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 WA - exercice n° 22 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 13 septembre 2007 à 15:57:24
WA n°22


Après la scène de crime, bien sûr, l’histoire. Même si vos lecteurs sont impatients de connaître le coupable, prenez le temps de construire l’intrigue. N’hésitez pas à promener un peu le lecteur sur de fausses pistes, même si vous n’égalez pas Agatha Christie, qui était vraiment la reine du genre. Essayez de faire durer le suspense ! Veillez à bien rester dans le même rythme et le même style que le 21. L’enquête est avant tout un exercice de logique. Restez simples, cohérents et précis. Pour finir, pensez à trouver un titre pour le total des 2 exercices.
Pour ceux qui n’ont pas pu participer au 21, ils peuvent faire 2 en 1...
Vous avez deux semaines, jusqu’au jeudi 27 septembre. Bonne prise de tête !
Narwa Roquen,qui a hâte de connaître les suites...


  
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Réponses à ce message :

Pages suivantes : 1 - 2
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-09-16 17:24:32 

 WA - Participation exercice n°22 - H1 débutDétails
Bon, cette histoire a pris une dimension particulière. Je respecte la consigne au-delà des plus folles espérances de Narwa. Bien malin qui pourra deviner la chute finale. Et même moi, la connaissant et c'est heureux, je me demande dans quelle galère je me suis encore embarqué...tout seul...

____

La vie a fui cet endroit si vite qu’une sorte de palpitation suinte encore des objets familiers qui n’ont pas fini de raconter leur histoire. Comme si le disparu allait franchir ce seuil, fatigué mais vivant, dissipant cette suffocante odeur, mélange abominable de pourriture charnelle et de fluides organiques. Aucune trace visible de lutte ou de désordre, rien que ce gant qui traîne à terre. Il fait décidément trop chaud cet après-midi. Une chaleur infernale. Pas le moindre souffle d’air. Un doigt de latex désigne bizarrement un lourd chandelier à sept branches qui trône dans un coin de la pièce.

C’était un survivant saviez-vous ? Un revenant du monde des morts. Il n’avait pas vingt ans. Un âge exaltant. Pour les autres, oui. Mais pas pour lui. Pas pour lui. Oh, c’était un jeune homme brillant, un esprit supérieur et d’une rare intelligence, qui aurait pu devenir un phare pour sa génération. Mais l’histoire en a décidé autrement. Un vent pestilentiel s’est mis à souffler, apportant une ignoble infection au coeur d’une Europe malade, aux repères altérés. Lui, tous ses espoirs furent emportés au loin quand, un matin de juillet 42, ils ont frappé à la porte de l’appartement familial. Il était six heures. Ils les ont poussés sans ménagement dans un fourgon déjà à moitié plein. Il n’a jamais réussi à comprendre pourquoi.

Depuis, il avait la phobie des stades. Pour lui, le moindre vent printanier était une souffrance amère, une douleur qui serrait si fort son coeur. Il avait laissé là-bas tellement de lui. Là-bas, sur une plaine polonaise près de Cracovie. C’est là, aux portes de l'Enfer, qu’il vit pour la dernière fois les visages aimés de sa mère et de ses soeurs, Anna et Elsa, les jumelles. Elles lui firent un pauvre petit sourire triste avant de disparaître dans le sinistre Lager. Ne pas pleurer encore en revoyant le corps de son père s’écrouler dans la neige recouvrant le ballast comme un pantin désarticulé, quand ils ont ouvert le wagon. Les flocons, aussi doux que du coton, descendaient comme des anges d’un ciel noir et troué par l’aveuglante lumière des projecteurs. Il neigeait des âmes. Oui, il l’a su peu après, mais il neigeait vraiment des âmes. Celles qui s’élevaient d'abord en fumée vers le ciel, comme autant d'étoiles jaunes et brillantes. Mais le ciel restait sourd et fermé. Alors, il se mettait à neiger, à neiger ou à pleuvoir...pour qu’elles puissent enfin retourner sous la terre, leur dernière demeure.

Il revint pourtant de cet enfer, comme un nouveau né dans un nouveau monde. Il avait tellement laissé derrière lui qu’il ne fut plus jamais le même. Deux ans seulement avaient passé mais il se sentait vieux, si vieux. Il n’est pas sans risque de regarder la mort aussi longtemps. C’était un survivant. Personne ne l’attendait à la gare quand il posa le pied sur le quai. Il n’espérait personne non plus. Il ne reprit pas sa vie là où il l’avait laissée car à cet endroit, il n’y avait plus rien.

Pourtant, tout au fond du néant, il découvrit un amour inespéré et lumineux. Il s’y raccrocha comme on se raccroche à une bouée dans la tempête, à une bouteille d’oxygène au fond de la mer, à bout de souffle, à une vie rêvée qui passe à portée de coeur, à une aile divine qui tire droit vers l’azur. Il aima cette femme comme jamais plus il ne pensait pouvoir aimer. Il n’avait pas trente ans. Il protégea cet amour de la dernière chance. Il vécut si discrètement depuis, une vie soigneusement rangée, au fond de l’impasse, dans ce petit appartement où il cacha son bonheur.

L’histoire bégaie trop souvent. C’est ce qu’il disait régulièrement en lisant les journaux, les titres en gros caractères, ceux qui s’étalent sur la première page. Il chaussait ses loupes, comme il disait, pour lire attentivement les articles. Il y traquait la folie des hommes et la renaissance des loups. Oh, il n’a pas eu beaucoup à attendre. Les rivières de sang, toujours la même histoire, ont recommencé à couler sous les ponts de l’indifférence. A chaque fois, il pleurait en silence, comme il le faisait là-bas en Pologne. Les hommes n’apprendront-ils jamais ?

C’est cette histoire que vous découvrez en promenant les regards sur les étagères poussiéreuses, en ouvrant les tiroirs fermés d’une commode, en feuilletant le gros album où il collait les coupures de presse qu’il sélectionnait consciencieusement. Avec un peu plus d’attention, vous pourriez sentir un souffle glacial, un souffle démoniaque, l’haleine d’un monstre froid dont il n’a jamais parlé. Même dans ses cauchemars les plus terribles. Même dans les confidences entremêlées de larmes faites à son épouse. Il y a une terrible présence qui rôde en filigrane, un monstre qui s’est repu de chair humaine là-bas. C’est le souffle de l’ange de la mort, cet ange qui s’intéressait particulièrement aux jumeaux.

M

Ce message a été lu 5936 fois
Clémence  Ecrire à Clémence

2007-09-16 17:37:44 

 ...Détails
...Sublime...
Merci, sincèrement.

*Au bord des larmes.*

Ce message a été lu 6727 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-09-20 00:18:30 

 WA - Participation exercice n°22 - H1 FinDétails
La fin de l'histoire...

__________

Cette évocation trouble le moment présent comme l’air saturé de chaleur danse au-dessus de la terre, comme la chandelle vacille dans un courant d’air inopportun. Un voile impalpable enveloppe la pièce. Toute retraite est désormais interdite. Le contour des objets s’estompe légèrement tandis que les lignes de fuite obéissent à une perspective étrangère. Un silence se forme au coeur même du silence, plus dense, absorbant le moindre bruit extérieur. De l’autre côté de la fenêtre, la placette a disparu sous un barbouillage de couleurs délavées. Les morts ont pris possession des lieux, étendant leur ombre par-dessus les eaux noires du Styx. Ils ne vous voient pas, rejouant une scène en boucle, le dernier acte, la pièce manquante du puzzle. Ne dites rien, ne vous manifestez en aucune façon. Si leurs yeux vides se tournent vers vous, les morts remonteront avidement le temps pour s’abreuver à la fontaine de votre vie, votre âme qui brille comme une flamme claire dans l’obscurité où ils sont plongés.

Une forme hésitante naît progressivement au creux du fauteuil. Une forme qui devient une silhouette diaphane, à peine consistante. C’est un vieil homme. Il a les yeux mi-clos. Sur son front, une couronne de cheveux de neige. Son visage est creusé par une immense fatigue, cette fatigue qu’il a toujours combattue mais qui a gagné à la fin. Ses traits sont d’une finesse remarquable, ceux d'un artiste que souligne la délicatesse de la ligne de ses sourcils. Mais ses mains... oh, ses mains...ces grosses veines qui saillent et qui roulent sous la peau, qui font des noeuds...ces mains ont connu l’âpre morsure du froid et les blessures de toute une vie de labeur. Sa bouche reste entr’ouverte, un faible râle s’en échappe à chaque inspiration. Il semble éprouver de plus en plus de difficulté à trouver le réflexe respiratoire. Dans le coin de la pièce, la grande horloge égrène le temps qui passe, le temps qui s’écoule, le temps qui fuit entre les doigts de ce vieillard immobile dans un vieux fauteuil usé. Qu’attend-il sinon une délivrance attendue et espérée. Personne ne s’inquiète de son état. Un gros album est ouvert sur le guéridon à côté de lui. Sur une page toute blanche, il y a une photographie, une photographie en noir et blanc. C’est un portrait, le portrait d’un homme. Un large front découvert, un regard amusé, un regard narquois qui semble vous dire « Vous pouvez bien courir après moi, jamais vous ne m’attraperez ! ». Une grosse moustache lui donne un faux air de Staline. Et à nouveau, vous ressentez ce souffle glacial sur votre nuque, qui hérisse votre peau découverte en ce bel après-midi d’été. Une haleine fétide frôle vos narines. Il est là....

