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 WA - Participation exercice n°16 partie 1 Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Dimanche 13 mai 2007 à 20:56:50
Ce cadre est rudement intéressant. L'histoire que je propose étant relativement longue, voici la partie 1.

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La petite flamme dans le panier


Anis Verne est un fermier. Ses traits respirent la terre et son labour. Des traits épais et francs, des traits tannés par le soleil, creusés par une farouche volonté forgée depuis la disparition de ses parents. Ici, dans le fier pays qui l’a vu naître, le territoire des neuf peuples, son destin était tout tracé, sans péripétie notable. Se lever de bonne heure pour creuser le sillon nourricier. A midi, à l’ombre fraîche d’un chêne centenaire, boire le vin généreux en longues goulées, mastiquer un bout de saucisson et une grosse tranche de pain fermier. Puis se remettre à l’ouvrage jusqu’au soir qui embrasera le ciel d’occident de couleurs pourpres et améthystes, délivrant une fragrance de myrtille sucrée.

C’est un fermier. Il y a du Navarre en lui, une prestance bourrue et cordiale, chaleureuse et ensoleillée comme son accent. Il est né dans la maison familiale, à la toiture pentue, bâtie avec un mortier nourri de gave gris. Il aime cette maison, à présent sa maison, même si l’arbre étend ses rameaux au-dessus des ardoises luisantes de la pluie matinale. Il dit toujours, mais souvent à lui-même, que ce qui doit arriver ne peut pas manquer.

C’est un fermier et son univers, jusqu’à aujourd’hui, ne s’étend guère au-delà des limites de son champ de blé. Quand les temps sont durs, la nécessité fait loi. Les saisons sont déréglées si bien que son sens inné des choses de la terre s’avère impuissant. La récolte fut peu abondante, les pluies finissant de pourrir sur pied les épis survivants. Dans la vallée plus bas, les rumeurs inquiétantes circulent, annonçant la venue de jours sombres. Derrière les vitres de la maisonnée silencieuse, l’aube embrasse les collines proches. Anis recompte les pièces jaunes et les pièces blanches qu’il cache sous une pierre dans l’âtre de la cheminée. La boîte de fer-blanc ne contient pas de billet. Le tas qu’il a soigneusement aligné devant lui ne sera pas suffisant pour payer les semences améliorées de la prochaine récolte, sans compter qu’il devra aussi payer les hommes du fermier général qui viendront bientôt réclamer leur dû. Alors il balaie d’un revers de la main les piles de pièces qui roulent sur la toile cirée de la grande table de bois. Il sait ce qu’il lui reste à faire. Quand il rentrera ce soir, l’étable sera définitivement vide. Ce qui doit arriver ne peut pas manquer.

Il noue lentement un grand foulard rouge autour du cou et coiffe enfin son béret. N’allez pas lui dire que son béret est basque! Blâmez plutôt Napoléon III et son ignorance crasse!

Anis sort rapidement de l‘oustaü. Il longe le garage où rouille l’automobile abandonnée depuis la précédente envolée du prix des carburants et entre dans l’étable abritant sa dernière blonde d’Aquitaine, fantôme amaigri d’un troupeau enfui. Il passe le licol à celle qui a été forcément sa préférée, avec un pincement au coeur. Elle le suit sans broncher, de sa paisible démarche ruminante. Le jour se lève à peine au-dessus des collines.

Il s’engage sur la route départementale déserte qui disparaît peu à peu sous la poussière blanche amenée par le vent du sud. La flèche élancée de l’église gorienne des derniers jours est visible, surplombant les toits resserrés des maisons Ash-Kueu. Pas de bruit dans le matin calme. Anis marche de son pas ample et décidé, semblant avaler la distance sans y prêter attention, le bovin dans son sillage. Il devrait rejoindre le village avant que l’astre du jour ne darde ses rayons trop violemment. Bien avant midi. Le marché à bestiaux n’aura pas pris fin. Juste la bonne heure, celle choisie par les maquignons pour faire leurs dernières affaires. C’est à ce moment qu’il tentera de tirer le meilleur prix de sa blonde. Il topera dans la main du marchand en cachant la tristesse qui l’envahira. Oui, il en tirera certainement un bon prix. La bonne viande est toujours prisée. Il pourra acheter les semences adaptées venues à grands frais de l’autre côté de l’Atlantique. Il voit déjà la chance lui sourire enfin.


M


  
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3 Débrouille toi comme tu veux... - Elemmirë (Lun 14 mai 2007 à 11:24)


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