Ben Liette, je crois que ton hasard il n'était pas si hasardeux que ça...
D'abord, la première fille, Léa. Un nom de petite fille. Léa, ce n'est pas le nom d'une femme fatale, et pas non plus celui d'une femme féminine (trop proche du Léo masculin) donc c'est un nom qui dans les histoires est souvent rapporté à l'enfance.
Sophie ensuite. De Sophia, la sagesse en grec. Soit sa dernière histoire "sage".
Puis Clara, prénom féminin à l'extrême, au sens "torride" du terme pour le coup puisqu'il n'a aucun avatar masculin... (Pour d'autres références, voyez sur les couvertures desdits magasines cités, et voyez combien de Clara il y a là dedans)
Enfin, Agnès connote la femme adulte, presque mère déjà. Une femme "achevée", en quelque sorte. Le plus amusant c'est qu'ici elle l'est dans les deux sens du terme.
Bref, ils ont quand même un sens, ces prénoms. Tu ne l'avais pas senti ?
Peut-être que tu te disais que tu les avais mis au hasard simplement parce que tu trouvais qu'ils "allaient bien" au personnage qui parlait. Et tu as eu raison...
Enfin moi je dis ça mais si ça se trouve, je suis à côté de la plaque ;p
MorgaNetra, chibi blue warrior juste rentré de vacances qui reprend illico du service

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Liette  Ecrire à Liette

2008-03-08 15:35:03 

 Voilà...Détails
C'est effectivement ça, ils "collaient" bien aux personnages, sans que ma réflexion soit aussi poussée que la tienne^^
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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-03-08 17:43:12 

 La dernière lettre de PaulDétails
Je trouve que tes histoires s'épaississent d'exercice en exercice. Tu y mets de la chair, de la profondeur, de la présence. C'est plus solide, réel, sans doute un peu moins pictural mais sans que cela devienne gênant : il y a toujours quelque chose d'aérien dans la façon dont tu conduis le récit,.

Tu emploies une technique astucieuse et maîtrisée qui permet de faire le lien avec les différents protagonistes sans qu'il apparaisse en tant que tel. On imagine le journaliste sans difficulté mais là encore c'est bien écrit.

Tu as bâti une intrigue originale dans un développement qui explore bien les différentes facettes du héros invisible. Chacune d'elles renvoie une lumière différente. Il y a une chute qui referme bien le récit. Comme l'a dit Narwa ailleurs, la vérité sort souvent de la bouche des enfants...

Bien joué. C'est plaisant à lire et chaque personnage est bien campé, avec des expressions qui lui sont propres.

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-03-08 18:34:52 

 Numerus clausus!Détails
Encore un retour attendu. La WA se muscle et c’est tant mieux !

Sur le fond, ton récit tourne autour du concept de l’aristocratie, au sens premier du terme, c'est-à-dire le gouvernement des meilleurs, choisis pour leurs mérites et non par leur naissance (ça c’est la noblesse).

J’ai un peu l’impression que le père se montre un poil rugueux pour son petit-fils et est facilement séduit (mais traîne-t-il un vieux remords ?) par un petit génie, que tu décris malingre et chroniquement malade. Je l’ai vite imaginé sous les traits de Stephen Hawking.

Par ailleurs, la rivalité entre les deux jeunes, la relation père - fils, l’arrivée d’une tierce personne permettent de diversifier les angles de vue et d’enrichir l’argument principal.

Sur la forme, j’aime bien la façon d’introduire le récit, qui lui donne une vitesse initiale que tu as su conserver. Les dialogues sont enlevés et vivants. La fin est un peu abrupte, me semble-t-il et le concours (cooptation?) aurait gagné à être précisé. Je ne suis pas familier des petits peuples bretons mais Google m’a dit que les Korrigans étaient des lutins ou des nains.

J’ai noté par ailleurs quelques menues broutilles :

... « Entretient » au lieu de « entretien »
« ...Censé.. » au lieu de « ...sensé... »
« ...Deux cent ans... » au lieu de « ...deux cents ans... »
« ...Il ne pu... » au lieu de « ...il ne put... »
« ...jeune Korrigan qui ai jamais.. » au lieu de « ...jeune Korrigan qui ait jamais... »

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-03-08 19:17:35 

 Bienvenue à Gattaca!Détails
Car ton histoire m'a furieusement fait penser à ce film. La prédestination assistée.

C'est sûr que nous nous acheminons lentement mais sûrement vers une société où tout ce qui ne correspondra pas à une norme admise sera "traité", au nom sans doute des principes élevés de précaution et de saine gestion.

