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 WA - Participation exercice n°30 Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Mardi 22 janvier 2008 à 16:40:17
Hum...quelque chose de bien glauque... que les végétariens ou autres végétaliens détournent le regard...

Narwa l'a bien demandé : c'est une rencontre de la 3ème tripe...


_____________

LA CHAIR DU REVE



Je me rappelle...

Noir... noir... manger.. manger... douceur et amertume... langueur sucrée et sirupeuse ...manger...manger... je pousse... je pousse mes frères autour de moi qui se pressent et me poussent... pour manger...encore manger... c’est si bon de manger... grignoter lentement la substance baveuse et déliquescente... au coeur de l’obscurité moite et douce... je pousse autour et je me contorsionne pour résister à mes frères qui poussent en silence et qui mangent comme moi...cela grouille et je creuse plus profond pour manger... grignoter...dans le noir silencieux avec mes frères tout autour...

Je suis né il y a peu de temps mais je mange et je creuse, je me contorsionne et je mange... car il faut bien manger là où je suis né... cela rentre et cela sort de moi si vite... je plante mes crochets sur la nourriture et je mords dedans... le temps presse.... mes frères me pressent dans le noir... j’entends toutes ces bouches qui grignotent... c’est une lente mélopée qui hante l’obscurité oui... manger... manger.... manger... car manger c’est vivre une minute de plus... nous sommes tous en train de nous goinfrer... c’est notre histoire... ni douleur ni plaisir... rien ne vaut sucer et grignoter finement dans l’obscurité moite et sucrée, doucereuse et violacée...

C’est ça notre monde... c’est ça notre vie... creuser plus profond pour aspirer ce qui est bon, ce qui est sale, ce qui est mort... mais c’est là où je vis, où mes frères vivent... dans le glauque et le putride... dans le noir et l’humide... je parcours des galeries immondes où j’avale en silence des sucs suintants... j’aime ça... nous aimons tous ça... nous ne parlons pas.. nous évoluons en dessous...conscience collective qui rampe en traînées blanches et brunâtres...

Nous vous connaissons...oui.. oui... nous vous connaissons... intimement... plus intimement que vous n’osez l’imaginer... je vous connais, je suis si proche de vous.... je me régale de vous quand vous êtes allongé en silence dans le noir... dans l’obscurité... et je tâte et je goûte... tout ce qui sort de vous... et je grignote vos rêves les plus secrets, ceux qui perdurent quand tout est achevé... mes frères sucent et coupent, taraudent et grignotent, comme moi...alors que vous êtes là, allongé sans défense comme au creux de votre pire cauchemar... je traîne sur vous doucement, goûtant ces lèvres qui ont embrassé... grignotant la masse molle qui a battu éperdument... cheminant derrière ces globes gélatineux et affadis qui ont vu le ciel auquel j’aspire... vous ne dîtes rien... vous ne dites plus rien quand vous êtes étendu là... dans le sombre et la terre...sous le drap de l’enfer.. oui, je vous connais bien... et j’aime ce qui reste de vous, ce qui suinte de vous, ce qui se détache de vous... comme mes frères, nous labourons votre chair dans le noir et vous ne dites rien... vous ne dites jamais rien dans mon royaume... je n’ai pas de mains et je n’ai pas de pieds... la piste baveuse que je laisse derrière moi est sinueuse... je mâche sans relâche ce que vous aviez de plus noble... ce que vous aviez de plus beau... et je me contorsionne sous la voûte éteinte qui abrita votre dernière étincelle... je suis si jeune mais ma mémoire est si vaste et si vieille... aussi vieille que les plus vieux os de ce monde... je suce en silence votre délicieuse moelle et je pense à vous...

Parfois, je rêve de lumière et de chaleur... d’un immense manteau lumineux où j’évolue gracieusement... c’est ce que je serai bientôt... libre et aérien... m’élevant au-dessus du sol qui m’a vu naître... je rêve d’être libre et sans entrave... d’horizons sans limite... pour ça, il faut que je mange... encore et encore... et que j’emmagasine la matière de vos rêves, la fleur de vos entrailles... je vous connais par coeur... lécher la trace immortelle de la dernière larme qui a glissé sur votre joue... c’est salé et insondable, c’est doux et enivrant... c’est le plus divin des nectars...