« Comment vas-tu mon vieil ami ? »

La voix désincarnée semble jaillir du néant. Puis le vide se fait matière, une matière aussi légère que l’air, une densité particulière qui se concentre non loin du fauteuil. Le vieil homme se raidit brusquement, rejetant son corps en arrière, tout contre le dossier, fixant l’endroit où se focalise l’apparition. Celle-ci se révèle être un homme dans la force de l’âge, au visage banalement harmonieux et glabre, un fin sourire flottant sur ses lèvres. Ce visage vous en rappelle un autre non? Un visage beaucoup plus jeune que celui de la photo, dans l’album. L’homme est sanglé dans un uniforme allemand de la seconde guerre mondiale, aux plis impeccables. Coiffé cavalièrement d’une casquette d’officier, il possède cette prestance altière et raffinée des hommes sûrs de leur charme ou de leur puissance. Il tapote ses bottes noires au lustre surnaturel avec une badine souple qu’il tient d’une main gantée de blanc.

Le vieil homme ne répond pas, une pâleur mortelle au fond des yeux, une pâleur qui s’étend sur ses joues, son cou, son front, le transformant en un fantôme blanc et silencieux.

« Tu me reconnais n’est-ce pas? Cela fait si longtemps que nous nous sommes perdus de vue. Combien d’années? Presque soixante. Tu te souviens du zoo n’est-ce pas ? Oui, je vois que tu t’en souviens. Le zoo, là où vivaient mes enfants. Elles ont vécu là aussi. Un court séjour. Tu entends toujours les cris et les râles? Comment oublier les cris et les râles? Comment oublier leurs cris et leurs râles? Je suis venu pour toi mon ami car il y a un pacte entre nous n’est-ce pas Un pacte que tu as signé avec une plume, une plume plongée dans ta veine. Je t’avais dit que je viendrais chercher ton âme, lorsque ton heure aurait sonné... Elles étaient si jolies Anna et Elsa. C’est comme ça qu’elles s’appelaient n’est-ce pas? Elsa et Anna, les deux jolies jumelles françaises. Deux adorables enfants...

- Tu es un monstre, tu es mort. Tu es un monstre et je te maudis...quoi que tu sois devenu....

- Je suis devenu celui qu’ils ont voulu que je sois. L’Ange de la Mort, c’est comme ça qu’ils m’ont appelé, l’Ange de la Mort. Mais je n’étais pas vraiment un monstre. Je poursuivais des recherches au nom de la science et de la race supérieure. Mes enfants n’ont pas été à plaindre...surtout les jumeaux ...j’ai fait en sorte qu’ils bénéficient d’un régime plus...comment dire...confortable. Ils dormaient dans de vrais lits, ils mangeaient généralement à leur faim et jamais les gardes ne les frappaient, j’y veillais. Compte tenu des circonstances, c’était appréciable non ?

- C’est faux...tu mens...combien ont survécu à tes bons traitements. Sur les 1.500 qui ont franchi les grilles de ton zoo, 200 en sont ressortis. Après tes horribles expériences, tu assassinais ceux qui avaient survécu, pour mieux outrager leurs pauvres corps suppliciés ! Tu es un monstre froid et ignoble.

-Tu ne peux comprendre. Tu sais, quand j’étais jeune, j’étais aimé des femmes. Elles m’appelaient affectueusement Beppo. Ensuite, tout a changé...la maladie, la guerre et tout le reste...Alors ils m’ont pourchassé...en Allemagne, en Italie, en Argentine, au Paraguay et jusqu’au Brésil enfin. Ils ne m’ont jamais rattrapé. Jamais. Mes restes reposent à Embu, non loin de Sao Paulo. Je ne suis pas là pour me justifier, je te le répète. Si je suis venu aujourd’hui pour réclamer mon bien, ton âme. Cette âme que tu m’as vendue là-bas en Pologne. Pour sauver Elsa et Anna, tu te rappelles. Elles n’ont pas souffert. Elles n’ont pas trop souffert. C’étaient leurs yeux qui me fascinaient, leurs beaux yeux clairs et vifs. Juste leurs yeux.

- Je dois délirer...Tu n’es que le fruit de la décomposition chimique de mes cellules nerveuses. En fait, je glisse vers la mort...il fait si chaud...si chaud cette année...et personne à appeler...toute l’eau de mon corps s’est évaporée, petit à petit...je suis complètement déshydraté...Oui, tu n’es qu’un fantasme qui se nourrit de mon agonie.

- Mon vieil ami! Combien il serait rassurant de croire en ces explications si rationnelles. Hélas, tu n’iras pas bien loin sur ce chemin. Juste un petit tour et puis tu me retrouveras devant toi. Attendant patiemment mon dû. Je suis l’Ange de la Mort. Savoure l’ironie du sort, je suis mort noyé et toi tu vas mourir déshydraté! Ce pays que tu aimes tant n’a pas mesuré l’ampleur du drame qui se joue ici et maintenant. Trop occupé à combattre les incendies de forêts pour prendre conscience de cette tragédie silencieuse. La Mort, ma maîtresse, aura du travail devant elle. Mais les corps qu’elle emportera seront si légers! Il faudra attendre encore un peu pour que les alarmes ébranlent enfin la torpeur qui règne dans cet été caniculaire. Malheureusement, il est déjà trop tard pour toi. Je le sais, c’est pourquoi je suis là »

A cet instant, un aboiement éclate dans le silence de l’instant. L’apparition, surprise, tourne la tête vers le chien qui se tient dans l’encadrement de la porte. Le chien gronde sourdement, fixant l’Ange de la Mort, soudain moins invincible, moins inéluctable. Pourtant qu’a-t-il à craindre de cette bête? Regardez bien, le chien semble grandir, se redresser majestueusement. Il se dresse à présent comme un homme de haute taille, au teint rouge et vêtu d’une toge. Dans une main, il tient une croix ansée, signe de la vie, et de l’autre, le sceptre dont il tire un grand pouvoir.

L’Ange de la Mort s’adresse à lui :

- Anubis! Ô noble divinité, pourquoi interviens-tu? Un pacte a été scellé, son âme m’appartient...depuis si longtemps déjà ?

- Je te regarde, bête malfaisante, et je te mets en garde. Je suis le gardien et le guide des défunts, celui qui les conduit à travers le royaume des morts jusqu'à la salle de la déesse de l’Ordre et de l’Equité. Je suis le vent qui apporte la pluie, l’eau qui irrigue la terre et le désert qui sépare le bon grain de l’ivraie. Tu t’apprêtes à commettre un sacrilège et cela je ne le permettrai pas. Aussi, écoute moi attentivement. Si tu persévères sur la voie que tu as choisie, apprêtes-toi à comparaître devant moi sous peu. Je te toucherai la bouche, les narines, les yeux et les oreilles pour que tu recouvres tes sens. Le ka et le ba réintègreront ton corps. Tu seras alors vivant quand j’enfoncerai le crochet de fer dans tes narines pour extraire ton cerveau. Je t’injecterai les drogues consacrées avant que ma lame, longue et brillante, ne t’ouvre le flanc de haut en bas, pour te vider comme un animal. Je jetterai tes entrailles aux chiens et aux corbeaux. Mais tu seras encore vivant. Je remplirai ton ventre flasque de myrrhe broyée et de cannelle avant que de recoudre ta peau avec une fine aiguille d’os. Tu seras toujours vivant. Je t’envelopperai de fines bandelettes pour te placer dans le sarcophage. Je veillerai à te maintenir conscient tout au long de cette cérémonie, quelle que soit la douleur que tu éprouveras. Tes dents déchireront ta langue, tes cordes vocales se briseront à force de crier mais je continuerai. Je te garderai à mes côtés car malgré ta langue arrachée, tu hurleras pour mon plus grand contentement jusqu’à la fin des temps. Ainsi, tu revivras encore et encore les supplices que tu as infligés à des créatures innocentes. Maintenant choisis ! »

