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 WA - Exercice n°16 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 10 mai 2007 à 16:13:29
Cette fois-ci, nous allons jouer à Mac Gyver. Enfin, à Mac Gyver version Grimm. C’est l’histoire d’un personnage, appelons-le Jeannot ( mais vous pouvez changer), qui, pauvre fermier isolé depuis la mort de ses parents, s’en va vendre sa dernière vache à la foire – ou pauvre informaticien allant vendre son dernier ordinateur, ou ce que vous voulez. Il a dans sa poche un bout de ficelle, un canif, une boîte d’allumettes, quelques piécettes, et un accessoire dont je vous laisse le choix. Dans la même journée, il va faire différentes rencontres, vivre diverses péripéties, et à la fin du jour il sera riche.
C’est un exercice d’imagination pure, mais aussi de logique. Vous pouvez en faire un conte traditionnel, un récit de fantasy ou de SF à votre guise. Plus il y aura de rebondissements, plus vous marquerez de points. Pour les victimes du Mangeur-de-Temps, un synopsis suffira.
Vous avez 3 semaines, jusqu’au jeudi 31 mai. A vos plumes, prêts ?
Narwa Roquen,qui compte les points


  
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Réponses à ce message :

Pages suivantes : 1 - 2
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-07-06 17:28:25 

 Exercice 16 : Narwa Roquen => CommentaireDétails
Ho, des animaux qui parlent, une fée, un nain ! J’ai raté le Il était une fois ? Le fermier généreux est l’archétype parfait du héros de conte moral façon comtesse de Ségur. J’aime bien la leçon de la cane. Beuh, des communistes ! Qu’est-ce qu’ils font là ? Hola, une corrida, est-ce bien raisonnable ? Et une vache dragueuse ? Capillo-tractée la fin... Sympathique mais hétéroclite aussi. J’ai trouvé les rencontres beaucoup trop rapides et nombreuses. On a à peine le temps de suivre.

Est', et bon week end !

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-07-06 19:26:15 

 Juste un détail...Détails
Les rencontres, justement, c'était le thème, et il fallait qu'il y en ait le plus possible...
Narwa Roquen,qui apprécie ton bel effort!

Ce message a été lu 6599 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-07-07 20:54:17 

 Plus avantDétails
Tu rattrapes...tu rattrapes ton retard.

Pour suivre ton fil,

Barreaudées : oui, oui cela existe. Cela signifie "munies de barreaux"

Si tu me donnes le ou les mots inconnu(s), je pourrais t'en dire plus...


M (arathon man)

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-05-12 23:46:15 

 WA-Exercice 16 - Rencontres et richesses.Détails
Assurément , mon texte le plus long des wa. A l'instars de Maedhros, il aurait peut-être mérité de se faire découper, mais tant pis. En tout cas, il m'aura causé quelques soucis à cause de sa structure qui est très différente et plus réfléchie que pour mes autres textes.

---

Le chateau de sable.


