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De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Mercredi 9 mai 2007 à 17:33:04
Le marché de Gadouillac




C’est le samedi matin que se tient le marché hebdomadaire de Gadouillac, entre l’église et la mairie. Canards gras, fromages de brebis, fruits et légumes, voisinent avec les pots de miel et les bouteilles du vin rosé local, qui d’après les mauvaises langues concurrentes est d’autant plus savoureux que des glaçons en masquent totalement le goût.
Ce samedi matin du mois de juin, à 12 h 45, l’adjudant-chef Lecoeur fait son rapport au capitaine Rescoul, après que l’estafette bleue ait enfin regagné la gendarmerie.
« Ce matin à 10 h 18, mon capitaine, nous avons été alertés par le directeur du cirque Zinder en raison de l’évasion impromptue et inopinée d’un animal de l’espèce panthère et de sexe féminin. Selon vos instructions je me suis rendu, avec le brigadier Desplats, sur le marché de la commune, pour assurer la sécurité de la population, et secondairement donner la chasse à la fugueuse, entreprise pour laquelle nous avons préalablement réquisitionné le docteur Sanchez, vétérinaire de son état, qui entre nous soit dit, mon capitaine, avait passablement les castagnettes.
« C’est du Pagnol que tu me fais, Lecoeur !
- Ca je sais pas, mon capitaine. Mais le meilleur reste à venir ! Donc je disais que j’arrive au marché, je me gare devant l’église, et je prends le porte-voix.
« Mesdames et messieurs, je vous demande toute votre attention. Pour votre sécurité vous devez évacuer le marché immédiatement en gardant votre calme et sans courir. Il n’y a aucun danger dans l’immédiat. » C’est là que j’ai été interrompu par la mère Morisson, vous savez, la poissonnière.
« Oh couillon, et c’est toi qui les achètes, mes limandes ? Je me suis pas fadée cent cinquante bornes pour des prunes ! Et s’il y a pas de danger, pourquoi tu veux que je me carapate, con ? »
Comme de bien entendu, les deux vieilles pestes, Noémie Troufignou et Adèle Massepain, se sont mises à me couvrir de noms d’oiseaux... Je reprends donc mon porte-voix et j’en remets une couche, boudu, j’avais pas le choix. « Prenez-bien votre temps, mais venez pas vous plaindre si vous finissez en brochettes dans le ventre de la panthère qui s’est échappée du cirque ! Et elle a rien mangé depuis trois jours ! » Ca, c’était pas vrai, mon capitaine, mais elles m’avaient mis la ruque, après... Là quand même les gens se regardent, et en roumégant ils ramassent leurs paniers . C’est alors que, glissant sur une peau de banane jetée là par un individu non identifié – mais je parierais pour le fils Gadéac, graine de bandit, celui-là ! – je disais donc, une femme pousse un hurlement perçant en s’espatarant. Aussitôt, à l’autre bout du marché, donc devant la mairie, d’autres ménagères se mettent à crier, et en un tournemain, je sais pas ce qui leur a pris, c’est la panique ! Tout le monde se bouscule, les mères sortent les petits des poussettes qui restent au beau milieu, les gens se prennent les pieds dedans, se raccrochent aux étalages qui se renversent... Ca vole dans tous les sens, pêches, salades, foies gras – ah un bon foie aux pêches...- mais là, escagassés, les foies, et donc c’est tout pégueux par terre , mon capitaine, et donc ça tombe et ça s’emmêle et ça crie ! Et plus ça crie et plus ça tombe et plus ça s’emmêle ! Tu parles d’une mêlée, même au Stade ils font pas mieux !
- Et alors qu’est-ce que tu as fait ?
