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 WA - Participation exercice n°14 Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Dimanche 15 avril 2007 à 19:14:30
Voici la suite. N'attendez aucune histoire logique ni de happy end. J'ai essayé de décrire une sorte de comédie musidécalée. sombre et violente, sans trop d'espoir. Black is back again. Bon courage!

_______________________

La grande parade débute. Quelque chose se meurt en même temps que cette année mais personne ne le remarque vraiment.

Des danseurs prennent alors possession de la rue, leurs costumes magiques dessinent des tableaux vivants où la vie s’égare entre les voiles du monde. Les sourires sont professionnels, d’une blancheur éclatante, mais au fond des yeux, la panique du faux-pas ne parvient pas à être totalement dissimulée. Les figures sont complexes, arrachant des cris de stupéfaction à la foule qui se presse pour assister au spectacle.

Entre les voitures, premières victimes de l’infarctus, les chorus girls, élégantes vierges aux fronts farouches, suivent d’un regard possédé les consignes du chorégraphe. Elles dressent leurs bras vers le ciel en renversant le corps en arrière. Les pas s’enchaînent sans temps mort, dans le vacarme assourdissant d’une musique déversée par des haut-parleurs invisibles, musique vibrante et frissonnante.

C’est son testament. Il a imprimé sa marque tout au long de ces années sur Broadway. Les badauds assistent au destin tragique de Sally. Elle aime Brian mais le bruit des bottes sur un pavé allemand couvre dans la fureur naissante leur idylle sans espoir. Les danseurs s’immobilisent enfin, le souffle court et l'âme en déroute.

Ils baissent la tête mais d’autres s’avancent déjà. Ils sont vêtus de combinaisons immaculées avec des lignes bleues et rouges figurant le réseau sanguin. Le long soupir d’un orgue Hammond s’élève tout d’abord, entouré de cordes célestes comme un recueillement de cathédrale. Puis une rythmique diablement rock entame un morceau immédiatement reconnaissable. C’est une invitation à bouger et à danser. Une frénésie s’empare de la troupe, corps désarticulés et en sueur, unis malgré eux au tempo infernal. C’est toute sa vie que le chorégraphe insuffle à sa création. Tension extrême et exigence exacerbée. Nervosité et sensualité. Musicalité et grâce ondoyante. Les filles se libèrent frénétiquement, donnant corps à des visions étrangères et angéliques.

Les images de toute une vie défilent, incomprises. Les frustrations et les désirs refoulés, les ambitions avortées et les succès mitigés, les amours idéalisées et les amours décevantes. Les trahisons domestiques et les lâchetés professionnelles, le besoin d’être soi et la nécessité d’être pour les autres. C’est sa vie. Il dirige sa troupe comme on assouvit ses fantasmes. Ses danseurs sont sa mémoire et ses absences, ses rires et ses larmes, son coeur et son sexe, sa faim de vivre ! C’est violent et délirant dans cette nuit de Saint-Sylvestre.

C’est la dernière sarabande des maudits, comme s’ils sentaient que bientôt un ordre nouveau allait souffler sur cet espace de liberté, malgré les clochards et les prostituées, malgré les flics et les truands, malgré les drogués et les marchands de rêves à un dollar, malgré les anges et les démons. Une autre guerre est en gestation. Et celle-ci enfantera une suivante bien plus tard. L’apocalypse est ici et maintenant sans les hélicoptères et les walkyries. La parenthèse va bientôt se refermer et vous assistez au refus muet de cette faune qui revendique son droit à exister.

Il y a toujours quelque chose de magique dans l’air, chantait le vieux Georgie. Il a depuis longtemps repris le Greyhound vers le néant. Ils disent pourtant que les néons sont plus brillants sur Broadway et que les filles y ont quelque chose de plus.

Les spectateurs sont fascinés et applaudissent à tout rompre. Mais qui peut deviner dans ce rythme entraînant, le premier dialogue avec la Mort ? Il est temps de dire au-revoir à la vie et attendre le dernier baisser de rideau, hein Bob ! Les substances qui voyagent dans ton corps ont-elles eu raison de toi ? Ou est-ce la fatigue de la vie qui t’emporte aussi sûrement que cette injection qui foudroiera Joe tout à l’heure ? Le gentil cow-boy ne partira pas dans le soleil couchant de son Texas natal. Non. Il s’est égaré dans les soleils factices des paradis imaginaires. C’est une fusion froide qui a arrêté son coeur. Il est assis sur le banc, une seringue posée juste à côté. Il semble dormir et tous ses problèmes se sont envolés. Comme son âme qui plane à présent au-dessus des buildings.

Mais Ratso ne saura jamais. De telles histoires ne sont belles qu’au cinéma, dans la tiédeur d’une nuit américaine. Le petit dealer porto-ricain a fui en apercevant les lumières tournantes de la patrouille de police. Mais il n’échappera pas à son destin qui mange petit à petit ses poumons. Regardez-le détaler, n’est-il pas pitoyable avec sa jambe raide qui l’empêche de courir ? Personne ne fait attention à lui, c’est la course du rat dans les ruelles. Laissez-le courir, il n’ira pas loin.

Le Waterford Crystal se prépare à être lancé du One Times Square, quelques minutes à attendre. Ira-t-on jusque là ? Le temps ralentit, long travelling autour du square, plan large qui embrasse des scènes de liesse, des nouveaux départs et des serments éternels. N’y croyez pas. N’y croyez jamais. Iris a pleuré quand Travis l’a jetée en travers de la banquette arrière. Ses supplications n’y feront rien; Travis a traversé le pont et ne reviendra plus. Son esprit est resté en arrière, bien en arrière, dans la rizière, mais il ne le savait pas.