Joli bambin, dessine-moi un mouton et je te dirai qui tu es. Si tu es trop loin des moyennes, la lame de l'écart type va égaliser tout ça.

Ton récit alterne bien la froide et professionnelle logique de l'institution, qui ne comprend même plus qu'elle est elle-même enfermée dans une illusion, et les braves citoyens qui ne comprennent même pas qu'ils se font broyer. Les champs lexicaux sont diamétralement opposés : un jargon hermétique et définitif d'un côté et un bon sens ridiculisé de l'autre. Mais le bon sens n'en a aucun face à une logique technocratique. Pis encore si celle-ci est enrobée d'un vernis médical.

Le recours au Dr Charcot, le fameux neurologue plante bien le décor après la phrase qui, en off, se charge de l'annoncer " ...complètement hystérique...". Bien vu. Les noms sont toujours savoureux : Lapalu!

La prochaine étape, c'est donc bien GATTACA : une prise de sang et hop...on connaîtra le patrimoine génétique du nouveau-né et selon les résultats, il sera destiné à des fonctions brillantes ou obscures.
Et vive l'eugénisme.

M

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-03-08 20:28:03 

 C'est L (elle)?? :DDétails
(mon titre est une réponse capillotractée à celui de Maedhros, désolée ^^)

Je voulais juste répondre que je suis flattée, et presque même émue, d'avoir un commentaire aussi positif du "grand" Maedhros.

Voili voilou ^^


Elemm'ue

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-03-08 21:21:39 

 les femmes de sa vie...Détails
A mon tour de te souhaiter la bienvenue parmi nous !

Sur le fond, j’aime bien ces regards que portent ces cinq femmes. Ils composent une palette très diverse des attentes féminines au fur et à mesure que le temps passe. Ce lent mûrissement des sentiments qui dévoile progressivement les brisures profondes d’une personnalité. Cela parle de possession, de sexe (très présent), de la difficulté à établir des rapports stables, équilibrés et de ces tentations centrifuges qui font voler en éclat les schémas classiques.

Je crois que c’est là que se situent les lignes de fracture de cet homme : il ne semble pas être né dans le bon siècle et rêve des joutes amoureuses à la cour d’Aquitaine, cet amour courtois où de beaux chevaliers s’agenouillaient aux pieds de gentes dames qui piquaient sur leur cuirasse un ruban de couleur. Il rêve d’un absolu étranger à notre société qu’aucune des femmes qu’il a croisées n’a pu ou su lui apporter. Au contraire, après les joies et les surprises de la chair, elles se sont vite senties étouffées par cette dévotion à laquelle se mélange bien vite une jalousie pathologique. Elles le quittent l’une après l’autre, sans ressentir la moindre déchirure. Aucune d’elles ne semble avoir été directement victime de violence physique, même si la dernière (vivante) a eu chaud !

Sur la forme, le fil conducteur basé sur l’évocation par chacune d’elles de la période où il a partagé son existence est très bien trouvé. Cela donne une perspective dynamique qui colle avec l’évolution du caractère masculin et assure un tempo chronologique équilibré. Je reste un peu étonné que la justice soit remontée si loin dans le temps pour tenter de comprendre la motivation de l’assassin ou, si ce n’est pas le cas, que ses plus jeunes amourettes se soient souvenues de lui.

Le dernier paragraphe, la clé du récit, explique le motif de cette réunion et décrit la dernière dérive sentimentale de cet homme qui l’a entraîné à commettre l’irréparable. Mais je trouve qu'il possède un style plus faible que ses devanciers, ce qui a pour conséquence de diminuer sa charge émotionnelle. On dirait presque que tu as voulu en finir rapidement. A l'instar du titre aussi.

Reviens quand tu veux !

M

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Netra  Ecrire à Netra

2008-03-09 16:27:50 

 Ben parfois...Détails
...faut pas chercher plus loin. La preuve, ça marche bien ^^
MorgaNetra, qui boit un coup.

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Netra  Ecrire à Netra

2008-03-09 16:33:52 

 En fait...Détails
... J'avais pas dormi la nuit d'avant alors voilà, j'en pouvais plus du tout à la fin, mais j'ai presque fini la suite du dialogue et je la mettrai en ligne dès que possible.
D'ailleurs, j'espère que le personnage va plaire parce qu'il fera bientôt partie d'une histoire dont vous connaissez déjà le début...
MorgaNetra, qui boit un coup.

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z653z  Ecrire à z653z

2008-03-11 12:06:40 

 mais ça ne répond toujours pas à ma question...Détails
... le fait que les deux dernières qui racontent n'ont pas de prénom...
Peut-être sont-elles moins importantes et ne font qu'accentuer la folie du meurtrier ?

a+ :)

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