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De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 21 fevrier 2008 à 18:26:50
Casse-noisette


Extrait du journal « Le Monde » du 10 avril 2094

Le professeur Robin Delamarche s’est éteint avant-hier soir, à l’âge de quatre-vingt dix ans. Deux fois Prix Nobel de Médecine (une première dans l’Histoire !) pour ses recherches en neurophysiologie, il laisse une quantité impressionnante de travaux sur les capacités du cerveau humain ; depuis longtemps il était possible de fabriquer des prothèses de membres mues par la simple pensée du sujet, grâce à de petits implants amplificateurs logés sous le cuir chevelu, et à une transmission sans fil. Il développa le concept pour l’appliquer à l’oeil artificiel et à l’oreille de synthèse, permettant aux aveugles de voir et aux sourds d’entendre ! Enfin, il se pencha sur l’étude des pouvoirs télépathiques, démontrant que tout être humain en était pourvu.
Né à Toulouse le 1° février 2004, enfant unique de parents modestes (le père était brancardier, la mère aide-soignante), il manifesta très tôt un goût prononcé pour la musique et la danse. Il entra au Conservatoire de Danse, mais malgré son travail acharné, il fut rejeté par cette institution ; le motif invoqué était son caractère fantaisiste et son manque de respect envers la hiérarchie, mais il resta persuadé toute sa vie qu’il avait été victime d’une discrimination raciale en raison de ses origines antillaises. Dépité, il se lança à corps perdu dans ses études, et d’élève médiocre il devint un étudiant particulièrement brillant. Professeur de Neurologie clinique à 26 ans, diplômé d’anatomie, de biochimie, d’électro-encéphalographie, de psychologie appliquée, professeur émérite en neurophysiologie expérimentale, docteur en biologie moléculaire, on le surnommait « l’homme aux cent diplômes ». Très vite il délaissa l’enseignement pour se consacrer uniquement à la recherche. Tout un étage du bâtiment H2 de l’hôpital Rangueil lui était réservé, et les étudiants de tous les pays se battaient pour obtenir l’insigne honneur d’être son stagiaire ne fût-ce que quelques jours, malgré sa réputation méritée de tyran colérique et intransigeant. De l’avis de ses proches collaborateurs, il alliait un esprit vif, pénétrant, imaginatif jusqu’à l’anticonformisme à un tempérament impétueux, exigeant et irascible, et ses crises de rage étaient aussi célèbres que son humour décalé, impertinent voire iconoclaste. Il fait ajouter à ce portrait un individualisme forcené confinant à l’égocentrisme, un sens moral digne d’un martyr et un attachement quasi obsessionnel à toutes les facettes de la tolérance. Certains l’ont même décrit comme un paradoxe vivant tant il était capable de violence et de fanatisme pour défendre ses idées humanitaires. Résolument pacifiste et antimilitariste, il avait pour souci constant qu’aucune de ses découvertes ne puisse être utilisée à des fins militaires. C’est pour cela sans doute que malgré des rumeurs incessantes, personne ne peut affirmer à ce jour s’il a réussi à maîtriser la technique de la télépathie péremptoire, qui a été l’objet principal de ses travaux sur les vingt dernières années. Travailleur infatigable, la mort l’a fauché dans son laboratoire, car il avait formellement refusé de prendre sa retraite.
Ce génie hors normes a-t-il seulement laissé une trace écrite de ses travaux confidentiels ? Et si tel est le cas, auquel de ses assistants transmettra-t-il son fabuleux secret ?