...le souvenir est puissant mais je suis là... , un pieu de fer me traverse le corps... je ne peux crier... je ne peux crier... juste me contorsionner pour exprimer ma peine... j’ai été arraché à mes frères... ce n’est pas mon histoire qui se dévide devant moi... non... je ne reconnais rien... je suis lancé violemment dans un espace libre, ce manteau lumineux auquel j’ai tant rêvé... mais je n’y suis pas à ma place, je n’y suis pas prêt.. c’est trop tôt...beaucoup trop tôt...

Je glisse au sein d’une profondeur opaque... c’est humide et froid... c’est si humide.... je ne peux respirer tandis qu’un poids énorme m’entraîne vers le fond obscur... en perpétuel mouvement... je suis emporté jusqu’à ce que le crochet de fer qui me traverse de part en part interrompt cette course folle... je me contorsionne encore un peu... je commence à rêver du temps où j’étais sous la terre... douceur et noirceur... cela devient difficile de se rappeler ces moments à présent... si dur de rester éveillé dans ce milieu étranger et liquide... je ne bouge presque plus...qu’est-ce qui m’arrive ?

Comme dans un dernier rêve, j’entrevois confusément un mouvement vif et sombre qui s’approche rapidement... une forme ondulante et fluide qui découvre une profondeur noire et glauque... un trou béant m’enveloppe d’un seul coup... je ne comprends pas... je ne peux plus bouger...je suis....

M


  
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Réponses à ce message :
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-01-31 20:20:46 

 Commentaire Maedhros, exercice n°30Détails
Ca, pour être glauque... Il y a un petit côté Stephen King (« nous vous connaissons... ») qui me rappelle « Ca ».
Le passage sur la mémoire collective est très bon. Cela donne une dimension universelle à l’histoire, et en plus cela justifie le discours du personnage.
Je n’aurais jamais imaginé que ces vers-là ( petit frisson de dégoût) puissent devenir papillons, mais pourquoi pas...
La fin est logique, même si elle nous fait passer du glauque à l’horrible, ce qui n’est guère mieux...Je ne peux pas dire que ce texte soit poétique, encore que... tout dépend du point de vue... C’est original, en tout cas, très bien écrit, et le titre est parfait. Et je note que tu es resté collé à ton sujet, dans un format concis... Une nouvelle, quoi...
Le petit plus qui me plaît particulièrement, parce que pour moi c’est ce qui fait la différence, c’est que ce n’est pas une histoire « pour l’histoire » ; il y a une réflexion subtile sur la vie et la mort, ou plutôt devrais-je dire, sur la mort et la mort... Mais c’est bien joué.
Narwa Roquen,qui préfère quand même la vie

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-02-01 15:35:23 

 Izanami Détails
Un papillon? Non, plutôt une mouche...


M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-02-01 16:48:32 

 Logique...Détails
Quand je te disais qu'il y avait une certaine poésie... Mon conscient savait que ça aurait dû être des mouches; mais mon imaginaire, bercé par tes belles paroles, ne pouvait pas voir autre chose qu'un papillon!
Narwa Roquen,qui ne s'embarasse pas de la réalité...

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-03-20 17:09:49 

 Exercice 30 : Maedhros => CommentaireDétails
Oh quel mignon titre !
Ca me rappelle le merveilleux poème de Baudelaire La charogne. Extrait :

Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
(...)
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés !

Le rythme est intéressant et original. Je me doute que ce doit être un asticot ou un ascaris qui parle. Tout cela est bien joliment dit et le contraste entre la laideur du propos et la beauté du style crée un effet charmant. « et j’aime ce qui reste de vous » c’est joli ce paragraphe, de la poésie putride !! S’il va se transformer en zonzon, c’est que c’est un asticot. Oh pov’ bête, empalé sur un hameçon ! Etrange la fin. Très mignon texte. Zaime beaucoup.

Est, La 3e tripe, huhuhuhu !!!

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