Allongé dans mon lit, déprimé, je ressassais toujours ces mêmes évènements. Non... je n'arrivais toujours pas à comprendre ce qui avait bien pu se passer. Comment pouvait-on tout perdre en seulement quelques mois ? Comment était-il seulement possible qu'un compte en banque passe d'un crédit de plus de cents milles euros à une dette se comptant quasiment en millions ?
Ce jour-là, les huissiers devaient venir me chasser de cet appartement. Je ne payais plus le loyer depuis le mois d’août précédent et la trêve hivernale ne me protégeait plus.
Expulsé de chez moi... Je repensais à ces regards de mépris à l'anpe... Non, l'Agence pour l'emploi. On peut résoudre tous les problèmes si on leur donne un nom moins effrayant, c'est bien connu...
- Quelle est votre profession ?
- Trader.
Immanquablement les yeux s’écarquillaient et un silencieux « c'est donc de ta faute » emplissait systématiquement la pièce. Est-ce que je le cherchais aussi ? J’aurai pu répondre, « conseiller financier », ou même lâcher un vulgaire « expert comptable », mais non. Trader, c’était le nom que je clamais à la face du monde, passant ainsi pour un horrible monstre tentaculaire sorti des pires cauchemars de Lovecraft venant piller les précieuses économies des honnêtes gens. Je me demandais dans quelle mesure mon dossier avait été placé exprès en bas de pile, ou si, plus prosaïquement, mes anciens collègues, plus rapides ou moins provocateurs, avaient déjà pris les quelques places qui auraient pu m'échoir.
La semaine précédente, sur une impulsion aussi subite que déraisonnable (irais-je jusqu'à la qualifier de stupide ?), j'avais tout vendu sur via des enchères en ligne. Ordinateur, portable, vêtements, livres, tout... J'avais reçu l'argent quelques jours plus tard. Quant à mon appartement, je n'avais plus ni les moyen, ni l’envie de l’entretenir. A midi il fallait que je sois dehors ou l’on m’en jetterait.
Sdf, Effrayant.
Combien de temps entre le monde parfait et la rue ? Sept mois ? Oui, ça devait être ça, un peu moins peut-être. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de ressentir un frisson venant de très loin, du plus profond de mon être : un goût de liberté.
Il me restait deux milles euros en liquide, de quoi me payer un billet d'avion sans retour vers n'importe où. Plus rien ne m'attachait ici, je ne m’étais jamais embarrassé de sentiments. Un pincement de solitude m’envahi brièvement, je le chassai sans ménagement, j’étais libre.
Vertigineux.
Presque involontairement, je fini par me lever. Je sorti de l'appartement et le fermai pour la dernière fois. Je posais la main sur cette porte, éprouvant pour elle et ce qu’elle représentait une brusque amitié. Avais-je été heureux ici ? Difficile à dire, au moins n’avais-je pas été trop malheureux. Je traçais rapidement un symbole du bout du doigt, un cercle avec une croix en son sein, comme je le faisais enfant, pour désigner ce qui m’appartenait.
Mon symbole.
Je l'avais oublié. J'imagine que l'esprit se raccroche à ce qu'il peut dans ce genre de situation, les vieux atavismes rassurent toujours. Pourtant, je me senti curieusement apaisé, bien plus que je ne l'avais été depuis des mois.
Je me gardai bien de clamer que la situation ne pourrait pas être pire, car pendant sept mois, chaque jour s’était efforcé de me démontrer l’absurdité d’une telle affirmation.
Arrivé en bas de l'immeuble, sans bagage, je fis l'inventaire de ce qu'il me restait. Dans ma veste tout d'abord. J'y trouvai mon portefeuille, avec mon argent (en liquide, car assurément, les banques n’étaient plus mes amies) et mes papiers. Quoi d'autre ? Un curieux bout de ficelle, à l'ancienne, une espèce petite cordelette en chanvre beige. Je n'avais pas souvenir de l'avoir déjà vue, mais pourtant elle me semblait étrangement familière, un peu à la manière de ces impressions de déjà-vu. D'un coup le monde semble pris de vertige, vous vous dites, « ça, je l'ai déjà vécu » et pendant les quelques instants que cela dure, vous marchez dans un rêve. Juste un bout de ficelle... J'imagine qu'il retenait à l'origine une étiquette et que le vendeur l’avait simplement oublié là...
Et ça ? Une boite d'allumette, pleine. Merveilleux, si par un improbable hasard je me retrouvais sur une île déserte, j'échapperais au cliché de la dernière allumette éteinte par mégarde. Par contre je risquais de vivre de plein fouet celui de la boite qui tombe dans l'eau rendant toute flamme impossible, dur.
Je plongeai ensuite la main dans la poche de mon pantalon, j'y trouvai le contact familier de mon couteau. Pour un tout petit centimètre, la lame était plus grande que ma paume, si un agent de police m’avait croisé, il aurait pu m’enfermer pour port d'arme illégal. Enfin, voyons le bon coté des choses, cela m’aurait fait un endroit où passer la nuit.
Je n'avais rien d'autre... Cela me semblai bancal, l'impression qu'il me manquait un objet... une partie de moi. Tout en réfléchissant, j'avisai deux cailloux, un blanc et un noir. Oui, c'était exactement ça qu'il me fallait. C'est dans l'Alchimiste de Coehlo, je crois, qu'il est question d'un caillou blanc et d'un caillou noir. L'un veut dire oui, l'autre non. Lequel est quoi ? Aucune chance de m'en rappeler, alors blanc, tu seras l'action, noir, le refus. Je crois qu'il était temps que je vive ma légende personnelle. Alors que je ramassais les pierres, le blanc m’échappa des mains.
C'est curieux cette résurgence de mysticisme qui m'étreignait, mais comment ne pas voir un signe dans cette chute, et pourquoi y voir autre chose qu'un acte manqué ?
- Vous faites des ricochets ?
Etonné, je relevai la tête, tout en prenant conscience que mes pierres avaient une forme discale tout à fait appropriée à ce genre d'activité.
- En fait, je viens de transformer ces galets en pierre de destin, le pâle acquiesce, et le sombre réfute.
Devant moi se tenait une jeune femme. Avec un sourire tellement empli de bonheur qu’il vous ferait oublier sur le champ que vous êtes à la rue, le genre aussi qui est définitivement inaccessible. Quoique... la pierre avait dit oui n'est-ce pas ?
- Un mage ? Merveilleux, pourriez vous m'invoquer un bout de corde par hasard ? Cela m'évitera d'aller racheter une mèche pour ma lampe.
Interloqué par cette étrange requête, je l’observai rapidement. Elle portait une ample jupe rouge façon bohémienne et un top blanc choisi volontairement trop court afin de dévoiler un nombril percé d'une breloque argentée. Un large bracelet en étain au poignet gauche, des cheveux blonds laissés libres et quelques colliers colorés donnaient également à cette fille une image pleine de vie. La lampe... Oui, une lampe à huile évidement. Presque avec réticence, mais sans pouvoir m'en empêcher, je replongeai ma main dans une poche et en sorti la ficelle que je lui tendis.
- Merci beaucoup Mage. Tu veux faire un voeu ?
Depuis des mois que je me débattais, je n’avais réussi à sauver que ce que je portais sur le dos, et j’avais l’humeur de croire aux voeux. Alors sans hésitation, je m’engouffrai.
- Rebondir, retrouver ma fortune.
- Evidement...
Elle semblait déçue, mais poursuivit néanmoins.
- Si c'est ce que tu désires vraiment, alors ce soir tes mains tiendront de l’or.
Là-dessus, elle me déposa un fugace baiser sur la joue, et reparti d’où elle était venue, sans même que je ne songe un instant à la suivre. Ce soir je serai riche... Eh bien pourquoi pas ? Où pourrais-je redevenir riche ? Une loterie quelconque ? Non, trop conventionnel et d'une efficacité douteuse... Ce qu'il me fallait c'était un endroit où je pouvais rencontrer des gens, une croisée des chemins.
Une gare.
J'ai toujours aimé les gares. Tant de départs, de retrouvailles, d'espoirs, de peines aussi... Il y a en cet endroit, tellement d'envie et de crainte à l'état brut. Le désir du retard d'un train, pour arracher cinq minutes supplémentaires à la réalité d'une séparation, la peur de ne plus revoir celui ou celle qui s'éloigne, l’exaltation d'un nouveau départ mêlé au risque de ne plus être attendu au retour.
Je marchais, perdu dans mes rêveries, choisissant ma voie au hasard, et sans m'en rendre compte, je m’étais engouffré dans une ruelle étroite coincée entre deux rangées immeubles en briques rouge sombre, un lieu malsain.