« Toulouse, le 8 avril 2094

Mon cher Philéas,
c’est à toi que je lègue la lourde charge et la terrible responsabilité que représente le secret de la télépathie péremptoire. Je sais qu’il ne te manque que quelques détails pour en avoir la parfaite maîtrise. Quand tu as claqué la porte de mon laboratoire, il y a dix ans, en me traitant de psychopathe esclavagiste, je t’avais déjà choisi. A dire la vérité, je souhaitais que mon comportement détestable provoque ton départ : n’était-ce pas le meilleur moyen de te protéger ? Qui se doutera maintenant que tout est entre tes mains ? Si tu restes prudent, tu pourras travailler en paix. Je ne suis pas paranoïaque ; depuis plus de cinquante ans les vautours rôdent autour de moi, hommes ambitieux, vénaux, voire véritables espions de tous les pays du monde – et crois-moi, la France n’est pas en reste ! Mais j’ai déjoué leurs pièges, et à ce jour, personne ne sait. Je t’ai choisi parce que tu es celui de mes élèves qui me ressemble le plus. Un peu trop blanc de peau à mon goût, il est vrai, mais personne n’est parfait... Outre ton intelligence exquise, tu es d’une honnêteté sans faille, et surtout tu as cette rare capacité de ne jamais rien considérer comme acquis. Tu pourrais demain remettre en cause le théorème de Thalès ou la théorie de la relativité sans que cela ne trouble ton sommeil.
Je ne te cache pas que si je ne t’avais pas trouvé, j’aurais détruit tous mes documents sans le moindre état d’âme. Je pars tranquille. Même si tu me maudis en me traitant de vieux bouc – tu vois, je le savais !-, je suis sûr que tu ne résisteras pas à la tentation de continuer sur le chemin que je t’ai tracé. Que la Fantaisie Universelle te garde libre à jamais !
Mes dossiers sont dans la cachette que tu connais. Je sais que tu te souviendras du code que nous employions tous les deux.
C’est le final du « Lac des cygnes » - non, l’occasion est solennelle, ce ne sera pas « Casse-noisette » (encore un de mes surnoms, hein ?). Tchaïkovski, c’est parfois un peu pompier, mais c’est aussi sincère que Mozart, et c’est plus facile à danser ! Je vais mourir, je le sais. J’ai assez médité dans ma vie de travail et d’ascèse pour en connaître le moment exact. Je vais fermer les yeux étendu sur ce splendide parquet flottant dont j’ai fait recouvrir le sol du laboratoire (il en a fait du bruit, ce caprice de diva, alors que... mais tu le sais bien), pour l’odeur du bois et pour y entrelacer encore, malgré mon âge, quelques pas de danse qui me réjouissaient et confortaient mon image de vieux fou. Si la Mort m’y autorise, je vais finir ma vie en dansant.
Je te laisse. Il reste soixante mesures. De quoi enivrer une dernière fois mon âme vagabonde et mon corps fatigué.
Bien à toi
Robin Delamarche



Philéas Helmander jette le courrier sur la table de la cuisine. Machinalement, il sort une quelconque barquette du congélateur et l’enfourne au micro-ondes. Dans le silence, il s’assied. Alors Casse-noisette a cassé sa pipe. Quelque chose en lui se tord, comme un regret mordant, une dernière perfidie de ce tyran manipulateur que...qui... Dix ans, déjà... Il avait espéré être rappelé, il serait revenu en courant. Mais non, trop fier, lui aussi. Il soupire.
Il jette un oeil aux trois lettres. Une facture, une publicité, et une enveloppe à l’adresse manuscrite – qui écrit encore ses enveloppes à la main ? Mais cette écriture...
Le Professeur Philéas Helmander, Chef du Département de Neurophysiologie expérimentale de Montpellier, savant de réputation mondiale, a cinquante quatre ans. Ce n’est plus vraiment un pied-tendre. Mais sa vue se trouble, son coeur s’emballe, ses doigts fébriles déchirent l’enveloppe...
« Mon cher Philéas... »
Dans sa mémoire ragaillardie dansent des éclats de rire, des accords symphoniques, des chuchotements complices et des disputes d’anthologie. Il s’apprête à décrocher le téléphone. Mais non. Personne ne doit savoir. Comme un espion il se glisse dans son véhicule en vérifiant que personne ne l’a vu. Dans moins de deux heures il sera à Toulouse. Et soudain tout prend son sens. On lui avait proposé Tokyo, Boston, San Francisco... Il avait même refusé Paris. Il savait – quelqu’un en lui savait – qu’il ne devait pas trop s’éloigner... Le vieux bouc !



