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 Répondre à : WA-Exercice 98 - Début imposé 
De : Onirian  Ecrire à <a class=sign href=\'../faeriens/?ID=7\'>Onirian</a>
Page web : http://oneira.net
Date : Jeudi 3 novembre 2011 à 17:01:25
Un petit texte, un monde à peine esquissé et le début imposé ^_^.

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Le roi de trèfle.


Le vieillard se leva. « Il est temps », déclara-t-il. La peur au ventre, je lui emboitai le pas. Je ne savais presque rien de ce type, juste qu'il était là tous les jours, sauf le weekend, qu'il ne se plaignait jamais et avait un regard parfois cynique sur la vie qui me plaisait bien. Pas le genre de gars à vivre d'illusions, il avait vu passer du monde, et pas le plus joli. Des rebelles, des paumés, des fous, des salauds, des pourris jusqu'à la moelle, des pas-de-chance... Je dois avouer qu'en le suivant, ce jour-là, je ne savais plus trop où me situer dans cette galerie de la lie.
Je n'avais pas de regret, c'est déjà ça. Quelques tâches sur la conscience bien sûr, et l'envie d'en faire quelques autres, pour le geste, pour le plaisir, ou pour mon côté idéaliste forcené. J'aurai aimé des journalistes aussi, pour leur lâcher une citation mémorable avant de disparaitre, un truc qui claque pour qu'on se souvienne de moi. Un bon mot et c'est la une ! La presse a beau être contrôlée, la phrase assassine reste une des dernières choses capable de braver la censure, économie oblige.
Je l'aimais bien mon vieux, sa barbe rasée de frais le lundi, et broussailleuse en fin de semaine, sa façon d'être présent en restant discret. Il m'avait apporté un jeu de carte une fois. Il parait que c'est pas réglementaire, selon les autorités, avec ça, j'aurai pu tuer la moitié de notre bel état tellement épris de sécurité, alors même que j'avais des chaines aux pieds et aux poings, qu'on me surveillait en permanence, et que derrière chaque porte, un type armée d'une mitraillette avait ordre de tirer à vue s'il me voyait non accompagné. L’as de pique comme arme fatale.
Il était lent mon vieux, ce jour là. Je crois que c'était encore un petit cadeau, quelques secondes de vie en plus qu'il me donnait, parce que ça ne lui coûtait rien, et parce que, sans doute, je n'avais pas été le pire de ses hôtes. Un véritable agneau, je faisais tout ce qu'on me disait, pas de jérémiade, pas de cri, pas de sanglot. Quitte à partir, autant le faire dignement non ?
Je crois qu'on peut mesurer la vie d'un homme à sa dernière minute. Est-ce qu'il se redresse devant les fusils pointés vers lui ? Est-ce qu'il tente de plonger au dernier moment pour échapper aux balles ? Est-ce qu’il sourit ? Est-ce qu'il fait dans son froc ?
Mon vieux ne se posait pas ces questions, il avait vu passer toutes les réponses. Là, je montre le côté sans peur, mais je dois vous avouer que j'avais le trouillomètre à zéro. La mort me terrifie. Alors je savourais la lenteur offerte de ses pas, en regardant les murs d’un blanc triste qui voyaient de plus en plus de condamnés se faire griller la cervelle. Si l’on survit, on est gracié, intervention divine, tout ça. C'est arrivé, quelques fois. Moi je crois que c'est double peine, vivre avec le qi d'un légume frit et considérer que deux minutes sans baver c’est un exploit, très peu pour moi.
A pas mesurés, nous sommes finalement arrivés dans la dernière salle. Il y avait un grand miroir sur tout un pan de mur, et derrière, cachés à mon regard, mes accusateurs se réjouissant sans doute de me voir partir définitivement. S'ils savaient. Pendant le trajet, j'avais gardé en main le jeu de carte de mon vieux. Mon vieux... On dirait que je parle de mon père, non ? Je l'ai pas connu longtemps mon paternel, il est mort jeune, tué par un flic zélé, au début de la Nouvelle Ère, mais c'était un type bien, comme mon vieux quoi, quelqu'un du genre à faire de son mieux et à égayer la vie en faisant de petits cadeaux à ceux qui savent les apprécier, parce que les grands, on peut plus vraiment les faire.
Le couloir de la mort, ça c'était effrayant, la grande marche vers son propre destin, le silence, l'écho... Y vraiment de quoi flipper. Mais une fois dans la salle, avec son grand fauteuil confortable (nous sommes entre gens civilisés non ?) et ses instruments de tortures pour vérifier l’encéphalogramme et l’état du coeur, j’ai finalement réussi à me détendre. Que le ballet commence, et tant pis si c’est ma dernière danse.

Alors j'ai fait tomber une carte, devant mon geôlier : le roi de trèfle.
- Celle-là, c'est moi, conserve-là, elle te portera chance.

Les autres gardes n'avaient pas bronché, pas même fait mine d'être intrigués par ma remarque. Un condamné qui fait son show, qui veut se rentre intéressant une dernière fois, c'est du classique. Mais moi, je souriais, parce qu’une question venait de me percuter l’esprit. J’ai même éclaté de rire, un grand rire irrépressible. J'imagine qu'ils ont du penser que je devenais fou. Mon vieux a eu un regard un peu condescendant sur moi, du genre « dommage, il foire sa dernière minute ». Mais je l'aimais bien quand même, alors je l’ai bousculé pendant qu'il ramassait la carte, juste avant de plonger. Moins d’un quart de seconde plus tard, le miroir sans tain explosait dans un fracas assourdissant, blessant tous ceux restés debout.
Dans cette société pourrie et aseptisée, ce qu'il y a de bien dans le fait d'être du côté des méchants, c'est que l'honneur y existe encore. Mes gars étaient là, tous, même le petit Jimmy avec son éternel cure-dent au coin de la bouche, pile poil au rendez-vous, armés jusqu’aux dents, une merveille d'opération militaire et de corruption. Avant de partir, j'ai pris le temps d'installer le Premier Sénateur - y avait du beau monde pour voir mes poils roussir - dans mon fauteuil, de le sangler et d'abaisser la manette à étincelles. Il n'est pas mort, mes gars avaient coupé l'arrivée d'énergie, juste au cas où. Mais je voulais voir sa tête, histoire qu'il se souvienne que quand il vote une guerre, ça fait des victimes, et pas forcément où on les attend.

Au dernières nouvelles, mon vieux est toujours gardien de prison, la faute aux maisons de retraites obligatoires aussitôt qu’on est plus en état de bosser, et il ne quitte jamais son roi de trèfle, ça lui rappelle que faire son job correctement, ça peut épargner des soucis. La plupart des autres gardes sont morts durant l'opération ou ont été blessés. Pas que j'aime ça, mais y pas toujours le choix.
Ah oui, dernier détail, la question que je me posais... Il me reste cinquante et une cartes et deux jokers pour la moitié d'un état. Vous croyez que je vais réussir ?

--
Onirian, presque à l'heure.

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