- Eh mec, t'as du feu ?
Trop tard, mais pourquoi être passé par ici ? Je me retournai sur un homme assis sur le pas d’une porte tagguée. Crâne rasé, survêtement, cure-dent dans la bouche, sa voix avait des accents de cité, mais instinctivement, je repris pourtant mes réflexes de négociateur. Je lui offris mon plus beau sourire et lui tendis ma boite d'allumette qui finalement, n’aurai probablement plus jamais l’occasion de contempler le sable fin et les palmiers.
- Mais bien sur, tient.
Il prit ma boite, s'alluma une cigarette.
- T'es bien fringué. T'es un bourg' ?
Echec, j’étais un sdf qui n'avait aucune idée de là où il dormirait le soir venu et ces vêtements étaient les seuls qui me restaient. Oui, mais je portai un costume Prada, alors j’étais coupable de toute manière, n’est-ce pas ?
- J'en étais un. Je me suis fait virer et j'ai plus un rond.
- Plus un rond, sapé comme ça ? C’est des cracks. J'te fais peur ou quoi ? File voir ton portefeuille mec, j'suis sur que t'es pété de thunes.
Quand on a une dette qui se compte en millions, deux milles euros en liquide, c'est moins que rien, mais c'était probablement plus d’argent que ce môme n'en avait jamais vu. Pouvais-je le battre à la course ? Il fumait, pas moi, et j'avais fait pas mal de squash ce qui m’avait octroyé une certaine endurance. Je regardai l’extrémité de la ruelle. Cinq cent mètres. Faisable. Après, c'était une grande avenue, il n'oserait pas continuer. Il restait aussi l’option de le frapper en premier. Tentant mais risqué, combien de ses camarades pourraient surgir au premier appel ? Je mis la main dans ma poche et en sorti une pierre, noire. Imbécile, j’aurai du poser ma question avant, me disait-elle que je ne devais pas tenter de courir ou qu’il ne fallait pas que je reste ici ?
- Garde la boite, c’est cadeau.
Sur ce, je commençais à marcher. Il se leva à ma suite, fit un pas dans ma direction, et avant qu'il ait eu le temps de faire quoi que ce soit d'autre, je m’étais mis à courir.
Courir... Le vent sur mon visage, pendant un instant de grâce, je ne sus plus si mes pieds touchaient terre ou si je volais. La sortie de la ruelle s’approchait rapidement, mes poumons semblaient en feu mais tinrent bon malgré tout. A nouveau je me sentais libre, heureux. Un instant de grâce merveilleux... avant la chute, noir.
Un croche-pied d'un acolyte surgit de coté et je m'étalai de tout mon long, me cognant violemment la tête, m'écorchant les mains, me ruinant les poignets, me foulant l’épaule et massacrant littéralement mon costume. Alors que je tentais vainement de reprendre mon souffle, un coup de pied dans mes côtes fit jaillir une douleur nouvelle, réduisant à néant l’espoir naïf de me relever rapidement.
- Sale con, tu nous prends pour des merdes hein ? Mais c'est toi le merdeux. Monsieur beau costume.
Un autre coup de pied, dans le ventre.
Souffrance.
D'un coup, ils furent au moins cinq autours de moi. Dans une demi-inconscience, je sentis des mains m'ôter ma veste.
- Pas un ronds hein ? Tu nous mates comme des bouseux, mais c'est toi la merde, connard ! Moi je voulais juste du feu, sale fils de pute. J'vais garder ton portefeuille, toute manière t'a dit qu'il est vide, ça peut pas te gêner du coup.
Nouveau coup de pied dans les cotes, il m’avait semblé entendre un craquement. Heureusement, ce fut le dernier... Ils me laissèrent, à terre. Je vis leurs pieds s'éloigner de moi, mes yeux accrochèrent machinalement le mouvement de balancier d'une des baskets, et un détail me percuta : le lacet avait été remplacé par ma ficelle...
Je suffoquai un instant, puis m'évanouis...
Quelques heures plus tard, je me réveillai pourtant. Au même endroit. J'avais mal, j'avais faim. Plus de portefeuille... Je n'avais même plus de quoi me payer un sandwich, que dis-je un sandwich, pas même une baguette... Le soir était déjà bien avancé, et si au lieu d'une sordide ruelle je m’étais trouvé sous des cieux campagnards, j'aurai sans doute déjà pu contempler les premières étoiles.
A nouveau, je fis un examen de ma personne. Un pantalon en lambeaux, une chemise déchirée, des mains écorchées, des taches de sang un peu partout, je faisais probablement peine à voir. A la première tentative de mouvement une lance me transperça les cotes. Rester encore un peu allongé, ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée, en y repensant. Une douleur sourde emplissait mon crâne mais restait assez lointaine pour ne pas trop m’obscurcir les idées.
Mon couteau. Mon père est mort le jour de mes cinq ans, autant dire que je ne l'ai jamais connu, mais en testament, il m'a légué ce couteau, qu'il tenait lui-même de son propre père. Depuis toujours, ç'avait été mon bien le plus précieux. Désormais, c'était mon seul bien. J'eu une pensée fugace pour la fille de ce matin, celle à qui j'avais donné de quoi lacer le pied qui m'avait frappé. Il y avait là une ironie que je ne saisissais pas.
Avec mille précautions, je finis pourtant par me relever. Je fis les trente derniers mètres pour sortir de la ruelle au pas d'un indigent. Chaque mouvement me tirait d'horribles douleurs. Je crois que jamais auparavant je n'avais été plus mal. Etrangement, ce n'était pas tant les coups subits par mon corps qui me tuaient que ceux portés à mon âme : je n'avais plus d'espoir. Dans le meilleur des cas, je pourrais vendre mon couteau suffisamment cher pour me payer un billet d'avion vers la destination la plus lointaine possible, pour peu qu’on ne me demande pas mes papiers... Je repartirai de zéro. De toute manière, je n'avais plus rien...
Désespérant.
Hanté par ces sombres pensées, je me dirigeais vers un préteur sur gage dont j'avais entendu parler. Au Diable Vauvert. Un nom étrange... mais pas nécessairement inapproprié pour quelqu'un qui comme moi désirait vendre son tout dernier bien de famille pour aller le plus loin possible. Et mes blessures ? Je crois que je refusais surtout d’y penser, une fois là-bas, je me ferai soigner...
Je me postai devant le magasin, observant la devanture. J'avais appris à ne pas me fier à l'apparence de ce genre d’échoppe. Leurs airs un peu miteux préparent les clients potentiels à accepter moins de leurs mises en gages. La vitrine était poussiéreuse, mais abritait visiblement quelques merveilles : entre une montre à gousset en or finement travaillée et une parure de diamant, on pouvait apercevoir en vrac un fleuret absolument magnifique, une impressionnante collection de plumes pour l'écriture, quelques fioles, de nombreux livres, et un parchemin encadré, illisible mais d'une beauté sans pareille.
Je plongeai la main dans mon pantalon, pour y prendre mon couteau, je tombai sur la pierre blanche. Qu’il en soit ainsi ; je me décidais à rentrer.
Presque instantanément, j'eu l'impression qu'une chape de plomb me tomba sur les épaules, tant le lieu semblait pesant. Un homme affable, sans âge se tenait derrière un comptoir en bois usé qui avait par trop vécu.
Presque indépendamment de ma volonté, je m'avançai, pris mon couteau et le déposai sur le comptoir. L'homme, l’attrapa, le retourna, l'examina consciencieusement, déplia la lame et s'entailla le doigt pour y faire perler une larme de sang. Avec un sourire visiblement satisfait, il me le rendit.
Sans sembler tenir compte le moins du monde de mon allure il me demanda d’une voix atone :
- Monsieur, si vous voulez bien me suivre, mon Maître vous attend, vous êtes exactement à l'heure.
N'y comprenant rien, mais incapable de réfléchir, je le suivi dans un couloir sombre qui menait à une pièce si étroite que seuls une petite table et deux fauteuils en cuir ocre pouvaient y tenir. Il me fit signe de m'installer dans l'un des fauteuils. Je m'exécutai, serrant les dents pour ne pas crier, mais jurant intérieurement contre l’exiguïté des lieux qui m’obligeait à des contorsions beaucoup trop douloureuses. Il reparti en prenant bien soin de refermer la porte.
- Je vous attendais.