Il insère la carte magnétique qui était dans l’enveloppe. Il s’est débrouillé pour ne rencontrer personne. Il connaît les lieux par coeur et rien n’a changé. Comme un chien amoureux il hume les odeurs autrefois familières – rien n’a changé, rien, il a dix ans de moins, Casse-noisette est toujours vivant et cette fois il ne va pas le lâcher... Mais le silence a quelque chose de trop profond, de trop définitif. Il s’arrête, accablé, les épaules basses, le temps d’un pincement de coeur. Tu rêves ? Vite ! Il t’a confié une mission ! Si quelqu’un venait...
Il se met à quatre pattes sur le plancher de bois, compte à partir de la porte : trois lattes tout droit, une à gauche, quatre devant, une à gauche, six devant... C’est là. Un interstice un peu plus grand, et la latte se soulève. Sur la dalle, un cadran métallique. La combinaison, il ne l’oubliera jamais. C’est le 01.02.04. Le couvercle coulisse, et une petite boîte rouge apparaît dans le faisceau de sa torche – il a pris une torche, comme un voleur ! Le vieux bouc, s’il voit ça, doit adorer ! Vite, il glisse la boîte dans sa poche. Un dernier regard circulaire dans la lueur blafarde du plafonnier... Tiens, il n’y en avait pas, avant... Normes de sécurité ? A moins qu’il... La réponse est immédiate, foudroyante, évidente : pour moi, pour ce soir ! Il étouffe un fou rire de gosse, un rire de cour d’école, le Maître, le complice...
Un souvenir aigu le traverse de part en part.
Une journaliste blondasse, trop maquillée, avec une voix de princesse au petit pois.
« Professeur Helmander, on peut s’étonner que vous ayez mis fin brutalement à votre collaboration avec le Professeur Delamarche. Vous étiez aux yeux de tous son fils spirituel... »
Il l’avait assassinée du regard, de son regard à lui, l’Autre, celui qui un jour avait, tout seul, fait reculer une manifestation de trois cents ouvriers en colère – pour finir d’ailleurs par se joindre à eux...
« Pas de commentaire. »
Il n’avait pas compris. Comment aurait-il pu ? Peut-être avait-il manqué de confiance. Et pourtant il le savait, que le vieux avait toujours trois coups d’avance... Bien sûr qu’il avait raison ! Cet héritage précieux, fabuleux, inestimable, tellement extraordinaire qu’il n’avait même pas besoin d’en parler à quiconque, il ne l’aurait jamais reçu s’il était resté ! Trop d’espions, trop d’intrigues...
Il garde la main serrée sur son trésor tandis que, le coeur battant, il refait le chemin inverse, rasant les murs, empruntant les escaliers et les sous-sols, heureux comme jamais il ne l’a été...


