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 WA - Participation exercice n°19 - partie 4 et fin Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Dimanche 8 juillet 2007 à 20:16:46
Bon, que dire pour ma défense. Juste quelques mots, tout ceci n'est qu'une histoire de miroirs. Je ne sais pas si je trouverai un jour le moyen de ne plus me perdre dans leurs reflets. Pour ceux que cela aurait pu intéresser, je préciserai les éléments mythologiques utilisés. En tous cas, bonne lecture (et bon courage).

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Il faut que j’arrive avant lui.

Je n’espérais plus rien de ma non-existence. Inexorablement, je m’effaçais silencieusement de la surface de ce monde, même si mon sang, ce maudit sang, se rebellait encore, quémandant frénétiquement à assouvir son éternel besoin. J’ai contemplé des milliers de visages. Certains m’ont aimé, beaucoup d’autres m’ont pourchassé. J’en ai aimé quelques uns. La boucle est bouclée. Je suis de retour chez moi, sur cette terre qui m’a vu naître, vivre et souffrir. Tout est changé. Mais lorsque s’élèvent les premières mesures de l’adagio du premier concerto pour violon de Bruch, je pense encore à toi, Nicolas, et je pleure. Oui, même si grâce à Louis, j’ai appris à évoluer parmi les hommes de ce monde étrange.

Alors j’ai cherché un moyen de tout recommencer, engloutissant mes richesses accumulées. Au cours de mes pérégrinations, alors que je désespérais, perdu entre impasses et fausses pistes, un fil d’indices ténus m’a enfin conduit jusqu’à lui. Le Hope. Fiévreusement, j’ai étudié son histoire et son implacable malédiction, dissimulées derrière les lignes du livre interdit, sensé ne pas exister, du Râmâyana. J’avais du temps, beaucoup de temps pour déchiffrer les arcanes retranscrites d’un sanskrit védique des plus hermétiques. La malédiction de la déesse y repose en sombres incantations. Non loin, rôdent les trois démons qui pourchassent les possesseurs illégitimes du plus beau cadeau offert par Rama, le charmant, à Sita, sa divine épouse. A mon tour, j’ai dérobé ce diamant céleste, ombre parmi les ombres, me jouant des sécurités du musée américain. Une créature de la nuit se déplace sans entrave hors les grains et les noeuds. Mais qui aujourd’hui connaît notre goût irrépressible pour les grains et les noeuds ? Etant ni mort ni vivant, je suis hors de portée de la malédiction. Pour obtenir ce que je désire, j’ai récité les sorts et pratiqué les anciens rites, ceux prescrits par les mantras secrets. Le diamant a alors commencé à chanter et son appel est irrésistible. J’ai patiemment attendu celui qui mettrait fin à cet envoûtement, l’homme aux neuf vies, l’homme dont le destin est intimement lié à celui de la pierre précieuse. Grâce à lui, le pont deviendra accessible, libérant la puissance de l'Atharvaveda, le quatrième Veda, celui des incantations et des charmes magiques. Quand je marcherai sur ce pont, je serai enfin libre.

Le sortilège dicte mes pas. Je me glisse sans bruit entre les rêves des dormeurs qui s’agitent à mon passage. La partie est serrée. Le sombre pouvoir qui se manifeste cette nuit ne souffre pas la plus infime atteinte à l’ordre des mantras. C’est le chaos qui embrasse le présent Son baiser est pire que la mort, il promet le néant. Je vois distinctement le but de ma course, une grande haie, une maison basse, une pelouse bien entretenue, un portail en ferronnerie et une seringue posée sur le côté d’un bureau. Il y aura aussi un chemin que je devrais parcourir, un chemin entre les Cornes du Monstre que je devrai affronter. Car là demeure Minotaure et il m’attend. Rien n’est laissé au hasard. Il est écrit qu’en ce lieu particulier, un pont s’ouvre entre deux univers. Les mantras m’ont averti. Le prix du passage est élevé. Mais je paierai, oui, je paierai jusqu’à mon âme pour franchir l’abîme frontalier. Je traverserai le labyrinthe pour me présenter devant Minotaure.