Surpris, je me retournai vivement, subissant un nouveau coup de lance au passage. Un homme s'était assis dans le fauteuil qui me faisait face sans que je m'en sois rendu compte. La pénombre m'empêchait de distinguer clairement ses traits, mais ses vêtements évoquaient un costume du 18eme siècle et semblaient de fort bonne qualité.
- Puis-je voir votre carte ?
Ma carte ? Je n'avais aucune carte. Pourtant, à contrecoeur je tendis mon couteau. L'homme le pris, l’observa rapidement, puis le dissimula dans une poche. Cette nouvelle habitude d'agir hors ma volonté commençait à être véritablement agaçante.
- Votre grand père était un homme avisé vous savez. Quand je l'ai connu, il n'avait plus le moindre sou en poche et venait de se faire tabasser, perdant ainsi ses dernières richesses. Cela vous évoque-t-il quelque chose ?
Il sourit brièvement, dévoilant des dents d'une blancheur presque menaçante, mais ne me laissa pas le temps de répondre.
- Toujours est-il que j'ai pris beaucoup de plaisir à négocier avec lui. Les humains sont souvent trop stupides pour reconnaître les qualités de leurs congénères. Nous avons fini par conclure un accord qui a vu son achèvement aujourd'hui même.
Mon grand-père... Un frisson glacé me parcouru l'échine, il avait fait fortune, quasiment du jour au lendemain en reprenant, pour une bouchée de pain, une fabrique de corde déjà vieille à son époque. La légende familiale racontait qu'avant la reprise, cette manufacture s'était distinguée en fournissant aux villes les cordes qui serviraient aux pendus.
- Vous comprenez vite à ce que je vois. Oui, c'est moi qui ai fourni à votre ancêtre la somme initiale pour son projet. Je lui ai également prodigué quelques judicieux conseils, de temps à autre, pour l'orienter dans ces affaires.
- Vous... ?
Je n'osais y croire...
- Oui moi. Vous avez déjà deviné qui je suis, mais je vais tout de même me présenter, que l’on aille pas m’accuser d’impolitesse. Je suis Satan, Lucifer, Belzébuth, Bélial, Shaytan, le Prince des ténèbres, le Malin, le Maitre des enfers. Je suis tout autant Asmodée, Astaroth, Arioch, Baal, Hécate, Lilith, Méphistopheles, Rakshasa, et Samael pour ne citer que mes avatars les plus connus... En un nom comme en cent, appelez moi le Diable et ne prenez pas cet air horrifié, car en vérité, vous ne l'êtes pas. Au contraire, je vous fascine... C'est dans les gènes. Votre naissance est d'ailleurs de mon fait.
Je restai interdit un instant.
- Vous voulez dire que je suis... l'Antéchrist ?
Il parti d’un grand éclat rire, mais un rire froid, sans joie. A dire vrai, cet homme là, s’il m’était permis de l’appeler ainsi, me fascinait effectivement, mais il poursuivit sans me laisser le temps de développer plus avant mes pensées.
- Rien d'aussi théâtral, j'en ai bien peur. Mais votre mère ne pouvait pas avoir d'enfant. Alors votre père est venu me trouver, et lui aussi a longuement négocié avec moi.
- Il est mort quand j'avais cinq ans.
- Oui, d’ailleurs, j'exècre l'inconstance des humains même si je loue de leur curiosité insatiable. L'accord était pourtant clair, j'aurai votre âme à votre mort, et tout le monde aurait une vie heureuse. Mais le jour de vos cinq ans, suite à une remarque malheureuse, votre mère en est venue à être au courant de ce petit arrangement. Votre père a donc racheté votre âme future, au prix de la sienne immédiate Mais laissons là ces détails familiaux, aujourd’hui, nous sommes ici pour vous.
Je ne savais plus que penser. En quelques phrases, je venais de découvrir que ma famille avait traité avec... le Diable ? Je n'arrivais pas à y croire... mais pourtant tout cela avait de tels accents de vérité qu'il m'était paradoxalement impossible de penser qu'il y avait là un quelconque mensonge. Toutes les attitudes de ma mère s'en trouvaient éclairées d'un jour nouveau : de son laconisme lorsque je la questionnais à propos de mon père, à sa piété exagérée, et même ma seule gifle, le jour ou j'avais lâché un juron reprenant un des noms qui venaient de m’être cité.
Une question me brulait pourtant les lèvres, mais, de façon indicible, je sentais que le seul fait de la poser ouvrirait un gouffre sous mes pieds. Un flash avec la fille de ce matin me retraversa l'esprit. A peine un instant mais je me senti pourtant apaisé. Je prononçais malgré tout les mots qui me tiraillaient.
- Donner mon âme... Qu’est-ce que cela signifie ?
- Ah, voilà une sage question. De votre vivant, cela ne changera absolument rien, hormis évidement ce qui sera inclus à votre bénéfice dans les termes du contrat. Quant à ce qu'il y a après... Seules les âmes parfaitement pures peuvent aller au Paradis, donc sans âme, vous n’y entrerez pas, c’est un fait. Mais n’ayez crainte, cela ne signifie pas pour autant l'enfer. Comprenez moi bien, seul le seuil de félicité le plus haut vous sera interdit, et encore, c'est réversible, mais il existe une infinité de niveaux intermédiaires ou vous pourrez trouver le repos qui vous convient.
- Pourquoi vouloir des âmes ?
- Une autre excellente question que la plupart des gens oublient de poser. En fait, mon but n'est aucunement de faire souffrir les âmes que je recueille, bien au contraire, je les chéries toutes, unes à unes.
Sa voix suave m'enveloppait doucement, me mettant en confiance. Dans la bouche, le fait de vendre son âme ne semblait pas si terrible. Je n'accéderais plu à un seuil qui me serait probablement refusé de toute façon, j'aurais une vie terrestre sans doute meilleure... Mais quelque chose agaçait mon esprit quand même...
- Vous n'avez pas répondu à ma question.
Il sourit, visiblement heureux que j’aie remarqué ce fait. J’avais mené de nombreuses négociations, avant. Au fil des rencontres, j’avais établis certains stéréotypes, de celui qui considère le marchandage comme une perte de temps, à celui qui y voit un attrait plus grand encore que l’objet convoité. L’homme (à défaut d’un meilleur mot) qui se trouvait devant moi appartenait à cette seconde catégorie, celle des négociateurs nés, qui jubilent à l’idée de trouver leurs maîtres en la matière. Parfois, de longue lutte, j’avais su devenir celui là.
- Effectivement. Ces âmes sont importantes pour une chose : le pouvoir qu’elles m’octroient. Chaque personne qui signe, c’est quelqu’un qui s’engage dans une direction, qui me choisi, moi. Voyez ça comme l’élection d’un président, j’ai certaines opinions sur l’orientation que devrait prendre le monde, mais il existe d’autres points de vues. Ceux qui me suivent appuient mes théories. Vendre son âme, ce n’est rien de plus que cela. Mais rien de moins non plus.
Ainsi, mon père, et le père de mon père ont écouté ce même discours, et y ont crus. D’ailleurs, comment ne pas le croire ? Je sentais en mon fort intérieur que chaque mots, chaque paroles étaient vraies. Soumise à interprétation, sans doute, mais j’avais pour la première fois de ma vie un interlocuteur qui avait pour lui la force inébranlable de n’avoir jamais menti à qui que ce soit. Lui vendre mon âme, c’était lui confier mon pouvoir. Rien de plus, et rien de moins... Il y avait dans ces phrases une vérité plus profonde que tout ce que j’avais pu entrevoir auparavant, sans pour autant que j’en puisse saisir véritablement l’essence.
- Dis moi, que désires-tu le plus au monde ?
Sa voix, impérieuse, exigeait une réponse. La première pensée qui me vint fut de faire taire ce martellement lancinant dans mon crâne. La douleur disparu aussitôt. Je regardai mes mains, toutes les coupures s’étaient refermées, non, c’est plutôt comme si elles n’avaient jamais existées. J’inspirai autant que je le pu, l’air ne déchirai plus mes poumons et j’étais délivré de la lance qui perçait mes côtes.
- Considère cela comme... un plus, un cadeau, un échantillon en quelque sorte, afin de te montrer à quel point je pourrais te rendre la vie plus agréable. En quelques jours, tu pourrais tout regagner, et cela pourrait même aller au-delà de ta vie, ton grand père avait négocié qu’après sa mort, sa famille pourrait profiter de mes largesses pendant 666 mois. Normalement, je ne donne jamais autant, mais le clin d’oeil m’avait plus.
Je ne pu m’empêcher de faire le calcul. Mon grand père est mort à l’orée de ses soixante-dix ans mais mon père m’avait eu assez tardivement...