Il a loué une chambre d’hôte miteuse dans une ferme perdue au fond de la Lozère. Il inspecte tout minutieusement. Pas de micro, pas de caméra. Il est libre.
Il entre la première micro-carte dans son ordinateur. Une longue série de chiffres s’affiche sur l’écran, inintelligible pour tout autre que lui.
« Je sais que ta mémoire est bonne, Philéas. J’ai inventé ce code à ton usage personnel. Nous ne sommes que deux à le connaître ; quoi qu’il arrive, ne l’oublie jamais ! »
Il s’en souvient. Il s’est fait manipuler, berner, aveugler comme un gamin de quatre ans mais il s’en contre-fiche. Le vieux avait la manie de faire des cadeaux tordus. Cela fait bien longtemps qu’il lui a tout pardonné.
« Expériences à refaire dans l’ordre », précise le texte. « Pas d’impatience. Méditer trois heures par jour. Ascèse totale indispensable. »
L’image du vieux Maître apparaît à l’écran, souriant devant un tableau noir à l’ancienne.
« Le principe est toujours le même : d’abord stimuler tes émetteurs et les récepteurs du cobaye, puis amplifier les deux ; ensuite enlever les amplis, de l’émetteur d’abord, puis du récepteur.
Pour toi, prends le casque 23-12 modifié 5 ; envoie un courant de 0,32 micro-ampère, alternatif, en fréquence de 45 hertz, sur les plots 6, 7, 18, 19, 25 et 36. Se concentrer, lumière bleue. Commence par une seule souris, femelle adulte jeune ; courant de 0,04 en 92, sur les loci F 28, HC 12 et Am 3 ( si besoin, tu as la cartographie en annexe). Durée : 12 minutes. Tu te souviens de ton travail sur les cycles du système limbique ? C’était brillant ! Je n’aurais pas fait mieux...
Ensuite tu branches les amplis, tu te concentres et tu envoies. Commence par un mouvement simple (lever une patte), avec un contrôle vidéo. Puis tu complexifies et tu passes en visuel. Je sais, nous l’avons déjà fait. Mais je te demande de tout reprendre à zéro. N’oublie pas que tu travailles seul, et que la moindre erreur de manip te ferait perdre du temps. Quand tu arrives à faire danser la souris ( « Casse-noisette », c’est sympa), tu supprimes son ampli, puis le tien.
A ce moment là tu as besoin de quatre heures de méditation par jour, deux bols de riz complet et trois verres d’eau, et tu dois pouvoir être en lumière bleu violet.
Tu t’es souvent moqué de mon riz complet. Quand tu sauras que les glumes contiennent un analogue structurel du peptide Z, ainsi baptisé par mon ami Ayamurti parce qu’il l’a retrouvé en grande quantité dans le cerveau des méditants zen... Si ça t’intéresse, je te l’ai mis aussi en annexe. »
Helmander sourit. Lui aussi est allé voir Ayamurti. Lui aussi se met au riz complet quand il procède à ses expériences personnelles, celles qu’il n’a encore révélé à personne... Le vieux ne se doutait pas que son jeune élève avait grandi ?
« Puis tu recommences tout avec un chimpanzé. Pour toi, seulement l’ampli. Pour lui, je te conseille d’implanter les électrodes au moins sur le premier animal. Deux en frontal (loci 28 et 30), une sur l’hippocampe (HC 12), et deux sur l’amygdale ( Am 3 et 5). Cela permet de visualiser les aires et je trouve que ça aide pour la suite.
Quand tu auras pu faire danser un animal vierge de toute implantation, et bien sûr sans ampli, tu arriveras au coeur du problème. Je pense que tu n’auras pas de mal à trouver quelques étudiants bénévoles pour t’aider à démarrer. Mais là tu seras limité à la stimulation externe. Je te rappelle que sur le casque 34 – 2, tu dois stimuler les plots 12 et13, 21 et 22, 30 et 44.
Il ne te restera plus qu’à ôter le casque à ton cobaye, et à recommencer sans filet. Mets un peu de musique – au hasard, la Danse des Mirlitons, et concentre-toi sur tes émetteurs d’abord et sur ses récepteurs ensuite. En fin d’expérience, n’oublie pas de lui remettre le 34 – 2 et d’envoyer 0,60 micro-ampère en limbique – une petite amnésie de quelques minutes, et ton secret sera bien gardé.
Et après... tout est possible !
Personnellement je ne m’en suis servi que deux fois. La première, quand le directeur de l’hôpital est venu m’annoncer qu’il divisait mes crédits de fonctionnement par deux. Je lui ai demandé de s’asseoir et je me suis concentré sur F28, F30, T18, HC12 et Am5. Il s’est retrouvé à écrire qu’il me renouvelait sa confiance et qu’il augmentait mon budget de 20% (tu vois j’avais été modeste).
La deuxième, c’est quand notre Président de la République en personne, après un pince-fesse quelconque qui lui servait de prétexte, a voulu un entretien privé et m’a sommé de livrer mes secrets à l’armée. Je n’ai même pas répondu à son petit discours. J’ai mis la musique de la scène de la Bataille, et je lui ai dit :
« Vous êtes le roi des Souris. »
Ma colère augmentant mon potentiel, le pauvre garçon a dansé malgré lui tout le ballet ! Ah si tu avais vu sa tête ! Il ne se doutait pas qu’il en était capable ! Il a essayé de menacer, de tempêter, de supplier, et puis il a dû garder son souffle pour danser... Ca tricotait, ça tricotait... Il ne m’a plus jamais rien demandé. Mais il faut dire que j’avais gardé la vidéo... Ah, au fait, elle est en annexe. Ca peut servir...
Allez, bye, je compte sur toi pour trouver d’autres développements ! »
L’écran est devenu noir.
Philéas Helmander a fait un geste comme pour retenir l’image, pour poser une question, pour... Mais c’est fini. La solitude se referme sur lui et une nostalgie intense assombrit son humeur enthousiaste.
Il s’assied en tailleur sur le parquet usé, les mains posées l’une sur l’autre, paumes vers le haut, les pouces se touchant. Il prend une profonde inspiration. Trois cercles d’or, trois cercles de protection, une aura chaude, brillante... Quand il sera loin, dans le monde d’à côté, il n’est pas exclu qu’un esprit brillant vienne lui donner des nouvelles de l’au-delà... Il ne l’a jamais dit à Delamarche. Depuis dix ans qu’il cherche, il a trouvé dans les zones les plus archaïques et les moins explorées du cerveau le locus récepteur aux messages des esprits. La mort n’existe pas. Il y a juste un changement d’apparence. Il n’aura jamais le Nobel car le monde n’est pas prêt pour ça, et ça n’a aucune importance.
Il faudra simplement qu’il se trouve un successeur, pour que tout puisse continuer...
Narwa Roquen, qui comme prévu, a bien galéré...