Le Dieu paraît immense, dominant le nazi de toute sa taille. Le combat est par trop inégal. L’Ange de la Mort crispe la mâchoire et crache finalement :

« Garde son âme...je te la laisse...il y a tant à faire ailleurs...alors une de plus ou une de moins! »

Il disparaît laissant derrière lui son odeur fétide. Le Dieu sourit et porte son regard bienveillant sur le vieil homme qui paraît dormir. En fait, il ne se réveillera plus. Alors le Dieu dessine un symbole avec la croix ansée et dit simplement :

« Dors Caleb...ton Dieu ouvrira bientôt le ciel pour que tu puisses le rejoindre comme c’est écrit sur les tables des hommes. Elsa et Anna t’attendent déjà ainsi que tous ceux que tu as aimés. Tu es un juste. Dors Caleb ! »

La présence divine s’estompe et ne reste plus que le vieux cabot qui a poussé la porte mal fermée. Il ne cesse d’aboyer jusqu’à ce qu’un voisin, excédé par le bruit, pénètre enfin dans l’appartement. Le chien le surveille tandis qu’il appelle les secours. Il déguerpit quand la sirène de l’ambulance du SAMU retentit au dehors. Il est trop tard pour le vieux monsieur. Oh, remarquez le sourire apaisé qui illumine son visage. Un des urgentistes, étonné par cette sérénité miraculeuse, retire son gant pour toucher instinctivement le front de Caleb.

Ensuite, il ne pense pas à ramasser le gant tombé à terre.


Les enfants de l'Ange


M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-09-21 12:13:38 

 Le titre a changé...Détails
...il est désormais :

Les enfants de l'Ange


M

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z653z  Ecrire à z653z

2007-09-24 17:44:21 

 Superbe !Détails
Il n'y a que le début qui soit un tout petit peu long mais les dialogues sont savoureux :))

Merci.

Ce message a été lu 6146 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-09-26 19:37:24 

 WA - ex n°22, participationDétails
Dimanche aux Ecuries (suite)




Loba la Bergère somnolait encore, la tête sur les pattes, sur le paillasson de la Grande Niche. Elle serait bien allée se soulager, mais elle rechignait à déranger Mélusine, la chatte grise, qui dormait contre son flanc, et plus encore ses quatre petits, qui s’étaient nichés pour la nuit dans l’épaisseur de son pelage noir et feu. Ils n’avaient pas bougé, même quand la mère était partie chasser. Le petit noir avait levé la tête, tétouillé vaguement une de ses mamelles, et s’était rendormi aussitôt.
C’était Jour-Sans, et Loba s’en réjouissait. Elle aimait bien les enfants qui venaient jouer avec les chevaux, tous les autres jours, mais ils étaient turbulents et braillards comme des chiots mal élevés, et le Maître était beaucoup trop patient avec eux. Une petite bourrade de temps à autre, voire un coup de dent pour les plus délurés, permettait de garder un peu d’ordre dans la meute. Mais ce n’était pas sa meute, et quand ils se montraient trop pénibles, elle allait se réfugier dans la haie de thuyas tout en déplorant la décadence de principes éducatifs qui avaient fait leurs preuves.
Doucement, elle commença à toiletter la chatte, qui s’étira langoureusement sous la truffe humide ; elle mâchouilla quelques puces, lissa le poil soyeux de sa langue affectueuse, puis fit de même avec les chatons profondément endormis. Tout à coup ses oreilles se dressèrent. La Volante décrivait des cercles concentriques au dessus du Centre Equestre, en lançant des cris à intervalles réguliers : c’était manifestement une opération de recherche.
« Le troupeau ! » sursauta Loba. Son troupeau ! Le troupeau était sous sa garde, elle en était responsable et elle le savait. Délicatement, elle fit glisser les petits contre le ventre de leur mère, où, attirés par l’odeur, ils se mirent à téter sans même ouvrir les yeux. Loba s’étira, pattes avant, pattes arrière. Un petit détour derrière le noyer et, plus légère, elle trottina jusqu’aux écuries.
« Tu tombes bien, Bergère », lui lança Akhbar. «Mélinda a disparu, et les hirondelles n’arrivent pas à la localiser. »
La chienne jeta un regard vers l’arrière : la chatte, les petits... Qui les protègerait ? Mais le troupeau...
« Je m’en occupe », soupira-t-elle.
Elle flaira longuement le box vide. Un seul crottin... Elle avait dû partir bien avant le matin. Quelques vieilles odeurs humaines... Sur le loquet, même chose, plus de cheval que d’humain.
« Je pense qu’elle a fugué, une fois de plus », conclut-elle.
Elle revint vers la graineterie.
« Est-ce que la porte était ouverte, ce matin ?
- Oui », répondit Marinette. «Mais hier soir...
- Je sais. J’ai fait ma tournée, hier soir. La grande porte des écuries était ouverte, comme toujours en été, mais la petite porte coulissante près de la graineterie était fermée, de même que la graineterie, la sellerie et le club-house. Mélinda était dans son box, et le loquet était tiré. Ne vous inquiétez pas, je vais la retrouver. »
Loba se mit à flairer le sol près de la porte du box. Puis elle partit en direction du chemin de promena de, la truffe frémissante, le corps tendu de concentration. Elle était sur la piste, et rien ne pourrait l’en détourner.