- Ca ne colle pas. Mon grand-père est mort un an avant ma naissance et je n’ai que trente et un an.
- Certes, mais sans moi, il serai mort quelques vingt-quatre années plus tôt. Ma richesse l’a sauvé. Mais revenons à toi, quelles sont tes envies secrètes ?
A nouveau ce vertige, cette sensation de déjà-vu... Mais différente... Est-ce que mes prédécesseurs avaient ressenti cela aussi ? Je pris tout à coup conscience que j’étais entrain de négocier avec le Diable. Quelle vanité me faisait croire qu’une telle négociation pourrait tourner à mon avantage ? Nerveusement, je plongeai une main dans la poche de mon pantalon, j’y trouvai mes deux cailloux côtoyant l’absence de mon couteau. Il poursuivit :
- Il n’y a pas d’avantage frauduleux pour l’un ou pour l’autre, il s’agit d’un gagnant-gagnant. Les choses matérielles de la vie ne sont rien pour moi. En faire profiter mes amis ne me lèse en rien, et le fait même que tu sois resté ici à discuter avec l’être réputé le plus maléfique au monde, prouve que tu es soumis à la tentation. Je vais te dire une autre vérité sur l’Après. La pesée des âmes est faite en grande partie directement par l’âme pesée, et je sais que tu ne t’octroierais pas le plus haut rang du Paradis.
Ma main jouait avec les pierres, une façon de me donner du courage probablement. Je souris intérieurement, trouver les tics nerveux de ceux avec qui je négociais était un de mes grands jeux, et une fois ceux-ci débusqués, ils devenaient un phare éclairant les pensées les plus intimes de mes interlocuteurs. Le Diable n’avait aucun tic, mais voyait en moi sans peine.
- C’est déloyal. Je ne connais pas vos pensées.
- Non, mais tu sais que chacune de mes paroles est l’exacte vérité. Si je te promets une femme, alors elle sera tienne, si je te garanti la fortune, alors l’argent te sourira, si je m’engage, j’accompli. Il y a des règles auxquelles je ne peux me soustraire, et m’égarer ne serait-ce qu’une seule fois me tuerai. Mon fleuret te plait n’est-ce pas ?
Pensée saugrenue s’il en est mais... Oui, il m’avait plus dès l’instant ou mes yeux s’étaient posés dessus. Vendre son âme pour un bout de métal, n’y a-t-il pas pire marché ?
- Qu’est-ce que l’or, sinon un bout de métal ? Et combien sont nombreux ceux qui se sont damnés pour lui ! Au moins ce métal là a été travaillé avec amour. Une telle oeuvre vaut à mes yeux bien plus qu’un tas de minerai brut.
Le Diable serait-il sensible à l’art ? Non... Le fleuret est une arme. Voilà ce qui était véritablement attirant : que les hommes s’étripent entre eux tandis lui regarde et s’amuse.
- Que voilà un regard sévère sur ma personne, s’indigna-t-il. Mes visées sont bien plus nobles que cela.
Sa voix prit un ton légèrement plus grave, plus menaçant aussi.
- Ce n’est pas moi qui me complait dans la douleur, dans la plainte des jours ravageurs, dans la haine d’autrui. Non, moi j’accorde une échappatoire à ceux qui sont assez fort ou assez fou pour me le demander. Ce sont les hommes qui aiment le malheur, pas moi.
- Mais vous en tirez votre pouvoir !
Silence... Avais-je touché une corde sensible, une faille ? Non, le Diable semblait avoir déjà retrouvé sa sérénité. Quant à moi, mon esprit ne pouvait s’empêcher de passer en revue les avantages d’un tel accord. Si vous pouviez faire trois voeux, quels seraient-ils ? Je pris alors conscience de mon erreur, ce n’est pas du malheur des hommes qu’il tirait son pouvoir, mais de leurs désirs. Il sourit à nouveau.
- Tu es plus rapide que je ne l’aurai cru. Un désir inassouvi génère du malheur, alors je permets. Et plus j’offre, plus j’ai à donner. Je ne suis qu’une voie, un moyen, le pouvoir vient des hommes.
A nouveau cette sensation de passer à côté de quelque chose d’essentiel. Et pourquoi me racontait-il tout cela ? N’aurait-il pas dû me montrer... je ne sais pas moi, des filles, l’argent, le succès, le pouvoir... Mes yeux se posèrent sur ma main, vierge de toute marque. C’est exactement ce qu’il avait fait, me montrer son pouvoir. Que désirai-je ?
- Angélique ! Quelle fabuleuse ironie. Tu désires une fille qui se nomme Angélique ?
D’un coup, le souvenir de son visage ressurgi dans ma mémoire. Ses cheveux blonds, ses yeux noisette, sa peau mate parsemée de quelques taches de rousseur, ses lèvres... Non. Si. Mon esprit s’affolait. Je pris conscience que la fille à la lampe, ce matin, lui ressemblait étrangement...
- Arrêtez ça, cette image n’est pas de moi !
- Je ne te montre que ce qui est, rien de plus.
Une nouvelle image, une grande maison avec de petites briques couleur sable. Presque un château, tout en courbe. J’y reconnu un manoir que je croisais parfois étant enfant lorsque avec ma mère nous partions en vacances. Je me disais alors que, plus tard, j’habiterai dans cette maison là, et Angélique en sort, un sourire aux lèvres et un enfant dans les bras.
- NON !
J’étais essoufflé de l’effort qu’il m’avait fallu produire pour m’arracher à cette vision. Mais d’une voix douce, suave, murmurante, intraitable, le Diable repris pourtant :
- Cela pourrait être tu sais. Je t’ai expliqué qui je suis et la nature exacte de ton paiement. Je ne sais dire et montrer que la vérité. Cette vision, je ne l’ai pas fabriqué, elle existe déjà dans un monde qui pourrait devenir réel.
Je frissonnais. L’infinité des possibles s’ouvrait d’un coup devant moi. Je venais de voir ce qui pourrait advenir. Mieux, ou pire peut-être, je venais de prendre conscience de mes propres désirs. Partir dans un pays lointain, l’idée me semblait désormais creuse, sans la moindre saveur. A contrario, mon esprit retors, à moins que ce ne fût le Diable lui-même, me montrait encore et encore des images, réparation d’une vie qui m’avait été volé à l’age de mes cinq ans : un feu de cheminée, un dimanche matin au lit, le chant des oiseaux, les rires joyeux, l’ouverture des volets dévoilant l’aube d’une nouvelle journée... Et toujours elle, dans chacune de ses images.
Sur la petite table, je vis la feuille parcheminée de la vitrine. Une plume et son encrier se dressaient à ses cotés. Autour du goulot de la petite bouteille, ma ficelle était attachée. De sa voix ensorcelante, le Diable m’invitait à la tentation.
- Je t’offre une vie conforme à ces visions. Une vie heureuse avec elle. Je ne prendrai rien de plus que ce dont nous avons parlé.
Incertain, j’hésitais... un instant je songeais à sortir une de mes pierres de destin, mais c’était inutile, la blanche sortirai, j’en avais l’intime conviction. Je levais finalement la main, attrapais la plume et la plongeais dans l’encrier. Les caractères sur le contrat étaient trop petits pour pouvoir être lus dans la pénombre ambiante. Etais-je entrain de faire la plus grande erreur de toute ma vie ? Et puis après, je n’avais plus rien à perdre de toute manière.
- Oui, c’est cela, signe et prend le pouvoir sur ta vie.
La plume était sur le point de se poser sur le parchemin, mais je m’arrêtais net.
Prendre le pouvoir sur ma vie, je venais de comprendre. C’était cela qui me tiraillait depuis le début.
- Rien de plus et rien de moins. En signant, les hommes vous donnent leurs pouvoirs... Ces... Ces visions que vous m’avez montrées, elles existent vraiment. Je vous crois.
- Alors... où vois-tu un problème ? Tu veux plus j’imagine... Et bien soit, je te garanti en sus une vie aisé pour tous tes enfants.
- Je ne doute pas un instant que ma signature pourrai m’octroyer cela... Mais... Vous ne pouvez m’offrir plus que ce que je peux obtenir par moi-même. Si je signe, je vous donne mon pouvoir, mais je peux choisir d’en user seul, n’est-ce pas ?
Il ne répondit pas. Je reposais la plume à coté du contrat, conscient comme jamais d’avoir fait le bon choix et pour les bonnes raisons. Je sorti les pierres de ma poche, la blanche vint en premier évidement, et les abandonnaient sur la table. Voyant cela, le Diable sourit à son tour, d’un véritable sourire, et un bonheur parfait illumina son visage. Indiciblement, il me fit penser à la fille de ce matin, un matin si lointain qu’il semblait venu d’une autre époque. En réalité, il était la fille de la lampe.
- Tu es le premier qui comprend. Alors va, use de ta liberté nouvelle avec discernement et de ton pouvoir avec sagesse.