Pour l’instant, le voleur est prisonnier du cône des probabilités. J’ai une très mince avance sur lui. Rien ne m’est acquis. De ma rapidité dépend mon destin. C’est ici. Je reconnais la haute haie qui cache les lignes épurées d’une construction basse et élégante. Le jour s’approche, je sens cela dans mes veines. Et avec lui, l’horreur du matin. Il me faut faire vite. Je pénètre sous la véranda ouverte. Nul n’a besoin de m’inviter à entrer, c’est le cycle du rituel qui se poursuit. Je suis toujours en avance sur lui, l’homme aux neuf vies. Trois portes s’offrent à moi. Me voici donc dans le Labyrinthe.

S’il y a une chose qu’il m’a été donnée d’apprendre tout au long de ces siècles stériles, c’est que nous vivons tous, hommes ou chimères, au milieu d’un labyrinthe, celui de notre propre existence. Nous y sommes perdus, ne sachant pas d’où nous venons, ignorant là où nous allons. Toute notre vie, nous cherchons les réponses à ces questions, afin de nous en échapper. Lorsque Dédale et Icare se sont envolés de l’antre de Minotaure, ils se sont affranchis de l’absurdité de la condition humaine. Cependant Icare, s’étant trop rapproché de l’ultime connaissance, la vraie lumière du savoir, a été cruellement puni, précipité du haut des cieux. Les Dieux sont jaloux de l’Homme et refusent de lui laisser apercevoir ce qui existe de l’autre côté du Pont, le maintenant dans une ignorance protectrice.

Il ne peut en rester qu’un cette nuit. Il y a longtemps en Egypte, mes parents, Enkil et Akasha, trahis, furent possédés par le démon qui, s’engouffrant par leurs plaies béantes, donna naissance à notre lignée. Pour eux, je veux réussir, prouver qu’un salut existe pour ceux qui ont été chassés de l’amour divin. Je progresse lentement mais sûrement. Aucune difficulté dans ce labyrinthe parfait. Me voici devant la dernière porte. De l’autre côté m’attend Minotaure, mon destin. Je pousse très délicatement le vantail, millimètre après millimètre. Assis à un bureau fonctionnel, un homme travaille, un épais dossier ouvert devant lui. Un moniteur informatique est allumé sur le côté. L’homme étire ses bras, réprimant un bâillement de fatigue. Il consulte sa montre et secoue la tête. Il fait coulisser la tablette qui supporte un clavier. Il me tourne le dos pour l’utiliser. C’est le moment. Comme une ombre, je m’approche de lui en longeant le mur où je me confonds dans les motifs du papier peint. Il ne me voit pas, il ne me sent pas. Je n’ai nulle intention de lui nuire. Cela n’est pas écrit dans les mantras. Pourtant c’est lui, Minotaure, mais il ne le sait pas lui-même. C’est le rôle qui lui est imparti dans le rituel.

Parvenu à bonne distance, je tire précautionneusement de ma poche une seringue. Il continue à écrire sur son clavier. Je procède à l’échange des seringues. Elles sont identiques sauf que celle que j’emporte n’est pas remplie d’eau teintée mélangée à une puissante drogue, contrairement à celle que je laisse. Je retourne me blottir dans un angle obscur, sous le plafond pour m’assurer de la suite. La récompense est proche. Je n’appartiendrai plus à ce démon qui vit dans mon sang. Non, plus jamais. L’homme se redresse et remonte la manche de sa chemise. Il saisit ensuite la seringue, l’observe une seconde puis se pique au niveau de la saignée du coude en grimaçant. Il regarde à nouveau sa montre en se renfonçant dans le fauteuil. Il soupire. Soudain, la lumière vacille comme la flamme d'une chandelle dans un courant d’air. Cela commence. L'homme ne semble pas s'en apercevoir, plongé dans ses pensées. Il parcourt ses notes et tapote encore sur son clavier. Des mots se forment sur le moniteur. Il me faut attendre. Cela ne doit être ni trop tôt, ni trop tard. Le rituel ne pardonne rien. D’où je me trouve, son visage est parfaitement visible, les traits nobles, empreints d’une vive intelligence. La lumière vacille une nouvelle fois. C’est maintenant. Juste avant de l’immobiliser contre son fauteuil, j’ai vu une ombre passer sur son visage, une ombre que j’ai reconnue. Celle de l’homme aux neuf vies qui vient d’émerger du cône des probabilités, prisonnier de ce nouveau corps. Son tombeau.