Shetlock, toujours suivi de Marinette et d’Akhbar, se posta au milieu des écuries où les chevaux réclamaient avec impatience le repas du matin.
« Silence ! Vous mangerez quand j’en aurai fini avec vous. Quelqu’un a vu ou entendu quelque chose, cette nuit ? »
Sept regards vides de vache ruminante le contemplaient.
« Alcibiade ! Sors la tête du box ! Mélinda habite juste derrière chez toi, tu as forcément quelque chose à me dire ! »
Le grand selle français apparut, légèrement en retrait, les oreilles un peu en arrière, d’inquiétude contrariée.
« J’ai... J’ai entendu des voix... »
Les sept autres s’esclaffèrent bruyamment.
« Il entend des voix ! » ricana son vis à vis, Prince, un ibérique bai de dix ans à la longue crinière noire, fier comme un hidalgo. Il donna de grands coups de sabot dans la porte du box, et les autres chevaux l’imitèrent en hennissant de rire.
« Assez ! », tonna Akhbar. « Inutile de se moquer. Tu as peut-être passé le feu autrefois, mais le ruisseau de la Pradasse c’est autre chose, hein ? »
Prince recula d’un pas, et son voisin l’entendit marmonner « ...grenouilles... »
Alcibiade, réconforté, murmura :
« Il y avait des humains dans la graineterie. Ils sont entrés par la petite porte. D’abord ils chuchotaient, puis ils ont crié, et il y a eu des chocs sourds...
- Comme un sac de grain qui tombe ?
- Je ne sais pas...
- Et puis ?
- L’un des deux s’est enfui en courant. L’autre a dit « Merle ! » et est reparti aussi.
- Note, Marinette. Tu as reconnu les voix ? »
Alcibiade se retira au fond du box.
« Allons, mon garçon... Il y a eu deux meurtres ! Allez, viens me dire ça à l’oreille. Personne ne saura que c’est toi... »
Shetlock recueillit la confidence en opinant du chef.
« Eh oui... », soupira-t-il en regardant Marinette très absorbée dans son carnet de notes.
« Je vous rappelle à tous que les omissions et les fausses déclarations feraient de vous des complices... »
Soledad, la voisine d’Alcibiade, une anglo-arabe grise réputée pour sa vaillance sur les terrains de cross, s’écria aussitôt :
« Nom d’un panoramique ! (1) Tant pis pour elle ! Cette nuit, quand les humains sont partis, Mélinda a ouvert son box. Je l’ai entendue manger dans la graineterie, pendant au moins le temps d’une reprise (2)...
- Comment sais-tu que c’est elle ?
- Il n’y a qu’elle dans les écuries extérieures, les autres poneys sont au pré même la nuit. Et puis elle a ronflé trois fois, sans doute en découvrant le cadavre de Renifleur, et tu sais que Mélinda ronfle toujours quand quelque chose ne lui plaît pas... Mais ça ne lui a pas coupé l’appétit !
- Bien ! », déclara Shetlock. « Nous avançons. Tu peux nourrir, Marinette. Et n’oublie pas mon demi-litre... »
Marinette distribua le foin et le grain et mit de l’ordre dans la graineterie. Les corps des victimes furent rendus à la Brigade.
Un jappement joyeux fit lever les nez des mangeoires. Loba, l’oeil radieux et la queue battant à la mesure de sa fierté, faisait avancer en lui mordillant les jarrets une Mélinda récalcitrante qui traînait d’un pas lourd un ventre rebondi comme une outre trop pleine.
« Formidable, Loba ! » s’exclama Akhbar.
« Elle était dans le bois, juste après la barrière... qui n’était pas fermée... Je me demande qui a pu faire ça, je l’avais vérifiée hier soir...
- C’est pas moi », soupira la ponette. « Je n’ai eu qu’à la pousser... Je voulais juste me mettre au frais pour la nuit !
- Et le grain ? Ce n’est pas toi peut-être ?
- Mais je n’ai pas tué Renifleur ! Il était déjà mort ! Et je sais qui c’est !
- Moi aussi », trancha Shetlock en jetant un regard oblique à Marinette. Et je vais tout vous expliquer.
- D’abord », intervint Akhbar, «rentre-moi cette voleuse et mets-lui un panier (3). A la diète jusqu’à demain ! Et qu’elle s’estime heureuse si elle ne se met pas en coliques ! »
Marinette attrapa la fugueuse par la crinière et l’enferma dans son box. La ponette se laissa passer le panier sans rien dire.
« Shetlock ! Shetlock ! », scandaient les chevaux – et Alcibiade n’était pas en reste. « La vérité ! »
Le poney se campa sur ses quatre sabots et , laissant tomber sa pipe dans la main de Marinette, attendit le silence.
« Vous avez tous compris que Mélinda a profité des sacs éventrés pour se goinfrer sans mesure, et qu’ensuite elle est allée se cacher dans le bois, profitant de ce que la barrière était ouverte. Mais effectivement, elle n’est coupable de rien d’autre. Qu’en penses-tu, Akhbar ? Une journée de diète et seulement un peu de foin demain, est-ce que cela te semble une punition suffisante ?
- Tout à fait.
- Bien. Pour le reste, voici ce qui s’est passé. Ma petite Marinette... Nous t’aimons tous beaucoup, tu t’occupes bien de nous et nous te faisons tous confiance... »
Marinette rougit.
« Mais tu m’as menti, coquine ! »
Les chevaux manifestèrent leur mécontentement, qui en tapant dans la porte, qui en ronflant. Alcibiade coucha les oreilles vers l’arrière d’un air méchant.
« Cependant je te pardonne, car tu as voulu protéger quelqu’un que tu aimes... Cette barrette à cheveux que nous avons trouvée, tu sais à qui elle appartient, n’est-ce pas ? »
Marinette acquiesça en silence.
« La semaine dernière nous avons reçu une colonie de garçons. Et le Jour-Sans juste avant, tu as entièrement nettoyé la graineterie avec Henri, oui ou non ?
- Oui.
- Tu as les cheveux courts et tu ne mets pas de barrette. Donc la seule fille qui a pu la perdre, c’est...
- Julie ! », s’écria le choeur des chevaux.
- Eh oui, Julie, ta grande soeur, qui hier soir était dans la graineterie avec un garçon. Et je vais même vous dire qui c’est ! »
Les chevaux avaient les yeux rivés sur Shetlock, et les oreilles pointées vers lui. La BSS, au grand complet, était rangée en ordre devant le Trou Nord. Loba gardait la sortie, assise bien droite sur le pas de la grande porte. La Volante, répartie sur le haut des grilles des boxes, ne remuait pas une plume.
« Le garçon a traversé un champ de luzerne pour venir ici, et il en a laissé un brin derrière la porte de la graineterie. Il est reparti par le bois, en oubliant de fermer la barrière...
« Kévin ! », hurlèrent les chevaux au paroxysme de l’excitation.
« Eh oui, le jeune Kévin, que nous avons tous vu depuis quelque temps tourner autour de Julie, comme une mouche autour d’un...pot de miel. Kévin, qui habite à Pique-Talen, de l’autre côté du bois et du champ de luzerne... Or voilà, à mon avis, ce qui s’est passé : Kévin a donné rendez-vous à Julie et l’a entraînée dans la graineterie. Mais notre Julie, même si elle joue à la femelle avec ses maquillages de spectacle et ses T-shirts minuscules, est encore timide comme une jeune pouliche. Le garçon avait installé un lit douillet en ouvrant la balle de foin, mais Julie a pris peur et s’est mise en colère. Il a insisté, ils se sont battus. Je pense que Renifleur a été piétiné dans la lutte. Kévin porte en général des tennis. Donc je crois que c’est Julie, avec ses grosses chaussures de rando, qui en lui lançant des coups de pied a éventré les sacs de grain. L’un ou l’autre a fait tomber un sac qui a malheureusement écrasé la pauvre Virgule. Et voilà ! »
Akhbar hennit un bravo retentissant, auquel les chevaux firent écho.
Shetlock s’inclina en une révérence parfaite, comme au bon vieux temps de ses années de cirque.
« Tout ceci est parfaitement exact », déclara alors Blaise en s’étirant de tout son long. « J’étais là, j’ai tout vu.
- Et tu ne pouvais pas le dire plus tôt ? », rugit Akhbar.
«Tu ne m’as rien demandé... Le chat ne parle que si on l’interroge... et lorsque tel est son bon plaisir... », miaula insolemment le chat, en déployant dans un rayon de soleil la courbe harmonieusement redoutable des griffes de sa patte, avec une satisfaction non dissimulée.
« Hem... », toussota Shetlock, « eh bien, puisque tout est dit... Pour le châtiment, Akhbar, nous t’écoutons.
- Il n’y a pas eu de préméditation, ni d’intention de donner la mort. Néanmoins ces deux jeunes gens sont coupables de deux meurtres, et d’avoir mis en danger la vie de Mélinda en laissant les portes ouvertes – chacun sait qu’elle ouvre son box quand elle veut. Je sanctionnerai davantage Kévin, qui est responsable de la bagarre, en ayant voulu forcer une pouliche... euh, une jeune fille. Voilà ce que je propose : Prince, tu emmènes Julie en balade, demain ?
- Oui, normalement après Jour-Sans c’est balade.
- Je te confie le soin de la décharger, un peu rudement, et de préférence devant les enfants. Fais en sorte qu’elle ne se blesse pas, mais un bon gros bleu sur une fesse...
- Compte sur moi, Akhbar, ce sera fait. Un bon gros bleu...
- Kévin, maintenant. Il a dit qu’il venait faire les boxes aujourd’hui, Marinette ?
- Oui, parce qu’il veut sa journée demain.
- Parfait. Mes amis, allez à vos abreuvoirs, buvez autant que vous voulez, et ensuite déposez-y un joli crottin. Et ensuite, quand il fera les boxes, vous êtes autorisés à le pousser contre le mur, à lui marcher sur les pieds ou à le mordre (mais pas trop fort, ne lui cassez rien, ne le faites pas saigner).
- Je peux le botter ? », demanda Prince.
- Non. Ca, c’est moi qui le ferai, parce que je ne suis pas ferré et que je sais doser mes coups. De plus j’ai une réputation d’agressivité... à entretenir, et il n’est pas question que l’un d’entre vous soit sanctionné pour l’application d’une juste punition. Est-ce que tout le monde est satisfait ? »
L’assemblée approuva.
« Et maintenant, Marinette, nous allons raccompagner chez lui notre bon ami Shetlock, et en même temps nous fermerons la barrière. Tu devras informer ton père pour Mélinda, mais le reste ne regarde que les Ecuries. »



Henri se réveilla vers neuf heures, hésita à se le reprocher, mais après tout c’était dimanche. Il soupira devant la place vide près de lui, comme chaque matin. Il se leva. Sans bruit il entrouvrit la porte de la première chambre. Julie dormait toujours, au milieu d’un désordre inqualifiable. Il soupira encore. Elle ressemblait tant à sa mère... Le lit de Marinette était fait au carré, sa chambre était rangée. Elle avait laissé du café au chaud. Par la fenêtre de la cuisine, il la vit revenir vers les écuries, montée à cru sur Akhbar, sans même un licol. Il soupira.
« Comment fait-elle ? Personne n’approche ce cheval à moins de deux mètres, et elle le monte comme si c’était un roudoudou de poney... Moi aussi, quand j’étais jeune... Je me rappelle que je pouvais les monter tous... C’est d’ailleurs tout ce dont je me souviens... Pourquoi est-ce qu’on oublie tant de choses quand on devient adulte ? »







(1) obstacle panoramique : obstacle de cross, donc fixe, situé dans une descente
(2) leçon d’équitation : elle dure en général une heure
(3) quand on veut laisser un cheval à la diète et qu’il est sur litière de paille, on fixe un panier en plastique, perforé, sur son museau ; le cheval peut respirer et boire, mais pas manger
Narwa Roquen,toujours pas complètement adulte

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-09-26 20:26:59 

 retard...Détails
j'aurai sans doute quelque retard pour ma 2ème histoire...au pire 48H.

je croule sous les dossiers urgents moi aussi.