Debout sous les étoiles d’un soir nouveau, je jetai un dernier oeil sur ce magasin aux allures miteuses. J’étais heureux, car j’avais le monde au creux de mes mains ; et c’était un monde que je peindrais couleur de sable, avec le rire d’un enfant et le sourire d’un ange.

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Onirian, diabolique.

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-05-15 12:40:16 

 Commentaire Wa 16 MaedhrosDétails
Personnellement, j'ai vraiment apprécié, le style est agréable et à part une ou deux expressions vaguement familière, comme l'a noté Narwa, ca le fait carement.

Le découpage en "petits" chapitre est plutôt agréable, chacun se laisse lire agréablement et invite à lire le suivant. La description du monde, seulement par allusion est plutôt bien faite, elle interroge sans dévoiler, du grand art. Bref, j'applaudi des deux mains !

Et pour répondre à Narwa :
- (3) Je ne suis pas sûre que tout le monde ait saisi l’allusion à Hector, la piste est fine...
=> Perso, ca m'a semblé évident, j'ai tout de suite eu cette image en tête au vu de la description.

--
Onirian, post apocalyptique.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-05-16 20:12:33 

 Dieu a créé le monde, le Diable le fait vivre.Détails
Une longue histoire où tu as parfaitement respecté la consigne d’utiliser tous les objets proposés dans le sujet. Tu as brossé la descente progressive d’un homme qui perd tous les attributs de sa condition jusqu’à toucher le fond du caniveau. Et là, l’attend la tentation avec le Diable qui lui tend sa plus belle plume pour la signature du contrat. Il y a en outre, une histoire dans l’histoire puisque ce qui lui arrive n’est que la conséquence d’une proximité familiale avec les choses démoniaques. Heureusement, il ne se trompera pas sur le dernier choix et conservera son âme.

Ton propos est bien structuré et agencé. C’est un long texte mais qui ne souffre d’aucune réelle baisse de rythme. Les péripéties du héros sont vivantes, suffisamment étayées de précisions qui étoffent le récit. Les personnages secondaires ne sont pas expédiés mais ont une profondeur intéressante. Le Diable lui-même est bien campé avec ce qu’il faut de perversion pour embobiner sa victime espérée. Il y a de « l’Associé du Diable » dans la description de ce Diable qui semble être très proche des humains et qui semble ne vouloir que leur bien. Le libre-arbitre gagne encore... mais le Diable a l’éternité devant lui !

Oui, j’allais oublier. Dans le livre de son ennemi intime, au début des Temps était le Verbe. Et dans ce texte, l’un et l’autre sont vraiment malmenés !