  
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Réponses à ce message :
Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-02-21 21:54:40 

 Woah! Détails
Trop bien!!

J'aime beaucoup ce texte. D'abord les clins d'oeil, bon ;)
Ce vieux savant est drôlement sympathique, enfin, comme tous les génies tant qu'on n'est pas amenés à les fréquenter en tant qu'apprenti!
L'idée de la "télépathie péremptoire" est drôlement bonne, et j'aimerais bien en savoir un peu plus sur le changement d'apparence que constitue la mort...

Sinon, la vidéo du président, tu t'en es gardé une copie? J'aurais bien voulu voir ça! ;)

Elemm', vivement le Roquen du Concours: courage!!

Ce message a été lu 6336 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-02-23 11:48:41 

 Science sans conscience...Détails
C’est une histoire d’abord très ethnique : le décor, le sujet, certains noms semblent très largement circonscrits géographiquement (et je ne sais pas si la référence à l’étincelant avant-centre de l’équipe Milka est fortuite...) et des références très orientales (ayamurti, j'ai reconnu murti mais après?).

Le thème principal amalgame un thème cher de la hard SF où le savant qui a fait une avancée spectaculaire (ici la télépathie péremptoire !) dans un domaine de pointe cherche à protéger son invention des appétits forcément vénaux et totalitaires des pouvoirs en place et de l’immaturité des mortels ordinaires.

En corollaire, il y a aussi celui de la transmission d’un savoir fabuleux entre les mains d’un récipiendaire au profil psychologique compatible avec l’exigence de la tâche. Au passage, très bon le moyen trouvé par Casse-Noisette pour détourner les regards de cet héritier potentiel, ce fils spirituel.... Cette séparation/naissance, en biologie cela s’appelle la parthénogenèse, mais en en psychiatrie ?
Tiens, tu abordes aussi les ressources inexploitées du cerveau humain.

Donc, des fondations solides pour ton récit. Tu t’es bien débrouillée pour surmonter les développements purement techniques (locus coeruleus par exemple). Toutefois, tu y a greffé aussi un univers oriental qui t'est familier (méditation transcendantale).

Sur la forme, le style est toujours aussi coulant et choisi. Il me semble très proche de celui des écrivains de l’âge d’or.

La musique que tu as instillée est également intéressante. La lecture à deux niveaux de l’histoire du célèbre ballet est parfaitement adaptée à ton récit. As-tu choisi d’explorer le pays des bonbons et des jouets ou as-tu voulu dévoiler la route escarpée qui mène de l’enfance à l’âge adulte avec ses espoirs et ses peurs, ses rêves et ses cauchemars ? De fait, Casse-Noisette n’est-il pas un beau prince charmant qui n’attend que l’instant de sa libération?