M

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z653z  Ecrire à z653z

2007-09-27 17:11:53 

 très bien écrit :))Détails
une petite faute de frappe :
"chemin de promena de"

Et un tout petit peu trop de personnages pour une aussi courte histoire ;)

Merci :)

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-09-28 16:41:44 

 Commentaire Maedhros, exercice n°22, H1Détails
L’ambiance paisible du premier épisode a sombré dans le noir le plus absolu ; dans un certain sens, on pourrait dire que ça finit bien... Tout est relatif... Cela aurait pu être pire... Tu excelles dans les langueurs morbides et les atrocités familières...
J’aime beaucoup « il neigeait des âmes » et les lignes suivantes, ainsi que « un silence se forme au coeur même du silence ».
En ce qui concerne la consigne, j’ai beau essayer de l’ouvrir, tu t’y sens toujours à l’étroit ! La scène de crime initiale se transforme dans la suite en scène de mort, sans crime ; les crimes apparaissent dans la deuxième partie, mais ils appartiennent au passé et tout le monde connaît l’assassin... Mes consignes souffrent avec toi, Maedhros ! Prends garde qu’elle ne se mettent un jour à manifester leurs protestations dans tes rêves, sous l’égide de la SPC ( Société Protectrice des Consignes)...
A part ça, il m’a manqué quelques virgules ( par ex « Dors Caleb », je préfère « Dors, Caleb »), et quelques points d’interrogation ( par ex « Combien ont survécu ... »)
Autre détail : « pour qu ‘elles puissent enfin retourner sous la terre ». J’aurais dit « à la terre », plus vague mais plus biblique ; de plus la neige se pose sur la terre, je ne la vois pas aller dessous.
Au niveau du sens :
- « Le désert qui sépare le bon grain de l’ivraie » : ??
- Je ne vois pas un urgentiste diplômé ôter son gant pour toucher le front d’un cadavre. D’accord, tu avais besoin d’un gant par terre. Mais ce n’est pas un geste très professionnel.


Bon, j’espère que le prochain sera plus gai...
Narwa Roquen, qui attend patiemment ta H2, ne te mets pas la rate au court-bouillon, de toute façon je préfère le foie ( au Sauternes et aux petits oignons)

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-09-29 18:30:44 

 WA - Participation exercice n°22 - H2 Détails
Dans les temps...
Et puis, j'ai trouvé un meilleur titre..
_____________

Close to the edge


L’émotion le quitte aussi vite qu’elle l’a submergé. Il a eu de bons professeurs à Quantico. Il n’est qu’une plage, une plage de sable blanc, du sable à perte de vue. Chaque émotion est une vague écumante venant du large. Une vague parmi d’autres, qui roule vers la dune puis reflue, ne laissant aucune trace derrière elle. Le sable est toujours aussi lisse, la plage intacte à perte de vue. Il passe une main pour essuyer ses yeux et secoue la tête pour en chasser les derniers démons.

Il est tard mais Rosemary ne l’attend pas, ne l’attend plus. Il aura droit à son assiette posée comme d’habitude sur un coin de table, les couverts et la serviette en papier disposés élégamment dessus. Le plat attend dans le micro-onde. La surprise du chef, tout droit sortie du congélateur. Il grimace en pensant à la bouteille d’un vin californien qui se prend pour un Bordeaux gouleyant. Elle aura déjà battu en retraite dans la chambre à coucher. Elle dormira ou fera semblant. Elle fera sûrement semblant de dormir.

A cette heure, les rues de la ville sont désertes, vidées par la psychose du tueur qui est à son comble. Il s’engage dans Tremont Street pour rejoindre l’artère centrale, l’autoroute 93 qui remonte vers Medford.

Il aime sa ville. Il s’y sent bien. Les façades victoriennes de Beacon Hill, aux racines européennes, avec ses rues qui portent des noms d'arbres, la skyline ultra-moderne hérissée de gratte-ciel, l’église de la Trinité que domine la plus haute tour de la ville, la Tour Hancock. Magiquement, les premières mesures d’une vieille chanson retentissent dans l’habitacle. Il la reconnaît tout de suite : Sweet Caroline, la vieille chanson de Neil Diamond, l’hymne des Red Sox, son équipe favorite.

Sweet Caroline
Good times never seemed so good.
I've been inclined
To believe they never would.
Oh... no...no.



Il sort de l’autoroute à l’échangeur 60. Il descend Salem Street puis Riverside Avenue. En ralentissant, il baisse la vitre pour mieux respirer l’air nocturne chargé d’un parfum singulier, cette humidité parfumée qui flotte en longues nappes aux abords de la rivière. Il tourne sur Clipper Ship Drive et la voit enfin scintiller juste de l’autre côté de la chaussée. Il est enfin chez lui, là où il a grandi, sur les berges de la Mystic River. Il roule maintenant presque au pas, comme s’il voulait suspendre le vol du temps, s’immobiliser sur cette frontière où les fils du futur ne sont pas encore tissés, où aucune nécessité ne pousse à faire de choix. Malheureusement pour lui, l’implacable logique d’un espace euclidien le rattrape quasi instantanément.

Il stoppe la Chevy devant l’immeuble et coupe le contact. Il lève la tête vers le balcon du cinquième étage. Aucune lumière. Il claque la portière de la voiture et, sous le porche de la résidence, compose le code de sécurité pour pénétrer dans le hall. Il appelle un ascenseur. Il imagine Rosemary se précipiter vers la chambre après l’avoir guetté dans le noir, près de la baie du séjour. Demain matin, il lui parlera. Le moment qu’il redoutait autant qu’il l’espérait est arrivé. Demain, au petit déjeuner, il lui parlera. To cut a long story short. Cela n’a que trop duré. Il ne parvient plus à concilier les tensions professionnelles et domestiques. Il doit absolument faire le point, quitte à y perdre beaucoup. Sinon, c’est lui qui risque de se perdre. Avec un léger soubresaut, l’ascenseur s’immobilise et s’ouvre sur le couloir. Les portes des appartements se font face dans un silence douillet entretenu par l’épaisse moquette au motif vaguement néo-classique. La porte 586. Il est arrivé. Le compte à rebours a commencé. Vision fugitive d’un chronomètre qui se déclenche, immédiatement remplacée par celle d’un révolver qui fait feu. Il tressaille, une vague glacée cascade le long de sa colonne vertébrale.

L’appartement embaume l’encaustique. C’est Rosemary. Elle adore le bois sous toutes ses formes. Elle passe des heures à entretenir les meubles qu’elle a choisis, chacun participant à sa façon à composer un univers particulier où elle rêvait très fort d’abriter leur bonheur. Tout ça est loin derrière aujourd’hui. Elle continue pourtant à frotter les boiseries avec ses pinceaux, ses chiffons et ses brosses. Tout est impeccable, pas l’ombre d’un grain de poussière. Atmosphère stérile. Comme leur amour à présent. Stérile. L’assiette attend sagement comme chaque soir. Le verre à pied est parfaitement centré sur le sous-verre où une pin-up très vintage prend la pose, jambes gainées de noir croisées haut. Une bouteille de vin est débouchée, sans doute chambrée à point...dommage qu’il s’agisse comme d’habitude d’un flacon d’Opus One, ce vin hors de prix de la Napa valley où on massacre le cépage cabernet-sauvignon à grandes pelletées de copeaux de bois...Il a toujours soupçonné Rosemary de choisir ce vin à cause de ce détail...boire du bois... Il note sans y prêter plus d’attention que la bouteille semble différente ce soir. Trop de choses à penser alors il note puis oublie.

Il allume machinalement la télévision tout en se dirigeant vers leur chambre à coucher. La porte est fermée. Aucun bruit. Il pose la main sur la poignée mais c’est trop tôt ou trop tard. Alors, il fait un pas en arrière, le regard toujours fixé sur un point situé derrière cette porte fermée. Rosemary. Il tourne enfin la tête et voit l’objet incongru, l’objet qui ne devrait pas se trouver là, sur la table basse au plateau de verre irréprochable. Il a toujours été très fort au jeu des sept erreurs et les versions plus élaborées de Quantico. Une mini caméra numérique, à peine plus grosse qu’un banal caméscope. Il la prend délicatement. La marque confirme ce qu’il pense, elle vaut une petite fortune. C’est un matériel professionnel. Que fait-elle là, posée bien en évidence ? Il interroge du regard le reste de la pièce. Rien n’attire son attention. Tout est banalement normal, à sa place habituelle. Juste cette caméra qui détone. Il vérifie le compartiment de stockage. Une carte SD s’y trouve. Il essaie de mettre en marche l’appareil. Rien à faire. Il s’aperçoit finalement que la batterie a été retirée.