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-05-16 23:27:21 

 Commentaire Onirian, exercice n°16Détails
Un conseil pour tous les Faëriens : ne commencez jamais un texte d’Onirian si vous n’avez que 10 minutes devant vous, sinon vous serez en retard à votre rendez-vous ! C’est la 2° fois que je me fais avoir, grrrr...
Le texte est prenant. Tu as respecté la consigne, au détail près que le héros, à la fin de la journée, n’est pas plus riche qu’avant : mais, habile, tu joues sur le sens du mot auquel tu donnes une connotation morale.
Tu as même relevé le défi que je t’avais lancé, d’écrire une histoire complète et structurée, et je t’en félicite.
Ton titre se justifie pleinement, mais je le trouve un peu plat pour ce texte. Ensuite l’histoire chemine tel un promeneur désoeuvré, à l’image du héros qui ne sait pas où il va, mais que le destin entraîne. Il y a de fort jolies choses :
- le paragraphe sur les traders
- la manière de présenter les accessoires dans sa poche
- le coup de la ficelle, excellent !
- la manière dont le récit bascule dans le fantastique, avec un naturel désarmant !

Après, il y a quelques points qui soulèvent des questions :
- une expulsion de nos jours ne se fait pas si vite. Il faut entre deux et trois ans, par la voie légale.
- Le couteau « pour un tout petit centimètre, la lame était plus grande que ma paume » : un centimètre... d’épaisseur ? Et tu ne dis pas pourquoi le couteau a autant de valeur. Un aller simple pour une destination lointaine, au mois de mars, ça vaut quoi ? 500 ? 600 euros ? C’est beaucoup pour un couteau .
- Cinq cent mètres pour une ruelle ! C’est une avenue ! Cinquante , je veux bien.
- Le pas d’un indigent : indigent veut dire pauvre. Invalide ?
- Je me retournai vivement : oui s’il a suivi du regard l’employé qui sortait.
- Votre grand-père était un homme avisé vous savez : le « vous savez » ne sert à rien.
- Tabasser est un peu familier, dans le contexte
- Les cordes qui serviraient aux pendus : certes. Encore que les pendus ne s’en servent pas ; « aux pendaisons » serait plus juste.
- « ... racheté votre âme future, au prix de la sienne immédiate » : on comprend, mais ça accroche.
- Je sentais que chaque parole était vraie : Pourquoi ? Comment peut-il en être persuadé, alors que c’est le Diable ? Tu demandes au lecteur de te croire sur parole. Statistiquement, ça ne marche pas à tous les coups. Dans le genre « dialogue avec le Diable », tu devrais relire l’excellent texte de Maedhros « Redimere », WA n° 27, sur le thème du mensonge. De même, ton idée pour sortir ton héros de l’embarras est intéressante, mais j’ai du mal à adhérer. Si j’ai bien compris, il s’agit d’un marché de dupe, et les hommes ne gagnent en échange de leur âme que l’autosuggestion qui leur permet de réussir. C’est cohérent, mais c’est aussi en contradiction avec la sincérité que tu prêtes au Diable. Par ailleurs je trouve que sa phrase finale ressemble à une bénédiction !
- A l’âge de mes cinq ans : à l’âge de cinq ans, quand j’avais cinq ans, l’année de mes cinq ans...

Tu as le droit de me détester. Mais je te préviens que je continuerai à éplucher tous tes textes, parce que tu as suffisamment de talent pour t’améliorer sans cesse.

Reparlons d’orthographe. Je vais procéder en tirs groupés, sinon le commentaire sera plus long que le texte !
- Mille est invariable ; cent n’est au pluriel que si rien ne le suit ( deux cents euro, deux cent deux euro)
- Aucun verbe ( à part les participes passés) n’a de terminaison en i : c’est s ou t : m’envahit, je sentis, je sortis, elle repartit, je le suivis, il repartit, je garantis, j’accomplis, il resurgit ( les deux orthographes existent, avec un s ou deux), il reprit...
- Expressions : c’est ma faute ( sans « de »), mettre en gage ( sans s), une à une, mon for intérieur, être en train de ; un crack, c’est un cheval gagnant ou un génie, les mensonges, c’est des craques
- Le passé simple ( action brève), à la 1° personne, c’est –ai ; l’imparfait c’est –ais (action durable, état) ; ex : je posai la main, je traçai rapidement, je commençai à marcher, je prononçai
- Problèmes de pluriel : une boîte d’allumettes, pas un rond : s’il n’y en a pas, il n’y a pas de s non plus..., une parure de diamants, ceux qui sont assez forts ou assez fous
- Le futur et le conditionnel... J’aurais dû, c’est un conditionnel, comme je repartirais de zéro, parce que le futur relatif au passé prend le masque du conditionnel ( je sais, c’est pas simple)
- Autres problèmes de temps : « je crois qu’il était temps », « c’est curieux cette résurgence » « avec un sourire... qu’il vous ferait oublier... que vous êtes.. », « ...ont écouté ce discours », « y ont cru », « mon grand-père est mort » « ...lui regarde et s’amuse ». Par contre « le fleuret est une arme », ça, c’est juste, ce n’est pas lié au temps de l’histoire.
- Evidemment
- Martèlement
- Bourg’ se lit « bour » ou « bourgue » . Ce que tu veux dire, c’est « bourge »
- S’alluma une cigarette : alluma sa cigarette
- Un croche-pied d’un acolyte : le croche-pied d’un acolyte
- Presque instantanément, et 4 lignes plus bas : presque indépendamment
- Et j’ai laissé de côté les « où » et les ^ sur côté, plaît, âge, les ces/ses...


Essaie encore, tu vas y arriver... Moi en tout cas, je ne te lâche pas !
Narwa Roquen,un vrai bouledogue par moments!

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-05-17 00:06:38 

 Comm Onirian n°16Détails
Excellent texte que celui-là!
Plus long que tes précédents, mais on ne s'y ennuie pas du tout. Consigne respectée au pied de la lettre, scénario excellent, très belle fin, ... Quel élève doué tu nous fais! Y'a des premiers de la classe WA qui doivent trembler quand ils te lisent... ;)

J'adore le fait qu'il donne ses objets à des gens qui en ont besoin, comme dans les contes de fées où l'héroïne (généralement) a des objets sur elle sans trop savoir pourquoi, et elle croise des gens qui en ont justement besoin, et au final ils la sauveront à leur tour... Sauf que là, ça foire, ceux à qui il rend service l'enfoncent encore un peu plus.

Jusqu'à cette rencontre avec le Diable, délicieuse... J'aime beaucoup cette vision du Diable, au fond ni bon ni mauvais, malin, et au final très sage.