Le pas de deux exécuté par le président est bien trouvé, c’est la valse des pantins à l’envers. Comme la juxtaposition des souris de laboratoire et du professeur surnommé Casse-Noisette.

Le dernier paragraphe, qui renoue avec les travaux sur le paranormal et illustre le parallélisme de fonctionnement des deux savants, ouvre une nouvelle porte sur le réel. La voix des morts sans récepteur TV, sans bruit blanc... inquiétant !

Quelques petites remarques :

- la combinaison du coffre ne me semble pas si inviolable que ça non ? Surtout à l’approche du 22ème siècle.
-Peut-être as-tu un peu trop surchargé certaines descriptions, entraînée par ton élan, mais rien de bien méchant.
-En 2100, Montpellier-Toulouse en 2H? Oups, le TGV Vintimille-Bordeaux aura pris quelque retard.
-Pour un chef d’Etat, le président paraît bien peu entouré, sauf à imaginer que ses gardes du corps ont joué le rôle du corps de ballet.
-Ah oui, un dernier point, en matière de crédits budgétaires, même la télépathie péremptoire ne pourra rien contre le bouclier psychique naturel de tout bon contrôleur financier. Tu me peux croire sur parole. Nous trépassons mais ne cédons jamais devant les ministères dépensiers!

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-02-25 19:18:07 

 RéponsesDétails
Enfin quelqu'un qui s'intéresse au foot! J'avais peur que personne ne remarque ce nom!
La combinaison du coffre est effectivement un peu facile, encore fallait-il trouver le coffre!
Il n'a pas pris le train, mon cher Philéas, pour ne pas risquer de rencontrer quelqu'un; il a pris son véhicule; et je ne suis pas sûre que même en 2100 nous aurons ( vous aurez?) le droit de rouler très vite, quel que soit le carburant.
Le président a demandé un entretien privé; les gardes du corps sont donc derrière la porte!
Merci en tout cas de tes commentaires; quand je les lis, je me demande toujours si c'est bien moi qui ai écrit le texte dont tu parles!
Narwa Roquen,enchantée

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z653z  Ecrire à z653z

2008-02-26 17:12:04 

 descriptionsDétails
Pas grand chose à dire après cette critique.

Sinon que la surcharge d'adjectifs pour décrire le professeur m'a sauté aux yeux :
colérique
intransigeant
vif
pénétrant
imaginatif
impétueux
exigeant
irascible
décalé
impertinent
iconoclaste
.... etc etc

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-02-28 19:11:40 

 C'est plus dans mon tempérament...Détails
...d'essayer d'imaginer des perspectives décalées, voire absolument étrangères aux considérations que tu aurais retenues à l'origine.

En tous cas, c'est comme ça que je vois le sens de mes "critiques" sur les textes.


M

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-03-20 17:15:26 

 Exercice 31 : Narwa => CommentaireDétails
Casse noisette, c’est rigolo comme surnom. Tiens un article de journal. On est déjà quasiment dans l’épistolaire, là, mine de rien. Avec ça et la lettre qui suit. J’ai trouvé que l’article du Monde faisait un peu dans le sensationnel, ce qui m’a paru incongru.
Très sympathique le vieil excentrique et il a un style tout à fait agréable. De même, l’amitié bizarre entre les deux hommes est émouvante. Mélange de rivalité, d’admiration, de respect, de disputes. On devine deux fortes personnalités, qui se ressemblent tant qu’ils ne peuvent longtemps se cotoyer.
« Comme un chien amoureux » : étrange métaphore mais néanmoins parlante.
J’ai bien aimé les détails qui composent le portrait de Casse noisette, avec les anecdotes et la phrase « le vieux avait toujours trois coups d’avance ». L’artefact pour le faire parler de manière posthume est bien vu. Le vocabulaire scientifique fait vraisemblable. C’est là-dessus que tu as eu du mal ? Un bon sens de l’humour, le vieux !
Il est bien joli et assez moral, ce texte. C’est un bel éloge de la science et de la liberté de pensée.

Est', en pleine lecture.

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