Mû par un pressentiment qui ne veut pas dire son nom, il repose la caméra et se précipite vers la chambre, ouvrant brutalement la porte et allumant le plafonnier. Le lit lui fait face. Le couvre-lit à volants plissés aux couleurs de petite fille sage ne présente pas le moindre pli inesthétique. La poupée aux grands yeux de porcelaine le fixe presque méchamment sous son chapeau de paille à larges bords, prête à défendre chèrement les oreillers auxquels elle s’adosse. Rosemary n’est pas là. Elle est partie. Elle est parvenue avant lui à la conclusion qu’elle ne pouvait plus continuer à faire semblant. A refuser l’évidence. Elle est partie.

La caméra. Elle lui a laissé un message. Pourquoi cette mise en scène? Se saisisant à nouveau de l'appareil, il en extirpe la petite carte qu'il glisse dans le slot SD du lecteur DVD, sous la télé. Fébrilement, il appuie sur la touche « Play ». Le visage d’Ophrah Winfrey fait place à une pièce sombre, souterraine. Vide. Un plan statique qui dure de longues secondes...

Enfin, une silhouette se découpe, noirceur sur obscurité, une silhouette massive qui s’éloigne vers le fond de la pièce, tournant le dos à l’objectif. Vic la distingue à peine. Il retient son souffle. Une faible luminosité écarte péniblement les rideaux de ténèbres, à peine suffisante pour que Vic puisse un peu mieux détailler ce qu’il observe. La pièce semble assez vaste même si le grand angle de l’objectif rend les proportions trompeuses. Sur la gauche, il y a une sorte de miroir, un grand miroir du genre de ceux qui tapissent plusieurs stations de métro, là-bas dans le centre. Au centre de la pièce,une chaise où vient s’asseoir un homme au visage curieusement flouté, comme dans ces reportages qui passent aux infos. L’homme est vêtu d’une ample chemise de camionneur et d’un jean ordinaire. Il a les mains croisées sur ses cuisses. Il ne dit rien, se contentant de regarder Vic derrière la vitre de la télé.

L’inquiétude de Vic se transforme en angoisse. Il le reconnaît sans l’avoir jamais vu. C’est lui, le tueur aux miroirs. Il peut entendre sa respiration, lourde et lente. Il a la corpulence d’un homme encore jeune, aux lignes avouant néanmoins un embonpoint naissant.

« Salut Vic ! Ce fut un long chemin pour te trouver. J’ai dû souvent regarder derrière mon épaule. Tu étais si proche. Si proche de moi. J’ai enregistré cette bande à ton intention. C’est fou ce qu’on peut faire maintenant avec la technique. C’est une connaissance commune qui m’a donné ce matériel. C’est lui aussi qui m’a donné ton numéro de téléphone. Non, pas celui que tu files à tes indics. Non, pas celui-là. Ton numéro perso. J’ai mis un peu de temps à trouver l’adresse qui allait avec. Mais je t’ai dit que la technique faisait des miracles de nos jours. Pardonne-moi cette mise en scène. Je n’ai pas voulu concurrencer SAW. Il n’y aura aucun piège infernal. Ni machinerie sophistiquée. Non. Rien que toi et moi. Et Rosemary bien sûr.

Tu as remarqué ? J’ai échangé la piquette californienne avec une bouteille de vin digne de toi, un grand vin français, un cru classé. Un bordeaux. Un graves. Un Pessac-Léognan. J’ai eu un mal de chien à le trouver ici. Un millésime 99. Un Pape Clément, superbe et délicat, qui marie idéalement Cabernet et Merlot. Un vin aux notes boisées, au nez de cuir et de fruits noirs, un nez riche et complexe. Un vin puissant bâti sur des tanins bien présents. Rien à voir avec l’artificiel Opus One n’est-ce pas ? Les français savent élever le bon vin. Pour ça, ils restent inégalés ! Goûte-le et déguste-le. Chaque gorgée fera naître sur tes papilles des harmonies célestes. Tu auras l’impression, en fermant les yeux, de te tenir dans un sous-bois ombreux et magique où tout peut arriver, où tout peut se retrouver. Goûte-le, c’est mon cadeau sur ta route vers l’enfer.

Tel que tu me vois, je suis parvenu là où nul ne peut me suivre. Même toi. Je connais ta façon de lire dans les nuages pour percer mes secrets. Je connais ta patience et ton sens exacerbé de l’observation. Tu remarques des traces que tous les autres piétinent lamentablement. Tu t’approches en silence, comme un indien qui se fond dans le bruit ambiant. Remarquable. Tu n’es jamais au premier plan, là où les flashes crépitent et les micros se tendent, dans la lumière glorieuse des projecteurs. Non, tu te tiens en retrait, au troisième rang, noyé d’ombre, attendant que la tension s’évacue pour mieux déchiffrer les indices éparpillés sur la scène de crime. Si je suis celui qu’ils appellent le tueur aux miroirs, ton reflet est dans toutes les images accrochées au mur. La rencontre avec ce journaliste a été providentielle. J’ai remonté le fil. Jusqu’à toi, jusqu’à elle. Qu’est-ce que tu ressens toi, le profileur de Quantico. Will Graham en chair et en os. J’ai toujours préféré Will Graham à Clarice Starling, pas toi. Comme j’ai toujours préféré « Le sixième sens » au « Silence des Agneaux » et son côté clinquant et maniéré. L’image serrée et nerveuse de Michael Mann au gros pinceau hollywoodien de Jonathan Demme. Qu’en pense un véritable expert de Quantico ? Arrives-tu à oublier ton conditionnement? Tout ce matériau que je te donne, ce matériau brut où tu dégageras une autre image de moi. Je parie que la seule question imprimée derrière tes yeux est celle à laquelle je vais répondre.

Rosemary. Elle m’a rappelé une autre femme, une autre mère. Ma mère. Il y a si longtemps. Un autre éclat de miroir qui gît par terre, dans le passé, maculé de sang. Un visage qui a aimé celui qui s’est enfui et que je n’arrive plus à retrouver. ...Rosemary appartient aussi à notre jeu. Je t’ai observé aussi, de l’autre côté de la route, caché près de la rivière. J’ai mis mes pas dans tes pas, j’ai fouillé tes poubelles, j’ai parlé à tes voisins. J’ai même parlé à Rosemary. Et je me suis rendu à l’hôpital où j’ai lu son dossier. J’ai été plus loin que toi. Le courage ne m’a pas manqué. L’hémorragie, l’hôpital et l’avortement. As-tu rêvé du sac de plastique médical où ils l’ont glissé avant de le faire disparaître? C’était un garçon. Tu le sais bien sûr. Un bébé prêt à naître. La Mystic River coule non loin. J’ai ressenti ta peine. Je te connais sans doute mieux que tu ne me connais. C’est troublant n’est-ce pas? Le chasseur devenu gibier. Tu vois ce miroir. Il reste désespérément vide. Celui que je cherche s’y cache, dans les reflets et les ombres. Quand je persiste à scruter ses profondeurs, maintenant c’est ton visage que j’entrevois. Ton visage. Tu emplis mes rêves. Je t’ai suivi plusieurs fois. J’écoute la musique que tu écoutes. Je mange souvent dans ton restaurant favori. Un jour, nous étions dos à dos, mangeant la même pizza aux poivrons. Buvant la même bière.

Nous sommes si proches. Recherchant vainement à remonter un temps qui ne reviendra plus. J’erre dans des ténèbres si profondes qu’il me faut ces miroirs pour éclairer mon chemin, ces miroirs de sang qui me conduisent toujours un peu plus loin devant. Le temps qui nous est accordé touche à sa fin. Je vais disparaître. Comme Rosemary. Nous ne sommes pas si différents que ça, à peine séparés par une rivière de sang. Retrouveras-tu Rosemary ? J’aurais pu l’aimer mieux que toi. Me retrouveras-tu ? Aucune chance si je ne le veux pas. L’enfer est un terrain de jeu familier pour nous deux. J’ai encore envie de jouer. Avec toi. Mon double dans la lumière. Le fou blanc qui poursuit le fou noir. Le fou blanc qui a perdu sa Reine. Rosemary.

Un dernier conseil, si tu veux qu’elle revienne, brise le miroir. Brise ce foutu miroir. Ne fais pas comme moi. Ne reste pas prisonnier de ses mensonges et de ses illusions. Brise le miroir. Jamais il ne dira autre chose que c’est toi le plus beau. Brise-le, sinon, un matin, tu m’y verras et cela sera effrayant. La dernière image de ton film. Après, je recouvrirai tes yeux morts d’éclats de miroir qui renverront une lumière diffractée. Est-ce que Quantico aura le dernier mot ? »

Un fondu au noir marque la fin de l'enregistrement. Vic reste silencieux et immobile, son esprit en déroute. De longues secondes. La sonnerie du téléphone retentit dans l’appartement comme les trompettes de l’apocalypse. Il hésite, regardant fixement le combiné. La sonnerie ne s’interrompt pas.