Il résiste, essayant de se libérer de mon étreinte, luttant pour sa vie. Il ne peut me voir car je me tiens derrière lui. Une partie de mon âme, les vestiges de mon ancienne humanité, pleure sur son terrible sort. Je ne dois pas me laisser attendrir. Tout se passe sans le moindre bruit. Comme si les mots étaient inutiles. Peu à peu, la drogue injectée s’empare de lui, ses mouvements deviennent plus lents, plus faibles. Bientôt, il ne bouge plus. Je maintiens malgré tout la prise, redoutant une ultime feinte. Il ne faut pas qu’il puisse me voir. Regarder Minotaure droit dans les yeux est mortel. Je fais quelques pas vers l’arrière. Ma surprise est immense lorsqu’il étend une main vers le clavier. Mais cette main tremble tant qu’elle ne constitue aucune menace. Quelques mots s’affichent à l’écran, à la suite des autres, ceux écrits précédemment : « Dites-lui bien que je l’ai toujours aim.... »

Je peux entendre sa voix spectrale les murmurant tout bas : « Dites-lui bien que je l’ai toujours aimée...ma Lolita ! ».

Un masque d’hébétude se peint définitivement sur son visage. J’entends une présence toute proche. Il est temps de tirer ma révérence. Je lui glisse à l’oreille :
« Merci ! Merci mon frère. Le Minotaure est condamné à vivre éternellement dans son labyrinthe. Il en est le gardien et le prisonnier. Mais c’est lui le passage, le pont vers l’autre univers. Il retient en lui le mal pour que le bien puisse s’envoler vers la lumière. Je dirai à Lolita, je dirai combien tu l’aimes et combien tu l’aimeras encore. »

A cet instant, la tornade familière s’empare à nouveau de moi, m’attirant au coeur du vortex né du moniteur informatique. Le voyage est instantané et je me retrouve chez moi, dans la pièce secrète. Le diamant est toujours là, inerte à présent. La malédiction est levée, le sacrifice exigé étant consommé. Je m’approche du miroir où je n'apparais toujours pas. Il est là, en revanche, lui, l’homme aux neuf vies. La panique monte en moi. Je n’ai pas réussi... Mais non, son visage...son visage révèle les émotions que je ressens! C’est lui, c’est moi J’ai réussi. Nulle trace de mon ancien corps dans cet univers. Je suis libre enfin. Aucun démon ne dort dans le sang qui parcourt mes veines. En riant, je saisis le diamant et je quitte ces lieux définitivement. Lolita m’attend. Lolita, que je dois reconquérir. Je n’ai qu’une vie humaine pour accomplir ce miracle et cette vie, c’est une éternité pour les mortels non ?

Finalement, la souris a mangé le chat.

M


  
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Réponses à ce message :
3 Exercice 19 : Maedhros => Commentaire - Estellanara (Jeu 2 aou 2007 à 17:09)
       4 Réponses - Maedhros (Ven 3 aou 2007 à 14:20)
3 Commentaire Madhros, ex n°19 - Narwa Roquen (Ven 27 jul 2007 à 18:43)
       4 La loi du je... - Maedhros (Ven 27 jul 2007 à 20:03)
3 Très bien écrit - z653z (Lun 16 jul 2007 à 14:15)


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