Ton texte est intelligent, bien construit, dynamique... Bref:
Bravo!!!

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Onirian  Ecrire à Onirian

2009-05-18 11:14:00 

 Le Diable est dans les détails.Détails
Bon, pour l'ortho, je me ferai une scéance comparée de relecture de mon texte avec les points que tu as soulignés (ou je me trouverai un correcteur ;-p)

Pour les autres remarques :
- Pour le titre : j'approuve. Il ne me plaisait qu'a moitié. J'avais "Fatum" à la base, mais ce ne me convenait pas non plus. Je trouverai plus fin pour le suivant ;-)

Pour les incohérences, bon ben... oué, c'est incohérent, et pour le coup, je suis vraiment passé à coté.
Le centimetre du couteau fait référence à une loi (je ne sais pas si elle existe vraiment ou n'est qu'un usage), mais pour ce que j'en sais, quand tu as un couteau sur toi, tu le place sur ta paume et s'il ne dépasse pas, il n'est pas considéré comme une "arme". Le centimètre fait d'ailleurs référence à mon propre couteau, toujours planqué dans le fond de ma poche et qui a une lame un centimètre trop grande ^_^.
Je n'explique pas sa valeur, c'est effectivement un oubli. Mais c'est un couteau de très grande valeur offert par Mr Diable Himself au grand-père.
Indigent => Problème de vocabulaire de ma part, je retiendrai. Invalide est effectivement ce que je voulais signifier.
"- « ... racheté votre âme future, au prix de la sienne immédiate » : on comprend, mais ça accroche. " ==> J'ai beaucoup cherché une meilleure formulation mais sans trouver, si tu as quelque chose à me proposer, ca m'interesse.

"- Je sentais que chaque parole était vraie : Pourquoi ?" ==> Je n'ai pas donné de raison parce qu'il n'y en a aucune de rationnelle. Simplement le personnage en est intimement convaincu, une Certitude, avec un C majuscule (il a d'autant plus raison qu'effectivement, le Diable ne ment pas).

"Si j’ai bien compris, il s’agit d’un marché de dupe, et les hommes ne gagnent en échange de leur âme que l’autosuggestion qui leur permet de réussir."
==> Pas exactement. Disons que le Diable offre que des choses qu'un homme pourrait obtenir seul, à force de volonté. (Le cas de la naissance est un peu plus vicieux mais dans un monde ou le Diable vient dialoguer avec toi, il y a éventuellement d'autres interlocuteurs mystiques qui auraient probablement pu offrir la même chose).
L'astuce c'est que ces choses, le Diable les donnes sans que l'homme ait besoin d'exercer sa volonté pour les obtenir. Ils donnent leurs volontés et c'est le Diable qui en use, grace à l'influence que ca lui octroie sur le monde, pour offrir en retour ce que les hommes ont demandé.

"C’est cohérent, mais c’est aussi en contradiction avec la sincérité que tu prêtes au Diable. Par ailleurs je trouve que sa phrase finale ressemble à une bénédiction !"
==> Absolument, c'en est une. La jeune fille du matin et le Diable du soir sont à la fois Dieu et le Diable, c'est à dire exactement la même personne. Le but final est exactement d'amener les hommes au raisonnement que le héros a eu à la fin, leurs donner un véritable libre arbitre en quelque sorte, les faire évoluer vers une conscience supérieure.

Et dernier point : "Tu as le droit de me détester. Mais je te préviens que je continuerai à éplucher tous tes textes, parce que tu as suffisamment de talent pour t’améliorer sans cesse."
Je pense sincèrement m'être amélioré depuis que j'ai commencé les wa, et c'est en grande partie grace aux points pointés par tes commentaires (et les autres hein, ne dénigrons personne ! je relis systématiquement tous les commentaires au moins trois ou quatre fois pour m'en impregner, reconnaître ce que j'ai écris de bon et éloigner ce qui était un peu plus maladroit). Alors non, je ne te déteste pas, bien au contraire, c'est très agréable et instructif d'avoir un avis extérieur et constant sur ce que j'écris.
Bon, maintenant, je sais qu'il me reste encore du chemin. Juste après avoir posté ma participation généralement je lit les autres. Et j'ai commencé par celle de Maedhros qui m'intriguait par son grand nombre d'épisodes. Je dois avouer qu'à la lecture notamment de ses descriptions, j'ai vécu un grand moment de solitude. Mais bon, ca fait un niveau à viser ^_^
--
Onirian, qui n'a même pas peur des bouledogues.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-05-18 22:03:32 

 SuggestionsDétails
Tu aurais pu dire " la lame dépassait de ma paume d'un petit centimètre", là c'était clair.
Et tu aurais pu dire " votre père a donc racheté votre âme, en me donnant la sienne en échange". La simplicité est toujours la meilleure solution.
L'idée que le Diable et Dieu sont la même personne est absolument géniale! Mais le problème c'est que ça n'est pas explicité dans le texte, et je suis passée complètement à côté! Donc le lecteur moyen, je suppose, fera de même... Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Alors, bien sûr, on peut y mettre des formes pour que le lecteur ait l'impression de le découvrir par lui-même, mais si c'est trop obscur, ça ne passe pas...
C'est vrai que tu as fait des progrès fulgurants depuis le début, parce que tu as du talent et parce que tu travailles. Tu n'as aucun complexe à avoir vis à vis de qui que ce soit. Je pense que Maedhros a commencé à écrire longtemps avant toi; et je suis persuadée que dans quelques années tu seras largement à égalité. Mais lire un bon texte ne doit pas te donner une impression de solitude! Nous faisons tous partie de la même famille, des gens dont le bonheur est d'écrire et d'être lus. On raconte que le Corrège, jeune et encore inconnu s'exclama devant une oeuvre de Raphaël "Et moi aussi je suis peintre!". Je crois que c'est une attitude très saine. En tout cas, tous mes voeux t'accompagnent.
Narwa Roquen,le bouledogue ne lâche pas sa prise, mais c'est aussi un ami fidèle

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z653z  Ecrire à z653z

2009-06-04 17:37:22 

 commentaire en retardDétails
Je passe sur les nombreuses fautes que Narwa a pointées.
J'avais compris la dualité de ce diable : il dit toujours la vérité, il est heureux ("bonheur parfait illumina son visage") que le marché ne soit pas conclu à la fin, il est déçu que le trader demande à retrouver sa richesse perdue (dans les traits de la jeune fille),... bref pas mal d'indices étaient parsemés au fil du texte.
Un truc me gêne vraiment : c'est qu'il soit le premier à comprendre et donc refuser la damnation. Cela me parait trop gros.
Sinon, c'est très bien rédigé, sans temps mort.
Et très prenant (comme la plupart de tes textes).

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