Alors, il décroche et lève le combiné vers son oreille. Une voix appelle son nom...

« Rosemary ? »

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-10-03 17:58:19 

 Commentaire Maedhros, ex n°22, H2Détails
D’abord, un cadeau : ??????????????????????????????????????????
Voilà, comme tu en manquais, là tu devrais en avoir assez pour quelque temps.
Ensuite... Je suis restée longtemps perplexe devant ce texte, au demeurant fort bien écrit, avec un coup de coeur pour le premier paragraphe : l’image de la plage est vraiment excellente.
C’est vrai que ça se lit vite et bien, que le lecteur reste suspendu à tes lignes, que tu te balades dans Boston comme si tu y avais vécu ( à ce propos, est-ce que le titre a un rapport avec le festival du théâtre étrange, « Out on the edge » ?), mais...
Mais finalement, si je comprends bien, après nous avoir promenés sur d’autres scènes d’autres crimes, tu nous en proposes une nouvelle... Celle-ci est d’ailleurs beaucoup mieux décrite que les précédentes...
Le long monologue du tueur est non seulement plausible, il est remarquable. Comme la plupart des tueurs psychopathes et intelligents, il est en quête de reconnaissance, et se cherche un témoin à manipuler et à impressionner, quelqu’un d’assez intelligent pour valider sa propre intelligence, quelqu’un à qui il va dévoiler certaines choses dans l’espoir d’une double identification croisée ( que le témoin s’identifie à lui est le garant de sa propre existence, et lui-même est en recherche d’identification).
Il lui laisse une piste à suivre (« Brise le miroir »), puisqu’il a besoin que le jeu dure, que le témoin continue à s’intéresser à lui. Seulement... « Brise le miroir »... Ou bien Vic a compris, et le lecteur se sent un peu bête ( en général il n’aime pas ça), ou bien Vic n’a pas compris et le lecteur se demande où l’auteur veut en venir... D’autant que ça s’arrête là ! Personnellement je suis restée sur ma faim. J’ai l’impression d’être arrivée au bord, ça oui, mais qu’ensuite on me laisse là, avec l’interdiction de plonger. A moins que tu ne nous prépares une suite, un jour ou l’autre...
Narwa Roquen, qui en veut toujours plus

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-10-04 09:25:33 

 39?Détails
A lire ton commentaire, je m’aperçois que j’ai dû mal traiter (maltraiter ?) la fin. Je passe évidemment sur l’absence quasi freudienne du ? , pour en arriver à cette fin qui m’était apparue assez légère et finalement peu conforme à mon goût pour les fins désespérées. Car, dans mon esprit, Rosemary n’était pas trucidée par le psychopathe. Elle avait effectivement quitté le domicile conjugal comme l’avait pressenti Vic et pour les mêmes raisons que lui. C’est elle qui rappelle à la fin de l’histoire.

L’image du miroir à briser renvoie à l’obsession de Vic à pourchasser le tueur. Le miroir n’est pas à proprement parler une glace mais les dizaines de photos (certaines d’entre elles comportant des miroirs !) qui empêchent Vic de voir la vraie vie, la sienne, où son couple bat de l’aile jusqu’à dégringoler dans l’abîme. Le tueur invite Vic à ne pas faire comme lui, qui s'est perdu dans ces miroirs, dans ces reflets...

J’aurais dû sans doute mieux expliciter la fin. Par exemple : « une voix féminine murmure son nom. » Ou quelque chose dans ce genre.

Pour le titre, je suis d’abord parti sur une vieille chanson du groupe YES (progressive rock) de 1972 qui s’intitule « Close to the edge ». Cette chanson est librement inspirée d’un court roman de Hermann Hesse « Siddharta », qui puise énormément dans le mysticisme oriental. Tu connais sans doute l’histoire de Siddharta. Le bouquin de Hesse est une quête initiatique vers la sagesse.

Le dernier couplet de la chanson de l'album éponyme de YES est un véritable condensé de la trame de l'histoire.

Down at the end, round by the corner.
Close to the edge, just by a river.
Seasons will pass you by.
I get up, I get down.
Now that it's all over and done,
Now that you find, now that you're whole.

Et le titre "Close to the edge" décrit exactement le moment où se situe l'action, tout au bord du gouffre.

Ceci dit, j’ignorais totalement l’existence de ce théâtre de l’étrange. Mais quelque part, cela n’est pas si étranger que ça à l’histoire.

Et puis, les 2 personnages sont attachants non? Ils pourraient sans doute revenir à l'occasion d'une autre WA.


M

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2007-10-04 09:48:22 

 Hm...Détails
En ce qui me concerne, comprendre que la personne qui l'appelle est sa femme n'aurait pas suffi à comprendre qu'elle avait simplement quitté le domicile conjugal. J'aurais juste cru qu'elle n'était pas encore morte, et que le serial killer l'autorisait à appeler son mari, par exemple pour le faire se sentir encore plus impuissant, juste avant de la tuer. Enfin chuis pas très douée en sscénar' mais un truc comme ça, quoi. Je crois qu'il m'aurait carrément fallu un dialogue... Enfin bref, en tout cas je suis contente que ça finisse bien pour une fois! Enfin, si l'on peut dire. :)

Elemm', Disney power

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z653z  Ecrire à z653z

2007-10-04 16:06:50 

 presque tout pareil qu'ElemmirëDétails
J'aurais juste cru qu'elle n'était pas encore morte, et que le serial killer l'autorisait à appeler son mari, pour lui dire qu'il l'a kidnappée. Et ensuite, ne pas lui dire s'il l'a tuée pendant qu'il continue de le poursuivre.
L'expression "briser le miroir", je n'avais pas compris mais en même temps, je n'avais pas trop cherché et c'était assez facile à deviner.

:)

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-10-04 18:41:28 

 SAW....Détails
Oui, je comprends que la fin est vraiment peu claire. J'y retravaille...

Néanmoins, si le tueur avait kidnappé l'épouse, cela aurait trop versé dans le scénario des films SAW (1, 2 et 3) qui sont tous bâtis sur ce principe.



M

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z653z  Ecrire à z653z

2007-10-05 13:18:40 

 Je n'ai vu aucun SAWDétails
...c'est une bonne idée quand mon frère me demandera ce que je veux voir comme film.... :)
La colline a des yeux, c'est bien aussi ? :)

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-10-05 18:17:08 

 SawfismeDétails
Je te conseille le 1er qui a l'avantage de la nouveauté et d'un scénario assez bien ficelé. Les 2 autres sont l'exploitation commerciale des bonnes idées du premier, l'originalité en moins.

Pour "La colline a des yeux", je l'ai vu. Dans le genre, film honnête qui fournit la dose correcte d'hémoglobine pour le prix versé ( et vice et versa).

Scénario habituel : décor désertique, créatures post-apocalypotiques en mal de chaleur humaine, dialogues dignes d'un manga japonais, rebondissements attendus et prévisibles.

Les seuls points positifs,à mes yeux, en sont : le chien, le souffle atomique et le fait que le film a été réalisé par un frenchie. Non pas que ce dernier fasse étalage d'une classe insolente, loin de là, mais preuve est donnée que le cinéma gore chromé est à la portée des cinéastes hexagonaux, actuellement importés à prix d'or par les studios US.

Si tu veux un film bien crade, essaie Hostel. Tu commences par un gentil film ado sur la découverte du sweet sex par deux gentils boys américains qui se rincent la gorge à grandes lampées de bière et l'oeil avec les beautés européennes. Puis tu bascules sur des horreurs venues de l'Est (style la mafia russe vous en donne toujours plus).

Pas de monstres, pas de vampires, par de serial killers. Que nenni, de la bonne vieille exploitation du côté obscur de l'âme humaine. Dans le genre, c'est assez réjouissant! Ames sensibles s'abstenir.