Le feu tricolore ne passera plus au vert désormais. Le rouge a submergé Travis comme le napalm a recouvert la rizière. Les danseurs et la musique ont masqué le bref déchaînement de violence. L’ogre avait encore faim cette nuit. Son fouet a claqué deux fois. Il se fout de la grâce du nouvel an et de ses fadaises millénaristes. Il veut son quota de chair et de sang. C’est son tribut et nul ne lui conteste. Trois....deux...un...l’année est passée. Vive la nouvelle année.

L’agneau est mort cette nuit sur Broadway.

M


  
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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-04-26 17:28:29 

 Commentaire Maedhros, ex n°14Détails
Histoire noire et mortifère, sous couvert de sunlights et de paillettes... C’est comme le gigantesque tableau d’un champ de bataille, de multiples petites scènes de la mort ordinaire, avec fifres et tambours, se déroulent en même temps sur la toile, et le tout est sombre et désespéré. Avec le décor que tu avais planté, personne ne s’attendait à de la guimauve...
Quelques petits détails me gênent cependant :
- « la panique du faux pas » : le stress, le trac, au pire l’angoisse, si tu veux. Mais un danseur ne panique pas, ou alors il change de métier.
- « les voitures, premières victimes de l’infarctus » : veux-tu dire qu’elles sont immobilisées ? Parce que l’infarctus c’est une nécrose ; l’obstruction d’un vaisseau c’est la thrombose.
- « corps désarticulés et en sueur, unis malgré eux au tempo » : les danseurs sont unis au tempo, et heureusement. Malgré eux ? Que ça les dépasse et les transcende, d’accord. Mais ils sont consentants...
- « Les images de toute une vie défilent, incomprises. » : Je pense que c’est la vie qui est incomprise, pas les images, non ?
- « Le Waterford Crystal se prépare à être lancé » : Un objet ne peut pas se préparer...


C’est des bricoles, mais plus le texte est fort, plus les petites failles sautent aux yeux !


Narwa Roquen

Heureusement dehors il fait soleil et c’est le printemps !

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-06-19 13:30:37 

 Exercice 14 : Maedhros => CommentaireDétails
C’est un pur récit d’ambiance ! Incroyable, j’ai relevé des maladresses de style ! Dans du Maedhros ! I’m shocked... Exemple :« vivants où la vie ». Ou seraient-ce des effets que je n’ai pas saisis ? Sally ? Ratso ? Iris ? C’est qui ça ? Je pourrais avoir des comblages de lacunes, siouplait ? Sinon, c’est toujours aussi bien écrit et ça se lit tout seul, même si j’aimerais un peu d’action.

Est', qui fait une pause, là...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-06-19 14:32:15 

 Quelques clés...Détails
pour décrypter le récit :

> Sally : C'est un des personnages de la comédie musicale Cabaret montée à Brodway en 1966 (c'est la chanteuse qui, dans le Berlin des années trente, tombe amoureuse d'un Anglais. Ils tentent de préserver leur amour du reste du monde et de la montée du nazisme).

> Bob : C'est Bob Fosse, considéré comme le plus célèbre chorégraphe et metteur en scène de comédies musicales. Il a d'ailleurs tourné la version cinema de Cabaret en 1972. Il est mort en 1987 à la suite d'une crise cardiaque. Je vous conseille son film "all that jazz", palme d'or à Cannes en 1980, un de mes films préférés, dans le genre.

> Ratso : c'est l'homosexuel voyeuriste et pervers. Ratso, pris de remords et souffrant de solitude, interprété de façon flamboyante par Dustin Hoffman, dans le film "Macadam Cowboy" (titre original "Midnight Cowboy"). Le cow-boy quant à lui s'appelait Joe Buck (Jon Voight) et avait quitté son Texas natal pour s'établir à New York dans le but de mener une carrière de gigolo. Mais sa déconvenue est rapide et il se retrouve à court d'argent.

> Iris : c'est la prostituée de douze ans et demi (interprétée par Jodie Foster),dans le film "Taxi Driver". Ce taxi driver s'appelait Travis et était interprété par Robert De Niro.

> Rudy (dans le thème précédent) est l'ancien maire de New-York, Rudolph William Louis Giuliani III, dit « Rudy Giuliani ». On lui doit la transformation de Times Square d'un quartier touristique de bas de gamme en un quartier plus chic, familial et en un haut lieu du monde des affaires et des spectacles. Il fut quelques fois surnommé le "nettoyeur".

> Georgie : c'est bien sûr Georges Benson, guitariste, chanteur, et compositeur de jazz dont une des plus célèbres chansons s'intitule "On Broadway" et qui commence par :

They say the neon lights are bright on Brodway.
They say there's always magic in the air
But when you're walking down the street
And you ain't had enough to eat
The glitter rubs off and you're nowhere....

> Xan-loc (ou Xuan-loc) : Une des dernières batailles de la guerre du viet-nam (12 avril 1975). Cette bataille fut l'une des batailles les plus épiques de cette guerre. Les 2 belligérants considéraient la ville de Xuan Loc comme étant la clé de la défense de Saïgon. En effet la prise de Xan-Loc par le viet-cong entraîna la chute de Saigon qui tombera le 30 avril 1975.


Bien entendu, j'ai réinterprété les destins de ces personnages même si le contexte général est plus ou moins préservé.

voilà, juste pour le fun!

M

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-06-20 11:45:23 

 Merci bien !Détails
Je vais de ce pas parfaire ma culture lacunaire.

Est', cinéphile à deux balles.

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