- J’ai appelé le docteur et l’ambulance, tout en criant aux autres de se calmer, mais âne qui fuit devient sourd, comme on dit, eh ! Alors je retourne vers le camion, où je trouve le vétérinaire tout pâle, nom de Dieu, sorti de force par des bonnes femmes qui voulaient se cacher dans le véhicule !D’habitude on a du mal à y faire monter les gens, là c’étaient eux qui ne voulaient plus descendre ! Boudu, quel pataquès ! Et en plus, quand ils ont entendu le pin-pon de l’ambulance ...
«Il y a des morts ! »
- C’est un massacre !
- Au secours !
- Bonne Mère, ayez pitié de nous ! »
Avec tout ce bruit, voilà que le curé sort de l’église, et voyant la porte ouverte, les gens s’y précipitent, le repoussent, et pour un peu ils le castagnent, et envahissent la nef... Et lui, au lieu d’être content d’avoir tant de monde en semaine, il leur court après pour les faire sortir ! Et eux, les voilà qui s’engouffrent dans l’escalier du clocher, et le premier arrivé sonne les cloches... Du coup ceux qui étaient chez eux descendent pour voir, rencontrent ceux qui courent, et sans demander pourquoi se mettent à courir aussi... J’en ai entendu qui criaient « c’est les extraterrestres ! » ou alors « c’est le sunnami ! ». A la fin je crois que tout le village courait, et je vous parie que la plupart ne savaient pas pourquoi...
Je vous la fais courte, mon capitaine. Sur place il y avait quelques blessés, pas grand chose, surtout des bleus et des bosses. Je me suis dit qu’il faudrait peut-être s’occuper de la bête parce que, eh, après tout, elle courait toujours ! C’est là que le Noël il est sorti de son cimetière...
- Nono, le simplet ?
- Ah ne n’appelez plus jamais comme ça, mon capitaine ! C’est un grand homme, le Nono, je vous le dis, un grand homme ! Il nous amène dans le cimetière, avec le collègue et le véto, et il nous montre la bête, endormie roulée en boule sous les cyprès, bien à l’ombre, tranquille... Boudiou, j’ en menais pas large, mais le père Sanchez claquait des dents en préparant sa seringue hippo... hippo... enfin la chose pour l’ensuquer, quoi, et il répétait « Madre de Dios... Madre de Dios... » Et Desplats qui se défile pour aller prévenir les gens du cirque ! Alors là le Noël – un grand homme, mon capitaine !- quand il voit le pistolet avec la seringue, il touche le bras du toubi et il lui dit :
« Laissez-moi faire, va. Les chats m’aiment bien, à moi. Après tout, c’est une grosse chatte... Il me reste des croquettes... »
J’ai pas eu le temps de le retenir que déjà il était à côté de la panthère, avec une corde derrière le dos et une gamelle de croquettes pour chat dans la main. Vous allez pas le croire, mais il l’a appelée doucement « Mimine... Mimine... » et la bête a ouvert un oeil, s’est étirée, et puis elle est venue lui manger la gamelle, dis ! Et elle s’est laissé passer la corde qu’il a attachée au cyprès ! Et il l’a caressée et elle l’a laissé faire ! Un grand homme, je vous dis ! »
L’adjudant-chef a presque la larme à l’oeil.
« Eh bé », commente le capitaine qui ne voit pas quoi dire d’autre, jusqu’à ce que le naturel revienne au galop.
« Ca s’arrose, Lecoeur ! Va donc chercher les glaçons, et amène les collègues... Il doit me rester un fond d’anisette...
- A vos ordres, chef ! »
L’obéissance et le respect de la hiérarchie sont, comme on le sait, les qualités premières qui font la valeur de notre gendarmerie...
Narwa Roquen,un petit panier sous le bras


  
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Réponses à ce message :
3 Exercice 15 : Narwa Roquen => Commentaire - Estellanara (Mer 27 jun 2007 à 15:31)
3 Commentaire - Elemmirë (Ven 11 mai 2007 à 20:14)
3 Nothing to lose - Maedhros (Jeu 10 mai 2007 à 17:45)
       4 Ensuquer - z653z (Ven 25 mai 2007 à 18:10)
       4 Eh oui! - Narwa Roquen (Jeu 10 mai 2007 à 18:26)


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