M

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Clémence  Ecrire à Clémence

2007-10-05 18:57:02 

 ouais ben....Détails
....les films d'horreur....ben ça fait peur!!
Je brandis fièrement cette bannière que trop ridiculise: celle des pauvres cinéphiles qui pourtant ne peuvent s'empêcher de trembler devant ce surplus d'hémoglobine et ces effets spécieux pourris... Voila, je déteste les films d'horreur et je l'affirme!! :p
Mais, je ne mets pas en doute que certains puissent être bien ficelés et tout le blabla de pros, seulement tanathos doit être trop contenu par mon surmoi! (genre jlis Freud.:p)
Hum...ce message n'avait rien à faire là, mais pour une fois que je peux clairement exprimer ma frustration envers ces chef-d'oeuvres de cruauté humaine. :p


*Pouk* à tous, heureuse de lire tous plein de messages après mes cours, qui me donne souvent le sourire.^^

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2007-10-06 07:32:06 

 Réjouissant?Détails
Alors là, on n'a pas la même notion du réjouissant!
Moi aussi, on m'avait conseillé Hostel quand j'avais envie de me faire un p'tit film d'horreur. Je pensais trouver un truc sympa dans le genre de "Le Village", ou au pire de "Battle Royale" (que je classe plus dans les délires ensanglantés que dans les films d'horreur à proprement parler), et je me suis retrouvée à me demander vraiment pourquoi je le regardais jusqu'au bout. Ca m'a fait d'abord bien rire, le début, ok. Puis, quand ça commence à déconner, c'est sympa. Mais sur la fin (attention, spoiler:  à partir du moment où son bourreau se découpe tout seul, qu'il se retrouve dans un charriot de cadavres, qu'il arrache l'oeil de sa copine "pour son bien", qu'elle se ballade avec la moitié de la gueule en moins, ... ), alors là vous m'excuserez, mais je me demande vraiment l'intérêt du truc, si ce n'est qu'on se dise "Baaaahh, c'est dégueu!". Pour moi, un film d'horreur joue plus sur la tension, sur le suspense, et ce type d'étalage, j'adhère pas trop... "8 millimètres" m'avait fait le même effet. J'ai eu l'impression que c'était too much de crado et pas assez de scénario.
Au final, j'ai placé ce film dans ma corbeille. Pas pour moi. Je prends les films d'horreur comme un jeu, on joue à se faire peur, donc forcément, y a du surnaturel, des monstres, des vampires, et c'est très bien parce qu'après le film, on peut se rassurer: Candyman n'existe pas en vrai, dormons tranquille! Mais quitte à faire du réaliste, autant voir "Shooting Dogs", et là on arrête vraiment de jouer... La nature humaine est capable de ce genre d'atrocités, oui, alors autant en faire un documentaire.

Voili voilou, mon avis du matin, pas très amusant à cause de ce souvenir écoeurant qui m'est revenu au titre "Hostel"! :)

Elemm', clairement âme sensible

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2007-10-06 07:33:25 

 Films pas d'horreur :)Détails
Sinon, j'ai vu "Kuzko, empereur mégalo" hier, et je me suis régalée. :)

Elemm', Disney powaaaa!!!

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horus maitre de guerre

2007-10-06 09:17:53 

 cinephile powaaDétails
    Saw un est sympa pour son scenario tortueux. Hostel c'est sacrement puerils (tu veux une plongée dans l'horreur de l'ame humaine? refait toi les chiens de paille ou la nuit du chasseur).
    la colline a des yeux est une reussite dans le genre survival horreur (et elle met une toise sans difficulte a son original) mais bon faut etre client (pour le fun le heros du film joue dans les trois x men saurai vous le reconnaitre?). Alors que la suite est une serie Z comme on en faisait dans les années 60 70 en italie (ha la douce nostalgie des gouter vomi devant cannibal holocauste ou les rats de manhattan...).
    Le seul realisateur qui sache faire de vrais films d horreur aujourd hui c est rob zombie (j'ai gravement les miquettes devant son remake d'halloween)
qui a des problemes de connections

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horus maitre de guerre

2007-10-06 09:25:20 

 disneyDétails
sans dec kuzco est un des meilleurs disney de comedie. avec hercules et aladdin.
mais au fond de mon coeur mon prefere c est taram et le chaudron magique; d'ailleur si quelqu un a les chroniques de Prydain dont est tire le film je suis pres a tuer pour le lire
qui a des problemes de connections

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Clémence  Ecrire à Clémence

2007-10-06 09:30:31 

 ^^Détails
...cool! viva les films-pas-d'horreur!

*va s'écouter les B.O des Roi Lion.^^ (pathétique)*
*Pouk*

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-10-06 11:03:38 

 C'est un bon vieux souvenir...Détails
Oui, tu as mille fois raison...

De Rob Zombie, j'ai juste vu The Devil's Rejects. Film gore classique. Une scène sauve le film : la scène finale, qui fait furieusement penser à la scène finale de Thelma et Louise : même décor désertique, même course vers la mort, avec cette musique tex mex qui colle à l'asphalte, dans le pur style du road movie des familles....


M

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2007-10-06 13:01:24 

 Un peu en décalé...Détails
... avec le sujet "films d'horreur", je voudrais juste faire une apparté sur quelques films qui m'ont mise mal-à-l'aise sans trop savoir où les classer. Il y a "Betty Fisher et autres histoires", qui me laisse un goût bizarre de compassion et de terreur en même temps; et il y a "La moustache", qui fait rire et peur en même temps.

Si vous avez vu ces films aussi, je serais curieuse d'avoir vos avis. Si vous ne les avez pas vus, je vous conseille d'y jeter un coup d'oeil.
En passant aussi, si quelqu'un a vu et a compris la fin de "Caché", je veux bien un spoiler...

Elemm', apprentie-cinéphile

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horus maitre de guerre  Ecrire à horus maitre de guerre

2007-10-07 21:13:08 

 la stachemouDétails
    J'ai pas vu "Betty Fisher" mais j 'aime bien Miller donc le film doit etre sympa. Par contre "La moustache"...Disons que Emmanuel Carrere (auteur du livre et realisateur du film) est , à mes yeux, un guignol. j'ai donc bcp de mal a voir son film sans me bidonner a m'en fendre les cotes.
    je m'explique, mise a part le fait que ce type est une maman fort respectable (l'academicienne Héléne Carerre D'Encausse) le petit Emmanuel a pour seul talent de piller lamentablement l'oeuvre de son idole Phillip K Dick. Il s'en cache a peine puisque ce dernier a rédiger une biographie de PKD. biographie par ailleur fausse ou du moins trop axés sur le sensationalisme bas de plafond pour etre vrais.
J'ai trouver l'argument de la moustache réellement risible surtout quand on connait son modéle. lis "coulez mes larmes dis le policier" ou alors "confessions d'un barjo" et dans une moindre mesure "radio libre albermuth" (qui est plus fantastique) pour voir un vrais travail sur la perception de la réalité autrement plus interressant que chez ce clampin de Carrere. Cela dis si des gens on aimé hesité pas à defendre votre points de vue je sus pas fermer au dialogue.
Demain je poste sur Houllebecq qui fait croire que lovecraft etait nazi.
Vi Veri Veniversum vivus Vici

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z653z  Ecrire à z653z

2007-10-08 12:27:48 

 kuzko....Détails
.... je dois être trop vieux pour cet humour (même si j'adore les nuls, lafesse, etc...).

Le dernier Disney qui m'a vraiment scotché c'est Robin des Bois (que j'ai du voir au milieu des années 80). Quoiqu'on m'a conseillé Lilo & Stitch (rien à voir avec le tennisman :D), Monstres & Cie et l'étrange Noël de Monsieur Jack que je n'ai toujours pas vus.

Hum après quelques recherches, Toy Story et Qui veut la peau de Roger Rabbit sont de Disney et m'ont bien accroché.

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2007-10-08 14:01:33 

 Lilo & Stitch...Détails
... est MON dessin animé culte! Je plussoie donc sur ce conseil, et t'encourage vivement à le voir!

Elemm', "C'est ma famille, je l'ai trouvé tout seul, sans l'aide de personne. Elle est petite, et brisée, mais elle me convient. Oui, elle me convient..."

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horus maitre de guerre  Ecrire à horus maitre de guerre

2007-10-08 14:46:41 

 disnry backDétails
Moi en dehors de Merlin l'enchanteur mon prefere reste pour toujours et a jamais Aladdin. Meme si kuzco est genial (comment ca les sons de mon pc sont extraits du film?). On parle des comedies disney et non pixar. Sinon je suis fan de Taram (mais je l ai deja dis) et des indestructibles
Vi Veri Veniversum vivus Vici

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Fladnag  Ecrire à Fladnag

2007-10-08 15:15:25 

 L'étrange noel de Mr Jack !!!Détails
Comment ca pas encore vu ???
Ca veux dire quoi ca ?
J'vais mettre un controle "anti spam" basé sur des extraits du film pour poster des messages sur le forum bientot ! Toute personne qui n'a pas vu ce magnifique film sera condamné a ne pas pouvoir poster ;o)

Alors on se motive, et on va le voir... il est génial. Si tu est super a l'aise en anglais, tu peux le voir en VO, mais PAS (surtout pas !) en VO sous titrée. La VF est exceptionnellement bonne aussi et quasiement tout le film étant en vers, c'est une chance que les traducteurs se soient pris la tête. Personnellement, je le regarde en VF

Fladnag, Jack's fan

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